« Où sont le maître et le disciple remplissant les conditions requises ? » – Sidî al-Hassan ibn Mas’ûd Al-Yûssî


بسم الله الرحمن الرحيم الحمد لله والصلاة والسلام على سيدنا محمد رسول الله وآله وصحبه ومن والاه

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Disciple du Cheikh Mahammed Abû ‘Abdillâh ibn Nâçir al-Dur’î – qu’Allah soit Satisfait de lui 1 , Sidi Abû ‘Alî al-Hassan ibn Mas’ûd Al-Yûssî (1040-1102 h / 1630-1691) 2 évoque à plusieurs reprises dans ces lettres (Rassâ’îl) la manière dont il conçoit l’exercice de sa « fonction d’enseignement » 3 qu’on pourra aussi rapprocher des paroles des Maîtres – notamment celle du Cheikh al-Haddâd – sur le rôle du « frère pieux ». Dans l’attente de la traduction des passages en question, nous portons à la connaissance de nos lecteurs cet extrait d’un autre ouvrage de l’auteur – les Mohâdarât 4 – qui permet de se faire une bonne idée générale de la position du « Cheikh » Al-Yûssî sur cette question.

Maurice le Baot

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« Il me vient à l’idée une pensée sur laquelle je voudrais attirer l’attention et plus particulièrement sur un point, car la développer entièrement serait trop long.

La voici : après notre Maître à la connaissance précise, fidèle à la Sounna, Aboû ‘Abdillâh ibn Nâçir (que Dieu soit satisfait de lui !) nous nous sommes toujours efforcés d’être utiles aux gens en leur enseignant les préceptes religieux dont ils avaient besoin, les awrad surérogatoires, et les adhkâr qui leur étaient nécessaires pour arriver à la vie future, pour manifester leur amour de Dieu et s’approcher de lui. Nous agissions ainsi dans un but de fraternité, pour aider nos frères à être bons et sincères, et non pas en qualité de cheikh ; dans le but d’enseigner et d’indiquer la bonne voie, non dans celui d’éduquer ».

Ensuite, il continue à développer cette pensée, suivant son habitude, pour conseiller et donner à réfléchir.

« Un de mes amis me rapporta qu’il avait eu une controverse avec un Qadi qui enseignait. Ce Qadi lui avait parlé de moi, et, paraît-il, lui avait dit comme voulant lui suggérer un conseil : « Qu’est-ce qui a poussé un tel à enseigner les awrad ? Avez-vous jamais vu un Moûrîd remplissant les conditions pour le faire ? » Lorsqu’il m’eut rapporté ces paroles, je lui déclarai : « Pour ma part, je n’ai jamais vu un moûrid remplissant, et comment en verrais-je, à moins que Dieu ne supplée à notre insuffisance par Sa puissance. »

Le cheikh Aboû-l-‘Abbâs Zarroûq racontait qu’il avait entendu dire par son maître Aboû-l-‘Abbâs Ahmed ibn ‘Oqba el-Hadramî : « Si vous recherchiez depuis l’extrémité de l’Orient jusqu’au bout de l’Occident un moûrîd loyal et sincère dans toutes les circonstances, vous ne le trouveriez pas. Comment trouveriez vous donc un Gnostique parfait ? »

Cependant l’imperfection du siècle et des hommes de ce temps ne peut avoir pour conséquence la cessation des règles, de la Religion, ni des bons conseils. Cette défectuosité s’est attachée à la religion, aux intelligences, au temps, à l’imâmat suprême, à l’imâmat de prière ainsi qu’à la distribution des conseils et à beaucoup d’autres choses. C’est l’effet de la destinée annoncée par le Prophète sincère et véridique (que Dieu répande sur lui ses bénédictions et ses grâces !) avant que cette prédiction ne fût enregistrée dans de nombreux hadîth.

C’est à cette prophétie que font allusion les vers suivants :

Voici le temps que nous redoutions

annoncé par les paroles de Ka’b et d’Ibn Mas’oûd 

S’il dure sans qu’apparaisse aucun changement

on ne pleurera plus les morts, on ne se réjouira plus à l’occasion d’une naissance

 « Hélas ! Pût-il avoir duré ce temps ! Le nôtre ne fait qu’empirer et le bien recule sans cesse, et il en sera ainsi jusqu’à la fin des temps. Mais chacun considère l’époque où il vit. La volonté de Dieu s’accomplit, mais la Religion subsiste et la Vérité demeure manifeste en attendant que vienne l’ordre de Dieu. O donneur de conseils ! Les obligations qui nous incombent, à toi incombent aussi. Ta réponse est la nôtre. Tu t’es proposé d’enseigner : as-tu trouvé un disciple digne de t’entendre ? Remplis tu toi-même les conditions exigées d’un Maître ? Où sont le maître et le disciple remplissant extérieurement et intérieurement les conditions requises ? Enseigne donc, sinon, l’esprit de ton disciple éventuel restera troublé. Et pourtant, comment serait-il licite que tu enseignes puisque les conditions stipulées ne sont pas remplies …

« Le Prophète (que Dieu répande sur lui ses bénédictions et sa grâce) a dit ceci : « Ne communiquez la science qu’à ceux qui en sont dignes, autrement vous la trahiriez. » [Ce moûrîd] peut objecter qu’entre deux maux il choisit le moindre ou que sa science ne peut être acquise par des être indignes, ou tout autre argument analogue : Voilà qui ressemble beaucoup à notre réponse. Que Dieu nous aide, nous accorde Son pardon et nous couvre de Sa miséricorde « Il a le pouvoir de le faire. »

Sidi Abû ‘Alî al-Hassan ibn Mas’ûd Al-Yûssî

traduit par Si ‘Abd er-Rahmâne Buret

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Tombeau de Sidi Abû ‘Alî al-Hassan ibn Mas’ûd Al-Yûssî 5

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Article connexe

Quel wird pour celui qui ne trouve pas de Cheikh ? – Cheikh Mahammed ibn Nâçir / Sidî Al-Yussî

  1. Il s’agit du Cheikh fondateur de la branche Nâçiriyyah de la tarîqah Châdhiliyyah : selon l’Ijâzah de la Tarîqah Mohammediyyah, la branche Nâçirie est « est à l’origine d’un grand nombre d’honorables voies initiatiques, surtout de quelques ramifications de la Châdhiliyyah telles la ‘Afîfiyya, la Qawuqajiyyah, la Jawhariyyah, l’Idrîssiyyah, la Kattaniyyah, la Khatamiyyah, la Hasafiyyah, la Madaniyyah, la Fassiyyah et certaines branches de la Khalwatiyyah et de la Naqchabandiyyah, ainsi que d’autres ». []
  2. Il fût aussi celui qui instaura le pèlerinage des Sept Saints (Seb’atu Rijâl) de Marrakech sur l’ordre du Sultan de l’époque, Moulay Ismaïl (1672-1727). []
  3. Nous empruntons cette expression à René Guénon, à laquelle nous avons consacré une étude spéciale. []
  4. Traduit par Si ‘Abd er-Rahmâne Buret dans La Revue Marocaine en 1937-38 (p.31) , d’après la biographique de l’auteur figurant dans Nachr el Mathani : Li-ahl el-qarn el-hâdî-achar wa-thânî, ouvrage de Mohammed ibn et Tayyib el-Qâdiri (1124-1187 h/ 1712-1773). Nous profitons de l’occasion pour rappeler que Si Abd er-Rahmâne Buret est l’auteur d’une des meilleures traductions en français des Hikam du Cheikh Ibn Ata’i-Llah, révisée par Titus Burckardt et parue de manière posthume chez Archè Milano. []
  5. Sîdî « Lahcen Lyoussi » selon l’orthographe locale. Images extraites de la page Facebook consacrée à l’auteur. []

par le 2 septembre 2013, mis à jour le 25 août 2015

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