Aux côtés du Cheikh ’Abd es-Salâm (B.C.A.H.C)

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Cet article est issu de notre traduction de Durrat el-asrâr wa tuhfat el-Abrâr (Imâm Ibn çabbâgh) publiée en PDF sous le titre «Biographie du Cheikh Abû-l-Hassan Châdhilî (B.C.A.H.C)» .

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Le Cheikh Abû-l-Hassan raconta [alors qu’il était aux cotés du Cheikh ’Abd es-Salâm ibn Machîch] :

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« Je vis chez lui beaucoup de prodiges1 . Parmi ceux-ci, un jour alors que j’étais assis devant lui et qu’un de ses petits-fils jouait avec lui sur ses genoux, il me vint à l’esprit de l’interroger à propos du Nom Suprême d’Allah (el-Ismu-Llâh el-A’dham). L’enfant vint à moi, jeta ses bras à mon cou et me secoua, en disant :

–     Ô Abû el-Hassan ! Toi qui voulais interroger le Maître quant au Nom Suprême d’Allah, en vérité il ne s’agit pas de questionner à propos du Nom Suprême d’Allah. Ce dont il s’agit est que tu sois toi-même le Nom Suprême d’Allah, c’est-à-dire que le secret d’Allah (sirru-Llah) réside2  dans ton cœur.

Quand il eût fini de parler, le Cheikh sourit et me dit :

–     Untel t’a répondu de ma part (jâwabaka fulân ‘annâ).

 Il était alors le Qutb du temps 3 »

Puis il me dit :

–     Ô ‘Alî, voyage vers l’Ifrîqiyâh 4 et demeure dans un endroit nommé Châdhilah car Allah -qu’Il soit élevé et magnifié- t’a nommé el-Châdhilî. Après cela, tu partiras pour la ville de Tunis, où des accusations seront portées contre toi devant les autorités. Puis tu partiras vers l’Est où tu hériteras de la fonction polaire (el-qutâbah). »

Je lui dis :

–     Ô mon Maître, conseille-moi.

–     Ô ‘Alî ! Allah [est] Allah et les hommes [sont] les hommes, me répondit-il. Empêche ta langue de les évoquer (dhikr), et ton cœur de t’incliner devant eux. Prends garde à préserver tes membres et à accomplir les pratiques obligatoires. Ainsi se parachèvera en toi la sainteté d’Allah (wilâyatu-Allah). Ne te préoccupes d’eux que si une obligation divine te l’impose (bi wâjibi Haqqi-Llah ‘alayka). Ainsi ton scrupule (wara’) sera parfait. Puis dis :

« Allahumma, épargne-moi leur souvenir et les troubles venant d’eux. Protège-moi de leur mal, permets-moi de me passer de leurs biens à travers Ton bien et, par une faveur particulière, accepte de me protéger parmi eux. En vérité, tu es Puissant sur toutes choses ».

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  1. Littéralement : « rupture d’habitudes, d’ordre naturel » (kharaqa ‘âdât). []
  2. Muwadda’ signifie littéralement « être déposé ». []
  3. Une version moins détaillée de cet événement est relatée dans les Latâ’if el-minan de Ibn ‘Ata Allah ; cf. La sagesse des Maîtres soufis, traduction de Eric Geoffroy. []
  4. A cette époque, l’Ifrîqiyâh s’étendait sur la quasi-totalité du territoire actuel de la Tunisie (hors des parties désertiques), sur une partie du nord-est de l’Algérie et sur une partie de la Libye (Tripolitaine). []

par le 7 avril 2012, mis à jour le 12 août 2018