par maurice_le_baot » Lun Nov 22, 2010 10:39 am
Bismi-Llah er-Rahmân er-Rahîm,
Wa sall-Allah ‘alâ-l-habîb el-Muçtafâ Mohammed wa ‘alâ ali-hi wa sallam
Wa ‘alaykum es-Salâm ar-rahmatu-Llah wa barakatu-hu, Sidî Mohammed Abd es-Salâm !
Non seulement les enseignements transmis par Cheikh ‘Abd el-Wâhid – qu’Allah l’agréé – ne contredisent pas les positions précédentes mais de plus ils permettent de mieux comprendre la raison profonde de telles affirmations, sur le plan cyclique, tant du point de vue doctrinal que méthodique.
A titre d’exemple, voici déjà quelques citations d’ordre général issues d’un article capital pour le sujet qui nous intéresse, et sur lesquelles je compte revenir plus en détails dans le cadre d’un prochain chapitre de mon étude :
« Il doit être bien entendu, en effet, que l’immutabilité de la doctrine en elle-même ne fait obstacle à aucun développement ni à aucune adaptation, à la seule condition qu’ils soient toujours en stricte conformité avec les principes, mais aussi, en même temps, que rien de tout cela ne constitue jamais des « nouveautés », puisqu’il ne saurait en tout cas s’agir d’autre chose que d’une « explication » de ce que la doctrine impliquait déjà de tout temps, ou encore d’une formulation des mêmes vérités en termes différents pour les rendre plus aisément accessibles à la mentalité d’une époque plus « obscurcie ». Ce qui pouvait tout d’abord être saisi immédiatement et sans difficulté dans le principe même, les hommes des époques postérieures ne surent plus l’y voir, à part des cas exceptionnels, et il fallut alors suppléer à ce défaut général de compréhension par un détail d’explications et de commentaires qui jusque-là n’étaient nullement nécessaires ; de plus, les aptitudes à parvenir directement à la pure connaissance devenant toujours plus rares, il fallut ouvrir d’autres « voies » mettant en oeuvre des moyens de plus en plus contingents, suivant en quelque sorte, pour y remédier dans la mesure du possible, la « descente » qui s’effectuait d’âge en âge dans le parcours du cycle de l’humanité terrestre. Ainsi, pourrait-on dire, celle-ci reçut, pour atteindre ses fins transcendantes, des facilités d’autant plus grandes que son niveau spirituel et intellectuel s’abaissait davantage, afin de sauver tout ce qui pouvait l’être encore, en tenant compte des conditions déterminées inévitablement par la loi du cycle. »
« Si ces moyens, dans lesquels il faut naturellement comprendre, que ce soit à titre principal ou simplement accessoire, les rites de tout genre, paraissent cependant revêtir un certain caractère de « nouveauté » par rapport à ceux qui les ont précédés, c’est qu’il n’y avait pas lieu de les envisager dans les époques antérieures, si ce n’est peut-être à titre de pures possibilités, puisque les hommes n’en avaient alors aucun besoin et qu’ils disposaient d’autres moyens qui convenaient mieux à leur nature. Il y a là quelque chose de tout à fait comparable à ce qu’est le développement spécial d’une science traditionnelle à telle ou telle époque, développement qui ne constitue pas davantage une « apparition » spontanée ou une « innovation » quelconque, puisque, dans ce cas également, il ne peut jamais s’agir réellement que d’une application des principes, donc de quelque chose qui avait en ceux-ci une préexistence au moins implicite, et qu’il était toujours possible, par conséquent, de rendre explicite à n’importe quel moment, à supposer qu’il y ait eu quelque raison de le faire ; mais, précisément, cette raison ne se trouve en fait que dans les circonstances contingentes qui conditionnent une époque déterminée. »
« Il fallait donc qu’il y eut dès lors pour ces choses des « suppléances » qui, nécessairement, ne pouvaient se trouver que dans un ordre inférieur au leur, ce qui revient à dire que les « supports » grâce auxquels une « réalisation » demeura possible devinrent de plus en plus « matérialisés » d’une époque à l’autre, conformément à la marche descendante du développement cyclique […]. Cette « matérialisation » ne doit d’ailleurs pas être entendue simplement au sens le plus restreint et le plus ordinaire du mot ; telle que nous l’envisageons, elle commence à se produire, peut-on dire, dès qu’on sort de la connaissance pure, qui seule est aussi la pure spiritualité ; et l’appel à des éléments d’ordre sentimental ou volitif, par exemple, n’est pas un des moindres signes d’une semblable « matérialisation », même si ces éléments sont employés d’une façon légitime, c’est-à-dire, s’ils ne sont pris que comme moyens subordonnés à une fin qui demeure toujours la connaissance, puisque, s’il en était autrement, on ne pourrait plus en aucune façon parler de « réalisation », mais seulement d’une déviation, d’un simulacre ou d’une parodie, toutes choses qui, cela va sans dire, sont rigoureusement exclues par l’orthodoxie traditionnelle, sous quelque forme et à quelque niveau qu’on puisse l’envisager. »
« Le cinquième Véda », repris in Etudes sur l’Hindouisme (souligné par nous)
On notera au passage l’intérêt des précisions relatives aux « innovations », qui sont d’autant plus remarquables que René Guénon –Cheikh ‘Abd el-Wâhid ne fait pas directement références ici à l’Islam ou au Taçawwuf mais au Tantra par rapport à la tradition Hindoue.
Les éléments relatifs à la nature des « suppléances » mises en œuvre pourrait aussi faire l’objet de rapprochement significatifs avec les moyens mis en œuvres dans la plupart des turuq contemporaines…
J'essairai prochainement de proposer quelques exemples de ces adaptations circonstanciées, siècle après siècle, tel qu'elles peuvent apparaître à travers de la littérature classique et contemporaine du Taçawwuf.
وصَلَى ﭐللهُ عَلى سَيِّدِنَا مُحَمَّدٍ وَ عَلَى آلِهِ و صحبه وَ سَلَّمْ
والسلام عليكم و رحمة الله و بركاته
مصطفى منصور