A propos de la confusion entre âme et esprit – M.A.S.

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Dans le cadre de notre série d’articles sur la confusion entre psychique et spirituel, nous signalons ici une autre confusion, directement en relation avec la première et tellement utilisée, qui est celle de l’âme et de l’esprit.

Si l’on considère en effet, avec René Guénon, que la connaissance « simplement théorique, n’est que par le mental, tandis que la connaissance effective est « par l’esprit et l’âme », c’est-à-dire en somme par l’être tout entier » 1 , il faut donc rappeler que l’âme et l’esprit sont bien différents, même s’ils sont liés sous un certain rapport, au sein de l’intégralité de l’être.

Parler de l’ « Âme » (même avec une majuscule) pour désigner l’esprit ou parler de l’esprit pour désigner l’âme correspond très exactement aux modalités de la confusion entre psychique et spirituel, confusion qui, comme le montre René Guénon, se présente « sous deux formes inverses : dans la première, le spirituel est réduit au psychique, et c’est ce qui arrive notamment dans le genre d’explications psychologiques dont nous avons parlé ; dans la seconde, le psychique est au contraire pris pour le spirituel, et l’exemple le plus vulgaire en est le spiritisme, mais les autres formes plus complexes du « néo-spiritualisme » procèdent toutes également de cette même erreur. Dans les deux cas, c’est toujours, en définitive, le spirituel qui est méconnu ; mais le premier concerne ceux qui le nient purement et simplement, tout au moins en fait, sinon toujours d’une façon explicite, tandis que le second concerne ceux qui se donnent l’illusion d’une fausse spiritualité, et c’est ce dernier cas que nous avons plus particulièrement en vue présentement. » 2 .

C’est bien également le sujet principal du présent article.

Sans songer, dans l’immédiat, donner un exposé, même succin, de ce qui est dit à ce sujet en Islam des rapports entre nafs et rûh, on peut néanmoins remarquer que la confusion dont il est question ici peut conduire à faire croire ou à croire que ce que peut percevoir le mental ou l’imagination est de l’ordre de la réalisation spirituelle effective et qu’il suffit, par exemple, de « penser très fort » à quelque chose (on nous pardonnera l’expression la grossièreté de l’expression, mais « il faut appeler un chat un chat ») ou de se l’imaginer, à grands renforts de différents moyens relativement extérieurs en vue de favoriser la suggestion, pour que le résultat de cet effort soit nécessairement de l’ordre d’une réalisation spirituelle effective et que l’on peut ainsi s’appuyer en quelque sorte sur cette certitude pour émettre un certain nombre de considérations. C’est bien évidemment cet argument, quelles que puissent en être les formes, qui est présenté de manière plus ou moins alléchante dans tous les mouvements déviants qui véhiculent une fausse spiritualité 3 ; et les « traces » que peuvent laisser ce genre de suggestions chez ceux qui ont été l’objet d’expérimentations plus ou moins poussées de ce genre, ou même qui y ont accès du simple fait de leur disposition naturelle (ou des deux à la fois), peuvent contribuer alors à favoriser et entretenir une série d’illusions ou de méprises assez diverses concernant ce qu’elles vivent.

Comme l’a montré René Guénon, la confusion entre psychique et spirituel, agit véritablement à la fois comme un obstacle, parfois définitif, à l’accès à la réalisation spirituelle effective et comme une condition nécessaire à l’établissement d’un processus ouvrant vers une spiritualité à rebours. On comprend l’importance qu’il y a établir nettement la différence entre âme et esprit.

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Article connexe

« Les limites du mental » de René Guénon – Commentaire (M.A.S.)

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  1. Les limites du mental, Aperçus sur l’Initiation, René Guénon []
  2. La confusion du psychique et du spirituel, René Guénon []
  3. « Les limites du mental » de René Guénon – Commentaire (M.A.S.) []

par le 10 septembre 2015, mis à jour le 27 septembre 2015

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