« Je suis le cheikh de celui qui n’a pas de cheikh » – Cheikh Ahmad Al-Rifâ’î

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بسم الله الرحمن الرحيم الحمد لله

والصلاة والسلام على سيدنا محمد رسول الله وآله وصحبه ومن والاه

 

La triste nouvelle de la destruction en Irak de la tombe et du centre spirituel 1 d’un des quatre Pôles (aqtâb al-arba’â) prototypiques de l’ésotérisme islamique, le très vénéré Cheikh Ahmed Al-Rifâ’î (m. 1182) – qu’Allah soit Satisfait de lui et de ses suivants, nous invite à rappeler un aspect peu connu de sa fonction spirituelle destiné à perdurer jusqu’à la fin des temps, w’Allahu a’lam !

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Le Cheikh Ahmad Al-Rifâ’î a déclaré – qu’Allah soit Satisfait de lui2  :

« Je suis le refuge (ma’wâ) de ceux qui sont isolés (munqati’în), je suis le refuge de toute brebis boiteuse égarée (inqita’at fi-t-tarîq), je suis le cheikh des faibles (‘awâjiz), je suis le cheikh de celui qui n’a pas de cheikh (anâ cheikhu man lâ cheikhun la-hu3 ; ainsi le diable ne peut être le cheikh d’un des hommes de la communauté de Mohammed ﷺ4.

[Ceci constitue] un engagement (‘ahd) de ma part, par délégation (bi-niyâbah) du Prophète ﷺ , un engagement général (‘amm) [valable] jusqu’au jour de la Résurrection ; le Trône est la qiblah des aspirations (himam) , la Ka’bah est la qiblah des corps 5 et Ahmad la qiblah des cœurs » .

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V3 – 05 février 2015

Post scriptum

[La reproduction (partiellement traduite) de cet article sur une page facebook italienne a donné lieu à des rectifications opportunes de la part d’un certain Hüseyin Sicilyalı concernant l’annonce de la destruction de la tombe du Cheikh Ahmed Rifâ’î. Nous en donnons ci-dessous un résumé après avoir pu en vérifier l’exactitude par une autre source.

Le lieu détruit à Tal Afar est connu comme un maqam secondaire du Cheikh Ahmed Rifâ’î.

Les photos mises en ligne [sur Facebook] concernent la zâwiya mère de la Rifâ’iyyah qui est également le lieu de sépulture du Cheikh [qui n’a donc pas été détruit] qui se trouve près de Umm ‘Ubaydah dans la municipalité de Bathâ’ih, province de Wâsit dans la région de Bassora. Donc dans le Sud, ou à la limite Centre-Sud.

Les coordonnées de ce lieu étaient déjà connues grâce à Ibn Battuta qui écrivait : « Ceci m’offrit l’opportunité de visiter la tombe du saint Abu ‘l-‘Abbâs Ahmed Al-Rifâ’î, qui se situe dans un village appelé Umm ‘Ubayda, un jour où je voyageais depuis Wâsit… Il y a là une immense zâwiya où vivent des centaines de fuqarâ… »

Wa-l-hamdu li-Llah wa shukru li-Llah !]

M.L.B.

 

  1. Cf. annexe infra. []
  2. Citation extraite du recueil intitulé : «  Al-kulliyyât al-Ahmadiyyah » édité par le Cheikh le Seyyid Mohammed Abu-l-Hudâ Al-Çayyadî Al-Rifâ’î (m.1909) – qu’Allah soit Satisfait de lui. []
  3. On notera que ces deux derniers attributs sont repris dans l’eulogie terminale du recueil du Cheikh Abû-l-Hudâ, comme pour en souligner l’importance. Nous pensons par ailleurs que le Cheikh Abû-l-Hudâ avait une conscience assez aiguë de la nature des temps actuels, au regard notamment des différentes fonctions officielles qu’il a pu exercer dans l’empire ottoman finissant et en particulier celle de précepteur d’un des derniers califes ottomans, le Sultan Abdul Hamîd II (m. 1918) , w’Allahu a’lam ! []
  4. Cette déclaration constitue en quelque sorte une réponse à la parole bien connue « celui qui n’a pas de cheikh a le diable pour cheikh« . Si on considère que cette parole est souvent attribuée au Cheikh Abû Yazîd Al-Bistamî (m. 874) – qu’Allah soit Satisfait de lui, il apparaît ainsi que la situation évoquée par ce dernier aura duré au maximum quatre siècles (depuis la mort du Prophète ﷺ ) et serait devenue caduque par la suite ; par ailleurs le point de vue rapporté au Cheikh Abû Yazîd mérite sûrement d’être nuancé puisqu’on accepte habituellement le fait que pour les trois premières générations qui suivirent le Prophète ﷺ , l’éducation spirituelle était prise en charge directement par Allah, sans intermédiaire, or le Cheikh Abû Yazîd est contemporain de cette période bénie,  w’Allahu a’lam ! Voir aussi le commentaire du Cheikh Sa’îd Hawwâ sur cette célèbre parole. []
  5. Litt. des « fronts » (jabâh). []

par le 7 août 2014, mis à jour le 29 juillet 2015