11 – Les manques importants de respect de adab chez certains « auteurs » contemporains sont-ils la marque d’une certaine « exception » spirituelle qui les en dispenserait ?

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Réponse de Mohammed Abd es-Salâm

Le respect scrupuleux du adab (en général accompagné de celui des règles initiatiques les plus élémentaires) est assurément la marque d’une qualification supérieure lorsqu’on le constate chez quelqu’un, et à la mesure du degré de sa réalisation quand il s’agit d’un initié à la Voie.

Ici aussi le respect et la considération de ce qui est généralement admis par les autorités mêmes du domaine concerné semble devoir primer sur ce qui ne l’est pas, surtout dans des temps et des conditions cycliques dans lesquelles il est à craindre que ce qui est anormal ne l’emporte, au moins partiellement et provisoirement, sur ce qui est normal.

Avant donc de considérer l’activité extérieure de quelqu’un (en particulier dans les domaines initiatique et littéraire) et le caractère éventuellement dérogatoire de sa pratique (dans les mêmes domaines), peut-on dire que celui qui cumulerait l’irrégularité sur ces deux points (= la détention d’une autorisation et le respect du adab) serait comparable à celui qui cumulerait la régularité, même si le premier se réclamait (parfois à cor et à cri) du second ?

5 juillet 2015 – V4

L’attitude première la plus normale (et celle que l’on semble oublier le plus souvent dans les temps actuels, pourtant réputés dangereusement subversifs) ne consisterait-elle pas, surtout lorsque l’on adhère précisément au contenu de l’œuvre de René Guénon en ce domaine, à s’enquérir de la régularité de telle ou telle personne avant même d’avancer dans l’étude de son « œuvre » (ou devrions-nous plutôt dire : de son « action ») 1  ?

N’aurait-on pas ainsi, dans l’époque cyclique très particulière que nous vivons, de meilleures chances d’échapper à ce qui, dans l’exercice des fonctions dont il s’agit, reflète nécessairement, sous un rapport ou sous un autre, l’irrégularité, l’usurpation et l’imposture de départ ?

On pourra, enfin, méditer avantageusement cette affirmation du Cheikh el-Akbar Muhyi ed-Dîn Ibn Arabi (radiy-Allah ‘anhu) dans le chapitre 181 de ses Futuhât el- Mekkiyah, portant sur la vénération des Maîtres spirituels (traduction Michel Vâlsan) :

« la Vérité se trouve seulement avec les gens polis, et la porte est fermée à ceux qui manquent de convenance »

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  1. Quand la dégénérescence cyclique atteint un degré relativement important, il n’est pas rare de voir l’impudence être élevée au rang de adab, On constate alors, malgré la persistance réelle des activités rituelles extérieures, que nombre de personnes peuvent évoluer au sein d’un centre spirituel tout en exerçant, quasiment au vu et au su de tous, des fonctions initiatiques (transmission de barakah, direction de rites collectifs, …) sans pour autant détenir les autorisations correspondantes (idhn) du seul responsable régulièrement habilité à les produire. []

par le 11 septembre 2010, mis à jour le 8 novembre 2015

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