« Celui qui met en oeuvre ce qu’il sait … » – Hadîth

*

عن أنس بن مالك أن النبي صلى الله عليه وسلم قال

  من عمل بما يعلم ورثه الله تعالى علم ما لم يعلم

Selon Anas ibn Mâlik, le Prophète ﷺ a dit : « Celui qui met en œuvre ce qu’il sait, Allah Ta’âlâ le fait hériter d’une science qu’il ne détient pas 1. »

*

28 mars – V2

Commentaires

*

Ce hadîth est habituellement cité pour insister sur l’importance de la mise en œuvre de la science acquise, montrer quel est le fruit de cette mise en œuvre et définir ainsi le processus même de la réalisation initiatique. Il montre en effet que celui-ci consiste en un travail actif qui correspond à l’actualisation des potentialités contenues dans l’être et dont le fruit est l’obtention d’un degré supérieur de connaissance.

L’accumulation simple de la science ou des connaissances théoriques n’est pas nécessaire, et peut même constituer un empêchement grave, quand, dans une perspective de sulûk, elle ne s’accompagne pas du processus actif qui vise à sa réalisation. Conformément au du’â prophétique (« Allahumma innî a’ûdhu bi-Ka min ‘ilmin lâ yanfa’ « ), c’est bien de cette « science inutile » qu’il convient de se protéger.

La structure même du hadîth est une indication du fait que cette mise en œuvre constitue, au moins sous un rapport extérieur, une condition de l’obtention d’une science différente, d’origine divine, qui est la réaction concordante qui correspond au travail initiatique.

L’acquisition de cette dernière, par mode d’héritage, si elle peut certainement être mise en rapport avec la possibilité de la transmission par un intermédiaire, n’exclut pas qu’elle puisse être aussi directe, concernant ainsi immédiatement l’initié. A ce propos on pourra néanmoins prendre en considération une autre notion également très importante puisqu’elle montre bien la place du respect des convenances (âdâb), même formelles, dans l’acquisition effective de la science initiatique : lorsque l’aspiration du murîd concerne une science que ne détient pas son Cheikh, Allah fait obtenir à ce dernier la science en question qui la fait lui-même ensuite parvenir au murîd, grâce au maintien du adab du murîd envers son Cheikh 2. On voit en effet que, dans ce cas, la réaction concordante de l’ « héritage » de la science obtenue se fait par l’intermédiaire du Cheikh, grâce, à la fois, à la hauteur de l’aspiration du murîd et à l’influence spirituelle (barakah) due au maintien du adab de celui-ci envers son Cheikh.

Quelle que soit sa situation, il revient ainsi au murîd de s’occuper, toujours et uniquement, de ce qui le concerne 3 et qui est la condition de sa progression dans la Voie : la recherche de la « science utile », c’est-à-dire celle qui suffit et permet le sulûk, et sa mise en œuvre.

w-Allah a’lam

Mohammed Abd es-Salâm

*

Articles connexes

 « Quand l’aspiration du murîd est supérieure à la connaissance du cheikh » – Cheikh Mâ al-‘Aynayn

Une définition de la science (ilm) du taçawwuf selon Ibn ‘Ajîbah – M.L.B.

Connaître et reconnaître un Cheikh (conclusions) – M.A.S.

Article thématique correspondant

GENERALITES SUR LA RÉALISATION SPIRITUELLE (TAHQÎQ, SULÛK) 

*

  1. Littéralement : une science qu’il ne connaît pas []
  2. Ni’t el-bidâyât []
  3. Conformément au hadîth « Min husni-l-islâm el-mar’i, tarku-hu mâ lâ ya’nî-hi« , « Fait partie de l’excellence de l’islam de l’homme qu’il laisse ce qui ne le concerne pas » []

par le 20 mars 2014, mis à jour le 10 juillet 2015

Mots clés : , , ,