« Qawâ’id » du Cheikh Zarrûq et « Lawâqîh » de l’Imâm Charânî : quels points communs ?

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Les travaux menés de concert sur Le Porteur de Savoir sur les Qawâ’id et-Taçawwuf du Cheikh Ahmed Zarrûq el-Burnusî (d. 899/1493) et sur les Lawâqîh el-anwâr el-qudussiyah fî ma’rifati qawâ’id eç-çûfiyah du Cheikh Abd el-Wahhâb Charânî (d. 973/1565 ) font apparaître que la parenté qui existe entre ces deux oeuvres de référence dépasse en réalité ce qui en apparaît dans leur titres mêmes mais concerne le fond de leurs contenus respectifs, voire leur destination.

L’étude de la structure des ouvrages peut en effet se résumer comme suit :

  1. rappels de principes fondamentaux
  2. constat de la dégénérescence de la Voie et de la raréfaction des Maitres
  3. exposition d’aspects méthodiques de substitution concernant :
  • les relations entre le murîd et son Seigneur
  • les relations entre le murîd et lui-même, c’est-à-dire sa propre âme
  • les relations entre le murîd et les autres créatures

Il est vrai que les répartitions et les contenus de ces grandes rubriques diffèrent notablement entre les deux oeuvres :

  1. Les considérations introductives du Cheikh Zarrûq portent sur la conception la plus élevée des principes mêmes qui établissent et fondent le Taçawwuf pour se développer sur l’intégralité du livre tandis que l’introduction de L’Imâm Charani porte sur un rappel de la ‘aqîdah Ach’ariyah, des généralités sur la transmission initiatique et les fondements prophétiques de la Voie ; elles occupent ainsi réciproquement la totalité du corpus du premier ouvrage, pour quelques pages du second.
  2. Les observations concernant une rupture importante de l’état du Taçawwuf et de l’accessibilité directe à ses représentants réguliers que sont les Maîtres sont identiques.
  3. Les considérations méthodiques concernent des aspects identiques de l’initiation, à une différence notable près : le Cheikh Zarrûq n’évoque pas ce qui fait l’objet d’un quatrième chapitre chez le Maître égyptien, à savoir les pratiques qui concernent les relations entre le disciple et son Maître !

5 mars – V2

Ceci étant dit le caractère complémentaire de ces deux livres ne peut manquer de saisir celui qui cherche à comprendre ce qui a pu motiver de telles autorités à produire de telles oeuvres.  On y verra, sans nul doute, la volonté de rendre compte publiquement de modifications importantes qui ont pu intervenir dans le milieu et dans l’époque concernés et amener à avertir qui de droit qu’il était nécessaire d’envisager, au moins dans un certain nombre de cas qui étaient suffisamment nombreux pour faire l’objet de tels avis, de modifications notables qui pouvaient toucher la méthode initiatique, notamment dans la relation avec le Cheikh et dans les techniques classiques qui étaient mises en œuvre auparavant sans que l’on ait à envisager de pratiquer autrement.

 (à suivre, in châ Allah)

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par le 5 mars 2012, mis à jour le 18 juillet 2015

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