Les « Gens du Banc » (Ahl es-Suffah) – Cheikh Ahmed Zarrûq (Qawâ’id)

Cet article reprend des données qui figurent dans la traduction en cours des Qawâ’id et-Taçawwuf du Cheikh Zarrûq.

Les commentaires de Shaykh Muhammad Mehenna sont en rouge dans le texte.

Règle 8 :

LES GENS DU BANC

Traduction

Le statut du suivant (al-tābi’) est identique à celui de son prédécesseur (al-matbū’), pour ce en quoi il le suit, même si le prédécesseur est meilleur. Les Gens du Banc étaient initialement si pauvres qu’ils étaient connus comme étant les « Invités d’Allah ». Puis en firent partie le riche, le prince, celui qui travaillait pour gagner sa vie (al-mutasabbib) et le pauvre (al-faqīr). Mais ils étaient reconnaissants quand ils détenaient la richesse, tout comme ils patientaient lorsqu’elle faisait défaut.

La possession [de la richesse ou du pouvoir] ne les privaient pas de l’attribut par lequel leur Seigneur les avait décrits, à savoir : « ils invoquent leur Seigneur matin et soir désirant Sa Face » 1 . De même, ils n’ont pas été loués pour la perte de leur richesse mais pour la recherche de la Face d’Allah (irādati wajhi-l-Maliki-d-Dayyān), qui n’est pas limitée par la pauvreté ou la richesse. Ainsi, le Taṣawwuf ne se distingue ni par la pauvreté ni par la richesse tant qu’on recherche la Face de son Seigneur.

Comprends-donc !

Commentaire

A propos du passage : « Le statut du « suivant » est identique à celui de son prédécesseur, pour ce en quoi il le suit, même si le prédécesseur est meilleur ».

Il s’agit du développement de la règle précédente concernant le mot Taawwuf et ses dérivations multiples selon les avis. L’avis le plus juste est le dernier cité par le Shaykh Zarrūq, celui qui fait dériver Taawwuf de Ahl euffah. Ces Gens du Banc sont les « prédécesseurs » (matbu’ūn), les suivis, tandis que les Gens du Taawwuf (Ahl at-Taawwuf) sont ceux « qui [les] suivent » (tābi’ūn) à toutes les époques.

A propos du passage : « Les Gens du Banc étaient initialement si pauvres qu’ils étaient connus comme étant les « Invités d’Allah ». Puis en firent partie le riche, le prince, celui qui travaillait pour gagner sa vie (mutasabbib) et le pauvre (faqīr). »

En matière de remise confiante en Allah (tawakkul), il est possible de recourir aux moyens extérieurs ou aux causes secondes (asbāb) mais en restant conscient du fait que toute chose dépend d’Allah. Ce cas est celui du « mutasabbib », qui est littéralement « celui qui a recours aux moyens extérieurs » ou « celui qui traite avec les causes secondes ». Une autre modalité d’application de tawakkul peut consister à délaisser les causes secondes, en apparence et intérieurement. Il s’agit du dépouillement (tajrid) du « pauvre » (faqīr) dont il est question dans le texte.

Cette notion est en lien avec la seconde sagesse des Hikam al-‘Atā’iyyah :

« Ta volonté de dépouillement (tajrīd) lorsqu’Allah t’impose de recourir aux moyens extérieurs (asbāb) provient d’une passion cachée (chahawah al-khafiyyah). Et ta volonté de recourir aux moyens extérieurs (asbāb) lorsqu’Allah te maintient dans le dépouillement revient à abaisser un haut dessein (himmah al-‘aliyyah) » 2 .


ARTICLES THÉMATIQUES correspondants :

GENERALITES SUR LE TASAWWUF

GÉNÉRALITÉS SUR LES RÈGLES DE L’INITIATION


  1. Coran : 18, 28 []
  2. إرادَتُكَ التَّجْريدَ مَعَ إقامَةِ اللهِ إيّاكَ في الأسْبابِ مِنَ الشَّهْوَةِ الخَفيَّةِ، وإرادَتُكَ الأَسْبابَ مَعَ إقامَةِ اللهِ إيّاكَ فِي التَّجْريدِ انْحِطاطٌ عَنِ الهِمَّةِ العَلِيَّةِ []

par le 29 septembre 2012, mis à jour le 11 novembre 2021

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