Synoptique des Degrés du Cheminement spirituel (Ijmâlî Madârij as-Sulûk) – Cheikh Ibrâhîm el-Khalîl
*
A l’occasion de l’anniversaire de la disparition du très vénéré Cheikh Ibrâhîm el-Khalîl, nous entamons la publication de la traduction de ce petit traité consacré aux étapes principales du sulûk, édité par son fils le Cheikh Mohammed Zakî Al-Dîn – qu’Allah soit Satisfait d’eux deux – dans son ouvrage Al-Bayt al-Mohammedî.
Wa-l-hamduli-Llah rabbi-l-‘âlamîn !
2ème dimanche de Jumâda el-ûlâ 1436
*
Synoptique des Degrés du Cheminement spirituel (Ijmâlî Madârij as-Sulûk)
La porte (bâb) de la Voie (Tarîq) vers Allah comporte deux aspects : « La sincérité (çidq) avec Allah et la pureté avec les hommes (ikhlâç) » 1 et ces deux-là réunissent l’ensemble des grâces (jimâ’ al-fadhâ’il), assurent la possession des bienfaits dans les Deux vies (malâk mahâssini-l-hayâtayn) et constitue les fondements (assâss) du Taçawwuf islamique véritable, basé sur le maintien constant (iltizâm) des principes de la Loi (Charî’ah), selon le Livre et la Tradition prophétique (kitaban wa sunnatan), le consensus et l’analogie (ijma’an wa qiyâssan) en vue de l’accès (wuçûl) aux Secrets de la Vérité essentielle (Asrâr al-Haqîqah).
Tout ceci constitue pour les Connaisseurs par Allah (‘Ârifîn bi-Llah) la Voie (Tarîqah) [elle-même] et celle-ci comporte des demeures spirituelles (manâzil) et des « voies d’ascension » (ma’ârij) nombreuses dont nous donnons ci-dessous un aperçu global (ijmâlan) :
- Station de la Vigilance et de la Remise confiante – Maqâm al-Murâqabah wa at-Tawakkul
En vérité, le murîd entre par cette porte (bâb) en tenant compagnie (bi-muçâhabah) au cheikh, [s’appuyant] sur la lumière de la science (‘alâ nûri-l-‘ilm) et [portant] l’arme du labeur (silâh al-‘amal) 2 ; de là il progresse (yataqallabu) dans les degrés du cheminement spirituel, après s’être repenti (tawbah) et avoir rempli ses devoirs (istihlâl al-huqûq) 3 , jusqu’à la première des stations (maqâmât) de la servitude (al-‘ubûdiyyah) qui est celle de la Vigilance où il accède à la dignité de la Présence (sharafa-l-Hudhûr) avec Le Vrai (Al-Haqq) et l’absence de perception (in’adâm ach-chu’ûr) d’une quelconque trace d’entre les traces (ithr min al-athar) de la création (khalq). Ainsi, il voit (yubçiru) dans toute chose périssable (hâdith) la Lumière spirituelle d’Allah (Nûr Allah ar-rûhî) ainsi que Son secret fulgurant (Sirra-Hu subûhî) et lui est dévoilé comment l’Existence (Wujûd) tout entière, du fait de ce qu’elle porte en elle, n’est qu’un réceptacle épiphanique parmi d’autres (madhar min al-madhâhir) des Noms de l’Existenciateur Suprême (Al-Mûjid al-A’lâ) et de Ses qualités (çifât). Si (le murîd) se délecte alors par [la contemplation de] cette Réalité essentielle (Haqîqah), il réalise la Remise confiante, profondément sûr que rien n’advient en dehors de ce que Allah veut, tout en considérant [sur le plan extérieur] que les causes [secondes] (al-asbâb) sont une nécessité (darûrah) dont on ne peut se passer (lâ bud min-hâ).
- Station de la Soumission et de la Délivrance – Maqâm at-Taslîm wa al-Khallâç
[…]4
- Station de l’Occupation – Maqâm al-Istighrâq
[…]
- Station de l’Extinction et de l’Unicité de l’Être – Maqâm al-Fanâ wa-l-Wahdat al-Wujûd
[…]
- Station de la Connaissance – Maqâm al-Ma’rifah
[…]
Cheikh Ibrâhîm el-Khalîl
*
V3 – 13 mars 2015
Dhikr du Cheikh Ibrâhîm el-Khalîl à la Achirah Mohammediyyah (1435).
Sidi Mohammed Mehanna y évoque le présent texte en fin de vidéo (51′).
*
- Pour la traduction de çidq et ikhlâç, cf. les précisions de Mohammed Abd es-Salâm. [↩]
- Notons ici la présence du couple classique dans le soufisme des notions « ‘ilm wa amal » qui peut être traduit littéralement par « science et action » et qui souligne la nécessaire « mise en oeuvre » de la science afin de retirer un « fruit » de cette dernière. Cette expression constitue en elle-même une définition du Taçawwuf chez de nombreux Maîtres. Voir notamment à ce propos « Une définition de la « science (ilm) du taçawwuf » d’après les commentaires d’Ibn Ajîbah« . [↩]
- Il s’agit vraisemblablement ici du fait d’honorer les droits traditionnels d’autrui, d’où nos traductions par « devoirs ». [↩]
- Complément de traduction à venir in châ Allah ! [↩]
par Maurice Le Baot le 1 mars 2015, mis à jour le 21 avril 2017
Mots clés : Mohammed Mehanna, Murâqabah-Vigilance