La salutation au Prophète ﷺ comme vivification (tahiyyah) – M.A.S.

  بسم الله الرحمن الرحيم الحمد لله والصلاة والسلام على سيدنا محمد رسول الله وآله وصحبه ومن والاه

Nous commençons par cet article une série d’études qui auront comme objet la salutation sur le Prophète ﷺ, principalement considérée sous son aspect initiatique, in châ Allah.

Le présent travail s’appuie sur quelques remarques simples :

1. La mention de la salutation au Prophète ﷺ se situe en fin de verset, après celle de la çalât.

 إِنَّ اللَّهَ وَمَلَائِكَتَهُ يُصَلُّونَ عَلَى النَّبِيِّ يَا أَيُّهَا الَّذِينَ آمَنُوا صَلُّوا عَلَيْهِ وَسَلِّمُوا تَسْلِيماً

De plus, et en se référant toujours à la forme même du verset coranique 1, alors que l’injonction faite aux croyants répond directement à la mention de la pratique divine et angélique de la prière sur le Prophète ﷺ, celle qui concerne la salutation proprement dite apparaît comme un « ajout » terminal qui semble ainsi présenter un aspect spécifique au regard de l’aspect universel de la çalah ; le verset aurait pu, en effet, s’arrêter après ‘alayhi sans perdre de sa cohérence.

2. La formule de salutation émise par Allah (subhana-Hu wa ta’âlâ) à l’aboutissement de l’élévation du Prophète ﷺ lors du Mir’âj de la Connaissance apparaît comme une « réponse » à la parole de celui-ci, que l’on dit lui avoir été elle-même inspirée par son Seigneur : « et-tahiyâtu li-Llah ez-zakiyâtu li-Llah et-tayybâtu-s-salawât li-Llah » 2.

Sans entrer pour l’instant dans davantage de considérations à ce sujet, on peut d’ores et déjà remarquer que la formule de salutation que fait le serviteur à son Seigneur, qui semble être extérieurement au moins d’institution prophétique, n’est pas la formule employée habituellement en islam, celle-ci étant clairement celle d’Allah (subhana-Hu wa ta’âlâ) vers le Prophète ﷺ.

3. Au cours de cet échange direct et éminent, la formule de la salutation exemplaire de la meilleure des créatures ﷺ à son Seigneur (subhâna-Hu wa ta’âlâ) n’est donc pas la formule divine de la salutation au Prophète ﷺ. Ce sont les mêmes paroles qui ont été intégrées ultérieurement dans le tachahhud de la prière (incluant également les paroles des Anges) que prononce alors le serviteur face à son Seigneur puis à l’adresse du Prophète ﷺ, lors du julûs terminal de chaque cycle de 2 rak’aat, la prière pouvant elle-même être comprise comme un mi’râj dont les formules du tachahhud sont l’aboutissement.

4. C’est la même salutation que le serviteur prononce lorsqu’il arrive en présence du Prophète, face à lui ﷺ, lors de la visite à Médine (et qu’il peut pratiquer à distance de n’importe où sur terre en se figurant être dans la même situation), reproduisant ainsi la pratique d’Allah lui-même (subhana-Hu wa ta’âlâ) lors du Mi’râj.

5 mai 2015 – V4

5. En résumé et en d’autres termes, l’institution divine de principe mentionne bien en premier lieu la prière sur le Prophète ﷺ puis la salutation. A l’inverse et dans l’ordre des « applications », il semble bien qu’il faille considérer, d’une part que la forme de la salutation proprement mohammédienne par elle-même ait été connue avant celle de la prière sur le Prophète ﷺ (à l’occasion précise et très excellente du Mi’râj) et d’autre part que la formule de salutation ait été d’institution divine et la formule prototypique de prière ait été d’institution prophétique. On peut également, et sans donner ici davantage de développement à ces remarques, voir à quel point ces considérations semblent indiquer un caractère électif particulier à la salutation du Prophète (es-salâm ‘alâ en-Nabîyyi) dans le cadre de l’intimité des entretiens éminents entre la meilleure des créatures ﷺ et son Seigneur subhâna-Hu wa ta’âlâ 3 .

6. On rapporte du Prophète ﷺ qu’il demanda un jour à ses Compagnons, lorsqu’ils rencontreraient « ses frères », de leur transmettre, de sa part, le salâm. S’étonnant de cette appellation qu’ils pensaient pouvoir être la leur, le Prophète ﷺ précisa qu’ils étaient bien ses Suivants et ses Compagnons mais que « ses frères » étaient des gens (qawm) qui viendraient après lui, croiraient en lui sans l’avoir jamais vu et dont la récompense des actes de chacun seraient soixante-dix fois égale à celle d’un d’entre eux.

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Cet aspect de vivification/tahiyah (aux sens latin et arabe des termes : ce qui « fait vivre » ou « rend vivant ») par le salâm adressé au Prophète ﷺ, par son caractère particulièrement élevé, central et unique, semble-t-il, dans la sunnah, est donc nécessairement susceptible d’applications initiatiques importantes, surtout si l’on se souvient aussi du hadîth prophétique qui affirme la puissante et nécessaire « réaction concordante » attachée à cette pratique : « ما من أحد يسلم علي إلا رد الله علي روحي حتى أرد عليه السلام« , « personne ne me salue sans qu’Allah ne me rende mon esprit afin que je lui rende la salutation » qui est, lui-même, à mettre en rapport avec l’injonction coranique « وإذا حييتم بتحية فحيوا بأحسن منها أو ردوها« , volontairement traduite ici assez littéralement : « Lorsque vous êtes « vivifiés » par une « vivification » (tahiyah) vivifiez alors (fa-hayyû) par une meilleure qu’elle ou rendez-la [uniquement] »), dont le hadîth précédent est considéré par certains commentateurs comme une illustration directe et éminente.

et Allah est plus Savant

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 السَّلاَمُ عَلَيْكَ أيُّهَا النَّبِيُّ وَرَحْمَةُ الله وَبَرَكَاتُهُ

 السَّلاَمُ عَلَيْكَ أيُّهَا النَّبِيُّ وَرَحْمَةُ الله وَبَرَكَاتُهُ

 السَّلاَمُ عَلَيْكَ أيُّهَا النَّبِيُّ وَرَحْمَةُ الله وَبَرَكَاتُهُ

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  1. El-Ahzâb, 56 []
  2. selon une version, parmi d’autres []
  3. « Dhikr » et « munâjât » (entretien intime) – Al-Qastalânî []

par le 24 mars 2013, mis à jour le 14 septembre 2015

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