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« La jamâ’ah c’est celui qui est sur la vérité, serais-tu même seul ! »

(Photographie provenant de la chambre dans laquelle résidait Cheikh Zakî ed-Dîn à la Zawyah principale du Caire)

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La conception authentique de la jamâ’ah (litt. le fait de se tenir réunis) fait partie des notions islamiques les plus importantes qui ont été falsifiées par la pensée occidentale moderne et profane. Parce qu’elle concerne et affecte la communauté mohammédienne tout entière mais aussi, comme on va le voir, la position même de chaque musulman en son sein (notamment quand on évoque le point de vue juridique des Gens de la Sunnah et de la Jamâ’ah), il est important de rappeler ce qu’est cette notion (notamment en cas de troubles de la société), ce qu’elle n’a jamais cessé et qu’elle ne cessera jamais d’être dans la perspective traditionnelle véritable, par un don divin, wa-l-hamdu li-Llah.

Voici donc, dans un premier temps, ce qu’en dit Cheikh Mohammed Zakî ed-Dîn (rahimahu-Llah) dans un chapitre du livre posthume Yâ waladî consacré à la présentation des caractéristiques propres de la ‘Achîrah Mohammediyah et de la Tarîqah Mohammediyah.

Mohammed Abd es-Salâm

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Notre seigneur l’Élu (el-Mustafâ) ﷺ a ordonné, selon ce qu’il en est rapporté de la manière la plus certaine et la plus établie, de se tenir à la jamâ’ah et a mis en garde, de la manière la plus véhémente, contre le fait de s’en écarter.

A titre d’exemple : « La Main d’Allah est avec [ma’a, ou : sur, ‘alâ] la jamâ’ah« .

Quelqu’un demanda à Hassan el-Baçrî ce en quoi consistait cette jamâ’ah ; il répondit -qu’Allah soit Satisfait de lui- : « La jamâ’ah c’est celui qui est sur la vérité (el-jamâ’ah man kân ‘alâ-l-haqq), serais-tu même seul (wa law kunta wahdak) ! ».* Observe donc, approfondis et réalise !

On voit que la question de la définition de la jamâ’ah n’est pas récente. Elle a certainement donné lieu à des réponses diverses en dehors de celle qu’a choisi finalement Cheikh Zakî ed-Dîn et dont un de ses disciples les plus proches, S. Mohammed Mehanna, rapportait avec insistance à quel point son cheikh l’avait souvent évoquée de diverses manières dans ses écrits et comment il se l’appliquait à lui-même, radiy-Allah ‘an-hu.

* Note de l’éditeur : Il est rapporté de ‘Abdallah ‘Ibn Mas’ûd -qu’Allah soit Satisfait de lui- qu’il a dit à ‘Umaru Ibn Maymûn :

إن الجماعة ما وافق طاعة الله عز و جل و إن كنت وحدك

« En vérité la jamâ’ah est ce qui correspond à l’obéissance d’Allah, même si tu es seul ». Rapporté par Abu-l-Qâsim el-Lâlakâ’î dans son ‘Itiqâd Ahl es-Sunnah (Croyance des Gens de la Sunnah) 1/109 ; selon une variante :

 الجماعة ما وافق الحق، و إن كنت وحدك

« La jamâ’ah est ce qui correspond à la vérité (el-haqq, qui peut aussi désigner Allah-Le Vrai), même si tu es seul ! ».

قال نعيم بن حماد “ يعني إذا فسدت الجماعة فعليك بما كانت عليه الجماعة قبل أن تفسد، و إن كنت وحدك، فإنك أنت الجماعة حينئذ

Nu’aym ibn Hammâd a dit : « Ce qui veut dire que lorsque la jamâ’ah est gâtée, tu dois revenir à ce qu’était la jamâ’ah avant qu’elle ne se gâte, même si tu es seul, car c’est toi, alors, la jamâ’ah (fa-innaka anta el-jamâ’ah hîna’idhin) ! »

La notification de cette règle nous apparaît particulièrement intéressante parce que susceptible d’application à des domaines multiples, notamment à l’état de toute « organisation initiatique régulière », pour reprendre les termes souvent utilisés par René Guénon pour désigner, notamment, une tarîqah, ce que confirme suffisamment la remarque suivante :

Selon el-Foudayl ibn ‘Iyâd : « Suis les voies de guidée (turuq el-hudâ) et le peu de ceux qui les suivent (qillatu-s-sâlikîn) ne te nuira pas ! Mais prends garde (iyyâka) aux voies d’errance (turuq ed-dalâlah) et ne sois pas impressionné/illusionné (lâ taghtar) par la multitude de ceux qui sont ruinés (bikathrati-l-hâlikin) ». »

On ne peut que se souvenir du rappel coranique (5,100) :

Dis :  » Ce qui est mauvais n’est pas semblable à ce qui est bon, même si l’abondance du mauvais te plaît. Craignez Dieu, vous qui êtes doués d’intelligence ; peut-être serez-vous vainqueurs ! »

Cheikh Mohammed Zakî ed-Dîn – Extrait de Yâ waladî

Annotations du traducteur

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On pourra souligner dès maintenant le caractère uniquement qualitatif de la jamâ’ah, définie de manière exclusive par le rapport à la Vérité et donc, à la science traditionnelle que l’on en a.

Cette définition est bien sans commune mesure avec celle qui est propagée par la pensée profane moderne qui met en avant, quant à elle, l’unique considération quantitative de ceux qui partagent une opinion commune et majoritaire.

11 janv. 2103 – V4

Il semble important de remarquer que la position de chacun par rapport à la jamâ’ah implique la capacité d’apprécier en quoi celle-ci est sur la vérité ou en quoi elle s’en écarte, notamment quand cette prise de conscience a pour conséquence, pour celui qui la réalise, de se distancer de la jamâ’ah altérée pour revenir à une position meilleure, même si c’est pour s’en isoler, sous un certain rapport. A ce propos, on verra d’ailleurs in châ Allah, (notamment par une mention plus détaillée du contexte qui entourait les remarques de ‘Abdallah ‘Ibn Mas’ûd -qu’Allah soit Satisfait de lui), que la distanciation en question peut ne pas apparaître aussi radicale que l’on pourrait se l’imaginer au premier abord (surtout si l’on est soi-même affecté par le mode de comportement habituel occidental) puisqu’elle a le souci de respecter dans une certaine mesure les formes extérieures.

Voyons donc maintenant ce que disait René Guénon dans son œuvre publique sur ces sujets.

Et Allah est plus Savant

  (A suivre, in châ Allah)

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GENERALITES SUR LE TASAWWUF

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par Mohammed Abd es-Salâm le 30 novembre 2012, mis à jour le 4 mai 2015

Mots clés : Jamâ'ah-Ijma', Mohammed Zakî ed-Dîn Ibrâhîm