par Alî » Ven Juil 08, 2011 7:01 pm
Sîdî Adam,
Pour répondre à votre interrogation et faire suite à la réponse de Sîdî Mohammed Abdessalam, il me semble qu’il est effectivement préférable, au-delà d’une hypothétique mise en œuvre de l’ijtihad, de comprendre ce qu’est, en soi, le processus fondamental d’élaboration du droit et des statuts traditionnels islamiques. Le point de vue sous lequel nous envisageons ici la science d’Ucûl el-fiqh n’est, en effet, pas celui d’une application pratique immédiate, mais bien d’une compréhension de principe et, pour reprendre des termes de Guénon, d’une « ouverture » ou d’un « élargissement d’horizon intellectuel » que certains voudraient définitivement fermé, justement car il ne pourrait éventuellement plus produire de résultats tangibles dans son ordre.
Ce qui nous intéresse ici au premier plan est donc bien de prendre conscience de l’étendue et de la puissance d’une méthode traditionnelle qui transcrit (ou reflète) les principes transcendants de droit divin dans le domaine individuel, selon les conditions propres à ce dernier, c'est-à-dire en les rendant accessibles en mode rationnel, notamment aux juristes qui les appliqueront ensuite dans le cadre de leurs fonctions.
Il est encore possible de réfléchir aux prolongements que cette discipline fondamentale pourrait avoir dans d’autres ordres, en tant que méthode universelle, une fois correctement transposée. Bien que son usage consacré soit appliqué au fiqh, la notion d’ijtihad, qui est essentiellement un « effort en vue de parvenir à un but » est-elle si éloignée, du moins dans son essence, de l'effort de "compréhension" effective des principes par l’initié dans le jihad el-akbar que constitue son sulûk ?
Je tiens par ailleurs à vous remercier pour cette interrogation qui dénote, me semble t-il, l'attention toute particulière que vous portez à la juste compréhension de l'esprit dans lequel nous envisageons ces sujets. Les interventions comme la vôtre permettent également souvent de préciser des points qui pourraient n'être pas suffisamment clairs ou explicites pour les forumeurs ... alors qu'ils paraissent l'être, peut-être à tort, à leur auteur !
Baraka Allahu fîk pour votre implication !
PS : à la lecture de votre message, je pense qu'il est maintenant utile de citer quelques exemples d'Uçûl el-fiqh pour aider à comprendre les notions très théoriques que Luc de la Hilay a évoquées au début de ce fil. Je m'y attache dès à présent...