par Yahya » Lun Août 15, 2016 8:16 pm
As salam alaykoum wa rah'matou Llahi wa barakâtouh !
notes de lecture de l'ouvrage :
" Symboles de la Science sacrée", René Guénon,
Paru chez Gallimard, 1962.
La civilisation moderne :
« La civilisation moderne apparaît dans l’histoire comme une véritable anomalie: de toutes celles que nous connaissons, elle est la seule qui se soit développée dans un sens purement matériel, la seule aussi qui ne s’appuie sur aucun principe d’ordre supérieur. Ce développement matériel qui se poursuit depuis plusieurs siècles déjà, et qui va en s’accélérant de plus en plus, a été accompagné d’une régression intellectuelle qu’il est fort incapable de compenser. » (p. 09)
La science des religions:
"La prétendue « science des religions », telle qu’elle est enseignée dans les milieux universitaires, n’a jamais été en réalité autre chose qu’une machine de guerre dirigée contre la religion et contre tout ce qui peut subsister encore de l’esprit traditionnel."
La langue « adamique »:
Selon le véritable enseignement traditionnel de l’Islam, la langue « adamique » était la « langue syriaque », loghah sûryâniyah, qui n’a d’ailleurs rien à voir avec le pays désigné actuellement sous le nom de Syrie. Il s’agit en fait de la langue de l’« illumination solaire », shems-ishrâqyah.
Sûryâ est le nom sanscrit du Soleil, et ceci semblerait indiquer que sa racine sur, une de celles qui désignent la lumière, appartenait elle-même à cette langue originelle. Il s’agit donc de cette Syrie primitive dont Homère parle comme d’une île située « au-delà d’Ogygie », ce qui l’identifie à la Tula hyperboréenne, et « où sont les révolutions du Soleil ». D’après Josèphe, la capitale de ce pays s’appelait Héliopolis, « ville du Soleil ».
C’est précisément sur la distinction qui doit être faite entre les langues sacrées et les langues vulgaires ou profanes que repose essentiellement la justification des méthodes kabbalistiques, ainsi que des procédés similaires qui se rencontrent dans d’autres traditions.
De même que tout centre spirituel secondaire est comme une image du Centre suprême et primordial, toute langue sacrée, ou « hiératique », peut être regardée comme une image ou un reflet de la langue originelle, laquelle est la langue sacrée par excellence.
La « langue des oiseaux »:
La « langue des oiseaux » désigne un prérogative d’une haute initiation.
Siegfried, après avoir vaincu le dragon, comprend aussitôt le langage des oiseaux. « En effet, la victoire sur le dragon a pour conséquence immédiate la conquête de l’immortalité, figurée par quelque objet dont ce dragon défendait l’approche; et cette conquête de l’immortalité implique essentiellement la réintégration au centre de l’état humain, c’est-à-dire au point où s’établit la communication avec les états supérieurs de l’être. C’est cette communication qui est représentée par la compréhension du langage des oiseaux; et, en fait, les oiseaux sont pris fréquemment comme symbole des anges, c’est-à-dire précisément des états supérieurs. » (p. 55)
Le mot dhikr, dans l’ésotérisme islamique, s’applique à des formules rythmées correspondant exactement aux mantras hindous, formules dont la répétition a pour but de produire une harmonisation des divers éléments de l’être, et de déterminer des vibrations susceptibles, par les répercussion à travers la série des états, en hiérarchie indéfinie, d’ouvrir une communication avec les états supérieurs, ce qui est d’ailleurs, d’une façon générale, la raison d’être essentielle et primordiale de tous les rites.
Dans le monde humain, l’image de la « langue des oiseaux » est le langage rythmé. Une tradition islamique dit qu’Adam, dans le Paradis terrestre, parlait en vers, c’est-à-dire en langage rythmé. C’est pourquoi les Livres sacrés sont écrits en langage rythmé. La poésie, originairement, n’était point cette vaine « littérature » qu’elle est devenue par une dégénérescence qu’explique la marche descendante du cycle humain.
La véritable « superstition », au sens strictement étymologique (quod superstat), c’est ce qui se survit à soi-même, c’est-à-dire, en un mot, la « lettre morte ». « [...] mais cette conservation même, si peu digne d’intérêt qu’elle puisse sembler, n’est pourtant pas chose si méprisable, car l’esprit, qui “souffle où il veut”, et quand il veut, pour toujours venir revivifier les symboles et les rites, et leur restituer, avec leur sens perdu, la plénitude de leur vertu originelle. » (p. 59)
L’idée du Centre dans les traditions antiques
« Le Centre est, avant tout, l’origine, le point de départ de toutes choses; c’est le point principiel, sans forme et sans dimensions, donc indivisible, et, par suite, la seule image qui puisse être donnée de l’Unité primordiale. » (p. 63)
Le Centre dans le symbolisme géométrique correspond à l’Unité dans le symbolisme numérique.
L’unité arithmétique n’est pas l’Unité métaphysique, elle n’en est qu’une figure, mais une figure dans laquelle il n’y a rien d’arbitraire.
Le point central, c’est le Principe, c’est l’Etre pur. L’espace qu’il remplit de son rayonnement, et qui n’est que par ce rayonnement même, sans lequel cet espace ne serait que « privation » et néant, c’est le Monde au sens le plus étendu de ce mot. La représentation la plus simple de cette idée est le point au centre du cercle. Le point est l’emblème du Principe, le cercle est celui du Monde. Il faut y voir un signe qui se rattache directement à la tradition primordiale.
Le soleil est, au point de vue de toutes les traditions antiques, un symbole, celui du véritable « Centre du Monde » qui est le Principe divin.
« Le rapport qui existe entre le centre et la circonférence, ou entre ce qu’ils représentent respectivement, est déjà indiqué assez clairement par le fait que la circonférence ne saurait exister sans son centre, tandis que celui-ci est absolument indépendant de celle-là. » (p. 64)
Le Centre est un point de départ, mais aussi un point d’aboutissement. Tout est issu de lui, tout doit finalement, y revenir. Tous les êtres, dépendant de leur Principe, doivent, consciemment ou inconsciemment, aspirer à retourner vers lui. L’orientation de la prière vers un centre spirituel se rapporte à cette idée. Dans l’Islam, cette orientation (quibla) est la matérialisation de l’intention (niyya) par laquelle toutes les puissances de l’être doivent être dirigées vers le Principe divin.
Remonté la dernière fois par Mohammed Abdessalam le Lun Août 15, 2016 8:16 pm.