La patience (çabr) : vertu cardinale du compagnonnage initiatique (çuhbah) – M.A.S.

*

La patience (çabr) : vertu cardinale du compagnonnage initiatique (çuhbah) – M.A.S.

*

Un dixième des 72 mentions de la patience dans le Coran se trouve comme concentré dans le récit du compagnonnage de Moïse avec el-Khidr -sur eux deux le salut. Sous quels rapports cette qualité particulière est-elle ainsi liée de manière aussi insistante à la principale modalité classiquement connue d’enseignement initiatique personnel et donc au sulûk lui-même, c’est-à-dire au processus de réalisation spirituelle effective ?

*

قَالَ إِنَّكَ لَنْ تَسْتَطِيعَ مَعِيَ صَبْرًا

(67) (L’autre) dit : «Vraiment, tu ne pourras pas supporter de ma part [litt. être patient avec moi].

وَكَيْفَ تَصْبِرُ عَلَى مَا لَمْ تُحِطْ بِهِ خُبْرًا

(68) Comment endurerais-tu des choses que tu n’embrasses pas par ta connaissance ?»

قَالَ سَتَجِدُنِي إِنْ شَاءَ اللَّهُ صَابِرًا وَلَا أَعْصِي لَكَ أَمْرًا

(69) [Moïse] lui dit : «Si Allah veut, tu me trouveras patient ; et je ne désobéirai à [aucun] ordre.»

قَالَ أَلَمْ أَقُلْ إِنَّكَ لَنْ تَسْتَطِيعَ مَعِيَ صَبْرًا

(72) [L’autre] répondit : « N’ai-je pas dit que tu ne pourrais rien supporter de ma part [litt. être patient avec moi] ?»

قَالَ أَلَمْ أَقُلْ لَكَ إِنَّكَ لَنْ تَسْتَطِيعَ مَعِيَ صَبْرًا

(75) [L’autre] lui dit : «Ne t’ai-je pas dit que tu ne pourrais rien supporter de ma part [litt. être patient avec moi] ?»

قَالَ هَذَا فِرَاقُ بَيْنِي وَبَيْنِكَ سَأُنَبِّئُكَ بِتَأْوِيلِ مَا لَمْ تَسْتَطِعْ عَلَيْهِ صَبْرًا

(78) «Ceci [marque] la séparation entre toi et moi [litt. moi et toi], dit [l’homme]. Je vais t’apprendre l’interprétation de ce que tu n’as pu supporter avec patience. »

وَأَمَّا الْجِدَارُ فَكَانَ لِغُلَامَيْنِ يَتِيمَيْنِ فِي الْمَدِينَةِ وَكَانَ تَحْتَهُ كَنْزٌ لَهُمَا وَكَانَ أَبُوهُمَا صَالِحًا فَأَرَادَ رَبُّكَ أَنْ يَبْلُغَا أَشُدَّهُمَا وَيَسْتَخْرِجَا كَنْزَهُمَا رَحْمَةً مِنْ رَبِّكَ وَمَا فَعَلْتُهُ عَنْ أَمْرِي ذَلِكَ تَأْوِيلُ مَا لَمْ تَسْطِعْ عَلَيْهِ صَبْرًا

(82) Et quant au mur, il était à deux garçons orphelins de la ville. Un trésor se trouvait en dessous, qui leur appartenait ; et leur père était un homme vertueux. Ton Seigneur a donc voulu que tous deux atteignent leur maturité et qu’ils extraient [eux-mêmes] leur trésor, par une miséricorde de ton Seigneur : je n’ai pas agi de mon propre chef. Voilà l’interprétation de ce que tu n’as pas pu endurer avec patience

*

Nous pensons avoir trouvé une réponse à la question posée en introduction dans l’exposé magistral de l’Imâm Ghazâlî, dans le Kitâb al-sabr wa al-shukr de son Ihyâ ‘Ulûm ed-Dîn 1

(A suivre, in châ Allah …)

*

  1. De la patience et de la gratitude – Traduit de l’arabe par Idrîs De Vos – Éditions Albouraq []

par le 26 septembre 2014, mis à jour le 5 octobre 2014