Nos relations avec les autres turûq, leurs Maîtres et leurs membres – M.A.S.

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L’actualité étant parfois tristement riche d’exemples d’ignorance et d’incompréhension, il nous est apparu nécessaire et profitable, in châ Allah, et pour nous même avant tout (« En vérité, le rappel (dhikr) est utile aux croyants » – Coran), de rappeler quelle est la conception en vigueur au sein de la Tarîqa Muhammediya Châdhiliya des relations qui peuvent s’établir entre ses propres membres et les autres turûq régulières, leurs Maîtres et leurs membres. Il devrait suffire de citer ici quelques passages des Règles fondamentales (qawâ’id) de la Tariqa Muhammediya Châdhiliya, texte que nous avons pourtant édité sur Le Porteur de Savoir depuis bien longtemps déjà et qui est donc accessible dans son intégralité à toute personne sincère sachant lire et comprendre le français 1.

Mohammed Abd es-Salâm – Khadîm et-Tarîqah

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Sixième règle

Nous aimons (nahnu nuhibbu) toutes les organisations initiatiques régulières, quelle que soit la différence des tendances (machârib), des méthodes et des noms, mais nous ne donnons la préférence à aucune tarîqah sur la nôtre (lâ nufaddilu  tarîqatan alâ tarîqatinâ qatt). De même, nous aimons tous les Maîtres des organisations initiatiques régulières (et-turûq ech-char’iyah), vivants ou morts. Nous cherchons d’eux la bénédiction (natabarrakû bihim) tant qu’ils s’évertuent dans le domaine de la Da‘wa vers Allah loin des préjugés, des innovations et des apparences, mais nous ne leur donnons en aucune manière la priorité sur nos Maîtres (lâ nuqaddimu-hum ‘alâ achyâkhinâ) comme c’est le cas pour l’homme entre son père et son oncle.

Le sens de ces prescriptions est donc bien qu’il existe une préférence naturelle des membres de la tarîqah envers celle-ci, comme il existe une préférence naturelle du fils envers son père, sans que cela n’affecte l’amour que ceux-ci ont pour les autres turûq, comme l’amour qu’a naturellement un fils pour son père est naturellement supérieur à celui qu’il a pour le frère ou les frères de son père, sans que cela n’affecte leur valeur et leurs qualités propres.

En effet, nos grands Imams soufis qui ont atteint le rang de la perfection ont reçu la Voie en un mode tabarrukan auprès de dizaines de Saints de leur temps, ce qui montre que l’esprit de clan était absent. De plus, chacun d’eux avait des bonnes intentions pour son frère. Par conséquent, ils échangeaient les rencontres et les transmissions initiatiques (talaqqîn) en toute confiance, amour, bonne foi (‘aqîdah), entraide et certitude au sein d’une famille unique, même s’ils étaient de pays différents et qu’ils vivaient éloignés.

Comment pourrait-il en être différemment pour les membres de la Tarîqa Mohammediya Châdhiliya qui connaissent  le contenu si vaste de leur silsilah  et respectent les indications du Cheikh qui les a formulées ?

Où trouve-t-on, d’ailleurs, de nos jours des traces de telles conduites majestueuses et exemplaires ?

En vérité, toutes les turûq régulières commencent par le repentir (tawbah) et se terminent par la Connaissance (Ma’rifah). La différence concerne les méthodes et les cheminements spirituels de telle sorte que chacun trouve ce qui correspond à sa nature.

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Septième règle

Nous aimons les Saints d’Allah qui sont morts. Nous cherchons la bénédiction en leur rendant visite quelles que soient leurs doctrines et leurs tendances, comme nous ne faisons aucune distinction entre les Messagers d’Allah, comme entre Ses Saints. Nous confions la question de leur préférence cachée à Allah, Qui connaît Seul la vérité.

Nous ne devons pas faire de grossières supputations à propos du secret du non-manifesté bien gardé d’Allah.

De même nous ne devons pas faire l’éloge à outrance de nos Maîtres de manière qu’on les favorise par ignorance sur les Messagers d’Allah – Nous implorons le pardon d’Allah [à ce sujet].

Nous sollicitons (natawassalu) le secours d’Allah par l’intermédiaire de Ses Saints, suivant nos connaissances et nos pratiques expérimentées, tout en croyant fermement qu’Allah est Seul l’Omnipotent (el-Qâdir), Celui qui Agit par excellence (el-Fa’’âl). Solliciter Allah par l’intermédiaire des Saints est tout simplement une cause, un rang élevé dans l’adoration, une confirmation de la vraie unification, une reconnaissance de la négligence et une soumission pratique qui indiquent le dévouement de l’invocation à Allah Seul. Le déplacement aux tombeaux et aux mosquées pour accomplir la prière, y rester et invoquer Allah n’est qu’une sorte d’invocation d’Allah par l’intermédiaire des bonnes actions en plus de la prédication de l’esprit pur.

En effet, c’est Allah qui dispose les choses des vivants et des morts et non les vivants ni les morts. Celui qui veut solliciter l’appui d’Allah par l’intermédiaire des pieux ou des bonnes actions, qu’il le fasse ; celui qui ne veut pas, qu’il le laisse. Allah ne compte que vos intentions.

Cheikh Mohammed Zakî ed-Dîn Ibrahîm – Cheikh et-Tarîqah (rahimahu-Lllah)

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  1. Une version arabe intégrale en cours d’édition, in châ Allah []

par le 29 mars 2012, mis à jour le 11 juillet 2015

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