36 – Quelle est votre position sur l’accusation contre le soufisme de tirer ses origines du bouddhisme, du zoroastrisme ou du monachisme ?

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Réponse

J’ai présenté le soufisme islamique comme étant « rabbaniyah ». Il est foi, pratique, adoration, appel,  vertu, pitié absolue ; il consiste à vouloir la Face d‘Allah en toute parole, acte, intention, pensée liée à la vie présente ou concernant l’Au-delà. C’est l’élévation de la condition humaine à un degré élevé de  l’humanité. Il est l’inspiration de la Révélation. C’est la religion tout entière car cette qualification de recherche de la perfection, qui une obligation individuelle (fard ‘ayn), consiste à traiter les maladies de l’âme. Or il n’est personne qui ne soit plus ou moins affecté par un défaut ; Nous appelons cela les maladies de l’âme ou du caractère (khuluq). En réalité les messages célestes ont tous pour but de soigner les maladies de l’âme ou du comportement,  le premier a avoir été soigné étant Adam.

Le Taçawwuf concernant particulièrement ce domaine, sa recherche est obligatoire sous un point de vue légal, raisonnable, humain et social jusqu’à la réalisation de l’homme équilibré par lequel la vie prend sa valeur élevée, et réalise le califat d’Allah sur terre, se propagent l’amour et la tolérance entre les gens et que la civilisation et le développement prennent leur spiritualité, réalisant ainsi la volonté d’Allah. L’ensemble de ces arguments n’échapperait pas à un simple étudiant et fait partie de la richesse des sciences du Livre et de la Sunnah.

Je n’ai pas connaissance que le Livre et la Sunnah aient été en quoi que soit rapportés du zoroastrisme, du bouddhisme et du monachisme, ce point de vue ne représentant que les accusations mensongères et l’égarement des créatures d’Allah qui sont héritées de la rancune.
Si ce que l’on entend par Taçawwuf dans la question est cette philosophie étrangère au dogme doctrine et à l’exotérisme alors c’est une autre question qui n’est liée en aucune manière au Taçawwuf des Gens de la Qiblah.

Appuyer leur argumentation de ces gens-là contre nous revient à revêtir la vérité par la vanité, et punir l’innocent par le péché du coupable constitue une bassesse.
Cependant même si ceux qui ont été rendus connus par cette tendance philosophique, parmi ceux que l’on a rattaché au Taçawwuf, en nombre limité de telle sorte qu’il ne dépasserait pas une dizaine, que leur philosophie permette l’interprétation ou l’orientation correcte, ne serait-ce que sous un faible rapport, l’affaire des gens en question est totalement close et leur philosophie  n’est suivie ni étudié par personne.

Leur écrits avec les idées qu’ils comportaient sont devenus comparables aux vestiges des morts : elles sont exposées, si tant est qu’on les expose, pour la décoration, l’histoire ou pour en tirer une morale car personne parmi les soufis de notre temps n’adopte leur point de vue, ne suit leur système de pensée, textuellement ou en l’interprétant.

Qu’elle serait l’idée de l’ensemble des travailleurs, des paysans et les personnes de faible instruction ou même les plus cultivés, des livres, des réflexions et des énigmes de ces gens là. Ce serait préférable à acquérir ces livres et disposer du temps nécessaire, ce qui n’est pas le cas. Il ne fait aucun doute que s’arrêter à cet aspect des choses à l’époque actuelle constitue une sorte de rechercher archéologique, sur des fossiles inconnus, dans les tunnels enfouis des gravats et des tombes : fanatisme et intolérance !

Ceux qui sont fâchés sur le soufisme s’appuient sur ces gens-là alors qu’ils n’ont plus d’existence et leur système de pensée étaient individuels, ne trouvant pas d’écho public, à cause de la nécessité des prédispositions, des aptitudes, des possibilités conceptuelles et d’une logique qui ne correspondait pas à la plupart. Condamner les successeurs à cause des prédécesseurs, si même on  acceptait de les considérer comme tels pour les besoins de la discussion, serait une pure ignorance et une injustice. Juger l’ensemble pour le péché de quelques uns si l’on reconnaissait cette particularité serait loin de la science et de la justice.

Si nos frères, adversaires du soufisme, regardaient la réalité de la situation actuelle ils lutteraient avec nous contre les aspects répréhensibles de l’époque et de ses innovations modernes telles que le tambour, les flûtes, la danse et le détournement (tahrîf) des Noms d’Allah et autres choses du même genre qui se passent durant les Mawled et dans les assemblées populaires, ils prendraient la voie de la coopération de la meilleure manière et l’appel par la sagesse aurait été plus proche de la justesse et plus correcte dans la guidée auprès d’Allah et chez les gens.

Quant à cette campagne contre ces morts de ceux qui ont fait dévier la philosophie est comparable à ce que fait le lion face à un dépouille décomposée, tel un Don Quichotte attaquant des moulins et combattant en duel dans le vide, car ces morts ne peuvent pas se défendre et n’ont pas d’héritiers qui puissent le faire pour eux. S’ils devaient en avoir, ce ne serait que pour rectifier et pour avoir une bonne opinion des gens de la Qiblah ou tout simplement pour ce qui est d’ordre culturel et historique.

Je reconnais ici, avec pleine confiance et certitude, que tout ce qui est rattaché au Taçawwuf et qui contredit le Livre et la Sunnah, quelle que soit son origine, n’est pas, selon nous, un fruit de l’Islam correspondant à la station de l’excellence (maqâm el-ihsân) (qui a été fixé par le hadith prophétique fameux évoqué précédemment) qui est, par son élévation, éloigné du divertissement de la philosophe et des futilités, quand bien même on y donnerait des interprétations.

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Cheikh Mohammed Zaki ed-în Ibrâhîm

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par le 7 septembre 2012, mis à jour le 11 juillet 2015

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