par Mohammed Abdessalam » Dim Oct 17, 2010 9:54 am
Soyez le bienvenu sur ce Forum du Porteur de Savoir.
J’espère que nous pourrons vous être utiles dans votre recherche et ne doute pas, à vous lire, que vous le serez pour nous, in châ Allah. Votre message entre, en effet, de plein pied au cœur du sujet. Il est riche de plusieurs notions et je propose donc, comme vous m’y enjoigniez, de lister celles-ci afin de prendre les différents aspects en considération.
Avant de les considérer une par une, il m’apparaît nécessaire de prendre la mesure la plus efficace dans ce genre de discussion, pour gagner du temps et surtout éviter d’en perdre beaucoup : définir de quoi l’on parle et savoir si c’est bien de la même chose !
Il est vrai que l’on peut parler de l’initiation de quelqu’un comme de son islam et de son mariage, en désignant par un terme unique à la fois l’évènement qui a fait qu’il y a eu un avant et un après, puis toute la période qui s’en est suivie ; et la comparaison vaut aussi pour ce qui les précède, puisque l’on n’est pas plus initié avant l’initiation que l’on est musulman avant son témoignage-shahâdah, ni que l’on est marié avant ... le mariage. Enfin, même s’il existe pour tous ces exemples des phases en quelque sorte préparatoires ou préliminaires, il est acquis que celles-ci ne peuvent en aucun cas être assimilées, ni comparées sous aucun rapport, à leur aboutissement.
C’est donc bien le rite de passage, comme vous le dites avec justesse, constitué essentiellement, ainsi que le définit René Guénon, par la transmission d’une influence spirituelle d’origine divine, que je désigne dans chacun des sujets qui figurent sur ce forum ; et cette distinction d’un avant et d’un après n’a été établie ainsi que pour permettre aux éventuels intervenants de mettre un peu d’ordre dans des notions dont je me suis aperçu qu’elles étaient parfois un peu mélangées.
Il ne vous aura certainement pas échappé, sidi Adam, que j’utilise ici principalement comme référence les œuvres de René Guénon ; il s’agit surtout de ses Aperçus sur l’Initiation, dont je ne peux que recommander chaudement la lecture à tous ceux qui sont intéressés par ce sujet. Ce choix est justifié par la constatation que même s’il est évidemment possible de trouver dans la littérature arabo-islamique des notions qui pourraient servir à définir et présenter ce qu’est l’initiation aux occidentaux, la manière qu’a utilisée Cheikh Abd el-Wahid pour le faire est un modèle inégalé d’adaptation et d’efficacité.
La méthode qu’il emploie a pour caractéristique principale de ramener à l’essentiel ce qu’il y a à savoir. En l’occurrence elle a aussi pour effet de rendre impossible le mélange de notions que l’on voit parfois apposées entre elles de manière inopportune et injustifiée.
A proprement parler il devient alors, par exemple, impossible de considérer (l’initiation ayant été définie comme précédemment) l’ensemble de tout ce qui précède la transmission de la barakah comme autant d’étapes de quelque chose qui n’a pas encore eu lieu, cette considération terminologique des étapes ne pouvant s’appliquer qu’aux différents stades de progression effective éventuellement développés dans le sulûk , c'est-à-dire une fois la transmission de la barakah effectuée; et le terme même de « renaissance » que vous utilisez, sidi Adam, ou plutôt de « seconde naissance » est d’ailleurs bien, selon Guénon, celui qui désigne et qualifie habituellement l’initiation dans plusieurs traditions ; mais non pas ce qui la précède.
Cette manière de définir étymologiquement l’initiation comme le « début du chemin » montre aussi qu’il est question de l’accès à un domaine spécifique, différent du précédent, même s’il n’est encore que virtuel pour celui qui reçoit la barakah en mode germinatif, a également pour effet de rendre impossible son assimilation à tout un ensemble d’autres notions (qui font l’objet d’un chapitre entier dans les Aperçus) : l’ampleur et l’ouverture de l’horizon intellectuel, si elles sont bien des critères exposés par Guénon de la qualification à l'initiation, ne suffisent pas à définir ou à déterminer l’initiation en tant que telle, pas plus que des rencontres ou des évènements qui, pour autant qu’ils puissent pourtant revêtir effectivement une importance déterminante dans un certain processus de maturation, ne peuvent être assimilés à l’initiation elle-même, à cette unique réserve, évidemment, qu’il s’agisse de la rencontre … d’un transmetteur et de l’évènement que constitue … la transmission effective de la barakah.
Sous ce dernier rapport, on pourrait également remarquer que les rencontres et évènements que vous évoquez n’ont peut être pas exactement la même « nature », ni les mêmes conséquences éventuelles, selon qu’ils surviennent avant ou après le rattachement ; je fais ici évidemment allusion à la question du guru et des upagurus, qui ne peut être davantage développée pour l’instant dans le cadre du présent sujet.
"Par le Temps ! * Le genre humain est, certes, en perdition * Sauf ceux qui croient, accomplissent les bonnes œuvres, se recommandent la vérité et se recommandent la patience."
السلام عليكم و رحمة الله و بركاته