17 – Un aspirant au rattachement initiatique pourrait-il légitimement rechercher un rattachement à une voie du tabarruk tout en attendant consciemment la Ma’rifah et la réalisation spirituelle, …

… en espérant tirer partie, selon toute les possibilités qu’il porte en lui, des « reliques » transmises par ceux qui ne les comprennent peut-être plus, et en espérant également bénéficier du « Sirr » du fondateur de la tarîqah lorsqu’il y sera prêt ?

Réponse

V2 – 11 sept 2010

Doit-on comprendre que le cas évoqué ici est celui de quelqu’un qui serait rattaché en mode de tabarruk, sans la présence et l’enseignement d’un cheikh ? Et aussi que cette situation aurait lieu « tout en attendant consciemment la ma’rifah et la réalisation spirituelle (etc…) » ?

Si l’on entend qu’une telle attente serait probablement emprunte de quelque passivité, peut-on penser que dans une optique de Travail initiatique véritable, telle qu’elle est exposée notamment par Guénon, il soit utile et intéressant d’attendre, même consciemment, quoi que ce soit ? Et que cette attente suffise en elle-même à permettre d’espérer « tirer parti, selon toutes les possibilités qu’il porte en lui, des « reliques » transmises par ceux qui ne les comprennent peut-être plus » ?

En réalité, il semble important de prendre conscience que rien n’empêche celui qui est rattaché tabarrukan de développer une activité initiatique réelle, en utilisant notamment les moyens initiatiques généraux qui sont régulièrement mis à sa disposition dans le cadre de son rattachement, par la Tarîqah, et notamment au sein du Travail collectif ; cette situation n’empêche nullement l’initié, par ailleurs, de rechercher activement un cheikh de sulûk.

Pour tenter de clarifier encore davantage la compréhension de ces choses, rappelons que pour Guénon la situation normale dans toute tarîqah est celle d’une organisation qui permet d’accéder à la Connaissance Suprême (quelle que soit la manière de la nommer) ; et les situations diverses que l’on peut rencontrer dans les organisations initiatiques dans lesquelles les choses ne sont pas présentées ni comprises de cette manière, ne sont survenues ainsi que du fait de la dégénérescence cyclique générale.

En d’autres termes, l’initiation virtuelle (tabarruk) n’a aucune raison de demeurer en tant que telle au sein de n’importe quelle tarîqah, ni même, à vrai dire, d’être désignée de telle manière que l’on puisse comprendre qu’elle constitue une voie comparable à la voie d’initiation effective (sulûk) ; elle n’a d’intérêt que de constituer l’apport nécessaire à tout ce qui pourrait être développé par la suite et ne constitue pas, en effet, une « voie propre », ni une « méthode de réalisation » en tant que telle, mais n’est que le reflet de la dégénérescence évoquée.

De plus, il ne semble pas que Guénon (ni personne dans la littérature arabo-islamique « classique ») ait jamais écrit quoi que ce soit qui laisserait penser qu’il existerait une voie initiatique « préparatoire » et distincte qui amènerait à une voie de réalisation effective.

Insistons enfin à dire encore que l’utilisation habituelle du couple « voie de tabarruk / voie de Sirr », laisse malheureusement à penser, quand il est employé sans davantage de précision, qu’il existerait une voie propre de tabarruk, de la même manière qu’il existe une voie de sulûk, alors qu’en réalité il ne s’agit que de la seule et unique voie de sulûk, dans une forme dégénérée, parce qu’incomplète dans l’actualisation de moyens dont elle dispose pourtant et qu’elle véhicule en mode virtuel.

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MAITRE SPIRITUEL ET ENSEIGNEMENT

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par le 11 septembre 2010, mis à jour le 11 juillet 2015

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