Le « New Age » dans l’œuvre de René Guénon – M.A.S.

*

Ayant été amené à évoquer récemment le mouvement New Age dans le cadre d’études portant sur l’oeuvre de René Guénon nous devons maintenant dire clairement que, sauf erreur ou omission de notre part, celui-ci n’a jamais utilisé formellement cette dénomination dans son œuvre publique, alors qu’il n’a cessé, en réalité, de dénoncer et combattre les composantes de ce qu’elle recouvre.

Avec l’espoir de donner un meilleur développement futur à cette étude, nous mentionnerons ici les principaux thèmes dont il s’agit, in châ Allah.

*

Citons toutefois, en préambule, ce passage du Règne de la Quantité et les Signes des Temps dans lequel l’allusion est particulièrement nette à ce qui prendra forme, quelques années après la disparition de René Guénon, sous l’appellation définitive de New Age :

Cette « spiritualité à rebours » n’est donc, à vrai dire, qu’une fausse spiritualité, fausse même au degré le plus extrême qui se puisse concevoir ; mais on peut aussi parler de fausse spiritualité dans tous les cas où, par exemple, le psychique est pris pour le spirituel, sans aller forcément jusqu’à cette subversion totale ; c’est pourquoi, pour désigner celle-ci, l’expression de « spiritualité à rebours » est en définitive celle qui convient le mieux, à la condition d’expliquer exactement comment il convient de l’entendre. C’est là, en réalité, le « renouveau spirituel » dont certains, parfois fort inconscients, annoncent avec insistance le prochain avènement, ou encore l’« ère nouvelle » dans laquelle on s’efforce par tous les moyens de faire entrer l’humanité actuelle1, et que l’état d’« attente » générale créé par la diffusion des prédictions dont nous avons parlé peut lui-même contribuer à hâter effectivement. L’attrait du « phénomène »*, que nous avons déjà envisagé comme un des facteurs déterminants de la confusion du psychique et du spirituel, peut également jouer à cet égard un rôle fort important, car c’est par là que la plupart des hommes seront pris et trompés au temps de la « contre-tradition », puisqu’il est dit que les « faux prophètes » qui s’élèveront alors « feront de grands prodiges et des choses étonnantes, jusqu’à séduire, s’il était possible, les élus eux-mêmes »2

——————————
[1] On ne saurait croire à quel point cette expression d’« ère nouvelle » a été, en ces derniers temps, répandue et répétée dans tous les milieux, avec des significations qui souvent peuvent sembler assez différentes les unes des autres, mais qui toutes ne tendent en définitive qu’à établir la même persuasion dans la mentalité publique.
[2] St Matthieu, XXIV, 24.

30 sept. 2015 – V2

* Trouve-t-on exagéré, devant l’insistance de René Guénon à montrer la responsabilité de l’attrait général pour les « phénomènes » dans l’avènement des troubles de la fin de temps, d’être particulièrement prudent, voire extrêmement méfiant, vis-à-vis de la transmission d’une « influence » ou « énergie cosmique » présentée par quelqu’un prétendant être un « avatar » venu préparer et amener une « ère nouvelle » à l’humanité tout entière, alors que cette transmission est, elle-même et de surcroît, appelée « Phénomène » par ceux-là mêmes qui en font la promotion ? L’ennemi, quand il est orgueilleux, signe souvent lui-même son action.

*

Citations extraites de l’article de Wikipédia sur le New Age

  • courant spirituel occidental des XXe siècle et XXIe siècle
  • « bricolage » syncrétique de pratiques et de croyances
  • transformer les individus par l’éveil spirituel et par voie de conséquence changer l’humanité.
  • « l’apparition d’un nouveau paradigme culturel, annonciateur d’une ère nouvelle dans laquelle l’humanité parviendra à réaliser une part importante de son potentiel, psychique et spirituel. »
  • tentative de « réenchantement du monde »
  • phénomène global des nouveaux mouvements religieux nés à partir des années 1960, tout en se fondant sur des éléments doctrinaires antérieurs, notamment empruntés à la théosophie.
  • approfondissement du sentiment religieux ou encore par le sentiment d’une quête intérieure, hors de toute structure historiquement constituée.
  • Le New Age est un patchwork de croyances de sources diverses. Il a popularisé en Occident certains thèmes hindouistes ayant transité par la théosophie, comme la notion de vies antérieures et la métempsycose/réincarnation.
  • véhicule de concepts proches de certaines écoles philosophiques hindoues ou indiennes et du tantrayana comme l’idée d’une « biologie invisible », d’un corps énergétique subtil, dont font partie l’aura, le corps éthérique et les chakras, centres d’énergies.
  • recours à des entités spirituelles mêlant les caractéristiques des « guides de lumière » traditionnels (les anges) avec des entités supposées issues d’autres plans de conscience, « Maîtres de Lumière » ou « Maîtres ascensionnés » (appelé « divinités » en Inde, les « bouddhas » chez les bouddhistes), etc
  • les principes du New Age dans « l’ère du Verseau » devaient déterminer « le type de culture et de civilisation» ainsi que « l’avènement d’une nouvelle religion mondiale (qui) prendra la forme d’une approche de groupe, unifiée et consciente, du monde des valeurs spirituelles » comme cela se serait produit selon elle « dans l’ère chrétienne des Poissons ou la période antérieure gouvernée par le Bélier
  • Le channeling désigne dans la littérature New Age un procédé de communication entre un humain et une entité appartenant à une autre dimension.
  • Le développement personnel renvoie à toutes les activités proposant de développer une connaissance de soi6, de valoriser ses talents et potentiels7, de travailler à une meilleure qualité de vie, et à la réalisation de ses aspirations et de ses rêves8.
  • Selon le sociologue Paul Heelas, dans The New Age Movement, Jung est l’« une des trois plus importantes figures du New Age » avec Blavatsky et Gurdjieff10.
  • La question de voir dans le néopaganisme un courant du New Age est discutée11. Syncrétisme universaliste, il se distingue du néopaganisme du type ethnico-religieux tel que le néodruidisme ou l’Ásatrú par son absence de références ethniques. Il serait plus proche de la Wicca, autre assemblage de références éclectiques prônant des valeurs féministes et écologistes12.
  • Le New Age stricto sensu désigne l’attente d’une nouvelle ère à venir ou en cours. Ce millénarisme se distingue des millénarismes traditionnels par le fait que le changement à venir ne serait ni abrupt, ni violent, ni même issu d’une force supérieure, mais qu’il nécessiterait la participation des êtres humains13. L’apparence de cette nouvelle ère est celle d’un monde de paix et de justice, hérité de la contre-culture californienne des années 1960, « d’amour et de lumière5 ».
  • Le New Age puise son inspiration première dans les livres d’Alice Bailey (adepte de la théosophie) des années 1920193014. Cette dernière annonce le « retour du Christ15 » et lance l’idée de groupements dits « de bonne volonté mondiale16 ». Ce ne sont pas des communautés organisées mais plutôt des rassemblements périodiques de personnes indépendantes ayant pour but de hâter l’évènement tant espéré au moyen d’une méditation collective à grande échelle (la Grande Invocation).
  • Une seconde inspiration est l’Ère du Verseau de Paul Le Cour (1937) sur le plan astrologique. Celui-ci lance le concept d’« Ère du Verseau », le nouvel âge sur la Terre qui devrait marquer une transformation des valeurs de l’humanité par l’avènement des valeurs spirituelles17.
  • Les pratiquants du New Age ont une tendance générale à rejeter les définitions qu’ils considèrent « rigides » ou doctrinales de Dieu et leur préfèrent une absence de définition remplacée par la notion d’« expérience ». Dans le New Age, on ne doit pas « croire » en Dieu mais « faire l’expérience » de Dieu5. Ce dernier est plus souvent vu comme une « force de vie » que comme une « personne20 ». Des termes fréquents pour le désigner sont « océan d’unité », « esprit infini », « courant primordial », « principe universel », « essence unique », etc.5.
  • Malgré les multiples influences orientales, la figure du Christ reste le modèle spirituel du New Age sans grande concurrence5. Mais ce modèle ne conserve que très peu d’éléments du Christ tel qu’il est présenté dans le christianisme. Dans le New Age, il peut être un principe abstrait, un état de conscience (conscience christique) ou toute personne qui incarnerait cet état de conscience supérieur5.
  • À cette époque [années 70] se développent des psychothérapies nouvelles expérimentées à l’Institut Esalen comme la thérapie primale de Arthur Janov, le Rebirth, le Rolfing d’Ida Rolf, expérimenté par John Lennon et l’Analyse bioénergétique d’Alexander Lowen, en phase avec les travaux de Wilhelm Reich, élève de Freud, ainsi que la psychologie humaniste d’Abraham Maslow et Carl Rogers. On découvre aussi en 1968 la Gestalt Thérapie (Psychologie de la forme) de Fritz Perls.
  • La fin des années 1980 marqua le déclin de la première forme du New Age et des milliers de personnes qui avaient vécu certains espoirs déçus finirent par se tourner vers ce que certains sociologues, comme John Gordon Melton, ont analysé comme la seconde page du mouvement New Age dans les années 1990 [réf. souhaitée]. La transformation notable fut celle d’un mouvement tourné vers un changement collectif en un courant qui commença à se tourner vers un accomplissement personnel, un éveil individuel et en particulier le concept d’ascension.
  • La musique dite new age ou fusion music, très à la mode aux États-Unis, en Inde et dans les pays anglophones, naît dans les années 1970 avec la « musique planante » (space music, liée à l’ambient) ou le space rock (également appelé rock planant), avec des artistes comme Klaus Schulze, Tangerine Dream, Ash Ra Tempel, Robert Fripp et Brian Eno et influencée au départ par des artistes comme Pink Floyd, Terry Riley, Steve Reich et Soft Machine, les compositeurs Giorgio Moroder et Vangelis, Kitaro et Ylric Illians. Les artistes plus récents sont souvent mystiques et/ou exaltent la puissance de la voix, utilisent les mantras : le canadien Patrick Bernard (ex-Bernhardt), Deva Premal, Robert Gass, le musicothérapeute Philippe Barraqué.
  • Le Vatican a publié un document d’analyse du courant New Age et de mise en garde : « la religiosité Nouvel Âge répond, d’une certaine manière, aux désirs spirituels légitimes de la nature humaine, il est nécessaire de reconnaître que cette tentative s’inscrit toujours à l’opposé de la révélation chrétienne (…) Jean-Paul II met en garde contre “la question de la renaissance de certaines traditions du gnosticisme antique sous la forme de ce qu’on appelle le New Age”
  • Le New Age est qualifié de « religiosité postmoderne » par V. Vaillancourt36 et A. Kubiak37 ou de « marché de la spiritualité » par Van Hove38, de « nébuleuse mystique-ésotérique » par Françoise Champion39, de « vaste réseau informel d’échanges d’informations » par M. York40 ou encore de « mutation radicale des systèmes de sens ultimes » selon Martin Geoffroy41.
  • Certains mouvements associés au courant « New Age » sont répertoriés comme sectes dans le rapport parlementaire français de 1995 sur les sectes50 dont la liste a cependant, par la suite, été sujette à controverses. Selon l’UNADFI, les adeptes du New Age ne se « posent pas les bonnes questions », ils tentent de se rassurer, ils sont comme des « narcodépendants51 ». Les détracteurs de ces sectes, ou supposées telles, dénoncent les risques sur la santé physique et mentale des individus.

*

par le 15 août 2015, mis à jour le 30 septembre 2015

Mots clés : ,