Hadîth « de la délégation » (hadîth el-wafd)

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En rapport avec les modalités de la bay’ah mohammedienne, nous regroupons ici différentes données 1 relatives à ce que les transmetteurs s’accordent à appeler hadîth el-wafd, désignant ainsi la rencontre des membres de la délégation de ‘Abd el-Qays avec le Prophète ﷺ.

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« La raison de leur visite fut la suivante : Munqidh ibn Hayyân, un homme des ibn Wadî’a, faisait des voyages de commerce à (Médine) Yâthrib à l’époque du paganisme antéislamique. Il était parti, comme de coutume, à Yathrib à l’époque chargé d’étoffes et de dattes de Hajar après l’émigration du Prophète ﷺ de la Mecque. Munqid ibn Hayyân était assis dans la cité quand le Prophète ﷺ passa près de lui, alors il se leva pour lui. Et le Prophète ﷺ lui dit : « Ô Munqidh ibn Hayyân ! Comment vas-tu ainsi que ton peuple ? » Puis il lui demanda des nouvelles des notables, un par un, en les appelant par leurs noms. Munqidh embrassa ensuite l’islam et apprit la sourate de l’Ouverture (al-Fâtiha) [Coran, I] et Lis au nom de ton Seigneur [Le Caillot de sang, XCVI], puis entra chez lui à Hajar. Le Prophète ﷺ envoya avec lui une lettre au clan des ‘Abd-al-Qays qu’il porta avec lui, mais qu’il tint secrète quelques jours jusqu’à ce que sa femme la découvrit. Sa femme, en l’occurrence était la fille d’al-Mundhir ibn ‘Â’id ibn al-Harith ; c’est ce Mundhir que le Prophète ﷺ surnomma al-Achajj (le Balafré) parce qu’il avait une cicatrice sur le visage. Munqidh (que Dieu l’agrée) priait et récitait le Coran régulièrement en ce temps-là chez lui. Ce qui suscita le mécontentement et l’inquiétude de sa femme qui alla faire part de ses soucis à son père al-Mundhir. Elle lui dit : « Je trouve étrange le comportement de mon époux depuis son retour de Yathrib ; il se lave les membres et s’oriente vers une certaine direction (pour dire la Qibla), puis tantôt s’incline, tantôt il met son front sur le sol. Il agit ainsi régulièrement depuis son retour de voyage ».

Les deux hommes se rencontrèrent et discutèrent du sujet. Suite à quoi al-Mundhir al-Achajj, le beau-père de Munqidh finit par embrasser l’islam. Achajj alla ensuite trouver son peuple les Asr et les Muhârib et leur lit la lettre du Messager de Dieu ﷺ. Ils approuvèrent alors l’islam et décidèrent d’aller rendre visite au Messager ﷺ. Lorsqu’ils furent proches de Médine, le Prophète ﷺ dit à son assistance : « La délégation de ‘Abd-al-Qays est venue à vous, ce sont les meilleurs gens de l’Est et il y a parmi eux al-Achajj al-Asri. Ils sont venus fidèles à leur foi et exempt de doute, sachant que tout peuple qui se soumet à la foi subit la persécution ».

« Ibn ‘Abbâs rapporte : Les membres de la délégation de ‘Abd el-Qays vinrent trouver le Messager de Dieu ﷺ et lui dirent : « Ô Messager de Dieu ﷺ, nous sommes du territoire des Rabî’a. Les impies de Mudar font obstacle entre nous et toi. Nous ne pouvons parvenir à toi que lors des mois sacrés. Commande-nous donc quelque chose que nous ferons et à laquelle nous appellerons ceux que nous avons laissé au pays ». Le Prophète ﷺ leur dit alors : « Je vous commanderai quatre choses et vous en interdirai quatre : Croire en Dieu (qu’il leur expliqua en disant :) L’attestation qu’il n’y a point de divinité en dehors de Dieu et que Muhammad est le Messager de Dieu. L’accomplissement de la prière, l’acquittement de l’impôt-zakât et que vous versiez le cinquième de votre butin. Et je vous interdis al-dubâ’, al-hantam, al-naqîr et al-Muqayyaralaf ajoute dans sa version : « L’attestation qu’il n’y a point de divinité en dehors de Dieu ».

Venons en maintenant à des variantes de ce hadîth qui justifient pleinement la citation que nous en faisons ici. Dans une certaine version, ibn ‘Abbâs rapporte que le Messager d’Allah ﷺ ajouta :

« Retenez bien cela et informez-en ceux que vous avez laissés derrière vous (au pays) ». Enfin, » Ibn Mu’adh ajoute dans le hadîth qu’il rapporte d’après son père : Le Messager de Dieu ﷺ dit à al-Achajj, soit al-Achajj des ‘Abd-al-Qays : « Tu recèles deux vertus que Dieu aime : la raison et la pondération »,

affirmation dont l’Imâm Nawâwi fait le commentaire suivant :

« La pondération signifie, ici, la vertu qui consiste à observer un comportement posé, loin de toute précipitation ou hâte. Le Prophète ﷺ a tenu à souligner ces qualités de Achajj, voire en faire l’éloge est l »histoire se rapportant au hadith, à savoir : lorsque la délégation était arrivé à Médine, ses membres entreprirent sur le champ d’aller voir le Prophète ﷺ. Tandis que Achajj resta sur les lieux du campement, où il rassembla les montures, puis attacha sa chamelle, mit ses meilleurs vêtements pour se diriger enfin à la rencontre du Prophète ﷺ. Celui-ci le rapprocha de lui et le fit asseoir à ses côtés et s’adressa ensuite à la délégation leur disant : « Prêterez-vous serment d’allégeance en votre nom et au nom de votre peuple ? » « Oui ! » répondirent les membres de la délégation à l’exception de Achajj qui dit : « Ô Messager de Dieu, rien n’est dur pour l’homme que de changer de religion. Pour notre part, nous te prêtons allégeance. Mais quant à eux, nous enverrons les y inviter. Ceux qui nous suivront seront des nôtres et ceux qui refuseront, nous serons leurs ennemis ». C’est à ce moment que le Prophète ﷺ lui dit : « Tu dis vrai ; tu recèles deux vertus que Dieu aime : etc … » [le reste du hadîth].

Le Cadî ‘Iyâd dit : Sa pondération est manifeste à travers la décision qu’il a prise de prendre le temps de s’assurer de l’attitude du reste du peuple vis-à-vis de l’allégeance à prêter au Prophète ﷺ et d’avoir évité la précipitation de décider à leur place, contre leur volonté. La justesse de son jugement consiste, quant à elle, dans les propos qu’il avait émis et qui montrent qu’il pèse bien les conséquences et considèrent les implications futures d’une décision instantanée.

Je dois souligner ici que cela n’est en contradiction d’aucune façon avec le hadîth mentionné dans le musnad d’Abû Ya’lâ ainsi que dans d’autres recueils de hadîth, où le Messager de Dieu ﷺ ayant dit à Achajj : « Tu recèles deux vertus que Dieu aime … » Celui-là dit : « Sont-elles en moi depuis toujours ou bien sont-elles récentes ? » « Elles sont plutôt anciennes » lui précisa-t-il et lui de dire : « Dieu soit Loué de m’avoir doté naturellement de deux vertus qu’Il aime ».

Fin de la citation du Commentaire du Sahîh Muslim

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  1. A partir du chapitre 6 de la traduction du Commentaire du Sahîh Muslim par l’Imâm Nawâwi (DKI), concernant le « Commandement de croire en Dieu (Exalté soit-Il), au Messager du Dieu ﷺ et aux lois de la religion, de la prédication de la religion, de la quête du savoir en la matière, de son observance et de sa transmission à ceux qui n’en ont pas été informés » ; nous avons adapté certaines transcriptions phonétiques ainsi que la succession des récits []

par le 29 septembre 2013, mis à jour le 6 mai 2014

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