De l’usage de la prière sur le Prophète ﷺ dans une tarîqah du Yémen (Extrait des Lawâqîh) – Imâm Charani

*

Le texte suivant est extrait de notre traduction commentée des Lawâqîh (Convenances spirituelles de la Voie) de l’Imâm ‘Abd el-Wahhâb Cha’rânî, également accessible dans sa version intégrale

*

Il [mon Cheikh, le Cheikh Mohammed Shannâwî] m’a enseigné aussi qu’il y a une communauté au pays du Yémen qui pratique une initiation par la formule de la prière et de la salutation sur le Prophète (.). Ses membres la transmettent au murîd et l’occupent par la prière sur le Prophète (.), qui n’a de cesse de la multiplier jusqu’à ce qu’à parvenir à être réuni avec lui (.) à l’état de veille et « verbalement » (mushâfahatan), de sorte qu’il le questionne sur les évènements spirituels le concernant, comme le fait le murîd avec son cheikh chez les initiés du Taçawwuf. Leur disciple progresse ainsi en peu de jours et n’est dépendant d’aucun maître, du fait de l’éducation qu’il tient de lui (.) directement.

Il m’a dit :  » Le signe de la sincérité de cette voie (méthode) est dans l’obtention de sa réunion avec le Prophète, ainsi que nous l’avons mentionné, car s’il ne parvient pas à cet état de réunion, c’est qu’il est disqualifié (battâl). »

 Le Cheikh Ahmed ez-Zawâwî de Damanhour fait partie de ceux qui y sont arrivés ; son wird (oraison) de prière sur le Prophète (.) était de 50 000 prières chaque jour selon la formule : « Allahumma prie sur notre seigneur Muhammed le Prophète illettré ainsi que sur sa Famille et ses Compagnons et salue-le. « 

Le Cheikh Nûr ed-Dîn esh-Shûnî fait partie de ceux qui y sont également parvenus par cette méthode, fondateur du cercle consacré à la prière sur le Prophète à mosquée d’El-Azhar.

 Le texte porte « Shanwânî », ce qui semble être une faute de frappe.

Le sheikh Shûni, enterré, au Caire, dans une petite pièce directement adjacente au tombeau du Sheikh Abd el-Wahhâb Charânî, est en effet historiquement connu comme ayant été le premier à établir une séance de prière sur le Prophète …. Charani en parle comme de son Cheikh. Cette méthode a été progressivement diffusée, à partir de là, en Egypte puis dans le reste du monde islamique.

Faut-il voir dans cette mention méthodologique précise de Charânî une allusion particulière dans l’introduction d’un livre qui rend publiques les règles et convenances initiatiques fondamentales de la Voie, après qu’il ait formellement constaté une dégénérescence du Taçawwuf et une perte des derniers Maîtres de son temps ?

 … de même le Cheikh Muhammed ibn Dâoûd Manzalâwî et le Cheikh Mohammed el-Adl Tanâjî, le Cheikh Jalâl ed-Dîn Souyoutî et un groupe que nous avons mentionné dans l’introduction du livre « Les Pactes Mohammédiens » « El-‘Uhûd el-mohammediyah » qui faisaient partie des Anciens prédécesseurs et des Successeurs qu-Allah soit Satisfait d’eux tous.

Je l’ai moi-même prise (grâce à Allah) auprès du Cheikh Nûr ed-Dîn esh-Shanwânî qui a dit :  » La nourriture licite en est une des conditions requises ainsi que d’éviter de s’occuper d’autre chose que la prière sur le Prophète qui ne soit permise par la loi extérieure. Et la louange est à Allah Seigneur des mondes. »

 On voit ici l’importance de se nourrir de manière licite, prescription bien souvent prise à la légère par l’intellectualisme exacerbé de certains esprits ignorants et simplistes. Le Cheikh revient plus loin sur cet aspect, notamment pour préciser les limites qui sont à apporter à certaines des affirmations de ceux qui prétendent avoir accédé à ce stade élevé de réalisation.

*

ARTICLE THEMATIQUE correspondant

LA PRIERE SUR LE PROPHETE ﷺ COMME MOYEN DE SULÛK en cas de raréfaction de Maître éducateur (Cheikh tarbiyah) – M.A.S.

*

par le 15 août 2013, mis à jour le 6 septembre 2013

Mots clés : , , ,