بـــسْم ﭐلله ﭐلرّحْمٰن ﭐلرّحــيــم
ﭐللَّهُمَّ صَلِّ عَلَى سَيِّدِنَا مُحَمَّدٍ وَ عَلَى آلِهِ وَ سَلِّمْ
ﭐللَّهُمَّ صَلِّ عَلَى سَيِّدِنَا مُحَمَّدٍ وَ عَلَى آلِهِ وَ سَلِّمْ
es-Salâm alaykum wa rahmatu-Llah
Suite à diverses demandes à ce sujet (publiques et privées) j'ouvre ce fil de discussion qui est dédié à ceux et celles qui subissent des difficultés dans leur Voie du fait de leur situation d'isolement.
Si l'on convient d'appeler "fuqarâ" ceux et celles qui sont dans une tarîqah, je propose de faire un bref survol des principales situations qui peuvent être recouvertes par l'appellation "fuqarâ isolés".
On pourra ensuite aborder les situations plus en détails, in châ Allah, en comprenant mieux ainsi les différents contextes de chacun et de chacune.
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Différentes situations d'isolement
J'en vois déjà quelques unes
1. - faqir rattaché dans un pays différent du sien et qui rentre vivre chez lui
2. - faqir rattaché chez lui par quelqu'un de passage
3. - faqir vivant loin d'une zawyah existant dans son pays de séjour
4. - faqîr rattaché à un Cheikh depuis décédé.
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Remarques générales sur la suhbah (compagnonnage initiatique) et l' "isolement".
J'ai pensé qu'il pourrait être bon de rappeler que notre Maître par excellence à tous en cette Voie d'excellence est le Prophète -qu'Allah prie sur lui et le salue-, avant tout.
Or combien peu ont été les Compagnons à pouvoir profiter de l'enseignement direct de leur Maître en, comparaison de ceux qui en profitent encore aujourd'hui alors qu'ils ne l'ont pas connu directement et n'ont jamais été en rapport initiatique avec lui que ... par la seule transmission de la barakah !
On voit donc à quel point cette transmission, en elle-même, est importante, ainsi que les modalités selon lesquelles elle l'a été, notamment les intentions (de celui qui transmet comme de celui qui reçoit) qui ont présidé à cette transmission.
(Chacun peut ainsi s'interroger sur cette question)
C'est en effet cette barakah qui constitue l'élément vital essentiel qui peut permettre le développement des possibilités de connaissance qui peuvent se développer dans celui qui en est dépositaire et à partir du centre de son être.
On voit bien que cette condition nécessaire d'une transmission de l'influence spirituelle est, avant tout développement, d'ordre tout intérieur, même si elle est évidemment conditionnée, pour le rite même de son transfert, à la présence corporelle de son transmetteur.
Sous ce rapport on peut donc dire que l'isolement, s'il existait, était bien plus réel avant que cette transmission n'ait lieu qu'après, puisque celui qui est ainsi rattaché au Prophète par une chaîne de transmission ininterrompue et toujours actuelle, si ce n'est "active" ou "activable". On reviendra sur cet aspect, in châ Allah
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On peut retenir de ce qui précède que c'est la transmission de l'influence spirituelle qui, essentiellement, réalise le rattachement de celui qui la reçoit, par la chaîne de transmission (silsilah), aux Maîtres qui en font partie , au Prophète (sall-Allah alayhi wa sallam), à Seyydinâ Jibrîl (alayhi assalam) et à Allah (subhâna-Hu wa ta'âlâ).
Ce rattachement est réel, même si la barakah est alors à l'état de germe (cf René Guénon - Aperçus sur l'initiation).
On peut donc comprendre que ce lien, dont la nature est exceptionnelle et digne de la plus haute considération et du plus profond respect, est, par essence, pourrait-on dire, le plus important qui puisse exister pour un être ; et le caractère virtuel et germinatif de la barakah lors de sa transmission ne change rien à cela.
Comme on le sait, c'est le travail initiatique tout entier qui va, toujours, être le processus grâce auquel pourront se développer les possibilités de connaissance et de progression spirituelle effectives qui sont, éventuellement, celles de celui qui en est le dépositaire.
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A ce stade et pour tout ce qui va suivre, in châ Allah : il m'apparaît nécessaire de préciser que la perspective que j'expose ici se base principalement sur les données traditionnelles exposées publiquement dans son oeuvre par René Guénon - Cheikh Abd el-Wahed en la matière, elles-mêmes tout à fait cohérentes avec l'enseignement actuel qui peut être donné dans la Voie de nos jours, dans un cadre parfaitement régulier sous tous rapports, notamment dans la tarîqah Mohammediyya.
Il ne sera jamais question, in châ Allah, de nier que l'ensemble de tous les moyens (y compris la présence du Maître avec tout ce qu'elle implique), qui ont pour unique rôle de permettre à ce qui est en germe de se développer effectivement, sont inutiles et sans importance.
Il ne sera, non plus, jamais question, in châ Allah, de dénier la possibilité que tel Maître ou telle technique ou méthode initiatique, permette à un initié de recevoir une aide ou comme un "transfert de science" qui le fasse progresser dans la Voie ; ce sont des choses connues, au moins dans le passé et la littérature classique.
Il est question de considérer que, dans les conditions actuelles, la progression initiatique effective (sulûk) est la conséquence d'un travail qui doit être effectué par l'être lui-même, que rien ni personne ne peut remplacer.
Cette perspective, cycliquement adaptée, replace de manière explicite l'être au centre même de l'activité initiatique et insiste sur l'importance de celle-ci, considérant l'ensemble des outils initiatiques comme des moyens secondaires ; elle implique, de la part de celui qui la suit, une attitude toujours active excluant la passivité propre à l'attitude de celui qui attend tout du Maître ou des conditions extérieures et qui peut être fort ébranlé lorsque rien de tout cela ne se présente à lui.
Dans cette optique, le Maître lui-même, fut-il réalisé totalement, n'est pas présenté comme celui-par-qui-tout-devient-possible et dont-on-attend-tout ; et c'est en cela que l'on peut dire et considérer que le disciple, sous cet autre rapport, est toujours seul sur la Voie !...
On pourra consulter, à propos de ces dernières notions, la traduction d'el-Khitâb de Cheikh Zakî ed-Dîn sous le titre " Propos sur le Soufisme ", sur Le Porteur de Savoir.