Le rattachement « sans le savoir » ? – M.A.S.

*

بسم الله الرحمن الرحيم الحمد لله والصلاة والسلام على سيدنا محمد رسول الله وآله وصحبه ومن والاه

Nous livrons ici à la réflexion commune la description d’un mode de rattachement, en l’occurrence par la bay’ah, qui nous a été exposé et que nous essayons de restituer le plus fidèlement possible (de manière parfaitement anonyme et impersonnelle, comme nécessaire et selon notre habitude) afin d’attirer l’attention sur une manière de faire qui semble pouvoir ne pas être isolée et exceptionnelle mais dont, pourtant, nous ne voyons personnellement pas le bien fondé.

Un prétendant à l’initiation, ayant depuis quelques temps fréquenté une tarîqah, se présente à celui qu’il considère déjà comme son Cheikh et lui demande s’il doit ou non faire avec lui la bay’ah. Le Cheikh répond qu’il la lui a déjà donnée. Sur cette seule affirmation et sans autre forme de rite formel de rattachement, le prétendant devenu disciple effectif du Cheikh, à ses propres yeux au moins, s’en retourne alors et vit depuis dans cette certitude, que personne autour de lui ne semble contredire.

*

On connaît la pratique qui consiste à annoncer à une personne lambda qu’elle a gagné, à une loterie, un chèque d’un montant mirobolant ou n’importe quel gain alléchant mais un homme annonce-t-il, en Islâm, à une femme qui exprime sa volonté de mariage, qu’il l’a déjà mariée sans qu’elle le sache ? Le propriétaire d’un cheval annonce-t-il, en Islâm, à un acheteur qui se présente à lui qu’il le lui a déjà vendu sans qu’il le sache ?

5 nov. 2013 – V3

On sait par contre que Prophète ﷺ n’a pas annoncé à ceux et celles qui venaient faire la bay’ah avec lui qu’il leur avait déjà donnée sans qu’ils le sachent. Au contraire, il est rapporté qu’il veillait à savoir si toutes les personnes concernées étaient bien averties de leur implication éventuelle1.

Quelle est la validité d’un contrat conclu dans de telles conditions et que peut-on en espérer de valable ?

S’agit-il alors d’une manipulation qui confine à l’escroquerie ou plutôt, et comme c’est probable, d’une simple méprise (d’un Cheikh âgé qui, même s’il est réellement murchîd, pourrait avoir confondu les personnes) ?

Quoi qu’il en soit : établit-on valablement un pacte initiatique suite à une manipulation ? Établit-on valablement un pacte initiatique suite à une méprise  (celle-ci pouvant en l’occurrence concerner, en partie ou à la fois, l’identité et/ou la qualité de l’un ou des deux intervenants) ?

Quelle doit être la position du « disciple », dans les deux cas ?

 

  1. Cf. le hadîth de la délégation []

par le 23 décembre 2012, mis à jour le 4 août 2015

Mots clés : ,