Commentaires des 99 Noms d’Allah subhâna-Hu wa Ta’âlâ

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بسم الله الرحمن الرحيم الحمد لله والصلاة والسلام على سيدنا محمد رسول الله وآله وصحبه ومن والاه

La récitation des Noms d’Allah est une pratique recommandée pour tout musulman. Elle est répandue dans les turûq en général et particulièrement au sein de la Tarîqah Mohammediyah Châdhiliyah dans laquelle elle est possible sous plusieurs formes, selon les indications méthodiques de Cheikh Mohammed Zakî ed-Dîn rahimahu-Llah 1.

A l’occasion de l’entrée dans le mois sacré de Rajab, nous présentons ici des traductions et commentaires dans l’espoir qu’ils aideront à la connaissance et la compréhension de cette pratique importante, in châ Allah. Nous utiliserons à cet effet le texte du Cheikh en-Nabbahânî dans son Sa’âdatu-l-dârayn, lui-même établi à partir du commentaire de l’Imâm Ghazâlî 2.

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Les personnes désireuses de participer à ce travail peuvent nous joindre afin de recevoir, par email, les documents et indications correspondantes, in châ Allah.

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نَدْعُوكَ يا مَنْ

هُوَ الله الَّذِي لاَ إلَهَ إلاَّ هُوَ

 الرَّحْمَنُ . الرَّحِيمُ . الْمَلِكُ . الْقُدُّوسُ . السَّلامُ . الْمُؤمِنُ . الْمُهَيمِنُ . الْعَزِيزُ . الْجَبَّارُ .  الْمُتَكَبِّرُ . الْخَالِقُ .  الْبَارِىءُ . الْمُصَوِّرُ . الْغَفَّارُ . الْقَهَّارُ . الْوَهَّابُ . الرَّزَّاقُ . الْفَتَّاحُ . الْعَلِيمُ . الْقَابِضُ الْبَاسِطُ  .  الْخَافِضُ الرَّافِعُ  . الْمُعِزُّ الْمُذِلُّ . السَّمِيعُ . الْبَصِيرُ . الْحَكَمُ . الْعَدْلُ . اللَّطِيفُ . الْخَبِيرُ . الْحَلِيمُ . الْعَظِيمُ . الْغَفُورُ . الشَّكُورُ . الْعَلِيُّ .  الْكَبِيرُ . الْحَفِيظُ . الْمُقِيتُ . الْحَسِيبُ . الْجَلِيلُ . الْكَرِيمُ . الرَّقِيبُ . الْمُجِيبُ . الْوَاسِعُ . الْحَكِيمُ . الْوَدُودُ . الْمَجِيدُ . الْبَاعِثُ . الشَّهِيدُ . الْحَقُّ . الْوَكِيلُ . الْقَوِيُّ . الْمَتِينُ . الْوَلِيُّ . الْحَمِيدُ . الْمُحْصِي . الْمُبْدِىءُ . الْمُعِيدُ . الْمُحِيي الْمُمِيتُ . الْحَيُّ .  الْقَيومُ . الْوَاجِدُ . الْمَاجِدُ . الْوَاحِدُ . الصَّمَدُ . الْقَادِرُ .  الْمُقْتَدِرُ . الْمُقَدِّمُ الْمُؤَخِّرُ . الأَوْلُ . الآخِرُ . الظَّاهِرُ الْبَاطِنُ  .  الوَالِي  . الْمُتَعَالِي  . الْبَرُّ . التَّوابُ . الْمُنتَقِمُ . الْعَفُوُ . الرَّءُوفُ . مَالِكُ الْمُلْكِ . ذُو الْجَلاَلِ والإكْرَامِ  . الْمُقْسِطُ . الْجَامِعُ  . الْغَنِيُّ  .  الْمُغْنِي  . الْمَانِعُ . الضَّارُ النَّافِعُ .  النُّورُ  .  الهَادِي  .  الْبَدِيعُ .  الْبَاقِي  . الْوَارِثُ . الرَّشِيدُ . الصَّبُورُ .

– 1 –

الله

Allah – Dieu

Signification de ce Nom

C’est le Nom du Vrai Existant qui réunit les Qualités divines, qui est décrit par les Attributs de la Seigneurie et qui  possède singulièrement l’Existence véritable. En effet, chaque existant en dehors de Lui diffère de Lui et ne diffère de que par Lui-même car il a reçu de Lui son existence. Ainsi, cet existant est en lui-même périssable et n’existe que par rapport à Lui. C’est dire que tout existant est périssable à l’exception de Sa Face.

Il semble d’ailleurs, qu’en vertu de cette signification, il s’agit d’un Nom propre et que tout ce qui a été dit sur sa dérivation (Ishtiqâq) et son étymologie n’est qu’abus de langage et affectation. Cela dit, c’est le Plus Grand des quatre-vingt-dix-neuf Noms parce qu’Il atteste de l’Essence qui rassemble toutes les Qualités divines sans la moindre exception et parce qu’il est le Plus spécifique des Noms divins dans la mesure où personne ne l’applique, ni réellement, ni métaphoriquement, à personne ‘autre en dehors de Dieu. On n’imagine pas non plus qu’on puisse attribuer le sens de cette Qualité au serviteur, contrairement à l’ensemble des autres Noms divins dont chacun peut avoir uen signification particulière et s’appliquer à autrui, comme Al-Qahhâr (Le Puissant), Al-‘Alîm (L’Omniscient), Ar-Rahmân (Le Très-Miséricordieux) par lesquels le serviteur peut être qualifié.

L’imprégnation par ce Nom (at-takhalluq bihâdhâ-l-ism)

Il convient que la part du serviteur de ce Nom soit le fait de se consacre à la dévotion par ce Nom. Je veux dire par là qu’il doit avoir le cœur et l’ambition spirituelle complètement absorbés par Dieu -qu’Il soit exalté- en ne voyant que Lui, en ne voyant que Lui, en ne se tournant pas vers autrui et en n’espérant et en ne redoutant que Lui. D’ailleurs comment peut-il en être autrement pour lui alors qu’il a compris de ce Nom que Dieu est Le Véritable Existant Réel et que tout ce qui est autre que Lui est périssable, vain et voué à l’extinction sans Lui ? Le serviteur se voit ainsi périssable et vain, conformément à ce que rapporte l’Envoyé de Dieu – que Dieu lui accorde la Grâce et la Paix- en disant : « Le meilleur vers déclamé par les Arabes est celui du poète Labîb : Tout en dehors de Dieu est vain. »

– 2 et 3 –

الرَّحْمَنُ . الرَّحِيمُ

Er-Rahmân – Le Tout-Miséricordieux

Er-Rahîm -Le Très-Miséricordieux

La signification

Il s’agit de deux Noms qui dérivent de la miséricorde (ar-rahma). Or la miséricorde implique un marhûm (celui qui fait l’objet de la miséricorde) et il n’y a pas de marhûm qui ne soit pas dans la nécessité et le besoin. Cela dit, la miséricorde parfaite, c’est le flux du Bien pour les nécessiteux et le fait de le voir pour eux par sollicitude en leur faveur. Quant à la miséricorde générale, c’est celle qui touche celui qui la mérite et celui qui ne la mérite pas. Il faut dire que la miséricorde de Dieu -qu’Il soit exalté- est parfaite et générale.

Un point utile

Ar-Rahmân (Le Tout-Miséricordieux) est plus spécifique qu’Ar-Rahîm (Le Très-Miséricordieux). C’est pourquoi on le l’applique qu’à Dieu -qu’Il soit exalté-, tandis qu’Ar-Rahîm (Le Très-Miséricordieux) s’applique à autrui. Sous ce rapport, Ar-Rahmân est proche du Nom Propre, même s’il dérive étymologiquement de la racine ar-Rahma (la miséricorde) d’une manière certaine. Voilà pourquoi Dieu réunit ces deux Noms ; Allah est Ar-Rahmân lorsqu’il a dit : « Invoquez Allah (Dieu), ou bien : invoquez Ar-Rahmân (Le Tout-Miséricordieux). Quel que soit le Nom sous lequel vous l’invoquez, les plus Beaux Noms Lui appartiennent. » (Coran, XVII-110). C’est que la miséricorde comprise à travers la signification du Tout-Miséricordieux est accessible aux possibilités de l’entendement des serviteurs, car elle se rapporte aux félicités de la Vie Future. Il reste que le Tout-Miséricordieux est Celui qui comble les serviteurs, premièrement lieu par l’existenciation, deuxièmement par la guidance vers la Foi et les moyens de gagner le bonheur, troisièmement par les félicités dans la Vie Future et quatrièmement par l’immense faveur de regarder Son Auguste Face.

L’imprégnation

La part du serviteur du Nom Ar-Rahmân (Le Tout-Miséricordieux) consiste en ceci qu’il fait miséricorde aux serviteurs insouciants de Dieu en les arrachant à la voie de l’insouciance et en les dirigeants vers Dieu -qu’Il soit exalté- grâce aux exhortations et aux conseils sincères avec bienveillance et sans violence, et qu’il regarde les pécheurs avec l’œil de la miséricorde, non avec l’oeil du mépris.

Sa part du Nom Ar-Rahîm (Le Très-Miséricordieux) c’est qu’il satisfait les besoins du nécessiteux sans le satisfaire, dans la mesure de ses moyens et des ses possibilités, et qu’il ne laisse aucun pauvre dans son voisinage et dans son pays sans prendre soins de lui et de le débarrasser, soit grâce à sa position sociale, soit en intervenant en sa faveur auprès d’autrui. S’il est incapable de faire tout cela, il l’aide en faisant des invocations en sa faveur et en manifestant de la tristesse à son égard.

– 4 –

الْمَلِكُ

El-Malik : Le Roi

La signification

El-Malik est Celui qui par Son Essence et Ses Attributs se passe de tout existant, tandis que tout existant a besoin de Lui, ses qualités, son existence et son maintien dans l’existence. Et tout ce qui est autre que Lui consitute Sa possession de par son Essence et Ses qualités, tandis que Lui se passe de tout. C’est Lui qui est le Roi absolu.

L’imprégnation

On n’imagine pas que le serviteur puisse être un roi absolu. Mais comme on imagine qu’il puisse se passer de certaines choses et que certaines choses ne puissent pas se passer de lui, il possède une part de la royauté. Il dirige  ainsi son royaume de sorte à êttre obéi par ses soldats et ses sujets. Il faut que son propre royaume soit son cœur et sa constitution, que ses soldats soient ses désirs, son irritation et sa passion, et es sujets soient sa langue, ses yeux, ses mains et l’ensemble de ses membres.

– 5 –

الْقُدُّوسُ

Al-Quddûs : Le Très-Saint

La signification

Al-Quddûs est Celui qui est exempt de toutes les qualifications parmi celles que les créatures prennent pour une perfection, comme leur science, leur puissance, leur ouïe, leur vue, leur vue leur langage et leur volonté. C’est que Dieu -qu’Il soit exalté- transcende les qualifications de leur perfection comme Il transcende les particularités de leur déficience. Il transcende plutôt toute qualité imaginable applicable aux créatures ainsi que tout ce qui y ressemble ou s’y apparente.

L’imprégnation

L’imprégnation du serviteur par de Nom Divin (qudusu-l-‘abd) consiste à purifier (transcender) sa propre volonté et sa propre science. Pour ce qui est de sa science, des illusions et de tout ce qui lui est commun avec les animaux comme perceptions et il consacre le déploiement de son regard et la procession de son savoir autour des questions divines éternelles.

S’agissant de sa volonté, il es tenu de lui éviter de se tourner autour des parts humaines  et les plaisirs qu’on n’atteint que par les ses physiques et l’enveloppe extérieure (corps) et de ne vouloir que Dieu -qu’Il soit exalté- et de n’avoir aucune part en dehors de Lui.

– 6 –

السَّلامُ

As-Salâm : La Paix

La signification

As-Salâm est Celui dont l’Essence et exempte de défauts, Ses Attributs sont exempts d’imperfections et Ses Actes sont exempts du mal.

L’imprégnation

Tout serviteur dont le cœur est débarrassé de la traîtrise, du ressentiment et de la volonté de nuire, dont les membres sont débarassés des péchés et des interdits et dont les qualités sont à l’abri de la  récidive et de l’inversion, est celui qui vient vers Dieu avec un coeur sain (qalb sâlim).

 -7 –

الْمُؤمِنُ

Al-Mu’min : Le Fidèle

La signification

C’est celui auquel on attribue la sûreté et la sécurité en offrant les moyens de les assurer et de fermer les portes de la crainte et de la peur. Et le Mu’min Absolu est Celui dont on n’imagine pas qu’il puisse y avoir une sûreté et une sécurité qui ne soient pas acquises grâce à Lui, et il ne peut être que Dieu -qu’Il soit exalté.

L’imprégnation

La part du serviteur de cette Qualité, c’est que toutes les créatures soient rassurées à son égard ou plutôt que tout être qui a peur recoure à son soutien pour repousser le danger contre lui-même dans sa Foi et sa vie d’ici-bas.

– 8 –

الْمُهَيمِنُ

Al-Muhaymin : Le Dominateur

La signification

Al-Muhaymin est celui qui qui régit les créatures dans leurs œuvres, leurs subsistances et leurs termes de  vie et Il régit grâce à Sa science, à Son emprise et à Sa préservation. Ainsi Son Nom al-Muhaymin réunit ces sens. Or ceci n’est réuni d’une manière absolue et parfaire que pour Dieu -qu’Il soit exalté. C’est pourquoi on a dit qu’al-Muhaymin est l’un des Noms de Dieu -qu’Il soit exalté- dans les anciens Livres.

L’imprégnation

Le serviteur qui observe et surveille son cœur au point  de toucher ses profondeurs et d’approcher ses secrets, s’il arrive à avoir une emprise sur la présentation de tous ses états et qualités, et à se charger de la préservation de son cœur (dans cette état de rectitude, ce serviteur est alors muhaymin (dominateur) par rapport à son cœur.

– 9 –

الْعَزِيزُ

Al-‘Azîz : L’Inaccessible

La signification

C’est le précieux dont l’existence est extrêmement rare, dont on a terriblement besoin et auquel il est difficile de parvenir. Tant que ces trois sens ne sont pas réunis, on ne lui applique pas le nom d’al-‘zîz, et cette perfection n’appartient qu’à Dieu -qu’Il soit exalté.

L’imprégnation

Al-‘azîz parmi les hommes est celui dont les serviteurs de Dieu ont besoin dans leurs affaires importantes, à savoir leur Vie Future  et leur félicité éternelle. Certainement ceci est extrêmement rare et difficile d’accès.

– 10 –

الْجَبَّارُ

Al-Jabbâr : Le Réducteur

La signification

C’est Celui qui impose son bon-vouloir d’une manière contraignante à quiconque et qui est à l’abri du non-vouloir de quiconque. Ainsi le Réducteur Absolu c’est Dieu -qu’Il soit exalté.

L’imprégnation

Al-jabbâr parmi les hommes est celui qui n’est pas soumis au suivisme, qui atteint le rang de celui qui est suivi et qui se distingue par l’élévation de son rang de sorte qu’il oblige, par sa position et sa constitution, les hommes à le prendre pour modèle et à se conformer à sa prestance et à sa conduite. Ainsi il apporte profit aux créatures et les influence sans tirer profit à être influencé en retour. De même il est suivi et il ne suit pas autrui.

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 الْمُتَكَبِّرُ

Al-Mutakabbir : Le Superbe

La signification

C’est Celui pour qui le tout est méprisable par rapport à Son Essence et qui ne voit la magnificence et l’orgueil que pour Lui-même. Ainsi, Il regarde autrui comme un roi qui regarde ses sujets. Or on n’imagine cela d’une manière absolue et parfaite que pour Dieu.

L’imprégnation

Al-mutakabbir parmi les serviteurs de Dieu c’est l’ascète qui possède la connaissance spirituelle (al-zâhidu al-‘ârifu). Or l’ascèse de celui qui possède la connaissance spirituelle (al-‘ârif) consiste à se débarrasser de ce qui occupe  son secret intime par rapport à Dieu et s’enorgueillir par rapport à toute chose en dehors de Dieu -qu’Il soit exalté, de sorte qu’il méprise à la fois le bas-monde et la Vie Future, tandis que l’ascèse de celui qui ne possède pas cette connaissance n’est que traitement et compensation.

– 12, 13, 14 –

الْخَالِقُ .  الْبَارِىءُ . الْمُصَوِّرُ

Al-Khâliq : Le Créateur – Al-Bâri’ : Le Producteur – Al-Muçawwir : Le Formateur

La signification

On peut croire que ces Noms sont des synonymes et que le tout se ramène à la création et à la conception. Mais il ne faut pas qu’il en soit ainsi, car tout ce qui vient du néant à l’existence a besoin premièrement de la détermination puis deuxièmement de l’existenciation selon cette détermination puis troisièmement de la forme qu’on lui donne après l’existenciation. Or Dieu -qu’Il soit exalté- est Créateur du fait que c’est Lui qui détermine ; Il est Producteur (Bâri’un) du fait qu’Il est Concepteur et Existenciateur et Il est Formateur (Celui qui donne la forme) du fait qu’Il ordonne de la meilleure façon les formes des choses conçues et inventées.

S’agissant de Son Nom Al-Muçawwir, il appartient en propre à Dieu -qu’Il soit exalté- dans la mesure où Il a ordonné les formes des choses de la meilleure façon et leur a donné des formes d’une manière excellente. Ceci relève, d’ailleurs, des attributs de l’acte dont la réalité n’est connue que par celui qui connaît la forme de l’univers d’une manière globale puis dans le détail. En effet l’univers entiers est semblable à un seul individu composé d’organes différenciés selon un but précis. Ses organes et ses parties ne sont autres que les cieux, les astres, les planètes et ce qui existe entre les deux comme l’eau, l’air, etc. Ses parties sont agencées avec une maîtrise parfaite de sorte qui si cet agencement est modifié, tout le système sera affecté. Du reste, cette action de donner des formes existe dans chaque partie de l’univers, si petite soit-elle, même au sein de la fourmi et de l’atome ou plutôt même au sein de chacun de leurs constituants. Il en va de même de chaque forme de tous les animaux et les végétaux ou plutôt de chaque constituant des animaux et des végétaux, si bien que beaucoup de volumes ne suffiraient pas pour l’expliquer et le démontrer.

L’imprégnation

La part du serviteur de ce Nom al-Muçawwir consiste à concevoir en lui-même la forme de l’existence entière dans son ordonnancement et sa hiérarchisation au point de pouvoir embrasser la forme de l’univers entier comme s’il la regardait devant lui. Ensuite, il descend du tout vers les détails et appréhende la forme de l’homme en tant que corps physique avec ses divers membres corporels : il connaît alors leur variété, leur nombre, leur constitution et la sagesse derrière leur création et leur agencement. Ensuite il se penche sur ses qualités morales et sur ses sens nobles qui sont à l’origine de ses perceptions et de sa volonté. Il connaît également les formes des animaux et des végétaux sur les plans intérieur et extérieur autant que cela lui est possible, jusqu’à ce que la forme de tout cela s’imprime dans son cœur. Le point de départ de tout cela reste la connaissance de sa forme physique et corporelle qui est un condensé par rapport à la complexité de la constitution du monde spirituel où intervient la connaissance des anges, puis du pouvoir de régir au sein des cœurs humains par la guidance et la direction, puis du pouvoir de régir au niveau des animaux à travers le développement des instincts qui les orientent vers la satisfaction de leurs besoins.

Voila donc la part du serviteur de ce Nom. Ainsi le serviteur acquiert la science sur la signification du Nom Al-Muçawwir d’une manière qui ne dépasse pas le plan métaphorique, car ces formes produites par la connaissance ne se réalisent effectivement en lui que grâce à la création de Dieu -qu’Il soi exalté- et à Son intervention.

Quant aux Noms Al-Khâliq (Le Créateur) et Al-Bâri’ (Le Producteur), le serviteur n’y accède que de très loin d’une manière essentiellement métaphorique en ce sens que la créativité et l’existenciation trouvent leur origine dans l’utilisation de la puissance en vertu de la science. En effet Dieu -qu’Il soit exalté- a créé chez le serviteur une puissance et une science. Ainsi, il accède à la réalisation de ce qu’il peu faire, comme dans les domaines de l’industrie, de la politique, de la dévotion et des exercices spirituels. En ces domaines le serviteur s’apparente à celui qui invente ce qui n’existait pas auparavant. En effet, on dit de celui qui a conçu le jeu d’échecs qu’il en est l’inventeur et il en va de même des mathématiques et des exercices spirituels. Voilà ce qui autorise d’appliquer métaphoriquement ce Nom au concepteur.

Il faut dire qu’il y a, parmi les Noms de Dieu -qu’Il soit exalté- ceux qui s’appliquent métaphoriquement au serviteur. Ils sont, d’ailleurs, les plus nombreux. Il y a aussi ceux qui s’appliquent réellement à l’endroit du serviteur et métaphoriquement à l’égard de Dieu, comme les Noms As-Sabûr (Le Très-Constant) et Ash-Shakûr (Le Reconnaissant). Mais il ne faut pas que tu n’observes que cette communauté dans le Nom et que tu ne songes pas à cette immense disproportion.

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الْغَفَّارُ

Al-Ghaffâr : Le Pardonnant

La signification

C’est Celui qui a fait apparaître ce qui est beau et dissimulé ce qui est laid parmi les péchés et les autres forfaits. La première marque de Sa protection en faveur du serviteur, c’est qu’Il a dissimulé dans son intérieur les laideurs de son corps qui répugnent aux yeux et couvert de beauté son extérieur. C’est dire combien est grande la différence entre l’intérieur et l’extérieur du serviteur sur les plans de la propreté et de la saleté , de la laideur et de la beauté. Regarde donc bien ce qu’Il a manifesté et ce qu’Il a caché. Il l’a protégé en deuxième lieu en plaçant ses idées détestables et ses volontés laides au fond du secret de son cœur. Du reste, si ce qui traverse son esprit comme obsessions et phobies possibles et ce que renferme sa conscience comme fraude, traîtrise et mauvaise opinion des gens se dévoilait aux hommes, ils le mépriseraient et peut-être s’acharneraient-ils à le détruire et à le faire périr. Regarde donc bien comment Il l’a protégé ! Quant au troisième mode de Sa protection, il réside dans le fait qu’Il a pardonné ses fautes par lesquelles il mérite d’être mis à nu devant tout le monde.

L’imprégnation

La part du serviteur de ce Nom consiste à dissimuler chez autrui ce qu’il aime dissimuler chez lui même. En effet, le Prophète -que Dieu lui accorde la Grâce et la Paix- a dit : »A celui qui dissimule chez un croyant une nudité, Dieu dissimule la nudité au Jour de la Résurrection. » Or le calomniateur, l’épieur et celui qui rend le mal par le mal sont privés de cette qualité.

– 16 –

الْقَهَّارُ

Al-Qahhâr : Le Très-Contraignant

La signification

C’est Celui qui brise le dos des tyrans parmi Ses ennemis qu’Il assujettit en les humiliant et en les rabaissant ou plutôt c’est Celui à la domination et à la puissance duquel il n’y a aucun être qui ne soit assujetti.

L’imprégnation

Le contraignant parmi les serviteurs est celui qui vainc et domine ses ennemis. Or l’ennemi le plus juré de l’homme c’est sa propre âme. Elle lui est même plus hostile que le démon contre lequel il a été averti parce que le démon est le subordonné de l’âme. Aussi, plus le serviteur domine les désirs de son âme plus il domine le démon.

– 17 –

 الْوَهَّابُ

Al-Wahhâb : Le Donateur Généreux

La signification

Le don est le présent dépourvu de tout esprit de compensation et de dessein quel qu’il soit. Lorsque les dons s’accumulent ainsi, on appelle leur auteur un donateur et un généreux. Or on n’imagine la générosité , le présent et le don réel et véridique que de la part de Dieu -qu’Il soit exalté.

L’imprégnation

On n’imagine pas la générosité et le don gratuit de la part du serviteur, car tant que l’acte de le faire ne lui appartient pas (totalement) ni même le fait de s’en abstenir, il ne l’entreprend pas, de sorte que le fait de l’entreprendre est motivé par un intérêt personnel. Néanmoins celui qui dépense tout ce qu’il possède, y compris son esprit (rûh), uniquement pour plaire à Dieu -qu’Il soit exalté- et non dans le but d’atteindre les félicités du Paradis ou d’échapper au châtiment de l’Enfer ou pour obtenir une part immédiate ou ultérieure parmi les parts humaines, un tel homme mérité d’être appelé généreux.

– 18 –

الرَّزَّاقُ

al-Razzâq

La signification

Al-Razzâq est Celui qui a créé les subsistances et leurs bénéficiaires, les a fait parvenir jusqu’à eux et a créé pour eux les dispositions pour en jouir. Cela dit, les subsistances sont de deux sortes : celles qui sont apparentes et manifestes, comme les aliments et les nourritures pour les extérieures qui sont les corps et celles qui sont intérieures, à savoir les connaissances et les dévoilements qui sont propres  aux cœurs et aux secrets intimes. Ces dernières sont les plus nobles parmi les subsistance. Dieu -qu’Il soit exalté- dit : « Dieu dispense largement ou avec mesure Ses dons à qui Il veut. » (Coran : XIII – 26)

L’imprégnation

Le maximum que puisse avoir les serviteurs de cette qualification se résume en deux choses : la première c’est qu’il connaisse la réalité de cette qualification et que Seul Dieu -qu’Il soit exalté- la mérite vraiment, de sorte qu’il n’attend les subsistances que de Lui et ne s’en remet en ce domaine qu’à Lui. La deuxième c’est que dieu lui accorde une science éclairante, une langue directe et un esprit bénéfique de sorte qu’il devient un médiateur pour faire parvenir les nobles subsistances jusqu’aux cœurs grâce à ses actes et à ses paroles.

– 19 –

الْفَتَّاحُ

al-Fattâh : Celui qui ouvre

La signification

Al-Fattâh est Celui qui, grâce à sa Providence, ouvre tout ce qui est fermé et, grâce à Sa guidance, résout toute difficulté. Ainsi, tantôt Il ouvre les royaumes en les soustrayant à la domination des ennemis, tantôt Il enlève le voile devant les cœurs de ceux qui possèdent la connaissance spirituelle pour contempler le Royaume céleste et le monde suprasensible.

L’imprégnation

Le serviteur doit aspirer ardemment à devenir tel qu’il puisse ouvrir  avec sa langue les questions ardues sur la divinité et qu’il réunisse grâce à Dieu -qu’Il soit exalté- à aplanir ce qui est difficile pour les créatures parmi les questions religieuses et profanes afin qu’il ait une part du Nom Al-Fattâh.

 – 20 –

الْعَلِيمُ

Al-‘Alîm : L’Omniscient

La signification

La signification de ce Nom est évidente et manifeste. Sa perfection consiste à embrasser toute chose par Sa science et ceci pour ce qui concerne la pluralité des choses connues qui sont innombrables. Ensuite Il porte le Signe en Lui-même, pour ce qui est de l’évidence, de sorte qu’on n’imagine pas une contemplation et un dévoilement plus manifestes que Lui. Ensuite Il ne doit pas être acquis à partir des objets connus qui doivent être acquis à partir de Lui.

L’imprégnation

La part du serviteur de la qualification du ‘alim est presque évidente. Mais sa science se démarque de la science de Dieu à propos des trois qualifications (la pluralité, l’évidence et le fait de puiser l’acquisition).

  – 21 – 22 –

الْقَابِضُ الْبَاسِطُ

Al-Qâbid : Celui qui contracte – Al-Bâsit : Celui qui dilate

La signification

C’est Celui qui saisit les esprits des corps au moment de la mort et déploie les subsistances pour les faibles. C’est Celui qui comble les riches par les subsistances au point de réduire toute indigence et les retient par rapport aux pauvres au point de ne laisser aucune énergie. C’est Celui qui contracte les cœurs en les resserrant de manière à leur dévoiler Son indifférence et Sa transcendance et les détend en leur faisant voir ce qu’Il leur apporte de Sa bonté, de Sa bienveillance et de Sa beauté.

L’imprégnation

Al-qâbid al-bâsit parmi les serviteurs est celui à qui on a inspiré les merveilleuses sagesses et qui a reçu les paroles globales  :  tantôt il détend les cœurs des serviteurs en leur rappelant les bienfaits et les faveurs de Dieu qu’Il soit exalté-, tantôt il resserre les cœurs en les mettant en garde devant la Majesté de Dieu – qu’Il soit exalté-, Son Orgueil et Ses multiples épreuves et sanctions.

– 23 – 24 –

الْخَافِضُ الرَّافِعُ

Al-Khâfidh : Celui qui abaisse

Ar-Râfi’ : Celui qui élève

La signification

C’est Celui qui abaisse les impies par la damnation et élève par les béatitudes, qui élève Ses amis par le rapprochement et abaisse Ses ennemis par l’éloignement.

L’imprégnation

La part du serviteur de tout ceci c’est d’élever la vérité et d’abaisser l’erreur en faisant triompher celui qui est dans la vérité et en réprimandant celui qui est dans l’erreur.

– 25 – 26 –

الْمُعِزُّ الْمُذِلُّ

Al-Mu’izz : Celui qui accorde la gloire

Al-Mudhill : Celui qui humilie

La signification

C’est Celui qui accorde la royauté à qui Il veut et en prive qui Il veut. Cela dit la véritable royauté, c’est de se débarrasser de l’humiliation du besoin, de l’emprise du désir et de la tare de l’ignorance.

L’imprégnation

Tout serviteur qui a été préposé pour rendre faciles les moyens de la gloire, possède une part de cette qualification.

L’un de ceux qui possèdent la connaissance spirituelle a dit :  La part du serviteur de ce Nom c’est qu’Il glorifie la vérité et ses adeptes, observe l’obéissance et évite la désobéissance, car la gloire accompagne chaque obéissance et l’humiliation accompagne chaque désobéissance. Veux-tu que tu Lui désobéisse et qu’Il t’accorde la gloire ? Jamais ! Car Il a lié la gloire à l’obéissance. En effet, celle-ci est à la fois une obéissance, une lumière, une gloire et un dévoilement. Il a lié l’humiliation à la désobéissance, laquelle est à la fois désobéissance, humiliation, ténèbres et voile entre toi et Lui. Il faut dire que Dieu n’a jamais accordé à un serviteur autant de gloire comme lorsqu’Il lui indique l’humilité de son âme et Il n’a jamais humilié un serviteur comme lorsqu’Il l’occupe par la gloire de son âme. Quant à la part du serviteur de Son Nom Al-Mudhill, c’est qu’Il rabaisse l’erreur et ses partisans.

 – 27 –

السَّمِيعُ

Al-Sâmi’ : L’Oyant

La signification

C’est Celui à qui n’échappe la perception d’aucun aubible, si subtil soit-il, car Sa transcendance interdit qu’il puisse y avoir en Lui une écoute au moyen d’une oreille, d’un organe ou d’un instrument quelconque.

L’imprégnation

Le serviteur a sous le rapport du sensible une part de la qualification par l’ouïe, mais il est imparfait et il ne perçoit pas tous les audibles. De plus sa perfection s’effectue au moyen d’un organe et d’un instrument qui s’exposent à la malformation et à la déficience.

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الْبَصِيرُ

Al-Baçîr : Le Voyant

La signification

C’est Celui qui regarde et voit et à qui rien n’échappe même sous la terre. Là aussi Sa transcendance interdit qu’il puisse y avoir en Lui une vision au moyen d’un organe, d’un instrument et ou d’un décalage dans l’impression.

L’imprégnation

La part du serviteur, sous le rapport du sensible, de la qualification de la vue est évidente (la vue par l’œil) mais il est faible et déficient.

Sa part au plan religieux c’est qu’il sache que Fieu a créé pour lui la vue pour regarder les Signes et les merveilles du Royaume des cieux afin que son regard ne soit qu’édification, et qu’il sache qu’il est la cible de la vision et de l’ouie de Dieu afin qu’il ne sous-estime par Son regard sur lui? Or celui qui cache à autrui ce qu’il ne peut cacher à Dieu – qu’Il soit Exalté- a sous-estimé le Regard de Dieu -qu’il soit exalté.

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الْحَكَمُ

Al-Hakam : Le Juge, l’Arbitre

La signification

C’est le Juge et l’Arbitre Suprême. Personne ne s’oppose à son jugement et personne ne conteste Son Arrêt. Son jugement à l’encontre des serviteurs c’est que l’homme n’a que selon ce qu’il a accompli et que son œuvre sera constatée, que les bons seront dans les Jardins de félicité et que les pervers seront en Enfer.
Son jugement en faveur du bon, d’être dans le bonheur, et à l’encontre du pervers, d’être damné, signifie qu’Il a institué la bonté et la perversion comme causes conduisant leur auteur au bonheur et là la damnation, de la même  façon qu’Il a institué les remèdes et le les poisons comme causes conduisant celui qui les prend à sa guérison ou à sa perte. Et si la signification de Son jugement c’est d’ordonner les causes et de les conduire à leurs effets, Son jugement est donc absolu parce qu’Il est le Cause de toutes les causes dans leur ensemble et dans le détail. C’est, d’ailleurs, du Jugement que se ramifient le Décret et l’Arrêt. En effet Sa direction est à l’origine de la conception des causes pour que Son jugement aille aux effets. Le fait d’avoir institué les causes universelles, fondamentales, principielles et indéfectibles qui ne disparaissent pas et ne s’effacent pas comme la terre, les sept cieux, les astres, les étoiles et leurs orbites permanentes qui ne changent pas et ne s’arrêtent jusqu’à ce que le Livre atteigne son terme, tout cela constitue Son Décret, conformément à cette parole divine : « Il a établi sept cieux en deux jours. Il a révélé à chaque ciel tout ce qui les concerne. » (Coran, XLI – 12). De même le fait d’avoir dirigé ces causes avec leurs mouvements appropriés, bien définis, déterminés et calculés vers leurs effets, instant par instant, constitue Son Arrêt. Ainsi le jugement c’est la direction originelle universelle et l’Ordre éternel qui est comme un l’éclair. Le Décret, c’est la conception globale des causes universelles perpétuelles, et l’Arrêt c’est le fait de diriger les causes universelles avec leurs mouvements déterminés et calculés vers leurs effets innombrables et bien définis et ne décroissent pas. Voilà pourquoi rien n’échappe à Son Décret et à Ses Arrêts.

L’imprégnation

L’imprégnation est évidente. La part religieuse de la contemplation de cette qualification de Dieu -qu’Il soit exalté- c’est que tu saches que l’affaire est réglée d’avance, qu’il n’y a rien de nouveau, que la plume n’a plus d’encre pour écrire ce qui existe, que les causes se dirigent vers leurs effets, que leur ardente aspiration à eux à chaque instant  est une nécessité inéluctable et que tout ce qui entre dans l’existence y entre par nécessité ; il est donc nécessaire qu’il existe même s’il n’est pas nécessaire en lui-même, car il est nécessaire en vertu du Décret  éternel inéluctable. On sait ainsi que ce qui est décrété arrive, que le souci est un rebut inutile et une futilité , car il ne repousse pas ce qui doit arriver, que la cause du souci de ce qui devrait arriver c’est de la pure ignorance, car si son arrivée est décrétée, l’appréhension et l’affliction ne la repoussent pas et ce n’est qu’une manière d’appréhender une sorte de douleur par crainte de l’arrivée de la douleur ; par contre si son arrivée n’a pas été décrétée d’avance, il n’y a aucun sens à ce que ce qu’on s’en attriste. Voilà pourquoi le souci est une futilité.

Si tu dis : Si l’affaire est réglée d’avance, à quoi bon œuvrer et agir, alors que la cause du bonheur et de la damnation est réglée d’avance ?

La réponse se trouve dans la Parole du Prophète -que Dieu lui accorde la Grâce et la Paix : « Œuvrez, car chacun est prédestiné à ce à quoi il a été créé. » Cela signifie : A celui en faveur de qui a été décrété le bonheur, celui-ci a été décrété en vertu d’une cause, à savoir sa cessation d’entreprendre les moyens du bonheur. Il arrive qu’à l’origine de son désœuvrement, il y ait la pensée intérieure suivante : Si je suis heureux, je n’ai pas besoin d’agir et si je suis malheureux et damné, le fait d’agir et d’œuvrer ne me servirait à rien. Or ceci c’est de l’ignorance, car il ne sait pas que s’il était heureux, il ne le serait que parce qu’il est régi par les causes du bonheur comme l’action et la science et que s’il n’en bénéficie par et que s’y expose pas, c’est déjà un signe de sa damnation.

C’est comme dans le cas de celui qui souhaite devenir un grand savant qui soi tun maître dans son domaine. On lui dit : fais un effort, étudie et persévère. Il répond alors : Si Dieu a décrété pour moi depuis l’éternité que je serai un maître illustre, je n’ai pas besoin de faire l’effort et si Dieu a décrété à mon encontre de rester ignorant, l’effort ne me sera pas utile. On lui répondra : S’il t’a imposé cette idée, cela prouve qu’Il a décrété l’ignorance à son encontre. En effet pour celui en faveur de qui Il a décrété depuis l’éternité d’être un maître illustre, il décrète cela avec les causes qui y sont afférentes : Il le soumet à ces causes, le fait agir en ce sens et le soustrait aux idées qui l’incitent à la paresse et au désœuvrement. D’ailleurs celui qui n’accomplit pas l’effort n’atteint certainement jamais le degré du maître illustre, tandis que celui qui fait l’effort et dispose des causes et des moyens favorables, il réalise son espoir d’atteindre ce but, s’il maintient son effort jusqu’à la fin et ne s’expose pas à un empêcheur qui lui  barre la route.

De même il convient qu’on comprenne que le bonheur ne peut être atteint que par celui qui vient vers Dieu avec un cœur sain. Or la santé du cœur est une qualité qui s’acquiert par le travail et l’exercice comme dans le cas du savant maître sans qu’il y ait la moindre différence.

Certes, en matière de contemplation du Nom Al-Hakam, les serviteurs occupent diverses positions : il y a celui qui regarde  Son scellé et tente de voir ce qu’Il a scellé pour lui ; il y a celui qui regarde ce qui a été décrété d’avance pour voir ce qu’Il a décrété à son encontre depuis l’éternité d’avance ; il y a celui qui renonce au passé et au futur, car il est le fils de son moment et ne regarde que Lui : il est satisfait des positions du Décret de Dieu et de ce qui provient de Lui, ce qui est plus élevé comme attitude et il y a celui qui renonce au passé, au futur et à l’état présent, tellement son cœur, est absorbé par Al-Hakam occupé sans arrêt par la contemplation. Or ceci constitue le degré le plus élevé.

 – 30 –

الْعَدْلُ

Al-‘Adl : Le Juste

 La signification

Al-‘Adlu (Le Juste) c’est celui à partir duquel émane l’acte de justice qui est l’opposé de la tyrannie et de la justice. Ainsi, celui qui ne connaît pas la justice ne connaît pas Celui qui est juste. De même celui qui ne connaît pas son agir ne connaît pas Sa justice. Aussi, celui qui veut comprendre cette qualification doit-il embrasser la science relative aux Actes de Dieu -qu’Il soit exalté- depuis le haut du Royaume céleste jusqu’aux profondeurs de la terre. Que l’homme regarde surtout son corps, car il est constitué de membres différents de la même façon que le corps de l’univers est constitué d’entités différentes. Pourtant Dieu n’a créé aucune chose dans la position qu’elle occupe sans qu’elle soit déterminée. D’ailleurs si cet ordre était renversé, tout le système s’écroulerait. De même Il a créé toutes les parties et des classes des existants, les corporels comme les spirituels n’est parfait et les imparfaits et a conféré à chaque chose sa création, et Il est en cela Le Généreux ; Il a ordonné chaque existant dans la position qui lui convient et il est en cela Le Juste.

Du reste ce seul Nom exige plusieurs volumes pour être expliqué et commenté. Il en va de même de l’explication de la signification de chaque Nom. C’est que les Noms qui dérivent étymologiquement des Actes ne peuvent être compris qu’après la compréhension des Actes. Or tout ce qui se trouve dans l’existence relève des Actes de Dieu -qu’Il soit exalté. Et celui qui ne les connaît pas dans leur généralité et dans leurs détails n’aura avec lui qu’une simple explication étymologique.

L’imprégnation

La part du serviteur de l’injustice être évidente. La première chose qui s’impose à lui en matière de justice a trait aux qualités de son âme. Cela consiste à placer le désire et la colère comme deux captifs sous la responsabilité de la raison et de la religion. Pour aller dans les détails, cela consiste à respecter toutes les bornes tracées par la Loi religieuse. Sa justice concernant chaque membre consiste à l’utiliser selon les indications permises par la Loi religieuse à son sujet. Ensuite sa justice envers sa famille, ses parents et ses suivants est évidente. Aussi, doit-il mettre chaque chose à sa place. Quant à la part du serviteur sur le plan religieux en croyant que Dieu est juste, elle consiste à ce qu’il ne fasse aucune objection dans tous ses états contre le jugement de Dieu et ses Arrêts, peu importe qu’ils s’accordent ou non avec ce qu’il veut, car tout cela relève de la justice.’

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اللَّطِيفُ

Al-Latîf : Le Bienveillant

La signification

Ne mérite ce Nom que Celui qui connaît les moindres détails des intérêts et leur complexité, ce qui est imperceptible et ce qui en est subtil, et qui emprunte, pour les faire parvenir au bénéficiaire, la voie de la bienveillance sans aucune violence. Or on n’imagine la perfection en tout cela dans l’acte et à travers la science que de la part de Dieu -qu’Il soit exalté.
Pour l’expliquer, même plusieurs volumes ne suffiraient pas. Néanmoins on peut mettre l’accent sur quelques aspects généraux de cette question. Sa bonté c’est d’avoir été l’embryon dans le ventre de sa mère dans trois ténèbres où Il le préserve, de l’avoir nourri à partir du nombril jusqu’à sa séparation de sa mère et son indépendance en utilisant sa bouche. Puis de lui avoir inspiré, après la séparation, d’attraper le sein et de le sucer, même dans le noir, sans le moindre apprentissage. Puis avoir retardé la création des dents jusqu’au moment approprié pour se passer du lait maternel. Puis d’avoir fait pousser les dents le moment venu pour broyer les aliments. Puis d’avoir réparti les dents entre les molaires larges pour broyer, des canines pour briser et les incisives pour couper. Puis d’avoir créé la langue destinée essentiellement à la phonation, pour aider à mâcher les aliments et ainsi de suite.
Sa bonté envers Ses serviteurs, c’est aussi de leur avoir accordé plus que le nécessaire et leur avoir imposé moins que ce qu’ils peuvent faire. Sa bonté c’est également avoir facilité l’accès au bonheur éternel grâce à un travail léger durant une période qui couvre la vie d’un individu.

Sa bonté c’est aussi d’avoir fait jaillir un lait pur entre du sang et le contenu de l’estomac, d’avoir fait sortir le miel des abeilles, la soie des verts et les perles des coquillages.

Mais le plus étonnant de tout cela c’est d’avoir créé à partir du liquide séminal sale et dégoûtant, un support pour Sa connaissance, un dépôt pour Sa charge et un contemplateur du Royaume de Ses Cieux. Là aussi il s’agit d’un art incommensurable.
L’imprégnation

La part du serviteur de cette qualification, c’est être bienveillant envers les serviteurs de Dieu – qu’Il soit exalté- de faire preuve de délicatesse et d’amabilité en les appelant à Dieu et en les guidant vers le bonheur de la vie future sans mépris, ni violence.
La meilleure modalité dans cette attitude c’est l’attirance vers l’acceptation de la vérité grâce aux qualités louables, aux conduites exemplaires et aux œuvres pieuses, car elles sont plus douces que lui propose le propos embellit plus douce que le propos embellis.

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الْخَبِيرُ

Al-Khabîr : Le Bien-Informé

La signification

C’est Celui à qui rien n’échappe parmi les éléments intérieurs. Ce Nom a le sens de ‘Alîm (Savant) sauf que lorsque le savoir porte sur les secrets intérieurs, on l’appelle expertise et information, et son auteur s’appelle bien-informé et expert.

L’imprégnation

La part du serviteur en ce domaine c’est d’être un expert bien-informé sur ce qui se passe dans son monde. Son monde c’est son cœur et son corps ainsi que les choses enfouies dans le cœur comme la traîtrise, la fraude, les machinations de l’âme, ses tromperies et ses ambiguïtés. Aussi dois-tu y prendre garde et préparer à l’affronter.

– 33 –

الْحَلِيمُ

Al-Halîm : Le Magnanime

La signification

C’est Celui qui constate la désobéissance des pécheurs et voit l’opposition à l’Ordre sans qu’Il soit dominé par la colère ou gagné par l’emportement et le courroux ou poussé à se précipiter sur la revanche, bien qu’Il ait tous les moyens pour le faire.

L’imprégnation

La part du serviteur de la qualification du magnanime être évidente, car la magnanimité fait partie des beaux caractères du serviteur, ce qui n’a nullement besoin d’être développé et explicité.

 

– 34 –

الْعَظِيمُ

Al-‘Adhîm : Le Magnifique

La signification

C’est Celui dont on n’imagine pas que l’entendement puisse du tout embrasser le fin fond de Sa réalité. Voilà le ‘Adhîm (Magnifique) Absolu qui dépasse et transcende toutes les possibilités de l’entendement et ce ne peut être que Dieu -qu’il soit exalté.

L’imprégnation

Al-‘Adhîm, parmi les serviteurs, ce sont les prophètes et les savants devant lequel l’homme sensé et raisonnable, averti de leur qualité, se sens la poitrine remplie de respect et le cœur submergé de révérence. C’est que le prophète est magnifique au regard de sa communauté, le cheikh devant son office et le maître devant son élève car l’entendement de celui-ci est incapable d’embrasser le fond de ces qualités.

– 35 –

الْغَفُورُ

Al-Ghafûr : Le Tout-Pardonnant

La signification

Ce Nom a le sens de Ghaffâr (Le Très-Pardonnant) mais il dénote une sorte de performance que ne suppose pas le sens de ghaffâr. En effet Al-Ghaffâr (Le Très-Pardonnant) indique l’intensité de la maghfira (le pardon) en signifiant un pardon qui se répète sans arrêt : c’est que le schème verbal fa’aal, comme dans ghaffâr, dénote l’ampleur de l’acte, tandis que fa’ûl comme ghafûr (Le Tout-Pardonnant) souligne son excellence, sa perfection et sa globalité. Donc ghafûr signifie que Dieu est Parfait dans Son pardon.

L’imprégnation

La part du serviteur de ce Nom consiste à cacher chez son frère ce qu’il aime qu’on cache sur lui-même, à ne dévoiler que ce qui a été bon en gommant ce qui est laid et en lui répondant par la bonté.

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الشَّكُورُ

Al-Shakûr : Le Très-Reconnaissant

La signification

C’est celui qui récompense des bonnes actions peu nombreuses par d’innombrables degrés et qui donne pour des œuvres accomplies en des jours bien comptés une félicité illimitée dans la Vie Future, car les béatitudes du Paradis n’ont pas de fin.

L’imprégnation

Le serviteur peut être reconnaissant envers un autre serviteur, tantôt en le louant, tantôt en lui faisant le bien, tantôt en le récompensant par plus qu’il n’a fait pour lui. Ceci relève des qualités louables. L’envoyé de Dieu–que Dieu lui accorde la grâce la paix– a dit : « Celui qui ne remercie pas les gens n’a pas remercié Dieu
Quant à son action de grâces envers Dieu–qu’Il soit exalté–, elle ne peut être qu’une sorte de métaphore et d’extension, car lorsque le serviteur Le loue, son éloge est déficient puisqu’il ne peut Le louer convenablement, et lorsqu’il Lui obéit, son obéissance est un bienfait supplémentaire ou plutôt l’essence même de son action de grâces est un autre bienfait. Aussi, la plus belle forme de l’action de grâces pour les bienfaits de Dieu–qu’Il soit exalté– est de ne pas les utiliser pour Lui désobéir mais pour Lui obéir. Ceci aussi ne se réalise que grâce à la réussite et aux facilités accordées par Dieu–qu’Il soit exalté. D’ailleurs l’imaginer exigerait bien des développements subtils.

18 mai – V9

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الْعَلِيُّ

Al-‘Alîyyu : Le Très-Haut

La signification

C’est Celui au-dessus Duquel il n’y a pas de rang, et tous les rangs et les degrés du sensible et de l’intelligible sont bien inférieurs par rapport à Lui.
Les degrés de l’intelligible se définissent par exemple par la différentiation entre la cause et l’effet, la cause efficiente et le causé, l’agent est le complément, le recevable et le réceptif, le parfait et l’imparfait et en va de même de la différenciation entre les causes et les effets.
L’élévation a ici un sens transcendantal et on ne peut classer les existants selon des degrés différenciés, quant à l’acte, que si Dieu– qu’Il soit Exalté–occupe le degré le plus élevé de leur classification. Voilà Celui qui est le Très-Haut et Absolu et tout ce qui est en dehors de Lui ne l’est que par rapport à celui qui lui est inférieur.

L’imprégnation

On n’imagine pas que le serviteur puisse être un très haut absolu, car il n’atteint pas un rang ou un degre sans qu’il y ait dans l’existence ce qui lui est supérieur.

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الْكَبِيرُ

Al-Kabîr : l’infiniment grand

La signification

C’est celui qui possède la Magnificence. Et Magnificence c’est la perfection même de l’Essence. Je signifie, par la perfection de l’Essence, la perfection de l’Existence. Or la perfection de l’Existence se ramène à deux choses : l’une d’elles c’est Sa pérennité éternellement et perpétuellement, et la seconde c’est que Son Existence, c’est l’Existence d’où émane l’existence de tout existant,

L’imprégnation

Le grand (Al-Kabîr) parmi les serviteurs est le parfait dont les attributs de la perfection ne se limite pas à lui mais se répandent chez autrui. Il faut dire que la perfection du serviteur réside dans sa raison, sa science et son scrupule. En somme le grand est le savant pieux qui guide les créatures.

– 39 –

الْحَفِيظُ

Al-Hafîdh : Le Préservateur

La signification

C’est Celui qui protège au maximum. Tu ne comprendras cela que si tu saisis la signification de la préservation qui prend deux formes  : la première c’est le fait de pérenniser et de garder les choses existantes, ce qui a pour opposé le fait de les réduire à néant, et la deuxième, qui est plus manifeste, c’est le fait de préserver les opposés et les contraires les uns par rapport aux autres.

L’imprégnation

Al-hafidhu parmi les serviteurs est celui qui préserve ses membres et son coeur contre l’emprise de la colère, les séductions, du désir, les tromperies de l’âme et les duperies du démon.

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الْمُقِيتُ

Al-Muqît : Le Nourricier

La signification

C’est Celui qui crée les nourritures et les fait parvenir aux corps, à savoir les aliments, et aux cœurs, à savoir la connaissance spirituelle. Il a donc le sens d’al-razzâq (Celui qui accorde les subsistances) sauf qu’Il a un sens spécifique, car al-rizq (les subsistances) englobe la nourriture et bien d’autres choses.

L’imprégnation

La part du serviteur de ce Nom consiste à offrir la nourriture, à dompter l’âme et à guider l’insouciant.

– 41 –

الْحَسِيبُ

Al-Hasîb : Celui qui suffit

La signification

C’est Celui qui suffit (Al-Kâfî) à celui qui L’a. Or Dieu – qu’Il soit Exalté- est Hasîb pour chacun et Il lui suffit. Il s’agit d’un Attribut dont on n’imagine pas que la réalité puisse exister chez autrui, car la suffisance implique que la besogneux ait besoin de son existence, de la pérennité de son existence et de la perfection de son existence. Or, il n’y a rien dans l’existence, en dehors de Dieu – qu’Il soit Exalté-, qui puisse à lui seul suffirait pour toutes choses.

L’imprégnation

Le serviteur n’a nul accès à cette qualification sauf d’une manière extrêmement métaphorique. En effet s’il suffit pour son enfant, en s’occupant de lui ou de son élève en l’initiant, il n’est qu’un intermédiaire dans cette suffisance parce que c’est Dieu – qu’Il soit Exalté- qui suffit réellement à tout et en tout.

– 42 –

الْجَلِيلُ

Al-Jalîl : Le Majestueux

La signification

C’est Celui qui est qualifié par les Attributs de la Majesté. Et les Attributs de la Majesté, la Richesse, la Royauté, la Sainteté, la Science, la Puissance, etc. parmi les attributs de la perfection. Ainsi, le Majestueux Absolu c’est Dieu -qu(il soit exalté- – Seul. En somme c’est comme si Al-Kabîr (Le Plus-Grand) référait à la perfection de l’Essence, al-Jalîl (Le Majestueux)  référait à la perfection des Attributs et Al-‘Adhimu (Le Magnifique) référait à la perfection de l’ensemble de l’Essence et des Attributs par rapport à la perception du discernement. De même lorsqu’ils sont attribués au discernement qui perçoit, les Attributs de la Majesté s’appellent de la Beauté. C’est pour la forme apparente et manifeste qui est perçue par la vue mais il a été transféré à la forme intérieure qui est perçue par le discernement. Ainsi, s’il est établi qu’Il est Majestueux, Il est donc Beau. Or ce qui est beau est aimé et désiré par celui qui perçoit sa beauté.

L’imprégnation

Al-jalîl (le majestueux) et al-jamîl (le beau) parmi les serviteurs est celui dont les qualités appréciées par les coeurs clairvoyants sont belles. Quant à la beauté, elle a une valeur déclinante.

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الْكَرِيمُ

Al-Karîm : Le Tout-Généreux

La signification

Al-Karîm est celui qui, lorsqu’il a le pouvoir, il absout, lorsqu’il promet, il tient sa promesse et lorsqu’il donne il accorde au-delà de ce qui est souhaité sans se soucier guère de combien il a donné, ni à qui il a donné, ni à faire des calculs, et qui n’es pas content lorsqu’on adresse une demande, à autrui. Donc le Généreux Absolu c’est Dieu -qu’Il soit glorifié et exalté.

L’imprégnation

Il arrive eu serviteur de s’embellir pour acquérir ces qualités, mais il le fait dans certains domaines et avec une certaine affection. Voila pourquoi il est déficient.

– 44 –

. الرَّقِيبُ

Al-Raqîb : Le Vigilant

La signification

Il a le sens du ‘Alîm, Hafîdh (Celui qui sait et qui protège). En effet Celui qui surveille la chose sans oublier et l’observe intrinsèquement et continuellement s’appelle Raqîb. C’est comme s’il référait à la science à la vigilance mais d’une manière intrinsèque et permanente.

L’imprégnation

L’attribut de la vigilance chez le serviteur est louable lorsqu’il s’agit d’une vigilance à l’égard de son Seigneur et de son coeur. Ceci est en sachant pertinemment que Dieu -qu’Il soit exalté- le surveille et le voit à travers tout.

(A suivre, in châ Allah)

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ARTICLE THÉMATIQUE correspondant

GENERALITES SUR LA RÉALISATION SPIRITUELLE (TAHQÎQ, SULÛK)

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  1. Cf. Récitation des Noms d’Allah dans la Tarîqah Mohammediyyah Châdhiliyyah []
  2. Les 99 Beaux Noms de Dieu – Éditions La Ruche []

par le 11 mai 2013, mis à jour le 6 mars 2015

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