Quel wird pour celui qui ne trouve pas de Cheikh ? – Cheikh Mahammed ibn Nâçir / Sidî Al-Yussî

basmalah hamdalah MZI

والصلاة والسلام على سيدنا محمد رسول الله وآله وصحبه ومن والاه

Nous reproduisons ci-dessous les déclarations de deux autorités majeures de la Tarîqah Nâçiriyyah relatives aux awrâds de celui qui ne trouve pas de cheikh. Celles-ci viennent compléter les nombreuses références déjà publiées sur le site à ce propos, wa-l-hamduli-Llah !

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« On a demandé à Mahammed ibn Nâçir [1602/1676 – 1011/1085 H] – qu’Allah soit Satisfait de lui – quel était le wird qui pouvait tenir lieu de tous les autres awrâd, et être utile à celui qui le tirerait d’un livre, alors qu’il ne trouve pas de cheikh, en raison de la multiplication de la corruption et de la tromperie en ce temps, au point que de nombreux ignorants prétendent faire partie des gens du taçawwuf. Celui-ci acquiesça et répondit : «  la prière sur le Prophète ﷺ  et les dix Mussabbi`ât seront utiles dans ce cas ; celui qui persiste continuellement dans [la récitation] des Mussabbi`ât est dispensé (kaffatu-hu) de la pratique d’autres awrâd. »

El Hadj Malick Sy (Ifhâm al-Munkir al-Jânî) 1

V2 – 16 janvier 2015

Commentaire

L ‘intérêt de la pratique des Mussabbi`ât  pour celui qui « ne trouve pas de cheikh » est évident quand on sait que le Maître des esseulés (afrâd)  Seyyidnâ Al-Khidr – ‘alayhi as-Salâm, dont la « juridiction » dépasse le cadre de telle ou telle voie particulière 2 , en est l’auteur.

C’est d’ailleurs certainement ce caractère universel, qu’on pourrait aussi qualifier ici de mohammédien 3 , qui peut expliquer la diffusion des Mussabbi’ât à travers l’ensemble des voies initiatiques de l’ésotérisme islamique. En cela, le rapprochement avec la pratique de la prière sur le Prophète ﷺ  n’est pas fortuit 4 car cette dernière, à l’instar d’autres awrâd célèbres composés de versets et de paroles prophétiques, tels que wird el-latîf de l’Imam Haddad ou encore le hizb de l’Imâm An-Nawâwî,  ne nécessite aucune autorisation particulière pour celui qui se trouve isolé du conseil d’un maître vivant . Il y a cependant lieu de distinguer l’usage exotérique ou ésotérique de telles pratiques, ainsi que le souligne ci-dessous Sidî Al-Yussî.

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« Quant au fait de tirer des awrâd du Coran et des traditions prophétiques sans avoir de cheikh, il n’y a pas de mal à cela pour celui qui recherche la récompense [dans l’au-delà] quant à celui qui recherche le chemin spirituel (sulûk), il doit s’appuyer sur un cheikh qui l’éduque par l’aspiration (himma) et l’état (hâl)5 , lui fasse abandonner6 les choix de sa raison (‘aql) ainsi que les désirs frivoles de son âme […] ; sans [un tel cheikh] qu’il s’assure de l’authenticité de sa quête vers Allah – Exalté soit-Il – et de son repentir, qu’il se tienne à la porte d’Allah – Exalté soit-Il – et qu’il multiplie la prière sur Son bien-aimé Mohammed ﷺ  car il est l’intermédiaire suprême (al-wassîlah al-‘udhmah) dans le bas-monde et dans l’au-delà. Et Allah est celui dont on recherche l’Aide (Al-Musta’ân) ! »

 Sidî Al-Yûssî (Rasâ’il)

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ARTICLE THEMATIQUE correspondant

LA PRIÈRE SUR LE PROPHÈTE ﷺ COMME MOYEN DE SULÛK en cas de raréfaction de Maître éducateur (Cheikh tarbiyah) – M.A.S.

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  1. Cette parole figure à la suite de la parole de Sîdî`Abd ar-Rahmân Ibn Mustafâ al-`Aydarûs sur le même sujet que nous avons reproduite ailleurs. Nous avons modifié la traduction proposée par le professeur R. Mbacke de l’ensemble du passage en nous basant sur le texte arabe établi par ses soins. []
  2. Sur ce point, cf. les précisions données en marge du recueil posthume de René Guénon intitulé Initiation et Réalisation spirituelle. On notera cependant qu’il existe bien une Tarîqah Khidriyyah qui se superpose en quelque sorte aux voies de transmissions habituelles, ainsi qu’en témoigne notamment le Cheikh Mohammed Zakî Al-Dîn à la fin de son Ijâzah de la Tarîqah Mohammediyyah (p.21). []
  3. L’universalité est en effet un des principaux attributs de la fonction Mohammédienne ﷺ. Dans le taçawwuf, elle s’exprime plus particulièrement à travers les principes communs à toutes les turûq  dont l’ultime fondateur n’est autre l’Envoyé d’Allah ﷺ lui-même : Wa kulluhum min Rasuli-Llahi multamissun…  []
  4. On notera à ce propos que les Mussabbi`ât comportent nécessairement une formule de prière sur le Prophète ﷺ , dont la forme varie cependant selon les versions, ainsi qu’une formule d’istighfâr étendue à tous les croyants et croyantes, musulmans et musulmanes. []
  5. On notera ici la référence littérale au célèbre propos du Cheikh Al-Hadramî. []
  6. litt. le fasse sortir []

par le 6 janvier 2015, mis à jour le 16 janvier 2015