Entre sulûk et tabarruk – M.A.S.

Après avoir posé quelques remarques sur la raréfaction des Maîtres de la Voie ou sur celle des disciples en préalable à une étude plus approfondie concernant certaines variations des méthodes d’enseignement initiatique il nous apparaît maintenant utile de rappeler, même assez sommairement, ce que l’on entend habituellement par les termes de sulûk et de tabarruk, ainsi que d’essayer d’apprécier plus en détails les situations qu’ils recouvrent et qui sont en réalité parfois bien plus nuancées qu’on pourrait le croire.

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Comme on le sait, le sulûk est le chemin, ou plutôt même le cheminement, c’est-à-dire la progression, dans la Voie initiatique qui mène à la Connaissance Suprême, but clairement fixé par toutes les turûq régulières comme étant leur unique raison d’être et celui qu’est donc en mesure de viser tout prétendant à l’initiation se trouvant à la porte d’une tarîqah réputée détenir l’ensemble des moyens susceptibles de permettre à celui qui en a les possibilités d’y accéder.

En quelque sorte à l’opposé de cette situation optimale 1 existe celle du tabarruk dans laquelle une tarîqah, parce qu’elle présente sous ce rapport un certain degré de dégénérescence, n’est plus directement dirigée par un Cheikh murchîd, c’est-à-dire un Maître lui-même réalisé, même partiellement, et en mesure de donner régulièrement un enseignement initiatique adapté ; elle n’offre plus qu’un ensemble plus ou moins complet d’ « outils » initiatiques se réduisant schématiquement et ultimement à la conservation et à la transmission de l’influence spirituelle (barakah) et de moyens initiatiques plus ou moins complexes. L’initiation n’est plus envisagée, alors, que d’une manière virtuelle, caractérisée par le fait que l’on ne l’envisage plus que dans le but unique et ultime de simplement recevoir et détenir la barakah.

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Une fois ces choses dites, de manière il est vrai un peu théorique, se posent les questions de savoir comment reconnaître la nature réelle de ce qui est présenté et donc de savoir également ce qu’il est possible d’envisager, en terme de réalisation effective, dans chacune d’elles : toutes les turûq qui se présentent comme des voies de réalisation effective, le sont-elles réellement et jusqu’à quel point ? Comment les reconnaître ? Est-il totalement exclu de tirer un bénéfice spirituel effectif dans les situations dans lesquelles seul le tabarruk est a priori envisagé, c’est-à-dire malgré l’absence d’un Cheikh murchid corporellement présent ?

Pour tenter d’y répondre, il semble utile de rappeler que l’état normal de toute organisation initiatique régulière étant évidemment celui qui permet à ses membres de suivre un ensemble de dispositions susceptibles, en fonction des qualifications de chacun, de les faire progresser dans un processus de réalisation spirituelle effective, c’est donc cet état qui doit être considéré et recherché en priorité par le prétendant à l’initiation. Le corolaire de cette affirmation est, bien évidemment, qu’une tarîqah qui n’offre pas les moyens qui pourraient permettre la réalisation en question ne peut donc pas être qualifiée à proprement parler de Voie (cf. ci-dessus) ; toute tarîqah régulière ayant comme objectif la réalisation effective, c’est-à-dire le sulûk, l’appellation « tarîqah de tabarruk » ne peut donc être qu’une manière de décrire l’état actuel de la tarîqah en question et aucunement une méthode de réalisation en tant que telle 2. La considération des relations qui peuvent exister entre le sulûk et le tabarruk, ne peut ainsi valablement se faire que si l’on considère les choses sous ce rapport, mais aucunement si l’on entend donner à chacun des termes de ce couple une égale réalité. Remarquons enfin, pour terminer ces rappels de définitions que, si l’on désigne ainsi par le terme de tabarruk ce qui revient à la seule transmission de la barakah et par celui d’irchad ce qui revient à l’enseignement initiatique (quelle que soit, d’ailleurs, la modalité qu’il puisse prendre) on peut dire également, d’une manière certainement inhabituelle mais dont on verra plus loin, in châ Allah, la justification et l’intérêt, que le sulûk est un tabarruk qui s’accompagne d’un irchâd.

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A l’instar de ce que fait René Guénon et afin de mieux comprendre ces aspects, il peut être intéressant de distinguer ce qui est de nature impersonnelle et ce qui est de nature personnelle, à savoir, par exemple, l’influence spirituelle et la doctrine, d’une part, et la réalisation spirituelle effective du Cheikh, d’autre part. Si l’on considère que les différentes dispositions traditionnelles habituellement pratiquées au sein des turûq permettent que la transmission régulière de ce qui est impersonnel, parce qu’elle est évidemment prioritaire, se fasse de manière effective et intégrale à la condition principale de bénéficier de l’autorisation (idhn) correspondante et sans considération nécessaire du degré de réalisation personnelle de celui qui effectue cette transmission, on comprend alors aisément que les moyens initiatiques dont il s’agit puissent intégralement et valablement être conservés et transmis même dans des conditions relativement défavorables, c’est-à-dire même au sein d’une tarîqah qui se trouve dans une situation de pur tabarruk, ne présentant donc plus d’enseignement susceptible de permettre une réalisation effective. Pour ce qui est des aspects d’ordre personnel, on peut distinguer plusieurs situations principales qui tiennent à la fois du degré de réalisation spirituelle du cheikh responsable de la tarîqah mais aussi de son degré de conscience initiatique, si tant est que l’on puisse s’exprimer ainsi ; ce sont précisément ces différents degrés que nous nous proposons d’énumérer maintenant, entre sulûk et tabarruk.

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21 juin 2014 – V30

  • La situation la meilleure qui puisse exister au sein d’une tarîqah est évidemment celle qui existe quand le cheikh qui la dirige est un être de réalisation parfaite 3. Ce cheikh kâmil détenteur d’une autorisation régulière 4 ne rattache généralement les membres qu’en mode de sulûk 5, posant sa reconnaissance en tant que tel comme condition à la bay’ah, le pacte initiatique 6 ; et l’on comprend aisément que cette attitude est totalement justifiée puisqu’elle est à la fois le fait d’une situation régulière sous le rapport de la détention des autorisations fonctionnelles et d’un accomplissement initiatique personnel qui exclut toute perspective de tabarruk.
  • Viennent ensuite l’indéfinité des situations qui existent lorsque le cheikh responsable d’une tarîqah, n’ayant pas atteint complètement le degré ultime de la Voie, est toutefois un être de réalisation partielle. Quel que soit son degré de réalisation sur la Voie, il a pour fonction, comme d’ailleurs c’est évidemment le cas pour un être de réalisation totale, d’amener son disciple au degré qui est le sien puis, s’il connaît un Maître de réalisation supérieure à la sienne, de le lui indiquer afin qu’il poursuive éventuellement son Travail entre ses mains.
  • La situation la plus inférieure, parce que la moins favorable, est celle où une tarîqah, tout en étant parfaitement régulière encore sous l’intégralité des rapports impersonnels déjà évoqués, n’offre à ses membres aucune modalité d’irchâd ; et c’est proprement celle-ci, on l’aura compris, qui mérite proprement l’appellation de tabarruk.
  • Il existe enfin une situation qui n’est pas toujours nettement évoquée ou comprise et que l’on pourrait en réalité situer en position intermédiaire entre les deux dernières citées, ce qualificatif d’intermédiaire lui convenant particulièrement sous plus d’un rapport. Il s’agit en effet de celle qui se présente lorsque celui que nous appellerons le cheikh-responsable d’une tarîqah, sans être nécessairement quelqu’un de réalisation effective, assure néanmoins réellement la transmission d’un ensemble de données méthodiques générales issues d’un Maître réalisé de la même silsilah, données qui sont alors à considérer véritablement comme un prolongement de l’action d’enseignement du Cheikh qui les a formulées à cet effet de son vivant 7  .

En considérant uniquement le critère de l’enseignement initiatique, on peut ainsi distinguer trois sortes de turûq qui offrent des possibilités de sulûk pour une qui n’en présente pas :

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  1. tarîqah régulièrement dirigée par un Maître de réalisation complète
  2. tarîqah régulièrement dirigée par un Maître de réalisation partielle
  3. tarîqah régulièrement dirigée par un transmetteur (pas nécessairement réalisé) d’une méthode initiatique formulée un Maître réalisé de la même silsilah

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  1. tarîqah régulièrement dirigée en l’absence d’enseignement initiatique spécifique ou général (tabarruk)

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On comprend bien, à dire ainsi ces choses, qu’elles puissent être parfaitement comprises et qu’aucune incompréhension ne puisse alors s’immiscer dans les rapports qui sont amenés à s’établir entre le Maître et celui qui demande à devenir son disciple, ou qui le devient effectivement ; mais chacun sait, quand il les a vécues (ne serait-ce qu’un peu) de l’intérieur, qu’elles sont très souvent loin d’être si clairement exposées et comprises par les uns et par les autres de ceux qui ont à y intervenir ou à y participer. Il nous semble donc intéressant, pour avancer davantage dans la compréhension de ces aspects premiers de l’initiation, de chercher à les apprécier, d’une part, du point de vue du Cheikh (ou de celui qui le représente) et, de l’autre, du point de vue du prétendant, du simple membre de la tarîqah ou du disciple effectif 8. Quel que soit son degré spirituel, un Maître réalisé est tout à fait en droit (pour autant, nous le répétons encore, qu’il soit autorisé pour l’exercice des fonctions de transmission et d’enseignement), de poser la reconnaissance de son état spirituel 9 comme condition préalable, par le postulant à la Voie, au rattachement puisqu’il ne fait alors qu’exprimer la nécessité qu’il y a de reconnaître la réalité qui sera à la base même de l’enseignement qu’il sera en mesure de donner au futur disciple et en garantira le fondement. En excluant de cette manière toute perspective de tabarruk (qui n’aurait alors aucun sens, si l’on considère les choses uniquement de ce point de vue), il affirme et garantit en quelque sorte également qu’il est en mesure d’amener le disciple à sa propre station spirituelle, selon les possibilités personnelles de celui-ci et, tout au moins, à n’importe quel autre degré intermédiaire, s’il est qualifié pour cela et s’il développe le travail nécessaire pour y parvenir. Considérée maintenant du point de vue du prétendant à l’initiation, c’est-à-dire de celui qui demande à être intégré sous un rapport ou sous un autre à une tarîqah qui se présente ainsi à lui, cette situation amène le murîd à se déterminer d’emblée lors de son rattachement, et donc avant même celui-ci : reconnaît-il le dirigeant de la tarîqah comme un Cheikh réalisé ? Il doit alors avoir au moins acquis une certitude suffisante de cette réalité pour établir, sur ces bases, un pacte initiatique avec celui qui va prendre en main son enseignement initiatique 10.

Nous insistons à dire qu’il apparaît, à ce stade de l’exposition de ces aspects, qu’il est particulièrement important de veiller à savoir si le Cheikh se présente lui-même comme réalisé ou pas (et à quel degré), comme de savoir si le prétendant au sulûk considère son futur Cheikh de la même manière ou pas, car ce sont la concordance de ces positions et la sincérité de ces appréciations qui vont constituer une partie des bases essentielles du pacte et déterminer ainsi sa nature et sa qualité.

À l’opposé 11 de cette situation, il va de soi que ni celui qui transmet l’initiation dans un cadre de pur tabarruk, ni celui qui s’y rattache, n’ont à faire état de quelque aspect ni prérogative personnels que ce soit. Cet aspect prend une forme peut-être plus délicate et nuancée dans la situation intermédiaire que nous avons décrite, puisqu’il apparaît que la dimension personnelle du rapport initiatique n’est pas soutenue par celui qui n’a, alors, à se considérer autrement que comme un simple transmetteur 12, celle-ci revenant en effet, implicitement et explicitement, au Maître de la silsilah qui les a conçus à cet effet et dont le transmetteur n’est jamais que le représentant autorisé. Il est à remarquer, enfin, que la spécificité de cette situation n’exclut d’ailleurs nullement qu’un simple transmetteur accède lui-même, dans ce cadre initial et sans que cela le remette en cause de quelque manière que ce soit, à un quelconque degré de réalisation effective ; et cette remarque est, d’ailleurs, également valable pour le cheikh-responsable d’une tarîqah qui se trouve en situation de pur tabarruk.

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Pour conclure ces réflexions, il nous semble important d’insister sur quelques points :

  • Dans l’usage courant, les qualifications de sulûk et de tabarruk peuvent concerner la situation intrinsèque d’une tarîqah comme la manière selon laquelle on la considère.
  • La qualification qui permet de dire qu’une tarîqah propose un certain nombre de conditions susceptibles de permettre une réalisation effective en son sein peut s’appliquer à plusieurs cas qui ne sont pas toujours strictement comparables sous tous les rapports.
  • Le pacte initiatique formalise généralement l’intégration à une tarîqah en mode de sulûk. A ce titre, il apparaît nécessaire de veiller à bien en définir les composantes, implicites ou explicites, puisque, comme pour n’importe quel contrat, il ne vaut que pour ce qu’il contient et à condition que l’objet en soit suffisamment bien connu et apprécié pour qu’un consensus puisse s’établir valablement. Il apparaît ainsi raisonnable de dire que la définition lucide et intelligente de ses composantes revêt une importance réelle si l’on veut qu’il soit doté de la validité nécessaire, qu’il corresponde bien à ce que chacun en attend et qu’il permette que s’instaure une confiance pleine et entière en rapport avec la sincérité nécessaire de chacun.
  • N’est-il pas entièrement cohérent, lorsque l’on considère ces choses en prenant soin d’avoir à l’esprit la distinction entre ce qui est de nature impersonnelle et de nature personnelle dans la mise en œuvre de ce que l’on peut appeler globalement l’ensemble des moyens initiatiques (Maître compris), de constater que ce sont les moyens de nature plus impersonnelle (à savoir la transmission de l’influence spirituelle ainsi que des aspects doctrinaux et méthodiques généraux), qui coexistaient nécessairement avec l’actualisation au sein d’une tarîqah d’une maîtrise spirituelle effective en la personne d’un Maître vivant, qui persistent intégralement lorsque cette présence a disparu et qu’elle fait alors corporellement défaut ?

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Précisions

Certaines incompréhensions semblent persister, depuis la parution du présent article, concernant la distinction que nous avons soulignée entre une tarîqah dans laquelle, en dehors de la transmission régulière de la barakah et du maintien des rites collectifs, l’enseignement général est totalement inexistant ou strictement réduit, par exemple, à la seule lecture de quelques ahâdith et celle d’une tarîqah qui, tout en effectuant les mêmes fonctions, assure de surcroît la transmission d’une méthode initiatique établie à cet effet de son vivant par le Cheikh précédent : si l’on considère que ces deux situations sont identiques, devrait-on considérer que les possibilités de la première tarîqah seraient supérieures à celles de la seconde si cette dernière ne transmettait pas de méthode de travail initiatique ? 13 Et si l’on considère que les possibilités offertes par la seconde sont supérieures à celles de la première, pourquoi considérer les deux situations comme équivalentes ?

Nous pensons, pour notre part, que la situation de la seconde tarîqah est bien évidemment supérieure à celle de la première 14, raison pour laquelle nous avons tenu à marquer une distinction aussi nette que possible dans leur classification : ___________________________________________________

  1. tarîqah régulièrement dirigée par un Maître de réalisation complète
  2. tarîqah régulièrement dirigée par un Maître de réalisation partielle
  3. tarîqah régulièrement dirigée par un transmetteur (pas nécessairement réalisé) d’une méthode initiatique formulée de son vivant par le dernier Maître réalisé de la même silsilah

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  1. tarîqah régulièrement dirigée par un simple transmetteur en l’absence d’enseignement initiatique spécifique ou général  (tabarruk)

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En constatant, à la suite de René Guénon, que la compréhension de notions pourtant simples qui touchent le processus et la conception juste de la réalité du rattachement initiatique demeure souvent relativement difficile, nous ne pouvons que nous étonner devant une telle situation, comme nous l’avons été, jadis aussi, devant d’autres15  ou encore actuellement quand on voit maintenir ou laisser subsister dans l’esprit des chercheurs sincères des contre-vérités que le simple examen et un minimum de connaissances traditionnelles en ce domaine devraient normalement suffire à dissiper.

Nous considérons, en l’état, que ce qui empêche de comprendre la différence qui existe entre l’absence totale d’enseignement méthodique au sein d’une tarîqah et le maintien de la transmission régulière, vivante et actuelle d’une méthode initiatique contemporaine et actualisée peut notamment relever de la persistance de ce que nous nous bornerons ici à appeler des « particularités individuelles », principalement d’ordre psychologique (au sens large du terme), dans l’étude desquelles nous ne pouvons évidemment entrer dans le cadre du site du Porteur de Savoir.

Nous ne pouvons ainsi dire et redire sans cesse ce que nous pensons avoir exposé de manière suffisamment détaillée ; « et il ne nous incombe que de transmettre clairement » 16 .

Nous conclurons donc ces quelques remarques en réaffirmant que nous sommes parfaitement convaincu de la liberté qu’a évidemment chacun, par ailleurs, de reconnaître ou de ne pas reconnaître ce sur quoi nous avons insisté ici, comme d’accepter ou pas ce que cela implique éventuellement. C’est également l’occasion de souligner que, de manière générale, les positions que nous nous sommes appliqué à développer dans les études des situations initiatiques marquées par l’absence d’un Maître éducateur (Cheikh tarbiyah) corporellement vivant ne peuvent, par définition, que mettre en évidence les difficultés en quelle que sorte structurelles que ces situations présentent et le caractère nécessairement plus subtil des voies que l’on est, parfois, amené à saisir et à suivre si l’on désire, malgré tout, y progresser effectivement 17.

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w-Allah a’lam

wa bi-Llah et-tawfîq

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 Lire l’article qui précède                                                                                                                                                                   Lire l’article qui suit

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  1. On verra qu’en réalité la symétrie au sein de ce couple de termes n’est pas exacte []
  2. Cette méprise peut également être entretenue ou majorée par le fait que le terme même de tarîqah peut aussi être traduit lui-même par celui de méthode []
  3. Proprement un « adepte » au sens plénier du terme, comme le rappelle René Guénon []
  4. On sait qu’il peut exister des êtres de réalisation même complète, qui n’ont aucune fonction d’enseignement []
  5. Nous disons généralement car il a la possibilité de pratiquer autrement, notamment en rattachant en mode de tabarruk dans un premier temps dans le but, sans qu’il soit vraiment possible de parler ici de mise à l’épreuve, d’apprécier différents aspects de la relation initiatique et l’attitude réelle qu’aura le murîd une fois rattaché []
  6. Voir à ce propos la définition de la bay’ah dans le Petit lexique []
  7. Ce prolongement peut évidemment s’avérer être autre chose qu’un simple concept théorique quand le Cheikh en question a affirmé à ses disciples, plusieurs fois de son vivant et sans équivoque, la persistance de son appui spirituel auprès d’eux après sa mort. []
  8. Nous distinguons volontairement ces trois termes afin de désigner de manière plus précise, respectivement, celui qui demande l’initiation (quel qu’en soit le mode), celui qui est rattaché en mode de tabarruk et celui qui est rattaché en mode de sulûk []
  9. Celle-ci sera nécessairement plus ou moins théorique au début, pour la raison simple, exposée par René Guénon, que la connaissance initiatique effective procédant par identification entre l’objet et le sujet de celle-ci, on ne peut réellement connaître le degré de réalisation d’un être qu’en ayant soi-même réalisé le même degré, ou un degré supérieur ; le degré du novice, ou même de celui qui est extérieur à la Voie, étant le plus généralement et par définition, inférieur à celui de son futur Maître, la reconnaissance effective du degré de celui-ci ne peut se faire par un mode d’identification pur mais dans une modalité qui sera nécessairement plus indirecte, quand elle n’est pas uniquement théorique lorsque le disciple se rattache à un Maître uniquement du fait de sa réputation. []
  10. Nous ne considérons pas pour l’instant ce qui concerne le contenu du pacte lui-même []
  11. et l’on a vu ce qui pouvait valablement être entendu par là précédemment []
  12. Rappelons que l’on désigne ici par ce terme celui qui est autorisé à transmettre l’influence spirituelle et les rites initiatiques (comme c’est le cas également dans chacune des situations précédentes) ainsi que les aspects méthodiques généraux de l’enseignement []
  13. En effet, si (raisonnement par l’absurde), dans une balance contenant 2 d’un côté et 3 de l’autre, on considère que 2 est égal à 3, ne serait-il pas normal que, en soustrayant 1 à 3, le contenu du plateau inchangé devienne immédiatement supérieur ? Mais que dire si l’on constate qu’il n’en est rien quand alors seulement les plateaux s’égalisent, puisqu’alors seulement leurs contenus s’égalisent ? []
  14. C’est bien alors, dans ce cas précis, le point de vue de celui qui ne reconnaît pas cette supériorité qui peut valablement être qualifié de tabarruk et non pas la situation de la tarîqah en elle-même []
  15. On a vu, notamment, l’intérêt qu’il y a pu avoir à montrer la réalité et l’importance de la transmission de l’influence spirituelle dans l’initiation virtuelle ; cf. les travaux d’Olivier Courmes à ce sujet []
  16. Coran, sourate Yâ sîn : « wa mâ ‘alaynâ illâ-l-balâgh el-mubîn«  []
  17. Nous espérons, à ce sujet, avoir prochainement l’occasion de montrer, in châ Allah, comment la nature individuelle des obstacles auxquels nous faisions allusion plus haut peut amener à des conceptions de l’ordre du « tout ou rien » (notamment en ce qui concerne les modalités de l’enseignement initiatique), fort éloignées des subtilités qu’exigent justement la réalité du domaine initiatique en général et celle des conditions cycliques actuelles en particulier []

par le 18 mars 2011, mis à jour le 15 avril 2019

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