Définition du dîkshâ par René Guénon

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Nous exprimions notre difficulté à trouver une définition précise du terme dîkshâ (deekshâ, dîkchâ) au cours de l’étude que nous avons été amené à mener ces derniers mois sur la problématique que posait la mise en œuvre de cette pratique au sein d’une grande Tarîqah pourtant régulière. Il suffisait pourtant de chercher dans l’œuvre de René Guénon !…

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Le mot dîkshâ est, en sanscrit, celui qui signifie proprement « initiation », bien que parfois il faille le rendre plutôt par « consécration » (cf., sur la. connexion de ces deux idées, ce que nous avons dit plus haut des différents sens du verbe grec mueô) ; en effet, dans certains cas, par exemple quand il s’agit d’une personne qui offre un sacrifice, la « consécration » désignée par le terme dîkshâ n’a qu’un effet temporaire, étant valable seulement pour la durée du sacrifice lui-même, et devra être renouvelée si, par la suite, la même personne vient à offrir un autre sacrifice, fût-il de la même espèce que le premier ; il est donc impossible de reconnaitre alors à cette « consécration » le caractère d’une initiation au vrai sens de ce mot, puisque, comme nous l’avons déjà dit, toute initiation est nécessairement quelque chose de permanent, qui est acquis une fois, pour toutes et ne saurait jamais se perdre dans quelques circonstances que ce soit »

René Guénon – Aperçus sur l’Initiation

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Il ne fait donc aucun doute (c’est d’ailleurs cette acception du mot qu’utilise par défaut l’auteur ailleurs dans son œuvre) que le terme dîkshâ désigne par défaut l’initiation.

Il ne fait aucun doute non plus que c’est en ce même sens qu’est effectuée la pratique du dîkshâ au sein de la dérive que nous évoquons, puisqu’elle est présentée dans une optique de sulûk.

On appréciera donc comme il se doit l’intérêt de pratiquer une initiation non-islamique (même régulière en elle-même …) au sein d’une Tarîqah islamique tout en présentant la première comme une sorte de préparation presque nécessaire à la seconde ; et, quoi qu’il en soit, d’ailleurs, on ne peut normalement qu’être particulièrement dubitatif, ou pour le moins très prudent et méfiant, quant à la nature de ce qui peut effectivement s’opérer dans de telles conditions1, surtout quand un certain nombre de notions doctrinales présentées sous la référence de René Guénon, sont outrageusement et publiquement bafouées.

Nous espérons donc que les personnes concernées, à divers titres et sous divers rapports plus ou moins directs, auront tous les moyens nécessaires et suffisants pour se rendre compte de la supercherie et du caractère particulièrement néfaste que représente cette pratique au sein de toute Tarîqah islamique régulière.

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  1. On sait que des influences qui sont loin d’être spirituelles peuvent se transmettre assez facilement dans de semblables contextes []

par le 31 janvier 2016, mis à jour le 31 janvier 2016

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