La « main » du Cheikh sur Sîdî Mâdî (B.C.A.H.C.)

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Cet article est issu de notre traduction de Durrat el-asrâr wa tuhfat el-Abrâr (Imâm Ibn çabbâgh) publiée en PDF sous le titre «Biographie du Cheikh Abû-l-Hassan Châdhilî (B.C.A.H.C)» .

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Le vénéré Cheikh Abû el ‘Azâ’im Mâdî nous relata ceci:

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« Alors que le Cheikh était en train de parler de la réalité du rapport du Cheikh avec ses compagnons, il dit : « Sa main sera sur eux pour les préserver où qu’ils soient », mais je m’y opposai intérieurement en me disant : « Cela ne peut être que par Allah (lâ takûn dhalika ill-Allah)».

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Quand vint le matin, je fus envahi par une grande tristesse. Je sortis en dehors d’Alexandrie et m’assis sur la plage toute la journée. Après avoir fait la prière de l’après-midi (‘asr), je rentrai la tête dans le col de mon manteau. Quelque chose me secoua. Je pensai que c’était un des fuqarâ qui plaisantait avec moi mais quand je sortis ma tête du manteau, il y avait devant moi une belle femme parée de vêtements et de bijoux magnifiques.

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– Que veux-tu ? lui demandai-je.

– Toi, répondit-elle.

– Je prends refuge en Allah !

– Par Allah, je ne vais pas te laisser !

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Alors je la poussai pour l’éloigner de moi mais elle me saisit vers sa poitrine et s’amusa avec moi comme un enfant joue avec un oiseau. Je n’avais plus aucun contrôle sur moi-même. Elle m’obligea à aller vers elle et ma nafs finit par la désirer.

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Soudain, une main me saisit par le col et j’entendis le Cheikh me dire :

– Ô Mâdî ! Dans quoi es-tu en train de tomber ?

après quoi il me chassa loin d’elle. Je supposai que le Cheikh n’avait fait que passer par là car en levant la tête, je ne le retrouvai pas, et la femme non plus. Je m’étonnai de cela, et reconnu que j’avais été en détresse pour m’être opposé à lui. Alors je demandai pardon à Allah, fis mes ablutions et accompli la prière du coucher du soleil (maghreb).

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J’allai ensuite à la Porte Verte (bâb el-akhdar, une des portes de la ville), mais les portes de la cité avaient toutes été fermées. En m’approchant, elle s’ouvrit d’elle-même. Puis j’entrai dans la ville et elle se referma. (De nos jours, cette porte est ouverte uniquement après la prière du Vendredi quand l’Emir et le peuple la franchissent pour aller à la plage, après quoi elle est refermée.) J’allai à la Citadelle et j’entrai dans ma chambre, en me cachant des fuqarâ.

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Habituellement, quand le Cheikh avait fait la prière du soir (‘ichâ), il prenait congé des gens. (Chaque nuit, il faisait une réunion à laquelle venaient les gens des environs pour écouter ses paroles [?]). Il entra dans la khalwa et demanda :

– Où est Mâdî ?

ils répondirent :

– Nous ne l’avons pas vu aujourd’hui.

Il ordonna alors :

– Cherchez dans sa chambre.

Ils vinrent à moi et je leur dis :

– Je suis malade. C’est la raison pour laquelle je suis entré dans un état terrible.

[Une fois  revenus], le Cheikh dit :

– Amenez-le.

Ils me portèrent alors jusqu’à lui et m’amenèrent en sa présence. Celui-ci leur ayant demandé de partir, je m’assis devant lui en pleurant et il me dit :

– Ô Mâdî, quand j’ai dit telle et telle chose hier, tu t’es opposé à moi. Où était ma main, aujourd’hui, alors que tu t’apprêtais à tomber dans la désobéissance ? Celui qui n’est pas capable de faire cela n’est pas un Cheikh.

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Tombeau de sidi Mâdî dans le cimétière du Jellez,

au pied du maqam Sidi Belahssen de Tunis.

 

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Entrée vers le tombeau

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par le 25 septembre 2012, mis à jour le 23 novembre 2019