2 – Les formules de dhikr pratiquées au cours de rites en commun dans une Tarîqah sont-elles praticables à titre personnel par n’importe quel de ses membres ?

Réponse de Mohammed Abd es-Salâm

V1 – 2009

Les formules de dhikr pratiquées lors de rites collectifs ne sont pas toujours celles qui sont données à pratiquer individuellement.

A titre d’exemple, il arrive qu’un dhikr général d’une tarîqah, c’est-à-dire celui qui est donné à l’ensemble de ses membres, soit de réciter chaque jour un certain nombre de fois le dhikr avec la formule Lâ ilâha ill-Allâh alors que le dhikr en commun se fait en utilisant, par exemple, le dhikr « Allâh » ou « Huwa » ou « Hayy », qui sont tous trois interdits en dhikr personnel à ceux qui n’ont pas reçu de idhn particulier. Remarquons également que cette situation n’invalide évidemment pas la régularité du dhikr en commun, dans la mesure où le responsable du dhikr en question est détenteur des autorisations afférentes.

Profitons de l’occasion pour préciser aussi que la pratique du dhikr tel qu’il est pratiqué dans les turûq n’est pas recommandée à celui qui n’est pas rattaché à l’une d’elle. Même s’il est relativement facile de connaître certaines des formules à pratiquer, puisque beaucoup de ces formules figurent dans certains recueils descriptifs relativement publiques, il ne serait pas possible de mettre en œuvre ce qui est mis en œuvre par l’utilisation régulière des mêmes formules dans le cadre d’un rattachement régulier à une tarîqah. La personne qui agirait en dehors d’une situation régulière ne pourrait donc bénéficier des avantages habituellement escomptés, tout en risquant d’être affecté par les désordres afférents à la mise en jeu irrégulière de pratiques normalement réservées aux organisations initiatiques.

Selon ce que dit, notamment, René Guénon-Cheikh Abd el-Wâhid Yahyâ, c’est la transmission de l’influence spirituelle, lors du rite de rattachement à une tarîqah, qui fait que les formules données alors sont porteuses d’une efficacité qui rend leur utilisation potentiellement différente de celle des mêmes formules en dehors de tout rattachement.

Dans l’immense majorité des cas, les formules utilisées dans les turûq ne diffèrent d’ailleurs pas de celles qui sont utilisables par l’ensemble des musulmans ; seule change l’influence spirituelle qui y est attachée ainsi qu’un autre aspect fort important dans ce domaine, qui est la science de leur utilisation.

Le Taçawwuf-Soufisme, ne se réduit donc pas à la simple utilisation de formules, et nous pensons qu’il est important de comprendre ces choses avec autant de précision que possible, afin de dissiper au maximum les illusions, qui peuvent être grandes dans ce domaine, surtout quand certains sont près à mettre à disposition le plus rapidement possible n’importe quel moyen initiatique, sans expliquer à celui qui l’utilise de quoi il s’agit, ni les conditions de son maniement et les limites des espoirs que l’on peut être amené à fonder sur tel ou tel usage.

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par le 11 septembre 2010, mis à jour le 9 octobre 2015

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