26 – Dans quel cas la vénération d’un Maître spirituel est-elle illégitime ? – (M.A.S.)

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La vénération des Maîtres (ihtirâmu-ch-Chuyûkh) est illégitime quand elle constitue effectivement un chirk bi-Llah ou qu’elle y conduit.

Aucun droit n’étant absolu en dehors de celui d’Allah ‘azza wa jall, aucun respect n’est absolument exigible en dehors de celui que l’on doit à Allah.

En d’autres termes, s’il est possible et justifié d’observer un respect et une vénération envers une créature, quelle qu’elle soit, selon un droit ou une autorité qu’elle détient et que l’on reconnaît librement (ce qui est effectivement le cas quand il s’agit de la Connaissance initiatique effective/Ma’rifah), la vénération (qui n’est qu’une forme intense du respect) que l’on peut avoir envers elle cesse d’être légitime quand elle atteint et outrepasse la limite indiquée ci-dessus.

 V4 – 21 oct. 2011

Cette limite pouvant prendre des formes très variées et des expressions plus ou moins marquées et perceptibles par tout un chacun, il peut être parfois très difficile de l’apprécier précisément et donc de comprendre aussi à quel point les manifestations qui accompagnent son franchissement prennent leur origine dans une conception aberrante et pervertie de certains aspects doctrinaux correspondants.

On pourra dire, néanmoins et pour en donner d’ores et déjà ici un aperçu au moins théorique, qu’il en est en quelque sorte, en adaptant une comparaison bien connue, comme de la conception que l’on peut avoir de la lumière qui traverse différentes pièces d’une maison lors d’une nuit de pleine lune : on pourra accorder une valeur plus ou moins importante aux différents aspects qu’elle pourra prendre, jusqu’à reconnaître et affirmer que tous ceux-ci ne sont en réalité qu’autant d’aspects secondaires de la lumière lunaire, mais cette affirmation ne sera justifiée et acceptable dans son ordre que tant qu’on ne dépassera pas la limite consistant à affirmer que la source première de ces lumières réfractées ne peut être ultimement que celle-ci, tout en excluant formellement et explicitement qu’elle est le soleil.

On remarquera qu’il y a deux manières d’envisager les éléments de ce symbolisme : « de haut en bas », en considérant, nécessairement et par principe que, dans le monde corporel, toute lumière manifestée a son origine dans le soleil (même si celui-ci n’est pas immédiatement apparent à l’observateur) et « de bas en haut », en adoptant ou en subissant le point de vue  qui consiste, à partir des manifestations plus ou moins réfractées de la lumière, et toutes secondaires dans l’ordre de leur production, à les ramener plus ou moins progressivement à leur source.

Est-il besoin de dire, pour des choses aussi évidentes, que le premier point de vue est évidemment supérieur au second, non seulement parce qu’il exprime un principe nécessaire mais aussi un ordre intégral qui implique l’ensemble de toutes les manifestations  possibles de la lumière à partir d’une source unique ?

N’est-il pas totalement justifié d’affirmer que celui qui, tout en se limitant à la considération, même très respectueuse, des lumières réfractées refuse néanmoins de les relier à leur source unique, se trompe alors, non pas en ce qu’il affirme mais en ce qu’il exclut ?

Notons enfin incidemment, et sans donner pour l’instant davantage de développement à cette remarque ni à la corrélation qui la lie pourtant au présent sujet, que cette comparaison a aussi l’avantage de pouvoir être également utilisée dans un autre cas, qui est celui de la conception et de la définition de ce qui est désigné en arabe par le terme de hadrah, généralement traduit par présence, notamment dans le cadre du rituel de dhikr collectif d’une tarîqah.

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par le 15 octobre 2011, mis à jour le 19 novembre 2013