Généralités sur les âdâb concernant le murîd – Imâm Charani

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Mention de certaines règles initiatiques concernant le murîd avec lui-même et rappel des avis des Maîtres à ce sujet.

Je dis ce qui suit, et c’est Allah qui rend les choses propices :

« Sache mon frère que l’ensemble des mœurs (âdâb) du disciple est difficile à définir et à résumer en détail en une seule phrase. Cependant, nous t’en rappellerons une partie utile : bien que la fonction du cheikh soit de faire uniquement apparaître le sens caché du murîd, Dieu -qu’Il soit exalté- ayant insufflé dans l’âme de chacun tout ce qui la concerne en guise de qualités et de vices, ce que le cheikh lui ordonne et lui interdit est enfoui dans son âme. Le cheikh ne peut rien donner d’autre au murîd en dehors de celui-ci.

Au début, le murîd est comme un noyau où se cache le palmier, symbolisant ici la sincérité ou le mensonge dans la Voie. S’il est sincère, le fruit de sa sincérité se ramifie et se fructifie au point de s’élever sur tous ses voisins, qui mangent de ses fruits. Bien plus, sa sincérité se répand sur l’ensemble des habitants de sa ville ou de sa province qui en profitent. Ainsi, sa sincérité et sa vertu se dévoilent aux notables et aux communs de sorte que même s’il voulait leur dissimuler sa vertu, il ne le pourrait point. En revanche, si l’amour du murîd pour la Voie n’est pas sincère, l’arbre de son mensonge, de sa perfidie et de son hypocrisie se ramifie alors jusqu’à s’élever sur tous ses voisins, sa ville et sa province de sorte que se dévoilent son mensonge, son hypocrisie et sa vanité.

Et quand bien même il voudrait se montrer sous les traits d’un honnête homme, il ne le pourrait pas tant ses pratiques ignobles démentiraient ses prétentions. Il essuierait un affront. La Voie le rejetterait jusqu’à ce qu’il rejoigne la jurisprudence appliquée au vulgum du fait de son mensonge dans la Voie du Seigneur -qu’Il soit exalté. Il se peut que Dieu -qu’Il soit exalté, lui ôte l’once de sincérité qu’Il lui a donnée et que les tous les gens disent à son propos : « Un tel fut arraché de la Voie des ascètes et il ne lui reste d’eux plus le moindre parfum. » Même en se montrant dans un habit austère, en s’habillant de laine et en s’ornant des habits des fuqarâ, les gens verront qu’il est dépourvu d’adab et nul n’ignorera qu’il en aura été privé. »

Imâm Charani

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par le 5 juillet 2015, mis à jour le 7 juillet 2015

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