Aperçus sur la pratique de la prière sur le Prophète ﷺ chez les premiers maîtres de la Tarîqah Nâçiriyyah – M.L.B.

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بسم الله الرحمن الرحيم الحمد لله

اللّهُمَّ صَلِّ و سَلِّم على سَيِّدِنا و مَوْلانا مُحَمَّدٍ وعلى آلِ سَيِّدِنا مُحَمَّدٍ

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Le recueil de prières sur le Prophète ﷺ du Cheikh Mahammed Ibn Nâçir intitulé Ghanîmatu-l-‘abdi-l-munîb fi-t-tawassul bi-ç-çalât ‘alâ-n-Nabiyyî-l-Habîb ﷺ que l’on pourrait traduire par « Le butin du serviteur repentant dans l’intercession par la prière sur le Prophète bien-aimé ﷺ  » vient d’être récemment réédité 1 .

La riche présentation, qui précède le recueil proprement dit, nous offre l’occasion de mettre en lumière les modalités en usage chez les premiers maîtres de la Tarîqah Nâçiriyyah concernant la pratique de la prière sur le Prophète ﷺ2 , qui viendront souligner l’intérêt déjà relevé chez les maîtres de cette voie pour cette pratique, en particulier à l’attention de ceux qui ne trouveraient pas de Cheikh pour les instruire spirituellement3 .

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Avant d’entreprendre la présentation proprement dite du recueil, rappelons que la Tarîqah du Cheikh Mahammed Ibn Nâçir est une branche de la Tarîqah Châdhiliyyah dont les maillons intermédiaires les plus célèbres, après les premiers héritiers du Cheikh Abû-l-Hassan, sont les fondateurs de la Wafâ’iyyah, le Cheikh Mohammed (m.760/1359) et le Cheikh ‘Alî Wafâ’ (m. 807/1404), puis le Cheikh Zarrûq (846 – 899/1442-1494).

Dans ses Qawa’id, ce dernier rapporte le conseil de son propre Maître, le Cheikh Abu-l-‘Abbâs Al-Hadramî (824-895 / 1421-1489) qu’un seul maillon de la silsilah sépare du Cheikh Alî Wafâ – qu’Allah soit Satisfait d’eux tous 4 :

 

عليك بدوام الذكر وكثرة الصلاة على رسول الله صلى الله عليهوسلم فهي سلم ومعراج وسلوك إلى الله تعالي إذا لم يلق الطالب شيخا مرشدا

« Sois constant dans le dhikr et dans la multiplication de la prière sur l’Envoyé d’Allah ﷺ car c’est une échelle (sullam), une ascension (mi’râj) et une progression initiatique effective (sulûk) vers Allah, lorsque celui qui cherche (tâlib) ne trouve pas (idhâ lam yalîqu) de Cheikh murchîd » [Qawa’id 114] 5

Si nous n’avons pu trouver de déclaration analogue chez les Maîtres de la Wafâ’iyyah cités ci-dessus, bien que ceux-ci soient les auteurs inspirés de prières sur le Prophète ﷺ d’une rare élévation , c’est peut-être parce que le développement de cette pratique intensive de la prière sur le Prophète ﷺ constitue une adaptation aux nouvelles conditions cycliques dont fait état la célèbre parole du Cheikh Hadramî citée dans la conclusion des Qawa’îd6. L’essor de la pratique méthodique de prière sur le Prophète ﷺ , souvent associée à celle de l’istighfâr, semble donc bien être concomitante de la disparition de l’ « enseignement spirituel conventionnel » indiquée par le maître de l’Imam Zarrûq7.

Pour en revenir aux Maîtres de la Wafâ’iyyah, on trouve de manière significative chez un de leurs plus célèbres héritiers, le Cheikh Abû-l-Mawâhib al-Wafâ’î (m. 882/1477), contemporain du Cheikh Al-Hadramî et enterré comme lui au Caire, des indications concordantes rapportés notamment par l’Imâm Cha’ranî (898/1493 – 973/1565) – qui témoigna en son temps de l’importance de ce moyen initiatique – dans la très longue notice qu’il lui consacre dans ses Tabâqât. Dans ce contexte, l’Imâm Cha’ranî rappelle opportunément que le Cheikh Abû-l-Mawâhib pratiquait un wird quotidien de mille prières sur le Prophète ﷺ, chaque matin et chaque soir qu’il dédiait entièrement au Prophète ﷺ.

On notera enfin que c’est à la même époque que l’Imam Al-Jazûlî (m. 870/1465), représentant d’un autre rameau de la Châdhiliyyah auquel fut d’ailleurs aussi rattaché le Cheikh Mahammed ibn Nâçir, écrira ces célèbres Dalâ’il Khayrâte qui se diffuseront, de son vivant même, dans l’ensemble du monde musulman 8 et dont la lecture est tout particulièrement recommandée par certains Maîtres à celui qui ne trouve pas de cheikh pour l’éduquer, w’Allahu a’lam !

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L’introduction à la Ghanîmah nous apprend que son auteur pratiquait  :

« le wird bien connu (ma’rûf) des Maîtres [de la Nâçiriyyah] contenu dans le « Tanbih [Al-Anâm » du très savant ‘Abd al-Jalîl Ibn ‘Adhûm (m. 1552)] et les Dalâ’il Al-Khayrate » (p. 70).

A propos de la lecture conjointe de ces deux recueils, un auteur plus tardif rattaché lui aussi à la Nâçiriyyah9, ‘Abdallah al-Khayyât al-Harûchî (1175 h. / 1761 m.),  l’auteur du célèbre recueil de prière sur le Prophète intitulé Kunûz Al-Asrâr ﷺ   a déclaré :

« La lecture des Dalâil el-Khayrât apporte la lumière, la lecture du Tanbîh el-Anâm apporte la science » 10.

Nous allons voir maintenant, en nous reportant aux précisions données plus haut par l’éditeur (p. 57) concernant les awrâd des premiers Maîtres de la Nâçiriyyah, que ceux-ci avaient certainement une conscience aïgue de cette complémentarité au point d’employer une méthode commune pour ces deux pratiques :

« Leur wird comprend la lecture d’un tiers des Dalâ’il al-Khayrate  chaque jour, sauf le vendredi où il est lu en entier, la lecture commence le samedi pour se terminer le lundi, puis une autre commence le mardi pour se terminer le jeudi   11 ; ils lisent de la même façon le Tanbih Al-Anâm »

Chacun des recueils est ainsi lu 3 fois par semaine . A ce propos, on trouve sur le site de la zawiya-mère de Tamegroute, dans la description du wird nâçirî 12, l’indication suivante :

اختتام دلائل الخيرات و تنبيه الأنام والغنيمة ثلاث مرات في الأسبوع

Achever la récitation des Dalâ’il al-Khayrate, du Tanbih Al-Anâm et de la Ghanîmah trois fois par semaine.

On peut donc supposer que la méthode qui s’applique aux deux premiers s’applique aussi à la lecture du troisième recueil surtout si on considère que la Ghanîmah – qui est composée de 30 sections rangées par ordre alphabétique (selon la lettre finale de chaque formule) comportant chacune 35 prières sur le Prophète ﷺ – est aussi divisée, à l’instar du Dalâ’il, en quarts, tiers et moitiés 13 .

Selon la description d’un biographe de l’auteur, la Ghanîmah serait comparable  (fî qadr) aux Dalâ’il Khayrâte. Dans son introduction, le Cheikh Ibn Nâçir indique qu’il aura mis « plus de trente années » pour fixer la forme définitive de ce recueil dont on peut légitimement penser qu’il est le « fruit » de la pratique intensive par l’auteur de la prière sur le Prophète ﷺ et notamment des Dalâ’il khayrâte ; on notera que la Ghanîmah emprunte cependant sa structure au Tanbih Al-Anam dont il reprend la même formule introductive, pour chacune des prières qui le compose :

اللَّهُمَّ صَلِّ وَسَلِّمْ عَلَى سَيِّدِنَا وَمَوْلاَنَا مُحَمَّدٍ، وَعَلَى آلِ سَيِّدِنَا مُحَمَّدٍ

« Allahumma étends une grâce et une salutation sur notre seigneur et maître Mohammed, ainsi que sur la famille de notre seigneur Mohammed »

Sous ce rapport, nous serions tentés de dire que la Ghanîmah, en tant que synthèse inspirée des deux illustres recueils qui l’ont précédée, apporte à celui qui la lit la « lumière » et la « science », w’Allahu a’lam !

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Les awrâd des anciens Maîtres de la Nâçiriyyah incluent aussi la récitation de la prière sur le Prophète ﷺ14 :

« 100 fois après chaque prière [obligatoire], en la faisant précéder de l’istighfâr, et de 1000 fois entre la prière du coucher (maghreb) et de la nuit (‘ichâ’) »

On arrive ainsi à la récitation de 1400 prières par jour auxquelles il faut ajouter les 100 prières « sur le Prophète illettré (al-Nabiyyi-l-ummî) » ﷺ  du wird quotidien (istighfâr – çalat ‘alâ-n-Nabî ﷺ – tahlîl) , récité entre la prière du lever (çubh) du jour et celle du lendemain, les quelques 700 prières que comporte la récitation d’un tiers des Dalâ’il  15 ainsi qu’environ 1500 prières pour le tiers du Tanbih 16 , soit environ 3700 prières par jour sans compter l’éventuelle récitation supplémentaire de la Ghanîmah. Chaque vendredi ce nombre est donc porté à environ 8000 prières soit un total minimum hebdomadaire de 30 000 prières sur le Prophète ﷺ 17 .

Wa li-Llah Al-Hamd wa-Ch-Chukr !

Maurice Le Baot

Cha’bân 1435 – Rabî’ Al-Awwal 1436

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Premières prières de la Ghanîmatu-l-‘abdi-l-munîb fi-t-tawassul bi-ç-çalât ‘alâ-n-Nabiyyî-l-Habîbﷺ  du Cheikh Mahammed Ibn Nâçir Al-Dur’î

(traduction à venir in châ Allah ! )

اللَّهُمَّ صَلِّ وَسَلِّمْ عَلَى سَيِّدِنَا وَمَوْلاَنَا مُحَمَّدٍ، وَعَلَى آلِ سَيِّدِنَا مُحَمَّدٍ، صَلاَةً تَكُونُ لَنَا مَعَاذًا مِنَ الشَّيْطَانِ وَمَكْلَأً.
اللَّهُمَّ صَلِّ وَسَلِّمْ عَلَى سَيِّدِنَا وَمَوْلاَنَا مُحَمَّدٍ، وَعَلَى آلِ سَيِّدِنَا مُحَمَّدٍ، صَلاَةً تَغْفِرُ لَنَا بِهَا مَا جَنَيْنَاهُ عَمْدًا وَخَطَأً.
اللَّهُمَّ صَلِّ وَسَلِّمْ عَلَى سَيِّدِنَا وَمَوْلاَنَا مُحَمَّدٍ، وَعَلَى آلِ سَيِّدِنَا مُحَمَّدٍ، صَلاَةً تُشَجِّعُ بِهَا مِنَّا عَلَى طَاعَتِكَ مَنْ كَانَ جُبَّأً.
اللَّهُمَّ صَلِّ وَسَلِّمْ عَلَى سَيِّدِنَا وَمَوْلاَنَا مُحَمَّدٍ، وَعَلَى آلِ سَيِّدِنَا مُحَمَّدٍ، صَلاَةً تُبِيدُ بِهَا أَعْدَاءَنَا وَأَعْدَائَكَ الكُفَّارَ مَلَأً مَلَأً.
اللَّهُمَّ صَلِّ وَسَلِّمْ عَلَى سَيِّدِنَا وَمَوْلاَنَا مُحَمَّدٍ، وَعَلَى آلِ سَيِّدِنَا مُحَمَّدٍ، صَلاَةً تُجِيرُنَا بِهَا مِنَ المَهَالِكِ، وَتَتُوبُ عَلَيْنَا بِهَا تَوْبَةً تُبَدِّلُ حَسَنَاتٍ مَا كَانَ مِنْ أَعْمَالِنَا سَيِّأً.
اللَّهُمَّ صَلِّ وَسَلِّمْ عَلَى سَيِّدِنَا وَمَوْلاَنَا مُحَمَّدٍ، وَعَلَى آلِ سَيِّدِنَا مُحَمَّدٍ، صَلاَةً تُلْهِجُنَا بِهَا بِكِتَابِكَ العَزِيزِ تَدَبُّرًا وَمَقْرَأً حَتَّى نَتَأَدَّبَ بِآدَابِهِ وَنَهْتَدِي بِهَدْيِهِ وَنَتَّخِذَهُ سِرًّا وَعَلَنًا مَلاَذًا وَمَلْجَأً.
اللَّهُمَّ صَلِّ وَسَلِّمْ عَلَى سَيِّدِنَا وَمَوْلاَنَا مُحَمَّدٍ، وَعَلَى آلِ سَيِّدِنَا مُحَمَّدٍ، صَلاَةً تَجْعَلُهَا لَنَا بِفَضْلِكَ وَكَرَمِكَ وَعِنَايَتِكَ نَافِيَةً لِلْمَعَاصِي وَمَدْرَأً.
اللَّهُمَّ صَلِّ وَسَلِّمْ عَلَى سَيِّدِنَا وَمَوْلاَنَا مُحَمَّدٍ، وَعَلَى آلِ سَيِّدِنَا مُحَمَّدٍ، صَلاَةً تُعِدُّهَا لَنَا لِيَوْمِ العَرْضِ ذَخِيرَةً وَمَخْبَأً.
اللَّهُمَّ صَلِّ وَسَلِّمْ عَلَى سَيِّدِنَا وَمَوْلاَنَا مُحَمَّدٍ، وَعَلَى آلِ سَيِّدِنَا مُحَمَّدٍ، صَلاَةً تَجْعَلُ بِهَا سِرِّي مَنْبَعًا لِأَنْوَارِ عِرْفَانِكَ وَمَنْشَأً.
اللَّهُمَّ صَلِّ وَسَلِّمْ عَلَى سَيِّدِنَا وَمَوْلاَنَا مُحَمَّدٍ، وَعَلَى آلِ سَيِّدِنَا مُحَمَّدٍ، صَلاَةً تُقَيِّضُ بِهَا لِنَفْيِ الوَسْوَاسِ عَنِّي مَلَكًا يَكُونُ لَهُ بَيْتُ قَلْبِي مَرْصَدًا وَمَرْبَأً.
اللَّهُمَّ صَلِّ وَسَلِّمْ عَلَى سَيِّدِنَا وَمَوْلاَنَا مُحَمَّدٍ، وَعَلَى آلِ سَيِّدِنَا مُحَمَّدٍ، صَلاَةً تَكُونُ لَنَا بِهَا بِمَا يُرْشِدُنَا مِنَ العُلُومِ اللَّدُنِّيَّةِ مُنْبِئًا.
اللَّهُمَّ صَلِّ وَسَلِّمْ عَلَى سَيِّدِنَا وَمَوْلاَنَا مُحَمَّدٍ، وَعَلَى آلِ سَيِّدِنَا مُحَمَّدٍ، صَلاَةً تُسَدِّدُنَا بِهَا فِي أُمُورِنَا كُلِّهَا مَعَادًا وَمَبْدَأً.

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  1. Edition critique et présentation de Sidî Sâlih ibn Ibrâhîm Aït Bâbâ Al-Tamgrûtî (Maktabah Al-‘Asriyyah : 1431/2010). []
  2. Sauf mention contraire toutes les informations à ce propos sont issues de l’édition signalée dans la note précédente. []
  3. Nous pensons pour notre part que cet intérêt n’est pas sans rapport avec la conception qu’avait le Cheikh Mahammed Ibn Nâçir du le rôle du Cheikh dans la voie qu’il a fondé : « [Ma tarîqah] est utile à chacun [s’adaptant avec harmonie à la variété des natures humaines (Ces indications proviennent de l’introduction à l’édition précitée de la Ghanîmah) ] ; pour cette raison un cheikh ne scrute pas (lâ yufattich) les états spirituels (ahwâl) du murîd s’il n’y a nul besoin ni bienfait à les scruter (fî taftîch) ».  On trouvera un écho de cette conception chez le Cheikh Mohammed Zakî Ibrâhîm pour qui »la guidance (…) est aussi faite d’effort et de persévérance, et le Cheikh n’est qu’un « indicateur », uniquement« . En définitive, il revient prioritairement au murîd, et non au cheikh, de s’efforcer à scruter aussi constamment que possible ses propres états. []
  4. Selon la version la plus connue de la chaîne initiatique de l’Imam Zarrûq (cf. la silsilah principale de la Tarîqah Mohammediyyah). Certaines versions – notamment celle retenue par la zawiyâ-mère de Tamegroute – ne mentionnent pas cet intermédiaire, Yahyâ Al-Qâdirî, si bien qu’on ai pu évoquer un rattachement en mode subtil entre ces deux Maîtres. []
  5. Trad. originale L.D.L.H. []
  6. On trouve en effet un développement intéressant déjà signalé sous la plume du Cheikh Mohammed Ibn ‘Omrân qui nous permet d’établir un lien direct entre ces deux paroles []
  7. On remarquera de plus  qu’on ne trouve à notre connaissance aucune mention avant cette époque de la pratique de la prière sur le Prophète ﷺ pour pallier le manque de cheikh murchîd, alors qu’on constate de nombreuses déclarations analogues à partir du siècle suivant et de manière constante jusqu’à nos jours []
  8. Dans la présentation de sa récente traduction italienne commentée des Dalâ’il Al-Khayrâte, L. Zamboni fait remarquer de manière pertinente que – nous résumons son propos – la période « historique » dans laquelle se situe la rédaction des Dala’il coïncide avec celle où l’Occident achève son processus de désacralisation et d’éloignement de l’esprit traditionnel amorcé après la destruction de l’Ordre des Templiers, processus qui mènera bientôt à l’âge moderne et la propagation de sa mentalité. Commence à cette époque la colonisation européenne, notamment l’invasion portugaise de certaines régions du Maroc contre laquelle Al-Jazûlî prendra les armes. Dans ce contexte, la diffusion des Dala’îl et en général de l’activité rituelle basée sur la prière sur le Prophète ﷺ semble avoir une signification « cyclique » très importante caractérisée notamment par la mise en œuvre d’une action de protection « subtile » concernant l’ensemble de la communauté musulmane et la réaffirmation par les musulmans de leur lien avec le Centre du monde représenté par le Prophète lui-même ﷺ, en tant qu’Homme parfait, lien que le monde occidental s’apprête alors à perdre irrémédiablement. []
  9. Par l’intermédiaire de son Maître Al-‘Ayyachî qui y avait été rattaché par le Cheikh Ahmed Ibn Mahamed Ibn Nâçir. []
  10. Nous avons indiqué ailleurs les liens symboliques et méthodiques entre cette parole et celle du Cheikh Abu-l-Hassan Al-Châdhilî concernant la lecture de l’Ihyâ et du Qût Al-Qulûb. []
  11. L. Zamboni indique, d’après ‘Abd Al-Mughîth Basîr, que cette modalité pratique est toujours en usage dans la Jazûliyyah contemporaine pour la récitation des Dalâ’il, nous ne savons cependant si celle-ci y était présente originellement ou s’il s’agit d’une adaptation ultérieure ; selon le même informateur il s’agirait en tout cas de « la méthode la plus parfaite » pour lire ce texte. Il fait aussi état d’une modalité pratiquée collectivement à Marrakech sur la tombe d’Al-Jazûlî – qu’Allah soit Satisfait de lui – mais aussi en Egypte et à Médine où l’assemblée est divisée en deux groupes : l’un lit une prière, puis l’autre, alternant ainsi jusqu’à la récitation complète du recueil. []
  12. Celui-ci comprend, outre les différentes pratiques liées à la prière sur le Prophète décrites dans notre article, la lecture du Coran à raison de 5 hizb par jour, la pratique des invocations héritées (ma’thurât) du Prophète ﷺ ainsi que la récitation continuelle du tahlîl. Le Cheikh Mahammed Ibn Nâçir lui-même récitait continuellement le Coran et pratiquait un wird de 25000 haylalah par jour. []
  13. Ces divisions du Dalâ’il existaient déjà du vivant de leur auteur. Les éditions que nous connaissons du Tanbih sont quant à elles divisées en quart. []
  14. Sans précision sur la formule. []
  15. L’ensemble du recueil en comporte 2000 []
  16. Selon un décompte personnel approximatif. Nous avons trouvé quelquefois le nombre de 10000 prières avancé pour ce recueil mais ce chiffre semble manifestement exagéré, w’Allahu a’lam ! []
  17. Il faudrait une autre occasion pour revenir sur l’opportunité d’une pratique quantitativement importante de dhikr et de prière sur le Prophète ﷺ en particulier, spécialement au début du sulûk. On se contentera de rappeler pour l’instant les indications données par l’Imam Cha’ranî dans ses  Lawâqih el-Anwâr el-qudussiyah : « Les successions des réalités du dhikr après la répétition de la formule de dhikr sont comparables à l’action de la pluie sur la semence (nawah) après qu’il ait été planté car elle accélère l’ouverture (spirituelle, la réalisation effective) et le bénéfice (intâj = production). On sait ainsi qu’il ne suffit pas au murîd d’être uniquement présent avec les fuqarâ à la séance de dhikr, matin et soir, ainsi que le font la plupart des murîdîn en ce temps. [Commentaire de Mohammed Abd es-Salâm : Faisons le compte : 2×7 = 14 séances de dhikr par semaine.] Il en va des fruits d’un tel dhikr comme si on arrosait d’une goutte d’eau la semence le matin et d’une goutte d’eau le soir alors que le soleil et le vent auraient agi entre temps ! Cela ne suffit pas à imprégner suffisamment la terre de la semence et il se peut même que la plante n’obtienne rien de la souplesse provenant de l’arrosage si bien que le temps précédent l’Ouverture effective s’écoule et que l’on peut même mourir sans avoir réalisé quoi que ce soit! » [Commentaire de Mohammed Abd es-Salâm : L’auteur rappelle, alors qu’il écrit dans la 2° moitié du 10° siècle de l’hégire, qu’un certain aspect quantitatif n’est pas à exclure de la pratique initiatique. Qu’en est-il plus de quatre siècles plus tard ? Comment maintenir une « humidité » et une « souplesse » du cœur suffisantes alors que les « pollutions » du milieu n’ont jamais été si puissantes et agressives ?] []

par le 16 janvier 2015, mis à jour le 8 juillet 2015

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