GENERALITES SUR LES CONDITIONS DE L'INITIATION (RAPPELS)

بـــسْم ﭐلله ﭐلرّحْمٰن ﭐلرّحــيــم
ﭐللَّهُمَّ صَلِّ عَلَى سَيِّدِنَا مُحَمَّدٍ وَ عَلَى آلِهِ و صحبه وَ سَلِّمْ
ﭐللَّهُمَّ صَلِّ عَلَى سَيِّدِنَا مُحَمَّدٍ وَ عَلَى آلِهِ و صحبه وَ سَلِّمْ
السلام عليكم و رحمة الله و بركاته
Il semble bon de rappeler que le cadre présent ne permettant pas d'envisager des aspects personnels, nous réservons les considérations à venir, in châ Allah, uniquement aux généralités, laissant à chacun le soin d'éventuellement faire la démarche nécessaire qui consiste à s'enquérir auprès de telle ou telle tarîqah particulière des points qui lui seraient propres et de tout ce qui concerne les aspects d'ordre privé.
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René Guénon a consacré un chapitre entier (et même davantage, si l'on considère l'ensemble de son livre et de sa production) aux conditions de l'initiation (le 4°) dans ses Aperçus sur l'Initiation, qu'il termine ainsi :
Nous pouvons résumer tout ce qui précède en disant que l'initiation implique trois conditions qui se présentent en mode successif, et qu'on pourrait faire correspondre respectivement aux trois termes de « potentialité », de « virtualité » et d' « actualité » : 1) la « qualification », constituée par certaines possibilités inhérentes à la nature propre de l'individu, et qui sont la materia prima sur laquelle le travail initiatique devra s'effectuer ; 2) la transmission, par le moyen du rattachement à une organisation traditionnelle, d'une influence spirituelle donnant à l'être l' « illumination » qui lui permettra d'ordonner et de développer ces possibilités qu'il porte en lui ; 3) le travail intérieur par lequel, avec le secours d' « adjuvants » ou de « supports » extérieurs s'il y a lieu et surtout dans les premiers stades, ce développement sera réalisé graduellement, faisant passer l'être, d'échelon en échelon, à travers les différents degrés de la hiérarchie initiatique, pour le conduire au but final de la « Délivrance » ou de l’ « Identité Suprême ».
Je reproduis ici, à titre d'illustration de ces notions résumées, ce qui correspond à chacune d'elles dans le corps du texte.
" 1) la « qualification » " (« potentialité ») :
la première de ses conditions est une certaine aptitude ou disposition naturelle, sans laquelle tout effort demeurerait vain, car l'individu ne peut évidemment développer que les possibilités qu'il porte en lui dès l'origine ; cette aptitude, qui fait ce que certains appellent l’ « initiable », constitue proprement la « qualification » requise par toutes les traditions initiatiques
"2) la transmission, par le moyen du rattachement à une organisation traditionnelle, d'une influence spirituelle " (« virtualité ») :
Il est des ignorants qui s'imaginent qu'on « s'initie » soi-même, ce qui est en quelque sorte une contradiction dans les termes ; oubliant, s'ils l'ont jamais su, que le mot initium signifie « entrée » ou « commencement », ils confondent le fait même de l'initiation, entendue au sens strictement étymologique, avec le travail à accomplir ultérieurement pour que cette initiation, de virtuelle qu'elle a été tout d'abord, devienne plus ou moins pleinement effective. L'initiation, ainsi comprise, est ce que toutes les traditions s'accordent à désigner comme la « seconde naissance » ; comment un être pourrait-il bien agir par lui-même avant d'être né (2) ? (...) Nous ne sommes pas à l'époque primordiale où tous les hommes possédaient normalement et spontanément un état qui est aujourd'hui attaché à un haut degré d'initiation (3) ; et d'ailleurs, à vrai dire, le mot même d'initiation, dans une telle époque, ne pouvait avoir aucun sens. Nous sommes dans le Kali-Yuga, c'est-à-dire dans un temps où la connaissance spirituelle est devenue cachée, et où quelques-uns seulement peuvent encore l'atteindre, pourvu qu'ils se placent dans les conditions voulues pour l'obtenir ; or, une de ces conditions est précisément celle dont nous parlons, comme une autre condition est un effort dont les hommes des premiers âges n'avaient non plus nul besoin, puisque le développement spirituel s'accomplissait en eux tout aussi naturellement que le développement corporel.
Il s'agit donc d'une condition dont la nécessité s'impose en conformité avec les lois qui régissent notre monde actuel (...)
(2) Rappelons ici l'adage scolastique élémentaire : « pour agir, il faut être ».
(3) C'est ce qu'indique, dans la tradition hindoue, le mot Hamsa, donné comme le nom de la caste unique qui existait à l'origine, et désignant proprement un état qui est ativarna, c'est-à-dire au delà de la distinction des castes actuelles.
On peut remarquer ici que la rattachement est envisagé par René Guénon en mode impersonnel, puisqu'il ne s'agit pas pour lui d'un rattachement à un Maître.
" 3) le travail intérieur" (« actualité » ) :
Il nous reste en effet à préciser le rôle du rattachement à une organisation traditionnelle, qui ne saurait, bien entendu, dispenser en aucune façon du travail intérieur que chacun ne peut accomplir que par soi-même, mais qui est requis, comme condition préalable, pour que ce travail même puisse effective¬ment porter ses fruits. Il doit être bien compris, dès maintenant, que ceux qui ont été constitués les dépositaires de la connaissance initiatique ne peuvent la communiquer d'une façon plus ou moins comparable à celle dont un professeur, dans l'enseignement profane, communique à ses élèves des formules livresques qu'ils n'auront qu'à emmagasiner dans leur mémoire ; il s'agit ici de quelque chose qui, dans son essence même, est proprement « incommunicable », puisque ce sont des états à réaliser intérieurement. Ce qui peut s'enseigner, ce sont seule¬ment des méthodes préparatoires à l'obtention de ces états ; ce qui peut être fourni du dehors à cet égard, c'est en somme une aide, un appui qui facilite grandement le travail à accomplir, et aussi un contrôle qui écarte les obstacles et les dangers qui peuvent se présenter ; tout cela est fort loin d'être négligeable, et celui qui en serait privé risquerait fort d'aboutir à un échec, mais encore cela ne justifierait-il pas entièrement ce que nous avons dit quand nous avons parlé d'une condition nécessaire. Aussi bien n'est-ce pas là ce que nous avions en vue, du moins d'une façon immédiate ; tout cela n'intervient que secondairement, et en quelque sorte à titre de conséquences, après l'initiation entendue dans son sens le plus strict, tel que nous l'avons indiqué plus haut, et lorsqu'il s'agit de développer effectivement la virtualité qu'elle constitue ; mais encore faut-il, avant tout, que cette virtualité préexiste. C'est donc autrement que doit être entendue la transmission initiatique proprement dite, et nous ne saurions mieux la caractériser qu'en disant qu'elle est essentiellement la transmission d'une influence spirituelle ; nous aurons à y revenir plus amplement, mais, pour le moment, nous nous bornerons à déterminer plus exactement le rôle que joue cette influence, entre l'aptitude naturelle préalablement inhérente à l'individu et le travail de réalisation qu'il accomplira par la suite.
On peut noter ici comment Guénon, sans totalement dissocier l'enseignement du travail initiatique, veille à montrer d'emblée lors même de la présentation des conditions de l'initiation, l'éminence du travail initiatique actif par rapport à tous les autres aspects, qu'il considère ainsi comme proprement secondaires ; il pratique de la même manière dans son chapitre sur l'enseignement initiatique.
Cette manière de présenter les choses est particulièrement importante car elle a de nombreuses conséquences sur la méthode initiatique et la manière d'envisager l'initiation dans les temps présents.
Notons aussi qu'elle est parfaitement cohérente avec l'enseignement de certains Chuyûkh contemporains de la Voie, notamment celui de Cheikh Zaki ed-Dîn Ibrâhîm -qu'Allah soit Satisfait de lui- (cf. "Propos général sur le Soufisme" notes 6, 9, 12 et 15).
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Concernant cette présentation, on peut remarquer la correspondance, terme à terme, entre les trois conditions données par René Guénon et la division des sujets concernant l'initiation sur ce forum :
1) la « qualification »..........« potentialité ».........."Avant l'initiation"
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2) la transmission..............« virtualité »............."L'initiation en elle-même"
3) le travail intérieur..........« actualité ».............."Après l'initiation"
En réalité, et dans l'optique de mieux cerner le domaine qui correspond peut-être à votre demande ici, cher frère, on peut ainsi mieux voir que si celle-ci concerne les conditions d'admissibilité, il s'agit en réalité uniquement de la première ligne de ce tableau, à savoir ce qui est relatif à la qualification du postulant et à son appréciation,
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puisque les 2° et 3° conditions concernent respectivement la transmission de l'influence spirituelle et la réalisation spirituelle proprement dite.
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Et Allah est plus Savant