Quatre modalités de l’éducation spirituelle (tarbiyyah) – Cheikh Abû-l-Mawâhib al-Châdhilî

بسم الله الرحمن الرحيم الحمد لله

والصلاة والسلام على سيدنا محمد رسول الله وآله وصحبه ومن والاه

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Quatre modalités de l’éducation spirituelle (tarbiyyah
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Les modalités d’éducation spirituelle évoquées dans le texte qui suit ne sont bien évidemment pas exhaustives. Il suffira, pour s’en convaincre, de lire par exemple les précisions données par le Cheikh al-Hâchimî qui recense quant à lui six modalités dont deux seulement se retrouvent dans le texte du Cheikh Abû-l-Mawâhib al-Châdhilî : l’éducation donnée par un Saint et l’éducation donnée par le Prophète lui-même à celui qui multiplie la prière sur lui ﷺ 1 .
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La citation que nous proposons succède immédiatement, dans la notice des Tabaqât de l’Imam Charani, à un passage qui développe la question de l’éducation donnée par le Cheikh à son murîd alors qu’il est « mort », dans sa tombe. Le Cheikh Abû-l-Mawâhib indique à ce propos que « les Saints sont vivants dans leurs tombes » (an al-Awliyâ’ ahyâ’a fî qubûri-him2 . L’ensemble du passage est repris dans l’ouvrage du Cheikh Ahmad Zaynî Dahlân intitulé « Taqrîb al-uçûl li-tashîl al-wuçûl li-Ma ‘rîfati-Llah wa-r-Rasûl ».
M.L.B.
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Extrait des Tabaqât de l’Imam Charanî

قال الشيخ أبو المواهب رضي الله عنه […] : من الأولياء من ينفع مريده الصادق بعد موته أكثر ما ينفعه حال حياته، ومن العباد من تولى الله تربيته بنفسه بغير واسطة، ومنهم من تولاه بواسطة بعض أوليائه ولو ميتاً في قبره، فيربي مريده وهو في قبره، ويسمع مريده صوته من القبر ولله عباد يتولى تربيتهم النبي صلى الله عليه وسلم بنفسه من غير واسطة بكثرة صلاتهم عليه صلى الله عليه وسلم.

 Le Cheikh Abu-l-Mawâhib – Qu’Allah soit satisfait de lui – a dit : « Il se trouve, parmi les Saints, celui qui est davantage utile à son murîd sincère (aç-çâdiq) après sa mort que durant sa vie 3 ainsi que, parmi les adorateurs, celui dont Allah se charge lui-même de son éducation (tarbiyyah) sans intermédiaire, celui qui est pris en charge par l’intermédiaire de l’un d’entre Ses Saints, fût-il mort et enterré (law mayyitan fi qabrihi4 , qui éduque (yurabbî) son murîd alors qu’il se trouve dans sa tombe (qabr) et dont le murîd entend sa voix depuis la tombe, Allah a enfin des adorateurs dont l’éducation a été confiée au Prophète lui-même – Qu’Allah prie sur lui et le salue, sans autre intermédiaire, par la multiplication de leur prière sur lui – Qu’Allah prie sur lui et le salue 5. »

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V4 – 22 juin 2014

mosquee 2 abu l mawahib

*mosquee 1 abu l mawahib* tombe abu l mawahib

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Maqâm du Cheikh Abu-l-Mawâhîb « Sidî Al-Tûnsî » dans le quartier tunisien du Caire

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ARTICLE THÉMATIQUE correspondant

LA PRIERE SUR LE PROPHETE ﷺ COMME MOYEN DE SULÛK en cas de raréfaction de Maître éducateur (Cheikh tarbiyah) – M.A.S.

  1. On notera à ce propos que, selon Eric Geoffroy, le Cheikh Muhammad al-Dâmirdâsh (m. 929/1522), qui était « le disciple du disciple d’Abû l-Mawâhib, Ibrâhîm al-Mawâhibî (m. vers 914/1508) » soutenait la précellence de la lecture des livres soufis sur le compagnonnage (suhba) d’un cheikh vivant » à la suite notamment de « ‘Abd al-Karîm al-Jîlî et ‘Abd al-Ghanî al-Nâbulusî » ; « les oeuvres de maîtres tels qu’Ibn ‘Arabî, dit en substance al-Dâmirdâsh, sont le fruit de longues années de discipline spirituelle. Celui qui a l’aptitude de les comprendre n’a plus qu’à cueillir ce fruit; il économise ainsi le temps et l’énergie que passent les « cheminants » (sâlikûn) à parcourir la Voie. Il affirme avoir côtoyé des mystiques tant arabes que persans qui ont obtenu par la mutâla‘at al-kutub tout ce que peut espérer un homme spirituel ». Si nous ne connaissons pas la position du Cheikh Abu-l-Mawâhîb sur ce sujet, il est cependant évident que les avis formulés par ses « héritiers » ne sauraient s’opposer in fine à l’avis de leur Maître. []
  2. A ce propos, Sidî Mohammed Mehanna indiquait un jour que l’une des principales convenances (âdâb) intérieures lors de la visite (ziyara) de la tombe d’un Saint consiste justement à se persuader du fait que , du point de vue de la Réalité essentielle (fî-l-haqîqah), c’est lui qui est vivant et nous qui sommes morts. []
  3. Cf. par exemple, à ce propos, les déclarations suivantes du Cheikh Mohammed Zakî Ibrâhîm : « Je suis proche (qarîb) de vous dans ma vie et après la mort je serai encore plus proche (aqrab) » ; « Après moi vous n’aurez pas de besoin d’un autre cheikh , car je suis votre cheikh vivant (hayyan) ou mort (mayyitan), corporellement puis spirituellement (bi-badanî thumma rûhî). » []
  4. Cf. note précédente et la parole suivante du Cheikh Abu-l-Hassan al-Châdhilî – qu’Allah soit satisfait de lui : « Al-Khadir – ‘alayhi-s-Salâm – me dit : Ô ‘Alî, je serai là pour tes compagnons, après ta mort ; je lui dis: non, c’est moi qui prend en charge mes compagnons, tant que je serais en vie et après ma mort (lâ anâ akûnu li-açhâbî hayyan wa mayyitan)  ». []
  5. A ce propos cf. notamment les avis donnés par le Cheikh al-Nabbahâni – On se souviendra opportunément que le Cheikh Abû-l-Mawâhib est l’auteur des plusieurs prières et salutations sur le Prophète – Qu’Allah prie sur lui et le salue –  ainsi que d’une célèbre version « mélangée » (mamzûjah) de la çalat el-Machîchiyyah dont nous préparons actuellement la traduction. []

par le 19 mars 2013, mis à jour le 22 juin 2015

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