Excellence (Ihsân) et Vigilance (Murâqabah) – Règle 5 des Qawâ’id de l’Imâm Zarrûq

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Extrait des Règles de l’Initiation (Qawâ’îd et-Taçawwuf)

إسناد الشيء لأصله، والقيام فيه بدليله الخاص به يدفع قول المنكر بحقيقته، لأن ظهور الحق في الحقيقة يمنع من ثبوت معارضتها. فأصل التصوف مقام الإحسان الذي فسره رسول الله صلى الله عليه وسلم: بأن تعبد الله كأنّك تراه فإن لم تكن تراه فإنّه يراك

La référence d’une chose s’effectue à son fondement.

Soutenir cela par une preuve pertinente annule l’argumentation de celui qui rejette sa réalité, car l’expression du Vrai (el-Haqq) dans la vérité empêche les contradicteurs de s’établir.

Ainsi, le fondement du Taçawwuf est la station de l’excellence (ihsan), que l’Envoyé d’Allah (que la paix soit sur lui !) a défini ainsi : « C’est que tu adores Allah comme si tu Le voyais, car si tu ne Le vois pas, Lui te voit ».

لأنّ معاني صدق التوجه لهذا الأصل راجعة وعليه دائرة، إذ لفظه دال على طلب المراقبة الملزومة به

Car les différentes significations de la sincérité de l’orientation  [envers Allah] se basent sur ce fondement et tournent autour de lui puisque l’expression [litt. le terme] indique la recherche de la vigilance requise.

فكان الحض عليها حضاً على عينه، كما دار الفقه على مقام الإسلام والأصول على مقام الإيمان

Donc, insister sur la vigilance (el-murâqabah), c’est insister sur l’essence [de la vertu (ihsân)] comme la jurisprudence est axée sur la station de la soumission (islâm) et les fondements de la religion sur la station de la foi (imân).

فالتصوف أحد أجزاء الدين الذي علمه عليه السلام جبريل ليعلمه الصحابة رضي الله عنهم أجمعين فافهم

Le Taçawwuf est une des parties de la religion (ajzâ ed-dîn) qu’il [=le Prophète] -que la paix soit sur lui !-  a enseigné * à Jibrîl afin qu’il l’enseigne aux Compagnons (qu’Allah soit satisfait d’eux !)

* Le sujet du verbe n’étant pas exprimé, la tournure de la phrase présente une ambivalence qui préserve le sens exotérique autant qu’il indique le sens ésotérique. Nous avons opté pour la traduction qui fait apparaître que c’est le Prophète -qu’Allah prie sur lui et le salue-qui a enseigné à Seyyidunâ Jibrîl – sur lui le salut-, dont il affirme lui-même extérieurement en fin du hadîth qu’il est venu enseigner aux Compagnons leur religion.

Il va sans dire que la considération de ce point est digne d’un grand intérêt si l’on veut trouver dans l’enseignement islamique le plus régulier des correspondances de ce que rapporte René Guénon des rapports entre le Guru et l’upaguru, c’est-à-dire entre le Cheikh et de ce que l’on pourrait appeler son « prolongement substitutif extérieur ».

Comprends-donc !

Imâm Ahmed Zarrûq

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par le 30 mars 2017, mis à jour le 31 mars 2017

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