Guénon par lui-même

*

« Guénon par lui-même »

Index général

des définitions données par l’auteur

des termes qu’il utilise dans son œuvre

 *

Dernière mise à jour (581 définitions) – mai 2019

*

A

ABD (arabe)

« […] l’état d’abd, […], est proprement la condition de la « créature » vis-à-vis du « Créateur ».

Aperçus sur l’Ésotérisme Islamique et le Taoïsme, Chap. IX

« […] quand les attributs (çifât) d’el-abd ou de la créature (qui ne sont proprement que des limitations) disparaissent […] »

Aperçus sur l’Ésotérisme Islamique et le Taoïsme, Chap. I

ABHISAMBHAVA (sanskrit)

« […] car il y a là une véritable « transmutation » (abhisambhava) opérée dans les éléments subtils de l’individualité. »

Aperçus sur l’Initiation, Chap. XXIII

ABSOLU

« […] il n’y a de degrés que dans le relatif, et ce qui est absolu n’est pas susceptible de « plus » ou de « moins » (« plus » et « moins » devant ici être pris analogiquement, et non pas dans leur seule acception quantitative). »

Les États Multiples de l’Être, Chap. XVIII

« Dès lors que l’Univers est vraiment un tout, ou plutôt le Tout absolu, il ne peut y avoir nulle part aucun cycle fermé : deux possibilités identiques ne seraient qu’une seule et même possibilité ; pour qu’elles soient véritablement deux, il faut qu’elles diffèrent par une condition au moins, et alors elles ne sont pas identiques. »

L’Erreur Spirite, Chap. VI

« On pourrait dire encore que Brahma est le Tout absolu, par là même qu’Il est infini, mais que, d’autre part, si toutes choses sont en Brahma, elles ne sont point Brahma en tant qu’elles sont envisagées sous l’aspect de la distinction, c’est-à-dire précisément en tant que choses relatives et conditionnées, leur existence comme telles n’étant d’ailleurs qu’une illusion vis-à-vis de la réalité suprême »

L’Homme et son Devenir selon le Vêdânta, Chap. X

« […] le tout absolu ne peut être une partie de quelque chose, et l’universel ne saurait être enfermé ou compris dans quoi que ce soit. »

Introduction Générale à l’Étude des Doctrines Hindoues, Chap. VIII

« […] l’idée de l’Infini, qui est en réalité la plus positive de toutes, puisque l’Infini ne peut être que le tout absolu, ce qui, n’étant limité par rien, ne laisse rien en dehors de soi, cette idée disons-nous, ne peut s’exprimer que par un terme de forme négative, parce que, dans le langage, toute affirmation directe est forcément l’affirmation de quelque chose, c’est-à-dire une affirmation particulière et déterminée ; mais la négation d’une détermination ou d’une limitation est proprement la négation d’une négation, donc une affirmation réelle, de sorte que la négation de toute détermination équivaut au fond à l’affirmation absolue et totale. »

Introduction Générale à l’Étude des Doctrines Hindoues, Chap. VIII

« Dans les remarques précédentes, nous avons simplement voulu indiquer comment la production des nombres à partir de l’Unité symbolise les différentes phases de la manifestation de l’Être dans leur succession logique à partir du principe, c’est-à-dire de l’Être lui-même, qui est identique à l’Unité ; et même, si l’on fait intervenir le Zéro comme précédant l’Unité primordiale, on peut remonter ainsi au-delà de l’Être, jusqu’au Non-Être, c’est-à-dire jusqu’à l’Absolu. »

Mélanges, Chap. VII

« […] l’Infini ne peut avoir ni opposé ni complémentaire, et il ne peut entrer en corrélation avec quoi que ce soit, pas plus avec le zéro qu’avec l’unité ou avec un nombre quelconque ; étant le Tout absolu, il contient aussi bien le Non-Être que l’Être, de sorte que le zéro lui-même, dès lors qu’il n’est pas un pur néant, doit nécessairement être considéré comme compris dans l’Infini. »

Mélanges, Chap. II

« […] tout principe relatif, par là même qu’il n’en est pas moins véritablement principe dans son ordre, est une image naturelle, quoique plus ou moins lointaine, et comme un reflet du Principe absolu et suprême. »

Symboles de la Science Sacrée, Chap. LXXIV

ACHINTYA (sanscrit)

« […] impensable (achintya, ne pouvant être revêtu d’aucune forme) »

L’Homme et son Devenir selon le Vêdânta, Chap. XVI

ACTION

« Vie et action sont étroitement solidaires ; le domaine de l’une est aussi celui de l’autre, et c’est dans ce domaine limité que se tient toute la civilisation occidentale, aujourd’hui plus que jamais. Nous avons dit ailleurs comment les Orientaux envisagent la limitation de l’action et de ses conséquences, comment ils opposent sous ce rapport la connaissance à l’action : la théorie extrême-orientale du « non-agir », la théorie hindoue de la « délivrance », ce sont là des choses inaccessibles à la mentalité occidentale ordinaire, pour laquelle il est inconcevable qu’on puisse songer à se libérer de l’action, et encore bien plus qu’on puisse effectivement y parvenir. Encore l’action n’est-elle communément envisagée que sous ses formes les plus extérieures, celles qui correspondent proprement au mouvement physique : de là ce besoin croissant de vitesse, cette trépidation fébrile, qui sont si particuliers à la vie contemporaine ; agir pour le plaisir d’agir, cela ne peut s’appeler qu’agitation, car il y a dans l’action même certains degrés à observer et certaines distinctions à faire. Rien ne serait plus facile que de montrer combien cela est incompatible avec tout ce qui est réflexion et concentration, donc avec les moyens essentiels de toute véritable connaissance ; c’est vraiment le triomphe de la dispersion, dans l’extériorisation la plus complète qui se puisse concevoir ; c’est la ruine définitive du reste d’intellectualité qui pouvait subsister encore, si rien ne vient réagir à temps contre ces funestes tendances. »

Orient et Occident, chap. III

ADAM QADMON (hébreu)

« […] le Grand Architecte est identique à l’Adam Qadmon, c’est-à-dire à l’Homme Universel »

Études sur la Franc-Maçonnerie et le Compagnonnage, tome II, A propos du Grand Architecte de l’Univers »

« […] El insânul-qadîm, c’est-à-dire l’« Homme primordial » est, en arabe, une des désignations de l’« Homme universel » (synonyme d’El-insânul-kâmil, qui est littéralement l’« Homme parfait » ou total) ; c’est exactement l’Adam Qadmôn hébraïque. »

Formes Traditionnelles et Cycles Cosmiques, Partie III, Chap. 2

« De même que Manu est le prototype de l’homme (mânava), le couple Purusha-Prakriti, par rapport à un état d’être déterminé, peut être considéré comme équivalent, dans le domaine d’existence qui correspond à cet état, à ce que l’ésotérisme islamique appelle l’« Homme Universel » (El-Insânul-kâmil). C’est l’Adam Qadmôn de la Qabbalah hébraïque ; c’est aussi le « Roi » (Wang) de la tradition extrême-orientale (Tao-te-king, XV). »

L’Homme et son Devenir selon le Vêdânta, Chap. IV

« L’« Homme Universel » (en arabe El-Insânul-kâmil) est l’Adam Qadmôn de la Qabbalah hébraïque ; c’est aussi le « Roi » (Wang) de la tradition extrême-orientale (Tao-te-king, XXV). »

Le Symbolisme de la Croix, Chap. II

ADEPTE

« Il ne saurait y avoir aucun degré ou état spirituel qui soit supérieur à celui de l’«adepte». »

« Nous rappelons que l’«adepte» est proprement celui qui a atteint la plénitude de l’initiation effective ; certaines écoles ésotériques font cependant une distinction entre ce qu’elles appellent « adepte mineur » et « adepte majeur » ; ces expressions doivent alors se comprendre, originairement tout au moins, comme désignant celui qui est parvenu à la perfection respectivement dans l’ordre des « petits mystères » et dans celui des « grands mystères ». »

Aperçus sur l’Initiation, Chap. XLIV

ADHIDÊVAKA (sanskrit)

« […] macrocosme » (adhidêvaka) »

L’Homme et son Devenir selon le Vêdânta, Chap. XIII

ADHIYÂTVIKA (sanskrit)

« […] « microcosme » (adhyâtmika

L’Homme et son Devenir selon le Vêdânta, Chap. XIII

ADITYAS (sanskrit)

« Les Adityas sont les fils d’Aditi, et l’idée d’« indivisibilité » qu’exprime ce nom implique évidemment « indissolubilité », donc « immortalité » ; Aditi n’est d’ailleurs pas sans rapport, à certains égards, avec l’« essence végétative », par là même qu’elle est considérée comme « déesse de la terre», en même temps qu’elle est par ailleurs la « mère des Dêvas » ; et l’opposition d’Aditi et de Diti, dont procède celle des Dêvas et des Asuras, peut être rattachée sous le même rapport à celle de l’« Arbre de Vie » et de l’« Arbre de Mort » dont nous avons parlé dans l’étude précédente. »

Symboles de la Science Sacrée, Chap. LIII

« […] l’un des douze Adityas, qui sont regardés comme autant de formes du Soleil, en correspondance avec les douze signes du Zodiaque »

Écrits pour Regnabit, À propos du Poisson

« […] et les douze aspects du Soleil se rapportant à chacun des signes, c’est-à-dire les douze Adityas de la tradition hindoue, apparaissent sous la forme des douze fruits de l’« Arbre de Vie », qui, placé au centre de la ville, « rend son fruit chaque mois », c’est-à-dire précisément suivant les positions successives du Soleil dans le Zodiaque au cours du cycle annuel. »

Symboles de la Science Sacrée, Chap. XIII

« Il est dit que les Adityas (issus d’Aditi ou l’« Indivisible ») furent d’abord sept avant d’être douze, et que leur chef était alors Varuna. Les douze Adityas sont : Dhâtri, Mitra, Aryaman, Rudra, Varuna, Sûrya, Bhaga, Vivaswat, Pûshan, Savitri, Twashtri, Vishnu. Ce sont autant de manifestations d’une essence unique et indivisible ; et il est dit aussi que ces douze Soleils apparaîtront tous simultanément à la fin du cycle, rentrant alors dans l’unité essentielle et primordiale de leur nature commune. Chez les Grecs, les douze grands Dieux de l’Olympe sont aussi en correspondance avec les douze signes du Zodiaque. »

Le Roi du Monde, Chap. IV

« […] Il est remarquable que cet arbre, d’après le symbolisme apocalyptique, porte alors douze fruits, qui sont, comme nous l’avons dit ailleurs, assimilables aux douze Âdityas de la tradition hindoue, ceux-ci étant douze formes du soleil qui doivent apparaître toutes simultanément à la fin du cycle, rentrant alors dans l’unité essentielle de leur nature commune, car ils sont autant de manifestations d’une essence unique et indivisible, Aditi, qui correspond à l’essence une de l’« Arbre de Vie » lui-même, tandis que Diti correspond à l’essence duelle de l’« Arbre de la Science du bien et du mal .»

Le Symbolisme de la Croix, Chap. IX

ADWAITA (sanskrit)

« Dieu est une Essence sans dualité (adwaita), mais qui subsiste dans une double nature, d’où la distinction du « Suprême » (para) et du « Non-Suprême » (apara) auxquels correspondent, à des points de vue divers, toutes les dualités dont un des termes, étant subordonné à l’autre, est contenu « éminemment » dans celui-ci »

Études sur l’Hindouisme, commentaire du livre d’Ananda K. Coomaraswamy. Hinduism and Buddhism

« Dans le Non-Être, il n’y a pas de multiplicité, et, en toute rigueur, il n’y a pas non plus d’unité, car le Non-Être est le Zéro métaphysique, auquel nous sommes obligé de donner un nom pour en parler, et qui est logiquement antérieur à l’unité ; c’est pourquoi la doctrine hindoue parle seulement à cet égard de « non-dualité » (adwaita), ce qui, d’ailleurs, doit encore être rapporté à ce que nous avons dit plus haut sur l’emploi des termes de forme négative. »

Les États Multiples de l’Être, Chap. V

« […] quant à la Possibilité universelle envisagée au-delà de l’Être, c’est-à-dire comme le Non-Être, on ne peut pas parler d’unité, comme nous l’avons dit plus haut, puisque le Non-Être est le Zéro métaphysique, mais on peut du moins, en employant toujours la forme négative, parler de « non-dualité » (adwaita). »

Les États Multiples de l’Être, Chap. XVIII

« Nous rappellerons à ce propos que le Vêdânta, par là même qu’il est purement métaphysique, est essentiellement la « doctrine de la non-dualité » (adwaita-vâda) »

L’Homme et son Devenir selon le Vêdânta, Chap. IV

AGARTTHA

« […] n’est-ce pas pour cette raison que nous trouvons ici trois Sages, analogues aux trois chefs suprêmes de l’« Agarttha », c’est-à-dire du véritable « Centre du Monde »

Recueil, Chap. I

« […] le noyau est ce qu’il y a de plus intérieur et de plus caché, et il est entièrement fermé, d’où l’idée d’« inviolabilité » (que l’on retrouve dans le nom de l’Agarttha) »

Le Roi du Monde, Chap. VII

« Avant sa disparition du monde visible, ce centre portait un autre nom, car celui d’Agarttha, qui signifie « insaisissable » ou « inaccessible » (et aussi « inviolable », car c’est le « séjour de la Paix », Salem), ne lui aurait pas convenu alors »

Le Roi du Monde, Chap. VIII

AGNI (sanskrit)

« Agni est le principe igné envisagé intégralement (l’ignis latin étant d’ailleurs exactement le même mot), donc à la fois comme lumière et comme chaleur »

Écrits pour Regnabit, Le Cœur rayonnant et le Cœur enflammé

« […] dans la tradition hindoue, Agni, en tant qu’il est l’Avatâra par excellence, a aussi Twashtri pour père adoptif lorsqu’il prend naissance dans le Cosmos »

Études sur la Franc-Maçonnerie et le Compagnonnage, tome II, Maçons et Charpentiers

« […] Yâjnavalkya, de yajna-vaktri, « Promulgateur du sacrifice », qui est proprement un nom d’Agni, représente en réalité l’« Avatâra éternel » »

Études sur l’Hindouisme, Sur Janaka and Yâjnavalkya de A.K Coomaraswamy

« Agni et Indra sont respectivement le Sacerdoce et la Royauté in divinis »

Études sur l’Hindouisme, « Hinduism and Buddhism » d’A.K Coomaraswamy

AHANKÂRA (sanskrit)

« […] la conscience individuelle (ahankâra) »

Études sur l’Hindouisme, Chap. III

« […] cette forme déterminée (ahankâra ou « conscience du moi ») est celle qui est inhérente à la faculté que nous appelons le « mental », c’est-à-dire précisément à ce « sens interne » qui est désigné en sanscrit sous le nom de manas, et qui est véritablement la caractéristique de l’individualité humaine »

Les États Multiples de l’Être, Chap. VIII

« Prakriti, racine de tout, n’est pas production. Sept principes, le grand (Mahat, qui est le principe intellectuel ou Buddhi) et les autres (ahankâra ou la conscience individuelle, qui engendre la notion du « moi », et les cinq tanmâtras ou déterminations essentielles des choses), sont en même temps productions (de Prakriti) et productifs (par rapport aux suivants). »

L’Homme et son Devenir selon le Vêdânta, Chap. IV

« Comme nous l’avons déjà indiqué, cette conscience qui est le troisième principe du Sânkhya, donne naissance à la notion du « moi » (aham, d’où le nom d’ahankâra, littéralement « ce qui fait le moi »), car elle a pour fonction propre de prescrire la conviction individuelle (abhimâna), c’est-à-dire précisément la notion que « je suis » concerné par les objets externes (bâhya) et internes (abhyantara), qui sont respectivement les objets de la perception (pratyaksha) et de la contemplation (dhyâna) »

L’Homme et son Devenir selon le Vêdânta, Chap. VII

« […] Au degré suivant, au contraire, nous trouvons la conscience individuelle, ahankâra, qui procède du principe intellectuel par une détermination « particulariste » […] »

Introduction Générale à l’Étude des Doctrines Hindoues, Chap. XI

« […] Cet intellect (Buddhi), passant de l’état de puissance universelle à l’état individualisé (en se manifestant, mais sans cesser d’être tel qu’il était), produit la conscience individuelle (ahankâra), qui donne naissance au sentiment du moi. »

Recueil, Chap. IV

AISHWARYA (sanskrit)

« La possession des attributs divins est appelée en sanskrit aishwarya comme étant une véritable « connaturalité », avec Îshwara. »

L’Homme et son Devenir selon le Vêdânta, Chap. VIII

« […] ce qui est appelé aishwarya, c’est-à-dire la participation à l’essence d’Îshwara […] »

L’Homme et son Devenir selon le Vêdânta, Chap. XXIV

AJNÂNA (sanskrit)

« Certains voudraient traduire avidyâ ou ajnâna par « nescience » et non par « ignorance » ; nous avouons ne pas voir clairement la raison de cette subtilité. »

L’Homme et son Devenir selon le Vêdânta, Chap. XXIII

ÂKÂSHA (sanskrit)

« Nous rappellerons que les cinq éléments reconnus par la doctrine hindoue sont les suivants : âkâsha, l’éther ; vâyu, l’air ; têjas, le feu ; ap, l’eau ; prithvî, la terre. »

Études sur l’Hindouisme, Chap. IV

« Les cinq bhûtas sont, dans l’ordre de leur production ou de leur manifestation (ordre correspondant à celui qui vient d’être indiqué pour les tanmâtras, puisqu’à chaque élément appartient en propre une qualité sensible), l’Éther (Âkâsha), l’Air (Vâyu), le Feu (Têjas), l’Eau (Ap) et la Terre (Prithwî ou Prithivî) ; et c’est d’eux qu’est formée toute la manifestation grossière ou corporelle. »

L’Homme et son Devenir selon le Vêdânta, Chap. VIII

« […] ce serait une erreur de penser que la potentialité pure et simple peut se trouver à l’origine de notre monde, qui n’est qu’un degré d’existence parmi les autres ; l’âkâsha, malgré son état d’indifférenciation, n’est pourtant pas dépourvu de toute qualité, el il est déjà « spécifié » en vue de la production de la seule manifestation corporelle ; il ne saurait donc aucunement être confondu avec Prakriti, qui, étant absolument indifférenciée, contient par là même en elle la potentialité de toute manifestation. »

Initiation et Réalisation Spirituelle, Chap. XXXI

«  Âkâsha, l’Éther, qui est considéré comme l’élément le plus subtil et celui dont procèdent tous les autres (formant, par rapport à son unité primordiale, un quaternaire de manifestation), occupe tout l’espace physique, ainsi que nous l’avons dit : « L’Éther, qui est répandu partout, pénètre en même temps l’extérieur et l’intérieur des choses » (citation de Shankarâchârya, dans Le Démiurge, chap. I, 1re partie du présent livre, p. 9). »

Mélanges, Chap. IV

AKSHA (sanskrit)

« Dans l’Inde, le rosaire est appelé aksha-mâlâ ou « guirlande d’akshas » (et aussi akshasûtra) ; mais que faut-il entendre exactement par aksha ? Cette question, à vrai dire, est assez complexe ; la racine verbale aksh, dont ce mot est dérivé, signifie atteindre, pénétrer, passer à travers, d’où, pour aksha, le sens premier d’« axe » ; et d’ailleurs ce mot et celui d’« axe » lui-même sont manifestement identiques. On peut tout de suite, en se reportant aux considérations que nous avons déjà exposées, voir là un rapport direct avec la signification essentiellement « axiale » du sûtrâtmâ ; mais comment se fait-il qu’aksha en soit arrivé à désigner, non plus le fil, mais les grains mêmes du rosaire ? Il faut, pour le comprendre, se rendre compte que, dans la plupart de ses applications secondaires, cette désignation, de l’axe lui-même a été en quelque sorte transférée (par un passage, pourrait-on dire, du sens actif au sens passif) à ce qu’il traverse, et plus particulièrement à son point de pénétration. C’est ainsi, par exemple, qu’aksha est l’« œil » d’une roue, c’est-à-dire son moyeu ; et l’idée de l’« œil » (sens que le mot aksha a surtout fréquemment dans ses composés) nous ramène d’ailleurs à la conception symbolique de l’axe comme « rayons solaires », illuminant les mondes par là même qu’il les pénètre. Aksha est aussi un dé à jouer, apparemment à cause des « yeux » ou points dont sont marquées ses différentes faces ; et c’est également le nom d’une sorte de graine dont sont faits ordinairement les rosaires, parce que la perforation des grains de ceux-ci est aussi un « œil », destiné précisément à permettre le passage du fil « axial ». Cela confirme d’ailleurs encore ce que nous disions tout à l’heure de l’importance primordiale de ce dernier dans le symbole de la « chaîne des mondes », puisque c’est en somme de lui que les grains dont elle se compose reçoivent secondairement leur désignation, de même, pourrait-on dire, que les mondes ne sont réellement « mondes » qu’en tant qu’ils sont pénétrés par le sûtrâtmâ »

Symboles de la Science Sacrée, Chap. LXI

ÂLAM EL MUTHÛL (arabe)

« […] âlam el muthûl est habituellement le « monde des archétypes » »

Aperçus sur l’Ésotérisme Islamique et le Taoïsme, C.R de. « Illumination in Islamic Mysticism » d’Edward Jabra Jurji

ALCHIMIE

« […] Kêmi, en langue égyptienne, signifie « terre noire » ; de ce mot est venu celui d’alchimie (al n’étant que l’article en arabe), qui désignait originairement la science hermétique, c’est-à-dire la science sacerdotale de l’Égypte. »

Écrits pour Regnabit, La Terre Sainte et le Cœur du Monde

« L’alchimie, qu’on pourrait définir comme étant pour ainsi dire la « technique » de l’hermétisme, est bien réellement un « art royal », si l’on entend par là un mode d’initiation plus spécialement approprié à la nature des Kshatriyas »

Formes Traditionnelles et Cycles Cosmiques, Partie IV, Chap. 1

« La véritable alchimie était essentiellement une science d’ordre cosmologique, et, en même temps, elle était applicable aussi à l’ordre humain, en vertu de l’analogie du « macrocosme » et du « microcosme » ; en outre, elle était constituée expressément en vue de permettre une transposition dans le domaine purement spirituel, qui conférait à ses enseignements une valeur symbolique et une signification supérieure, et qui en faisait un des types les plus complets des « sciences traditionnelles » »

La Crise du Monde Moderne, Chap. IV

AMBROISIE

« Ce que figure proprement le Soma, c’est le « breuvage d’immortalité » (l’Amritâ des Hindous, l’Ambroisie des Grecs, deux mots étymologiquement semblables), qui confère ou restitue, à ceux qui le reçoivent avec les dispositions requises, ce « sens de l’éternité » »

Écrits pour Regnabit, Le Sacré-Cœur et la Légende du Saint Graal

ÂME

(note) « […] Cette remarque peut aider à définir les rapports de l’« esprit » (er-rûh) et de l’« âme » (en-nefs), celle-ci étant proprement le « principe vital » de chaque être particulier. »

Aperçus sur l’Initiation, Chap. XLVII

« […] De plus, peut-être à cause de l’insuffisance du mot « âme », qui peut désigner à peu près indifféremment tout ce qui n’est pas « corps », c’est-à-dire des choses aussi diverses que possible […] »

Articles et Comptes Rendus, Tome 1

« […] le sang constitue effectivement l’un des liens de l’organisme corporel avec l’état subtil de l’être vivant, lequel est proprement l’« âme » (nephesh haiah de la Genèse), c’est-à-dire, au sens étymologique (anima), le principe animateur ou vivificateur de l’être. »

Formes Traditionnelles et Cycles Cosmiques, Partie III, Chap. 1

(note) « La racine an se retrouve, avec la même signification dans le grec ανεμος, « souffle » ou « vent », et dans le latin anima « âme », dont le sens propre et primitif est exactement celui de « souffle vital ».

L’Homme et son Devenir selon le Vêdânta, Chap. IX

AMRITÂ (sanscrit)

« Ce que figure proprement le Soma, c’est le « breuvage d’immortalité » (l’Amritâ des Hindous, l’Ambroisie des Grecs, deux mots étymologiquement semblables), qui confère ou restitue, à ceux qui le reçoivent avec les dispositions requises, ce « sens de l’éternité » dont il a été question précédemment. »

Écrits pour Regnabit, Le Sacré-Cœur et la Légende du Saint Graal

« […] Ainsi, le mot sanscrit amrita se traduit bien littéralement par « immortalité », mais il s’applique exclusivement à un état qui est supérieur à tout changement, car l’idée de « mort » est ici étendue à un changement quelconque. »

L’Erreur Spirite, Chap. III

ANÂGAMÎ (pâli)

(note) « […] ce que la terminologie bouddhique appelle anâgamî, c’est-à-dire « celui qui ne retourne pas » à un état de manifestation individuelle. »

Aperçus sur l’Initiation, Chap. XXXIX

ANALOGIE

« Pour bien comprendre ce qui va suivre, il importe de ne jamais perdre de vue la notion de l’analogie constitutive du « Macrocosme » et du « Microcosme », en vertu de laquelle tout ce qui existe dans l’Univers se trouve aussi d’une certaine façon dans l’homme, ce que le Vishwasâra Tantra exprime en ces termes : « Ce qui est ici est là, ce qui n’est pas ici n’est nulle part » (Yad ihâsti tad anyatra, yan nêhâsti na tat kwachit). Il faut ajouter que, en raison de la correspondance qui existe entre tous les états de l’existence, chacun d’eux contient en quelque sorte en lui-même comme un reflet le tous les autres, ce qui permet de « situer », par exemple, dans le domaine de la manifestation grossière, qu’on l’envisage d’ailleurs dans l’ensemble cosmique ou dans le corps humain, des « régions » correspondant à des modalités diverses de la manifestation subtile, et même à toute une hiérarchie de « mondes » qui représentent autant de degrés différents dans l’existence universelle. »

Études sur l’Hindouisme, Chap. III

(note) « Il n’est peut-être pas inutile de faire observer que ce point de vue, suivant lequel la nature est considérée comme un symbole du surnaturel, n’est aucunement nouveau, et qu’il a été au contraire envisagé très couramment au moyen âge ; il a été notamment celui de l’école franciscaine, et en particulier de saint Bonaventure. Notons aussi que l’analogie, au sens thomiste de ce mot, qui permet de remonter de la connaissance des créatures à celle de Dieu, n’est pas autre chose qu’un mode d’expression symbolique basé sur la correspondance de l’ordre naturel avec le surnaturel. »

Écrits pour Regnabit, Le Verbe et le Symbole

« […] il y a analogie dans la véritable signification de ce mot, c’est-à-dire devant être appliquée en sens inverse »

  La Grande Triade, Chap. II

« […] Ensuite, on peut voir là l’indication d’un rapport inverse entre le mouvement du Ciel et le mouvement de la Terre, ce qui est en rigoureuse conformité avec la loi générale de l’analogie ; et il en est toujours ainsi lorsqu’on est en présence de deux termes qui s’opposent de telle façon que l’un d’eux est comme un reflet de l’autre, reflet qui est inversé comme l’image d’un objet dans un miroir l’est par rapport à cet objet lui-même, de sorte que la droite de l’image correspond à la gauche de l’objet et inversement. »

La Grande Triade, Chap. VII

« […] C’est que, en effet, l’analogie devant s’appliquer en sens inverse comme nous l’avons déjà signalé, de même que l’image d’un objet dans un miroir est inversée par rapport à l’objet, ce qui est le premier ou le plus grand dans l’ordre principiel est, du moins en apparence, le dernier ou le plus petit dans l’ordre de la manifestation.»

L’Homme et son Devenir selon le Vêdânta, Chap. III

« […] correspondance et analogie ne veulent point dire assimilation et identité. »

Introduction Générale à l’Étude des Doctrines Hindoues, Chap. VI

« Nous entendons ici l’analogie exclusivement dans son acception la plus rigoureuse, c’est-à-dire, suivant la formule hermétique, comme le rapport de « ce qui est en bas » avec « ce qui est en haut », rapport qui, ainsi que nous l’avons souvent expliqué à propos des nombreux cas où nous avons eu l’occasion de l’envisager, implique essentiellement la considération du « sens inverse » de ses deux termes .»

Symboles de la Science Sacrée, Chap. L

« Le véritable symbole, qui a une signification intellectuelle précise, n’est pas d’origine subconsciente, mais bien superconsciente, et il implique une compréhension de la doctrine de l’analogie, suivant laquelle « il y a à tout niveau de référence des réalités qui correspondent effectivement à des réalités sur d’autres niveaux de référence, et ces correspondances doivent être connues si nous voulons participer à un commun univers du discours ».

Comptes Rendus

«  Toute véritable analogie doit être appliquée en sens inverse : c’est ce que figure le symbole bien connu du « sceau de Salomon », formé de l’union de deux triangles opposés. Ainsi, par exemple, de même que l’image d’un objet dans un miroir est inversée par rapport à l’objet, ce qui est le premier ou le plus grand dans l’ordre principiel et, du moins en apparence, le dernier ou le plus petit dans l’ordre de la manifestation. Pour prendre des termes de comparaison dans le domaine mathématique, comme nous l’avons fait à ce propos afin de rendre la chose plus aisément compréhensible, c’est ainsi que le point géométrique et nul quantitativement et n’occupe aucun espace, bien qu’il soit (et ceci sera précisément expliqué plus complètement par la suite) le principe par lequel est produit l’espace tout entier, qui n’est que le développement ou l’extension de ses propres virtualités. C’est ainsi également que l’unité arithmétique est le plus petit des nombres si on l’envisage comme situé dans leur multiplicité, mais qu’elle est le plus grand en principe, puisqu’elle les contient tous virtuellement et produit toute leur série par la seule répétition indéfinie d’elle-même ».

Le Symbolisme de la Croix, Chap. II

ÂNANDA (sanskrit)

« […] sans la Connaissance, la Béatitude (Ânanda) ne peut être obtenue. »

L’Homme et son Devenir selon le Vêdânta, Chap. XXIII

ÂNANDAMAYA-KOSH (Sanskrit)

« […] Purusha ou Âtmâ, se manifestant comme jîvâtmâ dans la forme vivante de l’être individuel, est regardé, selon le Vêdânta, comme se revêtant d’une série d’« enveloppes » (koshas) ou de « véhicules » successifs, représentant autant de phases de sa manifestation, et qu’il serait d’ailleurs complètement erroné d’assimiler à des « corps », puisque c’est la dernière phase seulement qui est d’ordre corporel. Il faut bien remarquer, du reste, qu’on ne peut pas dire, en toute rigueur, qu’Âtmâ soit en réalité contenu dans de telles enveloppes, puisque, de par sa nature même, il n’est susceptible d’aucune limitation et n’est nullement conditionné par quelque état de manifestation que ce soit1. La première enveloppe (ânandamaya-kosha, la particule maya signifiant « qui est fait de » ou « qui consiste en » ce que désigne le mot auquel elle est jointe) n’est autre chose que l’ensemble même de toutes les possibilités de manifestation qu’Âtmâ comporte en soi, dans sa « permanente actualité », à l’état principiel et indifférencié.

[1] Dans la Taittirîya Upanishad, 2e Vallî, 8e Anuvâka, shruti 1, et 3e Vallî, 10e Anuvâka, shruti 5, les désignations des différentes enveloppes sont rapportées directement au « Soi », suivant qu’on le considère par rapport à tel ou tel état de manifestation »

L’Homme et son Devenir selon le Vêdânta, Chap. IX

ANDROGYNE

« […] À ce point de vue, l’union des complémentaires devra donc être considérée comme constituant l’« Androgyne » primordial dont parlent toutes les traditions ; sans nous étendre davantage sur cette question, nous pouvons dire que ce qu’il faut entendre par là, c’est que, dans la totalisation de l’être, les complémentaires doivent effectivement se trouver en équilibre parfait, sans aucune prédominance de l’un sur l’autre. Il est à remarquer, d’autre part, qu’à cet « Androgyne » est en général attribuée symboliquement la forme sphérique, qui est la moins différenciée de toutes, puisqu’elle s’étend également dans toutes les directions, et que les Pythagoriciens regardaient comme la forme la plus parfaite et comme la figure de la totalité universelle »

Le Symbolisme de la Croix, Chap. VI

ANGE

« Suivant la conception orthodoxe, un ange, en tant qu’« intermédiaire céleste », n’est pas autre chose au fond que l’expression même d’un attribut divin dans l’ordre de la manifestation informelle, car c’est là seulement ce qui permet d’établir, à travers lui, une communication réelle entre l’état humain et le Principe même, dont il représente ainsi un aspect plus particulièrement accessible aux êtres qui sont dans cet état humain. C’est d’ailleurs ce que montrent très nettement les noms mêmes des anges, qui sont toujours, en fait, la désignation de tels attributs divins ; c’est ici surtout, en effet, que le nom correspond pleinement à la nature de l’être et ne fait véritablement qu’un avec son essence même. »

Symboles de la Science sacrée, Chap. LXII

« Il est remarquable que certains appliquent notamment cette expression à ce qui concerne les anges et les démons, qui effectivement « représentent » les états supérieurs et inférieurs de l’être, et qui d’ailleurs ne peuvent évidemment être décrits que symboliquement par des termes empruntés au monde sensible »

Aperçus sur l’Initiation, Chap. XXVIII

« Si les états « angéliques » sont les états supra-individuels qui constituent la manifestation informelle, on ne peut attribuer aux anges aucune des facultés qui sont d’ordre proprement individuel ; par exemple, comme nous l’avons dit plus haut, on ne peut les supposer doués de raison, ce qui est la caractéristique exclusive de l’individualité humaine, et ils ne peuvent avoir qu’un mode d’intelligence purement intuitif. »

Les États Multiples de l’Être, Chap. XIII

« On pourrait opposer à cet égard, à l’adage scolastique de la décadence, les conceptions de saint Thomas d’Aquin lui-même sur le monde angélique, « ubi omne individuum est species infima », c’est-à-dire que les différences entre les anges ne sont pas l’analogue des « différences individuelles » dans notre monde (le terme individuum lui-même est donc impropre ici en réalité, et il s’agit effectivement d’états supra-individuels), mais celui des « différences spécifiques » ; la raison véritable en est que chaque ange représente en quelque sorte l’expression d’un attribut divin, comme on le voit d’ailleurs clairement par la constitution des noms dans l’angélologie hébraïque. »

Le Règne de la Quantité et les Signes des Temps, Chap. XI

« […] les anges sont littéralement les « messagers » divins. »

Symboles de la Science Sacrée, Chap. XLII

ANGOISSE

«  […] L’angoisse, en effet, n’est qu’une forme extrême et pour ainsi dire « chronique » de la peur ; or l’homme est naturellement porté à éprouver la peur devant ce qu’il ne connaît pas ou ne comprend pas, et cette peur même devient un obstacle qui l’empêche de vaincre son ignorance, car elle l’amène à se détourner de l’objet en présence duquel il l’éprouve et auquel il en attribue la cause, alors qu’en réalité cette cause n’est pourtant qu’en lui-même »

Initiation et Réalisation Spirituelle, Chap. III

ANTÉCHRIST

« […] celui-ci, quelque idée qu’on s’en fasse d’ailleurs, est en tout cas ce qui concentrera et synthétisera en soi, pour cette œuvre finale, toutes les puissances de la « contre-initiation », qu’on le conçoive comme un individu ou comme une collectivité ; ce peut même, en un certain sens, être à la fois l’un et l’autre car il devra y avoir une collectivité qui sera comme l’« extériorisation » de l’organisation « contre-initiatique » elle-même apparaissant enfin au jour, et aussi un personnage qui, placé à la tête de cette collectivité, sera l’expression la plus complète et comme l’« incarnation » même de ce qu’elle représentera, ne serait-ce qu’à titre de « support » de toutes les influences maléfiques que, après les avoir concentrées en lui-même, il devra projeter sur le monde. Ce sera évidemment un

« imposteur » (c’est le sens du mot dajjâl par lequel on le désigne habituellement en arabe), puisque son règne ne sera pas autre chose que la « grande parodie » par excellence, l’imitation caricaturale et « satanique » de tout ce qui est vraiment traditionnel et spirituel […]. »

Le Règne de la Quantité et les Signes des Temps, Chap. XXXIX

ANTIQUITÉ

« L’antiquité dite « classique » n’est […] qu’une antiquité toute relative, et même beaucoup plus proche des temps modernes que de la véritable antiquité, puisqu’elle ne remonte même pas à la moitié du Kali-Yuga, dont la durée n’est elle-même, suivant la doctrine hindoue, que la dixième partie de celle du Manvantara ; et l’on pourra suffisamment juger par là jusqu’à quel point les modernes ont raison d’être fiers de l’étendue de leurs connaissances historiques ! »

La Crise du Monde Moderne, Chap. I

ANTHROPOMORPHISME

« […] la tendance à concevoir Dieu comme « un être » plus ou moins analogue aux êtres individuels et particulièrement aux êtres humains, doit avoir pour corollaire naturel, partout où elle existe, la tendance à lui attribuer un rôle simplement « démiurgique », nous voulons dire une action s’exerçant sur une « matière » supposée extérieure à lui, ce qui est le mode d’action propre aux êtres individuels. »

Introduction Générale à l’Étude des Doctrines Hindoues, Chap. VII

AOR (hébreu)

« […] En outre, si Aor est bien exclusivement la lumière, Agni est le principe igné envisagé intégralement (l’ignis latin étant d’ailleurs exactement le même mot), donc à la fois comme lumière et comme chaleur »

Écrits pour Regnabit, Le Cœur rayonnant et le Cœur enflammé

APARA-BRAHMA (sanskrit)

« Wou-ki correspond, dans la tradition hindoue, au Brahma neutre et suprême (Para-Brahma), et Tai-ki à Îshwara ou au Brahma « non-suprême » (Apara-Brahma) »

La Grande Triade, Chap. II

« C’est en tant que nirguna que Brahma est kârana, et en tant que saguna qu’il est kârya ; le premier est le « Suprême » ou Para-Brahma, et le second est le « Non-Suprême » ou Apara-Brahma (qui est Îshwara) ; mais il n’en résulte point que Brahma cesse en quelque façon d’être « sans dualité » (adwaita), car le « Non-Suprême » lui-même n’est qu’illusoire en tant qu’il se distingue du « Suprême », comme l’effet n’est rien qui soit vraiment et essentiellement différent de la cause. Notons qu’on ne doit jamais traduire Para-Brahma et Apara-Brahma par « Brahma supérieur » et « Brahma inférieur », car ces expressions supposent une comparaison ou une corrélation qui ne saurait aucunement exister. »

L’Homme et son Devenir selon le Vêdânta, Chap. X

APAURUSHÊYA (sanskrit)

« […] d’origine non-humaine »

Le Roi du Monde, Chap. II

APOLOGÉTIQUE

« […] l’attitude « apologétique » est, en elle-même, une attitude extrêmement faible, parce qu’elle est purement « défensive », au sens juridique de ce mot ; ce n’est pas pour rien qu’elle est désignée par un terme dérivé d’« apologie », qui a pour signification propre le plaidoyer d’un avocat, et qui, dans une langue telle que l’anglais, a été jusqu’à prendre couramment l’acception d’« excuse » ; l’importance prépondérante accordée à l’« apologétique » est donc la marque incontestable d’un recul de l’esprit religieux. Cette faiblesse s’accentue encore quand l’« apologétique » dégénère […] en discussions toutes « profanes » par la méthode et le point de vue, où la religion est mise sur le même plan que les théories philosophiques et scientifiques, ou pseudo-scientifiques, les plus contingentes et les plus hypothétiques, et où, pour paraître « conciliant », on va jusqu’à admettre dans une certaine mesure des conceptions qui n’ont été inventées que pour ruiner toute religion ; ceux qui agissent ainsi fournissent eux-mêmes la preuve qu’ils sont parfaitement inconscients du véritable caractère de la doctrine dont ils se croient les représentants plus ou moins autorisés. Ceux qui sont qualifiés pour parler au nom d’une doctrine traditionnelle n’ont pas à discuter avec les « profanes » ni à faire de la « polémique » ; ils n’ont qu’à exposer la doctrine telle qu’elle est, pour ceux qui peuvent la comprendre, et, en même temps, à dénoncer l’erreur partout où elle se trouve, à la faire apparaître comme telle en projetant sur elle la lumière de la vraie connaissance ; leur rôle n’est pas d’engager une lutte et d’y compromettre la doctrine, mais de porter le jugement qu’ils ont le droit de porter s’ils possèdent effectivement les principes qui doivent les inspirer infailliblement… »

La Crise du Monde Moderne, Chap. V

APSARÂS (sanskrit)

(note) « Les Apsarâs sont les Nymphes célestes, qui symbolisent aussi ces possibilités informelles ; elles correspondent aux Hûris du Paradis islamique (El-Jannah) […] »

L’Homme et son Devenir selon le Vêdânta, Chap. XXII

APÛRVA (sanskrit)

« Pour revenir à la Mîmânsâ après cette digression, nous signalerons encore une notion qui y joue un rôle important : cette notion, qui est désignée par le mot apûrva, est de celles qui sont difficiles à expliquer dans les langues occidentales ; nous allons néanmoins essayer de faire comprendre en quoi elle consiste et ce qu’elle comporte. Nous avons dit dans le chapitre précédent que l’action, bien différente de la connaissance en cela comme en tout le reste, ne porte pas ses conséquences en elle-même : sous ce rapport, l’opposition est, au fond, celle de la succession et de la simultanéité, et ce sont les conditions mêmes de toute action qui font qu’elle ne peut produire ses effets qu’en mode successif. Cependant pour qu’une chose puisse être cause, il faut qu’elle existe actuellement, et c’est pourquoi le vrai rapport causal ne peut être conçu que comme un rapport de simultanéité : si on le concevait comme un rapport de succession, il y aurait un instant où quelque chose qui n’existe plus produirait quelque chose qui n’existe pas encore, supposition qui est manifestement absurde. Donc, pour qu’une action, qui n’est en elle-même qu’une modification momentanée, puisse avoir des résultats futurs et plus ou moins lointains, il faut qu’elle ait, dans l’instant même où elle s’accomplit, un effet non perceptible présentement, mais qui, subsistant d’une façon permanente, relativement tout au moins, produira ultérieurement, à son tour, le résultat perceptible. C’est cet effet non-perceptible, potentiel en quelque sorte, qui est appelé apûrva, parce qu’il est surajouté et non antérieur à l’action ; il peut être regardé, soit comme un état postérieur de l’action elle-même, soit comme un état antécédent du résultat, l’effet devant toujours être contenu virtuellement dans sa cause, dont il ne pourrait procéder autrement.

D’ailleurs, même dans le cas où un certain résultat paraît suivre immédiatement l’action dans le temps, l’existence intermédiaire d’un apûrva n’en est pas moins nécessaire, dès lors qu’il y a encore succession et non parfaite simultanéité, et que l’action, en elle-même, est toujours séparée de son résultat. De cette façon, l’action échappe à l’instantanéité, et même, dans une certaine mesure, aux limitations de la condition temporelle ; en effet, l’apûrva, germe de toutes ses conséquences futures n’étant pas dans le domaine de la manifestation corporelle et sensible, est en dehors du temps ordinaire, mais non en dehors de toute durée, car il appartient encore à l’ordre des contingences. Maintenant, l’apûrva peut pour une part, demeurer attaché à l’être qui a accompli l’action, comme étant désormais un élément constitutif de son individualité envisagée dans sa partie incorporelle, où il persistera tant que celle-ci durera elle-même, et, pour une autre part, sortir des bornes de cette individualité pour entrer dans le domaine des énergies potentielles de l’ordre cosmique ; dans cette seconde partie, si on se le représente, par une image sans doute imparfaite, comme une vibration émise en un certain point, cette vibration, après s’être propagée jusqu’aux confins du domaine où elle peut atteindre, reviendra en sens inverse à son point de départ, et cela, comme l’exige la causalité, sous la forme d’une réaction de même nature que l’action initiale. C’est là, très exactement, ce que le Taoïsme, de son côté, désigne comme les « actions et réactions concordantes »

Introduction Générale à l’Étude des Doctrines Hindoues, Partie III, Chap. 13

AQL (arabe)

« Chez les Arabes aussi, le cœur est regardé comme le siège de l’intelligence, non pas de cette faculté tout individuelle qu’est la raison, mais de l’Intelligence universelle (El-Aqlu) dans ses rapports avec l’être humain qu’elle pénètre par l’intérieur, puisqu’elle réside ainsi en son centre même, et qu’elle illumine de son rayonnement. »

Écrits pour Regnabit, Le Cœur rayonnant et le Cœur enflammé

« En arabe, on a, comme équivalent de ces trois termes, l’Intelligence (El-Aqlu), l’Intelligent (El-Âqil) et l’Intelligible (El-Maqûl) »

L’Homme et son Devenir selon le Vêdânta, Chap. XV

« […] c’est souvent une erreur de traduire aql par « raison ». »

C.R du livre « Mohammed et l’Islam »

ÂRIF BI-LLÂH (arabe)

« […] « el-ârif bi’Llah », c’est-à-dire « celui qui connaît par Dieu » »

Articles et Comptes Rendus, Le Soufisme

ARISTOCRATIE

« […] « aristocratie », ce dernier mot désignant précisément, du moins lorsqu’il est pris dans son sens étymologique, le pouvoir de l’élite. Celle-ci, par définition en quelque sorte, ne peut être que le petit nombre, et son pouvoir, son autorité plutôt, qui ne vient que de sa supériorité intellectuelle, n’a rien de commun avec la force numérique sur laquelle repose la « démocratie », dont le caractère essentiel est de sacrifier la minorité à la majorité, et aussi, par là même, […] la qualité à la quantité, donc l’élite à la masse. »

La Crise du Monde Moderne, Chap. VI

ARKÂN (arabe)

(note) « […] quatre « angles » (arkân) ou fondements du monde. »

La Grande Triade, Chap. V

ARTS

« […]  ce qui fait le fond même de tous les arts, c’est principalement une application de la science du rythme sous ses différentes formes, science qui elle-même se rattache immédiatement à celle du nombre ; et il doit être d’ailleurs bien entendu que, quand nous parlons de science du nombre, il ne s’agit point de l’arithmétique profane telle que la comprennent les modernes, mais de ce dont les exemples les plus connus se trouvent dans la Kabbale et dans le Pythagorisme, et dont l’équivalent existe également, sous des expressions variées et avec de plus ou moins grands développements, dans toutes les doctrines traditionnelles. »

Mélanges, Chap. III

ARTIFEX (latin)

« L’artifex, pour les anciens, c’est, indifféremment, l’homme qui exerce un art ou un métier ; mais ce n’est, à vrai dire, ni l’artiste ni l’artisan au sens que ces mots ont aujourd’hui ; c’est quelque chose de plus que l’un et que l’autre, parce que, originairement tout au moins, son activité est rattachée à des principes d’un ordre beaucoup plus profond. Si les métiers comprenaient ainsi en quelque manière les arts proprement dits, qui ne s’en distinguaient par aucun caractère essentiel, c’est donc qu’ils étaient de nature véritablement qualitative car personne ne saurait se refuser à reconnaître une telle nature à l’art, par définition en quelque sorte »

Le Règne de la Quantité et les Signes des Temps, Chap. VIII

ÂRYA (sanskrit)

(note) « […] dans l’Inde, la troisième caste, celle des Vaishya, dont les fonctions propres sont celles de l’ordre économique, est admise aussi à une initiation lui donnant droit aux qualifications, qui lui sont ainsi communes avec les deux premières, d’ârya ou « noble » et de dwija ou « deux fois né » »

Autorité Spirituelle et Pouvoir Temporel, Chap. II

« […] le terme sanskrit ârya, dont on a tiré le nom de cette race hypothétique, n’a jamais été en réalité qu’une épithète distinctive s’appliquant aux seuls hommes des trois premières castes, et cela indépendamment du fait d’appartenir à telle ou telle race, dont la considération n’a pas à intervenir ici. »

Introduction Générale à l’Étude des Doctrines Hindoues, partie II, Chap. 2

(note) « Les dénominations d’Iran et de Turan, dont on a voulu faire des désignations de races, représentent en réalité respectivement les peuples sédentaires et les peuples nomades ; Iran ou Airyana vient du mot arya (d’où ârya par allongement), qui signifie « laboureur » (dérivé de la racine ar, qui se retrouve dans le latin arare, arator, et aussi arvum, « champ ») ; et l’emploi du mot ârya comme désignation honorifique (pour les castes supérieures) est, par suite, caractéristique de la tradition des peuples agriculteurs. »

Le Règne de la Quantité et les Signes des Temps, XXI

ASTROLOGIE

« […]  l’astrologie, autre science cosmologique, est en réalité tout autre chose que l’« art divinatoire » ou la « science conjecturale » que veulent y voir uniquement les modernes ; elle se rapporte avant tout à la connaissance des « lois cycliques », qui joue un rôle important dans toutes les doctrines traditionnelles. »

Aperçus sur l’Ésotérisme islamique et le Taoïsme, Chap. I

« […] l’attribution de significations distinctes aux termes d’« astrologie » et d’« astronomie » est relativement récente ; chez les Grecs, ces deux mots étaient employés indifféremment pour désigner tout l’ensemble de ce à quoi l’un et l’autre s’appliquent maintenant. Il semble donc, à première vue, qu’on ait encore affaire dans ce cas à une de ces divisions par « spécialisation » qui se sont établies entre ce qui n’était primitivement que des parties d’une science unique ; mais ce qu’il y a ici de particulier, c’est que, tandis qu’une de ces parties, celle qui représentait le côté le plus matériel de la science en question, prenait un développement indépendant, l’autre partie, par contre, disparaissait entièrement. Cela est tellement vrai qu’on ne sait plus aujourd’hui ce que pouvait être l’astrologie ancienne, et que ceux mêmes qui ont essayé de la reconstituer ne sont arrivés qu’à de véritables contrefaçons, soit en voulant en faire l’équivalent d’une science expérimentale moderne, avec intervention des statistiques et du calcul des probabilités, ce qui procède d’un point de vue qui ne pouvait en aucune façon être celui de l’antiquité ou du moyen âge, soit en s’appliquant exclusivement à restaurer un « art divinatoire » qui ne fut guère qu’une déviation de l’astrologie en voie de disparition, et où l’on pourrait voir tout au plus une application très inférieure et assez peu digne de considération, ainsi qu’il est encore possible de le constater dans les civilisations orientales. »

La Crise du Monde Moderne, chap. III

ASURAS (sanskrit)

« […] les Dêvas ou « Anges » et les Asuras ou « Titans », respectivement puissances de Lumière et puissances de Ténèbres dans le Rig-Vêda […] »

Études sur l’Hindouisme, C. R de. « Angel and Titan » d’A K Coomaraswamy

« […] les Dêvas et les Asuras, dans la tradition hindoue, représentent respectivement les états supérieurs et inférieurs par rapport à l’état humain. »

Les États Multiples de l’Être, Chap. XIII

ATIVARNA (sanskrit)

« […] ativarna, c’est-à-dire « au-delà des castes » ».

Le Roi du Monde, Chap. II

(note) « C’est ce qu’indique, dans la tradition hindoue, le mot Hamsa, donné comme le nom de la caste unique qui existait à l’origine, et désignant proprement un état qui est ativarna, c’est-à-dire au-delà de la distinction des castes actuelles. »

Aperçus sur l’Initiation, Chap. IV

ATIVARNÂSHRAMÎ (sanskrit)

« […] l’homme qui a atteint un certain degré de réalisation est dit ativarnâshramî, c’est-à-dire au-delà des castes (varnas) et des stades de l’existence terrestre (âshramas) ; aucune des distinctions ordinaires ne s’applique plus à un tel être, dès lors qu’il a dépassé effectivement les limites de l’individualité, même sans être encore parvenu au résultat final. »

L’Homme et son Devenir selon le Vêdânta, Chap. XXIII

« […] celui qui a accompli la réalisation parfaite (sâdhana), et qui est ativarnâshramî »

L’Homme et son Devenir selon le Vêdânta, Chap. XXIV

ÂTMÂ (sanskrit)

« […] Krishna et Arjuna représentent respectivement le « Soi » et le « moi », la personnalité et l’individualité, qui sont Âtmâ inconditionné et jîvâtmâ. »

Études sur l’Hindouisme, Chap. I

« « Âtmâ est non-manifesté, donc immuable » ; « C’est le « Soi » (Âtmâ) » ;

« Grand Âtmâ » et du « petit Âtmâ », c’est-à-dire en somme du « Soi » et du « moi » »

Études sur l’Hindouisme

« […] on peut aussi l’étendre analogiquement au « Soi » comme principe de tous les états de l’être, manifestés et non-manifestés. Cette personnalité est une détermination immédiate, primordiale et non particularisée, du principe qui est appelé en sanskrit Âtmâ ou Paramâtmâ, et que nous pouvons, faute d’un meilleur terme, désigner comme l’« Esprit Universel » »

L’Homme et son Devenir selon le Vêdânta, Chap. II

« Le « Soi » comme nous l’avons vu dans ce qui précède, ne doit pas être distingué d’Âtmâ ; et, d’autre part, Âtmâ est identifié à Brahma même : c’est ce que nous pouvons appeler l’« Identité Suprême ».»

« C’est donc vraiment l’« Esprit Universel » (Âtmâ), qui est, en réalité, Brahma même, le « Suprême Ordonnateur » »

L’Homme et son Devenir selon le Vêdânta Chap. III

« Âtmâ est « Ce par quoi tout est manifesté, et qui n’est soi-même manifesté par rien » »

L’Homme et son Devenir selon le Vêdânta Chap. VI

« Un effet n’est pas autre (en essence) que sa cause (bien que la cause, par contre, soit plus que l’effet) ; Brahma est un (en tant qu’Être) et sans dualité (en tant que Principe Suprême) ; Soi-même, il n’est pas séparé (par des limitations quelconques) de Ses modifications (tant formelles qu’informelles) ; Il est Âtmâ (dans tous les états possibles), et Âtmâ (en soi, à l’état inconditionné) est Lui (et non autre que Lui) »

L’Homme et son Devenir selon le Vêdânta, Chap. X

« […] c’est Âtmâ qui est à la fois « tout » (vishwa), en tant que personnalité, et « homme » (nara), en tant qu’individualité (c’est-à-dire comme jîvâtmâ) »

L’Homme et son Devenir selon le Vêdânta Chap. XIII

« […] l’intellect n’est point différent d’Âtmâ, car celui-ci doit être considéré comme « se connaissant soi-même par soi-même » »

L’Homme et son Devenir selon le Vêdânta, Chap. XV

« Veille, rêve, sommeil profond, et ce qui est au-delà, tels sont les quatre états d’Âtmâ »

L’Homme et son Devenir selon le Vêdânta Chap. XVI

« […] Les multiples états manifestés de l’être sont reliés entre eux et mis en communication avec la personnalité transcendante, Âtmâ […] »

L’Homme et son Devenir selon le Vêdânta, Chap. XXI

« Le Yogî, ayant traversé la mer des passions, est uni avec la Tranquillité et possède dans sa plénitude le « Soi » (Âtmâ inconditionné, auquel il est identifié) »

L’Homme et son Devenir selon le Vêdânta, Chap. XXIV

« […] quant à Âtmâ, qu’on rendrait fort mal par « âme », c’est proprement le principe transcendant auquel se rattache l’individualité et qui lui est supérieur, principe auquel doit être ici rapporté l’intellect pur, et qui se distingue du manas, ou plutôt de l’ensemble composé du manas et de l’organisme corporel, comme la personnalité, au sens métaphysique, se distingue de l’individualité. »

Introduction Générale à l’Étude des Doctrines Hindoues, Chap. X

« […] le « Soi » (Âtmâ) est immuable et demeure toujours le même, et qu’il ne saurait aucunement être modifié ou affecté par quoi que ce soit »

Initiation et Réalisation Spirituelle, Chap. V

« […] l’esprit n’est autre qu’Âtmâ, et il est le principe de tous les états de l’être, à tous les degrés de sa manifestation »

Initiation et Réalisation Spirituelle, Chap. XXX

« […] c’est en effet l’esprit (Âtmâ) qui est véritablement le centre universel contenant toutes choses »

Initiation et Réalisation Spirituelle, Chap. XXX

« Cet Âtmâ (l’Esprit divin), qui réside dans le cœur, est plus petit qu’un grain de riz, plus petit qu’un grain d’orge, plus petit qu’un grain de moutarde, plus petit qu’un grain de millet, plus petit que le germe qui est dans un grain de millet ; cet Âtmâ, qui réside dans le cœur, est aussi plus grand que la terre, plus grand que l’atmosphère, plus grand que le ciel, plus grand que tous ces mondes ensemble »

« L’Esprit divin (Âtmâ), étant le Principe unique de toutes choses, dépasse immensément toute existence » »

Symboles de la Science Sacrée, Chap. LXXIII

« […] l’Âtmâ qui réside dans le cœur » ce n’est pas simplement le jîvâtmâ, l’âme individuelle et humaine, mais que c’est aussi l’Âtmâ absolu et inconditionné, l’Esprit universel et divin, et que l’un et l’autre, en ce point central, sont dans un contact indissoluble et d’ailleurs inexprimable » »

Symboles de la Science Sacrée, Chap. LXXIV

ATOMISME

« […] l’atomisme, sous toutes ses formes, est une conception nettement hétérodoxe »

L’Homme et son Devenir selon le Vêdânta, Chap. XI

« […] l’atomisme est toujours plus ou moins « naturaliste », en tendance tout au moins »

Introduction Générale à l’Étude des Doctrines Hindoues, Chap. III

« […] Ainsi, la conception des atomes comme éléments constitutifs des choses a pour corollaire celle du vide dans lequel ces atomes doivent se mouvoir ; de là devait sortir tôt ou tard une théorie du « vide universel », entendu non point dans un sens métaphysique se rapportant au « non-manifesté », mais au contraire dans un sens physique ou cosmologique, et c’est ce qui eut lieu en effet avec certaines écoles bouddhiques qui, identifiant ce vide avec l’âkâsha ou éther, furent naturellement amenées par-là à nier l’existence de celui-ci comme élément corporel, et à n’admettre plus que quatre éléments au lieu de cinq. »

Introduction Générale à l’Étude des Doctrines Hindoues, Chap. III

AUTORITE SPIRITUELLE

« L’autorité spirituelle, intérieure par essence, ne s’affirme que par elle-même, indépendamment de tout appui sensible, et s’exerce en quelque sorte invisiblement ; si l’on peut encore ici parler de puissance ou de force, ce n’est que par transposition analogique, et, du moins dans le cas d’une autorité spirituelle à l’état pur, si l’on peut dire, il faut bien comprendre qu’il s’agit alors d’une puissance toute intellectuelle, dont le nom est « sagesse », et de la seule force de la vérité. »

Autorité Spirituelle et Pouvoir Temporel, Chap. I

« Nous avons dit que la caste supérieure, celle des Brâhmanas, a pour fonction essentielle de conserver et de transmettre la doctrine traditionnelle ; c’est là sa véritable raison d’être, puisque c’est sur cette doctrine que repose tout l’ordre social, qui ne saurait trouver ailleurs les principes sans lesquels il n’y a rien de stable ni de durable. Là où la tradition est tout, ceux qui en sont les dépositaires doivent logiquement être tout ; ou du moins, comme la diversité des fonctions nécessaires à l’organisme social entraîne une incompatibilité entre elles et exige leur accomplissement par des individus différents, ces individus dépendent tous essentiellement des détenteurs de la tradition, puisque, s’ils ne participaient effectivement à celle-ci, ils ne pourraient non plus participer efficacement à la vie collective : c’est là le sens vrai et complet de l’autorité spirituelle et intellectuelle qui appartient aux Brâhmanas. »

Introduction Générale à l’Étude des Doctrines Hindoues, III 16

« […] elle incarne encore « la seule chose nécessaire », la seule qui ne passe point. « Patiens quia æterna », dit-on parfois de l’autorité spirituelle, et très justement, non pas, certes, qu’aucune des formes extérieures qu’elle peut revêtir soit éternelle, car toute forme n’est que contingente et transitoire, mais parce que, en elle-même, dans sa véritable essence, elle participe de l’éternité et de l’immutabilité des principes »

Autorité Spirituelle et Pouvoir Temporel, Chap. IX

« […] cette autorité est comme le pivot autour duquel tournent toutes les choses contingentes, l’axe fixe autour duquel le monde accomplit sa révolution, le pôle ou le centre immuable qui dirige et règle le mouvement cosmique sans y participer. »

Autorité Spirituelle et Pouvoir Temporel, Chap. V

« Nous avons dit que la caste supérieure, celle des Brâhmanas, a pour fonction essentielle de conserver et de transmettre la doctrine traditionnelle ; c’est là sa véritable raison d’être, puisque c’est sur cette doctrine que repose tout l’ordre social, qui ne saurait trouver ailleurs les principes sans lesquels il n’y a rien de stable ni de durable. Là où la tradition est tout, ceux qui en sont les dépositaires doivent logiquement être tout ; ou du moins, comme la diversité des fonctions nécessaires à l’organisme social entraîne une incompatibilité entre elles et exige leur accomplissement par des individus différents, ces individus dépendent tous essentiellement des détenteurs de la tradition, puisque, s’ils ne participaient effectivement à celle-ci, ils ne pourraient non plus participer efficacement à la vie collective : c’est là le sens vrai et complet de l’autorité spirituelle et intellectuelle qui appartient aux Brâhmanas. » 

Introduction Générale à l’Étude des Doctrines Hindoues, Partie III, Chap. 16

« […] la même négation a aussi pour conséquence, dans un autre ordre, le rejet de toute autorité spirituelle, celle-ci étant nécessairement de source « supra-humaine ». »

Le Règne de la Quantité et les Signes des Temps, Chap. XIII

AVARNA (sanskrit)

« […] dans une organisation sociale traditionnelle un être peut être en dehors des castes de deux façons, soit parce qu’il est au-dessus d’elles (ativarna), soit parce qu’il est au-dessous (avarna), et il est évident que ce sont là deux extrêmes opposés. »

Le Règne de la Quantité et les Signes des Temps, Chap. IX

AVATÂRA (éternel)

« […] au centre du plan médian lui-même se situe Hiranyagarbha, qui apparaît ainsi dans le Cosmos comme l’« Avatâra éternel », et qui est par là même identique à l’« Homme Universel ». »

La Grande Triade, Chap. XXII

« […] dans la tradition hindoue, Agni, en tant qu’il est l’Avatâra par excellence, a aussi Twashtri pour père adoptif lorsqu’il prend naissance dans le Cosmos »

Études sur la Franc-Maçonnerie et le Compagnonnage, tome II, Maçons et Charpentiers

AVATÂRAS (sanskrit)

« […] la doctrine des Avatâras ou « descentes » du principe divin dans le monde manifesté »

La Crise du Monde Moderne, Chap. I

« En somme, sa manifestation est proprement la « redescente du Ciel en Terre » dont parle la Table d’Émeraude, et l’être qui apporte ainsi les influences célestes en ce monde, après les avoir « incorporées » à sa propre nature, peut être dit représenter véritablement le Ciel par rapport au domaine humain. »

La Grande Triade, Chap. XXIV

(note) « On peut remarquer que par-là se rejoignent d’une certaine façon la conception du Prophète et celle de l’Avatâra, qui procèdent en sens inverse l’une de l’autre, la seconde partant de la considération du principe qui se manifeste, tandis que la première part de celle du « support » de cette manifestation »

Aperçus sur l’Ésotérisme Islamique et le Taoïsme, Chap. V

« […] elle peut être une allusion à l’Incarnation, ou, d’une façon plus générale, à la manifestation du Verbe dans le Monde, considérée en quelque sorte comme une « descente » (c’est le sens exact du terme sanscrit avatâra, qui désigne toute manifestation divine). »

Écrits pour Regnabit, Le Cœur du Monde dans la Kabbale Hébraïque 

« […] nombre d’Hindous orthodoxes n’hésitent pas à le regarder comme un Avatâra, c’est-à-dire comme une « manifestation divine » […] »

Introduction Générale à l’Étude des Doctrines Hindoues, III 4

« […] un caractère proprement « avatârique », c’est-à-dire la montre effectivement comme une « descente » (c’est le sens propre du mot avatâra) par laquelle un principe, ou un être qui représente celui-ci parce qu’il lui est identifié, est manifesté dans le monde extérieur, ce qui, évidemment, ne saurait en aucune façon altérer l’immutabilité du Principe comme tel »

Initiation et Réalisation Spirituelle, Chap. XXXII

« […] le sens propre du terme avatâra est « descente » du Principe divin dans le monde manifesté. »

Symboles de la Science Sacrée, Chap. XXII

(note) « […] de là aussi, en sanscrit, divers termes contenant étymologiquement l’idée de « traverser », y compris celui d’Avatâra, qui exprime littéralement une « traversée descendante » (avatarana), c’est-à-dire la « descente » d’un Sauveur. »

Symboles de la Science Sacrée, Chap. LVI

AVIDYÂ (sanskrit)

« […] et c’est en ce sens que l’illusion est aussi « ignorance » (avidyâ), c’est-à-dire précisément le contraire ou l’inverse de la « Sagesse » […] »

Études sur l’Hindouisme, Chap. X

« […] l’ignorance (avidyâ), c’est-à-dire l’erreur […] »

L’Homme et son Devenir selon le Vêdânta, Chap. XI (chapitre de la 1ère édition supprimé ultérieurement par l’auteur)

AVYAKTA (sanskrit)

« Elle est indifférenciée (avyakta) […]»

L’Homme et son Devenir selon le Vêdânta, Purusha et Prakriti

« Cet état d’indifférenciation, dans lequel toute la connaissance, y compris celle des autres états, est centralisée synthétiquement dans l’unité essentielle et fondamentale de l’être, est l’état non-manifesté ou « non-développé » (avyakta), principe et cause (kârana) de toute la manifestation, et à partir duquel celle-ci est développée dans la multiplicité de ses divers états, et plus particulièrement, en ce qui concerne l’être humain, dans ses états subtil et grossier. Ce non-manifesté, conçu comme racine du manifesté (vyakta) qui n’est que son effet (kârya), est identifié sous ce rapport à Mûla-Prakriti, la « Nature primordiale » »

L’Homme et son Devenir selon le Vêdânta, Chap. XV

« Cet état d’indifférenciation, dans lequel toute la connaissance (y compris celle des autres états) est centralisée synthétiquement dans l’unité de l’être, est l’état non-manifesté (avyakta), principe et cause de toute la manifestation, dont les objets (tant externes qu’internes) ne sont point détruits, mais subsistent en mode principiel, le Soi (âtman) demeurant conscient par lui-même de sa propre existence dans l’« éternel présent ». »

Recueil, La constitution de l’être humain et son évolution posthume selon le Vêdânta

AXE (du Monde)

« Cet axe invariable, en effet, est le « support divin » de toute existence ; il est, comme l’enseignent les doctrines extrême-orientales, la direction selon laquelle s’exerce l’« Activité du Ciel », le lieu de manifestation de la « Volonté du Ciel». »

Symboles de la Science Sacrée, Chap. LXXV

« […] cet « invariable milieu » est proprement le point de rencontre de l’« Axe du Monde » (selon la direction duquel s’exerce l’« Activité du Ciel ») avec le domaine des possibilités humaines ; en d’autres termes, c’est seulement le centre de l’état humain, qui n’est qu’une image réfléchie du Centre universel. »

Écrits pour Regnabit, Le centre du monde dans les doctrines extrême-orientales

« […] le trait vertical n’est autre que l’axe qui unit effectivement entre eux tous les états d’existence, tandis que le centre où se situe l’« homme primordial », et qui est marqué dans le caractère par le point de rencontre du trait vertical avec le trait médian horizontal, au milieu de celui-ci, ne se rapporte qu’à un seul état, qui est l’état individuel humain »

La Grande Triade, Chap. XVII

« […] Or nous verrons par la suite que l’axe vertical, qui relie tous les états de l’être en les traversant en leurs centres respectifs, est le lieu de manifestation de ce que la tradition extrême-orientale appelle l’« Activité du Ciel », qui est précisément l’activité « non-agissante » de Purusha, par laquelle sont déterminées en Prakriti les productions qui correspondent à toutes les possibilités de manifestation. »

Le Symbolisme de la Croix, Chap. VI

« De ce qui précède, il résulte que le pas de l’hélice, élément par lequel les extrémités d’un cycle individuel, quel qu’il soit, échappent au domaine propre de l’individualité, est la mesure de la « force attractive de la Divinité ». L’influence de la « Volonté du Ciel » dans le développement de l’être se mesure donc parallèlement à l’axe vertical »

« L’axe vertical représente alors le lieu métaphysique de la manifestation de la « Volonté du Ciel » »

« […] nous voyons que l’axe vertical est déterminé comme expression de la « Volonté du Ciel » dans le développement de l’être, ce qui détermine en même temps la direction des plans horizontaux, représentant les différents états, et la correspondance horizontale et verticale de ceux-ci, établissant leur hiérarchisation. »

Le Symbolisme de la Croix, Chap. XXIII

AYNUL-KHULD (arabe)

« […] l’expression arabe aynulkhuld présente le double sens d’« œil d’immortalité » et de « fontaine d’immortalité » »

Symboles de la Science Sacrée, Chap. LXXII

B

BABYLONE

« Un autre nom remarquable est celui de Babylone : Bab-Ilu signifie « porte du Ciel », ce qui est une des qualifications appliquées par Jacob à Luz »

Le Roi du Monde, Chap. XI

BÂLYA (sanskrit)

« Cette « simplicité », c’est aussi ce qui est désigné ailleurs comme l’état d’« enfance » (en sanscrit bâlya), entendu naturellement au sens spirituel, et qui, dans la doctrine hindoue, est considéré comme une condition préalable pour l’acquisition de la connaissance par excellence. »

Aperçus sur l’Ésotérisme Islamique et le Taoïsme, Chap. IV

« […] ces trois attributs sont dans l’ordre ascendant, bâlya, pânditya et mauna. Le premier de ces mots désigne littéralement un état comparable à celui d’un enfant (bâla) : c’est un stade de « non-expansion », si l’on peut ainsi parler, où toutes les puissances de l’être sont pour ainsi dire concentrées en un point, réalisant par leur unification une simplicité indifférenciée, apparemment semblable à la potentialité embryonnaire. C’est aussi, en un sens un peu différent, mais qui complète le précédent (car il y a là à la fois résorption et plénitude), le retour à l’« état primordial » dont parlent toutes les traditions, et sur lequel insistent plus spécialement le Taoïsme et l’ésotérisme islamique »

L’Homme et son Devenir selon le Vêdânta, Chap. XXIV

BAQÂH (arabe)

« […] baqâ est […] « permanence » »

Aperçus sur l’Ésotérisme Islamique et le Taoïsme, C.R de. « Illumination in Islamic Mysticism » d’Edward Jabra Jurji

BARZAKH (arabe)

« Il est essentiel de considérer ici ces deux faces opposées, puisque ce dont il s’agit est précisément, si l’on peut s’exprimer ainsi, la « limite » même posée entre El-Haqq et el-Khalq, « limite » par laquelle la création est séparée de son Principe divin et lui est unie tout à la fois, suivant le point de vue sous lequel on l’envisage ; c’est donc, en d’autres termes, le barzakh par excellence. »

Aperçus sur l’Ésotérisme Islamique et le Taoïsme, Chap. V

BARAKAH (arabe)

« […] une « influence spirituelle » (nous employons cette expression pour rendre aussi exactement que possible la signification du mot arabe barakah) »

Aperçus sur l’Ésotérisme Islamique et le Taoïsme, Chap. I

« […] des « influences spirituelles » (nous préférons cette expression au mot « bénédictions » pour traduire l’hébreu berakoth, d’autant plus que c’est là le sens qu’a gardé très nettement en arabe le mot barakah) »

Le Roi du Monde, Chap. III

BÉTYLE

« […] une pierre sacrée, ce qu’on appelle souvent un « bétyle » ; et ce dernier mot est encore des plus remarquables. Il semble, en effet, que ce ne soit pas autre chose que l’hébreu Beith-El, « maison de Dieu » […] »

Écrits pour Regnabit, L’Omphalos, Symbole du Centre

« Le « bétyle » est proprement la représentation de l’Omphalos, c’est-à-dire un symbole du « Centre du Monde », qui s’identifie tout naturellement à l’« habitacle divin » »

« le « bétyle » était une « pierre prophétique », une « pierre qui parle », c’est-à-dire une pierre qui rendait des oracles, ou auprès de laquelle les oracles étaient rendus, grâce aux « influences spirituelles » dont elle était le support »

« Les « bétyles » sont donc essentiellement des pierres sacrées, mais qui n’étaient pas toutes d’origine céleste »

Symboles de la Science Sacrée, Chap. XXV

BHAKTI (sanskrit)

« […] même si l’on veut rendre bhakti, en langage occidental, par « dévotion » comme on le fait le plus ordinairement, bien que ce ne soit là tout au plus qu’une acception dérivée et que le sens premier et essentiel du mot soit en réalité celui de « participation », ainsi que l’a montré M. Ananda K. Coomaraswamy, « dévotion » n’est pas « service », ou, du moins, ce serait exclusivement « service divin » »

Aperçus sur l’Initiation, Chap. XXXVI

« […] la voie qui lui convient est la voie qu’on pourrait appeler « dévotionnelle », s’il est permis de se servir d’un tel mot pour rendre, assez imparfaitement d’ailleurs, le terme sanscrit de bhakti, c’est-à-dire la voie qui prend pour point de départ un élément d’ordre émotif.»

Autorité Spirituelle et Pouvoir Temporel, Chap. IV

(note) « […] dans ses dérivés, comme bhaga et surtout bhakti, les idées prédominantes sont celles de vénération, d’adoration, de respect, de dévouement ou d’attachement. »

Études sur l’Hindouisme, Âtma-Gîtâ

« […] Quant à la notion même de bhakti, des idées comme celles d’« amour » et de « renonciation » ne suffisent peut-être pas à la définir, surtout si, comme c’est ici le cas, on ne cherche pas à les rattacher à son sens premier, qui est celui de « participation ». »

Études sur l’Hindouisme, C R de « Bhakti-Yoga » de Swâmî-Vivêkânanda

BHAKTI-YOGA (sanskrit)

« En sanscrit, on donne le nom de Bhakti-Yoga à une forme inférieure et incomplète de Yoga, qui se réalise, soit par les œuvres (karma), soit par tout autre moyen d’acquérir des mérites, c’est-à-dire de réaliser un développement individuel. Bien que ne pouvant dépasser le domaine de l’individualité, cette réalisation est quelque chose de plus que celle dont nous venons de parler, car elle s’étend à l’individualité intégrale, et non plus seulement à l’individualité corporelle ; mais elle ne peut jamais être équivalente à la communion totale dans l’Universel, qui est la Râdja-Yoga. »

Recueil, La prière et l’incantation

BHÛ (sanskrit)

« […] ils sont appelés en sanscrit bhûtas, mot dérivé de la racine verbale bhû, qui signifie « être », mais plus particulièrement au sens de « subsister » c’est-à-dire qui désigne l’être manifesté envisagé sous son aspect « substantiel » (l’aspect « essentiel » étant exprimé par la racine as) ; par suite, une certaine idée de « devenir » s’attache aussi à ce mot, car c’est du côté de la « substance » qu’est la racine de tout « devenir », par opposition à l’immutabilité de l’« essence » »

Études sur l’Hindouisme, Chap. IV

« […] les deux racines as et bhû ne sont certes pas synonymes, mais leur rapport correspond exactement à celui de l’« essence » et de la « substance » ; en toute rigueur, le mot « être » devrait effectivement être réservé à la traduction de la première et des termes qui s’y rattachent, tandis que l’idée exprimée par la seconde est proprement celle d’« existence », en entendant par-là l’ensemble de toutes les modifications qui dérivent de Prakriti. Il va de soi que cette idée d’« existence » implique en quelque façon celle de « devenir », mais aussi qu’elle ne s’y réduit point tout entière, car, dans l’aspect « substantiel » auquel elle se réfère, il y a aussi l’idée de « subsistance » »

Études sur l’Hindouisme, C R de. « To become or not to become (that is the question !), Episodes in the history of an Indian word » de Mrs Rhys Davids.

« […] la Terre (Bhû, c’est-à-dire le monde corporel ou le domaine de la manifestation grossière) […] »

L’Homme et son Devenir selon le Vêdânta, Chap. XXII

BHUTÂS (sanskrit)

« Comprenant dans son objet ce qui se rapporte aux choses sensibles ou corporelles, qui sont d’ordre éminemment individuel, le Vaishêshika s’est occupé de la théorie des éléments, qui sont les principes constitutifs des corps, avec plus de détails que ne pouvaient le faire les autres branches de la doctrine ; il faut remarquer cependant qu’on est obligé de faire appel à ces dernières, et surtout au Sânkhya, lorsqu’il s’agit de rechercher quels sont les principes plus universels, dont procèdent ces éléments. Ceux-ci sont, suivant la doctrine hindoue, au nombre de cinq ; ils sont appelés en sanscrit bhûtas, mot dérivé de la racine verbale bhû, qui signifie « être », mais plus particulièrement au sens de « subsister » c’est-à-dire qui désigne l’être manifesté envisagé sous son aspect « substantiel » (l’aspect « essentiel » étant exprimé par la racine as) ; par suite, une certaine idée de « devenir » s’attache aussi à ce mot, car c’est du côté de la « substance » qu’est la racine de tout « devenir », par opposition à l’immutabilité de l’« essence » .»

Études sur l’Hindouisme, Chap. IV

«[…] les cinq bhûtas ou éléments substantiels et sensibles) sont productions (improductives). »

L’Homme et son Devenir selon le Vêdânta, Chap. IV

« […] les bhûtas appartiennent incontestablement au domaine de la manifestation grossière, puisque ce sont les éléments corporels »

L’Homme et son Devenir selon le Vêdânta, Chap. VI

« Après la conscience individuelle (ahankâra), l’énumération des tattwas du Sânkhya comporte, dans le même groupe des « productions productives », les cinq tanmâtras, déterminations élémentaires subtiles, donc incorporelles et non perceptibles extérieurement, qui sont, d’une façon directe, les principes respectifs des cinq bhûtas ou éléments corporels et sensibles, et qui ont leur expression définie dans les conditions mêmes de l’existence individuelle au degré où se situe l’état humain. »

L’Homme et son Devenir selon le Vêdânta Chap. VIII

« […] (comme la forme corporelle est composée des cinq bhûtas, ou éléments corporels et sensibles) […] »

L’Homme et son Devenir selon le Vêdânta, Chap. XIX

« […] les cinq bhûtas ou éléments constitutifs des choses corporelles […]»

Introduction Générale à l’Étude des Doctrines Hindoues, Chap. X

BHUVAS (sanskrit)

«[…] les trois termes du Tribhuvana : la Terre (Bhû), l’Atmosphère (Bhuvas), le Ciel (Swar), c’est-à-dire, en d’autres termes, le monde de la manifestation corporelle, le monde de la manifestation subtile ou psychique, le monde principiel non manifesté. »

Le Roi du Monde, Chap. IV

BODHISATTWA (sanskrit)

(note) « Les Bodhisattwas, que l’on pourrait faire correspondre au degré de l’« homme transcendant ». »

La Grande Triade, Chap. XXIV

« […] l’état de Bodhisattwa, c’est-à-dire de « l’état de l’être pleinement éveillé qui, bien que n’étant plus lié par la Loi de Causalité qu’il a dépassée, continue cependant librement à suivre les vicissitudes de la Ronde de l’Existence en vertu de son identification avec toutes les créatures qui sont encore soumises à l’illusion égocentrique et à la souffrance qui en est la conséquence ». »

Études sur l’Hindouisme C R de « Peaks and Lamas » de M. Pallis

« […] il est « celui qui est allé ainsi » (tathâ-gata) »

Initiation et Réalisation Spirituelle, Chap. XXXII

BOGDO-KHAN (mongol)

« […] le BogdoKhan ou « Bouddha vivant » »

Le Roi du Monde, Chap. I

BOLCHEVISME

« […] ce mouvement est nettement antitraditionnel, donc d’esprit entièrement moderne et occidental. Il est profondément ridicule de prétendre opposer à l’esprit occidental la mentalité allemande ou même russe, et nous ne savons quel sens les mots peuvent avoir pour ceux qui soutiennent une telle opinion, non plus que pour ceux qui qualifient le bolchevisme d’ « asiatique » ; en fait, l’Allemagne est au contraire un des pays où l’esprit occidental est porté à son degré le plus extrême ; et, quant aux Russes, même s’ils ont quelques traits extérieurs des Orientaux, ils en sont aussi éloignés intellectuellement qu’il est possible. »

Orient et Occident, Chap. IV

BOREE

« […] Vârâhî est donc « Borée », et la vérité est que le nom habituel d’« Hyperborée » fut employé seulement par les Grecs à une époque où ils avaient déjà perdu le sens de cette antique désignation ; il vaudrait donc mieux, en dépit de l’usage qui a prévalu depuis lors, qualifier la tradition primordiale, non pas d’« hyperboréenne », mais simplement de « boréenne », affirmant par là sans équivoque sa connexion avec la « Borée » ou « terre du sanglier ». »

Symboles de la Science Sacrée, Chap. XXIV

BOUDDHISME

«Dans l’Inde, par exemple, on vit naître le Bouddhisme, c’est-à-dire une révolte contre l’esprit traditionnel, allant jusqu’à la négation de toute autorité, jusqu’à une véritable anarchie dans l’ordre intellectuel et dans l’ordre social »

Aperçus sur l’Ésotérisme islamique et le Taoïsme, Chap. VII

(note) « […] le Bouddhisme, qui est postérieur au Jaïnisme, semble bien lui être lié par ses origines ; en tout cas, ce sont là deux manifestations de la révolte des Kshatriyas contre l’autorité spirituelle et la suprématie intellectuelle des Brâhmanas »

L’Homme et son Devenir selon le Vêdânta Chap. XXV

« […]  le Bouddhisme, quel qu’il soit, et même dans les aspects les plus « simplistes » qu’il ait pu revêtir dans quelques-unes de ses branches, est tout de même encore oriental malgré tout »

« le Bouddhisme n’est pas plus « athée » qu’il n’est « théiste » ou « panthéiste » ; ce qu’il faut dire simplement, c’est qu’il ne se place pas au point de vue par rapport auquel ces divers termes ont un sens ; mais, s’il ne s’y place pas, c’est précisément qu’il n’est point une religion. »

« […] le Bouddhisme authentique n’est ni « pessimiste » ni « optimiste », car, pour lui, les questions ne se posent pas précisément de cette façon »

« La vérité est que le Bouddhisme n’est ni une religion ni une philosophie, bien que, surtout dans celles de ses formes qui ont la préférence des orientalistes, il soit plus rapproché de l’une et de l’autre à quelques égards que ne le sont les doctrines traditionnelles hindoues. »

Introduction Générale à l’Étude des Doctrines Hindoues, Chap. IV

BRAHAMÂTMÂ (sanskrit)

« Suivant Saint-Yves, le chef suprême de l’Agarttha porte le titre de Brahâtmâ (il serait plus correct d’écrire Brahmâtmâ) « support des âmes dans l’Esprit de Dieu » ; ses deux assesseurs sont le Mahâtmâ, « représentant l’Âme universelle », et le Mahânga, « symbole de toute l’organisation matérielle du Cosmos » : c’est la division hiérarchique que les doctrines occidentales représentent par le ternaire « esprit, âme, corps », et qui est appliquée ici selon l’analogie constitutive du Macrocosme et du Microcosme. Il importe de remarquer que ces termes, en sanscrit, désignent proprement des principes, et qu’ils ne peuvent être appliqués à des êtres humains qu’en tant que ceux-ci représentent ces mêmes principes, de sorte que, même dans ce cas, ils sont attachés essentiellement à des fonctions, et non à des individualités.»

Le Roi du Monde, Chap. IV

« […] C’est ainsi que certains ont distingué Adoni-Tsedeq, le « Seigneur de Justice », qui se dédouble en quelque sorte en Kohen-Tsedeq, le « Prêtre de Justice », et Melki-Tsedeq, le « Roi de Justice » ; ces trois aspects peuvent en effet être considérés comme se rapportant respectivement aux fonctions du Brahâtmâ, du Mahâtmâ et du Mahânga »

Le Roi du Monde, Chap. VI

BRAHMA (sanskrit)

« […] il est dit enfin que ce qui réside dans le cœur c’est Brahma même, le Principe divin dont procède et dépend entièrement toute existence, et qui, de l’intérieur, pénètre, soutient et illumine toutes choses. »

Symboles de la Science Sacrée, Chap. LXXIV

« « Il est Brahma, après la possession duquel il n’y a rien à posséder ; après la jouissance de la félicité duquel il n’y a point de félicité qui puisse être désirée ; et après l’obtention de la connaissance duquel il n’y a point de connaissance qui puisse être obtenue.

« Il est Brahma, lequel ayant été vu, aucun autre objet n’est contemplé ; avec lequel étant devenu identifié, aucune naissance n’est éprouvée ; lequel étant perçu, il n’y a plus rien à percevoir. »

« Il est Brahma, qui est répandu partout, dans tout : dans l’espace moyen, dans ce qui est au-dessus et dans ce qui est au-dessous ; le vrai, le vivant, l’heureux, sans dualité, indivisible, éternel et un. »

« Il est Brahma, qui est sans grandeur, inétendu, incréé, incorruptible, sans figure, sans qualités ou caractère. »

« Il est Brahma, par lequel toutes choses sont éclairées, dont la lumière fait briller le Soleil et tous les corps lumineux, mais qui n’est pas rendu manifeste par leur lumière. »

« Il pénètre lui-même sa propre essence éternelle, et il contemple le Monde entier apparaissant comme étant Brahma. »

« Brahma ne ressemble point au Monde, et hors Brahma il n’y a rien ; tout ce qui semble exister en dehors de lui est une illusion. »

« De tout ce qui est vu, de tout ce que est entendu, rien n’existe que Brahma, et, par la connaissance du principe, Brahma est contemplé comme l’Être véritable, vivant, heureux, sans dualité. »

« L’œil de la Connaissance contemple l’Être véritable, vivant, heureux, pénétrant tout ; mais l’œil de l’ignorance ne le découvre point, ne l’aperçoit point comme un homme aveugle ne voit point la lumière. »

« Quand le Soleil de la Connaissance spirituelle se lève dans le ciel du cœur, il chasse les ténèbres, il pénètre tout, embrasse tout et illumine tout. »

Remarquons que le Brahma dont il est question ici est le Brahma supérieur. »

« « Il est le grand Brahma, qui est éternel, pur, libre, un, incessamment heureux, non deux, existant, percevant et sans fin. » »

Mélanges, Chap. I

« […] C’est pourquoi on doit les considérer, dans l’Universel, comme étant Brahma Lui-même, qui est sans dualité, et hors duquel il n’est rien, ni manifesté ni non-manifesté. »

« « Lui (le Suprême Brahma, auquel Âtmâ non-conditionné est identique), l’œil ne Le pénètre point, ni la parole, ni la pensée (ou le sens interne, manas) ; nous ne Le reconnaissons point (comme compréhensible), et c’est pourquoi nous ne savons comment enseigner Sa nature (par une description quelconque). Il est supérieur à ce qui est connu (distinctement, ou à l’Univers manifesté), et Il est même au-delà de ce qui n’est pas connu (distinctement, ou de l’Univers non-manifesté) ; tel est l’enseignement que nous avons reçu des Sages d’autrefois. On doit considérer que Ce qui n’est point manifesté par la parole (ni par aucune autre faculté), mais par quoi la parole est manifestée (ainsi que toutes les autres facultés), est Brahma (dans Son Infinité), et non ce qui est envisagé (dans ses rapports avec la Divinité et sa participation à Ses attributs) comme « ceci » (un être individuel quelconque) ou « cela » (l’Être Universel lui-même, indépendamment de toute individualisation). » »

« « Ceci est Brahma, car Il est le Connaisseur (total) » »

Recueil, Chap. IV

« […] et pourtant Brahma, en tant qu’Îshwara ou l’Être Universel, est dit savishêsha, c’est-à-dire « impliquant la distinction », car il en est le principe déterminant immédiat »

L’Homme et son Devenir selon le Vêdânta, Chap. XXIII

« Brahma ne ressemble point au Monde, et hors Brahma il n’y a rien (car, s’il y avait quelque chose hors de Lui, Il ne pourrait être infini) ; tout ce qui semble exister en dehors de Lui ne peut exister (de cette façon) qu’en mode illusoire, comme l’apparence de l’eau (le mirage) dans le désert (marû) »

L’Homme et son Devenir selon le Vêdânta, Chap. XXVI

« Le Principe impersonnel, donc absolument universel, est désigné comme Brahma »

Introduction Générale à l’Étude des Doctrines Hindoues, Chap. VII

« […] nous avons marqué la distinction fondamentale qu’il faut faire entre Îshwara qui est l’Être et Brahma, qui est au-delà de l’Être.»

Introduction Générale à l’Étude des Doctrines Hindoues, Chap. XII

« Brahma est à la fois « être et non-être » (sadasat), « manifesté et non-manifesté » (vyaklâvyakta), « son et silence » (shabdâshabda), sans quoi il ne serait pas véritablement la Totalité absolue »

Initiation et Réalisation Spirituelle, Chap. XXXII

« « Ce qu’est le Soi » et « ce qu’est Brahma » sont deux questions qui ne comportent véritablement qu’une seule et même réponse. »

Études sur l’Hindouisme

« « Brahma est la Vérité, la Connaissance, l’Infini » »

Les États Multiples de l’Être, Chap. XVI

« Brahma est « non-qualifié » (nirguna), « au-delà » de toute distinction » (nirvishêsha), absolument inconditionné, et que la manifestation universelle toute entière est rigoureusement nulle au regard de Son Infinité. »

L’Homme et son Devenir selon le Vêdânta, Chap. I

« Si Brahma n’était pas « sans parties » (akhanda), on pourrait dire qu’un quart de Lui seulement est dans l’Être (y compris tout ce qui en dépend, c’est-à-dire la manifestation universelle dont il est le principe), tandis que Ses trois autres quarts sont au-delà de l’Être. »

L’Homme et son Devenir selon le Vêdânta, Chap. XVI

« « Lui (le Suprême Brahma, auquel Âtmâ inconditionné est identique), l’œil ne L’atteint point, ni la parole, ni le « mental » ; nous ne Le reconnaissons point (comme compréhensible par autre que Lui-même), et c’est pourquoi nous ne savons comment enseigner Sa nature (par une description quelconque). Il est supérieur à ce qui est connu (distinctivement, ou à l’Univers manifesté), et Il est même au-delà de ce qui n’est pas connu (distinctivement, ou de l’Univers non-manifesté, un avec l’Être pur) ; tel est l’enseignement que nous avons reçu des Sages d’autrefois. On doit considérer que Ce qui n’est point manifesté par la parole (ni par aucune autre chose), mais par quoi la parole est manifestée (ainsi que toutes choses), est Brahma (dans Son Infinité), et non ce qui est envisagé (en tant qu’objet de méditation) comme « ceci » (un être individuel ou un monde manifesté, suivant que le point de vue se rapporte au « microcosme » ou au « macrocosme ») ou « cela » (Îshwara ou l’Être Universel lui-même, en dehors de toute individualisation et de toute manifestation) » »

L’Homme et son Devenir selon le Vêdânta, Chap. XVI

BRAHMACHÂRÎ (sanskrit)

« […] Brahmachârî ou « étudiant de la Science sacrée », disciple d’un Guru […] »

« […] le Murîd est le disciple, c’est-à-dire le Brahmachârî hindou. »

L’Homme et son Devenir selon le Vêdânta, Chap. XXIV

« […]le Brahmachârin, c’est-à-dire l’étudiant qui aspire à l’initiation ou seconde naissance […] cependant, en fait, l’état de Brahmachârin se poursuit le plus souvent pendant un certain nombre d’années après l’initiation, qui, dans ce cas, n’est pas pleinement effective tout d’abord (bien que le rite possède pourtant en lui-même une efficacité ou une « influence spirituelle »), mais doit plutôt être regardée comme n’étant, dans une certaine mesure, que le symbole de la seconde naissance, un peu de la même façon, mais cependant avec quelque chose de plus, que les trois grades de la Maçonnerie symbolisent ceux de l’initiation véritable»

Recueil, Chap. IV

BRAHMA-DANDA (sanskrit)

« […] bâton brahmanique (Brahma-danda) […] »

Études sur l’Hindouisme, Chap. III

« […] certaines formes du Brahma-danda ou bâton brâhmanique, qui est une image de l’« Axe du Monde » »

La Grande Triade, Chap. V

BRAHMA-LOKA (sanskrit)

« […] par le Brahma-Loka, il faut entendre ici exclusivement le séjour de Hiranyagarbha, puisque tout aspect plus élevé du « Non-Suprême » dépasse les possibilités individuelles. »

L’Homme et son Devenir selon le Vêdânta, Chap. XXIII

BRAHMA MÎMÂNSÂ (sanskrit)

«[…] la Brahma-Mîmânsâ est appelée plus ordinairement Vêdânta, ce qui signifie « fin du Vêda », le mot de « fin » devant être entendu dans son double sens de conclusion et de but ; sa base se trouve dans les textes vêdiques auxquels on donne le nom d’Upanishads. »

Recueil, Chap. III

« […] la seconde est appelée Brahma-Mîmânsâ, comme concernant essentiellement la connaissance de Brahma »

Introduction Générale à l’Étude des Doctrines Hindoues, Chap. XIII

BRAHMÂNDA (sanskrit)

« Pour passer de là à l’application « microcosmique », il suffit de rappeler l’analogie qui existe entre le pinda, embryon subtil de l’être individuel, et le Brahmânda ou l’« Œuf du Monde » »

Aperçus sur l’Initiation, Chap. XLVIII

(note) « La condition embryonnaire, qui correspond pour chaque être individuel à ce qu’est le Brahmânda dans l’ordre cosmique, est appelé en sanskrit pinda ; et l’analogie constitutive du « microcosme » et du « macrocosme » considérés sous cet aspect est exprimée par cette formule : Yathâ pinda tathâ Brahmânda, « tel l’embryon individuel, tel l’Œuf du Monde » »

L’Homme et son Devenir selon le Vêdânta, Chap. XIV

« Par l’opération de l’« Esprit Universel » (Âtmâ), projetant le « Rayon Céleste » qui se réfléchit sur le miroir des « Eaux », au sein de celles-ci est enfermée une étincelle divine, germe spirituel incréé, qui, dans l’Univers potentiel (Brahmânda ou « Œuf du Monde »), est cette détermination du « Non-Suprême » Brahma (Apara-Brahma) que la tradition hindoue désigne comme Hiranyagarbha (c’est-à-dire l’« Embryon d’Or ») »

Le Symbolisme de la Croix, Chap. XXIV

« […] milieu embryogénique dans lequel sont déposés les germes du monde manifesté, germes correspondant, dans l’ordre « macrocosmique », au Brahmânda ou « Œuf du Monde » […]»

Symboles de la Science Sacrée, Chap. XIX

BRÂHMANE (sanskrit)

« […] c’est alors qu’apparaissent aussi, comme séparés l’un de l’autre, le pouvoir spirituel et le pouvoir temporel, qui constituent précisément, dans leur exercice distinct, les fonctions respectives des deux premières castes, celle des Brâhmanes et celle des Kshatriyas. »

Autorité Spirituelle et Pouvoir Temporel, Chap. I

(note) « […] dans le Purusha-sûkta du Rig-Vêda, les Brâhmanes sont représentés comme correspondant à la bouche de Purusha, envisagé comme l’« Homme Universel », tandis que les Kshatriyas correspondent à ses bras, parce que leurs fonctions se rapportent essentiellement à l’action. »

Autorité Spirituelle et Pouvoir Temporel, Chap. II

« […] il est très remarquable que l’organisation sociale du moyen âge occidental ait été calquée exactement sur la division des castes, le clergé correspondant aux Brâhmanes, la noblesse aux Kshatriyas, le tiers-état aux Vaishyas, et les serfs aux Shûdras »

Autorité Spirituelle et Pouvoir Temporel, Chap. III

« Sagesse et force, tels sont les attributs respectifs des Brâhmanes et des Kshatriyas, ou, si l’on préfère, de l’autorité spirituelle et du pouvoir temporel »

Autorité Spirituelle et Pouvoir Temporel, Chap. IV

« La contemplation et l’action, en effet, sont respectivement les fonctions propres des deux premières castes, celle des Brâhmanes et celle des Kshatriyas ; aussi leurs rapports sont-ils en même temps ceux de l’autorité spirituelle et du pouvoir temporel »

La Crise du Monde Moderne, Chap. III

(note) « […] il est dit que le Brâhmane est le type des êtres stables, et que le Kshatriya est le type des êtres mobiles ou changeants »

La Crise du Monde Moderne, Chap. III

« Cela est vrai notamment du sens social, dans lequel les fonctions de contemplation et d’action, se rapportant respectivement au supra-individuel et à l’individuel, sont considérées comme étant celles du Brâhmane et du Kshatriya. Il est dit que le Brahmane est le type des êtres fixes ou immuables (sthâvara), et que le Kshatriya est le type des êtres mobiles ou changeants (jangama) »

Études sur l’Hindouisme, Chap. I

« Aussi le Brâhmane est-il supérieur au Kshatriya, comme la connaissance est supérieure à l’action ; en d’autres termes, l’autorité spirituelle est supérieure au pouvoir temporel »

Études sur l’Hindouisme, Chap. II

« Aux Kshatriyas appartient normalement toute la puissance extérieure, puisque le domaine de l’action, c’est le monde extérieur ; mais cette puissance n’est rien sans un principe intérieur, purement spirituel, qu’incarne l’autorité des Brâhmanes, et dans lequel elle trouve sa seule garantie valable. En échange de cette garantie, les Kshatriyas doivent, à l’aide de la force dont ils disposent, assurer aux Brâhmanes le moyen d’accomplir en paix, à l’abri du trouble et de l’agitation, leur propre fonction de connaissance et d’enseignement »

Études sur l’Hindouisme, Chap. II

« Les Brâhmanes, étant de nature « sattwique », sont particulièrement qualifiés pour le Jnâna-mârga, et il est dit expressément qu’ils doivent tendre aussi directement que possible à la possession des états supérieurs de l’être ; d’ailleurs, leur fonction même dans la société traditionnelle est essentiellement et avant tout une fonction de connaissance. »

Initiation et Réalisation Spirituelle, Chap. XVIII

« […] le Brâhmane est supérieur au Kshatriya par nature, et non point parce qu’il a pris plus ou moins arbitrairement la première place dans la société ; il l’est parce que la connaissance est supérieure à l’action, parce que le domaine « métaphysique » est supérieur au domaine « physique », comme le principe est supérieur à ce qui en dérive »

Aperçus sur l’Initiation, Chap. XL

BRAHMA-PURA (sanscrit)

« […] le centre de l’être, auquel nous avons fait allusion plus haut, est désigné par la tradition hindoue comme la « ville de Brahma » (en sanscrit Brahma-Pura) »

L’Ésotérisme de Dante, Chap. VIII

« […] le Pardes, le centre de ce monde, que le symbolisme traditionnel de tous les peuples compare au cœur, centre de l’être et « résidence divine » (Brahma-pura dans la doctrine hindoue) […]»

Le Roi du Monde, Chap. III

BRAHMA-RANDHRA (sanskrit)

« […] l’orifice qui correspond à la couronne de la tête (Brahma-randhra) »

  Études sur l’Hindouisme, Chap.III

« […] la couronne de la tête1

[1] C’est le Brahma-randhra ou orifice de Brahma, point de contact de la sushumnâ ou « artère coronale » avec le « rayon solaire ») »

Le Roi du Monde, Chap. VII

« La « Voie du Milieu » correspond, dans l’ordre « microcosmique », à l’artère subtile sushumnâ de la tradition hindoue, qui aboutit au Brahma-randhra (représenté par le point où le mât du char sort du dais, ou le pilier central du stûpa du dôme), et, dans l’ordre « macrocosmique », au « rayon solaire » appelé également sushumnâ et avec lequel cette artère est en communication constante »

La Grande Triade, Chap. XVII

BRAHMA SAGUNA (sanskrit)

« On peut parler de Brahma saguna ou « qualifié » […] »

Le Règne de la Quantité et les Signes des Temps, Chap. I

BRAHMA-SÛTRAS (sanskrit)

« Les enseignements principaux du Vêdânta, tels qu’ils se dégagent expressément des Upanishads, ont été coordonnés et formulés synthétiquement dans une collection d’aphorismes portant les noms de Brahma-Sûtras et de Shârîraka-Mîmânsâ; l’auteur de ces aphorismes, qui est appelé Bâdarâyana et Krishna-Dwaipâyana, est identifié à Vyâsa. Il importe de remarquer que les Brahma-Sûtras appartiennent à la classe d’écrits traditionnels appelée Smriti […] »

L’Homme et son Devenir selon le Vêdânta, Chap. I

BRAHMA-VIDYÂ (sanskrit)

« […] la Connaissance Divine (Brahma-Vidyâ) »

L’Homme et son Devenir selon le Vêdânta, Chap. I

BUDDHI (sanskrit)

« […] l’Intelligence universelle (Buddhi de la doctrine hindoue) »

Les États Multiples de l’Être, Chap. VII

« […] l’intellect transcendant (Buddhi) […] »

Les États Multiples de l’Être, Chap. VIII

(note) « Ici, le terme « intellect » est aussi transposé au-delà de l’Être, donc à plus forte raison au-delà de Buddhi, qui, quoique d’ordre universel et informel, appartient encore au domaine de la manifestation, et par conséquent ne peut être dite inconditionnée. »

Les États Multiples de l’Être, Chap. XVI

(note) « Buddhi, qui est l’Intellect pur et qui, comme telle, correspond au Spiritus et à la manifestation informelle, est elle-même la première des productions de Prakriti, en même temps qu’elle est aussi, d’autre part, le premier degré de la manifestation d’Âtmâ ou du Principe transcendant »

La Grande Triade, Chap. XI

« […] Buddhi, tout en étant informelle et supra-individuelle, est encore manifestée, et, par suite, relève de Prakriti dont elle est la première production ».

L’Homme et son Devenir selon le Vêdânta, Chap. V

« […] Le premier degré de la manifestation d’Âtmâ, en entendant cette expression au sens que nous avons précisé dans le chapitre précédent, est l’intellect supérieur (Buddhi), qui, comme nous l’avons vu plus haut, est aussi appelé Mahat ou le « grand principe » : c’est le second des vingt-cinq principes du Sânkhya, donc la première de toutes les productions de Prakriti. Ce principe est encore d’ordre universel, puisqu’il est informel ; cependant, on ne doit pas oublier qu’il appartient déjà à la manifestation, et c’est pourquoi il procède de Prakriti, car toute manifestation, à quelque degré qu’on l’envisage, présuppose nécessairement ces deux termes corrélatifs et complémentaires que sont Purusha et Prakriti, l’« essence » et la « substance ». Il n’en est pas moins vrai que Buddhi dépasse le domaine, non seulement de l’individualité humaine, mais de tout état individuel quel qu’il soit, et c’est ce qui justifie son nom de Mahat ; elle n’est donc jamais individualisée en réalité, et ce n’est qu’au stade suivant que nous trouverons l’individualité effectuée, avec la conscience particulière (ou mieux « particulariste ») du « moi ». Buddhi, considérée par rapport à l’individualité humaine ou à tout autre état individuel, en est donc le principe immédiat, mais transcendant, comme, au point de vue de l’Existence universelle, la manifestation informelle l’est de la manifestation formelle ; et elle est en même temps ce qu’on pourrait appeler l’expression de la personnalité dans la manifestation, donc ce qui unifie l’être à travers la multiplicité indéfinie de ses états individuels (l’état humain, dans toute son extension, n’étant qu’un de ces états parmi les autres). »

L’Homme et son Devenir selon le Vêdânta, Chap. VII

(note) « […] Buddhi, c’est-à-dire à l’intellect supra-individuel »

  L’Homme et son Devenir selon le Vêdânta, Chap. XIV

« Nous avons appliqué précédemment cette expression d’« intuition intellectuelle » à Buddhi, faculté de connaissance supra-rationnelle et supra-individuelle, bien que déjà manifestée »

L’Homme et son Devenir selon le Vêdânta, Chap. XV

« Au premier degré est Buddhi, qui est aussi appelée Mahat ou le « grand principe », et qui est l’intellect pur, transcendant par rapport aux individus »

Introduction Générale à l’Étude des Doctrines Hindoues, Chap. XI

« Nous devons maintenant passer à l’énumération des degrés successifs de la manifestation individuelle d’âtman, dont le premier est l’intellect supérieur (Buddhi), qui est aussi appelé Mahat ou le grand principe, et qui n’est encore individualisé qu’en mode principiel (non effectivement), ce qui revient à dire qu’il est le principe immédiat de l’individualité. Si l’on regarde le Soi comme le Soleil spirituel qui brille au centre de l’être total, Buddhi sera le rayon directement émané de ce Soleil et illuminant dans son intégralité l’état d’être que nous envisageons, tout en le reliant aux autres états et au centre lui-même »

« Cet intellect (Buddhi), passant de l’état de puissance universelle à l’état individualisé (en se manifestant, mais sans cesser d’être tel qu’il était), produit la conscience individuelle (ahankâra), qui donne naissance au sentiment du moi. »

Recueil, Chap. IV

« […] c’est le principe que la doctrine hindoue désigne sous les nom de Buddhi et de Mahat, « qui constitue l’élément supérieur non-incarné de l’homme, et qui lui sert de guide à travers les phases de l’évolution universelle » »

Le Symbolisme de la Croix, Chap. XXIV

(note) « L’« Intellect actif », représenté par Madonna, est le « rayon céleste » qui constitue le lien entre Dieu et l’homme et qui conduit l’homme à Dieu (p. 54) : c’est la Buddhi hindoue. »

Aperçus sur l’Ésotérisme Chrétien, Chap. IV

(note) « L’intellect pur, qui est d’ordre universel et non individuel, et qui relie entre eux tous les états de l’être, est le principe que la doctrine hindoue appelle Buddhi, nom dont la racine exprime essentiellement l’idée de « sagesse » »

Autorité Spirituelle et Pouvoir Temporel, Chap. VIII

BUDDHÎNDRIYAS (sanskrit)

« Les diverses facultés de sensation et d’action (désignées par le terme prâna dans une acception secondaire) sont au nombre de onze : cinq de sensation (buddhîndriyas ou jnânêndriyas, moyens ou instruments de connaissance dans leur domaine particulier), cinq d’action (karmêndriyas), et le sens interne (manas). »

L’Homme et son Devenir selon le Vêdânta, Chap. VIII

C

ÇAFF (arabe)

« Le mot çaff, « rang », est un de ceux, d’ailleurs nombreux, dans lesquels certains ont voulu trouver l’origine des termes çûfi et taçawwuf ; bien que cette dérivation ne semble pas acceptable au point de vue purement linguistique, il n’en est pas moins vrai que, de même que plusieurs autres du même genre, elle représente une des idées contenues réellement dans ces termes, car les « hiérarchies spirituelles » s’identifient essentiellement aux degrés de l’initiation. »

Symboles de la Science Sacrée, Chap. VII

CANAUX SUBTILS

« […] les « canaux » subtils (nâdîs) ne sont pas plus des nerfs qu’ils ne sont des vaisseaux sanguins ; ce sont, peut-on dire, « les lignes de direction que suivent les forces vitales. De ces « canaux », les trois principaux sont sushumnâ, qui occupe la position centrale, idâ et pingalâ, les deux nâdîs de gauche et de droite, la première féminine ou négative, la seconde masculine ou positive, ces deux dernières correspondant ainsi à une « polarisation » des courants vitaux. Sushumnâ est « située » à l’intérieur de l’axe cérébro-spinal s’étendant jusqu’à l’orifice qui correspond à la couronne de la tête (Brahmarandhra) ; idâ et pingalâ sont à l’extérieur de ce même axe, autour duquel elles s’entrecroisent par une sorte de double enroulement hélicoïdal, pour aboutir respectivement aux deux narines gauche et droite, étant ainsi en rapport avec la respiration alternée de l’une à l’autre narine »

Études sur l’Hindouisme, Chap. III

CARMINA (latin)

« […] carmina (charmes, incantations, mot identique au sanscrit karma entendu au sens technique d’ « acte rituel ») »

Aperçus sur l’Ésotérisme Chrétien, Chap IV

CASTE

« […] la distinction des castes n’est pas autre chose en principe qu’une classification des êtres humains suivant leurs natures individuelles »

Initiation et Réalisation Spirituelle, Chap. XVIII

« […] dans une collectivité humaine hiérarchiquement organisée, il faut assigner à chacun la fonction qui convient à sa propre nature individuelle, et c’est là le principe sur lequel repose essentiellement, dans l’Inde, l’institution des castes. »

Orient et Occident, Chap. I

«La réalisation effective des états multiples de l’être se réfère à la conception de ce que différentes doctrines traditionnelles, et notamment l’ésotérisme islamique, désigne comme l’« Homme Universel », conception qui, comme nous l’avons dit ailleurs, établit l’analogie constitutive de la manifestation universelle et de sa modalité individuelle humaine, ou, pour employer le langage de l’hermétisme occidental, du « macrocosme » et du « microcosme ». Cette notion peut d’ailleurs être envisagée à différents degrés et avec des extensions diverses, la même analogie demeurant valable dans tous ces cas : ainsi, elle peut être restreinte à l’humanité elle-même, envisagée soit dans sa nature spécifique, soit même dans son organisation sociale, car c’est sur cette analogie que repose essentiellement, entre autres applications, l’institution des castes. »

Le Symbolisme de la Croix, Chap. II

(note) « Le mot varna, qui signifie proprement « couleur », et par généralisation « qualité », est employé analogiquement pour désigner la nature ou l’essence d’un principe ou d’un être ; de là dérive aussi son usage dans le sens de « caste », parce que l’institution des castes, envisagée dans sa raison profonde, traduit essentiellement la diversité des natures propres aux différents individus humains.»

Le Symbolisme de la Croix, Chap. V

(note) « Naturellement, le cas de la caste ne fait nullement exception ici ; cela résulte d’ailleurs, plus visiblement que pour tout autre cas, de la définition de la caste comme étant l’expression même de la nature individuelle (varna) et ne faisant pour ainsi dire qu’un avec celle-ci, ce qui indique bien qu’elle n’existe qu’autant que l’être est envisagé dans les limites de l’individualité, et que, si elle existe nécessairement tant qu’il y est contenu, elle ne saurait par contre subsister pour lui au-delà de ces mêmes limites, tout ce qui constitue sa raison d’être se trouvant exclusivement à l’intérieur de celles-ci et ne pouvant être transporté dans un autre domaine d’existence, où la nature individuelle dont il s’agit ne répond plus à aucune possibilité. »

La Grande Triade, Chap. XIII

« Ce que nos contemporains paraissent ignorer complètement, c’est qu’un travail n’est réellement valable que s’il est conforme à la nature même de l’être qui l’accomplit, s’il en résulte d’une façon en quelque sorte spontanée et nécessaire, si bien qu’il n’est pour cette nature que le moyen de se réaliser aussi parfaitement qu’il est possible. C’est là, en somme, la notion même du swadharma, qui est le véritable fondement de l’institution des castes »

Initiation et Réalisation Spirituelle, Chap. X

« […] la caste, que les Hindous désignent indifféremment par l’un ou l’autre des deux mots jâti et varna, est une fonction sociale déterminée par la nature propre de chaque être humain. Le mot varna, dans son sens primitif, signifie « couleur », et certains ont voulu trouver là une preuve ou tout au moins un indice du fait supposé que la distinction des castes aurait été fondée à l’origine sur des différences de race, mais il n’en est rien, car le même mot a, par extension, le sens de « qualité » en général, d’où son emploi analogique pour désigner la nature particulière d’un être, ce qu’on peut appeler son « essence individuelle », et c’est bien là ce qui détermine la caste, sans que la considération de la race ait à intervenir autrement que comme un des éléments qui peuvent influer sur la constitution de la nature individuelle. Quant au mot jâti, son sens propre est celui de « naissance », et l’on prétend en conclure que la caste est essentiellement héréditaire, ce qui est encore une erreur : si elle est le plus souvent héréditaire en fait, elle ne l’est point strictement en principe, le rôle de l’hérédité dans la formation de la nature individuelle pouvant être prépondérant dans la majorité des cas, mais n’étant pourtant nullement exclusif »

Introduction Générale à l’Étude des Doctrines Hindoues, Chap. VI

« […] c’est véritablement une répartition hiérarchique des êtres humains en conformité avec la nature propre de chacun d’eux. »

Études sur l’Hindouisme, Chap. VI

« […] la caste, entendue dans son vrai sens traditionnel, n’est pas autre chose que la nature individuelle elle-même, avec tout l’ensemble des aptitudes spéciales qu’elle comporte et qui prédisposent chaque homme à l’accomplissement de telle ou telle fonction déterminée. »

La Crise du Monde Moderne, Chap. VI

CATHOLICISME

« […] étymologiquement, exprime l’idée d’« universalité », ce qu’oublient un peu trop ceux qui voudraient n’en faire que la dénomination exclusive d’une forme spéciale et purement occidentale, sans aucun lien effectif avec les autres traditions ; et l’on peut dire que, dans l’état présent des choses, le Catholicisme n’a qu’une existence virtuelle, puisque nous n’y trouvons pas réellement la conscience de l’universalité ; mais il n’en est pas moins vrai que l’existence d’une organisation qui porte un tel nom est l’indication d’une base possible pour une restauration de l’esprit traditionnel dans son acception complète, et cela d’autant plus que, au moyen âge, elle a déjà servi de support à cet esprit dans le monde occidental. »

La Crise du Monde Moderne, Chap. IX

CENTRE

« Si l’on ne considère que la croix horizontale, l’axe vertical y est représenté par le point central lui-même, qui est celui où il rencontre le plan horizontal ; ainsi, tout plan horizontal, symbolisant un état ou un degré quelconque de l’Existence, a en ce point qui peut être appelé son centre (puisqu’il est l’origine du système de coordonnées auquel tout point du plan pourra être rapporté) cette même image de l’immutabilité. »

« Le centre de la croix est donc le point où se concilient et se résolvent toutes les oppositions ; en ce point s’établit la synthèse de tous les termes contraires »

Le Symbolisme de la Croix, Chap. VII

« […] le centre est, en raison de son caractère principiel, ce qu’on pourrait appeler le « lieu » de la non-manifestation. »

Symboles de la Science Sacrée, Chap. XVI

« […] le centre est le principe dont procède tout l’espace […] »

Symboles de la Science Sacrée, Chap. LVII

« […] c’est toujours là qu’est nécessairement le centre, qui est le lieu de l’union de l’individuel avec l’Universel. »

Symboles de la Science Sacrée, Chap. XXX

« […] l’intuition intellectuelle peut être dite supra-humaine, puisqu’elle est une participation directe de l’intelligence universelle, qui, résidant dans le cœur, c’est-à-dire au centre même de l’être, là où est son point de contact avec le Divin, pénètre cet être par l’intérieur et l’illumine de son rayonnement. »

Symboles de la Science Sacrée, Chap. LXX

« Le « Royaume de Dieu », de même que la « maison de Dieu » (Beith-El), s’identifie naturellement au centre, c’est-à-dire à ce qu’il y a de plus intérieur, soit par rapport à l’ensemble de tous les êtres, soit par rapport à chacun d’eux pris en particulier. »

« le Verbe divin, suivant qu’on l’envisage comme subsistant éternellement en soi-même ou comme se faisant le « Centre du Monde », est à la fois principe et germe de tous les êtres.»

Symboles de la Science Sacrée, Chap. LXXIII

« […] le centre vital est considéré comme correspondant au plus petit ventricule du cœur ; et il est clair que ceci (où nous retrouvons d’ailleurs l’idée de « petitesse » dont nous avons parlé au sujet du grain de sénevé) prend une signification toute symbolique quand on le transpose au-delà du domaine corporel ; mais il doit être bien entendu que, comme tout symbolisme vrai et authentiquement traditionnel, celui-là est fondé dans la réalité, par une relation effective existant entre le centre pris au sens supérieur ou spirituel et le point déterminé de l’organisme qui lui sert de représentation. »

Symboles de la Science Sacrée Chap. LXXIV

« Nous avons déjà parlé en plusieurs occasions du symbolisme de la « Cité divine » (Brahmapura dans la tradition hindoue) : on sait que ce qui est désigné proprement ainsi est le centre de l’être, représenté par le cœur qui lui correspond d’ailleurs effectivement dans l’organisme corporel, et que ce centre est la résidence de Purusha, identifié au Principe divin (Brahma) en tant que celui-ci est l’« ordonnateur interne » (antaryâmî) qui régit tout l’ensemble des facultés de cet être par l’activité « non-agissante » qui est la conséquence immédiate de sa seule présence. »

Symboles de la Science Sacrée Chap. LXXV

« Nous n’avons pas encore fini d’indiquer toutes les significations du Centre : s’il est d’abord un point de départ, il est aussi un point d’aboutissement ; tout est issu de lui, et tout doit finalement y revenir. Puisque toutes choses n’existent que par le Principe et ne sauraient subsister sans lui, il doit y avoir entre elles et lui un lien permanent, figuré par les rayons joignant au centre tous les points de la circonférence »

« Le Centre est, avant tout, l’origine, le point de départ de toutes choses ; c’est le point principiel, sans forme et sans dimensions, donc indivisible, et, par suite, la seule image qui puisse être donnée de l’Unité primordiale. De lui, par son irradiation, toutes choses sont produites, de même que l’Unité produit tous les nombres, sans que son essence en soit d’ailleurs modifiée ou affectée en aucune façon. »

« le point central, c’est le Principe, c’est l’Être pur ; et l’espace qu’il emplit de son rayonnement, et qui n’est que par ce rayonnement même (le Fiat Lux de la Genèse), sans lequel cet espace ne serait que « privation » et néant, c’est le Monde au sens le plus étendu de ce mot, l’ensemble de tous les êtres et de tous les états d’existence qui constituent la manifestation universelle. »

« […] le Centre est à la fois le principe et la fin de toutes choses ; il est, suivant un symbolisme bien connu, l’alpha et l’oméga. Mieux encore, il est le principe, le milieu et la fin ; […] il est également, et par excellence, un symbole du Verbe, qui est bien réellement le véritable « Centre du Monde ». »

Symboles de la Science Sacrée, Chap. VIII

« […] au centre de l’état humain, c’est-à-dire au point où s’établit la communication avec les états supérieurs de l’être. »

Symboles de la Science Sacrée VII La Langue des Oiseaux

« […] le centre d’un état tel que le nôtre, étant le point de communication directe avec les états supérieurs, est en même temps le pôle essentiel de l’existence dans cet état »

Le Règne de la Quantité et les Signes des Temps, Chap. XXIII

« […] l’action de la Volonté du Ciel dans l’évolution de l’être se mesure donc parallèlement à l’axe vertical. Celui-ci représente alors le lieu métaphysique de la manifestation de la Volonté du Ciel, et il traverse chaque plan horizontal en son centre, c’est-à-dire au point où se réalise l’équilibre en lequel réside cette manifestation, ou, en d’autres termes, l’harmonisation complète de tous les éléments constitutifs de l’état d’être correspondant : c’est l’Invariable Milieu, où se reflète, en se manifestant, l’Unité suprême, qui, en elle-même, est la Perfection Active, la volonté du Ciel non manifestée »

Recueil, Chap. II

« […] l’orientation rituelle : celle-ci, en effet, est proprement la direction vers un centre spirituel, qui, quel qu’il soit, est toujours une image du véritable « Centre du Monde » »

Le Roi du Monde, Chap. VIII

« […] Ce point est le pivot de la norme ; c’est le centre immobile d’une circonférence, sur le contour de laquelle roulent toutes les contingences, les distinctions et les individualités ; d’où l’on ne voit qu’un infini, qui n’est ni ceci ni cela, ni oui ni non. »

Aperçus sur l’Ésotérisme islamique et le Taoïsme, Chap. VII

«  […] le centre dont il s’agit est le point fixe que toutes les traditions s’accordent à désigner symboliquement comme le « Pôle », puisque c’est autour de lui que s’effectue la rotation du monde […] »

Le Roi du Monde, Chap. II

« […] Cette unité, telle que nous venons de la considérer, et dans laquelle réside l’équilibre, est ce que la tradition extrême-orientale appelle l’« Invariable Milieu » ; et, suivant cette même tradition, cet équilibre ou cette harmonie est, au centre de chaque état et de chaque modalité de l’être, le reflet de l’« Activité du Ciel ». »

Les Principes du Calcul Infinitésimal, Chap. XVII

« […] puisque le centre est le « lieu » qui correspond proprement à l’« état primordial », et que d’ailleurs le centre et le pôle sont au fond une seule et même chose, car il s’agit toujours en cela du point unique qui demeure fixe et invariable dans toutes les révolutions de la « roue du devenir ». Le centre de l’état humain peut donc être représenté comme le pôle terrestre, et celui de l’Univers total comme le pôle céleste ; et l’on peut dire que le premier est ainsi le « lieu » de l’« homme véritable », et le second celui de l’« homme transcendant ». »

La Grande Triade, Chap. XXV

« […] le centre ne participe pas au mouvement de la roue, mais est le point fixe et immuable autour duquel s’effectue ce mouvement. »

La Grande Triade, Chap. IX

« […] ce centre, qui est proprement l’« Invariable Milieu » (Tchoung-young), est par là même le point unique où s’opère, dans cet état, l’union des influences célestes et des influences terrestres, en même temps qu’il est aussi le seul d’où est possible une communication directe avec les autres états d’existence, celle-ci devant nécessairement s’effectuer suivant l’axe lui-même. Or, en ce qui concerne notre état, le centre est le « lieu » normal de l’homme, ce qui revient à dire que l’« homme véritable » est identifié à ce centre même. »

La Grande Triade, Chap. XIV

« […] bien que le centre ne soit apparemment qu’un point sans étendue, c’est pourtant ce point qui, principiellement, contient toutes choses en réalité. »

La Grande Triade, Chap. XIV

« […] en d’autres termes, c’est seulement le centre de l’état humain, qui n’est qu’une image réfléchie du Centre universel. Ce centre du domaine humain, en somme, n’est pas autre chose que le Paradis terrestre, ou l’état qui y correspond, ce qu’on peut appeler l’« état édénique » »

Écrits pour Regnabit, Le Centre du Monde dans les doctrines extrême-orientales

« […] la connaissance des « grands mystères », étant celle des principes immuables, exige la contemplation immobile dans la « grande solitude », au point fixe qui est le centre de la roue, le pôle invariable autour duquel s’accomplissent, sans qu’il y participe, les révolutions de l’Univers manifesté. »

Études sur la Franc-Maçonnerie et le Compagnonnage, Chap. VII

« […] le centre, que rien ne peut affecter dans son unité indifférenciée, est le point de départ de la multitude indéfinie des modifications qui constituent la manifestation universelle. »

Aperçus sur l’Ésotérisme Islamique et le Taoïsme, Chap. VII

(note) « […] Le centre immobile est l’image du principe immuable […] »

Autorité Spirituelle et Pouvoir Temporel, Chap. III

CHAKRA (sanskrit)

« […] chakras ou centres subtils de l’être humain […] »

Aperçus sur l’Initiation, Chap. XLVIII

« […] Ces centres sont appelés « roues » (chakras) […] »

« Les six chakras sont : mûlâdhâra, à la base de la colonne vertébrale ; swâdhishthâna, correspondant à la région abdominale ; manipûra, à la région ombilicale ; anâhata, à la région du cœur ; vishuddha, à la région de la gorge ; âjnâ à la région située entre les deux yeux, c’est-à-dire au « troisième œil » ; enfin, au sommet de la tête, autour du Brahma-randhra, est un septième « lotus », sahasrâra ou le « lotus à mille pétales », qui n’est pas compté au nombre des chakras, parce que, comme nous le verrons par la suite, il se rapporte, en tant que « centre de conscience », à un état qui est au-delà des limites de l’individualité. »

Études sur l’Hindouisme Chap. III

« C’est le long de la sushumnâ que se trouvent les chakras qui sont les centres subtils de l’individualité, et à certains desquels correspondent les différentes positions du luz ou « noyau d’immortalité » […] »

Symboles de la Science Sacrée, Chap. XXXIII

CHAKRAVARTÎ (sanskrit)

« Il convient d’ajouter que le terme Chakravartî, qui n’a rien de spécialement bouddhique, s’applique fort bien, suivant les données de la tradition hindoue, à la fonction du Manu ou de ses représentants : c’est, littéralement, « celui qui fait tourner la roue », c’est-à-dire celui qui, placé au centre de toutes choses, en dirige le mouvement sans y participer lui-même, ou qui en est, suivant l’expression d’Aristote, le « moteur immobile ». »

Le Roi du Monde, Chap. II

CHAOS

(note) « […] le paralytique est Purusha, en tant qu’immuable ou « non-agissant », et l’aveugle est Prakriti, dont la potentialité indifférenciée s’identifie aux ténèbres du chaos »

Autorité Spirituelle et Pouvoir Temporel, Chap. V

(note) « La pure potentialité, c’est l’indifférenciation absolue de la « matière première » au sens aristotélicien, identique à l’indistinction du chaos primordial. »

Symboles de la Science Sacrée, Chap. LXXIII

« […] le sens inférieur représente proprement le « chaos », c’est-à-dire l’état d’indifférenciation ou d’indistinction qui est au point de départ de la manifestation, soit dans sa totalité, soit relativement à chacun de ses états »

Initiation et Réalisation Spirituelle, Chap. XXXI

« […] c’est la vibration originelle du Fiat Lux qui détermine le début du processus cosmogonique par lequel le « chaos » sera ordonné pour devenir le « cosmos », Les ténèbres représentent toujours, dans le symbolisme traditionnel, l’état des potentialités non développées qui constituent le « chaos »1.

[1] Il y a aussi un autre sens supérieur du symbolisme des ténèbres, se rapportant à l’état de non-manifestation principielle »

Aperçus sur l’Initiation, Chap. XLVI

CHIFFRE

« […] le chiffre n’est proprement rien de plus que le vêtement du nombre »

Mélanges, Chap. II

CHINTÂMANI (sanskrit)

« […] On pourrait dire alors que cette pierre, en tant qu’elle représente un « achèvement » ou un « accomplissement », est, dans le langage de la tradition hindoue, un chintâmani, ce qui équivaut à l’expression alchimique occidentale de « pierre philosophale » »

Symboles de la Science Sacrée, Chap. XLIII

CHIRAJÎVIS (sanskrit)

« […] l’un des sept Chirajîvis, littéralement « êtres doués de longévité », dont l’existence n’est point limitée à une époque déterminée1.

[1] On rencontre quelque chose de semblable dans d’autres traditions : ainsi, dans le Taoïsme, il est question de huit « Immortels » ; d’ailleurs, c’est Melki-Tsedeq « qui est sans père, sans mère, sans généalogie, qui n’a ni commencement ni fin de sa vie » (St Paul, Épître aux Hébreux, VII, 3) ; et il serait sans doute facile de trouver encore d’autres rapprochements du même genre. »

L’Homme et son Devenir selon le Vêdânta, Chap. I

CHIROLOGIE

« La chirologie, si étrange que cela puisse sembler à ceux qui n’ont aucune notion de ces choses, se rattache directement, sous sa forme islamique, à la science des noms divins »

Aperçus sur l’Ésotérisme Islamique et le Taoïsme Chap. VII

CHIT (sanskrit)

« […] la Conscience pure (Chit), totale et informelle […] »

Études sur l’Hindouisme, Chap. III

« […] le mot « conscience » peut être parfois universalisé, par une transposition purement analogique, et nous l’avons fait nous-même ailleurs pour rendre la signification du terme sanscrit Chit; mais une telle transposition n’est possible que lorsqu’on se limite à l’Être » 

Les États Multiples de L’Être, Chap. XVI

« Le terme Chit doit être entendu, non pas, comme l’était précédemment son dérivé chitta, au sens restreint de la pensée individuelle et formelle (cette détermination restrictive, qui implique une modification par réflexion, étant marquée dans le dérivé par le suffixe kta, qui est la terminaison du participe passif), mais bien au sens universel, comme la Conscience totale du « Soi » envisagée dans son rapport avec son unique objet, lequel est Ânanda ou la Béatitude. »

L’Homme et son Devenir selon le Vêdânta, Chap. XV

CHUTE

« […] tout développement cyclique, c’est-à-dire en somme, tout processus de manifestation, impliquant nécessairement un éloignement graduel du principe, constitue bien véritablement en effet, une « descente », ce qui est d’ailleurs aussi le sens réel de la « chute » dans la tradition judéo-chrétienne. »

Formes Traditionnelles et Cycles Cosmiques, Chap. I

« […] la pesanteur représente […], dans le domaine des forces physiques au sens le plus ordinaire de ce mot, la tendance descendante et compressive, qui entraîne pour l’être une limitation de plus en plus étroite, et qui va en même temps dans le sens de la multiplicité, figurée ici par une densité de plus en plus grande ; et cette tendance est celle-là même qui marque la direction suivant laquelle l’activité humaine s’est développée depuis le début de l’époque moderne. En outre, il y a lieu de remarquer que la matière, par son pouvoir de division et de limitation tout à la fois, est-ce que la doctrine scolastique appelle le « principe d’individuation », et ceci rattache les considérations […] au sujet de l’individualisme : cette même tendance dont il vient d’être question est aussi, pourrait-on dire, la tendance « individualisante », celle selon laquelle s’effectue ce que la tradition judéo-chrétienne désigne comme la « chute » des êtres qui se sont séparés de l’unité originelle. »

La Crise du Monde Moderne, Chap. VI

CIEUX

« […] les cieux sont proprement des « hiérarchies spirituelles », c’est-à-dire des degrés d’initiation; et il va de soi qu’ils se rapportent en même temps aux degrés de l’existence universelle, car, comme nous le disions alors, en vertu de l’analogie constitutive du Macrocosme et du Microcosme, le processus initiatique reproduit rigoureusement le processus cosmogonique. »

Symboles de la Science Sacrée, Chap. X

(note) « […] les Cieux correspondent aux états informels […] »

Symboles de la Science Sacrée, Chap. LX

(note) « […] les Cieux, étant les états informels, sont nécessairement incorruptibles, c’est-à-dire qu’il n’y a plus de dissolution ou de désintégration possible pour l’être qui a atteint ces états. »

L’Homme et son Devenir selon le Vêdânta, Chap. XXII

(note) « […] les différents « cieux » qui sont les états supérieurs de l’être »

Initiation et Réalisation Spirituelle, Chap. XXXI

« […] les États Supérieurs de l’Être, […] sont représentés par les cieux, de même que la terre représente l’état humain. »

L’Erreur Spirite, Chap. X

« […] tout ce qui est dit théologiquement des anges peut être dit métaphysiquement des états supérieurs de l’être, de même que, dans le symbolisme astrologique du moyen âge, les « cieux », c’est-à-dire les différentes sphères planétaires et stellaires, représentent ces mêmes états, et aussi les degrés initiatiques auxquels correspond leur réalisation »

Les États Multiples de l’Être, Chap. XIII

CINQ BONHEURS (Taoïsme)

« De ces Quatre Bonheurs, les deux premiers sont la Longévité, qui, en réalité, n’est pas autre chose que l’immortalité (individuelle), et la Postérité, qui consiste dans les prolongements indéfinis de l’individu à travers toutes ses modalités d’existence. Ces deux Bonheurs ne concernent donc que l’individualité étendue, tandis que les deux suivants se rapportent aux états supérieurs et extra-individuels de l’être, et, par conséquent, constituent les attributs propres du Yogi, correspondant respectivement à ses deux fonctions de Pandit et de Muni : ce sont le Grand Savoir, c’est-à-dire l’intégralité de la Connaissance Divine, et la Solitude Parfaite, dont nous venons de parler. Ces Quatre Bonheurs obtiennent leur plénitude dans le Cinquième, qui les contient tous en principe et les unit synthétiquement dans leur essence unique et indivisible ; ce Cinquième Bonheur n’est point nommé, ne pouvant être l’objet d’aucune connaissance distinctive, mais il est facile de comprendre que ce dont il s’agit ici n’est autre que l’Identité Suprême, obtenue dans et par la réalisation complète et totale de l’Homme Universel. »

Recueil, Chap. IV

CIVILISATION

« […] la signification étymologique des mots « civilisation » et « politique », dérivés respectivement du latin civitas et du grec polis, qui l’un et l’autre signifient « cité » »

Comptes Rendus, étude intitulée What is Civilization ? Albert Schweitzer Festschrift, par A. K Coomaraswamy

« […] une civilisation n’est pas autre chose que le produit et l’expression d’une certaine mentalité. »

Introduction Générale à l’Étude des Doctrines Hindoues, Partie I, Chap. I

CIVILISATION MODERNE

« […] la civilisation moderne est vraiment ce qu’on peut appeler une civilisation quantitative, ce qui n’est qu’une autre façon de dire qu’elle est une civilisation matérielle. »

La Crise du Monde Moderne, Chap. VII

CIVILISATION TRADITIONNELLE

« Ce que nous appelons une civilisation normale, c’est une civilisation qui repose sur des principes, au vrai sens de ce terme, et où tout est ordonné et hiérarchisé en conformité avec ces principes, de telle sorte que tout y apparaît comme l’application et le prolongement d’une doctrine purement intellectuelle ou métaphysique en son essence ; c’est ce que nous voulons dire aussi quand nous parlons d’une civilisation traditionnelle. »

Orient et Occident, Conclusion

CLERC

« […] originairement, « clerc » ne signifie pas autre chose que « savant » »

Autorité Spirituelle et Pouvoir Temporel, Chap. II

COAGULATION

(note) « […] la « coagulation » et la « solution » hermétiques correspondent […] respectivement à la compression et à l’expansion. »

Les Principes du Calcul Infinitésimal, Chap. XVII

« […] cette considération du sens inverse pourrait aussi être appliquée aux deux phases complémentaires de la manifestation universelle : développement et enveloppement, expiration et aspiration, expansion et concentration, « solution » et « coagulation » »

Symboles de la Science Sacrée, Chap. LXXIII

« Le terme solve est parfois représenté par un signe qui montre le Ciel, et le terme coagula par un signe qui montre la Terre; c’est dire qu’ils s’assimilent aux actions du courant ascendant et du courant descendant de la force cosmique »

La Grande Triade, Chap. VI

« […] cette double opération de « coagulation » et de « solution » correspond très exactement à ce que la tradition chrétienne désigne comme le « pouvoir des clefs » ; en effet, ce pouvoir est double aussi, puisqu’il comporte à la fois le pouvoir de« lier » et celui de « délier » ; or « lier » est évidemment la même chose que « coaguler », et « délier » la même chose que « dissoudre » »

La Grande Triade, Chap. VI

CŒUR

« […] chez les Égyptiens le vase était le hiéroglyphe du cœur, centre vital de l’être. »

Aperçus sur l’Ésotérisme Chrétien, Chap. III

« En dehors des représentations où les cinq plaies du Crucifié sont figurées par autant de roses, la rose centrale, lorsqu’elle est seule, peut fort bien s’identifier au Cœur lui-même, au vase qui contient le sang, qui est le centre de la vie et aussi le centre de l’être tout entier. »

Aperçus sur l’Ésotérisme Chrétien, Chap. IX

« Il est à peine besoin de rappeler que le « cœur », pris symboliquement pour représenter le centre de l’individualité humaine envisagée dans son intégralité, est toujours mis en correspondance, par toutes les traditions, avec l’intellect pur, ce qui n’a absolument aucun rapport avec la « sentimentalité » que lui attribuent les conceptions profanes des modernes. »

Aperçus sur l’Initiation, Chap. XXXII

« La « caverne » n’est autre que la cavité du cœur, qui représente le lieu de l’union de l’individuel avec l’Universel, ou du « moi » avec le « Soi ». »

Études sur l’Hindouisme, Chap. I

« […] l’être doit avant tout identifier le centre de sa propre individualité (représenté par le cœur dans le symbolisme traditionnel) avec le centre cosmique de l’état d’existence auquel appartient cette individualité, et qu’il va prendre comme base pour s’élever aux états supérieurs. C’est en ce centre que réside l’équilibre parfait, image de l’immutabilité principielle dans le monde manifesté ; c’est là que se projette l’axe qui relie entre eux tous les états, le « rayon divin » qui, dans son sens ascendant, conduit directement à ces états supérieurs qu’il s’agit d’atteindre. »

L’Ésotérisme de Dante, Chap. VIII

« Nous avons fait allusion […] au rôle joué dans la tradition hébraïque, aussi bien que dans toutes les autres traditions, par le symbolisme du cœur, qui, là comme partout, représente essentiellement le « Centre du Monde ». »

Écrits pour Regnabit, Le Cœur du Monde dans la Kabbale Hébraïque

« Cette illumination dont parle saint Jean se produit au centre de l’être, qui est représenté par le Cœur, ainsi que nous l’avons déjà expliqué1, et qui est le point de contact de l’individu avec l’Universel, ou, en d’autres termes, de l’humain avec le Divin. »

Écrits pour Regnabit, La Terre Sainte et le Cœur du Monde

« Il est des mots qui, sous l’influence de conceptions toutes modernes, ont subi, dans l’usage courant, une étrange déviation et comme un amoindrissement de leur signification originelle ; le mot « cœur » est de ceux-là. N’a-t-on pas aujourd’hui l’habitude, en effet, de faire « cœur », quand on le prend au figuré, exclusivement synonyme de « sentiment » ? Et n’est-ce pas pour cela que, comme l’a fait très justement observer le R. P. Anizan (Regnabit, février 1926), on n’envisage généralement le Sacré-Cœur que sous l’angle restreint de la « dévotion », entendue comme quelque chose de purement affectif ? Cette façon de voir s’est même tellement imposée qu’on en est arrivé à ne plus s’apercevoir que le mot « cœur » a eu autrefois de tout autres acceptions ; ou du moins, quand on rencontre celles-ci dans certains textes où elles sont par trop évidentes, on se persuade que ce ne sont là que des significations exceptionnelles et, pour ainsi dire, accidentelles. C’est ainsi que, dans un livre récent sur le Sacré-Cœur, nous avons eu la surprise de constater ceci : après avoir indiqué que le mot « cœur » est employé pour désigner les sentiments intérieurs, le siège du désir, de la souffrance, de l’affection, de la conscience morale, de la force de l’âme, toutes choses d’ordre émotif, on ajoute simplement, en dernier lieu, qu’il « signifie même quelquefois l’intelligence ». Or c’est ce dernier sens qui est en réalité le premier, et qui, chez les anciens, a été regardé partout et toujours comme le sens principal et fondamental, alors que les autres, quand ils se rencontrent également, ne sont que secondaires et dérivés et ne représentent guère qu’une extension de l’acception primitive.

Pour les anciens, en effet, le cœur était le « centre vital », ce qu’il est effectivement tout d’abord dans l’ordre physiologique, et en même temps, par transposition ou, si l’on veut, par correspondance analogique, il représentait le centre de l’être de tous les points de vue, mais en premier lieu sous le rapport de l’intelligence ; il symbolisait le point de contact de l’individu avec l’Universel, le lieu de sa communication avec l’Intelligence divine elle-même. »

Écrits pour Regnabit, Cœur rayonnant et cœur enflammé

COLLECTIVITÉ

« La multiplicité envisagée en dehors de son principe, et qui ainsi ne peut plus être ramenée à l’unité, c’est, dans l’ordre social, la collectivité conçue comme étant simplement la somme arithmétique des individus qui la composent, et qui n’est en effet que cela dès lors qu’elle n’est rattachée à aucun principe supérieur aux individus ; et la loi de la collectivité, sous ce rapport, c’est bien cette loi du plus grand nombre sur laquelle se fonde l’idée « démocratique » »

La Crise du Monde Moderne, Chap. VI

« l’espèce ne doit en aucune façon être conçue comme une « collectivité », celle-ci n’étant rien d’autre qu’une somme arithmétique d’individus, c’est-à-dire, au contraire de l’espèce, quelque chose de tout quantitatif »

Le Règne de la Quantité et les Signes des Temps, Chap. VI

COLLEGIA FABRORUM (latin)

« Janus, qui était chez les Romains le dieu de l’initiation aux Mystères, était en même temps le patron des Collegia fabrorum, des corporations d’artisans qui se sont continuées à travers tout le moyen âge et, par le compagnonnage, jusque dans les temps modernes »

Études sur la Franc-Maçonnerie et le Compagnonnage, tome 1, Cologne ou Strasbourg ?

COMPAGNONNAGE

« […] le Compagnonnage et la Maçonnerie, c’est-à-dire des formes initiatiques basées essentiellement sur l’exercice d’un métier, à l’origine tout au moins, et, par conséquent, caractérisées par des méthodes particulières, symboliques et rituelles, en relation directe avec ce métier lui-même »

Aperçus sur l’Initiation, Chap. XIV

CONCENTRATION

« […] il s’agirait donc de la concentration et de l’unification de tous les éléments de l’être dans le travail intérieur, nécessaire pour que s’opère la « descente » de l’influence spirituelle au centre de cet être. »

Initiation et Réalisation Spirituelle, Chap. XXIII

« là où il y a nécessairement dispersion, la solitude, en tant qu’elle s’oppose à la multiplicité et qu’elle coïncide avec une certaine unité, est essentiellement concentration ; et l’on sait quelle importance est donnée effectivement à la concentration, par toutes les doctrines traditionnelles sans exception, en tant que moyen et condition indispensable de toute réalisation. »

Mélanges, Chap. V

« […] ce moyen, c’est la concentration ; et c’est là quelque chose d’absolument étranger, de contraire même aux habitudes mentales de l’Occident moderne, où tout ne tend qu’à la dispersion et au changement incessant. Tous les autres moyens ne sont que secondaires par rapport à celui-là : ils servent surtout à favoriser la concentration, et aussi à harmoniser entre eux les divers éléments de l’individualité humaine, afin de préparer la communication effective entre cette individualité et les états supérieurs de l’être. »

La Métaphysique Orientale

CONNAISSANCE EFFECTIVE

« […] la connaissance effective qui est la conséquence immédiate de la « réalisation », ou qui plutôt ne fait qu’un avec celle-ci. »

Aperçus sur l’Initiation, Chap. XXIX

« […] la connaissance effective est « par l’esprit et l’âme », c’est-à-dire en somme par l’être tout entier »

Aperçus sur l’Initiation, Chap. XXXII

« […] une identification du connaissant et du connu : identification encore imparfaite et comme « par reflet » dans le cas d’une connaissance simplement théorique, et identification parfaite dans le cas d’une connaissance effective. »

Aperçus sur l’Initiation, Chap. XLV

« Quant à la connaissance qui est restée purement théorique, il est évident qu’elle ne saurait nullement équivaloir à une telle réalisation, et, n’étant pas une saisie immédiate de son objet, elle ne peut avoir, comme nous l’avons déjà dit, qu’une valeur toute symbolique ; mais elle n’en constitue pas moins une préparation indispensable à l’acquisition de cette connaissance effective par laquelle, et par laquelle seule, s’opère la réalisation de l’être total. »

Les États Multiples de l’Être, Chap. XV

« […] toute connaissance effective constitue une acquisition permanente, obtenue par l’être une fois pour toutes, et que rien ne peut jamais lui faire perdre. »

Initiation et Réalisation Spirituelle, Chap. XXII

« […] l’immortalité véritable est essentiellement liée à la possession de ce « sens de l’éternité » ; et, comme celui-ci est donné par la connaissance effective de la vérité traditionnelle, on voit que tout ceci est parfaitement cohérent en réalité. »

Recueil, Chap. IV

« La connaissance par excellence, la seule qui mérite véritablement ce nom dans la plénitude de son sens, c’est la connaissance des principes, indépendamment de toute application contingente, et c’est celle-ci qui appartient exclusivement à ceux qui possèdent l’autorité spirituelle, parce qu’il n’y a en elle rien qui relève de l’ordre temporel, même entendu dans son acception la plus large. »

Autorité Spirituelle et Pouvoir Temporel, Chap. III

CONNAISSANCE ÉSOTÉRIQUE

«[…] chez les Sûfîs, le vin symbolise la connaissance ésotérique, la doctrine réservée à l’élite et qui ne convient pas à tous les hommes, de même que tous ne peuvent pas boire le vin impunément. »

Le Roi du Monde, Chap. VI

CONNAISSANCE (et action)

« […] Toute connaissance porte son fruit en elle-même, bien différente en cela de l’action qui n’est qu’une modification momentanée de l’être et qui est toujours séparée de ses effets. Ceux-ci, du reste, sont du même domaine et du même ordre d’existence que ce qui les a produits ; l’action ne peut avoir pour effet de libérer de l’action, et ses conséquences ne s’étendent pas au-delà des limites de l’individualité, envisagée d’ailleurs dans l’intégralité de l’extension dont elle est susceptible. L’action, quelle qu’elle soit, n’étant pas opposée à l’ignorance qui est la racine de toute limitation, ne saurait la faire évanouir :

Seule la connaissance dissipe l’ignorance comme la lumière du soleil dissipe les ténèbres et c’est alors que le « Soi », l’immuable et éternel principe de tous les états manifestés et non-manifestés, apparaît dans sa suprême réalité. »

Autorité Spirituelle et Pouvoir Temporel, Chap. I

CONNAISSANCE MÉTAPHYSIQUE

« […] la connaissance des principes, qui est la connaissance par excellence, la connaissance métaphysique au vrai sens de ce mot, est universelle comme les principes eux-mêmes, donc entièrement dégagée de toutes les contingences individuelles, qui interviennent au contraire nécessairement dès qu’on en vient aux applications […]. »

La Crise du Monde Moderne, Chap. II

CONNAISSANCE THÉORIQUE

« La connaissance théorique, n’est qu’une préparation, d’ailleurs indispensable, de la véritable connaissance. Elle est du reste la seule qui soit communicable d’une certaine façon, et encore ne l’est-elle pas complètement ; c’est pourquoi toute exposition n’est qu’un moyen d’approcher de la connaissance, et cette connaissance, qui n’est tout d’abord que virtuelle, doit ensuite être réalisée effectivement. »

La Métaphysique Orientale

CONSCIENCE INDIVIDUELLE

« Au degré suivant, au contraire, nous trouvons la conscience individuelle, ahankâra, qui procède du principe intellectuel par une détermination « particulariste », si l’on peut ainsi s’exprimer, et qui produit à son tour les éléments suivants. »

Introduction Générale à l’Étude des Doctrines Hindoues, Chap. XI

CONTEMPLATION

« […] la contemplation comme nous le préciserons encore plus loin, est la plus haute forme de l’activité, et beaucoup plus active en réalité que tout ce qui relève de l’action extérieure »

Initiation et Réalisation Spirituelle, Chap, XVI

CONTINGENCE

« […] est contingent tout ce qui n’a pas en soi-même sa raison suffisante »

Les États Multiples de l’Être, Chap. XVII

« Le changement, n’ayant pas en lui-même sa raison suffisante (c’est là, proprement, la définition de la contingence) doit recevoir d’un principe supérieur sa loi, par laquelle seule, il s’intègre à l’ordre universel. »

Autorité Spirituelle et Pouvoir Temporel, Chap. IX

CONTRE-INITIATION

« […] comme l’initiation, sous quelque forme qu’elle se présente, est ce qui incarne véritablement l’« esprit » d’une tradition et aussi ce qui permet la réalisation effective des états « suprahumains », il est évident que c’est à elle que doit s’opposer le plus directement (dans la mesure toutefois où une telle opposition est concevable) ce dont il s’agit ici, et qui tend au contraire, par tous les moyens, à entraîner les hommes vers l’« infrahumain » ; aussi le terme de « contre-initiation » est-il celui qui convient le mieux pour désigner ce à quoi se rattachent, dans leur ensemble, et à des degrés divers (car comme dans l’initiation encore, il y a forcément là des degrés), les agents humains par lesquels s’accomplit l’action antitraditionnelle ; et ce n’est pas là une simple dénomination conventionnelle employée pour parler plus commodément de ce qui n’a vraiment aucun nom, mais bien une expression qui correspond aussi exactement que possible à des réalités très précises. »

Le Règne de la Quantité et les Signes des Temps, Chap. XXVIII

CONTRE-TRADITION

« […] quant à la « contre-tradition », nous n’en voyons encore que les signes précurseurs, constitués précisément par toutes ces choses qui visent à contrefaire d’une façon ou d’une autre l’idée traditionnelle elle-même. Nous pouvons ajouter tout de suite que, de même que la tendance à la « solidification », exprimée par l’« antitradition », n’a pas pu atteindre sa limite extrême qui aurait été véritablement en dehors et au-dessous de toute existence possible, il est à prévoir que la tendance à la dissolution, trouvant à son tour son expression dans la « contre-tradition », ne le pourra pas davantage. »

Le Règne de la Quantité et les Signes des Temps, Chap. XXXVIII

CONTRE-VÉRITÉ

« Une telle conception n’est pas simplement une erreur quelconque, mais constitue proprement une « contre-vérité »; nous voulons dire par là qu’elle va exactement au rebours de la vérité, par un étrange renversement qui est bien caractéristique de l’esprit moderne. »

Mélanges, Chap. I

CONVERSION

« Le mot « conversion » peut être pris dans deux sens totalement différents : son sens originel est celui qui le fait correspondre au terme grec metanoia, qui exprime proprement un changement de nous, ou, comme l’a dit A. K. Coomaraswamy, une « métamorphose intellectuelle ». Cette transformation intérieure, comme l’indique d’autre part l’étymologie même du mot latin (de cum-vertere), implique à la fois un « rassemblement » ou une concentration des puissances de l’être, et une sorte de « retournement » par lequel cet être passe « de la pensée humaine à la compréhension divine ». La metanoia ou la « conversion » est donc le passage conscient du mental entendu dans son sens ordinaire et individuel, et considéré comme tourné vers les choses sensibles, à ce qui en est la transposition dans un sens supérieur, où il s’identifie à l’hêgemôn de Platon ou à l’antaryâmî de la tradition hindoue. Il est évident que c’est là une phase nécessaire dans tout processus de développement spirituel ; c’est donc, insistons-y, un fait d’ordre purement intérieur, qui n’a absolument rien de commun avec un changement extérieur et contingent quelconque, relevant simplement du domaine « moral » »

Initiation et Réalisation Spirituelle, Chap. XII

« Dans la même revue encore (n° de novembre 1942), On Being in One’s Right Mind, par M. Coomaraswamy également, est une explication du véritable sens du terme grec metanoia, qu’on rend communément et très insuffisamment par « repentir » et qui exprime en réalité, un changement de noûs, c’est-à-dire une métamorphose intellectuelle. C’est là aussi, au fond, le sens originel du mot « conversion », qui implique une sorte de « retournement », dont la portée dépasse de beaucoup le domaine simplement « moral », où on en est venu à l’envisager presque exclusivement ; metanoia est une transformation de l’être tout entier, passant « de la pensée humaine à la compréhension divine ». »

Études sur l’Hindouisme, CR de On Being in One’s Right Mind, par A. K Coomaraswamy

CORPS GLORIEUX

« Celui-ci […], n’est point un corps au sens propre de ce mot, mais il en est la « transformation » (ou la « transfiguration »), c’est-à-dire la transposition hors de la forme et des autres conditions de l’existence individuelle, ou encore, en d’autres termes, il est la « réalisation » de la possibilité permanente et immuable dont le corps n’est que l’expression transitoire en mode manifesté. »

L’Homme et son Devenir selon le Vêdânta, Chap. XV

CORRESPONDANCE (loi)

« […] en vertu de la loi de correspondance qui relie toutes choses dans l’Existence universelle, il y a toujours et nécessairement une certaine analogie soit entre les différents cycles de même ordre, soit entre les cycles principaux et leurs divisions secondaires. C’est là ce qui permet d’employer, pour en parler, un seul et même mode d’expression, bien que celui-ci ne doive souvent être entendu que symboliquement, l’essence même de tout symbolisme étant précisément de se fonder sur les correspondances et les analogies qui existent réellement dans la nature des choses. »

Formes Traditionnelles et Cycles Cosmiques, Quelques remarques sur la doctrine des cycles cosmiques

« Les faits historiques eux-mêmes, et surtout ceux de l’histoire sacrée, traduisent en effet à leur façon des vérités d’ordre supérieur, en raison de la loi de correspondance qui est le fondement même du symbolisme, et qui unit tous les mondes dans l’harmonie totale et universelle. »

Le Roi du Monde, Chap. X

COSMOLOGIE

« La cosmologie n’est pas la métaphysique, bien qu’elle en dépende assez étroitement ; elle n’en est qu’une application à l’ordre physique, et les vraies lois naturelles ne sont que des conséquences dans un domaine relatif et contingent, des principes universels et nécessaires. »

La Métaphysique Orientale

COSMOS

« […] un tout ordonné, ce qui est d’ailleurs, comme on le sait, la signification étymologique même du mot « Cosmos » »

Symboles de la Science Sacrée, Chap. LXV

« […] il ne s’agit ici que de l’Univers manifesté, c’est-à-dire du « cosmos », et non point du Tout universel qui comprend toutes les possibilités, tant non-manifestées que manifestées. »

Les Principes du Calcul Infinitésimal, Chap. III

COUTUME

« […] aussi n’est-il pas suffisant de dire que la coutume est entièrement différente de la tradition, car la vérité est qu’elle lui est même nettement contraire, et qu’elle sert de plus d’une façon à la diffusion et au maintien de l’esprit antitraditionnel. […] tout ce qui est d’ordre traditionnel implique essentiellement un élément « supra-humain » ; la coutume, au contraire, est quelque chose de purement humain, soit par dégénérescence, soit dès son origine même.»

Initiation et Réalisation Spirituelle, Chap. IV

CRÉER (et création)

« […] si « créer » est synonyme de « faire de rien », suivant la définition unanimement admise, mais peut-être insuffisamment explicite, il faut assurément entendre par là, avant tout, de rien qui soit extérieur au Principe ; en d’autres termes, celui-ci, pour être « créateur », se suffit à lui-même, et n’a pas à recourir à une sorte de « substance » située hors de lui et ayant une existence plus ou moins indépendante, ce qui, à vrai dire, est du reste inconcevable. »

Aperçus sur l’Ésotérisme Islamique et le Taoïsme, Chap. IX

CRISE

« […] dans le mot même de « crise », d’autres significations sont contenues […] : son étymologie, en effet, qu’on perd souvent de vue dans l’usage courant, mais à laquelle il convient de se reporter comme il faut toujours le faire lorsqu’on veut restituer à un terme la plénitude de son sens propre et de sa valeur originelle, son étymologie, disons nous, le fait partiellement synonyme de « jugement » et de « discrimination ». La phase qui peut être dite véritablement « critique », dans n’importe quel ordre de choses, c’est celle qui aboutit immédiatement à une solution favorable ou défavorable, celle où une décision intervient dans un sens ou dans l’autre ; c’est alors, par conséquent, qu’il est possible de porter un jugement sur les résultats acquis, de peser le « pour » et le « contre », en opérant une sorte de classement parmi ces résultats, les uns positifs, les autres négatifs, et de voir ainsi de quel côté la balance penche définitivement.

[…] cette mise en balance du « pour » et du « contre », cette discrimination des résultats positifs et négatifs, […] peuvent assurément faire songer à la répartition des « élus » et des « damnés » en deux groupes immuablement fixés désormais ; même s’il n’y a là qu’une analogie, il faut reconnaître que c’est du moins une analogie valable et bien fondée, en conformité avec la nature même des choses […]. »

La Crise du Monde Moderne, Avant-propos

CROIX

« La plupart des doctrines traditionnelles symbolisent la réalisation de l’« Homme Universel » par un signe qui est partout le même, parce que, comme nous le disions au début, il est de ceux qui se rattachent directement à la Tradition primordiale : c’est le signe de la croix, qui représente très nettement la façon dont cette réalisation est atteinte par la communion parfaite de la totalité des états de l’être, harmoniquement et conformément hiérarchisés, en épanouissement intégral dans les deux sens de l’« ampleur » et de l’« exaltation ». »

Le Symbolisme de la Croix, Chap. III

CROYANCES

« […] le mot même de « croyances », qui sert communément à désigner les conceptions religieuses, marque bien ce caractère, car c’est une remarque psychologique élémentaire que la croyance, entendue dans son acception la plus précise, et en tant qu’elle s’oppose à la certitude qui est tout intellectuelle, est un phénomène où la sentimentalité joue un rôle essentiel, une sorte d’inclination ou de sympathie pour une idée, ce qui, d’ailleurs, suppose nécessairement que cette idée est elle-même conçue avec une nuance sentimentale plus ou moins prononcée. »

Introduction Générale à l’Étude des Doctrines Hindoues, Chap. IV

ÇÛFI (arabe)

« Pour ce qui est de la dérivation de ces désignations, elles viennent évidemment du mot çûfi ; mais, au sujet de celui-ci, il y a lieu tout d’abord de remarquer ceci : c’est que personne ne peut jamais se dire çûfi, si ce n’est par pure ignorance, car il prouve par là même qu’il ne l’est pas réellement, cette qualité étant nécessairement un « secret » (sirr) entre le véritable çûfi et Allâh ; on peut seulement se dire mutaçawwuf, terme qui s’applique à quiconque est entré dans la « voie » initiatique, à quelque degré qu’il soit parvenu ; mais le çûfi, au vrai sens de ce mot, et seulement celui qui a atteint le degré suprême. On a prétendu assigner au mot çûfi lui-même des origines fort diverses ; mais cette question, au point de vue où l’on se place le plus habituellement, et sans doute insoluble : nous dirions volontiers que ce mot a trop d’étymologies supposées, et ni plus ni moins plausibles les unes que les autres, pour en avoir véritablement une ; en réalité, il faut y voir plutôt une dénomination purement symbolique, une sorte de « chiffre », si l’on veut, qui, comme tel, n’a pas besoin d’avoir une dérivation linguistique à proprement parler ; […] Le çûfi véritable est donc celui qui possède cette Sagesse, ou, en d’autres termes, il est el ‘ârif bi-Llâh, c’est-à-dire «celui qui connaît par Dieu», car Il ne peut être connu que par Lui-même ; et c’est bien là le degré suprême est «total» dans la connaissance de la haqîqah. »

« Ainsi, il est un aphorisme suivant lequel « le çûfî (on doit bien faire attention qu’il ne s’agit pas ici du simple mutaçawwuf) n’est pas créé » (Eç-çûfî lam yukhlaq) ; cela revient à dire que son état est au-delà de la condition de «créature», et en effet, en tant qu’il a réalisé l’«Identité Suprême», donc qu’il est actuellement identifié au Principe ou à l’Incréé, il ne peut nécessairement être lui-même qu’incréé. »

Aperçus sur l’Ésotérisme Islamique et le Taoïsme, Chap. I et IX

CYBÈLE

« Cybèle est proprement la « déesse de la montagne » et, […] par cette signification, son nom est l’exact équivalent de celui de Pârvatî dans la tradition hindoue. »

Symboles de la Science Sacrée, Chap. XLVIII

D

DARSHANA (sanskrit)

« […] c’est ce qu’exprime le mot sanskrit darshana, qui ne signifie proprement rien d’autre que « vue » ou « point de vue », car la racine verbale drish, dont il est dérivé, a comme sens principal celui de « voir ». Les darshanas sont donc bien les points de vue de la doctrine, et ce ne sont point, comme se l’imaginent la plupart des orientalistes, des « systèmes philosophiques » se faisant concurrence et s’opposant les uns aux autres ; dans toute la mesure où ces « vues » sont strictement orthodoxes, elles ne sauraient naturellement entrer en conflit ou en contradiction. Nous avons montré que toute conception systématique, fruit de l’individualisme intellectuel cher aux Occidentaux modernes, est la négation de la métaphysique, qui constitue l’essence même de la doctrine »

Introduction Générale à l’Étude des Doctrines Hindoues, Chap. VIII

DEBIR (hébreu)

« Dans le Temple de Salomon, le Hikal était le « Saint » et le Debir était le « Saint des Saints » »

Symboles de la Science Sacrée, Chap. XXXIX

DÉLIVRANCE

« L’obtention de cet état, c’est ce que la doctrine hindoue appelle la « Délivrance », quand elle la considère par rapport aux états conditionnés, et aussi l’« Union », quand elle l’envisage par rapport au Principe suprême. »

« Cet état final est […] l’absolue plénitude, la réalité suprême vis à vis de laquelle tout le reste n’est qu’illusion. »

La Métaphysique Orientale

« Nous préciserons incidemment que, si nous avons pris l’habitude d’écrire « salut » avec une minuscule et « Délivrance » avec une majuscule, c’est, tout comme lorsque nous écrivons « moi » et « Soi », pour marquer nettement que l’un est d’ordre individuel et l’autre d’ordre transcendant ; cette remarque a pour but d’éviter qu’on ne veuille nous attribuer des intentions qui ne sont nullement les nôtres, comme celle de déprécier en quelque façon le salut, alors qu’il s’agit uniquement de la situer aussi exactement que possible à la place qui lui appartient en fait dans la réalité totale. »

Initiation et Réalisation Spirituelle, Chap. VIII

DÉMIURGE

«  C’est donc la fatale illusion du Dualisme qui réalise le Bien et le Mal, et qui, considérant les choses sous un point de vue particularisé, substitue la Multiplicité à l’Unité, et enferme ainsi les êtres sur lesquels elle exerce son pouvoir dans le domaine de la confusion et de la division ; ce domaine, c’est l’Empire du Démiurge. »

Mélanges, Chap. I

DÉMOCRATIE

« […] Si l’on définit la « démocratie » comme le gouvernement du peuple par lui-même, c’est là une véritable impossibilité, une chose qui ne peut pas même avoir une simple existence de fait, pas plus à notre époque qu’à n’importe quelle autre ; il ne faut pas se laisser duper par les mots, et il est contradictoire d’admettre que les mêmes hommes puissent être à la fois gouvernants et gouvernés, parce que, pour employer le langage aristotélicien, un même être ne peut être « en acte » et « en puissance » en même temps et sous le même rapport.

« Cela dit, il nous faut encore insister sur une conséquence immédiate de l’idée « démocratique », qui est la négation de l’élite entendue dans sa seule acception légitime »

« […] la « démocratie », dont le caractère essentiel est de sacrifier la minorité à la majorité, et aussi, par là même, […] la qualité à la quantité, donc l’élite à la masse. »

La Crise du Monde Moderne, Chap. VI

DÉPOUILLEMENT

« La purification est donc aussi, à cet égard, ce qu’on appellerait en langage kabbalistique une « dissolution des écorces » ; en connexion avec ce point, nous avons également signalé ailleurs la signification symbolique du « dépouillement des métaux » »

Aperçus sur l’Initiation, Chap. XXV

DÉSORDRE

« Parler de stabilité du désordre est une contradiction dans les termes, puisqu’il n’est pas autre chose que le changement réduit à lui-même. »

Autorité Spirituelle et Pouvoir Temporel, Chap. IX

DEVENIR

« […] quand on se place au point de vue profane, qui se caractérise, d’une façon qui ne peut d’ailleurs être que toute négative, par l’absence d’un tel rattachement, on est, si l’on peut dire, dans la contingence pure, avec tout ce qu’elle comporte d’instabilité et de variabilité incessante, et sans aucune possibilité d’en sortir ; c’est en quelque sorte le « devenir » réduit à lui-même, et il n’est pas difficile de se rendre compte qu’en effet les conceptions profanes de toute nature sont soumises à un changement continuel, non moins que les façons d’agir qui procèdent du même point de vue, et dont ce qu’on appelle la « mode » représente l’image la plus frappante à cet égard. »

Aperçus sur l’Initiation, Chap. IX

DÊVA (sanskrit)

« Le sanscrit Dêva et le latin Deus ne sont qu’un seul et même mot. »

Symboles de la Science Sacrée, Chap. VII

DÊVATÂ (sanskrit)

« […] là réside aussi une « déité » (dêvatâ), accompagnée d’une shakti particulière. Les « déités » qui président aux six chakras, et qui ne sont autre chose que les « formes de conscience » par lesquelles passe l’être aux stades correspondants, sont respectivement, dans l’ordre ascendant, Brahmâ, Vishnu, Rudra, Isha, Sadâshiva et Shambhû, qui ont d’autre part, au point de vue « macrocosmique », leurs demeures dans six « mondes » (lokas) hiérarchiquement superposés : Bhûrloka, Bhuvarloka, Swarloka, Janaloka, Tapoloka et Maharloka ; à sahasrâra préside Paramashiva, dont la demeure est le Satyaloka ; ainsi, tous ces mondes ont leur correspondance dans les « centres de conscience » de l’être humain, suivant le principe analogique que nous avons indiqué précédemment. »

Études sur l’Hindouisme, Chap. III

DÊVA-YÂNA (sanskrit)

« […] il est dit, en effet, que les premiers suivent la « Voie des Dieux » (dêva-yâna), tandis que les seconds suivent la « Voie des Ancêtres » (pitri-yâna). »

« […] celle du dêva-yâna désigne naturellement la Voie qui conduit vers les états supérieurs de l’être, donc vers l’assimilation à l’essence même de la Lumière intelligible. »

L’Homme et son Devenir selon le Vêdânta, Chap. XXII

DEVIN

« Le mot « devin » lui-même n’est pas moins dévié de son sens, car étymologiquement, il n’est pas autre chose que divinus, signifiant ici « interprète des dieux ». Les « auspices » (de aves spicere, « observer les oiseaux »), présages tirés du vol et du chant des oiseaux, sont plus spécialement à rapprocher de la « langue des oiseaux », entendue alors au sens le plus matériel, mais pourtant identifiée encore à la « langue des dieux » puisque ceux-ci étaient regardés comme manifestant leur volonté par ces présages, et les oiseaux jouaient ainsi un rôle de « messagers » analogue à celui qui est généralement attribué aux anges (d’où leur acception primitive ; à l’origine, il s’agissait donc de tout autre chose que le sens propre du mot grec angelos), bien que pris sous un aspect très inférieur. »

Symboles de la Science Sacrée, Chap. VII

DÉSORDRE

« […] le désordre est, en un sens, inhérent à toute manifestation prise en elle-même, car la manifestation, en dehors de son principe, donc en tant que multiplicité non unifiée, n’est qu’une série indéfinie de ruptures d’équilibre. »

Le Symbolisme de la Croix, Chap. XVIII

DHARMA (sanskrit)

« […] ce mot « loi » est précisément, avec celui d’« ordre », un de ceux qui, dans bien des cas, peuvent rendre moins imparfaitement l’idée de dharma. On sait que dharma est dérivé de la racine dhri qui signifie porter, supporter, soutenir, maintenir1 ; il s’agit donc proprement d’un principe de conservation des êtres, et par conséquent de stabilité, pour autant du moins que celle-ci est compatible avec les conditions de la manifestation, car toutes les applications du dharma se rapportent toujours au monde manifesté. Aussi n’est-il pas possible d’admettre, comme l’auteur semble y être disposé, que ce terme puisse être plus ou moins un substitut d’Âtmâ, avec cette seule différence qu’il serait « dynamique » au lieu d’être « statique » ; Âtmâ est non-manifesté, donc immuable ; et dharma en est une expression, si l’on veut, en ce sens qu’il reflète l’immutabilité principielle dans l’ordre de la manifestation ; il n’est « dynamique » que dans la mesure où manifestation implique nécessairement « devenir », mais il est ce qui fait que ce « devenir » n’est pas pur changement, ce qui y maintient toujours à travers le changement même une certaine stabilité relative. Il est d’ailleurs important de remarquer, à cet égard, que la racine dhri est presque identique, comme forme et comme sens, à une autre racine dhru, de laquelle dérive le mot dhruva qui désigne le « pôle » ; effectivement, c’est à cette idée de « pôle » ou d’« axe » du monde manifesté qu’il convient de se référer si l’on veut comprendre vraiment la notion du dharma : c’est ce qui demeure invariable au centre des révolutions de toutes choses, et règle le cours du changement par là même qu’il n’y participe pas. »

Études sur l’Hindouisme, Chap. V

« Le mot sanscrit dharma a plusieurs significations, mais il n’a jamais eu proprement celle de « religion » ; bien qu’on puisse souvent le rendre approximativement par « loi », il est de ceux qu’il est à peu près impossible de traduire d’une façon exacte dans les langues européennes, parce que la notion qu’il exprime n’a véritablement aucun équivalent dans la pensée occidentale […]. »

Le Théosophisme, Histoire d’une Pseudo-Religion, Chap. XXII

DHIKR (arabe)

« […] il y existe aussi toute une « technique » de l’invocation comme moyen propre du travail intérieur1, moyen bien distinct des rites chrétiens exotériques, quoique ce travail n’en puisse pas moins trouver aussi un point d’appui dans ceux-ci comme nous l’avons expliqué, dès lors que, avec les formules requises, l’influence à laquelle elles servent de véhicule a été transmise valablement, ce qui implique naturellement l’existence d’une chaîne initiatique ininterrompue, puisqu’on ne peut évidemment transmettre que ce qu’on a reçu soi-même. 

[1] Une remarque intéressante à ce propos est que cette invocation est désignée en grec par le terme mnêmê, « mémoire » ou « souvenir », qui est ici exactement l’équivalent de l’arabe dhikr. »

Aperçus sur l’Ésotérisme Chrétien, Chap. II

« Cette incantation, qui est ainsi définie comme une opération tout intérieure en principe, peut cependant, dans un grand nombre de cas, être exprimée et « supportée » extérieurement par des paroles ou des gestes, constituant certains rites initiatiques, tels que le mantra dans la tradition hindoue ou le dhikr dans la tradition islamique, et que l’on doit considérer comme déterminant des vibrations rythmiques qui ont une répercussion à travers un domaine plus ou moins étendu dans la série indéfinie des états de l’être. Que le résultat obtenu effectivement soit plus ou moins complet, comme nous le disions tout à l’heure, le but final à atteindre est toujours la réalisation en soi de l’« Homme Universel », par la communion parfaite de la totalité des états, harmoniquement et conformément hiérarchisée, en épanouissement intégral dans les deux sens de l’« ampleur » et de l’« exaltation », c’est-à-dire à la fois dans l’expansion horizontale des modalités de chaque état et dans la superposition verticale des différents états »

Aperçus sur l’Initiation, Chap. XXIV

DHRUVA (sanskrit)

« […] la racine dhri est presque identique, comme forme et comme sens, à une autre racine dhru, de laquelle dérive le mot dhruva qui désigne le « pôle » »

Études sur l’Hindouisme, Chap. V

DHYÂNA (sanskrit)

« […] tandis qu’une action quelconque est toujours séparée de ses conséquences, la méditation ou la contemplation intellectuelle, appelée en sanskrit dhyâna, porte son fruit en elle-même »

Introduction Générale à l’Étude des Doctrines Hindoues, Chap. XII

DIALECTIQUE

« La dialectique n’est en somme rien d’autre que la mise en œuvre ou l’application pratique de la logique »

Initiation et Réalisation Spirituelle, Chap. II

« […] nous […] considérons au contraire la logique et la dialectique que comme de simples instruments d’exposition, parfois utiles à ce titre, mais d’un caractère tout extérieur, et sans aucun intérêt en eux-mêmes »

Formes Traditionnelles et Cycles Cosmiques, partie II, Chap. 1

DIEU

« Il résulte de là que, rigoureusement parlant, l’expression vulgaire « existence de Dieu » est un non-sens, que l’on entende d’ailleurs par « Dieu », soit l’Être comme on le fait le plus souvent soit, à plus forte raison, le Principe Suprême qui est au-delà de l’Être. »

Le Symbolisme de la Croix, Chap. I

DIFFÉRENTIEL (mathématiques)

« […] consiste à calculer les limites de rapports dont les deux termes vont simultanément en décroissant indéfiniment suivant une certaine loi, de telle façon que le rapport lui-même conserve toujours une valeur finie et déterminée. »

Les Principes du Calcul Infinitésimal, Chap. XII

DÎKSHÂ (sanskrit)

« Il faut remarquer qu’une « transmutation » comme celle dont nous parlions tout à l’heure a lieu en fait, non pas seulement dans le cas des samskâras, mais aussi dans celui des rites initiatiques (dîkshâ)1

[1] Le mot dîkshâ est, en sanscrit, celui qui signifie proprement « initiation », bien que parfois il faille le rendre plutôt par « consécration » (cf., sur la. connexion de ces deux idées, ce que nous avons dit plus haut des différents sens du verbe grec mueô) ; en effet, dans certains cas, par exemple quand il s’agit d’une personne qui offre un sacrifice, la « consécration » désignée par le terme dîkshâ n’a qu’un effet temporaire, étant valable seulement pour la durée du sacrifice lui-même, et devra être renouvelée si, par la suite, la même personne vient à offrir un autre sacrifice, fût-il de la même espèce que le premier ; il est donc impossible de reconnaitre alors à cette « consécration » le caractère d’une initiation au vrai sens de ce mot, puisque, comme nous l’avons déjà dit, toute initiation est nécessairement quelque chose de permanent, qui est acquis une fois pour toutes et ne saurait jamais se perdre dans quelques circonstances que ce soit. »

Aperçus sur l’Initiation, Chap. XXIII

DOGME

« Le nom de dogme s’applique proprement à une doctrine religieuse ; sans rechercher davantage pour le moment quelles sont les caractéristiques spéciales d’une telle doctrine, nous pouvons dire que, bien qu’évidemment intellectuelle dans ce qu’elle a de plus profond, elle n’est pourtant pas d’ordre purement intellectuel ; et d’ailleurs, si elle l’était, elle serait métaphysique et non plus religieuse. Il faut donc que cette doctrine, pour prendre la forme particulière qui convient à son point de vue, subisse l’influence d’éléments extra-intellectuels, qui sont, pour la plus grande part, de l’ordre sentimental »

Introduction Générale à l’Étude des Doctrines Hindoues, Chap. IV

DON DES LANGUES

« […] il y aura synthèse quand on partira de l’unité même, et quand on ne la perdra jamais de vue à travers la multiplicité de ses manifestations ce qui implique qu’on a atteint, en dehors et au-delà des formes, la conscience de la vérité principielle qui se revêt de celles-ci pour s’exprimer et se communiquer dans la mesure du possible. Dès lors, on pourra se servir de l’une ou de l’autre de ces formes, suivant qu’il y aura avantage à le faire, exactement de la même façon que l’on peut pour traduire une même pensée, employer des langages différents selon les circonstances, afin de se faire comprendre des divers interlocuteurs à qui l’on s’adresse ; c’est là, d’ailleurs, ce que certaines traditions désignent symboliquement comme le « don des langues ». Les concordances entre toutes les formes traditionnelles représentent, pourrait-on dire, des « synonymies » réelles ; »

Le Symbolisme de la Croix, Avant-propos

DRAGON (extrême-oriental)

« […] le dragon extrême-oriental lui-même, qui est en réalité un symbole du Verbe, a été souvent interprété comme un symbole « diabolique » par l’ignorance occidentale. »

Le Règne de la Quantité et les Signes des Temps, Chap. XXX

DRISH (sanskrit)

« […] c’est ce qu’exprime le mot sanskrit darshana, qui ne signifie proprement rien d’autre que « vue » ou « point de vue », car la racine verbale drish, dont il est dérivé, a comme sens principal celui de « voir ». Les darshanas sont donc bien les points de vue de la doctrine, et ce ne sont point, comme se l’imaginent la plupart des orientalistes, des « systèmes philosophiques » se faisant concurrence et s’opposant les uns aux autres ; dans toute la mesure où ces « vues » sont strictement orthodoxes, elles ne sauraient naturellement entrer en conflit ou en contradiction. Nous avons montré que toute conception systématique, fruit de l’individualisme intellectuel cher aux Occidentaux modernes, est la négation de la métaphysique, qui constitue l’essence même de la doctrine »

Introduction Générale à l’Étude des Doctrines Hindoues, Chap. VIII

DRUIDE

« […] à l’origine, l’autorité spirituelle et le pouvoir temporel n’étaient pas séparés comme deux fonctions différenciées, mais unis dans leur principe commun, et l’on retrouve encore un vestige de cette union dans le nom même des druides (dru-vid, « force-sagesse », ces deux termes étant symbolisés par le chêne et le gui) »

Symboles de la Science Sacrée, Chap. XXIV

DUALISME

« […] beaucoup, se laissant tromper par les apparences, s’imaginent qu’il y a dans le monde deux organisations opposées se disputant la suprématie, conception erronée qui correspond à celle qui, en langage théologique, met Satan au même niveau que Dieu, et que, à tort ou à raison, on attribue communément aux Manichéens. Cette conception, remarquons-le tout de suite, revient à affirmer une dualité radicalement irréductible, ou en d’autres termes, à nier l’Unité suprême qui est au-delà de toutes les oppositions et de tous les antagonismes […]. »

Le Règne de la Quantité et les Signes des Temps, Chap. XXXIX

DWIJA (sanskrit)

« […] dwija ou « deux fois né » […] »

Autorité Spirituelle et Pouvoir Temporel, Chap. II

DWÎPAS (sanskrit)

« Il y a lieu d’envisager encore une autre correspondance avec les Manvantaras, en ce qui concerne les sept Dwîpas ou « régions » en lesquelles est divisés notre monde ; en effet, bien que ceux-ci soient représentés, suivant le sens propre du mot qui les désigne, comme autant d’îles ou de continents répartis d’une certaine façon dans l’espace, il faut bien se garder de prendre ceci littéralement et de les regarder simplement comme des parties différentes de la terre actuelle ; en fait, ils « émergent » tour à tour et non simultanément, ce qui revient à dire qu’un seul d’entre eux est manifesté dans le domaine sensible pendant le cours d’une certaine période. Si cette période est un Manvantara, il faudra en conclure que chaque Dwîpa devra apparaître deux fois dans le Kalpa, soit une fois dans chacune des deux séries septénaires dont nous venons de parler ; et, du rapport de ces deux séries, qui se correspondent en sens inverse comme il en est dans tous les cas similaires, et en particulier pour celles des Swargas et des Pâtâlas, on peut déduire que l’ordre d’apparition des Dwîpas devra également, dans la seconde série, être inverse de ce qu’il a été dans la première. En somme, il s’agit là d’états différents du monde terrestre, bien plutôt que de « régions » à proprement parler ; le JambuDwîpa représente en réalité la terre entière dans son état actuel, et, s’il est dit s’étendre au sud du Mêru, ou de la montagne « axiale » autour de laquelle s’effectuent les révolutions de notre monde, c’est qu’en effet, le Mêru étant identifié symboliquement au pôle Nord, toute la terre est bien véritablement située au sud par rapport à celui-ci. Pour expliquer ceci plus complètement, il faudrait pouvoir développer le symbolisme des directions de l’espace, suivant lesquelles sont répartis les Dwîpas, ainsi que les relations de correspondance qui existent entre ce symbolisme spatial et le symbolisme temporel sur lequel repose toute la doctrine des cycles »

Formes Traditionnelles et Cycles Cosmiques, Partie I, Chap. 1

(note) « Il semble bien que ce cas soit notamment celui de certains Siddhas de l’Inde, qui, à en juger par les descriptions qui sont données de leur séjour, vivent en réalité sur une « autre terre », c’est-à-dire sur l’un des dwîpas qui apparaissent successivement à l’extérieur dans les différents Manvantaras, et qui, pendant les périodes où ils passent à l’état « non-sensible », subsistent dans les prolongements extra-corporels du domaine humain. »

Aperçus sur l’Initiation, Chap. XLII

« Les sept dwîpas (littéralement « îles » ou « continents ») émergent successivement au cours de certaines périodes cycliques, de sorte que chacun d’eux est le monde terrestre envisagé dans la période correspondante ; ils forment un lotus dont le centre est le Mêru, par rapport auquel ils sont orientés suivant les sept régions de l’espace. »

Le Roi du Monde, Chap. VII

E

EKÂGRYA (sanskrit)

« […] aussi le Yoga prend-il pour point de départ et moyen fondamental ce qui est appelé êkâgrya, c’est-à-dire la « concentration ». »

Introduction Générale à l’Étude des Doctrines Hindoues, Chap. XII

ÉLÉMENTALS

« […] les « élémentals », au sens premier de ce mot, ne sont pas autre chose que les « esprits des éléments », que l’ancienne magie partageait en quatre catégories : salamandres ou esprits du feu, sylphes ou esprits de l’air, ondins ou esprits de l’eau, gnômes ou esprits de la terre ; bien entendu, ce mot d’« esprits » […] désignait des êtres subtils, doués seulement d’une existence temporaire, et n’ayant par conséquent rien de « spirituel » dans l’acception philosophique moderne […]. »

L’Erreur Spirite, Chap. VII

ÉLÉMENTS (cinq)

« […] les cinq éléments reconnus par la doctrine hindoue sont les suivants : âkâsha, l’éther ; vâyu, l’air ; têjas, le feu ; ap, l’eau ; prithvî, la terre. Cet ordre est celui de leur développement ou de leur différenciation, à partir de l’éther qui est l’élément primordial »

Études sur l’Hindouisme, Chap. IV

EL-INSÂN EL-KÂMIL (arabe)

« […] C’est par là, et par là seulement, que peuvent réellement être compris, dans leur sens profond, tous les noms et les titres du Prophète, qui sont en définitive ceux même de l’« Homme universel » (El-Insân el-Kâmil), totalisant finalement en lui tous les degrés de l’Existence, comme il les contenait tous en lui dès l’origine »

Aperçus sur l’Ésotérisme Islamique et le Taoïsme, Chap. V

EL-INSÂN EL-QADÎM (arabe)

(note) « Dans la tradition islamique, les états auxquels aboutissent respectivement les « petits mystères » et les « grands mystères » sont désignés comme l’« homme primordial » (el-insân el-qadîm) et l’« homme universel » (el-insân el-kâmil) ; ces deux termes correspondent donc proprement à l’« homme véritable » et à l’« homme transcendant » du Taoïsme, que nous avons rappelés dans une note précédente. »

ÉLITE (intellectuelle)

« […] ce que nous entendons par là n’a rien de commun avec ce qui, dans l’Occident actuel, est parfois désigné sous le même nom. Les savants et les philosophes les plus éminents dans leurs spécialités peuvent n’être aucunement qualifiés pour faire partie de cette élite […]. Les aptitudes que nous avons en vue quand nous parlons de l’élite, étant de l’ordre de l’intellectualité pure, ne peuvent être déterminées par aucun critérium extérieur, et ce sont là des choses qui n’ont rien à voir avec l’instruction « profane » ; il y a dans certains pays d’Orient des gens qui, ne sachant ni lire ni écrire, n’en parviennent pas moins à un degré fort élevé dans l’élite intellectuelle. »

Orient et Occident, Chap. III

« Au fond, nous pourrions dire que l’élite, telle que nous l’entendons, représente l’ensemble de ceux qui possèdent les qualifications requises pour l’initiation, et qui sont naturellement toujours une minorité parmi les hommes […] mais ils ne représentent ainsi qu’une élite virtuelle, ou, pourrait-on dire, la possibilité de l’élite, et, pour que celle-ci soit effectivement constituée, il faut avant tout qu’eux-mêmes prennent conscience de leur qualification […] bien que ce ne puissent être que des possibilités latentes et non développées tant qu’un rattachement traditionnel régulier n’est pas obtenu […].

En supposant l’initiation, en tant que rattachement à une « chaine » traditionnelle, réellement obtenue par ceux qui appartiennent à l’élite, il restera encore à considérer, pour chacun d’eux, la possibilité d’aller plus ou moins loin, c’est-à-dire d’abord de passer de l’initiation virtuelle à l’initiation effective, puis d’atteindre dans celle-ci la possession de tel ou tel degré plus ou moins élevé, suivant l’étendue de ses propres possibilités particulières. Il y aura donc lieu, pour le passage d’un degré à un autre, de considérer ce qu’on pourrait appeler une élite à l’intérieur de l’élite même, et c’est en ce sens que certains ont pu parler de l’« élite de l’élite » ; en d’autres termes, on peut envisager des « élections » successives, et de plus en plus restreintes quant au nombre des individus qu’elles concernent, s’opérant toujours « par en haut » et suivant le même principe, et correspondant en somme aux différents degrés de la hiérarchie initiatique. Ainsi, de proche en proche, on peut aller jusqu’à l’« élection » suprême, celle qui se réfère à l’« adeptat », c’est-à-dire à l’accomplissement du but ultime de toute initiation ; et, par conséquent, l’élu au sens le plus complet de ce mot, celui qu’on pourrait appeler l’« élu parfait », sera celui qui parviendra finalement à la réalisation de l’« Identité Suprême. »

Aperçus sur l’Initiation, Chap. XLIII

ÉMANATION

« […] l’idée d’« émanation » est proprement celle d’une « sortie » ; mais la manifestation ne doit en aucune façon être envisagée ainsi, car rien ne peut réellement sortir du Principe ; si quelque chose en sortait, le Principe, dès lors, ne pourrait plus être infini, et il se trouverait limité par le fait même de la manifestation ; la vérité est que, hors du Principe, il n’y a et il ne peut y avoir que le néant. Si même on voulait considérer l’« émanation », non par rapport au Principe suprême et infini, mais seulement par rapport à l’Être, principe immédiat de la manifestation, ce terme donnerait encore lieu à une objection qui, pour être autre que la précédente, n’est pas moins décisive : si les êtres sortaient de l’Être pour se manifester, on ne pourrait pas dire qu’ils sont réellement des êtres, ils seraient proprement dépourvus de toute existence, car l’existence, sous quelque mode que ce soit, ne peut être autre chose qu’une participation de l’Être ; cette conséquence, outre qu’elle est visiblement absurde en elle-même comme dans l’autre cas, est contradictoire avec l’idée même de la manifestation. »

Aperçus sur l’Ésotérisme Islamique et le Taoïsme, Chap. IX

EMPEREUR

« La constitution politique de la « Chrétienté » médiévale était, avons-nous dit, essentiellement féodale ; elle avait son couronnement dans une fonction, véritablement suprême dans l’ordre temporel, qui était celle de l’Empereur, celui-ci devant être par rapport aux rois ce que les rois, à leur tour, étaient par rapport à leurs vassaux. »

Autorité Spirituelle et Pouvoir Temporel, Chap. VIII

« L’Empereur, tel que le conçoit Dante, est tout à fait comparable au Chakravatrî ou monarque universel des Hindous, dont la fonction essentielle est de faire régner la paix sarvabhaumika, c’est-à-dire s’étendant à toute la terre »

L’Ésotérisme de Dante, Chap. VII

EMPIRISME

« […] il faut encore ajouter que le nominalisme est presque toujours solidaire de l’empirisme, c’est-à-dire de la tendance à rapporter à l’expérience, et plus spécialement à l’expérience sensible, l’origine et le terme de toute connaissance »

Orient et Occident, Chap. III

ÉQUILIBRE

« […] l’équilibre est le résultat de l’action simultanée de deux tendances opposées ; si l’une ou l’autre pouvait entièrement cesser d’agir, l’équilibre ne se retrouverait plus jamais, et le monde même s’évanouirait ; mais cette supposition est irréalisable, car les deux termes d’une opposition n’ont de sens que l’un par l’autre, et, quelles que soient les apparences, on peut être sûr que tous les déséquilibres partiels et transitoires concourent finalement à la réalisation de l’équilibre total. »

La Crise du Monde Moderne, Avant-propos

ERREUR

« […] l’erreur n’ayant en somme qu’un mode d’existence purement négatif, l’erreur absolue ne peut se rencontrer nulle part et n’est qu’un mot vide de sens. »

La Crise du Monde Moderne, Avant-propos

ER-RÛH EL-MOHAMMEDIYAH (arabe)

« […] suivant la tradition hébraïque également, Metatron est l’agent des « théophanies » et le principe même de la prophétie, ce qui, exprimé en langage islamique, revient à dire qu’il n’est autre qu’Er-Rûh el-mohammediyah, en qui tous les prophètes et les envoyés divins ne sont qu’un, et qui a, dans le « monde d’en bas », son expression ultime dans celui qui est leur « sceau » (Khâtam el-anbiâï wa’l-mursalîn), c’est-à-dire qui les réunit en une synthèse finale qui est le reflet de leur unité principielle dans le « monde d’en-haut » (où il est awwal Khalqi’ Llah, ce qui est le dernier dans l’ordre manifesté étant analogiquement le premier dans l’ordre principiel), et qui est ainsi le « seigneur des premiers et des derniers » (seyid el-awwalîna wa’akhirîn). C’est par là, et par là seulement, que peuvent réellement être compris, dans leur sens profond, tous les noms et les titres du Prophète, qui sont en définitive ceux même de l’« Homme universel » (El-Insân el-Kâmil), totalisant finalement en lui tous les degrés de l’Existence, comme il les contenait tous en lui dès l’origine »

Aperçus sur l’Ésotérisme Islamique et le Taoïsme, Chap. V

ÉSOTÉRISME

« […] l’ésotérisme véritable est tout autre chose que la religion extérieure, et, s’il a quelques rapports avec celle-ci, ce ne peut être qu’en tant qu’il trouve dans les formes religieuses un mode d’expression symbolique ; peu importe, d’ailleurs, que ces formes soient celles de telle ou telle religion, puisque ce dont il s’agit est l’unité doctrinale essentielle qui se dissimule derrière leur apparente diversité. »

L’Ésotérisme de Dante, Chap. I

« […] l’ésotérisme est essentiellement autre chose que la religion, et non pas la partie « intérieure » d’une religion comme telle, même quand il prend sa base et son point d’appui dans celle-ci comme il arrive dans certaines formes traditionnelles, dans l’Islamisme par exemple […].»

Aperçus sur l’Initiation, Chap. III

ESPACE

« […] L’espace, même envisagé dans toute l’extension dont il est susceptible, n’est rien de plus qu’une condition spéciale contenue dans un des degrés de l’Existence universelle, et à laquelle (d’ailleurs unie ou combinée à d’autres conditions du même ordre) sont soumis certains des domaines multiples compris dans ce degré de l’Existence, domaines dont chacun est, dans le « macrocosme », l’analogue de ce qui est dans le « microcosme » la modalité correspondante de l’état d’être situé dans ce même degré. »

Le symbolisme de la Croix, Chap. XVIII

ESPÈCE

« L’espèce, en effet, n’est pas un principe transcendant par rapport aux individus qui en font partie ; elle est elle-même de l’ordre des existences individuelles et ne le dépasse pas ; elle se situe donc au même niveau dans l’Existence universelle, et l’on peut dire que la participation à l’espèce s’effectue selon le sens horizontal »

Le symbolisme de la Croix, Chap. XXII

ESPRIT TRADITIONNEL

« […] un esprit vraiment conforme aux principes dont tout dépend, esprit qui est ce que nous appelons l’esprit traditionnel au véritable sens de ce mot »

Autorité Spirituelle et Pouvoir Temporel, Avant-propos

ÉTATS ANGÉLIQUES

« […] sont en effet identiques aux états supra-individuels de l’être. »

Autorité Spirituelle et Pouvoir Temporel, Chap. VIII

ÉTAT INDIVIDUEL

« L’ensemble des domaines contenant toutes les modalités d’une même individualité, domaines qui, comme nous l’avons dit, sont en multitude indéfinie, et dont chacun est encore indéfini en extension, cet ensemble, disons-nous, constitue un degré de l’Existence universelle, lequel, dans son intégralité, contient une indéfinité d’individus. Il est bien entendu que nous supposons, en tout ceci, un degré de l’Existence qui comporte un état individuel, dès lors que nous avons pris pour type l’état humain ; mais tout ce qui se rapporte aux modalités multiples est également vrai dans un état quelconque, individuel ou non-individuel, car la condition individuelle ne peut apporter que des limitations restrictives, sans toutefois que les possibilités qu’elle inclut perdent pour cela leur indéfinité.

(note) : nous rappelons qu’un état individuel est, comme nous l’avons dit plus haut, un état qui comprend la forme parmi ses conditions déterminantes, de sorte que manifestation individuelle et manifestation formelle sont des expressions équivalentes.) »

Le symbolisme de la Croix, Chap. XI

ÉTAT PRIMORDIAL

« Cette réalisation de l’individualité intégrale est désignée par toutes les traditions comme la restauration de ce qu’elles appellent l’ « état primordial », état qui est regardé comme celui de l’homme véritable, et qui échappe déjà à certaines des limitations caractéristiques de l’état ordinaire, notamment à celle qui est due à la condition temporelle.

L’être qui atteint cet « état primordial » n’est encore qu’un individu humain. Il n’est en possession effective d’aucun état supra-individuel ; et pourtant il est dès lors affranchi du temps, la succession apparente des choses s’est transmuée pour lui en simultanéité ; Il possède consciemment une faculté qui est inconnue à l’homme ordinaire et que l’on peut appeler le « sens de l’éternité » »

La Métaphysique Orientale

« C’est précisément des possibilités de cet « état primordial » qu’il nous reste encore à parler maintenant : puisque l’être qui y est parvenu est déjà virtuellement « délivré », comme nous l’avons dit plus haut, on peut dire qu’il est aussi virtuellement « transformé » par là même ; il est bien entendu que sa « transformation » ne peut être pas effective, puisqu’il n’est pas encore sorti de l’état humain, dont il a seulement réalisé intégralement la perfection ; mais les possibilités qu’il a dès lors acquises reflètent et « préfigurent » en quelque sorte celles de l’être véritablement « transformé », puisque c’est en effet au centre de l’état humain que se reflètent directement les états supérieurs. L’être qui est établi en ce point occupe une position réellement « centrale » par rapport à toutes les conditions de l’état humain, de sorte que, sans être passé au-delà, il les domine pourtant d’une certaine façon, au lieu d’être au contraire dominé par elles comme l’est l’homme ordinaire ; et cela est vrai notamment en ce qui concerne la condition temporelle aussi bien que la condition spatiale. De là, il pourra donc, s’il le veut (et il est d’ailleurs bien certain que, au degré spirituel qu’il a atteint, il ne le voudra jamais sans quelque raison profonde), se transporter en un moment quelconque du temps, aussi bien qu’en un lieu quelconque de l’espace ; si extraordinaire que puisse sembler une telle possibilité, elle n’est pourtant qu’une conséquence immédiate de la réintégration au centre de l’état humain. […]

Cette possibilité peut d’ailleurs, dans le cours ordinaire des choses, ne se manifester au dehors en aucune façon ; mais l’être qui l’a acquise la possède désormais d’une manière permanente et immuable, et rien ne saurait la lui faire perdre ; il lui suffit de se retirer du monde extérieur et de rentrer en lui-même, toutes les fois qu’il lui convient de le faire, pour retrouver toujours, au centre de son propre être, la véritable « fontaine d’immortalité ». »

Aperçus sur l’Initiation, Chap. XLII

ÉTATS DE NON MANIFESTATION (et de manifestation)

« Les états de non-manifestation sont essentiellement extra-individuels, et, de même que le « Soi » principiel dont ils ne peuvent être séparés, ils ne sauraient en aucune façon être individualisés ; quant aux états de manifestation, certains sont individuels, tandis que d’autres sont non-individuels, différence qui correspond, suivant ce que nous avons indiqué, à la distinction de la manifestation formelle et de la manifestation informelle. Si nous considérons en particulier le cas de l’homme, son individualité actuelle, qui constitue à proprement parler l’état humain, n’est qu’un état de manifestation parmi une indéfinité d’autres, qui doivent être tous conçus comme également possibles et, par là même, comme existant au moins virtuellement, sinon comme effectivement réalisé pour l’être que nous envisageons, sous un aspect relatif et partiel, dans cet état individuel humain. »

Le symbolisme de la Croix, Chap. I

ÊTRE

« […] cet être est, en soi, absolument indépendant de toutes ces manifestations. De même que, pour employer une comparaison qui revient à chaque instant dans les textes hindous, le soleil  est absolument indépendant des multiples images dans lesquelles il se réfléchit. Telle est la distinction fondamentale du « Soi » et du « moi », de la personnalité et de l’individualité. »

La Métaphysique Orientale

ÉVOLUTIONNISME

« […] les « philosophies du devenir », sous l’influence de l’idée très récente de « progrès », ont pris chez les modernes une forme spéciale, que les théories du même genre n’avaient jamais eue chez les anciens : cette forme, susceptible d’ailleurs de variétés multiples, est-ce qu’on peut, d’une façon générale, désigner par le nom d’« évolutionnisme ». […] toute conception qui n’admet rien d’autre que le « devenir » est nécessairement, par là même, une conception « naturaliste », impliquant comme telle une négation formelle de ce qui est au-delà de la nature, c’est-à-dire du domaine métaphysique, qui est le domaine des principes immuables et éternels. »

La Crise du Monde Moderne, Chap. III

« L’évolutionnisme, en dépit de multiples divergences plus ou moins importantes, est devenu un véritable dogme officiel : on enseigne comme une loi, qu’il est interdit de discuter, ce qui n’est en réalité que la plus gratuite et la plus mal fondée de toutes les hypothèses […]. »

Orient et Occident, Chap. I

EXISTENCE

« nous venons de dire que le mot « exister » ne peut pas s’appliquer proprement au non-manifesté, c’est-à-dire en somme à l’état principiel ; en effet, pris dans son sens strictement étymologique (du latin ex-stare), ce mot indique l’être dépendant à l’égard d’un principe autre que lui-même, ou, en d’autres termes, celui qui n’a pas en lui-même sa raison suffisante, c’est-à-dire l’être contingent, qui est la même chose que l’être manifesté. Lorsque que nous parlerons de l’existence, nous entendrons donc par-là la manifestation universelle, avec tous les états ou degrés qu’elle comporte, degrés dont chacun peut être désigné également comme un « monde », et qui sont en multiplicité indéfinie ; mais ce terme ne conviendrait plus au-delà de l’Etre pur, principe de toute la manifestation est lui-même non-manifesté ni, à plus forte raison, à ce qui est au-delà de l’Être même. »

Le symbolisme de la Croix, Chap. I

« L’existence est loin d’être toute la Possibilité, conçue comme véritablement universelle et totale, en dehors et au-delà de toutes les limitations, y compris même cette première limitation que constitue la détermination la plus primordiale de toutes, nous voulons dire l’affirmation de l’Être pur. »

Le symbolisme de la Croix, Chap. I

EXOTÉRISME (et ésotérisme)

« De toutes les doctrines traditionnelles, la doctrine islamique est peut-être celle où est marqué le plus nettement la distinction de deux parties complémentaires l’une de l’autre, que l’on peut désigner comme l’exotérisme et l’ésotérisme. Ce sont, suivant la terminologie arabe, es-shariyah, c’est-à-dire littéralement la «grande route», commune à tous, et el-haqîqah, c’est-à-dire la « vérité » intérieure, réservée à l’élite, non en vertu d’une décision plus ou moins arbitraire, mais par la nature même des choses, parce que tous ne possèdent pas les aptitudes ou les « qualifications » requises pour parvenir à sa connaissance. On les compare souvent, pour exprimer leur caractère respectivement «extérieur» et «intérieur», à l’«écorce» et au «noyau» (el-qishr wa el-lobb), ou encore à la circonférence et à son centre. La shariyah comprend tout ce que le langage occidental désignerait comme proprement « religieux », et notamment tout le côté social et législatif qui, dans l’Islam, s’intègrent essentiellement à la religion ; on pourrait dire qu’elle est avant tout règle d’action, tandis que la haqîqah est connaissance pure ; mais il doit être bien entendu que c’est cette connaissance qui donne à la shariyah même son sens supérieur est profond et sa vraie raison d’être, de sorte que, bien que tous ceux qui participent à la tradition n’en sont pas conscients, elle en est véritablement le principe, comme le centre l’est de la circonférence. Mais ce n’est pas tout: on peut dire que l’ésotérisme comprend non seulement la haqîqah mais aussi les moyens destinés à y parvenir ; et l’ensemble de ces moyens est appelé tarîqah, «voie» ou «sentier» conduisant de la shariyah vers la haqîqah. Si nous reprenons l’image symbolique de la circonférence, la tarîqah sera représentée par le rayon allant de celle-ci au centre ; et nous voyons alors ceci : à chaque point de la circonférence correspond un rayon, et tous les rayons, qui sont aussi en multitude indéfinie, aboutissent également au centre. On peut dire que ces rayons sont autant de turuq adaptées aux êtres adaptés aux êtres qui sont «situés» aux différents points de la circonférence, selon la diversité de leur nature individuelle; c’est pourquoi il est dit que «les voies vers Dieu sont aussi nombreuses que les âmes des hommes» (et-tu-ruqu ila’Llâhi ka-nufûsi bani Adam) ; ainsi, les «voies» sont multiples, et d’autant plus différentes entre elles qu’on les envisage plus près de leur point de départ sur la circonférence, mais le but est un, car il n’y a qu’un seul centre est qu’une seule vérité. »

Études sur l’Ésotérisme Islamique et le Taoïsme, Chap. I

EXTINCTION

« […] Ces différences s’effacent seulement avec l’« individualité » (el-inniyah, de ana, « moi »), c’est-à-dire quand sont atteints les états supérieurs, et quand les attributs (çifât) d’elabd ou de la créature (qui ne sont proprement que des limitations) disparaissent (elfanâ ou l’« extinction ») pour ne laisser subsister que ceux d’Allah (el-baqâ ou la « permanence »), l’être étant identifié à ceux-ci dans sa « personnalité » ou son « essence » (edh-dhât). »

Articles et Comptes Rendus, Tome 1, Le Soufisme

F

FAKIR

« Le mot fakir, qui est arabe et signifie proprement un « pauvre » ou un « mendiant », est appliqué dans l’Inde à une catégorie d’individus qui sont fort peu considérés en général, sauf des Européens, et qu’on ne regarde que comme des sortes de jongleurs amusant la foule par leurs tours. En disant cela, nous ne voulons pas dire que l’on conteste le moins du monde la réalité de leurs pouvoirs spéciaux ; mais ces pouvoirs, dont l’acquisition suppose un entraînement long et pénible, sont d’ordre inférieur et, comme tels, jugés peu désirables ; les rechercher, c’est montrer qu’on est incapable d’atteindre des résultats d’un autre ordre, pour lesquels ils ne peuvent être qu’un obstacle ; et nous trouvons encore ici un exemple du discrédit qui s’attache, en Orient, à tout ce qui est du domaine de la magie. En fait, les phénomènes des fakirs sont parfois simulés ; mais cette simulation même suppose une puissance de suggestion collective, s’exerçant sur tous les assistants, qui n’est guère moins étonnante, à première vue, que la production des phénomènes réels ; cela n’a rien de commun avec la prestidigitation (qui est exclue par les conditions mêmes auxquelles se soumettent tous les fakirs), et c’est bien autre chose que l’hypnotisme des Occidentaux. Quant aux phénomènes réels, dont les autres sont une imitation, ils sont, nous l’avons dit, du ressort de la magie ; le fakir, toujours actif et conscient dans leur production, est un magicien, et, dans l’autre cas, il peut être assimilé à un magnétiseur […]. »

L’Erreur Spirite, Chap. IV

FANÂ (arabe)

« […] Cette « pauvreté » (en arabe El-faqru) conduit, suivant l’ésotérisme musulman, à El-fanâ, c’est-à-dire à l’« extinction » du « moi »1 ; et, par cette « extinction », on atteint la « station divine » (Elmaqâmul-ilahi), qui est le point central où toutes les distinctions inhérentes aux points de vue extérieurs sont dépassées, où toutes les oppositions ont disparu et sont résolues dans un parfait équilibre.

[1] Cette « extinction » n’est pas sans analogie, même quant au sens littéral du terme qui la désigne, avec le Nirvâna de la doctrine hindoue ; au-delà d’Elfanâ il y a encore Fanâ elfanâi, l’« extinction de l’extinction » qui correspond de même au Parinirvâna. »

Aperçus sur l’Ésotérisme islamique et le Taoïsme, Chap. IV

FAQRU (arabe)

« L’être contingent peut être défini comme celui qui n’a pas en lui-même sa raison suffisante ; un tel être, par conséquent, n’est rien par lui-même, et rien de ce qu’il est ne lui appartient en propre. Tel est le cas de l’être humain, en tant qu’individu, ainsi que de tous les êtres manifestés, en quelque état que ce soit, car, quelle que soit la différence entre les degrés de l’Existence universelle, elle est toujours nulle au regard du Principe. Ces êtres, humains ou autres, sont donc, en tout ce qu’ils sont, dans une dépendance complète vis-à-vis du Principe « hors duquel il n’y a rien, absolument rien qui existe »1 ; c’est dans la conscience de cette dépendance que consiste proprement ce que plusieurs traditions désignent comme la « pauvreté spirituelle ». »

Aperçus sur l’Ésotérisme islamique et le Taoïsme, Chap. IV

FIAT LUX (latin)

« Pour que ce chaos puisse commencer à prendre forme et à s’organiser, il faut qu’une vibration initiale lui soit communiquée par les puissances spirituelles, que la Genèse hébraïque désigne comme les Élohim ; cette vibration, c’est le Fiat Lux qui illumine le chaos, et qui est le point de départ nécessaire de tous les développements ultérieurs ; et, au point de vue initiatique, cette illumination est précisément constituée par la transmission de l’influence spirituelle dont nous venons de parler. Dès lors, et par la vertu de cette influence, les possibilités spirituelles de l’être ne sont plus la simple potentialité qu’elles étaient auparavant ; elles sont devenues une virtualité prête à se développer en acte dans les divers stades de la réalisation initiatique. »

Aperçus sur l’Initiation, Chap. IV

FIN DU MONDE

« Cette fin n’est sans doute pas la « fin du monde », au sens total où certains veulent l’entendre, mais elle est tout au moins la fin d’un monde […] c’est-à-dire de la fin d’une époque ou d’un cycle historique, qui peut d’ailleurs être en correspondance avec un cycle cosmique, suivant ce qu’enseignent à cet égard toutes les doctrines traditionnelles. Il y a déjà eu dans le passé bien des événements de ce genre, et sans doute y en aura-t-il encore d’autres dans l’avenir ; événements d’importance inégale, du reste, selon qu’ils terminent des périodes plus ou moins étendues et qu’ils concernent, soit tout l’ensemble de l’humanité terrestre, soit seulement l’une ou l’autre de ses portions, une race ou un peuple déterminé. Il est à supposer, dans l’état présent du monde, que le changement qui interviendra aura une portée très générale, et que, quelle que soit la forme qu’il revêtira, et que nous n’entendons point chercher à définir, il affectera plus ou moins la terre tout entière. En tout cas, les lois qui régissent de tels événements sont applicables analogiquement à tous les degrés ; aussi ce qui est dit de la « fin du monde », en un sens aussi complet qu’il est possible de la concevoir, et qui d’ailleurs ne se rapporte d’ordinaire qu’au monde terrestre, est-il encore vrai, toutes proportions gardées, lorsqu’il s’agit simplement de la fin d’un monde quelconque, entendue en un sens beaucoup plus restreint. »

La Crise du Monde Moderne, Avant-propos

FINI

« […] le fini, tout en devenant indéfini par les extensions dont il est susceptible, c’est-à-dire par le développement de ses propres possibilités, demeure toujours nul vis-à-vis de l’Infini. »

L’Homme et son Devenir selon le Vêdânta, Chap. XXIII

FITRAH (arabe)

(note) « […] en arabe, la Nature primordiale est El-Fitrah, tandis que la nature manifestée est et-tabiyah. »

La Grande Triade, Chap. XIX

FORMES

« […] ce qui est dépassé, c’est le monde des formes dans son acception la plus générale, comprenant tous les états individuels quels qu’ils soient, car la forme est la condition commune à tous ces états, celle par laquelle se définit l’individualité comme telle. »

La Métaphysique Orientale

FIRQAH (arabe)

(note) « Le terme arabe correspondant au mot « secte » est firqah, qui, comme lui, exprime proprement une idée de « division ». »

Aperçus sur l’Initiation, Chap. XI

G

GANÊSHA (sanskrit)

« Dans la tradition hindoue, Ganêsha, qui représente la Connaissance, est désigné en même temps comme le « Seigneur des déités » »

L’Homme et son Devenir selon le Vêdânta, Chap. XXII

« […] Ganêsha, dont le symbolisme a de nombreux points de contact avec celui de Janus, est également le « Maître des deux voies », par une conséquence immédiate de son caractère de « Seigneur de la Connaissance » »

Symboles de la Science Sacrée, Chap. XVIII

GNOSE

« Il faut bien prendre garde de ne pas confondre « Gnose », qui signifie « connaissance » […] »

Aperçus sur l’Ésotérisme chrétien, Chap. IV

GNOSTICISME

« […] cette dénomination de « gnosticisme » est assez vague et paraît, en fait, avoir été appliquée indistinctement à des choses fort différentes. »

Aperçus sur l’Ésotérisme chrétien, Chap. IV

GOG ET MAGOG

« Dans la tradition islamique, ces « fissures » sont celles par lesquelles pénétreront, aux approches de la fin du cycle, les hordes dévastatrices de Gog et Magog, qui font d’ailleurs des efforts incessants pour envahir notre monde ; ces « entités », qui représentent les influences inférieures dont il s’agit, et qui sont considérées comme menant actuellement une existence « souterraine », sont décrites à la fois comme des géants et comme des nains, ce qui, suivant ce que nous avons vu plus haut, les identifie, tout au moins sous un certain rapport, aux « gardiens des trésors cachés » et aux forgerons du « feu souterrain » qui ont aussi, rappelons-le, un aspect extrêmement maléfique ; au fond, c’est bien toujours du même ordre d’influences subtiles « infra-corporelles » qu’il s’agit en tout cela. »

Le Règne de la Quantité et les Signes des Temps, Chap. XXV

GRAAL

« […] le Graal représente en même temps deux choses qui sont étroitement solidaires l’une de l’autre : celui qui possède intégralement la « tradition primordiale », qui est parvenu au degré de connaissance effective qu’implique essentiellement cette possession, est en effet, par là même, réintégré dans la plénitude de l’« état primordial ». À ces deux choses, « état primordial » et « tradition primordiale », se rapporte le double sens qui est inhérent au mot Graal lui-même, car, par une de ces assimilations verbales qui jouent souvent dans le symbolisme un rôle non négligeable, et qui ont d’ailleurs des raisons beaucoup plus profondes qu’on ne se l’imaginerait à première vue, le Graal est à la fois un vase (grasale) et un livre (gradale ou graduale) ; ce dernier aspect désigne manifestement la tradition, tandis que l’autre concerne plus directement l’état lui-même. »

« Pour en revenir au Graal lui-même, il est facile de se rendre compte que sa signification première est au fond la même que celle qu’a généralement le vase sacré partout où il se rencontre, et qu’a notamment, en Orient, la coupe sacrificielle contenant originairement, comme nous l’indiquons plus haut, le Soma védique ou le Haoma mazdéen, c’est-à-dire le « breuvage d’immortalité » qui confère ou restitue, à ceux qui le reçoivent avec les dispositions requises, le « sens de l’éternité ». »

Le Roi du Monde, Chap. V

GRANDE PAIX

« Celle-ci peut d’ailleurs s’entendre de deux façons, suivant qu’elle se rapporte au « Paradis terrestre » ou au « Paradis céleste » ; dans ce dernier cas, elle s’identifie à la « lumière de gloire » et à la « vision béatifique » ; dans l’autre, c’est la « paix » proprement dite, en un sens plus restreint mais encore très différent du sens « profane ». »

La Métaphysique Orientale

GUERRE

« […] ce qui vient d’être dit sur la « paix » résidant au point central nous amène, quoique ceci puisse paraître une digression, à parler quelque peu d’un autre symbolisme, celui de la guerre, auquel nous avons déjà fait ailleurs quelques allusions. Ce symbolisme se rencontre notamment dans la BhagavadGîtâ : la bataille dont il est question dans ce livre représente l’action, d’une façon tout à fait générale, sous une forme d’ailleurs appropriée à la nature et à la fonction des Kshatriyas à qui il est plus spécialement destiné. Le champ de bataille (Kshêtra) est le domaine de l’action, dans lequel individu développe ses possibilités, et qui est figuré par le plan horizontal dans le symbolisme géométrique; il s’agit ici de l’état humain, mais la même représentation pourrait s’appliquer à tout autre état de manifestation, pareillement soumis, sinon à l’action proprement dite, du moins au changement et à la multiplicité. Cette conception ne se trouve pas seulement dans la doctrine hindoue, mais aussi dans la doctrine islamique, car tel est exactement le sens réel de la « guerre sainte » (jihâd) ; l’application sociale et extérieure n’est que secondaire, et ce qui le montre bien, c’est qu’elle constitue seulement la « petite guerre sainte » (jihâdulaçghar) tandis que la « Grande guerre sainte » (jihâdulakbar) est d’ordre purement intérieur et spirituel.

On peut dire que la raison d’être essentiel de la guerre, sous quelque point de vue et dans quelque domaine qu’on l’envisage, c’est de faire cesser un désordre est de rétablir l’ordre ; c’est, en d’autres termes, l’unification d’une multiplicité, par les moyens qui appartiennent au monde de la multiplicité elle-même ; c’est à ce titre, et à ce titre seul, que la guerre peut être considérée comme légitime. D’autre part, le désordre est, en un sens, inhérent à toute manifestation prise en elle-même, car la manifestation, en dehors de son principe, donc en tant que multiplicité non unifiée, n’est qu’une série indéfinie de ruptures d’équilibre. La guerre, entendue comme nous venons de le faire, et non limitée à un sens exclusivement humain, représente donc le processus cosmique de réintégration du manifesté dans l’unité principiel ; et c’est pourquoi, au point de vue de la manifestation elle-même, cette réintégration apparaît comme une destruction, ainsi qu’on le voit très nettement par certains aspects du symbolisme de Shiva dans la doctrine hindoue.

Si l’on dit que la guerre elle-même est encore un désordre, cela est vrai sous un certain rapport, et il en est nécessairement ainsi par là même qu’elle s’accomplit dans le monde de la manifestation et de la multiplicité ; mais c’est un désordre qui est destiné à compenser un autre désordre, et, suivant l’enseignement de la tradition extrême-orientale que nous avons déjà rappelé précédemment, c’est la somme même de tous les désordres, ou de tous les déséquilibres, qui constitue l’ordre total. »

Le Symbolisme de la Croix, Chap. XVIII

GUNA (sanskrit)

« La doctrine hindoue envisage trois gunas, qualités constitutives des êtres dans tous leurs états de manifestation : Sattwa, la conformité à la pure essence de l’Etre universel, qui est identifiée à la lumière intelligible ou à la connaissance, et présentée comme une tendance ascendante ; Rajas, l’impulsion expansive, selon laquelle l’être se développe dans un certain état et, en quelques sortes, à un niveau déterminé de l’existence ; enfin, Tamas, l’obscurité, assimilée à l’ignorance, est représentée comme une tendance descendante.

Les gunas sont en parfait équilibre dans l’indifférenciation primordiale, et toute manifestation représente une rupture de cet équilibre. »

Autorité Spirituelle et Pouvoir Temporel, Chap. IV

« Ces trois gunas sont des qualités ou attributions essentielles, constitutives et primordiales des êtres envisagés dans leurs différents états de manifestation ;

(note) Dans son acception ordinaire et littérale, le mot guna signifie « corde » ; de même, les termes bandha et pâsha, qui signifient proprement « liens », s’appliquent à toutes les conditions particulières et limitatives d’existence (upâdhis) qui définissent plus spécialement tel ou tel état ou mode de la manifestation. Il faut dire cependant que la dénomination de guna s’applique plus particulièrement à la corde d’un arc ; elle exprimerait donc, sous un certain rapport tout au moins, l’idée de « tension » à des degrés divers, d’où, par analogie, celle de « qualification » ; mais peut-être est-ce moins l’idée de « tension » qu’il faut voir ici que celle de transcendant », qui lui est d’ailleurs apparenté comme les mots même l’indiquent, et qui est celle qui répond le plus exactement à la définition de trois gunas) »

Le Symbolisme de la Croix, Chap. IV

GURU (sanskrit)

« C’est cette idée de « paternité spirituelle » qu’exprime très exactement le mot guru, qui désigne l’instructeur chez les Hindous, et qui a aussi le sens d’« ancêtre » ; c’est à cette même idée que fait allusion, chez les Arabes, le mot sheikh, qui avec le sens propre de « vieillard », a un emploi identique. »

Introduction Générale à l’Étude des Doctrines Hindoues, Chap. XVI

« […] le véritable guru est purement intérieur, qu’il n’est autre que le « Soi » de l’être lui-même, et que le guru extérieur ne fait que le représenter tant que l’être ne peut pas encore se mettre en communication consciente avec ce « Soi ». »

Aperçus sur l’Initiation, Chap. XXXV

H

HÂL (arabe)

« Il s’agit alors, dans le langage du taçawwuf islamique, d’un hâl ou état transitoire qui n’a pas pu être fixé et transformé en maqâm, c’est-à-dire en « station » permanente, acquise une fois pour toutes, quel que soit d’ailleurs le degré de réalisation auquel elle correspond. »

Initiation et Réalisation Spirituelle, Chap. XXXII

HAMSA (sanskrit)

« […] le nom de Hamsa, qui est donné à cette caste primitive unique, indique un degré spirituel très élevé, aujourd’hui tout à fait exceptionnel, mais qui était alors commun à tous les hommes et qu’ils possédaient en quelque sorte spontanément »

Autorité Spirituelle et Pouvoir Temporel, Chap. I

« […] Hamsa, c’est-à-dire par la caste primordiale unique qui existait dans le Krita-Yuga, et qui contenait les quatre varnas ultérieurs en principe et à l’état indifférencié, de la même façon que l’éther contient les quatre autres éléments. »

Études sur l’hindouisme, Chap. VI

HAQÎQAH (arabe)

« De toutes les doctrines traditionnelles, la doctrine islamique est peut-être celle où est marquée le plus nettement la distinction de deux parties complémentaires l’une de l’autre, que l’on peut désigner comme l’exotérisme et l’ésotérisme. Ce sont, suivant la terminologie arabe, es-shariyah, c’est-à-dire littéralement la « grande route », commune à tous, et el-haqîqah, c’est-à-dire la « vérité » intérieure, réservée à l’élite, non en vertu d’une décision plus ou moins arbitraire, mais par la nature même des choses, parce que tous ne possèdent pas les aptitudes ou les « qualifications » requises pour parvenir à sa connaissance. On les compare souvent, pour exprimer leur caractère respectivement « extérieur » et « intérieur », à l’« écorce » et au « noyau » (el-qishr wa el-lobb), ou encore à la circonférence et à son centre. La shariyah comprend tout ce que le langage occidental désignerait comme proprement « religieux », et notamment tout le côté social et législatif qui, dans l’Islam, s’intègre essentiellement à la religion ; on pourrait dire qu’elle est avant tout règle d’action, tandis que la haqîqah est connaissance pure ; mais il doit être bien entendu que c’est cette connaissance qui donne à la shariyah même son sens supérieur et profond et sa vraie raison d’être, de sorte que, bien que tous ceux qui participent à la tradition n’en soient pas conscients, elle en est véritablement le principe, comme le centre l’est de la circonférence. »

Aperçus sur l’Ésotérisme Islamique et le Taoïsme, Chap. I

HAQQ (arabe)

«  Dans les termes de la tradition islamique, el-haqiqah ou la « vérité » de chaque être, quel qu’il soit, réside dans le Principe divin en tant que celui-ci est lui-même El-Haqq ou la « Vérité » au sens absolu. »

Mélanges Chap. IV

HARMONIE

« […] l’harmonie, […] n’est rien d’autre que le reflet de l’unité principielle dans la multiplicité du monde manifesté ; et c’est cette correspondance qui est le véritable fondement du symbolisme. C’est pourquoi les lois d’un domaine inférieur peuvent toujours être prises pour symboliser les réalités d’un ordre supérieur, où elles ont leur raison profonde, qui est à la fois leur principe et leur fin »

Autorité Spirituelle et Pouvoir Temporel, Chap. I

HASARD

« Ce que les hommes appellent le hasard est simplement leur ignorance des causes ; si l’on prétendait, en disant que quelque chose arrive par hasard, vouloir dire qu’il n’y a pas de cause, ce serait là une supposition contradictoire en elle-même. »

La Crise du Monde Moderne, Chap. VI

HAY (arabe)

« El-Hay est un des principaux noms divins ; on doit le traduire, non par « le Vivant » comme on le fait souvent, mais par « le Vivifiant », celui qui donne la vie ou qui est le principe de la vie. »

Symboles de la Science Sacrée, Chap. XX

HERMÉTISME

« Ce mot indique qu’il s’agit essentiellement d’une tradition d’origine égyptienne, revêtue par la suite d’une forme hellénisée, sans doute à l’époque alexandrine, et transmise sous cette forme, au moyen âge, à la fois au monde islamique et au monde chrétien, et, ajouterons-nous, au second en grande partie par l’intermédiaire du premier, comme le prouvent les nombreux termes arabes ou arabisés adoptés par les hermétistes européens, à commencer par le mot même d’« alchimie » (el-Kimia). Il serait donc tout à fait illégitime d’étendre cette désignation à d’autres formes traditionnelles, tout autant qu’il le serait par exemple, d’appeler « Kabbale » autre chose que l’ésotérisme hébraïque ; ce n’est pas, bien entendu, qu’il n’en existe pas d’équivalent ailleurs, et il en existe même si bien que cette science traditionnelle qu’est l’alchimie a son exacte correspondance dans des doctrines comme celles de l’Inde, du Thibet et de la Chine, bien qu’avec des modes d’expression et des méthodes de réalisation naturellement assez différents ; mais dès lors qu’on prononce le nom d’« hermétisme », on spécifie par là une forme nettement déterminée, dont la provenance ne peut être que gréco-égyptienne. En effet, la doctrine ainsi désignée est par là même rapportée à Hermès, en tant que celui-ci était considéré par les Grecs comme identique au Thot égyptien ; […]

Maintenant une question se pose ; ce qui s’est maintenu sous ce nom d’« hermétisme » constitue-t-il une doctrine traditionnelle complète ? La réponse ne peut être que négative, car il ne s’agit strictement que d’une connaissance d’ordre non pas métaphysique, mais seulement cosmologique (en l’entendant d’ailleurs dans sa double application « macrocosmique » et « microcosmique »). Il n’est donc pas admissible que l’hermétisme, au sens que ce mot a pris dès l’époque alexandrine et gardé constamment depuis lors, représente l’intégralité de la tradition égyptienne ; bien que, dans celle-ci, le point de vue cosmologique semble avoir été particulièrement développé, et qu’il soit en tout cas ce qu’il y a de plus apparent dans tous les vestiges qui en subsistent, qu’il s’agisse de textes ou de monuments, il ne faut pas oublier qu’il ne peut jamais être qu’un point de vue secondaire et contingent, une application de la doctrine à la connaissance de ce que nous pouvons appeler le « monde intermédiaire ». Il serait intéressant, mais sans doute assez difficile, de rechercher comment cette partie de la tradition égyptienne a pu se trouver en quelque sorte isolée et se conserver d’une façon apparemment indépendante, puis s’incorporer à l’ésotérisme islamique et à l’ésotérisme chrétien du moyen âge (ce que n’aurait pu faire une doctrine complète), au point de devenir véritablement partie intégrante de l’un et de l’autre, et de leur fournir tout un symbolisme qui, par une transposition convenable, a pu même y servir parfois de véhicule à des vérités d’un ordre plus élevé. Ce n’est pas ici le lieu d’entrer dans ces considérations historiques fort complexes »

Formes traditionnelles et Cycles Cosmiques, Partie IV, Chap. 1

« […] par définition même, l’hermétisme relève précisément des « petits mystères » »

Aperçus sur l’Ésotérisme Chrétien, Chap. II

HÉTÉRODOXIE

« […] l’hétérodoxie d’une conception n’est pas autre chose, au fond, que sa fausseté, résultant de son désaccord avec les principes fondamentaux ; et cette fausseté est même, le plus souvent, une absurdité manifeste, pour peu qu’on veuille ramener la question à la simplicité de ses données essentielles : il ne saurait en être autrement, dès lors que la métaphysique, comme nous l’avons dit, exclut tout ce qui présente un caractère hypothétique, pour n’admettre que ce dont la compréhension implique immédiatement la véritable certitude. » […

Introduction Générale à l’Étude des Doctrines Hindoues, Chap. III

HINDOU

« […] ce mot ne peut désigner une race, puisqu’il s’applique également à des éléments appartenant à des races diverses, ni encore moins une nationalité, puisque rien de tel n’existe en Orient. » […]

« […] sont hindous tous ceux qui adhèrent à une même tradition, à la condition, bien entendu, qu’il soient dûment qualifiés pour pouvoir y adhérer réellement et effectivement, et non pas d’une façon simplement extérieure et illusoire ; au contraire, ne sont pas Hindous ceux qui, pour quelque raison que ce soit, ne participent pas à cette même tradition. Ce cas est notamment celui des Jaïnas et des Bouddhistes » […]

« Il n’y a donc pas d’« Hindouïsme » au sens d’une déviation de la pensée traditionnelle, puisque ce qui est vraiment et purement hindou, c’est justement ce qui, par définition, n’admet aucune déviation de cette sorte »

Introduction Générale à l’Étude des Doctrines Hindoues, Chap. I

« […] tout ce qui est indien n’est pas hindou par là même, puisque ce dernier terme ne désigne exclusivement que ce qui se rapporte à la tradition brâhmanique »

Comptes Rendus, Le Dogme et la Loi de l’Islam, VI

HIRANYAGARBHA (sanskrit)

« […] Dans l’ordre de la manifestation universelle, de même que le monde sensible, dans son ensemble, est identifié à Virâj, ce monde idéal dont nous venons de parler est identifié à Hiranyagarbha (c’est-à-dire littéralement l’« Embryon d’or »), qui est Brahmâ (détermination de Brahma comme effet, kârya) s’enveloppant dans l’« Œuf du Monde » (Brahmânda), à partir duquel se développera, suivant son mode de réalisation, toute la manifestation formelle »

L’Homme et son Devenir selon le Vêdânta, Chap. XIV

HISTOIRE

« L’histoire, à la condition d’être envisagée comme il convient, a, comme tout le reste, sa place dans la connaissance intégrale, mais elle n’a de valeur, sous ce rapport, qu’en tant qu’elle permet de trouver, dans les contingences mêmes qui sont son objet immédiat, un point d’appui pour s’élever au-dessus de ces contingences »

Autorité Spirituelle et Pouvoir Temporel, Chap. I

HOMME UNIVERSEL

«  La réalisation effective des états multiples de l’être se réfère à la conception de ce que les différentes doctrines traditionnelles, et notamment l’ésotérisme islamique, désigne comme l’« Homme Universel », conception qui, comme nous l’avons dit ailleurs, établit l’analogie constitutive de la manifestation universelle et de sa modalité individuelle humaine, ou, pour employer le langage de l’hermétisme occidental, du « macrocosme » et du « microcosme ». »

Le Symbolisme de la Croix, Chap. II

HOMME VÉRITABLE ET HOMME TRANSCENDANT (Taoïsme)

« Suivant la tradition extrême orientale, l’« homme véritable » (tchenn-jen), et celui qui, ayant réalisé le retour à l’« état primordial », et par conséquent la plénitude de l’humanité, se trouve désormais établi définitivement dans l’« Invariable Milieu », et échappe déjà par là même aux vicissitudes de la « roue des choses ». Au-dessus de ce degré et l’« homme transcendant (cheun-jen), qui a proprement parlé n’est plus un homme, puisqu’il a dépassé l’humanité et est entièrement affranchi de ses conditions spécifiques : c’est celui qui est parvenu à la réalisation totale, à l’« Identité Suprême » ; celui-là est donc véritablement devenu l’ « Homme Universel ». Il n’en est pas ainsi pour l’« homme véritable », mais cependant on peut dire que celui-ci est tout au moins virtuellement l’« Homme Universel », en ce sens que, dès lors qu’il n’a plus à parcourir d’autres états en mode distinctif, puisqu’il est passé de la circonférence au centre, l’état humain devra nécessairement être pour lui l’état central de l’être total, bien qu’il ne le soit pas encore d’une façon effective. »

Le Symbolisme de la Croix, Chap. XXVIII

HUMANISME

« […] l’« humanisme », comme son nom même l’indique d’ailleurs, n’est pas autre chose que cette négation du supra-humain qui est à la racine de l’esprit moderne sous toute ses formes »

Articles et Comptes Rendus, Tome 1, Tradition et traditionalisme

« […] l’« humanisme », c’est-à-dire la tendance plus générale de l’esprit moderne à prétendre tout réduire à des éléments purement humains. »

Aperçus sur l’Initiation, Chap. XX

I

IDENTITÉ SUPRÊME

« […] l’« Identité suprême », état absolument permanent et inconditionné, au-delà des limitations de toute existence contingente et transitoire, qui est l’état du véritable çûfî. »

Aperçus sur l’Ésotérisme Islamique, Chap. I

IDOLÂTRIE

« […] de là l’« idolâtrie » sous toutes ses formes, naissant de la confusion du symbole en lui-même avec ce qu’il est destiné à exprimer, et la personnification des attributs divins considérés comme autant d’êtres indépendants, ce qui est la seule origine possible d’un « polythéisme » de fait. »

Aperçus sur l’Ésotérisme Islamique et le Taoïsme, Chap. III

«  […] prendre le symbole lui-même pour ce qu’il représente, par incapacité de s’élever jusqu’à sa signification purement intellectuelle, telle est, au fond, la confusion en laquelle réside la racine de toute « idolâtrie » au sens propre de ce mot, celui que l’Islamisme lui donne d’une façon particulièrement nette. Quand on ne voit plus du symbole que la forme extérieure, sa raison d’être et son efficacité actuelle ont également disparu ; le symbole n’est plus qu’une « idole », c’est-à-dire une image vaine, et sa conservation n’est que « superstition » pure, tant qu’il ne se rencontrera personne dont la compréhension soit capable, partiellement ou intégralement, de lui restituer de manière effective ce qu’il a perdu, ou du moins ce qu’il ne contient plus qu’à l’état de possibilité latente. »

Introduction Générale à l’Étude des Doctrines Hindoues, Chap. VII

ILMUL HURÛF (arabe)

« […] la « science des lettres » (ilmul-hurûf), entendue dans son sens supérieur, est la connaissance de toutes choses dans le principe même, en tant qu’essences éternelles ; dans un sens que l’on peut dire moyen, c’est la cosmogonie ; enfin, dans le sens inférieur, c’est la connaissance des vertus des noms et des nombres, en tant qu’ils expriment la nature de chaque être, connaissance permettant d’exercer par leur moyen, en raison de cette correspondance, une action d’ordre « magique » sur les êtres eux-mêmes. »

Le Symbolisme de la Croix, Chap. XVII

IMÂN (arabe)

« […] « foi », qui en arabe est imân […] »

Aperçus sur l’Ésotérisme Islamique et le Taoïsme, C.R de. « Illumination in Islamic Mysticism » d’Edward Jabra Jurji

IMMORTALITÉ

« Il est bien vrai que l’immortalité, au sens métaphysique et oriental, pour être pleinement effective, ne peut être atteinte qu’au-delà de tous les états conditionnés, individuels ou non, de telle sorte que, étant absolument indépendante de tout mode de succession possible, elle s’identifie à l’Éternité même »

L’Homme et son Devenir selon le Vêdânta, Chap. XIX

« […] véritable est essentiellement liée à la possession de ce « sens de l’éternité » ; et, comme celui-ci est donné par la connaissance effective de la vérité traditionnelle, on voit que tout ceci est parfaitement cohérent en réalité. »

Recueil, Chap. VI

INDÉFINI

« L’indéfini, qui procède du fini, est toujours réductible à celui-ci, puisqu’il n’est qu’un développement des possibilités incluses ou impliquées dans le fini. C’est une vérité élémentaire, quoi que trop souvent méconnue, que le prétendu « infini mathématique » (indéfinité quantitative, soit numérique, soit géométrique) n’est nullement infini, étant limité par les déterminations inhérentes à sa propre nature »

Le Symbolisme de la Croix, Chap. XII

« […] qui est précisément l’idée d’un développement de possibilités dont nous ne pouvons atteindre actuellement les limites »

Les Principes du Calcul Infinitésimal, Chap. I

INDIVIDU

« L’individu ne représente en réalité qu’une manifestation transitoire et contingente de l’être véritable ; Il n’est qu’un état spécial parmi une multitude indéfinie d’autres états du même être ; »

La Métaphysique Orientale

« Bien loin d’être en lui-même une unité absolue et complète, comme le voudraient la plupart des philosophes occidentaux, et en tout cas les modernes sans exception, l’individu ne constitue en réalité qu’une unité relative et fragmentaire. Ce n’est pas un tout fermé et se suffisant à lui-même, un « système clos » à la façon de la « monade » de Leibnitz ; et la notion de la « substance individuelle », entendue en ce sens, et à laquelle ces philosophes attachent en général une si grande importance, n’a aucune portée proprement métaphysique : au fond, ce n’est pas autre chose que la notion logique du « sujet », et, si elle peut sans doute être d’un grand usage à ce titre, elle ne peut légitimement être transposée au-delà des limites de ce point de vue spécial. L’individu, même envisagé dans toute l’extension dont il est susceptible, n’est pas un être total. C’est la présence de la forme parmi ses conditions d’existence qui caractérise un état comme individuel ; il va de soi, d’ailleurs, que cette forme ne doit pas être conçue nécessairement comme spatiale, car elle n’est telle que dans le seul monde corporel, l’espace étant précisément une des conditions qui définissent proprement celui-ci. »

Le Symbolisme de la Croix, Chap. I

INDIVIDUALISME

« L’individualisme implique tout d’abord la négation de l’intuition intellectuelle, en tant que celle-ci est essentiellement une faculté supra-individuelle, et de l’ordre de connaissance qui est le domaine propre de cette intuition, c’est-à-dire de la métaphysique entendue dans son véritable sens. »

« Ce que nous entendons par « individualisme », c’est la négation de tout principe supérieur à l’individualité, et, par suite, la réduction de la civilisation, dans tous les domaines, aux seuls éléments purement humains ; c’est donc, au fond, la même chose que ce qui a été désigné à l’époque de la Renaissance sous le nom d’« humanisme », comme nous l’avons dit plus haut, et c’est aussi ce qui caractérise proprement ce que nous appelions tout à l’heure le « point de vue profane ». Tout cela, en somme, n’est qu’une seule et même chose sous des désignations diverses ; et nous avons dit encore que cet esprit « profane » se confond avec l’esprit antitraditionnel, en lequel se résument toutes les tendances spécifiquement modernes. »

La Crise du Monde Moderne, Chap. V

INDRA (sanskrit)

« (note) « Indra, dont le nom signifie « puissant », est aussi désigné comme le Régent du Swarga, […] ce Swarga est un état supérieur, mais non définitif, et encore conditionné, bien qu’informel. »

L’Homme et son Devenir selon le Vêdânta, Chap. XXII

«  […] Agni et Indra sont respectivement le Sacerdoce et la Royauté in divinis […] »

Études sur l’Hindouisme, C. R. de « Hinduism and Buddhism » d’Ananda K. Coomaraswamy

INEXPRIMABLE

« Il n’y a pas d’autre mystère que l’inexprimable, qui est évidemment incommunicable par là même ; chacun pourra le pénétrer plus ou moins selon l’étendue de son horizon intellectuel ; mais, alors même qu’il l’aurait pénétré intégralement, il ne pourra jamais communiquer à un autre ce qu’il en aura compris lui-même ; tout au plus pourra-t-il aider à parvenir à cette compréhension ceux-là seuls qui y sont actuellement aptes. »

Articles et Comptes Rendus, L’enseignement initiatique.

INFINI

« L’Infini est, suivant la signification étymologique du terme qui le désigne, ce qui n’a pas de limites »

Les États Multiples de l’Être, Chap. I

« […] la Possibilité est en réalité identique à l’Infini. »

Les États Multiples de l’Être, Chap. IV

« […] le Tout universel est l’Infini. »

Les États Multiples de l’Être, Chap. XVII

« […] le mot « Infini », […] exprime la négation de toute limite, de sorte qu’il équivaut à l’affirmation totale et absolue, qui comprend ou enveloppe toutes les affirmations particulières, mais qui n’est aucune de celles-ci à l’exclusion des autres, précisément parce qu’elle les implique toutes également et « non-distinctivement » ; et c’est ainsi que la Possibilité Universelle comprend absolument toutes les possibilités. »

L’Homme et son Devenir selon le Vêdânta, Chap. XVI

« […] pour les Orientaux, tout au contraire, c’est l’Infini qui est identique à la Perfection. »

Introduction Générale à l’Étude des Doctrines Hindoues, Chap. IV

« C’est ainsi que, par exemple, l’idée de l’Infini, qui est en réalité la plus positive de toutes, puisque l’Infini ne peut être que le tout absolu, ce qui, n’étant limité par rien, ne laisse rien en dehors de soi, cette idée disons-nous, ne peut s’exprimer que par un terme de forme négative, parce que, dans le langage, toute affirmation directe est forcément l’affirmation de quelque chose, c’est-à-dire une affirmation particulière et déterminée ; mais la négation d’une détermination ou d’une limitation est proprement la négation d’une négation, donc une affirmation réelle, de sorte que la négation de toute détermination équivaut au fond à l’affirmation absolue et totale. »

Introduction Générale à l’Étude des Doctrines Hindoues, Chap. VIII

« Ce qui n’a pas de limite peut être appelé l’Infini, et, comme il contient tout, cet Infini est le principe de toutes choses. D’ailleurs, l’Infini est nécessairement un, car deux Infinis qui ne seraient pas identiques s’excluraient l’un l’autre ; il résulte donc de là qu’il n’y a qu’un Principe unique de toutes choses, et ce Principe est le Parfait, car l’Infini ne peut être tel que s’il est le Parfait.

Ainsi, le Parfait est le Principe suprême, la Cause première ; il contient toutes choses en puissance, et il a produit toutes choses »

Mélanges, Chap. I

« […] le symbole ∞ ne représente point l’Infini, car l’Infini ne peut avoir ni opposé ni complémentaire, et il ne peut entrer en corrélation avec quoi que ce soit, pas plus avec le zéro qu’avec l’unité ou avec un nombre quelconque ; étant le Tout absolu, il contient aussi bien le Non-Être que l’Être, de sorte que le zéro lui-même, dès lors qu’il n’est pas un pur néant, doit nécessairement être considéré comme compris dans l’Infini. »

Mélanges, Chap. II

« l’Infini est proprement ce qui n’a pas de limites, car fini est évidemment synonyme de limité ; on ne peut donc sans abus appliquer ce mot à autre chose qu’à ce qui n’a absolument aucune limite, c’est-à-dire au Tout universel qui inclut en soi toutes les possibilités, et qui, par suite, ne saurait être en aucune façon limité par quoi que ce soit ; l’Infini, ainsi entendu, est métaphysiquement et logiquement nécessaire, car non seulement il ne peut impliquer aucune contradiction, ne renfermant en soi rien de négatif, mais c’est au contraire sa négation qui serait contradictoire. De plus, il ne peut évidemment y avoir qu’un Infini, car deux infinis supposés distincts se limiteraient l’un l’autre, donc s’excluraient forcément ; par conséquent, toutes les fois que le mot « infini » est employé dans un sens autre que celui que nous venons de dire, nous pouvons être assuré a priori que cet emploi est nécessairement abusif, car il revient en somme, ou à ignorer purement et simplement l’Infini métaphysique, ou à supposer à côté de lui un autre infini. »

Les Principes du Calcul Infinitésimal, Chap. I

« l’expression « tendre vers l’infini », employée fréquemment par les mathématiciens dans le sens de « croître indéfiniment », est encore une absurdité, puisque l’infini implique évidemment l’absence de toute limite, et que par conséquent il n’y aurait là rien vers quoi il soit possible de tendre. »

Les Principes du Calcul Infinitésimal, Chap. IX

« […] le « non-mesurable » est l’infini, qui est la source à la fois de l’indéfini et du fini, et qui demeure inaffecté par la définition de ce qui est définissable », c’est-à-dire par la réalisation des possibilités de manifestation qu’il porte en lui. »

Le Règne de la Quantité et les Signes des Temps, Chap. III

INFLUENCES ERRANTES

(note) « […] ces influences correspondent naturellement, dans l’ordre cosmique, à ce qu’est le psychisme inférieur dans l’être humain. »

Symboles de la Science Sacrée, Chap. XXI

« […] la magie appartient au domaine de la science, et, plus précisément, de la science expérimentale ; elle concerne le maniement de certaines forces, qui, dans l’Extrême-Orient, sont appelées « influences errantes », et dont les effets, si étranges qu’ils puissent paraître, n’en sont pas moins des phénomènes naturels ayant leurs lois comme tous les autres. Cette science est assurément susceptible d’une base traditionnelle, mais, alors même, elle n’a jamais que la valeur d’une application contingente et secondaire ; encore faut-il ajouter, pour être fixé sur son importance, qu’elle est généralement dédaignée des vrais détenteurs de la tradition, qui, sauf dans certains cas spéciaux et déterminés, l’abandonnent aux jongleurs errants qui en tirent profit en amusant la foule. »

Introduction Générale à l’Étude des Doctrines Hindoues, Chap. II

« […] ces forces sont précisément les plus inférieures de toutes, donc celles dont les effets peuvent être les plus funestes et devraient être évités le plus soigneusement ; elles correspondent, dans l’ordre cosmique, à ce que sont les plus basses régions du « subconscient » dans l’être humain. C’est dans cette catégorie qu’il faut ranger toutes les forces auxquelles la tradition extrême-orientale donne la dénomination générique d’« influences errantes », forces dont le maniement constitue la partie la plus importante de la magie, et dont les manifestations, parfois spontanées, donnent lieu à tous ces phénomènes dont la « hantise » est le type le plus connu ; ce sont, en somme, toutes les énergies non individualisées, et il y en a naturellement de bien des sortes. Certaines de ces forces peuvent être dites vraiment « démoniaques » ou « sataniques » ; ce sont celles-là, notamment, que met en jeu la sorcellerie, et les pratiques spirites peuvent aussi les attirer souvent, quoique involontairement ; le médium est un être que sa malencontreuse constitution met en rapport avec tout ce qu’il y a de moins recommandable en ce monde, et même dans les mondes inférieurs. Dans les « influences errantes » doit être également compris tout ce qui, provenant des morts, est susceptible de donner lieu à des manifestations sensibles, car il s’agit là d’éléments qui ne sont plus individualisés ; tel est l’ob lui-même, et tels sont à plus forte raison tous ces éléments psychiques de moindre importance qui représentent « le produit de la désintégration de l’inconscient (ou mieux du « subconscient ») d’une personne morte » ; ajoutons que, dans les cas de mort violente, l’ob conserve pendant un certain temps un degré tout spécial de cohésion et de quasi-vitalité, ce qui permet de rendre compte de bon nombre de phénomènes. Nous ne donnons là que quelques exemples, et d’ailleurs, nous le répétons, il n’y a point à indiquer une source nécessaire de ces influences ; d’où qu’elles viennent, elles peuvent être captées suivant certaines lois ; mais les savants ordinaires, qui ne connaissent absolument rien de ces lois, ne devraient pas s’étonner d’avoir quelques déconvenues et de ne pouvoir se faire obéir de la « force psychique », qui paraît quelquefois se plaire à déjouer les plus ingénieuses combinaisons de leur méthode expérimentale ; ce n’est pas que cette force (qui d’ailleurs n’est pas une) soit plus « capricieuse » qu’une autre, mais encore faut-il savoir la diriger […]. »

L’Erreur Spirite, Chap. VII

INITIATION

« […] l’initiation, ainsi entendue dans son sens le plus strict et le plus précis, n’est en réalité rien d’autre que la transmission initiale de l’influence spirituelle à l’état de germe, c’est-à-dire, en d’autres termes, le rattachement initiatique lui-même. »

Initiation et Réalisation Spirituelle, Chap. V

INITIATIONS (sacerdotale et royale)

« De cette distinction, dans la connaissance sacrée ou traditionnelle, de deux ordres que l’on peut, d’une manière générale, désigner comme celui des principes et celui des applications, ou encore, suivant ce que nous venons de dire, comme l’ordre « métaphysique » et l’ordre « physique », était dérivée, dans les mystères antiques, en Occident aussi bien qu’en Orient, la distinction de ce qu’on appelait les « grands mystères » et les « petits mystères », ceux-ci comportant en effet essentiellement la connaissance de la nature, et ceux-là la connaissance de ce qui est au-delà de la nature. Cette même distinction correspondait précisément à celle de l’« initiation sacerdotale » et de l’« initiation royale », c’est-à-dire que les connaissances qui étaient enseignées dans ces deux sortes de mystères étaient celles qui étaient regardées comme nécessaires à l’exercice des fonctions respectives des Brâhmanes et des Kshatriyas, ou de ce qui était l’équivalent de ces deux castes dans les institutions des divers peuples. »

Autorité Spirituelle et Pouvoir Temporel, Chap.II

INSTRUCTEUR SPIRITUEL (faux et vrai)

« Quiconque se présente comme un instructeur spirituel sans se rattacher à une forme traditionnelle déterminée ou sans se Conformer aux règles établies par celles-ci ne peut pas avoir véritablement la qualité qu’il s’attribue ; ce peut-être, suivant les cas, un vulgaire imposteur ou un « illusionné » ignorant des conditions réelles de l’initiation ; et dans ce dernier cas plus encore que dans l’autre, il est fort à craindre qu’il ne soit trop souvent, en définitive, rien de plus qu’un instrument au service de quelque chose qu’il ne soupçonne peut-être pas lui-même. Nous en dirons autant (et d’ailleurs ce caractère se confond forcément jusqu’à un certain point avec le précédent) de quiconque a la prétention de dispenser indistinctement un enseignement de nature initiatique à n’importe qui et même à de simples profanes, en négligeant la nécessité, comme condition première de son efficacité, du rattachement à une organisation régulière, ou encore de quiconque procède suivant des méthodes qui ne sont conformes à celles d’aucune initiation reconnue traditionnellement. »

[…] « D’autre part, pour ce qui est des vrais instructeurs spirituels, le contraste qu’ils présentent avec les faux instructeurs, sous les divers rapports que nous venons d’indiquer, peut, sinon les faire reconnaître avec une entière sûreté (en ce sens que ces conditions, si elles sont nécessaires, peuvent pourtant n’être pas suffisantes), du moins y aider grandement ; mais ici il convient de faire une autre remarque pour dissiper encore quelques idées fausses. Contrairement à ce que beaucoup paraissent s’imaginer, il n’est pas toujours nécessaire, pour que quelqu’un soit apte à remplir ce rôle dans certaines limites, qu’il soit lui-même parvenu à une réalisation spirituelle complète »

Initiation et Réalisation Spirituelle, Chap. XXI

INTÉGRAL (Mathématiques)

« […] consiste à calculer les limites de sommes d’éléments dont la multitude croît indéfiniment en même temps que la valeur de chacun d’eux décroît indéfiniment, car il faut que ces deux conditions soient réunies pour que la somme elle-même demeure toujours une quantité finie et déterminée. »

Les Principes du Calcul Infinitésimal, Chap. XII

INTÉGRATION (Mathématiques)

«  […] l’intégration doit être regardée comme une opération essentiellement synthétique, en ce qu’elle enveloppe simultanément tous les éléments de la somme qu’il s’agit de calculer, en conservant entre eux l’« indistinction » qui convient aux parties du continu, dès lors que ces parties, en conséquence de la nature même du continu, ne peuvent pas être quelque chose de fixe et de déterminé.

« […] l’intégration et les autres opérations du même genre apparaissent véritablement comme un symbole de la « réalisation » métaphysique elle-même. »

Les Principes du Calcul Infinitésimal, Chap. XXII

INTELLECT

« L’intellect transcendant, pour saisir directement les principes universels doit être lui-même d’ordre universel ; Ce n’est plus une faculté individuelle, et le considérer comme tel serait contradictoire, car il ne peut être dans les possibilités de l’individu de dépasser ses propres limites, de sortir des conditions qui le définissent en tant qu’individu »

La Métaphysique Orientale

INTENTION

« […] nous prenons ici le mot « intention » dans un sens qui est très exactement celui de l’arabe niyah, que l’on traduit habituellement ainsi, et ce sens est d’ailleurs conforme à l’étymologie latine (de in-tendere, tendre vers). »

Le Roi du Monde, Chap. VIII

INTUITION INTELLECTUELLE

« Il y une intuition intellectuelle et une intuition sensible ; L’une est au-delà de la raison, mais l’autre est en deçà ; cette dernière ne peut saisir que le monde du changement et du devenir, c’est-à-dire la nature, ou plutôt une infime partie de la nature. Le domaine de l’intuition intellectuelle, au contraire, c’est le domaine des principes éternels et immuables, c’est le domaine métaphysique. »

« […] l’intuition intellectuelle, par laquelle seule s’obtient la vraie connaissance métaphysique, n’a absolument rien de commun avec cette autre intuition dont parlent certains philosophes contemporains : celle-ci est de l’ordre sensible, elle est proprement infra-rationnelle, tandis que l’autre, qui est l’intelligence pure, est au contraire supra-rationnelle. Mais les modernes, qui ne connaissent rien de supérieur à la raison dans l’ordre de l’intelligence, ne conçoivent même pas ce que peut être l’intuition intellectuelle, alors que les doctrines de l’antiquité et du moyen âge, même quand elles n’avaient qu’un caractère simplement philosophique et, par conséquent, ne pouvaient pas faire effectivement appel à cette intuition, n’en reconnaissaient pas moins expressément son existence et sa suprématie sur toutes les autres facultés. C’est pourquoi il n’y eut pas de « rationalisme » avant Descartes ; c’est là encore une chose spécifiquement moderne, et qui est d’ailleurs étroitement solidaire de l’« individualisme », puisqu’elle n’est rien d’autre que la négation de toute faculté d’ordre supra-individuel. Tant que les Occidentaux s’obstineront à méconnaître ou à nier l’intuition intellectuelle, ils ne pourront avoir aucune tradition au vrai sens de ce mot, et ils ne pourront non plus s’entendre avec les authentiques représentants des civilisations orientales, dans lesquelles tout est comme suspendu à cette intuition, immuable et infaillible en soi, et unique point de départ de tout développement conforme aux normes traditionnelles. »

La Crise du Monde Moderne, Chap. III

« […] l’intuition intellectuelle est au principe de tout ; en d’autres termes, c’est la pure doctrine métaphysique qui constitue l’essentiel, et tout le reste s’y rattache à titre de conséquences ou d’applications aux divers ordres de réalités contingentes. »

La Crise du Monde Moderne, Chap. IV

INVARIABLE MILIEU (Taoïsme)

[…] « l’« Invariable Milieu », le point fixe et immuable qui commande le mouvement sans y participer »

Le Symbolisme de la Croix, Chap. XXV

« […] l’« invariable milieu », c’est-à-dire de l’état d’équilibre parfait, soustrait aux incessantes vicissitudes du monde extérieur »

Aperçus sur l’Ésotérisme Islamique et le Taoïsme, Chap. X

« […] l’« invariable milieu » de la tradition extrême-orientale, le point fixe autour duquel s’effectue la rotation des sphères, la mutation perpétuelle du monde manifesté. »

L’Ésotérisme de Dante, Chap. VIII

« […] l’« Invariable Milieu », qui est le point où se manifeste l’« Activité du Ciel » […] »

Écrits pour Regnabit, L’idée du centre dans les traditions antiques

« […] cet « invariable milieu » est proprement le point de rencontre de l’« Axe du Monde » (selon la direction duquel s’exerce l’« Activité du Ciel ») avec le domaine des possibilités humaines ; en d’autres termes, c’est seulement le centre de l’état humain, qui n’est qu’une image réfléchie du Centre universel. Ce centre du domaine humain, en somme, n’est pas autre chose que le Paradis terrestre, ou l’état qui y correspond, ce qu’on peut appeler l’« état édénique » »

Écrits pour Regnabit, Le centre du monde dans les traditions extrême-orientales

« Cette unité, telle que nous venons de la considérer, et dans laquelle réside l’équilibre, est ce que la tradition extrême-orientale appelle l’« Invariable Milieu » ; et suivant cette même tradition, cet équilibre ou cette harmonie est, au centre de chaque état et de chaque modalité de l’être, le reflet de l’« Activité du Ciel ». »

Les Principes du Calcul infinitésimal, Chap. XVII

« […] l’harmonisation complète de tous les éléments constitutifs de l’état d’être correspondant. C’est là, comme nous l’avons vu plus haut, ce qu’il faut entendre par l’« Invariable Milieu » (Tchoung-young), où se reflète, en chaque état d’être (par l’équilibre qui est comme une image de l’Unité principielle dans le manifesté), l’« Activité du Ciel », qui, en elle-même, est non-agissante et non-manifestée, bien que devant être conçue comme capable d’action de manifestation, sans d’ailleurs que cela puisse l’affecter ou la modifier en quelque façon que ce soit, et même, à la vérité, comme capable de toute action et de toute manifestation, précisément parce qu’elle est au-delà de toutes les actions et manifestations particulières. »

Le Symbolisme de la Croix, Chap. XXIII

ÎSHWARA (sanskrit)

« Le Principe impersonnel, donc absolument universel, est désigné comme Brahma ; la « personnalité divine » qui en est une détermination ou une spécification, impliquant un moindre degré d’universalité, a pour appellation la plus générale celle d’Îshwara. »

Introduction Générale à l’Étude des Doctrines Hindoues, Chap. VII

ISLÂM

« […] Le sens propre du mot Islam est « soumission à la Volonté divine » ; c’est pourquoi il est dit, dans certains enseignements ésotériques, que tout être et muslim, en ce sens qu’il n’en est évidemment aucun qui puisse se soustraire à cette Volonté, et que, par conséquent, chacun occupe nécessairement la place qui lui est assignée dans l’ensemble de l’Univers. La distinction des êtres en « fidèles » (mûminîn) et « infidèles » (kuffâr) consiste donc seulement en ce que les premiers se conforment consciemment et volontairement à l’ordre universel, tandis que, parmi les seconds, il en est qui n’obéissent à la loi que contre leur gré, et d’autres qui sont dans l’ignorance pure et simple. »

Le Symbolisme de la Croix, Chap. XXV

J

JANUS

« […] chez les romains, Janus, qui était le dieu de l’initiation aux mystères, était en même temps le dieu des Collegia fabrorum »

Autorité Spirituelle et Pouvoir Temporel, Chap. II

JÂTI (sanskrit)

« Quant au mot jâti, son sens propre est celui de « naissance » »

Introduction Générale à l’Étude des Doctrines Hindoues, Chap. VI

JÎVAN MUKTI (sanskrit)

« […] la libération « dans la vie » (jîvanmukti) […] »

L’Homme et son Devenir selon le Vêdânta, Chap. XXIV

JÎVÂTMÂ (sanskrit)

« […] l’« âme vivante » (jîvâtmâ), c’est-à-dire la manifestation particulière du « Soi » dans la vie (jîva), donc dans l’individu humain, envisagé plus spécifiquement sous l’aspect vital qui exprime une des conditions d’existence définissant proprement son état, et qui d’ailleurs s’applique à tout l’ensemble de ses modalités. En effet, métaphysiquement, cette manifestation ne doit pas être considérée séparément de son principe, qui est le « Soi » ; et, si celui-ci apparaît comme jîva dans le domaine de l’existence individuelle, donc en mode illusoire, il est Âtmâ dans la réalité suprême. »

L’Homme et son Devenir selon le Vêdânta, Chap. III

JONGLEUR

« Par jongleur, en effet, il ne faut pas entendre uniquement une sorte de « prestidigitateur », suivant l’acception très restreinte que les modernes ont donnée à ce mot ; au point de vue où nous nous plaçons ici, l’homme qui exhibe les « phénomènes » d’ordre psychique les plus authentiques rentre exactement dans la même catégorie, car en réalité, le jongleur est celui qui amuse la foule en accomplissant des choses bizarres, ou même simplement en affectant des allures extravagantes [1]. C’est ainsi qu’on l’entendait au moyen âge, où le jongleur était par-là identifié en quelque sorte au bouffon ; et l’on sait, par ailleurs, que le bouffon était aussi appelé « fou », bien qu’il ne le fût pas réellement, ce qui montre le lien assez étroit qui existe entre les divers cas dont nous venons de parler.

[1] – Étymologiquement, le jongleur (du latin joculator) est proprement un « plaisant », quel que soit d’ailleurs le genre de « plaisanteries » auquel il se livre. »

Initiation et Réalisation Spirituelle, Chap. XXVII

JUSTICE

« […] suivant la doctrine extrême-orientale, la justice est faite de la somme de toutes les injustices, et, dans l’ordre total, tout désordre se compense par un autre désordre »

Autorité Spirituelle et Pouvoir Temporel, Chap. IX

K

KAABAH (arabe)

« […] la Kaabah, qui est la « maison de Dieu » (Beit Allah), et dont la forme est celle d’un cube (image de la stabilité) occupant le centre d’une circonférence qui est la coupe terrestre (humaine) de la sphère de l’Existence universelle. »

Aperçus sur l’Ésotérisme Islamique et le Taoïsme, Chap. II

KAIVALYA (sanskrit)

« […] il est un autre terme, celui de Kaivalya, qui signifie aussi « isolement », et qui exprime en même temps les idées de « perfection » et de « totalité » ; et ce terme est souvent employé comme un équivalent de Moksha : kêvala désigne l’état absolu et inconditionné, qui est celui de l’être « délivré » (mukta). »

L’Homme et son Devenir selon le Vêdânta, Chap. XXIV

« […] l’état de « solitude » absolue (kaivalya), qui est au-delà de toute contingence, est un état de pure impassibilité. »

Initiation et Réalisation Spirituelle, Chap.III

« […] à la limite supérieure, l’isolement prend le sens du terme sanscrit kaivalya, qui, exprimant en même temps les idées de perfection et de totalité, en arrive, quand il a toute la plénitude de sa signification, à désigner l’état absolu et inconditionné, celui de l’être qui est parvenu à la Délivrance finale. »

Mélange, Chapitre V

KAKODAIMON (grec)

« […] quant au Kakodaimôn, aspect maléfique du serpent, il est évidemment identique au SetTyphon des Égyptiens. »

Formes Traditionnelles et Cycles Cosmiques, Partie IV, Chap. 3

KALA (sanskrit)

« Après les éléments, la catégorie de dravya comprend kâla, le temps, et dish, l’espace ; ce sont des conditions fondamentales de l’existence corporelle »

Introduction Générale à l’Étude des Doctrines Hindoues, Chap. X

« Kâla est proprement le Temps « dévorateur », mais il désigne aussi, par transposition, le Principe même en tant que « destructeur », ou plutôt « transformateur », par rapport à la manifestation qu’il ramène à l’état non-manifesté en la résorbant en quelque sorte en lui-même, ce qui est le sens le plus élevé dans lequel la Mort puisse être entendue »

Symboles de la Science Sacrée, Chap. LIX

KALI-YUGA (sanskrit)

« La doctrine hindoue enseigne que la durée d’un cycle humain, auquel elle donne le nom de Manvantara, se divise en quatre âges, qui marquent autant de phases d’un obscurcissement graduel de la spiritualité primordiale ; ce sont ces mêmes périodes que les traditions de l’antiquité occidentale, de leur côté, désignaient comme les âges d’or, d’argent, d’airain et de fer. Nous sommes présentement dans le quatrième âge, le Kali-Yuga ou « âge sombre », et nous y sommes, dit-on, depuis déjà plus de six mille ans, c’est-à-dire depuis une époque bien antérieure à toutes celles qui sont connues de l’histoire « classique ». »

La Crise du Monde Moderne, Chap. I

« Si la durée totale du Manvantara est représentée par 10, celle du Krita-Yuga ou Satya-Yuga le sera par 4, celle du Trêtâ-Yuga par 3, celle du Dwâpara-Yuga par 2, et celle du Kali-Yuga par 1 »

Formes Traditionnelles et Cycles Cosmiques, Partie I, Chap. 1

« Nous sommes dans le Kali-Yuga, dans l’âge sombre où la spiritualité est réduite à son minimum, par les lois mêmes du développement du cycle humain, amenant une sorte de matérialisation progressive à travers ses diverses périodes, dont celle-ci est la dernière […]. Vers la fin de cet âge, tout est confondu, les castes sont mélangées, la famille même n’existe plus ; n’est-ce pas exactement ce que nous voyons autour de nous ? »

Études sur l’Hindouisme, Chap. II

« […] le Kali-Yuga tout entier est proprement une période d’obscuration »

Le Règne de la Quantité et les Signes des Temps, Chap. XXV

KALPA (sanskrit)

« […] le Kalpa représentant le développement total d’un monde, c’est-à-dire d’un état ou degré de l’Existence universelle, il est évident qu’on ne pourra parler littéralement de la durée d’un Kalpa, évaluée suivant une mesure de temps quelconque, que s’il s’agit de celui qui se rapporte à l’état dont le temps est une des conditions déterminantes, et qui constitue proprement notre monde. »

Formes Traditionnelles et Cycles Cosmiques, Chap. I

« Un Kalpa comprend quatorze Manvantaras ; Vaivaswata, le présent Manu, est le septième de ce Kalpa, appelé Shrî-Shwêta-Varâha-Kalpa ou « Ère du Sanglier blanc ». »

Le Roi du Monde, Chap. VI

« […] le kalpa, mot qui a du reste beaucoup d’autres sens, est ici l’ensemble des prescriptions qui se rapportent à l’accomplissement des rites, et dont la connaissance est indispensable pour que ceux-ci aient leur pleine efficacité »

Introduction Générale à l’Étude des Doctrines Hindoues, Chap. VIII

KARMA (sanskrit)

« […] le mot « karma » […] signifie tout simplement « action », et rien d’autre ; il n’a jamais eu le sens de causalité (« cause » se dit en sanscrit « kârana ») […]. »

Le Théosophisme, Histoire d’une Pseudo-Religion, chap. XI

KARNEIOS (grec)

« […] Karneios est le dieu du Karn, c’est-à-dire du « haut lieu » symbolisant la Montagne sacrée du Pôle »

Symboles de la Science Sacrée, Chap. XXVIII

KÂRYA-BRAHMA (sanskrit)

« […] Principe Suprême » (KâryaBrahma)1

[1] Le mot kârya, « effet », est dérivé de la racine verbale kri, « faire », et du suffixe ya, marquant un accomplissement futur : « ce qui doit être fait » (ou plus exactement « ce qui va être fait », car ya est une modification de la racine i, « aller ») ; ce terme implique donc une certaine idée de « devenir » ce qui suppose nécessairement que ce à quoi il s’applique n’est envisagé que par rapport à la manifestation. »

L’Homme et son Devenir selon le Vêdânta, Chap. XXII

KETHER (hébreu)

« […] la Sephirah suprême, Kether, dont le nom signifie précisément la « Couronne » »

Études sur l’Hindouisme, Chap. III

« […] Kether ou la « Couronne » occupe le sommet de l’arbre séphirothique »

Symboles de la Science Sacrée, Chap. XXVIII

« Le mystère de la Couronne suprême (Kether, la première des dix Sephiroth) correspond à celui du pur et insaisissable éther (Avir). Il est la cause de toutes les causes et l’origine de toutes les origines. C’est dans ce mystère, origine invisible de toutes choses, que le « point ») caché dont tout procède prend naissance. »

Écrits pour Regnabit, Le Cœur du Monde dans la Kabbale hébraïque

« […] dans la Qabbalah hébraïque, Kether (la première des dix Sephiroth) est le « vêtement » d’Aïn-Soph (l’Infini ou l’Absolu). »

L’Homme et son Devenir selon le Vêdânta, Chap. X

KHIEN et KHOUEN (chinois)

« C’est donc là, en somme, la même chose que ce que nous avons appelé ailleurs, suivant la terminologie de la doctrine extrême-orientale, la « perfection active » (Khien) et la « perfection passive » (Khouen), la Perfection, au sens absolu, étant identique à l’Infini entendu dans toute son indétermination »

Les États Multiples de l’Être, Chap. I

« […] cette conceptibilité est la « perfection active » (Khien), possibilité de la volonté dans la Perfection, et naturellement de toute-puissance, qui est identique à ce qui est désigné comme l’« Activité du Ciel ». Mais, pour en parler, il faut en outre sensibiliser cette conception (puisque le langage, comme toute expression extérieure, est nécessairement d’ordre sensible) ; c’est alors la « perfection passive » (Khouen), possibilité de l’action comme motif et comme but. Khien est la volonté capable de se manifester, et Khouen est l’objet de cette manifestation ; mais, d’ailleurs, dès lors qu’on dit « perfection active » ou « perfection passive », on ne dit plus Perfection au sens absolu, puisqu’il y a déjà là une distinction et une détermination, donc une limitation. On peut encore, si l’on veut, dire que Khien est la faculté agissante (il serait plus exact de dire « influente »), correspondant au « Ciel » (Tien), que Khouen est la faculté plastique, correspondant à la « Terre » (Ti) ; nous trouvons ici, dans la Perfection, l’analogue, mais encore plus universel, de ce que nous avons désigné, dans l’Être, comme l’« essence » et la « substance ». En tout cas, quel que soit le principe par lequel on les détermine, il faut savoir que Khien et Khouen n’existent métaphysiquement que de notre point de vue d’êtres manifestés, de même que ce n’est pas en soi que l’Être se polarise et se détermine en « essence » et « substance », mais seulement par rapport à nous, et en tant que nous l’envisageons à partir de la manifestation universelle dont il est le principe et à laquelle nous appartenons. »

Le Symbolisme de la Croix, Chap. XXIII

KHALÎFAH

« […] le Khalîfah, c’est-à-dire le « vicaire » ou le « substitut » […] »

Symboles de la Science Sacrée, Chap. XLV

KOUA (chinois)

« Fo-hi, pour fixer les principes de la tradition, fit usage de symboles linéaires aussi simples et en même temps aussi synthétiques que possible : le trait continu et le trait brisé, signes respectifs du yang et du yin, c’est-à-dire des deux principes actif et passif qui, procédant d’une sorte de polarisation de la suprême Unité métaphysique, donnent naissance à toute la manifestation universelle. Des combinaisons de ces deux signes, dans toutes leurs dispositions possibles, sont formés les huit koua ou « trigrammes », qui sont toujours demeurés les symboles fondamentaux de la tradition extrême-orientale. »

Aperçus sur l’Ésotérisme Islamique et le Taoïsme, Chap. X

KRAMA-MUKTI (sanskrit)

« […] C’est pourquoi l’on donne à cette possibilité le nom de « Délivrance différée » ou de « Délivrance par degrés » (kramamukti), parce qu’elle ne sera obtenue ainsi qu’au moyen d’étapes intermédiaires (états posthumes conditionnés), et non d’une façon directe et immédiate. »

L’Homme et son Devenir selon le Vêdânta, Chap. XIX

KRONOS (grec)

« […] pour le moment, nous nous bornerons à quelques considérations concernant plus spécialement le nom de Karneios, ainsi que celui de Kronos avec lequel il est en étroit rapport, puisque ces deux noms ont la même racine KRN, qui exprime essentiellement les idées de « puissance » et d’« élévation ».

Dans le sens d’« élévation », le nom de Kronos convient parfaitement à Saturne, qui correspond en effet à la plus élevée des sphères planétaires, le « septième ciel » ou le SatyaLoka de la tradition hindoue 2.

[2] Pour les pythagoriciens, Kronos et Rhéa représentaient respectivement le Ciel et la Terre : l’idée d’élévation se retrouve donc aussi dans cette correspondance. Ce n’est que par une assimilation phonétique plus ou moins tardive que les Grecs ont identifié Kronos ou Saturne à Chronos, le Temps, alors que les racines de ces deux mots sont en réalité différentes »

[…] « Kronos est identifié au dieu des hyperboréens. »

Symboles de la Science, Chap. XXVIII

KSHATRIYA (sanskrit)

« […] le Brâhmane est le type des êtres stables, et que le Kshatriya est le type des êtres changeants ; en d’autres termes, dans l’ordre social, qui est d’ailleurs en parfaite correspondance avec l’ordre cosmique, le premier représente l’élément immuable, et le second l’élément mobile. » […]

« […] la nature propre du Brâhmane et celle du Kshatriya se distinguent fondamentalement par la prédominance d’un guna différent » […]

« […] dans celle du Kshatriya, c’est rajas, qui tend à la réalisation des possibilités comprises dans l’état humain. […] le Kshatriya n’est pas fait pour la pure connaissance : la voie qui lui convient est la voie qu’on pourrait appeler « dévotionnelle » s’il est permis de se servir d’un tel mot pour rendre, assez imparfaitement d’ailleurs, le terme sanscrit de bhakti, c’est-à-dire la voie qui prend pour point de départ un élément d’ordre émotif. »

Autorité Spirituelle et Pouvoir Temporel, Chap. IV

KUBELE

« Ce nom, en effet, se rattache directement à l’hébreu gebal et à l’arabe jabal, « montagne » »

Symboles de la Science Sacrée, Chap. XLVIII

KUNDALINÎ (sanskrit)

« […] Kundalinî, la force cosmique qui, en tant qu’elle réside spécialement dans l’être humain, y agit proprement comme « force vitale » »

Aperçus sur l’Initiation, Chap. XLVII

L

LAÏQUE

« […] « laïque », qui désigne l’homme du peuple, c’est-à-dire du « vulgaire », assimilé à l’ignorant ou au « profane », à qui on ne peut demander que de croire ce qu’il n’est pas capable de comprendre, parce que c’est là le seul moyen de le faire participer à la tradition dans la mesure de ses Possibilités. »

Autorité Spirituelle et Pouvoir Temporel, Chap. II

LANGUE DES DIEUX

« […] la poésie était appelée par les anciens la « langue des Dieux » »

Aperçus sur l’Ésotérisme Chrétien, Chap. IV

LAPSIT EXILLIS (latin)

(note) « […] le lapsit exillis, pierre tombée du ciel et sur laquelle des inscriptions apparaissaient également en certaines circonstances, qui est identifiée au Graal dans la version de Wolfram d’Eschenbach. »

Le Roi du Monde, Chap. I

LIMITE

« […] En effet, la limite, étant par définition une quantité fixe, ne peut, comme telle, être atteinte dans le cours de la variation, même si celle-ci se poursuit indéfiniment ; n’étant pas soumise à cette variation, elle n’appartient pas à la série dont elle est le terme, et il faut sortir de cette série pour y parvenir. »

Le Symbolisme de la Croix, Chap. XXV

LINGA-SHARÎRA (sanskrit)

« […] Il s’agit ici de la forme subtile (lingasharîra) »

Recueil, Chap. IV

LOGHAH SÛRYÂNIYAH (arabe)

« […] le véritable enseignement traditionnel de l’Islam, suivant lequel la langue « adamique » était la « langue syriaque », loghah sûryâniyah, qui n’a d’ailleurs rien à voir avec le pays désigné actuellement sous le nom de Syrie, non plus qu’avec aucune des langues plus ou moins anciennes dont les hommes ont conservé le souvenir jusqu’à nos jours. Cette loghah sûryâniyah est proprement, suivant l’interprétation qui est donnée de son nom, la langue de l’« illumination solaire », shemsishrâqyah ; en fait, Sûryâ est le nom sanscrit du Soleil, et ceci semblerait indiquer que sa racine sur, une de celles qui désignent la lumière, appartenait elle-même à cette langue originelle. »

Symboles de la Science Sacrée, Chap. VI

LOI DE CORRESPONDANCE

« Une telle opinion ne résulte que de l’ignorance de la loi de correspondance qui est le fondement même de tout symbolisme, et en vertu de laquelle chaque chose, procédant essentiellement d’un principe métaphysique dont elle détient toute sa réalité, traduit ou exprime ce principe à sa manière et selon son ordre d’existence, de telle sorte que, d’un ordre à l’autre, toutes choses s’enchaînent et se correspondent pour concourir à l’harmonie universelle et totale, qui est, dans la multiplicité de la manifestation, comme un reflet de l’unité principielle elle-même. C’est pourquoi les lois d’un domaine inférieur peuvent toujours être prises pour symboliser les réalités d’un ordre supérieur, où elles ont leur raison profonde, qui est à la fois leur principe et leur fin ; »

Le Symbolisme de la Croix, Avant-propos

LOGE

« […] le rattachement du mot « Loge » à loka, possible vraisemblablement par l’intermédiaire du latin locus qui est identique à celui-ci, est loin d’être dépourvu de sens, puisque la Loge est considérée comme un symbole du monde ou du « cosmos » : c’est proprement, par opposition aux « ténèbres extérieures » qui correspondent au monde profane, le « lieu éclairé et régulier », où tout se fait suivant le rite, c’est-à-dire conformément à l’« ordre » (rita). »

Aperçus sur l’Initiation, Chap. XLVI

LOGOS (grec)

« Le Verbe, le Logos, est à la fois Pensée et Parole : en soi, Il est l’Intellect divin, qui est le « lieu des possibles » ; par rapport à nous, Il se manifeste et s’exprime par la Création, où se réalisent dans l’existence actuelle certains de ces mêmes possibles qui, en tant qu’essences, sont contenus en Lui de toute éternité. La Création est l’œuvre du Verbe ; elle est aussi, et par là même, sa manifestation, son affirmation extérieure »

Écrits pour Regnabit, Le verbe et le symbole.

LOKA (sanskrit)

« Le mot sanscrit loka, « monde », dérivé de la racine lok qui signifie « voir », a un rapport direct avec la lumière, comme le montre d’ailleurs le rapprochement avec le latin lux »

Aperçus sur l’Initiation, Chap. XLVI

« […] les divers mondes sont proprement des états, et non pas des lieux, bien qu’ils puissent être décrits symboliquement comme tels ; le mot sanscrit loka, qui sert à les désigner, et qui est identique au latin locus, renferme en lui-même l’indication de ce symbolisme spatial. »

Le Roi du Monde, Chap. XII

LUCIFÉRIANISME

« Cette attitude des Kshatriyas révoltés pourrait être caractérisée assez exactement par la désignation de « luciférianisme », qui ne doit pas être confondu avec le « satanisme », bien qu’il y ait sans doute entre l’un et l’autre une certaine connexion ; le « luciférianisme » est le refus de reconnaissance d’une autorité supérieure ; le « satanisme » est le renversement des rapports normaux et de l’ordre hiérarchique ; et celui-ci est souvent une conséquence de celui-là, comme Lucifer est devenu Satan après sa chute. »

Autorité Spirituelle et Pouvoir Temporel, Chap. III

LUG (celtique)

« […] il se peut que ce « royaume de Logres », qui aurait été regardé comme un territoire sacré, ait tiré son nom de celui du Lug celtique, qui évoque à la fois l’idée du « Verbe » et celle de la « Lumière ». »

Symboles de la Science Sacrée, Chap. XII

LUZ (Hébreu)

« [Luz] était originairement [le nom] du lieu où Jacob eut le songe à la suite duquel il l’appela Beith-El, c’est-à-dire « maison de Dieu » ; nous reviendrons plus tard sur ce point. Il est dit que l’« Ange de la Mort » ne peut pénétrer dans cette ville et n’y a aucun pouvoir ; et, par un rapprochement assez singulier, mais très significatif, certains la situent près de l’Alborj, qui est également, pour les Perses, le « séjour d’immortalité » [Genèse, XXVIII, 19.].[…]

« Près de Luz, il y a, dit-on, un amandier (appelé aussi luz en hébreu) à la base duquel est un creux par lequel on pénètre dans un souterrain; et ce souterrain conduit à la ville elle-même, qui est entièrement cachée. Le mot Luz, dans ses diverses acceptions, semble d’ailleurs dérivé d’une racine désignant tout ce qui est caché, couvert, enveloppé, silencieux, secret ; et il est à noter que les mots qui désignent le Ciel ont primitivement la même signification. » […]

« « ce qui couvre », « ce qui cache », mais aussi « ce qui est caché », et ce dernier sens est double : c’est ce qui est caché aux sens, le domaine suprasensible ; et c’est aussi, dans les périodes d’occultation ou d’obscurcissement, la tradition qui cesse d’être manifestée extérieurement et ouvertement, le « monde céleste » devenant alors le « monde souterrain ». […]

« Luz est appelée la « cité bleue », et cette couleur, qui est celle du saphir, est la couleur céleste. »[…] « ce mot a ordinairement le sens d’« amande » (et aussi d’« amandier », désignant par extension l’arbre aussi bien que son fruit) ou de « noyau » ; or le noyau est ce qu’il y a de plus intérieur et de plus caché, et il est entièrement fermé, d’où l’idée d’« inviolabilité » (que l’on retrouve dans le nom de l’Agarttha). Le même mot luz est aussi le nom donné à une particule corporelle indestructible, représentée symboliquement comme un os très dur, et à laquelle l’âme demeurerait liée après la mort et jusqu’à la résurrection. Comme le noyau contient le germe, et comme l’os contient la moelle, ce luz contient les éléments virtuels nécessaires à la restauration de l’être ; et cette restauration s’opérera sous l’influence de la « rosée céleste », revivifiant les ossements desséchés » […] « Le luz, étant impérissable, est, dans l’être humain, le « noyau d’immortalité », comme le lieu qui est désigné par le même nom est le « séjour d’immortalité » : là s’arrête, dans les deux cas, le pouvoir de l’« Ange de la Mort ». C’est en quelque sorte l’œuf ou l’embryon de l’Immortel ; il peut être comparé aussi à la chrysalide d’où doit sortir le papillon, comparaison qui traduit exactement son rôle par rapport à la résurrection.

On situe le luz vers l’extrémité inférieure de la colonne vertébrale ; ceci peut sembler assez étrange, mais s’éclaire par un rapprochement avec ce que la tradition hindoue dit de la force appelée Kundalinî » […] « Ce qui semble résulter de ce rapprochement, c’est que la localisation du luz dans la partie inférieure de l’organisme se réfère seulement à la condition de l’« homme déchu » ; et, pour l’humanité terrestre envisagée dans son ensemble, il en est de même de la localisation du centre spirituel suprême dans le « monde souterrain ». »

Le Roi du Monde, Chap. VIII

« […] les noms multiples sous lesquels [le Centre suprême] est désigné [:] Tula, […] Luz, […] Salem, […] Agartha »

Aperçus sur l’Ésotérisme Chrétien, Chap. III

« […] suivant qu’on se place au point de vue « microcosmique » ou au point de vue « macrocosmique » ; et, à cet égard, nous indiquerons seulement, à titre d’application à l’être humain, que les relations de la « pierre fondamentale » du centre et de la « pierre angulaire » du sommet ne sont pas sans présenter un certain rapport avec ce que nous avons dit ailleurs des « localisations » différentes du luz ou du « noyau d’immortalité ».

Symboles Fondamentaux de la Science Sacrée, Chap. XLIV

« […] Pour passer de là à l’application « microcosmique », il suffit de rappeler l’analogie qui existe entre le pinda, embryon subtil de l’être individuel, et le Brahmânda ou l’« Œuf du Monde » ; et ce pinda, en tant que « germe » permanent et indestructible de l’être, s’identifie par ailleurs au « noyau d’immortalité » qui est appelé luz dans la tradition hébraïque. Il est vrai que, en général, le luz n’est pas indiqué comme situé dans le cœur, ou que du moins ce n’est là qu’une des différentes « localisations » dont il est susceptible, dans sa correspondance avec l’organisme corporel, et que ce n’est pas celle qui se rapporte au cas le plus habituel ; mais elle ne s’en trouve pas moins exactement, parmi les autres, là où le luz est en relation immédiate avec la « seconde naissance ». En effet, ces « localisations », qui sont aussi en rapport avec la doctrine hindoue des chakras ou centres subtils de l’être humain, se réfèrent à autant de conditions de celui-ci ou de phases de son développement spirituel, qui sont les phases mêmes de l’initiation effective : à la base de la colonne vertébrale, c’est l’état de « sommeil » où se trouve le luz chez l’homme ordinaire ; dans le cœur, c’est la phase initiale de sa « germination », qui est proprement la « seconde naissance » ; à l’œil frontal, c’est la perfection de l’état humain, c’est-à-dire la réintégration dans l’« état primordial » ; enfin, à la couronne de la tête, c’est le passage aux états supra-individuels, qui doit mener finalement jusqu’à l’« Identité Suprême ».

Aperçus sur l’Initiation, Chap. XLVIII

« […] cette dernière remarque est à rapprocher des rapports du « troisième œil » avec le luz, dont l’« œil frontal » et l’« œil du cœur » représentent en somme deux « localisations » différentes, et qui est aussi le « noyau » ou le « germe d’immortalité ». Ce qui est encore très significatif à certains égards c’est que l’expression arabe aynulkhuld présente le double sens d’« œil d’immortalité » et de « fontaine d’immortalité » »

Symboles Fondamentaux de la Science Sacrée, Chap. LXXII

« […] d’une façon générale, le symbolisme de la « pierre noire », avec les différentes situations et les différentes formes qu’elle peut prendre, est, au point de vue « microcosmique », en relation avec les « localisations » diverses, dans l’être humain, du luz ou du « noyau d’immortalité ». »

Symboles Fondamentaux de la Science Sacrée, Chap. XLVIII

M

MADERA (espagnol)

« […] le mot madera, dérivé directement de materia, soit encore employé pour désigner le bois, et même plus spécialement le bois de charpente. »

Études sur la Franc-Maçonnerie et le Compagnonnage, tome 2, Maçons et Charpentiers

MAGIE

« […] il s’agit là d’un ordre de choses qui n’a en lui-même absolument rien de « transcendant » ; et, si une telle science peut, comme toute autre, être légitimée par son rattachement aux principes supérieurs dont tout dépend, suivant la conception générale des sciences traditionnelles, elle ne se placera pourtant alors qu’au dernier rang des applications secondaires et contingentes, parmi celles qui sont le plus éloignées des principes, donc qui doivent être regardées comme les plus inférieures de toutes. »

Aperçus sur l’Initiation, Chap. II

« […] la magie est proprement une science expérimentale, qui n’a rien à voir avec des conceptions religieuses ou pseudo-religieuses quelconques […]. Si la magie a toujours été traitée plus ou moins comme une « science occulte », réservée à un petit nombre, c’est en raison des graves dangers qu’elle présente ; pourtant, sous ce rapport, il y a une différence entre celui qui, s’entourant de toutes les précautions nécessaires, provoque consciemment des phénomènes dont il a étudié les lois, et celui qui, ignorant tout de ces lois, se met à la merci de forces inconnues en attendant passivement ce qui va se produire […]. En parlant des précautions nécessaires, nous pensons aux règles précises et rigoureuses auxquelles sont soumises les opérations magiques, et qui ont toutes leur raison d’être […]. […] la magie fut toujours réservée à quelques-uns, d’abord parce qu’on la tenait volontairement cachée, précisément parce qu’on l’estimait redoutable, et ensuite en raison des connaissances qu’elle suppose et de la complexité de ses pratiques. D’ailleurs, il est à remarquer que ceux qui ont de ces choses une connaissance complète et profonde se sont toujours abstenus rigoureusement des pratiques magiques, à part quelques cas tout à fait exceptionnels, et où ils agissent d’une tout autre manière que le magicien ordinaire ; celui-ci est donc le plus souvent un « empirique », dans une certaine mesure du moins, non qu’il soit dépourvu de toute connaissance, mais en ce sens qu’il ne sait pas toujours les vraies raisons de tout ce qu’il fait ; mais, en tout cas, si de tels magiciens s’exposent à certains dangers, comme ils ont toujours été peu nombreux (et d’autant moins nombreux que ces pratiques, à part celles qui sont relativement inoffensives, sont sévèrement prohibées, et à juste titre, par la législation de tous les peuples qui savent de quoi il s’agit), le péril est très limité […]. »

L’Erreur Spirite, Chap. IV

MAHÂ-MOHÂ (sanskrit)

« […] en soi, la Shakti ne peut être qu’un aspect du Principe, et, si on l’en distingue pour la considérer « séparativement », elle n’est plus que la « Grande Illusion » (MahâMohâ), c’est-à-dire Mâyâ dans son sens inférieur et exclusivement cosmique. »

L’Homme et son Devenir selon le Vêdânta, Chap. X

MAHÂYÂNA (sanskrit)

(note) « […] Mahâyâna […] ou […] « Grand Véhicule » »

La Crise du Monde Moderne, Chap. I

« […] on sait quelle est l’importance des éléments tantriques qui ont pénétré certaines formes du Bouddhisme, celles qui sont comprises dans la désignation générale de Mahâyâna ; mais, bien loin de n’être qu’un Bouddhisme « corrompu », ainsi qu’il est de mode de le dire en Occident, ces formes représentent au contraire le résultat d’un véritable « redressement » du Bouddhisme dans un sens traditionnel et orthodoxe.

Études sur l’Hindouisme, Chap. VII

MAJDHÛB (arabe)

« […] Le majdhûb appartient normalement à une tarîqah, et, par conséquent, il a suivi une voie initiatique, au moins dans ses premiers stades ce qui, comme nous l’avons dit souvent, est incompatible avec le mysticisme ; mais, à un certain moment, il s’est exercé sur lui, du côté spirituel, une « attraction » (jadhb, d’où le nom de majdhûb), qui, faute d’une préparation adéquate et d’une attitude suffisamment « active », a provoqué un déséquilibre et comme une « scission », pourrait-on dire, entre les différents éléments de son être. La partie supérieure, au lieu d’entraîner avec elle la partie inférieure et de la faire participer dans la mesure du possible à son propre développement, s’en détache au contraire et la laisse pour ainsi dire en arrière ; et il ne peut résulter de là qu’une réalisation fragmentaire et plus ou moins désordonnée. »

Initiation et Réalisation Spirituelle, Chap. XXVII

MALAKI (hébreu)

« […] Malaki, « mon envoyé » (c’est-à-dire l’envoyé de Dieu, ou « l’ange dans lequel est Dieu », Maleak ha-Elohim) est l’anagramme de Mikael. Il convient d’ajouter que, si Mikael s’identifie à Metatron comme nous l’avons vu, il n’en représente pourtant qu’un aspect ; à côté de la face lumineuse il y a aussi une face obscure, et nous touchons ici à d’autres mystères.»

Formes Traditionnelles et Cycles Cosmiques, Partie III, Chap. 4

MALÂMATIYAH (arabe)

« Cette remarque nous ramène aux Malâmatiyah, dont la désignation est dérivée du mot malâmah qui signifie « blâme » ; que faut-il entendre au juste par-là ? Ce n’est pas que leurs actions soient effectivement blâmables en elles-mêmes et au point de vue traditionnel, ce qui serait d’autant plus inconcevable que, bien loin de négliger les prescriptions de la loi sharaïte, ils s’appliquent au contraire tout spécialement à les enseigner autour d’eux, par leur exemple aussi bien que par leurs paroles. Seulement, leur façon d’agir, parce qu’elle ne se distingue en rien de celle du peuple, paraît blâmable aux yeux d’une certaine « opinion », qui précisément est surtout celle de la « classe moyenne » »

Initiation et Réalisation Spirituelle, Chap. XXIX

MANAS (sanskrit)

« […] le sens interne ou faculté mentale (manas), et cette dernière est unie directement à la conscience (ahankâra). C’est à manas que doit être rapportée la pensée individuelle, qui est d’ordre formel (et nous y comprenons la raison aussi bien que la mémoire et l’imagination), et qui n’est nullement inhérente à l’intellect transcendant (Buddhi), dont les attributions sont essentiellement informelles. »

L’Homme et son Devenir selon le Vêdânta, Chap. VIII

« La troisième enveloppe (manomayakosha), dans laquelle le sens interne (manas) est joint avec la précédente, implique spécialement la conscience mentale ou faculté pensante, qui, comme nous l’avons dit précédemment, est d’ordre exclusivement individuel et formel, et dont le développement procède de l’irradiation en mode réfléchi de l’intellect supérieur dans un état individuel déterminé, qui est ici l’état humain. »

L’Homme et son Devenir selon le Vêdânta, Chap. IX

MANÂVA (sanskrit)

« […] mânava est plus proprement l’homme en tant qu’être pensant, c’est-à-dire l’être doué du « mental », ce qui est d’ailleurs l’attribut essentiel inhérent à son espèce et par lequel sa nature est caractérisée. »

L’Homme et son Devenir selon le Vêdânta, Chap. XIII

MÂNAVA-DHARMA (sanskrit)

« […] c‘est la « loi » ou la « norme » propre de ce cycle, formulée dès son origine par le Manu qui le régit, c’est-à-dire par l’Intelligence cosmique qui y réfléchit la Volonté divine et y exprime l’Ordre universel ; et c’est là, en principe, le véritable sens du Mânava-Dharma, indépendamment de toutes les adaptations particulières qui pourront en être dérivées, et qui recevront d’ailleurs légitimement la même désignation parce qu’elles n’en seront en somme que comme des traductions requises par telles ou telles circonstances de temps et de lieu. »

Études sur l’Hindouisme, Chap. XI

MÂNES

« On savait bien, disons-nous, que ce qui peut être évoqué ne représente point l’être réel et personnel, désormais hors d’atteinte parce qu’il est passé à un autre état d’existence […], que ce sont uniquement ces éléments inférieurs que l’être a en quelque sorte laissés derrière lui, dans le domaine de l’existence terrestre, à la suite de cette dissolution du composé humain que nous appelons la mort. C’est là, nous l’avons déjà dit, ce que les anciens Latins appelaient les « mânes » »

L’Erreur Spirite, Chap. IV

MANICHÉISME

« […] dans le Manichéisme comme dans la religion de Zoroastre, le dualisme n’était qu’une doctrine purement exotérique, recouvrant la véritable doctrine ésotérique de l’Unité : Ormuzd et Ahriman sont engendrés tous deux par ZervanéAkérêné, et ils doivent se confondre en lui à la fin des temps »

Mélanges, Chap. I

MANIFESTATION UNIVERSELLE

« […] l’Existence au sens propre du terme, c’est-à-dire entendue comme comprenant tout le domaine de la manifestation universelle. »

Les États Multiples de l’Être, Chap. II

MANONÂSHA (sanskrit)

« […] l’« extinction du mental » (manonâsha) […] »

Études sur l’Hindouisme, C. R de Upadesa Saram de Sri Ramana Maharshi

MANTRA (sanskrit)

« […] il n’y a pas seulement des symboles figurés ou visuels, il y a aussi des symboles sonores ; nous avons déjà indiqué ailleurs cette distinction de deux catégories fondamentales, qui est, dans la doctrine hindoue, celle du yantra et du mantra. Nous avons même précisé alors que leur prédominance respective caractérisait deux sortes de rites, qui, à l’origine, se rapportent, pour les symboles visuels, aux traditions des peuples sédentaires, et, pour les symboles sonores, à celles des peuples nomades »

Aperçus sur l’Initiation, Chap. XVI

« Si nous employons ce terme d’incantation, c’est parce qu’il est celui qui traduit le moins improprement l’idée exprimée par le mot sanscrit mantra, qui n’a pas d’équivalent exact dans les langues occidentales. »

Recueil, Chap. VIII

MANU

« […] Manu est le prototype de l’homme (mânava) […] »

L’Homme et son Devenir selon le Vêdânta, Chap. IV

« Le titre de « Roi du Monde », pris dans son acception la plus élevée, la plus complète et en même temps la plus rigoureuse, s’applique proprement à Manu, le Législateur primordial et universel, dont le nom se retrouve, sous des formes diverses, chez un grand nombre de peuples anciens ; rappelons seulement, à cet égard, le Mina ou Ménès des Égyptiens, le Menw des Celtes et le Minos des Grecs. Ce nom, d’ailleurs, ne désigne nullement un personnage historique ou plus ou moins légendaire ; ce qu’il désigne en réalité, c’est un principe, l’Intelligence cosmique qui réfléchit la Lumière spirituelle pure et formule la Loi (Dharma) propre aux conditions de notre monde ou de notre cycle d’existence ; et il est en même temps l’archétype de l’homme considéré spécialement en tant qu’être pensant (en sanscrit mânava). »

«  D’autre part, ce qu’il importe essentiellement de remarquer ici, c’est que ce principe peut être manifesté par un centre spirituel établi dans le monde terrestre, par une organisation chargée de conserver intégralement le dépôt de la tradition sacrée, d’origine « non humaine » (apaurushêya), par laquelle la Sagesse primordiale se communique à travers les âges à ceux qui sont capables de la recevoir. Le chef d’une telle organisation, représentant en quelque sorte Manu lui-même, pourra légitimement en porter le titre et les attributs ; et même, par le degré de connaissance qu’il doit avoir atteint pour pouvoir exercer sa fonction, il s’identifie réellement au principe dont il est comme l’expression humaine, et devant lequel son individualité disparaît. Tel est bien le cas de l’Agarttha, si ce centre a recueilli, comme l’indique Saint-Yves, l’héritage de l’antique « dynastie solaire » (Sûryavansha) qui résidait jadis à Ayodhyâ, et qui faisait remonter son origine à Vaivaswata, le Manu du cycle actuel. »

Le Roi du Monde, Chap. II

MANVANTARA (sanskrit)

« Le Manvantara ou ère d’un Manu, appelé aussi MahâYuga, comprend quatre Yugas ou périodes secondaires : KritaYuga (ou SatyaYuga), TrêtâYuga, DwâparaYuga et KaliYuga, qui s’identifient respectivement à l’« âge d’or », à l’« âge d’argent », à l’« âge d’airain » et à l’« âge de fer » de l’antiquité gréco-latine. Il y a, dans la succession de ces périodes, une sorte de matérialisation progressive, résultant de l’éloignement du Principe qui accompagne nécessairement le développement de la manifestation cyclique, dans le monde corporel, à partir de l’« état primordial ». »

Le Roi du Monde, Chap. VIII

MAQÂM (arabe)

« Il s’agit alors, dans le langage du taçawwuf islamique, d’un hâl ou état transitoire qui n’a pas pu être fixé et transformé en maqâm, c’est-à-dire en « station » permanente, acquise une fois pour toutes, quel que soit d’ailleurs le degré de réalisation auquel elle correspond. »

Initiation et Réalisation Spirituelle, Chap. XXXII

MÂRGAS (sanskrit)

« […] la tradition hindoue distingue trois « voies » (mârgas) qui sont respectivement celles de Karma, de Bhakti et de Jnânâ »

Initiation et Réalisation Spirituelle, Chap. XVIII

MATÉRIALISME

« […] le mot même de « matérialisme » ne date que du XVIIIe siècle ; il fut inventé par le philosophe Berkeley, qui s’en servit pour désigner toute théorie qui admet l’existence réelle de la matière […]. Un peu plus tard, le même mot prit un sens plus restreint, celui qu’il a gardé depuis lors : il caractérisa une conception suivant laquelle il n’existe rien d’autre que la matière et ce qui en procède ; et il y a lieu de noter la nouveauté d’une telle conception, le fait qu’elle soit essentiellement un produit de l’esprit moderne, donc qu’elle correspond au moins à une partie des tendances qui sont propres à celui-ci.

Mais c’est surtout dans une autre acception, beaucoup plus large et cependant très nette, que nous entendons ici parler de « matérialisme » : ce que ce mot représente alors, c’est tout un état d’esprit, dont la conception que nous venons de définir n’est qu’une manifestation parmi beaucoup d’autres, et qui est, en lui-même, indépendant de toute théorie philosophique. Cet état d’esprit, c’est celui qui consiste à donner plus ou moins consciemment la prépondérance aux choses de l’ordre matériel et aux préoccupations qui s’y rapportent, que ces préoccupations gardent encore une certaine apparence spéculative ou qu’elles soient purement pratiques ; et l’on ne peut contester sérieusement que ce soit bien là la mentalité de l’immense majorité de nos contemporains. »

La Crise du Monde Moderne, Chap. VII

MATÉRIALISME HISTORIQUE

« Nous avons surtout, jusqu’ici, présenté une vue d’ensemble de l’état actuel du monde occidental envisagé sous le rapport mental ; c’est par là qu’il faut commencer, car c’est de là que dépend tout le reste, et il ne peut y avoir de changement important et durable qui ne porte d’abord sur la mentalité générale. Ceux qui soutiennent le contraire sont encore les victimes d’une illusion très moderne : ne voyant que les manifestations extérieures, ils prennent les effets pour les causes, et ils croient volontiers que ce qu’ils ne voient pas n’existe pas ; ce qu’on appelle « matérialisme historique », ou la tendance à tout ramener aux faits économiques, est un remarquable exemple de cette illusion. L’état des choses est devenu tel que les faits de cet ordre ont effectivement acquis, dans l’histoire contemporaine, une importance qu’ils n’avaient jamais eue dans le passé ; mais pourtant leur rôle n’est pas et ne pourra jamais être exclusif »

Orient et Occident, Chap. III

MATERIA PRIMA (et secunda)

« Les scolastiques, après Aristote, distinguent ces deux sens en parlant de materia prima et de materia secunda ; nous pouvons donc dire que leur materia prima est la substance universelle, et que leur materia secunda est la substance au sens relatif ; mais comme, dès qu’on entre dans le relatif, les termes deviennent susceptibles d’applications multiples à des degrés différents, il arrive que ce qui est materia à un certain niveau peut devenir forma à un autre niveau et inversement, suivant la hiérarchie des degrés plus ou moins particularisés que l’on considère dans l’existence manifestée. Dans tous les cas, une materia secunda, bien qu’elle constitue le côté potentiel d’un monde ou d’un être, n’est jamais puissance pure ; il n’y a de puissance pure que la substance universelle, qui ne se situe pas seulement au-dessous de notre monde (substantia, de sub stare, est littéralement « ce qui se tient dessous », ce que rendent aussi les idées de « support » et de « substratum »), mais au-dessous de l’ensemble de tous les mondes ou de tous les états qui sont compris dans la manifestation universelle. Ajoutons que, par là même qu’elle n’est que potentialité absolument « indistinguée » et indifférenciée, la substance universelle est le seul principe qui puisse être dit proprement « inintelligible », non pas parce que nous sommes incapables de la connaître, mais parce qu’il n’y a effectivement rien à connaître en elle ; quant aux substances relatives, en tant qu’elles participent de la potentialité de la substance universelle, elles participent aussi de son « inintelligibilité » dans une mesure correspondante. »

Le Règne de la Quantité et les Signes des Temps, Chap. II

MATHÉMATIQUES

« […] les mathématiques modernes ne représentent pour ainsi dire que l’écorce de la mathématique pythagoricienne, son côté purement « exotérique » ; l’idée ancienne des nombres est même devenue absolument inintelligible aux modernes, parce que, là aussi, la partie supérieure de la science, celle qui lui donnait, avec le caractère traditionnel, une valeur proprement intellectuelle, a totalement disparu ; et ce cas est assez comparable à celui de l’astrologie. »

La Crise du Monde Moderne, Chap. III

MÂTRÂ (sanskrit)

« […] l’idée de « mesure » (mâtrâ) […] »

Études sur l’Hindouisme, CR d’un article du New Indian Antiquary de A K. Coomaraswamy

MAUNA (sanskrit)

« […] le caractère positif de l’état de « silence » (mauna), qui ne doit aucunement être confondu avec une simple inactivité ».

Études sur l’Hindouisme, CR de K. Sat-Darshana Bhashya and Talks with Maharshi

« […] du reste, silence et solitude sont aussi impliqués également l’un et l’autre dans la signification du terme sanscrit mauna »

Mélanges, Chap. V

MÉDITATION

« […] la méditation n’est point un but en elle-même, mais seulement une méthode pour atteindre la Connaissance, qui, au fond, n’est elle-même pas autre chose que la « réalisation du Soi ». »

Études sur l’hindouisme, CR de « Meditation, its Theory and Practice »

MELKI-TSEDEQ

« Le nom de Melchissédec, ou plus exactement MelkiTsedeq, n’est pas autre chose, en effet, que le nom sous lequel la fonction même du « Roi du Monde » se trouve expressément désignée dans la tradition judéo-chrétienne. […] MelkiTsedeq est donc roi et prêtre tout ensemble ; son nom signifie « roi de Justice », et il est en même temps roi de Salem, c’est-à-dire de la « Paix » ; nous retrouvons donc ici, avant tout, la « Justice » et la « Paix », c’est-à-dire précisément les deux attributs fondamentaux du « Roi du Monde ». […] Cet « homme vivant » qui est MelkiTsedeq, c’est Manu qui demeure en effet « perpétuellement » (en hébreu leôlam), c’est-à-dire pour toute la durée de son cycle (Manvantara) ou du monde qu’il régit spécialement. C’est pourquoi il est « sans généalogie », car son origine est « non humaine », puisqu’il est lui-même le prototype de l’homme ; et il est bien réellement « fait semblable au Fils de Dieu », puisque, par la Loi qu’il formule, il est, pour ce monde, l’expression et l’image même du Verbe divin. »

Le Roi du Monde, Chap. VI

MÉMOIRE

(note) « La mémoire se trouve aussi désignée par des mots similaires (grec mnêsis, mnêmosunè) ; elle n’est en effet, elle aussi, qu’une faculté « réfléchissante », et la lune, dans un certain aspect de son symbolisme, est considérée comme représentant la « mémoire cosmique ».

Symboles de la Science Sacrée, Chap. LXX

MERCURE

« Quant au Mercure, sa passivité, corrélativement à l’activité du Soufre, le fait regarder comme un principe humide ; et il est considéré comme réagissant de l’extérieur, de sorte qu’il joue à cet égard le rôle d’une force centripète et compressive, s’opposant à l’action centrifuge et expansive du Soufre et la limitant en quelque façon. »

La Grande Triade, Chap. XII

MÊRU

« […] au point de vue « macrocosmique », le Mêru est l’« axe du monde » »

Études sur l’Hindouisme, Chap. III

METANOÏA (grec)

« Dans la même revue encore (n° de novembre 1942), On Being in One’s Right Mind, par M. Coomaraswamy également, est une explication du véritable sens du terme grec metanoia, qu’on rend communément et très insuffisamment par « repentir » et qui exprime en réalité, un changement de noûs, c’est-à-dire une métamorphose intellectuelle. C’est là aussi, au fond, le sens originel du mot « conversion », qui implique une sorte de « retournement », dont la portée dépasse de beaucoup le domaine simplement « moral », où on en est venu à l’envisager presque exclusivement ; metanoia est une transformation de l’être tout entier, passant « de la pensée humaine à la compréhension divine ». »

Études sur l’Hindouisme, CR de On Being in One’s Right Mind, par A. K Coomaraswamy

MÉTAPHYSIQUE

« En vérité, la métaphysique pure, étant par essence en dehors et au-delà de toutes les formes et de toutes les contingences, n’est ni orientale ni occidentale, elle est universelle. »

« D’après sa composition, ce mot « métaphysique » signifie littéralement « au- delà de la physique ». »

« Peut-on définir la métaphysique telle que nous l’entendons ? Non, car définir, c’est toujours limiter, et ce dont il s’agit est, en soi, véritablement et absolument illimité, donc ne saurait se laisser enfermer dans aucune formule ni dans aucun système. On peut caractériser la métaphysique d’une certaine façon, par exemple en disant qu’elle est la connaissance des principes universels »

« La métaphysique est la connaissance supra-rationnelle, intuitive et immédiate »

La Métaphysique Orientale

« Ce qui est au-dessus de la science, dans la hiérarchie nécessaire des connaissances, c’est la métaphysique, qui est la connaissance intellectuelle pure et transcendante, tandis que la science n’est, par définition même, que la connaissance rationnelle ; la métaphysique est essentiellement supra-rationnelle, il faut qu’elle soit cela ou qu’elle ne soit pas.

[…] La métaphysique est la connaissance des principes d’ordre universel, dont toutes choses dépendent nécessairement, directement ou indirectement ; là où la métaphysique est absente, toute connaissance qui subsiste, dans quelque ordre que ce soit, manque donc véritablement de principe, et, si elle gagne par là quelque chose en indépendance (non de droit, mais de fait), elle perd bien davantage en portée et en profondeur. »

Orient et Occident, Chap. II

METATRON (Hébreu)

« […] suivant la tradition hébraïque également, Metatron est l’agent des « théophanies » et le principe même de la prophétie » […]

« […] Metatron est aussi représenté comme un ange, bien que, étant au-delà du domaine des existences « séparées », il soit véritablement autre chose et plus qu’un ange »

« Dans certaines formules ésotériques, le nom d’ErRûh est associé à ceux de quatre anges par rapport auxquels il est, dans l’ordre céleste, ce qu’est, dans l’ordre terrestre, le Prophète par rapport aux quatre premiers Kholafâ ; cela convient bien à Mitatrûn, qui d’ailleurs s’identifie ainsi nettement à ErRûh elmohammediyah. »

Aperçus sur l’Ésotérisme Islamique et le Taoïsme, Chap. V

« « Le terme de Metatron comporte toutes les acceptions de gardien, de Seigneur, d’envoyé, de médiateur » (p. 499) ; il est « l’Ange de la Face », et aussi « le Prince du Monde » (Sâr ha-ôlam) ; il est « l’auteur des théophanies, des manifestations divines dans le monde sensible » (p. 492). Nous dirions volontiers qu’il est le « Pôle céleste » et comme celui-ci a son reflet dans le « Pôle terrestre » avec lequel il est en relation directe selon l’« axe du monde » »

Formes Traditionnelles et Cycles Cosmiques, Partie III, Chap. IV

MÉTEMPSYCHOSE

« […] la « métempsychose », qui n’est que le passage de certains éléments psychiques inférieurs d’un être à un autre »

Articles et Comptes Rendus, Tome I

MNÊMÊ

(note) « […] cette invocation est désignée en grec par le terme mnêmê, « mémoire » ou « souvenir », qui est ici exactement l’équivalent de l’arabe dhikr. »

Aperçus sur l’Ésotérisme Chrétien, Chap. II

MODALITÉ CORPORELLE

« […] Dans le cas de l’état individuel humain, la modalité corporelle correspond au domaine de la manifestation grossière ou sensible, tandis que les autres modalités appartiennent au domaine de la manifestation subtile, ainsi que nous l’avons déjà expliqué ailleurs. Chaque modalité est déterminée par un ensemble de conditions qui en délimitent les possibilités, et dont chacune, considérée isolément des autres, peut d’ailleurs s’étendre au-delà du domaine de cette modalité, et se combiner alors avec des conditions différentes pour constituer les domaines d’autres modalités, faisant partie de la même individualité intégrale »

Le Symbolisme de la Croix, Chap. XI

MOKSHA (sanskrit)

« La « Délivrance » (Moksha ou Mukti), c’est-à-dire cette libération définitive de l’être dont nous venons de parler en dernier lieu, et qui est le terme ultime auquel il tend, diffère absolument de tous les états par lesquels cet être a pu passer pour y parvenir, car elle est l’obtention de l’état suprême et inconditionné, tandis que tous les autres états, si élevés qu’ils soient, sont encore conditionnés, c’est-à-dire soumis à certaines limitations qui les définissent, qui les font être ce qu’ils sont, qui les constituent proprement en tant qu’états déterminés. Cela s’applique aux états supra-individuels aussi bien qu’aux états individuels, quoique leurs conditions soient autres ; et le degré même de l’Être pur, qui est au-delà de toute existence au sens propre du mot, c’est-à-dire de toute manifestation tant informelle que formelle, implique pourtant encore une détermination, qui, pour être primordiale et principielle, n’en est pas moins déjà une limitation. »

L’Homme et son Devenir selon le Vêdânta, Chap. XXIII

MONNAIE

« […] la vérité est que le point de vue « économique » lui-même, et la conception exclusivement quantitative de la monnaie qui lui est inhérente, ne sont que le produit d’une dégénérescence somme toute assez récente, et que la monnaie a eu à son origine et a conservé pendant longtemps un caractère tout différent et une valeur proprement qualitative, si étonnant que cela puisse paraître à la généralité de nos contemporains. »

Le Règne de la Quantité et les Signes des Temps, Chap. XVI

MONOTHÉISME

« […] c’est le « monothéisme », c’est-à-dire l’affirmation du Principe un, qui est nécessairement à l’origine ; et même, en réalité, ce « monothéisme » seul a existé toujours et partout, sauf du fait de l’incompréhension du vulgaire et dans un état d’extrême dégénérescence de certaines formes traditionnelles. »

La Grande Triade, Chap. XX

MORALISME

« Un des symptômes les plus remarquables de la prépondérance acquise par le sentimentalisme, c’est ce que nous appelons le « moralisme », c’est-à-dire la tendance nettement marquée à tout rapporter à des préoccupations d’ordre moral, ou du moins à y subordonner tout le reste, et particulièrement ce qui est regardé comme étant du domaine de l’intelligence. La morale, par elle-même, est chose essentiellement sentimentale ; elle représente un point de vue aussi relatif et contingent que possible, et qui, d’ailleurs, a toujours été propre à l’Occident ; mais le « moralisme » proprement dit est une exagération de ce point de vue, qui ne s’est produite qu’à une date assez récente. La morale, quelle que soit la base qu’on lui donne, et quelle que soit aussi l’importance qu’on lui attribue, n’est et ne peut être qu’une règle d’action ; pour des hommes qui ne s’intéressent plus qu’à l’action, il est évident qu’elle doit jouer un rôle capital, et ils s’y attachent d’autant plus que les considérations de cet ordre peuvent donner l’illusion de la pensée dans une période de décadence intellectuelle ; c’est là ce qui explique la naissance du « moralisme ». »

Orient et Occident, Chap. III

MORT

« […] l’idée de « mort » est essentiellement synonyme de changement d’état, ce qui est, comme nous l’avons déjà expliqué, son acception la plus étendue »

L’Homme et son Devenir selon le Vêdânta, Chap. XIX

« […] l’idée de « mort » est ici étendue à un changement quelconque. »

L’Erreur Spirite, Chap. III

MORT CORPORELLE

« […] la mort corporelle ne coïncide pas forcément avec un changement d’état au sens strict de ce mot, et qu’elle peut ne représenter qu’un simple changement de modalité à l’intérieur d’un même état d’existence individuelle »

La Grande Triade, Chap. XIII

MORT INITIATIQUE

« Il est bien entendu que le mot de « mort » doit être pris ici dans son sens le plus général, suivant lequel nous pouvons dire que tout changement d’état, quel qu’il soit, est à la fois une mort et une naissance, selon qu’on l’envisage, d’un côté ou de l’autre : mort par rapport à l’état antécédent, naissance par rapport à l’état conséquent. L’initiation est généralement décrite comme une « seconde naissance », ce qu’elle est en effet ; mais cette « seconde naissance » implique nécessairement la mort au monde profane et la suit en quelque sorte immédiatement, puisque ce ne sont là, à proprement parler, que les deux faces d’un même changement d’état. »

Aperçus sur l’Initiation, Chap. XXVI

MOYEN-ÂGE

« Le vrai moyen âge, pour nous, s’étend du règne de Charlemagne au début du XIVe siècle […]. »

La Crise du Monde Moderne, Chap. I

MOYENS DE RÉALISATION

« Ces moyens, en effet, doivent être à la portée de l’homme ; Ils doivent, pour les premiers stades tout au moins, être adaptés aux conditions de l’état humain, puisque c’est dans cet état que se trouve actuellement l’être qui, partant de là, devra prendre possession des états supérieurs. C’est donc dans des formes appartenant à ce monde où se situe sa manifestation présente que l’être prendra un point d’appui pour s’élever au-dessus de ce monde même ; Mots, signes, symboliques, rites ou procédés préparatoires quelconques n’ont pas d’autre raison d’être ni d’autre fonction : comme nous l’avons déjà dit, ce sont là des supports et rien de plus. »

La Métaphysique Orientale

MRITYU (sanskrit)

« […] la « Mort » elle-même (Mrityu) »

Le Règne de la Quantité et les Signes des Temps, Chap. XXIII

MUDRÂS (sanskrit)

« Nous noterons particulièrement, à ce point de vue, le rôle joué dans les rites par les gestes que la tradition hindoue appelle mudrâs, et qui constituent un véritable langage de mouvements et d’attitudes ; les « attouchements » (en anglais grips) employés comme « moyens de reconnaissance » dans les organisations initiatiques, tant en Occident qu’en Orient, ne sont pas autre chose en réalité qu’un cas particulier des mudrâs »

Aperçus sur l’Initiation, Chap. XVI

MUKÂSHAFAH (arabe)

« […] mukâshafah n’est pas proprement « révélation », mais plutôt « intuition » ; plus précisément, c’est une perception d’ordre subtil […] inférieure, du moins quand le mot est pris dans son sens strict, à la contemplation pure (mushâhadah). »

Aperçus sur l’Ésotérisme Islamique et le Taoïsme, C.R de. « Illumination in Islamic Mysticism » de Edward Jabra Jurji

MÛLA-PRAKRITI (sanskrit)

« […] si l’on entend, la Nature dans son sens premier, c’est-à-dire comme la Nature primordiale et indifférenciée qui est la racine de toutes choses (la MûlaPrakriti de la tradition hindoue), il va de soi qu’elle s’identifie à la Terre de la tradition extrême-orientale »

La Grande Triade, Chap. XIX

« […] MûlaPrakriti, la Nature primordiale (appelée en arabe ElFitrah), racine de toutes les manifestations formelles, est identifiée avec Mâyâ selon les Purânas ; elle est « indistinctible », n’étant point composée de parties, pouvant seulement être induite par ses effets, et, suivant Kapila, productive sans être production. « La Nature, racine de tout, n’est pas production. » »

Recueil, Chap. IV

MUNI (sanskrit)

« […] le Muni est le Solitaire, non au sens vulgaire et matériel du mot, mais celui qui, concentré en soi-même, réalise dans la plénitude de son être la Solitude Parfaite, qui ne laisse subsister en l’Unité Suprême aucune distinction de l’extérieur et de l’intérieur, ni aucune diversité extra-principielle quelconque […] »

Recueil, Chap. IV

« La racine de ce mot Muni est à rapprocher du grec μόνος, « seul », d’autant plus que son dérivé mauna signifie « silence » ou « l’état de Muni ». Certains commentateurs la rattachent au terme manana, la pensée réfléchie et concentrée, dérivé de manas, et alors le mot Muni désigne plus particulièrement « celui qui s’efforce vers la Délivrance au moyen de la méditation ».

L’Homme et son Devenir selon le Vêdânta, Chap. XXIV

MURÎD (arabe)

« […] le Murîd est le disciple […] »

L’Homme et son Devenir selon le Vêdânta, Chap. XXIV

MUSLIM (arabe)

« D’après la tradition islamique, tout être est naturellement et nécessairement muslim, c’est-à-dire soumis à la Volonté divine, à laquelle, en effet, rien ne peut se soustraire ; la différence entre les êtres consiste en ce que, tandis que les uns se conforment consciemment et volontairement à l’ordre universel, les autres l’ignorent ou même prétendent s’y opposer »

Aperçus sur l’Initiation, Chap. X

MUTAÇAWWUF (arabe)

« […] terme qui s’applique à quiconque est entré dans la « voie » initiatique, à quelque degré qu’il soit parvenu »

Aperçus sur l’Ésotérisme Islamique et le Taoïsme, Chap. I

MUSHÂHADAH (arabe)

« […] la contemplation pure (mushâhadah). »

Aperçus sur l’Ésotérisme Islamique et le Taoïsme, C.R de. « Illumination in Islamic Mysticism » de Edward Jabra Jurji

MYSTÈRES

« […] les véritables mystères se défendent d’eux-mêmes contre toute curiosité profane, leur nature même les garantit contre toute atteinte de la sottise humaine, non moins que des puissances d’illusion que l’on peut qualifier de « diaboliques » (libre à chacun de mettre sous ce mot tous les sens qu’il lui plaira, au propre ou au figuré). Aussi serait-il parfaitement puéril de recourir ici à des interdictions qui, en un tel ordre de choses, ne sauraient avoir la moindre raison d’être ; de pareilles interdictions sont peut-être légitimes en d’autres cas, que nous n’avons pas l’intention de discuter, mais elles ne peuvent concerner la pure intellectualité ; et, sur les points qui, dépassant la simple théorie, exigent une certaine réserve, il n’est point besoin de faire prendre, à ceux qui savent à quoi s’en tenir, des engagements quelconques pour les obliger à garder toujours la prudence et la discrétion nécessaires ; tout cela est bien au-delà de la portée des formules extérieures, quelles qu’elles puissent être, et n’a aucun rapport avec ces « secrets » plus ou moins bizarres qu’invoquent surtout ceux qui n’ont rien à dire. »

Orient et Occident, Partie II, Chap. 3

MYSTÈRES (petits et grands)

« De cette distinction, dans la connaissance sacrée ou traditionnelle, de deux ordres que l’on peut, d’une manière générale désigner comme celui des principes et celui des applications, ou encore, suivant ce que nous venons de dire, comme l’ordre « métaphysique » et l’ordre « physique », était dérivée, dans les mystères antiques, en Occident aussi bien qu’en Orient, la distinction de ce qu’on appelait les «  grands mystères » et les « petits mystères », ceux-ci comportant en effet essentiellement la connaissance de la nature, et ceux-là la connaissance de ce qui est au-delà de la nature. ».

« A un point de vue un peu différent mais néanmoins étroitement lié à celui-là, on peut dire aussi que les « petits mystères » concernent seulement les possibilités de l’état humain, tandis que les « grands mystères » concernent les états supra-humains »

Autorité Spirituelle et Pouvoir Temporel, Chap. II

MYSTICISME

« […] l’absence de méthode et […] la « passivité » […] caractérisent le mysticisme »

[…] « ce mysticisme relève exclusivement du domaine religieux, c’est-à-dire exotérique, et ensuite parce que la voie mystique diffère de la voie initiatique par tous ses caractères essentiels »

« Ce qu’on dit le plus souvent à cet égard, c’est que le mysticisme est « passif », tandis que l’initiation est « active » ; cela est d’ailleurs très vrai, à la condition de bien déterminer l’acception dans laquelle on doit l’entendre exactement. Cela signifie surtout que, dans le cas du mysticisme, l’individu se borne à recevoir simplement ce qui se présente à lui, et tel qu’il se présente, sans que lui-même y soit pour rien ; et, disons-le tout de suite, c’est en cela que réside pour lui le danger principal, du fait qu’il est ainsi « ouvert » à toutes les influences, de quelque ordre qu’elles soient, et qu’au surplus, en général et sauf de rares exceptions, il n’a pas la préparation doctrinale qui serait nécessaire pour lui permettre d’établir entre elles une discrimination quelconque. Dans le cas de l’initiation, au contraire, c’est à l’individu qu’appartient l’initiative d’une « réalisation » qui se poursuivra méthodiquement, sous un contrôle rigoureux et incessant, et qui devra normalement aboutir à dépasser les possibilités mêmes de l’individu comme tel ; il est indispensable d’ajouter que cette initiative ne suffit pas, car il est bien évident que l’individu ne saurait se dépasser lui-même par ses propres moyens, mais, et c’est là ce qui nous importe pour le moment, c’est elle qui constitue obligatoirement le point de départ de toute « réalisation » pour l’initié, tandis que le mystique n’en a aucune, même pour des choses qui ne vont nullement au-delà du domaine des possibilités individuelles. »

Aperçus sur l’Initiation, Chap. I

MYTHE

« Ayant ainsi rappelé le principe du symbolisme, nous voyons que celui-ci est évidemment susceptible d’une multitude de modalités diverses ; le mythe n’en est qu’un simple cas particulier, constituant une de ces modalités ; on pourrait dire que le symbole est le genre, et que le mythe en est une des espèces. En d’autres termes, on peut envisager un récit symbolique, aussi bien et au même titre qu’un dessin symbolique, ou que beaucoup d’autres choses encore qui ont le même caractère et qui jouent le même rôle ; les mythes sont des récits symboliques, de même que les « paraboles », qui, au fond, n’en diffèrent pas essentiellement »

Aperçus sur l’Initiation, Chap. XVII

N

NABI (arabe)

« […] nabi (c’est-à-dire « celui qui parle par inspiration ») »

Études sur l’hindouisme, Chap. III

NÂDÎS (sanskrit)

« […] les « canaux » subtils (nâdîs) ne sont pas plus des nerfs qu’ils ne sont des vaisseaux sanguins ; ce sont, peut-on dire, « les lignes de direction que suivent les forces vitales ».

Études sur l’Hindouisme, Chap. III

NAHASH (hébreu)

« […] Nahash, l’Égoïsme ou le désir de l’existence individuelle. Ce Nahash n’est point une cause extérieure à l’homme, mais il est en lui, d’abord à l’état potentiel, et il ne lui devient extérieur que dans la mesure où l’homme lui-même l’extériorise ; cet instinct de séparativité, par sa nature qui est de provoquer la division, pousse l’homme à goûter le fruit de l’Arbre de la Science du Bien et du Mal, c’est-à-dire à créer la distinction même du Bien et du Mal. »

Mélanges, Chapitre I

NÂMA-RÛPA (sanskrit)

« On sait que, dans la tradition hindoue, l’individualité est considérée comme constituée par l’union de deux éléments, ou plus exactement de deux ensembles d’éléments, qui sont désignés respectivement par les termes nâma et rûpa, signifiant littéralement « nom » et « forme », et généralement réunis dans l’expression composée nâma-rûpa, qui comprend ainsi l’individualité tout entière, Nâma correspond au côté « essentiel » de cette individualité, et rûpa à son côté « substantiel » »

Études sur l’Hindouisme, Chap. IX

(note) « le nom et la forme (nâma-rûpa) sont strictement constitutifs de l’individualité comme telle. »

Initiation et Réalisation Spirituelle, Chap. XXIX

« Comme le dit à ce sujet Ananda K. Coomaraswamy, « pour tout ce qui peut être conçu ou perçu (dans le monde manifesté), le sanscrit a seulement l’expression nâma-rûpa, dont les deux termes correspondent à l’« intelligible » et au « sensible » (considérés comme deux aspects complémentaires se référant respectivement à l’essence et à la substance des choses) »

Le Règne de la Quantité et les Signes des Temps, Chap. III

« […] il s’agit de la relation entre nâma et rûpa, considérés comme correspondant respectivement aux idées ou raisons éternelles des choses et aux choses elles-mêmes sous leurs aspects accidentels et contingents […] »

Études sur l’Hindouisme, C R de « Vedic exemplarism » d’A. K Coomaraswamy

« Quand l’être passe aux « grands mystères », c’est-à-dire à la réalisation d’états supra-individuels, il passe par là même au-delà du nom et de la forme, puisque, comme l’enseigne la doctrine hindoue, ceux-ci (nâmarûpa) sont les expressions respectives de l’essence et de la substance de l’individualité. »

Aperçus sur l’Initiation, Chap. XXVII

NARA (sanskrit)

« […] nara ou nri est l’homme en tant qu’individu appartenant à l’espèce humaine »

L’Homme et son Devenir selon le Vêdânta, Chap. XIII

NÂRÂYANA (sanskrit)

« Nârâyana, « Celui qui marche (ou qui est porté) sur les eaux », est un nom de Vishnu »

Études sur l’Hindouisme, Chap. I

NAROTTAMA (sanskrit)

« […] le nom de Nara n’en est pas moins susceptible d’une transposition analogique, par laquelle il s’identifie à Purusha ; et c’est ainsi que Vishnu est parfois appelé Narottama ou l’« Homme Suprême », désignation dans laquelle il ne faut pas voir le moindre anthropomorphisme, pas plus que dans la conception même de l’« Homme Universel » sous tous ses aspects, et cela précisément en raison de cette transposition. »

L’Homme et son Devenir selon le Vêdânta, Chap. XIII

NATIONALISME

« […] tout « nationalisme » est nécessairement opposé à l’esprit traditionnel »

La Crise du Monde Moderne, VIII

NATURALISME

«[…] c’est donc, dans tous les cas, la substitution de la « physique » à la « métaphysique », en entendant ces mots dans leur sens rigoureusement étymologique, ou, en d’autres termes, ce qu’on peut appeler le « naturalisme ». »

Autorité Spirituelle et Pouvoir Temporel, Chap. II

NÉANT

« […] une impossibilité, n’étant rien qu’une négation pure et simple, un véritable néant, ne peut évidemment limiter quoi que ce soit, d’où il résulte immédiatement que la Possibilité universelle est nécessairement illimitée. »

Les États Multiples de l’Être, Chap. I

NÉCROMANCIE

« […] le magicien, revivifiant cette apparence en lui prêtant ce qui lui fait défaut, donne temporairement à sa conscience réflexe une consistance suffisante pour en obtenir des réponses lorsqu’il l’interroge, ainsi que cela a lieu notamment quand l’évocation est faite pour un but divinatoire, ce qui constitue proprement la « nécromancie ». »

L’Erreur Spirite, Chap. IV

NIRGUNA (sanskrit)

« […] Brahma, dans son Infinité, ne peut être caractérisé par aucune attribution positive, ce qu’on exprime en disant qu’il est nirguna ou « au-delà de toute qualification » »

Introduction Générale à l’Étude des Doctrines Hindoues, Chap. VII

NIRUKTA (sanskrit)

« Le nirukta est l’explication des termes importants ou difficiles qui se rencontrent dans les textes vêdiques ; cette explication ne repose pas seulement sur l’étymologie, mais aussi, le plus souvent, sur la valeur symbolique des lettres et des syllabes qui entrent dans la composition des mots »

Introduction Générale à l’Étude des Doctrines Hindoues, Chap. VIII

NIRVANA (sanskrit)

« […] ce mot signifie littéralement extinction du souffle ou de l’agitation, donc état d’un être qui n’est plus soumis à aucune agitation, qui est définitivement libéré de la forme. »

Mélanges, Chap. I

NIRVISHESHA (sanskrit)

« […] nirvishesha ou « au-delà de toute distinction »

Introduction Générale à l’Étude des Doctrines Hindoues, Chap. VII

NIYAH (arabe)

« […] nous prenons ici le mot « intention » dans un sens qui est très exactement celui de l’arabe niyah, que l’on traduit habituellement ainsi, et ce sens est d’ailleurs conforme à l’étymologie latine (de i, tendre vers). »

Le Roi du Monde, Chap. VIII

NOIR

« […] la couleur noire étant, dans sa signification supérieure, le symbole du non-manifesté ; mais, dans sa signification inférieure, cette même couleur noire symbolise aussi l’indistinction de la pure potentialité ou de la materia prima. »

Initiation et Réalisation Spirituelle, Chap. XXIX

NOM

« […] bien comprendre la vraie signification de nâma, il faut faire appel à des notions moins communément répandues, et il faut avant tout se souvenir que, comme nous l’avons déjà expliqué ailleurs, le « nom » d’un être, même entendu littéralement, est effectivement une expression de son « essence » ; ce « nom » est d’ailleurs aussi un « nombre » au sens pythagoricien et kabbalistique, et l’on sait que, même au simple point de vue de la filiation historique, la conception de l’« idée » platonicienne, dont nous parlions tout à l’heure, se rattache étroitement à celle de « nombre » pythagoricien.

Ce n’est pas tout : il importe de remarquer encore que le « nom », au sens littéral, est proprement un son, donc appartient à l’ordre auditif, tandis que la « forme » appartient à l’ordre visuel ; ici, l’« œil » (ou la vue) est donc pris comme symbole de l’expérience sensible, tandis que l’« oreille » (ou l’ouïe) est prise comme symbole de 

l’intellect « angélique » ou intuitif. »

Études sur l’Hindouisme, Chap. IX

« […] un nom sera donc d’autant plus vrai qu’il correspondra à une modalité d’ordre plus profond, puisque, par là même, il exprimera quelque chose qui sera plus proche de la véritable essence de l’être. C’est donc, contrairement à l’opinion vulgaire, le nom profane qui, étant attaché à la modalité la plus extérieure et à la manifestation la plus superficielle, est le moins vrai de tous ; et il en est surtout ainsi dans une civilisation qui a perdu tout caractère traditionnel, et où un tel nom n’exprime presque plus rien de la nature de l’être. Quant à ce qu’on peut appeler le véritable nom de l’être humain, le plus vrai de tous […] c’est celui qui correspond à la modalité centrale de son individualité, c’est-à-dire à sa restauration dans l’« état primordial », car c’est celui-là qui constitue l’expression intégrale de son essence individuelle […] »

Aperçus sur l’Initiation, Chap. XXVII

NOMBRE

« […] le « nom » d’un être, même entendu littéralement, est effectivement une expression de son « essence » ; ce « nom » est d’ailleurs aussi un « nombre » au sens pythagoricien et kabbalistique, et l’on sait que, même au simple point de vue de la filiation historique, la conception de l’« idée » platonicienne, dont nous parlions tout à l’heure, se rattache étroitement à celle de « nombre » pythagoricien. »

Études sur l’Hindouisme, Chap. IX

NOMINALISME

« Le « nominalisme », à ses divers degrés, est l’expression philosophique de cette négation de l’idée, à laquelle il prétend substituer le mot ou l’image ; confondant la conception avec la représentation sensible, il ne laisse réellement subsister que cette dernière ; et, sous une forme ou sous une autre, il est extrêmement répandu dans la philosophie moderne, alors qu’il n’était autrefois qu’une exception. Cela est très significatif ; et il faut encore ajouter que le nominalisme est presque toujours solidaire de l’empirisme, c’est-à-dire de la tendance à rapporter à l’expérience, et plus spécialement à l’expérience sensible, l’origine et le terme de toute connaissance : négation de tout ce qui est véritablement intellectuel, c’est toujours là ce que nous retrouvons, comme élément commun, au fond de toutes ces tendances et de toutes ces opinions, parce que c’est là, effectivement, la racine de toute déformation mentale, et que cette négation est impliquée, à titre de présupposition nécessaire, dans tout ce qui contribue à fausser les conceptions de l’Occident moderne. »

Orient et Occident, Chap. III

NON-AGIR

« Le « non d’agir » n’est point l’inertie, il est au contraire la plénitude de l’activité, mais c’est une activité transcendante et tout intérieure, n’ont manifestée, en union avec le Principe, donc au-delà de toutes les distinctions et de toutes les apparences que le vulgaire prend à tort pour la réalité même, alors qu’elles n’en sont qu’un reflet plus ou moins lointain. »

Aperçus sur l’Ésotérisme Islamique et le Taoïsme, Chap. X

« […] En réalité, la traduction par « non-agir » est la seule acceptable, mais, à cause de l’incompréhension ordinaire, il convient d’expliquer comment on doit l’entendre : non seulement ce « non-agir » n’est point l’inactivité, mais, suivant ce que nous avons indiqué précédemment, il est au contraire la suprême activité, et cela parce qu’il est aussi loin que possible du domaine de l’action extérieure, et complètement affranchi de toutes les limitations qui sont imposées à celle-ci par sa propre nature ; si le « non-agir » n’était, par définition même, au-delà de toutes les oppositions, on pourrait donc dire qu’il est en quelque sorte l’extrême opposé du but que le quiétisme assigne au développement de la spiritualité. »

Initiation et Réalisation Spirituelle, Chap. XXVI

NYÂYA (sanskrit)

« Le mot nyâya a pour sens propre celui de « logique », et même de « méthode » ; dire, comme le font certains, qu’il a commencé par désigner une école, et qu’il est ensuite devenu synonyme de logique, c’est renverser tout ordre naturel, car, pour peu qu’on admette qu’une école doit se caractériser par un nom qui ait une signification préalable, c’est exactement le contraire qui aurait pu se produire, si toutefois un darshana pouvait être monopolisé par une école quelconque. »

Introduction Générale à l’Étude des Doctrines Hindoues, Chap. IX

O

OB (hébreu)

« […] nous dirons que non seulement l’ob n’est point l’esprit ou l’« âme rationnelle » (neshamah), mais qu’il n’est pas davantage l’« âme sensitive » (ruahh), ni même l’« âme végétative » (nephesh). Sans doute la tradition judaïque semble indiquer, comme une des raisons de la défense d’évoquer l’Ob. »

L’Erreur Spirite, Chap. IV

OCCULTISME

« Si le mot est nouveau, c’est que ce qu’il sert à désigner ne l’est pas moins : jusque-là, il y avait eu des « sciences occultes », plus ou moins occultes d’ailleurs, et aussi plus ou moins importantes ; la magie était une de ces sciences, et non leur ensemble comme certains modernes l’ont prétendu ; de même l’alchimie, l’astrologie et bien d’autres encore ; mais on n’avait jamais cherché à les réunir en un corps de doctrine unique, ce qu’implique essentiellement la dénomination d’« occultisme ». »

L’Erreur Spirite, Chap. V

OM (monosyllabe)

« C’est que la conque est regardée comme contenant le son primordial et impérissable (akshara), c’est-à-dire le monosyllabe Om, qui est par excellence le nom du Verbe, en même temps qu’il est, par ses trois éléments (A U M), l’essence du triple Vêda1. D’ailleurs, ces trois éléments (mâtrâs), disposés graphiquement d’une certaine façon, forment le schéma même de la conque ; et, par une concordance assez singulière, il se trouve que ce schéma est également celui de l’oreille humaine, l’organe de l’audition, qui doit effectivement, pour être apte à la perception du son, avoir une disposition conforme à la nature de celui-ci.

[1] […] En sanscrit, la voyelle o est formée par la réunion de a et u ; c’est pourquoi le monosyllabe sacré doit se transcrire par Om, ce qui correspond d’ailleurs à sa prononciation réelle, bien que ce soit la forme Aum qui représente exactement sa décomposition en ses trois éléments constitutifs. »

Écrits pour Regnabit, À propos du poisson

OMPHALOS (grec)

« Le mot grec omphalos signifie « ombilic », mais il désigne aussi, d’une façon générale, tout ce qui est centre, et plus spécialement le moyeu d’une roue ; en sanscrit, le mot nâbhi a pareillement ces différentes acceptions, et il en est de même, dans les langues celtiques et germaniques, des dérivés de la même racine, qui s’y trouve sous les formes nab et Nav. D’autre part, en gallois, le mot nav ou naf, qui est évidemment identique à ces derniers, a le sens de « chef » et s’applique même à Dieu ; c’est donc l’idée du Principe central qui est ici exprimée. »

Le Roi du Monde, Chap. IX

ONTOLOGIE

« […] « L’Être est l’Être ». Il y a deux façons différentes d’envisager la constitution de cette formule, dont la première consiste à la décomposer en trois stades successifs et graduels, suivant l’ordre même des trois mots dont elle est formée : Eheieh, « l’Être » ; Eheieh asher, « l’Être est » ; Eheieh asher Eheieh, « l’Être est l’Être ». En effet l’Être étant posé, ce qu’on peut en dire (et il faudrait ajouter : ce qu’on ne peut pas ne pas en dire), c’est d’abord qu’Il est, et ensuite qu’Il est l’Être ; ces affirmations nécessaires constituent essentiellement toute l’ontologie au sens propre de ce mot. »

Le Symbolisme de la Croix, Chap. XVII

ORENDA (iroquois)

« Ce mot orenda appartient proprement à la langue des Iroquois, mais, dans les ouvrages européens, on a pris l’habitude, pour plus de simplicité, de l’employer uniformément à la place de tous les autres termes de même signification qui se rencontrent chez les divers peuples indiens : ce qu’il désigne est l’ensemble de toutes les différentes modalités de la force psychique et vitale ; c’est donc à peu près exactement l’équivalent du prâna de la tradition hindoue et du k’i de la tradition extrême-orientale. »

Mélanges, Chap. V

ORIENTATION RITUELLE

« Cette direction de l’intention a d’ailleurs, dans toutes les formes traditionnelles, sa représentation symbolique ; nous voulons parler de l’orientation rituelle : celle-ci, en effet, est proprement la direction vers un centre spirituel, qui, quel qu’il soit, est toujours une image du véritable « Centre du Monde » [1]. Mais, à mesure qu’on avance dans le Kali-Yuga, l’union avec ce centre, de plus en plus fermé et caché, devient plus difficile, en même temps que deviennent plus rares les centres secondaires qui le représentent extérieurement [2] ; et pourtant, quand finira cette période, la tradition devra être manifestée de nouveau dans son intégralité, puisque le commencement de chaque Manvantara, coïncidant avec la fin du précédent, implique nécessairement, pour l’humanité terrestre, le retour à l’« état primordial »[3] .

[1] Dans l’Islam, cette orientation (qiblah) est comme la matérialisation, si l’on peut s’exprimer ainsi, de l’intention (niyah). L’orientation des églises chrétiennes est un autre cas particulier qui se rapporte essentiellement à la même idée.

[2] Il ne s’agit, bien entendu, que d’une extériorité relative, puisque ces centres secondaires sont eux-mêmes plus ou moins strictement fermés depuis le début du Kali-Yuga.

[3] C’est la manifestation de la Jérusalem céleste, qui est, par rapport au cycle qui finit, la même chose que le Paradis terrestre par rapport au cycle qui commence, ainsi que nous l’avons expliqué dans L’Ésotérisme de Dante. »

Le Roi du Monde, Chap. VIII

ORTHODOXIE

« L’orthodoxie et l’hétérodoxie peuvent être envisagées, non pas seulement au point de vue religieux, bien que ce soit le cas le plus habituel en Occident, mais aussi au point de vue beaucoup plus général de la tradition sous tous ses modes ; en ce qui concerne l’Inde, c’est seulement de cette dernière façon qu’on peut les comprendre, puisqu’il n’y a rien qui y soit proprement religieux, tandis que, pour l’Occident, il n’y a au contraire rien de vraiment traditionnel en dehors de la religion. Pour ce qui est de la métaphysique et de tout ce qui en procède plus ou moins directement, l’hétérodoxie d’une conception n’est pas autre chose, au fond, que sa fausseté, résultant de son désaccord avec les principes fondamentaux ; et cette fausseté est même, le plus souvent, une absurdité manifeste, pour peu qu’on veuille ramener la question à la simplicité de ses données essentielles : il ne saurait en être autrement, dès lors que la métaphysique, comme nous l’avons dit, exclut tout ce qui présente un caractère hypothétique, pour n’admettre que ce dont la compréhension implique immédiatement la véritable certitude. Dans ces conditions, l’orthodoxie ne fait qu’un avec la connaissance véritable, puisqu’elle réside dans un accord constant avec les principes »

Introduction Générale à l’Étude des Doctrines Hindoues, Chap. III

OUROBOROS (grec)

« […] l’ouroboros, […] serpent qui se dévore la queue, […] représente l’indéfinité d’un cycle envisagé isolément, indéfinité qui, pour l’état humain, et en raison de la présence de la condition temporelle, revêt l’aspect de la « perpétuité ».»

Le Symbolisme de la Croix, Chap. XXV

P

PAGANISME

« […] les anciennes doctrines sacrées, que presque personne ne comprenait plus, avaient dégénéré, du fait de cette incompréhension, en « paganisme » au vrai sens de ce mot, c’est-à-dire qu’elles n’étaient plus que des « superstitions », des choses qui, ayant perdu leur signification profonde, se survivent à elle-même par des manifestations tout extérieures. »

La Crise du Monde Moderne, Chap. I

PAIX

« […] la paix, même en son sens le plus ordinaire, n’est en somme pas autre chose que l’ordre, l’équilibre ou l’harmonie, ces trois termes étant à peu près synonymes et désignant tous, sous des aspects quelque peu différents, le reflet de l’unité dans la multiplicité même, lorsque celle-ci est rapportée à son principe. En effet, la multiplicité, alors, n’est pas véritablement détruite, mais elle est « transformée » ; et, quand toutes choses sont ramenées à l’unité, cette unité apparaît dans toutes choses, qui, bien loin de cesser d’exister, acquièrent au contraire par-là la plénitude de la réalité. C’est ainsi que s’unissent indivisiblement les deux points de vue complémentaires de « l’unité dans la multiplicité et la multiplicité dans l’unité » (El-wahdatu fîl-kuthrati wal-kuthratu fîl-wahdati), au point central de toute manifestation, qui est le « lieu divin » ou la « station divine » (El-maqâmul-ilahî) dont il a été parlé plus haut. Pour celui qui est parvenu en ce point, comme nous l’avons dit, il n’y a plus de contraires, donc plus de désordre ; c’est le lieu même de l’ordre, de l’équilibre, de l’harmonie ou de la paix, tandis que hors de ce lieu, et pour celui qui y tend seulement sans y être encore arrivé, c’est l’état de guerre tel que nous l’avons défini, puisque les oppositions en lesquelles réside le désordre, ne sont pas encore surmontées définitivement. »

Le Symbolisme de la Croix, Chap. VIII

« La paix dans le vide, dit Lie-tseu, est un état indéfinissable ; on ne la prend ni ne la donne ; on arrive à s’y établir ». Cette « paix dans le vide », c’est la « grande paix » (Es-Sakînah) de l’ésotérisme musulman, qui est en même la « présence divine » au centre de l’être, impliquée par l’union avec le Principe, qui ne peut effectivement s’opérer qu’en ce centre même. « A celui qui demeure dans le non-manifesté, tous les êtres se manifestent… Uni au Principe, il est en harmonie, par lui, avec tous les êtres. Uni au Principe, il connaît tout par les raisons générales supérieures, et n’use plus, par conséquent, de ses divers sens, pour connaître en particulier et en détails. La vraie raison des choses est invisible, insaisissable, indéfinissable, indéterminable. Seul, l’esprit rétabli dans l’état de simplicité parfaite peut l’atteindre dans la contemplation profonde »

Aperçus sur l’Ésotérisme Islamique et le Taoïsme, Chap. IV

PANDIT (sanskrit)

« […] le Pandit est celui qui enseigne, et alors il a plus particulièrement le caractère de Guru (Maître spirituel) par rapport au Brahmachârin qui est son Chéla (disciple régulier) »

Recueil, Chap. IV

PANISLAMISME

« Le vrai panislamisme est avant tout une affirmation de principe, d’un caractère essentiellement doctrinal ; pour qu’il prenne la forme d’une revendication politique, il faut que les Européens aient commis bien des maladresses ; en tout cas, il n’a rien de commun avec un « nationalisme » quelconque, qui est tout à fait incompatible avec les conceptions fondamentales de l’Islam. […] la civilisation islamique, dans tous ses éléments essentiels, est rigoureusement traditionnelle, comme le sont toutes les civilisations orientales ; cette raison est pleinement suffisante pour que le panislamisme, quelque forme qu’il revête, ne puisse jamais s’identifier avec un mouvement tel que le bolchevisme, comme semblent le redouter des gens mal informés. »

Orient et Occident, Chap. IV

PANTHÉISME

(note) « […] le fini, même s’il est susceptible d’extension indéfinie, est toujours rigoureusement nul au regard de l’Infini ; par suite, aucune chose ou aucun être ne peut être considéré comme une « partie de l’Infini », ce qui est une des conceptions erronées appartenant en propre au « panthéisme », car l’emploi même du mot « partie » suppose l’existence d’un rapport défini avec le tout. »

Les États Multiples de l’Être, Chap. I

PARADIS

« […] si « le Paradis est une prison » pour certains comme nous l’avons dit précédemment, c’est justement parce que l’être qui se trouve dans l’état qu’il représente, c’est-à-dire celui qui est parvenu au salut, est encore enfermé, et même pour une durée indéfinie, dans les limitations qui définissent l’individualité humaine ; cette condition ne saurait être en effet qu’un état de « privation » pour ceux qui aspirent à être affranchis de ces limitations et que leur degré de développement spirituel en rend effectivement capables dès leur vie terrestre, bien que, naturellement, les autres, dès lors qu’ils n’ont pas actuellement en eux-mêmes la possibilité d’aller plus loin, ne puissent aucunement ressentir cette « privation » comme telle. »

Initiation et Réalisation Spirituelle, Chap. VIII

PARADIS (terrestre et céleste)

«L’Empereur préside aux « petits mystères » qui concernent le « Paradis terrestre », c’est à dire la réalisation de la perfection de l’état humain ; le Souverain Pontife préside aux « grands mystères » qui concerne le Paradis céleste, c’est à dire la réalisation des états supra-humains, reliés ainsi à l’état humain par la fonction « pontificale » entendue en son sens strictement étymologique. L’homme, en tant qu’homme, ne peut évidemment atteindre par lui-même que la première de ces deux fins, qui peut être dite « naturelle » tandis que la seconde est proprement « surnaturelle », puisqu’elle réside au-delà du monde manifesté ; cette distinction est donc bien celle de l’ordre « physique » et de l’ordre « métaphysique ».

Autorité Spirituelle et Pouvoir Temporel, Chap. VIII

PARADIS TERRESTRE

« […] il existe une « Terre sainte » par excellence, prototype de toutes les autres, centre spirituel auquel tous les autres centres sont subordonnés, siège de la Tradition primordiale dont toutes les traditions particulières sont dérivées par adaptation à telles ou telles conditions définies qui sont celles d’un peuple ou d’une époque. Cette « Terre sainte » par excellence, c’est la «contrée suprême » suivant le sens du terme sanscrit Paradêsha, dont les Chaldéens ont fait Pardes et les Occidentaux Paradis ; c’est en effet le « Paradis terrestre », qui est bien le point de départ de toute tradition, ayant en son centre la source unique d’où partent les quatre fleuves coulant vers les quatre points cardinaux, et qui est aussi le « séjour d’immortalité » comme il est facile de s’en rendre compte en se reportant aux premiers chapitres de la Genèse.»

Aperçus sur l’Ésotérisme Chrétien, Chap. III

« […] le Paradis terrestre, qui est aussi le point de communication du Ciel et de la Terre, apparaît à la fois comme situé à l’extrémité du monde suivant le point de vue « extérieur » et à son centre suivant le point de vue « intérieur » »

La Grande Triade, Chap. III

PARAMÂTMÂ (sanskrit)

« […] le Soi suprême (Paramâtmâ) »

Études sur l’Hindouisme, Chap. III

PÂSHA (sanskrit)

« […] pâsha, dont le sens propre est « lien » »

L’Homme et son Devenir selon le Vêdânta, Chap. XXII

PASHU (sanskrit)

« […] pashu, c’est-à-dire de l’être assujetti aux liens de l’existence commune »

Études sur l’Hindouisme, Chap. VIII

« Le mot pashu est pris souvent dans une acception spéciale, pour désigner une victime animale du sacrifice (yajna, yâga ou mêdha), laquelle est d’ailleurs « délivrée », au moins virtuellement, par le sacrifice même »

L’Homme et son Devenir selon le Vêdânta, Chap. XXIII

PAUVRETÉ SPIRITUELLE

« […] l’être contingent peut être défini comme celui qui n’a pas en lui-même sa raison suffisante ; un tel être, par conséquent, n’est rien par lui-même, et rien de ce qu’il est ne lui appartient en propre. Tel est le cas de l’être humain, en tant qu’individu, ainsi que de tous les êtres manifestés, en quelque état que ce soit, car, quelle que soit la différence entre les degrés de l’Existence universelle, elle est toujours nulle au regard du Principe. Ces êtres, humains ou autres, sont donc, en tout ce qu’ils sont, dans une dépendance complète vis-à-vis du Principe, «hors duquel il n’y a rien, absolument rien qui existe » ; c’est dans la conscience de cette dépendance que consiste proprement ce que plusieurs traditions désignent comme la « pauvreté spirituelle ».

Aperçus sur l’Ésotérisme Islamique et le Taoïsme, Chap. IV

PERFECTION

« Nous avons parlé ici de la Perfection, et, à ce propos, une brève explication et nécessaire : quand ce terme est ainsi employé, il doit être entendu dans son sens absolu et total. Seulement, pour y penser, dans notre condition actuelle (en tant qu’êtres appartenant à l’état individuel humain), il faut bien rendre cette conception intelligible en mode distinctif ; et, cette conceptibilité est la « perfection active » (Khien), possibilité de la volonté dans la Perfection, et naturellement de toute-puissance, qui est identique à ce qui est désigné comme l’« Activité du Ciel ». Mais, pour en parler, il faut en outre sensibiliser cette conception (puisque le langage, comme toute expression extérieure, et n’est certes et nécessairement d’ordre sensible) ; c’est alors la « perfection passive » (Khouen), possibilité de l’action comme motif et comme but. Si elle n’est la volonté capable de se manifester, et Khouen est l’objet de cette manifestation : mais, d’ailleurs, dès lors qu’on dit « perfection active » ou « perfection passive », on ne dit plus Perfection au sens absolu, puisqu’il y a déjà là une distinction est une détermination, donc une limitation. On peut encore si l’on veut, dire que Khien est la faculté agissante (il serait plus exact de dire « influence »), correspondant au « Ciel » (Tien), et que Khouen est la faculté plastique, correspondant à la « Terre » (Ti) ; nous trouvons ici, dans la Perfection, l’analogue, mais encore plus universelle, de ce que nous avons désigné dans l’Être, comme l’« essence » et la « substance ». »

Le Symbolisme de la Croix, Chap. XXIII

PÉRIODE HISTORIQUE

« […] la période que l’on a coutume d’appeler « historique », […] est effectivement la seule qui soit vraiment accessible à l’histoire ordinaire ou « profane » […].

Il est un fait assez étrange, qu’on semble n’avoir jamais remarqué comme il mérite de l’être : c’est que la période proprement « historique », au sens que nous venons d’indiquer, remonte exactement au VIe siècle avant l’ère chrétienne, comme s’il y avait là, dans le temps, une barrière qu’il n’est pas possible de franchir à l’aide des moyens d’investigation dont disposent les chercheurs ordinaires. À partir de cette époque, en effet, on possède partout une chronologie assez précise et bien établie ; pour tout ce qui est antérieur, au contraire, on n’obtient en général qu’une très vague approximation, et les dates proposées pour les mêmes événements varient souvent de plusieurs siècles. »

La Crise du Monde Moderne, Chap. I

PERPÉTUITÉ

« Le mot grec αιωνιος signifie réellement « perpétuel » et non pas « éternel », car il est dérivé de αιων (identique au latin ævum), qui désigne un cycle indéfini, ce qui, d’ailleurs, était aussi le sens primitif du latin sæculum, « siècle », par lequel on le traduit quelquefois. »

L’Homme et son Devenir selon le Vêdânta, Chap. XIX

PERSONNALITÉ (et individualité)

« […] rappelons encore que la « personnalité » est pour nous le principe transcendant et permanent de l’être, tandis que l’« individualité » n’en est qu’une manifestation transitoire et contingente. »

Le Symbolisme de la Croix, Chap. XXIII

PHÉNOMÈNE

« Tout ce qui est phénomène est d’ordre physique ; »

La Métaphysique Orientale

« […] Ce sont encore là des phénomènes (c’est-à-dire, au sens étymologique, des apparences, toujours relatives et illusoires en tant que formelles) »

Aperçus sur l’Initiation, Chap. XXIV

« […] les phénomènes […] comme ceux que produisent les « médiums guérisseurs », se ramènent en réalité, soit à la suggestion, soit au magnétisme proprement dit […]. »

L’Erreur Spirite, Chap. VII

« Quelque opinion que l’on ait sur la nature et la cause des phénomènes en question, on peut les regarder comme « psychiques », d’autant plus que ce mot en est arrivé à avoir pour les modernes un sens fort vague, et non pas comme étant « au-delà du psychique » ; certains seraient même plutôt en deçà ; en outre, l’étude de n’importe quels phénomènes fait partie de la « physique » au sens très général où l’entendaient les anciens, c’est-à-dire de la connaissance de la nature, et est sans aucun rapport avec la métaphysique, ce qui est « au-delà de la nature » étant par la même au-delà de toute expérience possible. Il n’y a rien qui puisse être mis en parallèle avec la métaphysique, et tous ceux qui savent ce qu’est vraiment celle-ci ne peuvent protester trop énergiquement contre de pareilles assimilations ; il est vrai que, de nos jours, ni les savants ni même les philosophes ne semblent en avoir la moindre notion. »

L’Erreur Spirite, Chap. VI

« […] naturellement, nous n’avons pas ici à sortir du temps et de l’espace, ni à considérer autre chose que des phénomènes, c’est-à-dire des apparences ou des manifestations extérieures »

L’Erreur Spirite, partie II, Chap. 3

PHILOSOPHIE

« Ce mot signifiant étymologiquement « amour de la sagesse », désigne tout d’abord une disposition préalable requise pour parvenir à la sagesse, et il peut désigner aussi par une extension toute naturelle, la recherche qui, naissant de cette disposition même, doit conduire à la véritable connaissance ; ce n’est donc qu’un stade préliminaire et préparatoire, un acheminement vers la sagesse, comme le « Paradis terrestre » est une étape qui mène au « Paradis céleste ». »

Autorité Spirituelle et Pouvoir Temporel, chap.VIII

« Le mot « philosophie », […] ne signifie rien d’autre qu’« amour de la sagesse » ; il désigne donc tout d’abord une disposition préalable requise pour parvenir à la sagesse, et il peut désigner aussi, par une extension toute naturelle, la recherche qui, naissant de cette disposition même, doit conduire à la connaissance. Ce n’est donc qu’un stade préliminaire et préparatoire, un acheminement vers la sagesse, un degré correspondant à un état inférieur à celle-ci ; la déviation qui s’est produite ensuite a consisté à prendre ce degré transitoire pour le but même, à prétendre substituer la « philosophie » à la sagesse, ce qui implique l’oubli ou la méconnaissance de la véritable nature de cette dernière. C’est ainsi que prit naissance ce que nous pouvons appeler la philosophie « profane », c’est-à-dire une prétendue sagesse purement humaine, donc d’ordre simplement rationnel, prenant la place de la vraie sagesse traditionnelle, supra-rationnelle et « non-humaine ». Pourtant, il subsista encore quelque chose de celle-ci à travers toute l’antiquité ; ce qui le prouve, c’est d’abord la persistance des « mystères », dont le caractère essentiellement « initiatique » ne saurait être contesté, et c’est aussi le fait que l’enseignement des philosophes eux-mêmes avait à la fois, le plus souvent, un côté « exotérique » et un côté « ésotérique », ce dernier pouvant permettre le rattachement à un point de vue supérieur, qui se manifeste d’ailleurs d’une façon très nette, quoique peut-être incomplète à certains égards, quelques siècles plus tard, chez les Alexandrins. Pour que la philosophie « profane » fût définitivement constituée comme telle, il fallait que l’« exotérisme » seul demeurât et qu’on allât jusqu’à la négation pure et simple de tout « ésotérisme » […]. »

La Crise du Monde Moderne, Chap. I

« Une philosophie, même si elle est vraiment tout ce qu’elle peut être, n’a aucun droit à ce titre [de « philosophie traditionnelle »], parce qu’elle se tient tout entière dans l’ordre rationnel, même si elle ne nie pas ce qui le dépasse, et parce qu’elle n’est qu’une construction édifiée par des individus humains, sans révélation ou inspiration d’aucune sorte, ou, pour résumer tout cela en un seul mot, parce qu’elle est quelque chose d’essentiellement « profane ». »

La Crise du Monde Moderne, Chap. II

PHILOSOPHIE MODERNE

« […] philosophie moderne, qui n’est en somme qu’une expression « systématisée » de la mentalité générale »

Articles et Comptes Rendus, Tome 1, L’illusion de la « vie ordinaire »

« […] on a parfois voulu la définir comme la « sagesse humaine » ; cela est vrai, mais à la condition d’insister sur ce qu’elle n’est que cela, une sagesse purement humaine, dans l’acception la plus limitée de ce mot, ne faisant appel à aucun élément d’un ordre supérieur à la raison ; pour éviter toute équivoque, nous l’appellerions aussi « sagesse profane », mais cela revient à dire qu’elle n’est nullement une sagesse au fond qu’elle n’en est que l’apparence illusoire. »

Orient et Occident, Chap. II

PHYSIQUE

« La physique est l’étude de tout ce qui appartient à la nature. »

La Métaphysique Orientale

« Le terme de « physique », dans son acception première et étymologique, ne signifie pas autre chose que « science de la nature », sans aucune restriction ; c’est donc la science qui concerne les lois les plus générales du « devenir », car « nature » et « devenir » sont au fond synonymes, et c’est bien ainsi que l’entendaient les Grecs, et notamment Aristote ; s’il existe des sciences plus particulières se rapportant au même ordre, elles ne sont alors que des « spécifications » de la physique pour tel ou tel domaine plus étroitement déterminé. »

La Crise du Monde Moderne, Chap. III

PITRI-YÂNA (sanskrit)

« […] il est dit, en effet, que les premiers suivent la « Voie des Dieux » (dêva-yâna), tandis que les seconds suivent la « Voie des Ancêtres » (pitri-yâna). »

POÉSIE

« Le mot « poésie » dérive aussi du verbe grec poiein, qui a la même signification que la racine sanscrite Kri, d’où vient Karma, et qui se retrouve dans le verbe latin creare entendu dans son nom même, puisque c’est là précisément de la simple production d’une œuvre artistique ou littéraire, au sens profane qu’Aristote semble avoir eu uniquement en vue en parlant de ce qu’il a appelé « sciences poétiques ». »

Symboles de la Science Sacrée, Chap. VII

POINT

«  Le point est effectivement le symbole de l’unité ; il est le principe de l’étendue, qui n’existe que par son rayonnement (le « vide » antérieur n’étant que pure virtualité », mais il ne devient compréhensible qu’en se situant lui-même dans cette étendue, dont il est alors le centre »

Le Symbolisme de la Croix, Chap. IV

PÔLE

« […] la connaissance des « grands mystères », étant celle des principes immuables, exige la contemplation immobile dans la « grande solitude », au point fixe qui est le centre de la roue, le pôle invariable autour duquel s’accomplissent, sans qu’il y participe, les révolutions de l’Univers manifesté. »

Études sur la Franc-Maçonnerie et le Compagnonnage, Tome l, À propos des pèlerinages.

« […] la racine dhri est presque identique, comme forme et comme sens, à une autre racine dhru, de laquelle dérive le mot dhruva qui désigne le « pôle » ; effectivement, c’est à cette idée de « pôle » ou d’« axe » du monde manifesté qu’il convient de se référer si l’on veut comprendre vraiment la notion du dharma : c’est ce qui demeure invariable au centre des révolutions de toutes choses, et règle le cours du changement par là même qu’il n’y participe pas. »

Études sur l’Hindouisme, Chap. V

« […] l’idée du Pôle est encore un équivalent de l’idée du Centre. Le symbolisme qui se rapporte au Pôle, et qui revêt parfois des formes très complexes, se retrouve aussi dans toutes les traditions, et il y tient même une place considérable »

Écrits pour Regnabit, L’idée du centre dans les traditions antiques

« Le « pivot de la norme », c’est ce que presque toutes les traditions appellent le « Pôle », c’est-à-dire le point fixe autour duquel s’accomplissent les révolutions du monde, selon la norme ou la loi qui régit toute manifestation, et qui n’est elle-même que l’émanation directe du centre, l’expression de la « Volonté du Ciel » dans l’ordre cosmique. »

Écrits pour Regnabit, Le centre du monde dans les traditions extrême-orientales

POLITIQUE

« […] la signification étymologique des mots « civilisation » et « politique », dérivés respectivement du latin civitas et du grec polis, qui l’un et l’autre signifient « cité » »

Comptes Rendus, étude intitulée What is Civilization ? Albert Schweitzer Festschrift, par A. K Coomaraswamy

PONTIFEX (latin)

« Le caractère « pontifical », au sens le plus vrai de ce mot, appartient bien réellement, et par excellence, au chef de la hiérarchie initiatique, et ceci appelle une explication : littéralement, le Pontifex est un « constructeur de ponts », et ce titre romain est en quelque sorte, par son origine, un titre « maçonnique » ; mais, symboliquement, c’est celui qui remplit la fonction de médiateur, établissant la communication entre ce monde et les mondes supérieurs (1). À ce titre, l’arc-en-ciel, le « pont céleste », est un symbole naturel du « pontificat » ; et toutes les traditions lui donnent des significations parfaitement concordantes : ainsi, chez les Hébreux, c’est le gage de l’alliance de Dieu avec son peuple ; en Chine, c’est le signe de l’union du Ciel et de la Terre ; en Grèce, il représente Iris, la « messagère des Dieux » ; un peu partout, chez les Scandinaves aussi bien que chez les Perses et les Arabes, en Afrique centrale et jusque chez certains peuples de l’Amérique du Nord, c’est le pont qui relie le monde sensible au suprasensible.

[1]Saint Bernard dit que « le Pontife, comme l’indique l’étymologie de son nom, est une sorte de pont entre Dieu et l’homme » (Tractatus de Moribus et Officio episcoporum, III, 9). – Il y a dans l’Inde un terme qui est propre aux Jainas, et qui est le strict équivalent du Pontifex latin : c’est le mot Tîrthamkara, littéralement « celui qui fait un gué ou un passage » ; le passage dont il s’agit, c’est le chemin de la Délivrance (Moksha). Les Tîrthamkaras, sont au nombre de vingt-quatre, comme les vieillards de l’Apocalypse, qui, d’ailleurs, constituent aussi un Collège pontifical. »

Le Roi du Monde, Chap. II

POSSIBILITÉ UNIVERSELLE

« […] quand nous disons que la Possibilité universelle est infinie ou illimitée, il faut entendre par là qu’elle n’est pas autre chose que l’Infini même, envisagé sous un certain aspect, dans la mesure où il est permis de dire qu’il y a des aspects de l’Infini. » […]

« […] si l’on parle corrélativement de l’Infini et de la Possibilité, ce n’est pas pour établir entre ces deux termes une distinction qui ne saurait exister réellement ; c’est que l’Infini est alors envisagé plus spécialement sous son aspect actif, tandis que la Possibilité est son aspect passif »

Les États Multiples de l’Être, Chap. I

« […] l’infinité n’appartient qu’à l’ensemble de l’Être et du Non-Être, puisque cet ensemble est identique à la Possibilité universelle. »

Les États Multiples de l’Être, Chap. III

POUVOIR TEMPOREL

« En effet, ce mot de « pouvoir » évoque presque inévitablement l’idée de puissance ou de force, et surtout d’une force matérielle, d’une puissance qui se manifeste visiblement au dehors et s’affirme par l’emploi de moyens extérieurs ; Et tel est bien, par définition même, le pouvoir temporel. »

Autorité Spirituelle et Pouvoir Temporel, Chap. II

PRADHÂNA (sanskrit)

« […] aussi désignée comme Pradhâna, c’est-à-dire « ce qui est posé avant » toutes choses, comme contenant en puissance toutes les déterminations »

L’Homme et son Devenir selon le Vêdânta, Chap. IV

PRAJÂ (sanskrit)

« Le mot sanscrit prajâ est identique au latin progenies […] » [progéniture]

Symboles de la Science Sacrée, Chap. XLVI

PRAJNÂNA (sanskrit)

« Prajnâna ou la Connaissance intégrale s’oppose […] à vijnâna ou la connaissance distinctive »

L’Homme et son Devenir selon le Vêdânta, Chap XV

PRAKRITI (sanskrit)

« […] Il faut donc partir ici de la première de toutes les dualités cosmiques, de celle qui est au principe même de l’existence ou de la manifestation universelle, et sans laquelle nulle manifestation ne serait possible, sous quelque mode que ce soit ; cette dualité est celle de Purusha et de Prakriti suivant la doctrine hindoue ou, pour employer une autre terminologie, celle de l’« essence » et de la « substance ». Celles-ci doivent être envisagées comme des principes universels, étant les deux pôles de toute manifestation »

« […] nous disons substantiel, car materia, au sens scolastique, n’est point la « matière » telle que l’entendent les physiciens modernes, mais bien la substance, soit dans son acception relative quand elle est mise en corrélation avec forma et rapportée aux êtres particuliers, soit aussi, lorsqu’il est question de materia prima, comme le principe passif de la manifestation universelle, c’est-à-dire la potentialité pure, qui est l’équivalent de Prakriti dans la doctrine hindoue. »

Le Règne de la Quantité et les Signes des Temps, Chap. I

« […] la passivité de la Terre ou de Prakriti, qui est proprement un « terrain » ou un « support » de manifestation, et qui est aussi, par suite, un plan de résistance et d’arrêt pour les forces ou les influences célestes agissant en un sens descendant. »

La Grande Triade, Chap. III

PRÂNA (sanskrit)

« […] le « souffle vital » (prâna), qui appartient proprement à l’ordre de la manifestation subtile […] »

L’Homme et son Devenir selon le Vêdânta, Chap. XIV

« […] souffle animateur (prâna) […] »

L’Homme et son Devenir selon le Vêdânta, Chap. XXIV

(note) « […] prâna, tout en se manifestant extérieurement par la respiration, est en réalité autre chose que celle-ci, car il serait évidemment inintelligible de dire que la respiration, fonction physiologique, se sépare de l’organisme et se résorbe dans l’« âme vivante » ; nous rappellerons encore que prâna et ses modalités diverses appartiennent essentiellement à l’état subtil »

L’Homme et son Devenir selon le Vêdânta, Chap. XIX

« […] une « plénitude » (prâna) véritablement infinie, qui n’est autre que le « Soi », et qui est la parfaite unité de SatChitAnanda »

Études sur l’Hindouisme, C. R de Upadesa Saram de Sri Ramana Maharshi

« Les diverses facultés de sensation et d’action (désignées par le terme prâna dans une acception secondaire) sont au nombre de onze : cinq de sensation (buddhîndriyas ou jnânêndriyas, moyens ou instruments de connaissance dans leur domaine particulier), cinq d’action (karmêndriyas), et le sens interne (manas). »

L’Homme et son Devenir selon le Vêdânta, Chap. VIII

PRASÂDA (sanskrit)

« […] la Grâce spirituelle (Prasâda) […] »

L’Homme et son Devenir selon le Vêdânta, Chap. XXI

PRAVIVIKTA (sanskrit)

« L’état subtil est appelé dans ce texte pravivikta, littéralement « prédistingué », parce que c’est un état de distinction qui précède la manifestation grossière ; ce mot signifie aussi « séparé » parce que l’« âme vivante », dans l’état de rêve, est en quelque sorte enfermée en elle-même, contrairement ce qui a lieu dans l’état de veille, « commun à tous les hommes ». »

L’Homme et son Devenir selon le Vêdânta, Chap. XIV

PRÉJUGÉ CLASSIQUE

« Nous avons déjà indiqué ce que nous entendons par le « préjugé classique » : c’est proprement le parti pris d’attribuer aux Grecs et aux Romains l’origine de toute civilisation. »

Introduction Générale à l’Étude des Doctrines Hindoues, Chap. III

PRIÈRE

« […] ce mot « prière » signifie proprement et exclusivement « demande » et ne peut sans abus être employé pour désigner autre chose »

Aperçus sur l’Initiation, Chap. XXIV

PRINCIPE

« Quand nous parlons de principes d’une façon absolue et sans aucune spécification, ou de vérités purement intellectuelles, c’est toujours de l’ordre universel qu’il s’agit exclusivement ; c’est là le domaine de la connaissance métaphysique, connaissance supra-individuelle et supra-rationnelle en soi, intuitive et non plus discursive, indépendante de toute relativité ; et il faut encore ajouter que l’intuition intellectuelle par laquelle s’obtient une telle connaissance n’a absolument rien de commun avec ces intuitions infra-rationnelles, qu’elles soient d’ordre sentimental, instinctif ou purement sensible, qui sont les seules qu’envisage la philosophie contemporaine. »

« La connaissance des principes est rigoureusement la même pour tous les hommes qui la possèdent, car les différences mentales ne peuvent affecter que ce qui est d’ordre individuel, donc contingent, et elles n’atteignent pas le domaine métaphysique pur ; sans doute, chacun exprimera à sa façon ce qu’il aura compris dans la mesure où il pourra l’exprimer, mais celui qui aura compris vraiment saura toujours, derrière la diversité des expressions, reconnaître la vérité une, et ainsi cette diversité inévitable ne sera jamais une cause de désaccord. »

« Comme nous l’avons déjà dit, les principes seuls sont rigoureusement invariables ; leur connaissance est la seule qui ne soit susceptible d’aucune modification »

Orient et Occident, Partie II, Chap. 2

« Ce qu’il y a de commun à toute civilisation normale, ce sont les principes ; si on les perdait de vue, il ne resterait guère à chacune que les caractères particuliers par lesquels elle se différencie des autres, et les ressemblances mêmes deviendraient purement superficielles, puisque leur véritable raison d’être serait ignorée. »

Orient et Occident, Partie II, Chap. 4

«  […] le développement de toute manifestation implique nécessairement un éloignement de plus en plus grand du principe dont elle procède ; partant du point le plus haut, elle tend forcément vers le bas, et, comme les corps pesants, elle y tend avec une vitesse sans cesse croissante, jusqu’à ce qu’elle rencontre enfin un point d’arrêt. Cette chute pourrait être caractérisée comme une matérialisation progressive, car l’expression du principe est pure spiritualité ; nous disons l’expression, et non le principe même, car celui-ci ne peut être désigné par aucun des termes qui semblent indiquer une opposition quelconque, étant au-delà de toutes les oppositions. »

La Crise du Monde Moderne, Chap. I

« Tout ce qui est, sous quelque mode que ce soit, participe nécessairement des principes universels, qui sont les essences éternelles et immuables contenues dans la permanente actualité de l’Intellect divin. »

Autorité Spirituelle et Pouvoir Temporel, Chap. I

PRINCIPE (suprême)

« Il ne peut rien y avoir qui n’ait un principe ; mais quel est ce principe ? et n’y a-t-il en réalité́ qu’un Principe unique de toutes choses ? Si l’on envisage l’Univers total, il est bien évident qu’il contient toutes choses, car toutes les parties sont contenues dans le Tout ; d’autre part, le Tout est nécessairement illimité, car, s’il avait une limite, ce qui serait au-delà̀ de cette limite ne serait pas compris dans le Tout, et cette supposition est absurde. Ce qui n’a pas de limite peut être appelé́ l’Infini, et, comme il contient tout, cet Infini est le principe de toutes choses. D’ailleurs, l’Infini est nécessairement un, car deux infinis qui ne seraient pas identiques s’excluraient l’un l’autre ; il résulte donc de là qu’il n’y a qu’un Principe unique de toutes choses, et ce Principe est le Parfait, car l’Infini ne peut être tel que s’il est le Parfait. Ainsi, le Parfait est le Principe suprême, la Cause première ; il contient toutes choses en puissance, et il a produit toutes choses […]. »

Mélanges, Chap. I

PROFANE (point de vue)

« Ce qu’on peut appeler le point de vue profane n’est, comme nous l’avons dit souvent déjà, rien d’autre que le produit d’une véritable dégénérescence spirituelle, puisqu’il ne saurait exister dans une civilisation intégralement traditionnelle, où toutes choses, à quelque domaine qu’elles appartiennent, participent nécessairement au caractère sacré qui est celui de la tradition elle-même. La civilisation traditionnelle étant en même temps celle qu’on peut considérer comme normale, il y a donc quelque chose de véritablement anormal dans ce point de vue, qui consiste en somme, là même où certains éléments traditionnels subsistent encore, à les mettre en quelque sorte tout à fait à part, à leur faire une place aussi réduite que possible, de telle façon qu’ils n’exercent plus aucune influence sur le reste de l’activité humaine, qui sera dès lors regardé comme constituant un domaine profane, bien que, en réalité, un tel domaine ne puisse avoir aucune existence légitime ; et, ce prétendu domaine profane se faisant d’ailleurs toujours de plus en plus envahissant, ce n’est là, en définitive, qu’un acheminement vers la négation complète de toute tradition, telle qu’on peut la constater dans le monde occidental moderne. »

Articles et Comptes Rendus, Tome I, L’illusion de la « vie ordinaire »

PROGRÈS

« Ce que les Occidentaux appellent progrès, ce n’est pour les Orientaux que changement et instabilité ; et le besoin de changement, si caractéristique de l’époque moderne, est à leurs yeux une marque d’infériorité manifeste : celui qui est parvenu à un état d’équilibre n’éprouve plus ce besoin, de même que celui qui sait ne cherche plus. »

Orient et Occident, Chap. I

PROGRESSISME

« La source de l’erreur dont il s’agit, comme d’une multitude d’autres, c’est la conception « évolutionniste » ou « progressiste » : on veut, en vertu de celle-ci, que toute connaissance ait commencé par être à un état rudimentaire, à partir duquel elle se serait développée et élevée peu à peu ; on postule une sorte de grossière simplicité primitive, qui, bien entendu, ne peut être l’objet d’aucune constatation ; et l’on prétend tout faire partir d’en bas, comme s’il n’était pas contradictoire d’admettre que le supérieur puisse sortir de l’inférieur. Une telle conception n’est pas simplement une erreur quelconque, mais constitue proprement une « contre-vérité »; nous voulons dire par là qu’elle va exactement au rebours de la vérité, par un étrange renversement qui est bien caractéristique de l’esprit moderne. »

Mélanges, Chap. I

PROTESTANTISME

« […] c’est donc dans le domaine religieux que nous allons avoir à envisager la révolte contre l’esprit traditionnel, révolte qui, lorsqu’elle a pris une forme définie, s’est appelée le Protestantisme ; et il est facile de se rendre compte que c’est bien là une manifestation de l’individualisme, à tel point qu’on pourrait dire que ce n’est rien d’autre que l’individualisme lui-même considéré dans son application à la religion. Ce qui fait le Protestantisme, comme ce qui fait le monde moderne, ce n’est qu’une négation, cette négation des principes qui est l’essence même de l’individualisme »

La Crise du Monde Moderne, Chap. V

« […] le Protestantisme, sous ses formes multiples, est d’ailleurs la seule production religieuse de l’esprit moderne »

Le Règne de la Quantité et les Signes des Temps, Chap. XI

PURUSHA (sanskrit)

« […] Purusha (qui est aussi appelé Pumas) est le principe essentiel (actif), dont l’union avec Prakritî ou la substance élémentaire indifférenciée (passive) produit le développement intégral de l’état d’être individuel humain ; ceci par rapport à chaque individu, et de même pour tous les autres états formels. Pour l’ensemble du domaine individuel actuel (comprenant tous les êtres qui s’y développent), Purusha est assimilé à Prajâpati, et le couple PurushaPrakritî est la manifestation (dans ce domaine) de l’Homme Universel »

Recueil, Chap. IV

« […] de Purusha ou de l’« Homme universel » […] »

Introduction Générale à l’Étude des Doctrines Hindoues, Chap. VI

PSYCHOLOGIE

« La psychologie, par la définition même, ne saurait avoir de prise que sur des états humains, et encore, tel qu’on l’entend aujourd’hui, elle n’atteint qu’une zone fort restreinte dans les possibilités de l’individu, qui s’étendent bien plus loin que les spécialistes de cette science ne peuvent le supposer. »

La Métaphysique Orientale

« […] la psychologie telle qu’on l’entend aujourd’hui, c’est-à-dire l’étude des phénomènes mentaux comme tels, est un produit naturel de l’empirisme anglo-saxon et de l’esprit du XVIIIe siècle, et que le point de vue auquel elle correspond était si négligeable pour les anciens que, s’il leur arrivait parfois de l’envisager incidemment, ils n’auraient en tout cas jamais songé à en faire une science spéciale ; tout ce qu’il peut y avoir de valable là-dedans se trouvait, pour eux, transformé et assimilé dans des points de vue supérieurs. »

La Crise du Monde Moderne, Chap. III

PYTHAGORISME

« […] le Pythagorisme […] fut surtout, sous une forme nouvelle, une restauration de l’Orphisme antérieur, et dont les liens évidents avec le culte delphique de l’Apollon hyperboréen permettent même d’envisager une filiation continue et régulière avec l’une des plus anciennes traditions de l’humanité. »

La Crise du Monde Moderne, Chap. I

Q

QÂF (arabe)

« […] la montagne de Qâf, qui est la « montagne polaire » »

Symboles de la Science Sacrée, Chap. XII

QIBLAH (arabe)

« Cette direction de l’intention a d’ailleurs, dans toutes les formes traditionnelles, sa représentation symbolique ; nous voulons parler de l’orientation rituelle : celle-ci, en effet, est proprement la direction vers un centre spirituel, qui, quel qu’il soit, est toujours une image du véritable « Centre du Monde » [1]. Mais, à mesure qu’on avance dans le KaliYuga, l’union avec ce centre, de plus en plus fermé et caché, devient plus difficile, en même temps que deviennent plus rares les centres secondaires qui le représentent extérieurement [2] ; et pourtant, quand finira cette période, la tradition devra être manifestée de nouveau dans son intégralité, puisque le commencement de chaque Manvantara, coïncidant avec la fin du précédent, implique nécessairement, pour l’humanité terrestre, le retour à l’« état primordial »[3]

[1] Dans l’Islam, cette orientation (qiblah) est comme la matérialisation, si l’on peut s’exprimer ainsi, de l’intention (niyah). L’orientation des églises chrétiennes est un autre cas particulier qui se rapporte essentiellement à la même idée.

[2] Il ne s’agit, bien entendu, que d’une extériorité relative, puisque ces centres secondaires sont eux-mêmes plus ou moins strictement fermés depuis le début du KaliYuga.

[3] C’est la manifestation de la Jérusalem céleste, qui est, par rapport au cycle qui finit, la même chose que le Paradis terrestre par rapport au cycle qui commence, ainsi que nous l’avons expliqué dans L’Ésotérisme de Dante. »

Le Roi du Monde, Chap. VIII

QUADRATURE DU CERCLE

« […] ce que les hermétistes désignaient symboliquement comme la « quadrature du cercle » : la sphère, qui représente le développement des possibilités par l’expansion du point primordial et central, se transforme en un cube lorsque ce développement est achevé et que l’équilibre final est atteint pour le cycle considéré »

Le Roi du Monde, Chap. XI

« […] la « quadrature du cercle », qui exprime précisément le rapport de la fin du cycle à son commencement, c’est-à-dire, l’intégration de son développement total »

Formes Traditionnelles et Cycles Cosmiques, Chap. I

QUALIFICATION (initiatique)

« Il va de soi que la qualification [initiatique] essentielle, celle qui domine toutes les autres, est une question d’« horizon intellectuel » plus ou moins étendu »

Aperçus sur l’Initiation, Chap. XIV

« Il n’y a pas d’autre mystère que l’inexprimable, qui est évidemment incommunicable par là même ; chacun pourra le pénétrer plus ou moins selon l’étendue de son horizon intellectuel ; mais, alors même qu’il l’aurait pénétré intégralement, il ne pourra jamais communiquer à un autre ce qu’il en aura compris lui-même ; tout au plus pourra-t-il aider à parvenir à cette compréhension ceux-là seuls qui y sont actuellement aptes. »

Articles et Comptes Rendus, L’enseignement initiatique.

« Quoi qu’il en soit, tout ce qui peut être développé sans réserves, c’est-à-dire tout ce qu’il y a d’exprimable dans le côté purement théorique de la métaphysique, est encore plus que suffisant pour que, à ceux qui peuvent le comprendre, même s’ils ne vont pas au-delà, les spéculations analytiques et fragmentaires de l’Occident moderne apparaissent telles qu’elles sont en réalité, c’est-à-dire comme une recherche vaine et illusoire, sans principe et sans but final, et dont les médiocres résultats ne valent ni le temps ni les efforts de quiconque à un horizon intellectuel assez étendu pour n’y point borner son activité. »

Introduction Générale à l’Étude des Doctrines Hindoues, Conclusion

« La propagande et la vulgarisation ne sont même possibles qu’au détriment de la vérité : prétendre mettre celle-ci « à la portée de tout le monde », la rendre accessible à tous indistinctement, c’est nécessairement l’amoindrir et la déformer, car il est impossible d’admettre que tous les hommes soient également capables de comprendre n’importe quoi : ce n’est pas une question d’instruction plus ou moins étendue, c’est une question d’« horizon intellectuel », et c’est là quelque chose qui ne peut se modifier, qui est inhérent à la nature même de chaque individu humain. »

Orient et Occident, Chap. II

« Nous l’avons dit souvent, et nous ne saurions trop le répéter : tout véritable symbole porte ses multiples sens en lui-même, et cela dès l’origine, car il n’est pas constitué comme tel en vertu d’une convention humaine, mais en vertu de la « loi de correspondance » qui relie tous les mondes entre eux ; que, tandis que certains voient ces sens, d’autres ne les voient pas ou n’en voient qu’une partie, ils n’y sont pas moins réellement contenus, et « horizon intellectuel » de chacun fait toute la différence »

Aperçus sur l’Ésotérisme Chrétien, Chap. VIII

« […] il n’y a rien de tel que l’abus de l’érudition pour borner étroitement l’« horizon intellectuel » d’un homme et l’empêcher de voir clair en certaines choses ; cela ne permet-il pas de comprendre pourquoi les méthodes qui font de l’érudition une fin en elle-même sont rigoureusement imposées par les autorités universitaires ?»

L’Erreur Spirite, Conclusion

QUBBAH (arabe)

« […] qubbah n’a jamais voulu dire « voûte, salle voûtée, crypte », […] ; ce mot désigne une coupole ou un dôme, dont précisément le symbolisme est « céleste » […] »

Symboles de la Science Sacrée, Chap. XLVIII

QUIÉTISME

« […] le terme même de « quiétisme » a été créé spécialement pour désigner une forme de mysticisme, qui est d’ailleurs de celles qu’on peut appeler « aberrantes », et dont le caractère principal est de pousser à l’extrême la passivité qui, à un degré ou à un autre, est inhérente au mysticisme comme tel. »

Initiation et Réalisation Spirituelle, Chap. XXVI

QUINTESSENCE

« […] l’Éther (Akâsha), la « quintessence » (quinta essentia) des hermétistes, l’élément primordial dont procèdent les quatre autres »

Le Roi du Monde, Chap. IX

QUTB (arabe)

« […] chacune des « sept terres » est régie par un Qutb ou « Pôle », qui correspond ainsi très nettement au Manu de la période pendant laquelle sa terre est manifestée ; »

Formes Traditionnelles et Cycles Cosmiques, Chap. I

R

RAISON

« La raison est une faculté proprement et spécifiquement humaine. »

La Métaphysique Orientale

« […] la raison est bornée et relative ; mais, bien loin d’en faire le tout de l’intelligence, nous ne la regardons que comme une de ses portions inférieures, et nous voyons dans l’intelligence d’autres possibilités qui dépassent immensément celles de la raison. »

Orient et Occident, Chap. II

RAJAS (sanskrit)

« […] rajas, l’impulsion expansive, selon laquelle l’être se développe dans un certain état et, en quelque sorte, à un niveau déterminé de l’existence »

Autorité Spirituelle et Pouvoir Temporel, Chap. IV

RASA (sanskrit)

« En sanscrit, le mot rasa a à la fois le sens de « sève » et celui d’« essence ». »

Symboles de la Science Sacrée, Chap. LIII

RASÛL (arabe)

« […] un nabî n’est tel que parce qu’il a une fonction à remplir à l’égard des autres êtres ; et, à plus forte raison, la même chose est vraie du rasûl, qui est aussi nabî, mais dont la fonction revêt un caractère d’universalité, tandis que celle du simple nabî peut être plus ou moins limitée quant à son étendue et quant à son but propre1.

[1] Le rasûl manifeste l’attribut divin d’Er-Rahmân dans tous les mondes (rahmatan lilâlamin), et non pas seulement dans un certain domaine particulier. – On peut remarquer que, par ailleurs, la désignation du Bodhisattwa comme « Seigneur de compassion » se rapporte aussi à un rôle similaire, la « compassion » étendue à tous les êtres n’étant au fond qu’une autre expression de l’attribut de rahmah. »

Initiation et Réalisation spirituelle, Chap. XXXII

RATIONALISME

« […] attitude spécialement moderne qui consiste, non plus même simplement à ignorer, mais à nier expressément tout ce qui est d’ordre supra-rationnel […]. »

La Crise du Monde Moderne, Chap. I

« […] le rationalisme consiste, non pas à affirmer simplement que la raison vaut quelque chose, ce qui n’est contesté que par les seuls sceptiques, mais à soutenir qu’il n’y a rien au-dessus d’elle, donc pas de connaissance possible au-delà de la connaissance scientifique ; ainsi, le rationalisme implique nécessairement la négation de la métaphysique. Presque tous les philosophes modernes sont rationalistes, d’une façon plus ou moins étroite, plus ou moins explicite ; chez ceux qui ne le sont pas, il n’y a que sentimentalisme et volontarisme, ce qui n’est pas moins antimétaphysique, parce que, si l’on admet alors quelque chose d’autre que la raison, c’est au-dessous d’elle qu’on le cherche, au lieu de le chercher au-dessus […]. »

Orient et Occident, Chap. II

RÉALISATION MÉTAPHYSIQUE

« […] la réalisation métaphysique, c’est-à-dire la transformation de cette connaissance virtuelle qu’est la simple théorie en une connaissance effective. »

Introduction Générale à l’Étude des Doctrines Hindoues, Chap. X

«[…] nous ne regardons pas la réalisation métaphysique comme un effet de quoi que ce soit, parce qu’elle n’est pas la production de quelque chose qui n’existe pas encore, mais la prise de conscience de ce qui est, d’une façon permanente et immuable, en dehors de toute succession temporelle ou autre, car tous les états de l’être, envisagés dans leur principe, sont en parfaite simultanéité dans l’éternel présent. »

La Métaphysique Orientale

RÉINCARNATION

« Nous dirons seulement […] qu’aucune doctrine traditionnelle n’a jamais admis la réincarnation, et que cette idée fut complètement étrangère à toute l’antiquité, bien qu’on ait voulu l’appuyer par une interprétation tendancieuse de quelques textes plus ou moins symboliques ; dans le Bouddhisme même, il est seulement question de « changements d’état », ce qui, évidemment, n’est pas du tout la même chose qu’une pluralité de vies terrestres successives, et ce n’est que symboliquement, nous le répétons, que des états différents ont pu être parfois décrits comme des « vies » par analogie avec l’état actuel de l’être humain et avec les conditions de son existence terrestre. »

Le Théosophisme, Histoire d’une Pseudo-Religion, Chap., XI

« […] la réincarnation est une idée exclusivement moderne. Trop de confusions et de notions fausses ont cours depuis un siècle pour que bien des gens, même en dehors des milieux « néo-spiritualistes », ne s’en trouvent pas gravement influencés ; cette déformation est même arrivée à un tel point que les orientalistes officiels, par exemple, interprètent couramment dans un sens réincarnationniste des textes où il n’y a rien de tel, et qu’ils sont devenus complètement incapables de les comprendre autrement, ce qui revient à dire qu’ils n’y comprennent absolument rien.

Le terme de « réincarnation » doit être distingué de deux autres termes au moins, qui ont une signification totalement différente, et qui sont ceux de « métempsychose » et de « transmigration » ; il s’agit là de choses qui étaient fort bien connues des anciens, comme elles le sont encore des Orientaux, mais que les Occidentaux modernes, inventeurs de la réincarnation, ignorent absolument. Il est bien entendu que, lorsqu’on parle de réincarnation, cela veut dire que l’être qui a déjà été incorporé reprend un nouveau corps, c’est-à-dire qu’il revient à l’état par lequel il est déjà passé ; d’autre part, on admet que cela concerne l’être réel et complet, et non pas simplement des éléments plus ou moins importants qui ont pu entrer dans sa constitution à un titre quelconque. En dehors de ces deux conditions, il ne peut aucunement être question de réincarnation ; or la première la distingue essentiellement de la transmigration, telle qu’elle est envisagée dans les doctrines orientales, et la seconde ne la différencie pas moins profondément de la métempsychose […]. Les spirites, tout en affirmant faussement l’antiquité de la théorie réincarnationniste, disent bien qu’elle n’est pas identique à la métempsychose ; mais, suivant eux, elle s’en distingue seulement en ce que les existences successives sont toujours « progressives », et en ce qu’on doit considérer exclusivement les êtres humains : « Il y a, dit Allan Kardec, entre la métempsychose des anciens et la doctrine moderne de la réincarnation, cette grande différence que les esprits rejettent de la manière la plus absolue la transmigration de l’homme dans les animaux, et réciproquement ». Les anciens, en réalité, n’ont jamais envisagé une telle transmigration, pas plus que celle de l’homme dans d’autres hommes, comme on pourrait définir la réincarnation ; sans doute, il y a des expressions plus ou moins symboliques qui peuvent donner lieu à des malentendus, mais seulement quand on ne sait pas ce qu’elles veulent dire véritablement […].

[…] la réincarnation est une impossibilité pure et simple ; il faut entendre par là qu’un même être ne peut pas avoir deux existences dans le monde corporel, ce monde étant considéré dans toute son extension : peu importe que ce soit sur la terre ou sur d’autres astres quelconques ; peu importe aussi que ce soit en tant qu’être humain ou, suivant les fausses conceptions de la métempsychose, sous toute autre forme, animale, végétale ou même minérale. Nous ajouterons encore : peu importe qu’il s’agisse d’existences successives ou simultanées, car il se trouve que quelques-uns ont fait cette supposition, au moins saugrenue, d’une pluralité de vies se déroulant en même temps, pour un même être, en divers lieux, vraisemblablement sur des planètes différentes […].

[…] la Possibilité universelle et totale est nécessairement infinie et ne peut être conçue autrement, car, comprenant tout et ne laissant rien en dehors d’elle, elle ne peut être limitée par rien absolument ; une limitation de la Possibilité universelle, devant lui être extérieure, est proprement et littéralement une impossibilité, c’est-à-dire un pur néant. Or, supposer une répétition au sein de la Possibilité universelle, comme on le fait en admettant qu’il y ait deux possibilités particulières identiques, c’est lui supposer une limitation, car l’infinité exclut toute répétition : il n’y a qu’à l’intérieur d’un ensemble fini qu’on puisse revenir deux fois à un même élément, et encore cet élément ne serait-il rigoureusement le même qu’à la condition que cet ensemble forme un système clos, condition qui n’est jamais réalisée effectivement. Dès lors que l’Univers est vraiment un tout, ou plutôt le Tout absolu, il ne peut y avoir nulle part aucun cycle fermé : deux possibilités identiques ne seraient qu’une seule et même possibilité ; pour qu’elles soient véritablement deux, il faut qu’elles diffèrent par une condition au moins, et alors elles ne sont pas identiques. Rien ne peut jamais revenir au même point, et cela même dans un ensemble qui est seulement indéfini (et non plus infini), comme le monde corporel : pendant qu’on trace un cercle, un déplacement s’effectue, et ainsi le cercle ne se ferme que d’une façon tout illusoire. Ce n’est là qu’une simple analogie, mais elle peut servir pour aider à comprendre que, « a fortiori », dans l’existence universelle, le retour à un même état est une impossibilité : dans la Possibilité totale, ces possibilités particulières que sont les états d’existence conditionnés sont nécessairement en multiplicité indéfinie ; nier cela, c’est encore vouloir limiter la Possibilité ; il faut donc l’admettre, sous peine de contradiction, et cela suffit pour que nul être ne puisse repasser deux fois par le même état.

[…] Nous ajouterons encore que […] on ne trouve dans la nature aucune analogie en faveur de la réincarnation, tandis que, en revanche, on en trouve de nombreuses dans le sens contraire. Ce point a été assez bien mis en lumière dans les enseignements de la H. B, of L., […] nous croyons qu’il peut être intéressant de citer ici quelques passages […] : « […] Le gland devient chêne, la noix de coco devient palmier ; mais le chêne a beau donner des myriades d’autres glands, il ne devient plus jamais gland lui-même, ni le palmier ne redevient plus noix. De même pour l’homme : dès que l’âme s’est manifestée sur le plan humain, et a ainsi atteint la conscience de la vie extérieure, elle ne repasse plus jamais par aucun de ses états rudimentaires… […] l’homme peut être comparé au gland et au chêne : l’âme embryonnaire, non individualisée, devient un homme tout comme le gland devient un chêne, et, de même que le chêne donne naissance à une quantité innombrable de glands, de même l’homme fournit à son tour à une indéfinité d’âmes les moyens de prendre naissance dans le monde spirituel. […] »

L’Erreur Spirite, Chap. VI

RELIGION

« La religion, d’après la dérivation de ce mot, c’est « ce qui relie » »

« […] la religion comporte essentiellement la réunion de trois éléments d’ordres divers : un dogme, une morale, un culte ; partout où l’un quelconque de ces éléments viendra à manquer, on n’aura plus affaire à une religion au sens propre de ce mot. Nous ajouterons tout de suite que le premier élément forme la partie intellectuelle de la religion, que le second forme la partie sociale, et que la troisième qui est l’élément rituel, participe à la fois de l’une et de l’autre »

Introduction Générale à l’Étude des Doctrines Hindoues, Chap IV

« Métaphysique et religion ne sont pas et ne seront jamais sur le même plan ; il résulte de là, d’ailleurs, qu’une doctrine purement métaphysique et une doctrine religieuse ne peuvent ni se faire concurrence ni entrer en conflit, puisque leurs domaines sont nettement différents. »

Orient et Occident, Chap. IV

« […] la religion, entendue dans son sens le plus strict, est une chose proprement occidentale. »

Autorité Spirituelle et Pouvoir Temporel, Chap. IV

RENAISSANCE

« Ce qu’on appelle la Renaissance fut en réalité […] la mort de beaucoup de choses ; sous prétexte de revenir à la civilisation gréco-romaine, on n’en prit que ce qu’elle avait eu de plus extérieur, parce que cela seul avait pu s’exprimer clairement dans des textes écrits ; et cette restitution incomplète ne pouvait d’ailleurs avoir qu’un caractère fort artificiel, puisqu’il s’agissait de formes qui, depuis des siècles, avaient cessé de vivre de leur vie véritable. Quant aux sciences traditionnelles du moyen âge, après avoir eu encore quelques

dernières manifestations vers cette époque, elles disparurent aussi totalement que celles des civilisations lointaines qui furent jadis anéanties par quelque cataclysme ; et, cette fois, rien ne devait venir les remplacer. Il n’y eut plus désormais que la philosophie et la science « profanes », c’est-à-dire la négation de la véritable intellectualité, la limitation de la connaissance à l’ordre le plus inférieur, l’étude empirique et analytique de faits qui ne sont rattachés à aucun principe, la dispersion dans une multitude indéfinie de détails insignifiants, l’accumulation d’hypothèses sans fondement, qui se détruisent incessamment les unes les autres, et de vues fragmentaires qui ne peuvent conduire à rien, sauf à ces applications pratiques qui constituent la seule supériorité effective de la civilisation moderne ; supériorité peu enviable d’ailleurs, et qui, en se développant jusqu’à étouffer toute autre préoccupation, a donné à cette civilisation le caractère purement matériel qui en fait une véritable monstruosité. »

La Crise du Monde Moderne, Chap. I

RÉVÉLATION

« […] est une communication directe des états supérieurs »

La Métaphysique Orientale

RÉVOLUTION (française)

« […] la révolution qui renverse la royauté est à la fois la conséquence logique et le châtiment, c’est-à-dire la compensation, de la révolte antérieure de cette même royauté contre l’autorité spirituelle. »

Autorité Spirituelle et Pouvoir Temporel, Chap. IX

RISHI (sanskrit)

« […] le mot sanscrit rishi, qui signifie proprement « voyant » »

Études sur l’Hindouisme, Chap. III

« […] les Rishis sont proprement des « voyants », et cependant ils ont « entendu » le Vêda »

Comptes Rendus

« […] les sept Rishis représentent la sagesse « supra-humaine » des cycles antérieurs au nôtre »

La Grande Triade, Chap. XXV

« […] les Rishis ou les Sages des premiers âges […] »

Symboles de la Science Sacrée, Chap. XXII

«  […] sept Rishis, qui, outre que leur nom se rapporte à la « vision », donc à la lumière, sont aussi eux-mêmes les sept « Lumières », par lesquelles fut transmise au cycle actuel la Sagesse des cycles antérieurs […] »

Symboles de la Science Sacrée, Chap. XXIV

RITA (sanskrit)

« […] le sens du mot rita, désignant proprement l’ordre cosmique, et auquel le mot d’« ordre » (ordo en latin), aussi bien que celui de « rite », est d’ailleurs directement apparenté »

Études sur l’Hindouisme, CR d’un article du New Indian Antiquary de A K. Coomaraswamy

RITE

« On pourrait dire encore que les rites sont des symboles « mis en action », que tout geste rituel est un symbole « agi » […] rite et symbole ne sont au fond que deux aspects d’une même réalité »

Aperçus sur l’Initiation, Chap. XVI

ROI DU MONDE

« Le titre de «Roi du Monde», pris dans son acception la plus élevée, la plus complète et en même temps la plus rigoureuse, s’applique proprement à Manu, le Législateur primordial et universel, dont le nom se retrouve, sous des formes diverses, chez un grand nombre de peuples anciens; rappelons seulement, à cet égard, le Mina ou Ménès des Égyptiens, le Menw des Celtes et le Minos des Grecs.

Ce nom, d’ailleurs, ne désigne nullement un personnage historique ou plus ou moins légendaire; ce qu’il désigne en réalité, c’est un principe, l’Intelligence cosmique qui réfléchit la Lumière spirituelle pure et formule la Loi (Dharma) propre aux conditions de notre monde ou de notre cycle d’existence; et il est en même temps l’archétype de l’homme considéré spécialement en tant qu’être pensant (en sanscrit mânava). »

Le Roi du Monde, Chap. II

ROSE-CROIX

« Ceux qui sont passés au-delà de la forme sont, par là-même, libérés des limitations inhérentes à la condition individuelle de l’humanité ordinaire ; ceux mêmes qui ne sont parvenus qu’au centre de l’état humain, sans avoir encore réalisé effectivement les états supérieurs, sont du moins, en tout cas, affranchis des limitations par lesquelles l’homme déchu de cet « état primordial » dans lequel ils sont réintégrés est lié à une individualité particulière, aussi bien qu’à une forme déterminée, puisque toutes les individualités et toutes les formes du domaine humain ont leur principe immédiat au point même où ils sont placés. C’est pourquoi ils peuvent, comme nous le disions plus haut, revêtir des individualités diverses pour s’adapter à toutes les circonstances ; ces individualités, pour eux, n’ont véritablement pas plus d’importance que de simples vêtements. On peut comprendre par là ce que le changement de nom signifie vraiment, et ceci se rattache naturellement à ce que nous avons exposé précédemment au sujet des noms initiatiques ; d’ailleurs, partout où cette pratique se rencontre, elle représente toujours un changement d’état dans un ordre plus ou moins profond ; dans les ordres monastiques eux-mêmes, sa raison d’être n’est en somme nullement différente au fond, car, là aussi, l’individualité profane doit disparaître pour faire place à un être nouveau, et, même quand le symbolisme n’est plus entièrement compris dans son sens profond, il garde pourtant encore par lui-même une certaine efficacité.

Si l’on comprend ces quelques indications, on comprendra en même temps pourquoi les vrais Rose-Croix n’ont jamais pu constituer quoi que ce soit qui ressemble de près ou de loin à une « société », ni même une organisation extérieure quelconque ; ils ont pu sans doute, ainsi que le font encore en Orient, et surtout en Extrême-Orient, des initiés d’un degré comparable au leur, inspirer plus ou moins directement, et en quelque sorte invisiblement, des organisations extérieures formées temporairement en vue de tel ou tel but spécial et défini ; mais, bien que ces organisations puissent pour cette raison être dites « rosicruciennes », eux-mêmes ne s’y liaient point et, sauf peut-être dans quelques cas tout à fait exceptionnels, n’y jouaient aucun rôle apparent. Ce qu’on a appelé les Rose-Croix en Occident à partir du XIVe siècle, et qui a reçu d’autres dénominations en d’autres temps et en d’autres lieux, parce que le nom n’a ici qu’une valeur purement symbolique et doit lui-même s’adapter aux circonstances, ce n’est pas une association quelconque, c’est la collectivité des êtres qui sont parvenus à un même état supérieur à celui de l’humanité ordinaire, à un même degré d’initiation effective, dont nous venons d’indiquer un des aspects essentiels, et qui possèdent aussi les mêmes caractères intérieurs, ce qui leur suffit pour se reconnaître entre eux sans avoir besoin pour cela d’aucun signe extérieur. C’est pourquoi ils n’ont d’autre lieu de réunion que « le Temple du Saint-Esprit, qui est partout », de sorte que les descriptions qui en ont parfois été données ne peuvent être entendues que symboliquement ; et c’est aussi pourquoi ils demeurent nécessairement inconnus des profanes parmi lesquels ils vivent, extérieurement semblables à eux, bien qu’entièrement différents d’eux en réalité, parce que leurs seuls signes distinctifs sont purement intérieurs et ne peuvent être perçus que par ceux qui ont atteint le même développement spirituel, de sorte que leur influence, qui est attachée plutôt à une « action de présence » qu’à une activité extérieure quelconque, s’exerce par des voies qui sont totalement incompréhensibles au commun des hommes. »

Aperçus sur l’Initiation, Chap. XXXVII

ROSE-CROIX ET ROSICRUCIENS

«  […] le mieux serait d’établir une distinction nette entre Rose-Croix et Rosicruciens, ce dernier terme pouvant sans inconvénient recevoir une plus large extension que le premier ; et il est probable que la plupart des prétendus Rose-Croix, communément désignés comme tels, ne furent véritablement que des Rosicruciens. Pour comprendre l’utilité et l’importance de cette distinction, il faut tout d’abord se rappeler que, comme nous l’avons déjà dit tout à l’heure, les vrais Rose-Croix n’ont jamais constitué une organisation avec des formes extérieures définies […] »

« La distinction […] est loin de se réduire à une simple question de terminologie, et elle se rattache en réalité à quelque chose qui est d’un ordre beaucoup plus profond, puisque le terme de Rose-Croix est proprement, comme nous l’avons expliqué, la désignation d’un degré initiatique effectif, c’est-à-dire d’un certain état spirituel, dont la possession, évidemment, n’est pas liée d’une façon nécessaire au fait d’appartenir à une certaine organisation définie. »

Aperçus sur l’Initiation, Chap. XXXVIII

ROYAUTÉ

« […] la fonction royale comprend tout ce qui, dans l’ordre social, constitue le « gouvernement » […]»

« La fonction dont il s’agit est double en quelque sorte : administrative et judiciaire d’une part, militaire de l’autre, car elle doit assurer le maintien de l’ordre à la fois au-dedans comme fonction régulatrice et équilibrante, et au dehors, comme fonction protectrice de l’organisation sociale »

Autorité Spirituelle et Pouvoir Temporel, Chap. II

RÛH EL MOHAMMADIYAH (arabe)

(note) « Signalons encore, à propos de la forme sphérique, que, dans la tradition islamique, la sphère de pure lumière primordiale est la Rûh mohammediyah, qui est aussi le « Cœur du Monde » ; et le « cosmos » tout entier est vivifié par les « pulsations » de cette sphère, qui est proprement le barzakh par excellence ».

Symboles de la Science Sacrée, Chap. XXXII

RUKN (arabe)

« Nous trouvons d’autres indications intéressantes dans les significations du mot arabe rukn, « angle » ou « coin » : ce mot, parce qu’il désigne les extrémités d’une chose, c’est-à-dire ses parties les plus reculées et par suite les plus cachées (recondita et abscondita, pourrait-on dire en latin), prend parfois un sens de « secret » ou de « mystère » ; et, sous ce rapport, son pluriel arkân est à rapprocher du latin arcanum, qui a également ce même sens, et avec lequel il présente une ressemblance frappante ; du reste, dans le langage des hermétistes tout au moins, l’emploi du terme « arcane » a été certainement influencé d’une façon directe par le mot arabe dont il s’agit. En outre, rukn a aussi le sens de « base » ou de « fondation », ce qui nous ramène à la corner-stone entendue comme la « pierre fondamentale » ; dans la terminologie alchimique, el-arkân, quand cette désignation est employée sans autre précision, sont les quatre éléments, c’est-à-dire les « bases » substantielles de notre monde, qui sont assimilés ainsi aux pierres de base des quatre angles d’un édifice, puisque c’est sur eux qu’est en quelque sorte construit tout le monde corporel (représenté aussi par la forme carrée). »

Symboles de la Science Sacrée, Chap. XLIII

RÛPA (sanskrit)

« […] forme (rûpa) […]

L’Homme et son Devenir selon le Vêdânta, Chap. XI

« […] visible (rûpa, avec le double sens de forme et de couleur) […] »

L’Homme et son Devenir selon le Vêdânta, Chap. VIII

S

SACERDOCE

« […] quant au sacerdoce, sa fonction essentielle est la conservation et la transmission de la doctrine traditionnelle, dans laquelle toute organisation sociale régulière trouve ses principes fondamentaux ; »

Autorité Spirituelle et Pouvoir Temporel, Chap. II

SACHCHIDÂNANDA (sanskrit)

« Ainsi ces trois, Sat, Chit et Ânanda (généralement réunis en Sachchidânanda), ne sont absolument qu’un seul et même être, et cet « un » est Âtmâ, considéré en dehors et au-delà de toutes les conditions particulières qui déterminent chacun de ses divers états de manifestation.»

L’Homme et son Devenir selon le Vêdânta, Chap. XV

SACRIFICE (théorie)

« […] une théorie du sacrifice, qui, ainsi entendu, est essentiellement destiné à établir une certaine communication avec les états supérieurs, et laisse complètement en dehors les idées tout occidentales de « rachat » ou d’« expiation » et autres de ce genre, idées qui ne peuvent se comprendre qu’au point de vue spécifiquement religieux. »

L’Homme et son Devenir selon le Vêdânta, Chap. XXII

SÂDHANA (sanskrit)

« […] la méthode de réalisation (sâdhana) »

Études sur l’Hindouisme, C. R de Shrî Aurobindo, « Lights on Yoga »

« […] éléments essentiels de la réalisation (sâdhana) »

L’Homme et son Devenir selon le Vêdânta, Chap. XXV

« […] la réalisation parfaite (sâdhana) et la totalisation de l’être »

L’Homme et son Devenir selon le Vêdânta, Chap XXV

SÂDHU (sanskrit)

« […] Sâdhu, c’est-à-dire à celui qui a accompli la réalisation parfaite (sâdhana), et qui est ativarnâshramî »

L’Homme et son Devenir selon le Vêdânta, Chap. XXIV

SAGUNA (sanskrit)

« Îshwara est dit saguna ou « qualifié » […] »

Introduction Générale à l’Étude des Doctrines Hindoues, Chap. VII

« […] la distinction que fait la doctrine hindoue entre Brahma « non-qualifié » (nirguna) et Brahma « qualifié » (saguna), c’est-à-dire entre le « Suprême » et le « Non Suprême », ce dernier n’étant autre qu’Îshwara »

Le Symbolisme de la Croix, Chap. VII

SALUT

« Nous préciserons incidemment que, si nous avons pris l’habitude d’écrire « salut » avec une minuscule et « Délivrance » avec une majuscule, c’est, tout comme lorsque nous écrivons « moi » et « Soi », pour marquer nettement que l’un est d’ordre individuel et l’autre d’ordre transcendant ; cette remarque a pour but d’éviter qu’on ne veuille nous attribuer des intentions qui ne sont nullement les nôtres, comme celle de déprécier en quelque façon le salut, alors qu’il s’agit uniquement de la situer aussi exactement que possible à la place qui lui appartient en fait dans la réalité totale. »

Initiation et Réalisation spirituelle, Chap. VIII

SAMÂDHI (sanskrit)

« […] ce que désigne le terme de samâdhi est, tout au contraire, une « rentrée » de l’être dans son propre Soi. »

Études sur l’Hindouisme, Chap. III

SAMSÂRA (sanskrit)

« […] la série indéfinie des cycles de manifestation [1].

[1] c’est le samsâra bouddhique, la rotation indéfinie de la « roue de vie » dont l’être doit se libérer pour atteindre le Nirvâna

« […] que l’être est soumis à l’alternance des mutations cycliques, c’est-à-dire à la naissance et à la mort. »

Aperçus sur l’Ésotérisme Islamique, Chap. IV

« Celui qui connaît véritablement et pleinement sahasrâra est affranchi de la « transmigration » (samsâra) »

Études sur l’Hindouisme, Chap. III

SANÂTANA-DHARMA (sanskrit)

« […] Sanâtana Dharma (qu’on pourrait traduire par Lex perennis, aussi exactement que le permet une langue occidentale) »

Études sur l’Hindouisme, Chap. II

SÂNKHYA (sanskrit)

« Le Sânkhya se rapporte encore au domaine de la nature, c’est-à-dire de la manifestation universelle, mais, comme nous l’avons déjà indiqué, considéré cette fois synthétiquement, à partir des principes qui déterminent sa production et dont elle tire toute sa réalité. Le développement de ce point de vue, intermédiaire en quelque sorte entre la cosmologie du Vaishêshika et la métaphysique, est attribué à l’antique sage Kapila ; mais, à vrai dire, ce nom ne désigne point un personnage, et tout ce qui en est dit présente un caractère purement symbolique. Quant à la dénomination du Sânkhya, elle a été diversement interprétée ; elle dérive de sankhyâ qui signifie « énumération » ou « calcul », et aussi parfois « raisonnement » ; elle désigne proprement une doctrine qui procède par l’énumération régulière des différents degrés de l’être manifesté, et c’est bien là, en effet, ce qui caractérise le Sânkhiya, qui peut se résumer tout entier dans la distinction et la considération de vingt-cinq tattwas ou principes et éléments vrais, correspondant à ces degrés hiérarchisés.»

Introduction Générale à l’Étude des Doctrines Hindoues, Chap. VI

SANNYÂSÎ (sanskrit)

« L’état de Sannyâsî est proprement le dernier des quatre âshramas (les trois premiers étant ceux de Brahmachârî ou « étudiant de la Science sacrée », disciple d’un Guru, de Grihastha ou « maître de maison », et de Vanaprastha ou « anachorète ») ; mais le nom de Sannyâsî est aussi étendu parfois, comme on le voit ici, au Sâdhu, c’est-à-dire à celui qui a accompli la réalisation parfaite (sâdhana), et qui est ativarnâshramî »

L’Homme et son Devenir selon le Vêdânta, Chap. XXIV

SAPTA-RIKSHA (sanskrit)

« […] dans la tradition hindoue notamment, la Grande Ourse (saptariksha) est regardée symboliquement comme la demeure des sept Rishis, ce qui en fait bien un équivalent du « séjour des Immortels ». De plus, comme les sept Rishis représentent la sagesse « supra-humaine » des cycles antérieurs au nôtre, c’est aussi comme une sorte d’« arche » dans laquelle est renfermé le dépôt de la connaissance traditionnelle, afin d’assurer sa conservation et sa transmission d’âge en âge ; par là encore, c’est une image des centres spirituels qui ont en effet cette fonction, et, avant tout, du centre suprême qui garde le dépôt de la Tradition primordiale. »

La Grande Triade, Chap. XXV

SAT (sanskrit)

« […] Sat ou l’Être pur […] »

L’Homme et son Devenir selon le Vêdânta, Chap. XV

SATANISME (et luciférianisme)

« Le « luciférianisme » est le refus de reconnaissance d’une autorité supérieure ; le « satanisme », est le renversement des rapports normaux et de l’ordre hiérarchique ; et celui-ci est souvent une conséquence de celui-là, comme Lucifer est devenu Satan après sa chute. »

Autorité Spirituelle et Pouvoir Temporel, Chap. III

« […] le satanisme, […] se caractérise toujours par un renversement de l’ordre normal ; il prend le contrepied des doctrines orthodoxes, il invertit de parti pris certains symboles ou certaines formules ; les pratiques des sorciers ne sont, dans bien des cas, que des pratiques religieuses accomplies à rebours. Il y aurait des choses bien curieuses à dire sur le renversement des symboles ; […] nous tenons à indiquer que c’est là un signe qui trompe rarement […]. »

L’Erreur Spirite, partie II, Chap. 10

SATTWA (sanskrit)

« […] sattwa, la conformité à la pure essence de l’Être universel, qui est identifiée à la lumière intelligible ou à la connaissance, et représentée comme une tendance ascendante »

Autorité Spirituelle et Pouvoir Temporel, Chap. IV

SAVISHÊSHA (sanskrit)

«Brahma, en tant qu’Îshwara ou l’Être Universel, est dit savishêsha, c’est-à-dire « impliquant la distinction », car il en est le principe déterminant immédiat »

L’Homme et son Devenir selon le Vêdânta, Chap. XXIII

SCIENCE

« La science est la connaissance rationnelle, discursive, toujours indirecte, une connaissance par reflet. »

La Métaphysique Orientale

SCIENCE DES LETTRES

« Il résulte aussi de là que la « science des lettres » (‘ilmulhurûf), entendue dans son sens supérieur, est la connaissance de toutes choses dans le principe même, en tant qu’essences éternelles ; dans un sens que l’on peut dire moyen, c’est la cosmogonie ; enfin, dans le sens inférieur, c’est la connaissance des vertus des noms et des nombres, en tant qu’ils expriment la nature de chaque être, connaissance permettant d’exercer par leurs moyens, en raison de cette correspondance, une action d’ordre « magique » sur les êtres eux-mêmes. »

Le Symbolisme de la Croix, Chap. XVII

SCIENCE PROFANE

« La science, telle que la conçoivent nos contemporains, est uniquement l’étude des phénomènes du monde sensible, et cette étude est entreprise et menée de telle façon qu’elle ne peut, nous y insistons, être rattachée à aucun principe d’un ordre supérieur ; ignorant résolument tout ce qui la dépasse, elle se rend ainsi pleinement indépendante dans son domaine, cela est vrai, mais cette indépendance dont elle se glorifie n’est faite que de sa limitation même. Bien mieux, elle va jusqu’à nier ce qu’elle ignore, parce que c’est là le seul moyen de ne pas avouer cette ignorance ; ou, si elle n’ose pas nier formellement qu’il puisse exister quelque chose qui ne tombe pas sous son emprise, elle nie du moins que cela puisse être connu de quelque manière que ce soit, ce qui en fait revient au même, et elle prétend englober toute connaissance possible. Par un parti pris souvent inconscient, les « scientistes » s’imaginent comme Auguste Comte, que l’homme ne s’est jamais proposé d’autre objet de connaissance qu’une explication des phénomènes naturels ; parti pris inconscient, disons-nous, car ils sont évidemment incapables de comprendre qu’on puisse aller plus loin, et ce n’est pas là ce que nous leur reprochons, mais seulement leur prétention de refuser aux autres la possession ou l’usage de facultés qui leur manquent à eux-mêmes : on dirait des aveugles qui nient, sinon l’existence de la lumière, du moins celle du sens de la vue, pour l’unique raison qu’ils en sont privés.

[…] la science occidentale est, si l’on peut dire, toute en surface ; se dispersant dans la multiplicité indéfinie des connaissances fragmentaires, se perdant dans le détail innombrable des faits, elle n’apprend rien de la vraie nature des choses, qu’elle déclare inaccessible pour justifier son impuissance à cet égard ; aussi son intérêt est-il beaucoup plus pratique que spéculatif.

[…] la science, en méconnaissant les principes et en refusant de s’y rattacher, se prive à la fois de la plus haute garantie qu’elle puisse recevoir et de la plus sûre direction qui puisse lui être donnée ; il n’est plus de valable en elle que les connaissances de détail, et, dès qu’elle veut s’élever d’un degré, elle devient douteuse et chancelante. »

Orient et Occident, Chap. II

« […] dans l’ordre scientifique : c’est la recherche pour la recherche, beaucoup plus encore que pour les résultats partiels et fragmentaires auxquels elle aboutit ; c’est la succession de plus en plus rapide de théories et d’hypothèses sans fondement, qui, à peine édifiées, s’écroulent pour être remplacées par d’autres qui dureront moins encore, véritable chaos au milieu duquel il serait vain de chercher quelques éléments acquis, si ce n’est une monstrueuse accumulation de faits et de détails qui ne peuvent rien prouver ni rien signifier. Nous parlons ici, bien entendu, de ce qui concerne le point de vue spéculatif, dans la mesure où il subsiste encore ; pour ce qui est des applications pratiques, il y a au contraire des résultats incontestables, et cela se comprend sans peine, puisque ces applications se rapportent immédiatement au domaine matériel, et que ce domaine est précisément le seul où l’homme moderne puisse se vanter d’une réelle supériorité. Il faut donc s’attendre à ce que les découvertes ou plutôt les inventions mécaniques et industrielles aillent encore en se développant et en se multipliant, de plus en plus vite elles aussi, jusqu’à la fin de l’âge actuel ; et qui sait si, avec les dangers de destruction qu’elles portent en elles-mêmes, elles ne seront pas un des principaux agents de l’ultime catastrophe, si les choses en viennent à un tel point que celle-ci ne puisse être évitée ? »

La Crise du Monde Moderne, Chap. III

« […] la « science profane », celle des modernes, peut à juste titre, ainsi que nous l’avons déjà dit ailleurs, être regardée comme un « savoir ignorant » : savoir d’ordre inférieur, qui se tient tout entier au niveau de la plus basse réalité, et savoir ignorant de tout ce qui le dépasse, ignorant de toute fin supérieure à lui-même, comme de tout principe qui pourrait lui assurer une place légitime, si humble soit-elle, parmi les divers ordres de la connaissance intégrale ; enfermée irrémédiablement dans le domaine relatif et borné où elle a voulu se proclamer indépendante, ayant ainsi coupé elle-même toute communication avec la vérité transcendante et avec le connaissance suprême, ce n’est plus qu’une science vaine et illusoire, qui, à vrai dire, ne vient de rien et ne conduit à rien. »

La Crise du Monde Moderne, Chap. IV

SCIENCES TRADITIONNELLES

« […] nous ne craignons pas d’affirmer qu’il est des sciences, même expérimentales, dont l’Occident moderne n’a pas la moindre idée. Il existe de telles sciences en Orient, parmi celles auxquelles nous donnons le nom de « sciences traditionnelles » ; en Occident même, il y en avait aussi au moyen âge, et qui avaient des caractères tout à fait comparables ; et ces sciences, dont certaines donnent même lieu à des applications pratiques d’une incontestable efficacité, procèdent par des moyens d’investigation qui sont totalement étrangers aux savants européens de nos jours.

[…] Quand nous disons que les sciences, même expérimentales, ont en Orient une base traditionnelle, nous voulons dire que, contrairement à ce qui a lieu en Occident, elles sont toujours rattachées à certains principes ; ceux-ci ne sont jamais perdus de vue, et les choses contingentes elles-mêmes semblent ne valoir la peine d’être étudiées qu’en tant que conséquences et manifestations extérieures de quelque chose qui est d’un autre ordre. Assurément, connaissance métaphysique et connaissance scientifique n’en demeurent pas moins profondément distinctes ; mais il n’y a pas entre elles une discontinuité absolue, comme celle que l’on constate lorsqu’on envisage l’état présent de la connaissance scientifique chez les Occidentaux. Pour prendre un exemple en Occident même, que l’on considère toute la distance qui sépare le point de vue de la cosmologie de l’antiquité et du moyen âge, et celui de la physique telle que l’entendent les savants modernes : jamais, avant l’époque actuelle, l’étude du monde sensible n’avait été regardée comme se suffisant à elle-même ; jamais la science de cette multiplicité changeante et transitoire n’aurait été jugée vraiment digne du nom de connaissance si l’on n’avait trouvé le moyen de la relier, à un degré ou à un autre, à quelque chose de stable et de permanent. La conception ancienne, qui est toujours demeurée celle des Orientaux, tenait une science quelconque pour valable moins en elle-même que dans la mesure où elle exprimait à sa façon particulière et représentait dans un certain ordre de choses un reflet de la vérité supérieure, immuable, dont participe nécessairement tout ce qui possède quelque réalité ; et, comme les caractères de cette vérité s’incarnaient en quelque sorte dans l’idée de tradition, toute science apparaissait ainsi comme un prolongement de la doctrine traditionnelle elle-même, comme une de ses applications, secondaires et contingentes sans doute, accessoires et non essentielles, constituant une connaissance inférieure si l’on veut, mais pourtant encore une véritable connaissance, puisqu’elle conservait un lien avec la connaissance par excellence, celle de l’ordre intellectuel pur. »

Orient et Occident, Chap. II

SCIENTISME

« […] la philosophie moderne finit par substituer presque entièrement la « critique » ou la « théorie de la connaissance » à la connaissance-elle-même ; c’est aussi pourquoi, chez beaucoup de ses représentants, elle ne veut plus être que « philosophie scientifique », c’est-à-dire simple coordination des résultats les plus généraux de la science, dont le domaine est le seul qu’elle reconnaisse comme accessible à l’intelligence. Philosophie et science, dans ces conditions, n’ont plus à être distinguées, et, à vrai dire, depuis que le rationalisme existe, elles ne peuvent avoir qu’un seul et même objet, elles ne représentent qu’un seul ordre de connaissance, elles sont animées d’un même esprit : c’est ce que nous appelons, non l’esprit scientifique, mais l’esprit « scientiste ». »

Orient et Occident, Chap. II

« La science occidentale, même pour autant qu’elle ne se confond pas purement et simplement avec l’industrie et qu’elle est indépendante des applications pratiques, n’est encore, aux yeux des Orientaux, que ce « savoir ignorant » dont nous avons parlé, parce qu’elle ne se rattache à aucun principe d’un ordre supérieur. Limitée au monde sensible qu’elle prend pour son unique objet, elle n’a pas par elle-même une valeur proprement spéculative ; si encore elle était un moyen préparatoire pour atteindre à une connaissance d’un ordre plus élevé, les Orientaux seraient fort enclins à la respecter, tout en estimant que ce moyen est bien détourné, et surtout qu’il est peu adapté à leur propre mentalité ; mais il n’en est point ainsi. Cette science, au contraire, est constituée de telle façon qu’elle crée fatalement un état d’esprit aboutissant à la négation de toute autre connaissance, ce que nous avons appelé le « scientisme » ; ou elle est prise pour une fin en elle-même, ou elle n’a d’issue que du côté des applications pratiques, c’est-à-dire dans l’ordre le plus inférieur, où le mot même de « connaissance », avec la plénitude de sens qu’y attachent les Orientaux, ne saurait plus être employé que par la plus abusive des extensions. »

Orient et Occident, Partie II, Chap. I

SECONDE NAISSANCE

« […] la « seconde naissance », en elle-même et dans son sens tout à fait général, est proprement une régénération psychique (il faut faire bien attention, en effet, que c’est au domaine psychique qu’elle se réfère directement, et non pas au domaine spirituel, car ce serait alors une « troisième naissance ») »

Aperçus sur l’Initiation, Chap. XXIII

SECRET INITIATIQUE

« Nous avons dit, en effet, que cette désignation, pour nous, signifie uniquement que de telles organisations possèdent un secret, de quelque nature qu’il soit, et aussi que, suivant le but qu’elles se proposent, ce secret peut naturellement porter sur les choses les plus diverses et prendre les formes les plus variées ; mais, dans tous les cas, un secret quelconque autre que le secret proprement initiatique a toujours un caractère conventionnel ; nous voulons dire par là qu’il n’est tel qu’en vertu d’une convention plus ou moins expresse, et non par la nature même des choses. Au contraire, le secret initiatique est tel parce qu’il ne peut pas ne pas l’être, puisqu’il consiste exclusivement dans l’« inexprimable », lequel, par suite, est nécessairement aussi l’« incommunicable » »

Aperçus sur l’Initiation, Chap. XIII

SENTIMENTALISME

« […] le sentiment est extrêmement proche du monde matériel : ce n’est pas pour rien que le langage unit étroitement le sensible et le sentimental, et, s’il ne faut pas aller jusqu’à les confondre, ce ne sont que deux modalités d’un seul et même ordre de choses. L’esprit moderne est presque uniquement tourné vers l’extérieur, vers le domaine sensible ; le sentiment lui parait intérieur, et il veut souvent l’opposer sous ce rapport à la sensation ; mais cela est bien relatif, et la vérité est que l’« introspection » du psychologue ne saisit elle-même que des phénomènes, c’est-à-dire des modifications extérieures et superficielles de l’être ; il n’est de vraiment intérieur et profond que la partie supérieure de l’intelligence. »

Orient et Occident, Chap. III

SEPTENTRION

« […] l’Ourse elle-même ou le saptariksha est devenu les septem triones, c’est-à-dire les « sept bœufs » (d’où l’appellation de « Septentrion » pour désigner le nord) »

Symboles de la Science Sacrée, Chap. XXIV

SETH

« Seth est une des figures du Rédempteur, d’autant plus que son nom même exprime les idées de fondement, de stabilité, et annonce en quelque façon la restauration de l’ordre primordial détruit par la chute de l’homme. »

Aperçus sur l’Ésotérisme Chrétien, Chap. IX

SHAKTI (sanskrit)

« Chacun des « aspects divins » est regardé comme doué d’une puissance ou énergie propre, qui est appelée shakti, et qui est représentée symboliquement sous une forme féminine »

Introduction Générale à l’Étude des Doctrines Hindoues, Chap. VII

« Lakshmî est la Shakti de Vishnu ; Saraswatî ou Vâch est celle de Brahmâ ; Pârvatî est celle de Shiva. Pârvatî est aussi appelée Durgâ, c’est-à-dire « Celle qu’on approche difficilement ». – Il est remarquable qu’on trouve la correspondance de ces trois Shaktis jusque dans des traditions occidentales : ainsi, dans le symbolisme maçonnique, les « trois principaux piliers du Temple » sont « Sagesse, Force, Beauté » ; ici, la Sagesse est Saraswatî, la Force est Pârvatî et la Beauté est Lakshmî. »

L’Homme et son Devenir selon le Vêdânta, Chap. XXIV

SHEKINAH (hébreu)

« Quant à la seconde dénomination, elle indique aussi clairement que possible qu’il s’agit d’un lieu considéré comme « central », car la « Grande Paix » (en arabe Es-Sakînah) est la même chose que la Shekinah de la Kabbale hébraïque, c’est-à-dire la « présence divine » qui est la manifestation même de l’« Activité du Ciel », et qui, comme nous l’avons déjà dit, ne peut résider effectivement que dans un tel lieu, ou dans un « sanctuaire » traditionnel qui lui est assimilé. Ce centre peut d’ailleurs représenter, d’après ce que nous venons de dire, soit celui du monde humain, soit celui de l’Univers total »

La Grande Triade, Chap. XXV

SHIVA (sanskrit)

« […] Shiva, qui est Îshwara en tant que principe, non pas destructeur comme on le dit communément, mais plus exactement transformateur ; ce sont donc bien là des « fonctions universelles », et non des entités séparées et plus ou moins individualisées »

Introduction Générale à l’Étude des Doctrines Hindoues, Chap. VII

« […] le « Maître du triple temps » (désignation qui est également appliquée à Shiva par la tradition hindoue) »

Symboles de la Science Sacrée, Chap. XXXVII

SHRUTI (et smriti) (sanskrit)

«  La shruti, qui comprend tous les textes vêdiques est le fruit de l’inspiration directe, et la smriti est l’ensemble des conséquences et des applications diverses qui en sont tirées par réflexion ; leur rapport est, à certains égards, celui de la connaissance intuitive et de la connaissance discursive ; en effet, de ces deux modes de connaissance, le premier est supra-humain, tandis que second est proprement humain. »

Autorité Spirituelle et Pouvoir Temporel, Chap. VIII

SHÛDRAS (sanskrit)

« […] les hommes de la dernière caste, les Shûdras […] »

Autorité Spirituelle et Pouvoir Temporel, Chap. VI

SÎMÎÂ (arabe)

« Ce mot sîmîâ ne semble pas purement arabe ; il vient vraisemblablement du grec sêmeia, « signes », ce qui en fait à peu près l’équivalent du nom de la gematria kabbalistique, mot d’origine grecque également, et dérivé non de geometria comme on le dit le plus souvent, mais de grammateia (de grammata, « lettres »). »

Symboles de la Science Sacrée, Chap. VI

SIMPLICITÉ

« La simplicité », expression de l’unification de toutes les puissances de l’être, caractérise le retour à l’« état primordial » ; et l’on voit ici toute la différence qui sépare la connaissance transcendante du sage, du savoir ordinaire et « profane ». Cette « simplicité », c’est aussi ce qui est désigné ailleurs comme l’état d’« enfance » (en sanscrit bâlya), entendu naturellement au sens spirituel, et qui, dans la doctrine hindoue, est considéré comme une condition préalable pour l’acquisition de la connaissance par excellence. (…) La « simplicité » don il a été question plus haut correspond à l’unité « sans dimensions » du point primordial, auquel aboutit le mouvement de retour vers l’origine. « L’homme absolument simple réfléchit par sa simplicité tous les êtres,… si bien que rien ne s’oppose à lui dans les six régions de l’espace, que rien ne lui est hostile, que le feu et l’eau ne le blessent pas. » en effet, il se tient au centre, dont les six directions sont issues par rayonnement, et où elles viennent, dans le mouvement de retour, se neutraliser deux à deux, de sorte que, en ce point unique, leur triple opposition cesse entièrement, et que rien de ce qui en résulte ou s’y localise ne peut atteindre l’être qui demeure dans l’unité immuable. Celui-ci ne s’opposant à rien, rien non plus ne saurait s’opposer à lui, car l’opposition est nécessairement une relation réciproque, qui exige deux termes en présence, et qui, par conséquent, est incompatible avec l’unité principiel. »

Aperçus sur l’Ésotérisme Islamique et le Taoïsme, Chap. IV

SOI (et moi)

« Au lieu des termes « Soi » et « moi », on peut aussi employer ceux de « personnalité » et d’« « individualité », avec une réserve cependant, car le « Soi », comme nous l’expliquerons un peu plus loin, peut être encore quelque chose de plus que la personnalité. […]

Le « Soi » est le principe transcendant et permanent dont l’être manifesté, l’être humain par exemple, n’est qu’une modification transitoire et contingente, modification qui ne saurait d’ailleurs aucunement affecter le principe, ainsi que nous l’expliquerons plus amplement par la suite. Le « Soi », en tant que tel n’est jamais individualisé et ne peut pas l’être, car, devant être toujours envisagé sous l’aspect de l’éternité et de l’immutabilité qui sont les attributs nécessaires de l’Être pur, il n’est évidemment susceptible d’aucune particularisation, qui le ferait être « autre que soi-même ». Immuable en sa nature propre, il développe seulement les possibilités indéfinies qu’il comporte en soi-même, par le passage relatif de la puissance à l’acte à travers une indéfinité de degrés, et cela sans que sa permanence essentielle en soit affectée, précisément parce que ce passage n’est que relatif, et parce que ce développement n’en est un, à vrai dire, qu’autant qu’on l’envisage du côté de la manifestation, en dehors de laquelle il ne peut être question de succession quelconque, mais seulement d’une parfaite simultanéité, de sorte que cela même qui est virtuel sous un certain rapport ne s’en trouve pas moins réalisé dans l’« éternel présent ».

À l’égard de la manifestation, on peut dire que le « Soi » développe ses possibilités dans toutes les modalités de réalisation, en multitude indéfinie, qui sont pour l’être intégral autant d’états différents, états dont un seul, soumis à des conditions d’existence très spéciales qui le définissent, constitue la portion ou plutôt la détermination particulière de cet être qui est l’individualité humaine.

Le « Soi » est ainsi le principe par lequel existent, chacun dans son domaine propre, tous les états de l’être ; et ceci doit s’entendre, non seulement des états manifestés dont nous venons de parler, individuels comme l’état humain ou supra-individuels, mais aussi, bien que le mot « exister » devienne alors impropre, de l’état non-manifesté, comprenant toutes les possibilités qui ne sont susceptibles d’aucune manifestation, en même temps que les possibilités de manifestation elles-mêmes en mode principiel ; mais ce « Soi » lui-même n’est que par soi, n’ayant et ne pouvant avoir, dans l’unité totale et indivisible de sa nature intime, aucun principe qui lui soit extérieur.

Le « Soi », considéré par rapport à un être comme nous venons de le faire, est proprement la personnalité ; on pourrait, il est vrai restreindre l’usage de ce dernier mot au « Soi » comme principe des états manifestés, de même que la « Personnalité divine », […] est le principe de la manifestation universelle ; mais on peut aussi l’étendre analogiquement au « Soi » comme principe de tous les états de l’être, manifestés et non-manifestés.

Cette personnalité est une détermination immédiate, primordiale et non particularisée, du principe qui est appelé en sanskrit Âtmâ ou Paramâtmâ, et que nous pouvons, faute d’un meilleur terme, désigner comme l’« Esprit Universel », mais, bien entendu, à la condition de ne voir dans cet emploi du mot « esprit » rien qui puisse rappeler les conceptions philosophiques occidentales, et, notamment, de ne pas en faire un corrélatif de « matière » comme il l’est presque toujours pour les modernes, qui subissent à cet égard, même inconsciemment, l’influence du dualisme cartésien. La métaphysique véritable, […], est bien au-delà de toutes les oppositions dont celle du « spiritualisme » et du « matérialisme » peut nous fournir le type. […]

La personnalité, insistons-y encore, est essentiellement de l’ordre des principes au sens le plus strict de ce mot, c’est-à-dire de l’ordre universel ; elle ne peut donc être envisagée qu’au point de vue de la métaphysique pure, qui a précisément pour domaine l’Universel. […] »

« Le « Soi » n’est donc point vraiment distinct d’Âtmâ, si ce n’est lorsqu’on l’envisage particulièrement et « distinctivement » par rapport à un être, et même, plus précisément, par rapport à un certain état défini de cet être, tel que l’état humain, et, seulement en tant qu’on le considère sous ce point de vue spécialisé et restreint. […]

Dans ce cas, d’ailleurs, ce n’est pas que le « Soi » devienne effectivement distinct d’Âtmâ en quelque manière, car il ne peut être « autre que soi-même », comme nous le disions plus haut, il ne saurait évidemment être affecté par le point de vue dont on l’envisage, non plus que par aucune autre contingence.

Ce qu’il faut dire, c’est que, dans la mesure même où l’on fait cette distinction, on s’écarte de la considération directe du « Soi » pour ne plus considérer véritablement que son reflet dans l’individualité humaine, ou dans tout autre état de l’être, car il va sans dire que, vis-à-vis du « Soi », tous les états de manifestation sont rigoureusement équivalents et peuvent être envisagés semblablement ; mais présentement, c’est l’individualité humaine qui nous concerne d’une façon plus particulière.[…]

Ce reflet dont nous parlons détermine ce qu’on peut appeler le centre de cette individualité ; mais, si on l’isole de son principe, c’est-à-dire du « Soi » lui-même, il n’a qu’une existence purement illusoire, car c’est du principe qu’il tire toute sa réalité, et il ne possède effectivement cette réalité que par participation à la nature du « Soi », c’est-à-dire en tant qu’il s’identifie à lui par universalisation.

Il importe d’ajouter que la distinction de l’Universel et de l’individuel ne doit point être regardée comme une corrélation, car le second des deux termes, s’annulant rigoureusement au regard du premier, ne saurait lui être opposé en aucune façon. »

L’Homme et son Devenir selon le Vêdânta, Chap. II

« le « Soi », avons-nous dit, est le principe transcendant et permanent dont l’être manifesté, l’être humain par exemple, n’est qu’une modification transitoire et contingente, modification qui ne saurait d’ailleurs aucunement affecter le principe. Immuable en sa nature propre, il développe ses possibilités dans toutes les modalités de réalisation, en multitude indéfinie, qui sont pour l’être total autant d’états différents, état dont chacun a ses conditions d’existence limitatives et déterminantes, et dont un seul constitue la portion ou plutôt la détermination particulière de cet être qui est le « moi » ou l’individualité humaine. Du reste, ce développement n’en est un, à vrai dire, qu’autant qu’on l’envisage du côté de la manifestation, en dehors de laquelle tout doit nécessairement être en parfaite simultanéité dans l’« éternel présent » ; et c’est pourquoi la « permanente actualité » du « Soi » n’en est pas affectée. Le « Soi » est ainsi le principe par lequel existe, chacun dans son domaine propre, que nous pouvons appeler un degré d’existence, tous les états de l’être ; et ceci doit s’entendre, non seulement des états manifestés, individuels comme l’état humain ou supra individuels, c’est-à-dire, en d’autres termes, formels ou informels, mais aussi, bien que le mot « exister » devienne alors impropre, les états non manifestés, comprenant toutes les possibilités qui, par leur nature même, ne sont susceptibles d’aucune manifestation, en même temps que les possibilités de manifestation elle-même en mode principiel ; mais ce « Soi » lui-même n’est que par soi, n’ayant et ne pouvant avoir, dans l’unité totale et indivisible de sa nature intime, aucun principe qui lui soit extérieur. »

Le Symbolisme de la Croix, Chap. I

SOMA (sanskrit)

« Ce que figure proprement le Soma, c’est le « breuvage d’immortalité » (l’Amritâ des Hindous, l’Ambroisie des Grecs, deux mots étymologiquement semblables), qui confère ou restitue, à ceux qui le reçoivent avec les dispositions requises, ce « sens de l’éternité » »

Écrits pour Regnabit, Le Sacré-Cœur et la Légende du Saint Graal

SPHINX

« Sagesse et force, tels sont les attributs respectifs des Brâhmanes et des Kshatriyas, ou, si l’on préfère, de l’autorité spirituelle et du pouvoir temporel ; et il est intéressant de noter que, chez les anciens Égyptiens, le symbole du Sphinx, dans une de ses significations, réunissait précisément ces deux attributs envisagés suivant leurs rapports normaux. En effet, la tête humaine peut être considérée comme figurant la sagesse, et le corps de lion la force ; la tête est l’autorité spirituelle qui dirige, et le corps est le pouvoir temporel qui agit. Il est d’ailleurs à remarquer que le Sphinx est toujours figuré au repos, le pouvoir temporel étant pris ici à l’état « non-agissant » dans son principe spirituel où il est contenu « éminemment », donc seulement en tant que possibilité d’action, ou, mieux encore, dans le principe divin qui unifie le spirituel et le temporel, étant au-delà de leur distinction, et étant la source commune dont ils procèdent tous deux, mais le premier directement, et le second indirectement et par l’intermédiaire du premier. »

Autorité Spirituelle et Pouvoir Temporel, Chap. IV

SPIRITISME

« […] le spiritisme consiste essentiellement à admettre la possibilité de communiquer avec les morts ; c’est là ce qui le constitue proprement […]. Mais ce n’est pas suffisant : le postulat fondamental du spiritisme, c’est que la communication avec les morts est, non seulement une possibilité, mais un fait ; si on l’admet uniquement à titre de possibilité, on n’est pas vraiment spirite par là même. […] pour les spirites, il suffit de se placer dans certaines conditions pour que s’établisse la communication, qu’ils regardent ainsi, non comme un fait extraordinaire, mais comme un fait normal et habituel ; et c’est là une précision qu’il convient de faire entrer dans la définition même du spiritisme.

[…] il importe de préciser que, pour les spirites, cette communication s’effectue par des moyens matériels. C’est là encore un élément qui est tout à fait essentiel pour distinguer le spiritisme de certaines autres conceptions, dans lesquelles on admet seulement des communications mentales, intuitives, une sorte d’inspiration […]. Ce que nous regardons comme proprement spirite, c’est l’idée que les « esprits » agissent sur la matière, qu’ils produisent des phénomènes physiques, comme des déplacements d’objets, des coups frappés ou d’autres bruits variés, et ainsi de suite ; nous ne rappelons ici que les exemples les plus simples et les plus communs, qui sont aussi les plus caractéristiques. D’ailleurs, il convient d’ajouter que cette action sur la matière est supposée s’exercer, non pas directement, mais par l’intermédiaire d’un être humain vivant, possédant des facultés spéciales, et qui, en raison de ce rôle d’intermédiaire, est appelé « médium ». »

L’erreur Spirite, Chap. I

SRISHTI (sanskrit)

« […] le sens précis du mot srishti, qui pourrait être rendu par « expression » plutôt que par « émanation », pour désigner la production du monde manifesté, et l’application de l’idée de « mesure » (mâtrâ) à l’acte même de cette production. »

Études sur l’Hindouisme, CR d’un article du New Indian Antiquary de A K. Coomaraswamy

SUBSTANCE

« […] la signification étymologique du mot « substance », littéralement « ce qui se tient dessous »

La Grande Triade, Chap. III

SUPERSTITION

« La véritable « superstition », au sens strictement étymologique (quod superstat), c’est ce qui se survit à soi-même, c’est-à-dire, en un mot, la « lettre morte » »

Symboles de la Science Sacrée, Chap. VII

SURNATUREL

« Faisons-nous donc « métaphysique » synonyme de « surnaturel » ? Nous accepterions très volontiers une telle assimilation, puisque, tant qu’on ne dépasse pas la nature, c’est-à-dire le monde manifesté dans toute son extension […], on est encore dans le domaine de la physique ; ce qui est métaphysique, c’est, comme nous l’avons déjà dit, ce qui est au-delà et au-dessus de la nature, c’est donc proprement le « surnaturel ». »

La Métaphysique Orientale

SÛRYA (sanskrit)

« La Dea Syra est proprement la « Déesse solaire » ; le nom de Syria, qui n’a pas toujours désigné exclusivement le pays qui le porte encore aujourd’hui, est le même que Sûrya, nom sanscrit du Soleil, et c’est dans le même sens qu’il faut entendre la tradition suivant laquelle Adam, dans le Paradis terrestre, parlait la langue « syriaque ». »

Écrits pour Regnabit, À propos du poisson

SÛRYA-DWÂRA (sanskrit)

(note) « La « porte solaire » (sûrya-dwâra) est la « porte de la Délivrance » (mukti-dwâra) »

Symboles de la Science Sacrée, Chap. LIX

SÛTRA (sanskrit)

« […] signifie proprement « fil » : un livre peut être formé par un ensemble de sûtras, comme un tissu est formé par un assemblage de fils ; tantra a aussi le sens de « fil » et celle de « tissu », et désigne plus spécialement la « chaîne » d’un tissu.

[1] Ce mot est identique au latin sutura, la même racine, avec le sens de « coudre », se trouvant également dans les deux langues. »

Le Symbolisme de la Croix, Chap. XIV

SÛTRÂTMÂ (sanskrit)

« Il est dit dans la BhagavadGîtâ : « Sur Moi toutes choses sont enfilées comme un rang de perles sur un fil. » Il s’agit ici du symbolisme du sûtrâtmâ, dont nous avons déjà parlé en d’autres occasions : c’est Âtmâ qui, comme un fil (sûtra), pénètre et relie entre eux tous les mondes […] »

Symboles de la Science Sacrée, Chap. LXI

« Nous avons déjà parlé à maintes reprises du symbolisme du fil, qui présente de multiples aspects, mais dont la signification essentielle et proprement métaphysique est toujours la représentation du sûtrâtmâ qui, tant au point de vue macrocosmique qu’au point de vue microcosmique, relie tous les états d’existence entre eux et à leur Principe. »

Symboles de la Science Sacrée, Chap. LXVIII

SWARGA (sanskrit)

« […] ce Swarga est un état supérieur, mais non définitif, et encore conditionné, bien qu’informel. »

L’Homme et son Devenir selon le Vêdânta, Chap. XXII

SWASTIKA (sanskrit)

« […] le centre dont il s’agit est le point fixe que toutes les traditions s’accordent à désigner symboliquement comme le « Pôle », puisque c’est autour de lui que s’effectue la rotation du monde, représenté généralement par la roue, chez les Celtes aussi bien que chez les Chaldéens et chez les Hindous. Telle est la véritable signification du swastika, ce signe que l’on trouve répandu partout, de l’Extrême-Orient à l’Extrême-Occident, et qui est essentiellement le « signe du Pôle ». »

Le Roi du Monde, Chap. II

« […] le swastika n’est pas une figure du Monde, mais bien de l’action du Principe à l’égard du Monde. »

Le Roi du Monde, Chap. IX

SWAYAMBHÛ (sanskrit)

« […] un terme tel que swayambhû, […] assurément ne peut pas signifier autre chose que « Celui qui subsiste par soi-même ». »

Études sur l’Hindouisme, C. R de ‘To become or not to become’

(note) « […] le Verbe Éternel Lui-même (Swayambhu, « Celui qui subsiste par Soi ») […] »

Recueil, Chap. IV

« […] le Verbe divin, suivant qu’on l’envisage comme subsistant éternellement en soi-même1 ou comme se faisant le « Centre du Monde », est à la fois principe et germe de tous les êtres.

[1] Dans la tradition hindoue, le premier de ces deux aspects du Verbe est Swayambhû, et le second est Hiranyagarbha. »

Symboles de la Science Sacrée, Chap. LXXIII

SYMBOLISME

« Que le symbolisme, qui est comme la forme sensible de tout enseignement initiatique, soit en effet, réellement, un langage plus universel que les langages vulgaires, il n’est pas permis d’en douter un seul instant, si l’on considère seulement que tout symbole est susceptible d’interprétations multiples, non point en contradiction entre elles, mais au contraire se complétant les unes les autres, et toutes également vraies quoique procédant de points de vue différents ; et, s’il en est ainsi, c’est que ce symbole est la représentation synthétique et schématique de tout un ensemble d’idées et de conceptions que chacun pourra saisir selon ses aptitudes mentales propres et dans la mesure où il est préparé à leur intelligence. Et ainsi le symbole, pour qui parviendra à pénétrer sa signification profonde, pourra faire concevoir bien plus que tout ce qu’il est possible d’exprimer par les mots ; et ceci montre la nécessité du symbolisme : c’est qu’il est le seul moyen de transmettre tout cet inexprimable qui constitue le domaine propre de l’initiation, ou plutôt de déposer les conceptions de cet ordre en germe dans l’intellect de l’initié, qui devra ensuite les faire passer de la puissance à l’acte, les développer et les élaborer par son travail personnel, car on ne peut rien faire de plus que de l’y préparer en lui traçant, par des formules appropriées, le plan qu’il aura par la suite à réaliser en lui-même pour parvenir à la possession effective de l’initiation qu’il n’a reçue de l’extérieur que symboliquement. »

Articles et Comptes Rendus, Tome I, l’enseignement Initiatique

SYNCRÉTISME

« Le syncrétisme consiste à rassembler du dehors des éléments plus ou moins disparates et qui, vus de cette façon, ne peuvent jamais être vraiment unifiés ; ce n’est en somme qu’une sorte d’éclectisme, avec tout ce que celui-ci comporte toujours de fragmentaire et d’incohérent. C’est là quelque chose de purement extérieur et superficiel ; les éléments pris de tous côtés et réunis ainsi artificiellement n’ont jamais que le caractère d’emprunts, incapables de s’intégrer effectivement dans une doctrine digne de ce nom. »

Le Symbolisme de la Croix, Avant-propos

SYNTHÈSE

« […] l’idée occidentale d’après laquelle la synthèse est comme un aboutissement et une conclusion de l’analyse est radicalement fausse ; la vérité est que, par l’analyse, on ne peut jamais arriver à une synthèse digne de ce nom, parce que ce sont là des choses qui ne sont point du même ordre ; et il est de la nature de l’analyse de pouvoir se poursuivre indéfiniment, si le domaine dans lequel elle s’exerce est susceptible d’une telle extension, sans qu’on en soit plus avancé quant à l’acquisition d’une vue d’ensemble sur ce domaine ; à plus forte raison est-elle parfaitement inefficace pour obtenir un rattachement à des principes d’ordre supérieur.

[…] Les fausses synthèses, qui s’efforcent de tirer le supérieur de l’inférieur (curieuse transposition de la conception démocratique), ne peuvent jamais être qu’hypothétiques ; au contraire, la véritable synthèse, qui part des principes, participe de leur certitude ; mais, bien entendu, il faut pour cela partir de vrais principes, et non de simples hypothèses philosophiques à la manière de Descartes. »

Orient et Occident, Chap. II

« La synthèse, au contraire, s’effectue essentiellement du dedans ; nous voulons dire par là qu’elle consiste proprement à envisager les choses dans l’unité de leur principe même, à voir comment elles dérivent et dépendent de ce principe, et à les unir ainsi, ou plutôt à prendre conscience de leur union réelle, en vertu d’un lien tout intérieur, inhérent à ce qu’il y a de plus profond dans leur nature. »

Le Symbolisme de la Croix, Avant-propos

SYSTÈME

« […] un système n’est pas autre chose qu’une conception fermée, dont les bornes plus ou moins étroites sont naturellement déterminées par l’ »horizon mental » de son auteur. Or toute systématisation est absolument impossible pour la métaphysique pure, au regard de laquelle tout ce qui est de l’ordre individuel est véritablement inexistant, et qui est entièrement dégagée de toutes les relativités, de toutes les contingences philosophiques ou autres ; il en est nécessairement ainsi, parce que la métaphysique est essentiellement la connaissance de l’Universel, et qu’une telle connaissance ne saurait se laisser enfermer dans aucune formule, si compréhensive qu’elle puisse être. »

L’Homme et son Devenir selon le Vêdânta, Chap. I

T

TAÇAWWUF (arabe)

« L’ésotérisme, considéré ainsi comme comprenant à la fois tarîqah et haqîqah, en tant que moyens et fin, est désigné en arabe par le terme général et-taçawwuf, qu’on ne peut traduire exactement que par «initiation» ; nous reviendrons d’ailleurs sur ce point par la suite. Les occidentaux ont forgé le mot «çûfisme» pour désigner spécialement l’ésotérisme islamique (alors que taçawwuf peut s’appliquer à toute doctrine ésotérique et initiatique, à quelque forme traditionnelle qu’elle appartienne) »

Aperçus sur l’Ésotérisme Islamique et le Taoïsme, Chap. I

TAI-I (chinois)

« […] la « Grande Unité » (Taii) »

La Grande Triade, Chap. II

TAI-KI (chinois)

« […] quant à la tradition extrême-orientale, elle envisage non moins explicitement, comme principe commun du Ciel et de la Terre, ce qu’elle appelle le « Grand Extrême » (Tai-ki) »

La Grande Triade, Chap. II

TAMAS (sanskrit)

« […] tamas, l’obscurité, assimilée à l’ignorance, et représentée comme une tendance descendante. »

Autorité Spirituelle et Pouvoir Temporel, Chap. IV

TANTRISME

« C’est par ces considérations qu’on peut vraiment comprendre la place qu’occupe, dans la tradition hindoue ce qui est habituellement désigné par le nom de « Tantrisme », en tant qu’il représente l’ensemble des enseignements et des moyens de « réalisation » plus spécialement appropriés aux conditions du Kali-Yuga. Il serait donc tout à fait erroné de voir là une doctrine à part, et à plus forte raison un « système » quelconque, comme le font toujours trop volontiers les Occidentaux ; à vrai dire, il s’agit bien plutôt d’un « esprit », s’il est permis de s’exprimer ainsi, qui, de façon plus ou moins diffuse, pénètre toute la tradition hindoue sous sa forme actuelle, de sorte qu’il serait à peu près impossible de lui assigner, à l’intérieur de celle-ci, des limites précises et bien définies »

Études sur l’Hindouisme, Chap. VIII

TAO (chinois)

« Le Tao, qu’on traduit littéralement par « Voie », et qui a donné son nom à la doctrine elle-même, est le Principe suprême, envisagé au point de vue strictement métaphysique : il est à la fois l’origine et la fin de tous les êtres, ainsi que l’indique très clairement le caractère idéographique qui le représente. »

Aperçus sur l’Ésotérisme Islamique et le Taoïsme, Chap. X

TARÎQAH (arabe)

« […] on peut dire que l’ésotérisme comprend non seulement la haqîqah, mais aussi les moyens destinés à y parvenir ; et l’ensemble de ces moyens est appelé tarîqah, « voie » ou « sentier » conduisant de la shariyah vers la haqîqah. Si nous reprenons l’image symbolique de la circonférence, la tarîqah sera représentée par le rayon allant de celle-ci au centre ; et nous voyons alors ceci : à chaque point de la circonférence correspond un rayon, et tous les rayons, qui sont aussi en multitude indéfinie, aboutissent également au centre. On peut dire que ces rayons sont autant de turuq adaptées aux êtres qui sont « situés » aux différents points de la circonférence, selon la diversité de leurs natures individuelles ; c’est pourquoi il est dit que « les voies vers Dieu sont aussi nombreuses que les âmes des hommes » (et-turuqu ila ‘Llahi Ka-nufûsi bani Adam) »

Aperçus sur l’Ésotérisme Islamique et le Taoïsme, Chap. I

TATTWAS (sanskrit)

«[…] différents éléments constitutifs de la manifestation Individuelle […] Les éléments ou principes dont il s’agit sont les tattwas que le Sânkhya énumère comme productions de Prakriti sous l’influence de Purusha : le « sens interne », c’est-à-dire le « mental » (manas), joint à la conscience individuelle (ahankâra), et par l’intermédiaire de celle-ci à l’intellect (Buddhi ou Mahat) ; les cinq tanmâtras ou essences élémentaires subtiles ; les cinq facultés de sensation (jnânêndriyas) et les cinq facultés d’action (karmêndriyas) ; enfin, les cinq bhûtas ou éléments corporels. »

Études sur l’Hindouisme, Chap. III

TAWHÎD (arabe)

«  La doctrine de l’Unité, c’est-à-dire l’affirmation que le Principe de toute existence est essentiellement Un, est un point fondamental commun à toutes les traditions orthodoxes, et nous pouvons même dire que c’est sur ce point que leur identité de fond apparaît le plus nettement, se traduisant jusque dans l’expression même. En effet, lorsqu’il s’agit de l’Unité, toute diversité s’efface, et ce n’est que lorsqu’on descend vers la multiplicité que les différences de formes apparaissent, les modes d’expression étant alors multiples eux-mêmes comme ce à quoi ils se rapportent, et susceptibles de varier indéfiniment pour s’adapter aux circonstances de temps et de lieux. Mais « la doctrine de l’Unité est unique » (suivant la formule arabe : et-tawhîdu wâhidun), c’est-à-dire qu’elle est partout et toujours la même, invariable comme le Principe, indépendante de la multiplicité et du changement qui ne peuvent affecter que les applications d’ordre contingent. ».

Aperçus sur l’Ésotérisme Islamique et le Taoïsme, Chap. III

TCHAN (chinois)

(note) « Transcription chinoise du mot sanscrit Dhyâna, « contemplation » ; cette école est plus ordinairement connue sous la désignation de Zen, qui est la forme japonaise du même mot. »

La Grande Triade, Avant-propos

TE (chinois)

« Le Te, que nous préférons rendre par « Rectitude » plutôt que par « Vertu » comme on le fait quelquefois, et cela afin de ne pas paraître lui donner une acception « morale » qui n’est aucunement dans l’esprit du Taoïsme, le Te, disons-nous, est ce qu’on pourrait appeler une « spécification » du Tao par rapport à un être déterminé, tel que l’être humain par exemple : c’est la direction que cet être doit suivre pour que son existence, dans l’état où il se trouve présentement, soit selon la Voie, ou, en d’autres termes, en conformité avec le Principe. »

Aperçus sur l’Ésotérisme Islamique et le Taoïsme, Chap. X

TÉNÈBRES

« Dans leur sens supérieur, les ténèbres représentent le non-manifesté […] En réalité, le sens inférieur représente proprement le « chaos », c’est-à-dire l’état d’indifférenciation ou d’indistinction qui est au point de départ de la manifestation, soit dans sa totalité, soit relativement à chacun de ses états […] De ce qui vient d’être dit, il résulte que le sens inférieur des ténèbres est d’ordre cosmologique, tandis que leur sens supérieur est d’ordre proprement métaphysique »

Initiation et Réalisation Spirituelle, Chap. XXXI

« Les ténèbres représentent toujours, dans le symbolisme traditionnel, l’état des potentialités non développées qui constituent le « chaos »3.

[3] Il y a aussi un autre sens supérieur du symbolisme des ténèbres, se rapportant à l’état de non-manifestation principielle »

Aperçus sur l’Initiation, Chap. XLVI

THÉISME

« Il ne faut pas confondre « théisme » avec « déisme », car le θες grec comporte une signification beaucoup plus universelle que le Dieu des religions exotériques modernes ; nous aurons d’ailleurs plus tard l’occasion de revenir sur ce point. »

Études sur la Franc-Maçonnerie et le Compagnonnage, Tome II, A propos du G.A.D.L.U

« Si le théisme (sur la définition duquel il faudrait d’ailleurs s’entendre) est d’ordre métaphysique, il doit être établi indépendamment de toute considération morale ; s’il se trouve ensuite qu’il justifie la morale, tant mieux pour celle-ci, mais la métaphysique n’y est nullement intéressée. »

Recueil, Compte Rendu

THÉOLOGIE

« Si les Orientaux n’ont point la religion au sens occidental du mot, ils en ont tout ce qui leur convient ; en même temps, ils ont plus au point de vue intellectuel, puisqu’ils ont la métaphysique pure, dont la théologie n’est en somme qu’une traduction partielle, affectée de la teinte sentimentale qui est inhérente à la pensée religieuse comme telle ; s’ils ont moins d’un autre côté, ce n’est qu’au point de vue sentimental, et parce qu’ils n’en ont nul besoin. »

Orient et Occident, Partie II, Chap. I

THÉORIE

« […] si le mot « théorie » est bien, étymologiquement, synonyme de contemplation, il n’en est pas moins vrai que, dans le langage courant, il a pris une acception beaucoup plus restreinte ; or, dans une doctrine qui est complète au point de vue métaphysique, la théorie, entendue dans cette acception ordinaire, ne se suffit pas à elle-même, mais est toujours accompagnée ou suivie d’une « réalisation » correspondante, dont elle n’est en somme que la base indispensable, et en vue de laquelle elle est ordonnée tout entière, comme le moyen en vue de la fin. »

L’Homme et son Devenir selon le Vêdânta, Chap. I

THÉORIE DU GESTE

« théorie métaphysique, […] d’après laquelle le geste le plus élémentaire peut avoir dans l’Universel des conséquences illimitées, en se répercutant et s’amplifiant à travers la série indéfinie des états d’être, suivant la double échelle horizontale et verticale »

La Gnose, les néo-spiritualistes.

THÉOSOPHIE

« […] bien antérieurement à la création de la Société dite Théosophique, le vocable de théosophie servait de dénomination commune à des doctrines assez diverses, mais appartenant cependant toutes à un même type, ou du moins procédant d’un même ensemble de tendances ; il convient donc de lui garder la signification qu’il a historiquement. Sans chercher ici à approfondir la nature de ces doctrines, nous pouvons dire qu’elles ont pour traits communs et fondamentaux d’être des conceptions plus ou moins strictement ésotériques, d’inspiration religieuse ou même mystique, bien que d’un mysticisme un peu spécial sans doute, et se réclamant d’une tradition tout occidentale, dont la base est toujours, sous une forme ou sous une autre, le Christianisme. »

Le Théosophisme, Histoire d’une Pseudo-Religion, Avant-propos

THÉURGIE

« La magie […], du fait qu’elle est une science expérimentale, n’a absolument rien de « transcendant » ; ce qui peut par contre être regardé comme tel, c’est la « théurgie », dont les effets, même lorsqu’ils ressemblent à ceux de la magie, en diffèrent totalement quant à leur cause ; et c’est précisément la cause, et non pas le phénomène qu’elle produit, qui est alors d’ordre transcendant. Qu’il nous soit permis, pour mieux nous faire comprendre, d’emprunter ici une analogie à la doctrine catholique […] : il y a des phénomènes, tout à fait semblables extérieurement, qui ont été constatés chez des saints et chez des sorciers ; or il est bien évident que c’est seulement dans le premier cas qu’on peut leur attribuer un caractère « miraculeux » et proprement « surnaturel » ; dans le second cas, ils peuvent tout au plus être dits « préternaturels » ; si pourtant les phénomènes sont les mêmes, c’est donc que la différence ne réside point dans leur nature, mais uniquement dans leur cause, et ce n’est que du « mode » et des « circonstances » que de tels phénomènes tirent leur caractère surnaturel. »

L’Erreur Spirite, Chap. VII

TOLÉRANCE

« Les Orientaux, et plus généralement tous les peuples ayant une civilisation traditionnelle, ont toujours ignoré ce que les Occidentaux modernes décorent du nom de « tolérance », et qui n’est réellement que l’indifférence à la vérité, c’est-à-dire quelque chose qui ne peut se concevoir que là où l’intellectualité est totalement absente ; que les Occidentaux vantent cette « tolérance », comme une vertu, n’est-ce pas là un indice tout à fait frappant du degré d’abaissement où les a amenés le reniement de la tradition ? »

Initiation et Réalisation Spirituelle, Chap. XVII

« […] c’est proprement une absence de principe, se traduisant par cette indifférence à l’égard de la vérité et de l’erreur qui a reçu, depuis le XVIIIe siècle, le nom de « tolérance ». Qu’on nous comprenne bien : nous n’entendons point blâmer la tolérance pratique, qui s’exerce envers les individus, mais seulement la tolérance théorique, qui prétend s’exercer envers les idées et leur reconnaître à toutes les mêmes droits, ce qui devrait logiquement impliquer un scepticisme radical ; et d’ailleurs nous ne pouvons-nous empêcher de constater que, comme tous les propagandistes, les apôtres de la tolérance sont très souvent, en fait, les plus intolérants des hommes. Il s’est produit, en effet, cette chose qui est d’une ironie singulière : ceux qui ont voulu renverser tous les dogmes ont créé à leur usage, nous ne dirons pas un dogme nouveau, mais une caricature de dogme, qu’ils sont parvenus à imposer à la généralité du monde occidental ; ainsi se sont établies, sous prétexte d’« affranchissement de la pensée », les croyances les plus chimériques qu’on ait jamais vues en aucun temps […]. »

Orient et Occident, Chap. II

TORTUE (symbole)

« Un autre symbole extrême-oriental assez généralement connu est celui de la tortue, placée entre les deux parties supérieure et inférieure de son écaille comme l’Homme entre le Ciel et la Terre; et, dans cette représentation, la forme même de ces deux parties n’est pas moins significative que leur situation : la partie supérieure, qui « couvre » l’animal, correspond encore au Ciel par sa forme arrondie, et, de même, la partie inférieure, qui le « supporte », correspond à la Terre par sa forme plate. L’écaille tout entière est donc une image de l’Univers, et, entre ses deux parties, la tortue elle-même représente naturellement le terme médian de la Grande Triade, c’est-à-dire l’Homme ; au surplus, sa rétraction à l’intérieur de l’écaille symbolise la concentration dans l’« état primordial », qui est l’état de l’« homme véritable » ; et cette concentration est d’ailleurs la réalisation de la plénitude des possibilités humaines, car, bien que le centre ne soit apparemment qu’un point sans étendue, c’est pourtant ce point qui, principiellement, contient toutes choses en réalité, et c’est précisément pourquoi l’« homme véritable » contient en lui-même tout ce qui est manifesté dans l’état d’existence au centre duquel il est identifié. »

La Grande Triade, Chap. XIV

TOUTE-PUISSANCE

« […] la toute-puissance divine (expression théologique de la Possibilité universelle) »

L’Erreur Spirite, partie III Chap. 6

TRADITION PRIMORDIALE

« Il nous reste encore, pour compléter ce qui se rapporte à cette question, à parler quelque peu des centres spirituels dont procède, directement ou indirectement, toute transmission régulière, centres secondaires rattachés eux-mêmes au centre suprême qui conserve le dépôt immuable de la Tradition primordiale, dont toutes les formes traditionnelles particulières sont dérivées par adaptation à telles ou telles circonstances définies de temps et de lieu. »

Aperçus sur l’Initiation, Chap. X

« […] on trouve partout l’affirmation formelle que la tradition primordiale du cycle actuel est venue des régions hyperboréennes ; il y eut ensuite plusieurs courants secondaires, correspondant à des périodes diverses, et dont un des plus importants, tout au moins parmi ceux dont les vestiges sont encore discernables, alla incontestablement de l’Occident vers l’Orient. Mais tout cela se rapporte à des époques fort lointaines, de celles qui sont communément dites « préhistoriques », et ce n’est pas là ce que nous avons en vue ; ce que nous disons, c’est d’abord que, depuis fort longtemps déjà, le dépôt de la tradition primordiale a été transféré en Orient et que c’est là que se trouvent maintenant les formes doctrinales qui en sont issues le plus directement ; c’est ensuite que, dans l’état actuel des choses, le véritable esprit traditionnel, avec tout ce qu’il implique, n’a plus de représentants authentiques qu’en Orient. »

La Crise du Monde Moderne, Chap. II

TRADITION

« […] une tradition n’est pas une chose qui peut s’inventer ou se créer artificiellement ; en rassemblant tant bien que mal des éléments empruntés à des doctrines diverses, on ne constituera jamais qu’une pseudo-tradition sans valeur et sans portée, et ce sont là des fantaisies qu’il convient de laisser aux occultistes et aux théosophistes ; pour agir ainsi, il faut ignorer ce qu’est vraiment une tradition, et ne pas comprendre le sens réel et profond de ces éléments que l’on s’efforce d’associer en un ensemble plus ou moins incohérent. »

Orient et Occident, Partie II, Chap. 4

« Dans la confusion mentale qui caractérise notre époque, on en est arrivé à appliquer indistinctement ce même mot de tradition à toutes sortes de choses, souvent fort insignifiantes, comme de simples coutumes sans aucune portée et parfois d’origine toute récente ; nous avons signalé ailleurs un abus du même genre en ce qui concerne le mot de « religion », Il faut se méfier de ces déviations du langage, qui traduisent une sorte de dégénérescence des idées correspondantes […]. Pour notre part, nous nous refusons absolument à donner ce nom à tout ce qui est d’ordre purement humain […]. »

La Crise du Monde Moderne, Chap. II

« […] la tradition comprend non seulement tout ce qui vaut d’être transmis, mais même tout ce qui peut l’être véritablement, puisque le reste, ce qui est dépourvu de caractère traditionnel et qui, par conséquent, tombe dans le point de vue profane, est dominé par le changement au point que toute transmission y devient bientôt un « anachronisme » pur et simple, ou une « superstition », au sens étymologique du mot, qui ne répond plus à rien de réel ni de valable. »

Aperçus sur l’Initiation, Chap. IX

TRADITIONALISME

« […] le traditionalisme n’est point la même chose que le véritable esprit traditionnel ; il peut n’être, et il n’est bien souvent en fait, qu’une simple tendance, une aspiration plus ou moins vague, qui ne suppose aucune connaissance réelle ; et, dans le désarroi mental de notre temps, cette aspiration provoque surtout, il faut bien le dire, des conceptions fantaisistes et chimériques, dépourvues de tout fondement sérieux. »

La Crise du Monde Moderne, Chap. II

TRANSCENDANTAUX

« […] les « catégories », au sens aristotélicien de ce mot, ne sont pas autre chose que les plus généraux de tous les genres, de sorte qu’elles appartiennent encore au domaine de l’individuel dont elles marquent d’ailleurs la limite à un certain point de vue. Il serait plus juste d’assimiler à l’Universel ce que les scolastiques nomment les « transcendantaux », qui dépassent précisément tous les genres, y compris les « catégories » ; mais, si ces « transcendantaux » sont bien de l’ordre universel, ce serait encore une erreur de croire qu’ils constituent tout l’Universel, ou même qu’ils sont ce qu’il y a de plus important à considérer pour la métaphysique pure : ils sont coextensifs à l’Être, mais ne vont point au-delà de l’Être, auquel s’arrête d’ailleurs la doctrine dans laquelle ils sont ainsi envisagés. Or, si l’« ontologie » ou la connaissance de l’Être relève bien de la métaphysique, elle est fort loin d’être la métaphysique complète et totale, car l’Être n’est point le non-manifesté en soi, mais seulement le principe de la manifestation »

L’Homme et son Devenir selon le Vêdânta, Chap. II

TRANSFORMATION

« […] Nous prenons toujours le mot « transformation » dans son sens strictement étymologique, qui est celui de « passage au-delà de la forme », donc au-delà de tout ce qui appartient à l’ordre des existences individuelles. »

Le Symbolisme de la Croix, Chap. II

TRANSMIGRATION

« Ce dont il s’agit, c’est […] le passage de l’être à d’autres états d’existence, qui sont définis […] par des conditions entièrement différentes de celles auxquelles est soumise l’individualité humaine (avec cette seule restriction que, tant qu’il s’agit d’états individuels, l’être est toujours revêtu d’une forme, mais qui ne saurait donner lieu à aucune représentation spatiale ou autre, plus ou moins modelée sur celle de la forme corporelle) ; qui dit transmigration dit essentiellement changement d’état. C’est là ce qu’enseignent toutes les doctrines traditionnelles de l’Orient, et nous avons de multiples raisons de penser que cet enseignement était aussi celui des « mystères » de l’antiquité […]. »

L’Erreur Spirite, Chap. VI

TRIMÛRTI (sanskrit)

« […] Îshwara est envisagé sous une triplicité d’aspects principaux, qui constituent la Trimûrti ou « triple manifestation », et desquels dérivent d’autres aspects plus particuliers, secondaires par rapport à ceux-là. »

Introduction Générale à l’Étude des Doctrines Hindoues, Chap. VII

« […] il est la Divinité (Îshwara, non en soi, mais sous ses trois aspects principaux de Brahmâ, Vishnu et Shiva, constituant la Trimûrti ou « triple manifestation ») »

L’Homme et son Devenir selon le Vêdânta, Chap. VII

TROISIÈME NAISSANCE

« La « seconde naissance », qui est proprement ce qu’on peut appeler la « régénération psychique », s’opère dans le domaine des possibilités subtiles de l’individualité humaine ; la « troisième naissance », au contraire, s’effectuant directement dans l’ordre spirituel et non plus psychique, est l’accès au domaine des possibilités supra-individuelles. L’une est donc proprement une « naissance dans le cosmos » (à laquelle correspond, comme nous l’avons dit, dans l’ordre macrocosmique, la naissance de l’Avatâra), et, par conséquent, il est logique qu’elle soit figurée comme ayant lieu entièrement à l’intérieur de la caverne ; mais l’autre est une « naissance hors du cosmos », et à cette « sortie de cosmos », suivant l’expression d’Hermès, doit correspondre, pour que le symbolisme soit complet, une sortie finale de la caverne, celle-ci contenant seulement les possibilités qui sont incluses dans le « cosmos », possibilités que l’initié doit précisément dépasser dans cette nouvelle phase du développement de son être, dont la « seconde naissance » n’était en réalité que le point de départ. »

Symboles de la Science Sacrée, Chap XXXIII

TROISIÈME ŒIL

« La vue du « troisième œil », par laquelle l’être est affranchi de la condition temporelle (et qui n’a rien de commun avec la « clairvoyance » des occultistes et des théosophistes), est intimement liée à la fonction « prophétique » ; c’est à quoi fait allusion le mot sanscrit rishi, qui signifie proprement « voyant », et qui a son équivalent exact dans l’hébreu roèh, désignation ancienne des prophètes, remplacée ultérieurement par le mot nabi (c’est-à-dire « celui qui parle par inspiration »). »

Études sur l’Hindouisme, Chap. III

TULA

« On remarquera surtout l’association du swastika avec le nom de Tulé ou Tula qui est une des plus anciennes désignations du centre spirituel suprême, appliquée aussi par la suite à quelques-uns des centres subordonnés »

Le Symbolisme de la Croix, Chap. X

U

UBIQUITÉ

« […] l’« ubiquité » n’est en somme que le substitut sensible de l’omniprésence véritable. »

Le Symbolisme de la Croix, Chap. XXIX

UNIFORMITÉ

« […]  « uniformité » (celle-ci étant littéralement au rebours de l’unité véritable) »

Mélanges, Chap. I

« Il en est d’ailleurs de même de l’uniformité réalisée par en bas, au niveau le plus inférieur, suivant la conception « égalitaire », et qui est à l’extrême opposé de l’unité supérieure et principielle. »

La Crise du Monde Moderne, Chap. VI

UPAGURU (sanskrit)

« Il faut entendre par là tout être, quel qu’il soit, dont la rencontre est pour quelqu’un l’occasion ou le point de départ d’un certain développement spirituel ; et, d’une façon générale, il n’est aucunement nécessaire que cet être lui-même soit conscient du rôle qu’il joue ainsi. Du reste, si nous parlons ici d’un être, nous pourrions tout aussi bien parler également d’une chose ou même d’une circonstance quelconque qui provoque le même effet ; cela revient en somme à ce que nous avons déjà dit souvent, que n’importe quoi peut, suivant les cas, agir à cet égard comme une « cause occasionnelle » ; il va de soi que celle-ci n’est pas une cause au sens propre de ce mot, et qu’en réalité la cause véritable se trouve dans la nature même de celui sur qui s’exerce cette action, comme le montre le fait que ce qui a un tel effet pour lui peut fort bien n’en avoir aucun pour un autre individu. Ajoutons que les upagurus, ainsi entendus, peuvent naturellement être multiples au cours d’un même développement spirituel, car chacun d’eux n’a qu’un rôle transitoire et ne peut agir efficacement qu’à un certain moment déterminé, en dehors duquel son intervention n’aurait pas plus d’importance que n’en ont la plupart des choses qui se présentent à nous à chaque instant et que nous regardons comme plus ou moins indifférentes.

La désignation de l’upaguru indique qu’il n’a qu’un rôle accessoire et subordonné, qui, au fond, pourrait être considéré comme celui d’un auxiliaire du véritable Guru ; en effet, celui-ci doit savoir utiliser toutes les circonstances favorables au développement de ses disciples, conformément aux possibilités et aux aptitudes particulières de chacun d’eux, et même, s’il est réellement un Maître spirituel au sens complet de ce mot, il peut parfois en provoquer lui-même la manifestation au moment voulu. On pourrait donc dire que, d’une certaine façon, ce ne sont là que des « prolongements » du Guru, au même titre que les instruments et les moyens divers employés par un être pour exercer ou amplifier son action sont autant de prolongements de lui-même »

« Lorsque l’initiation proprement dite est conférée par quelqu’un qui ne possède pas les qualités requises pour remplir la fonction d’un Maître spirituel, et qui, par conséquent, agit uniquement comme « transmetteur » de l’influence attachée au rite qu’il accomplit, un tel initiateur peut aussi être assimilé proprement à un upaguru, qui a d’ailleurs comme tel une importance toute particulière et en quelque sorte unique en son genre, puisque c’est son intervention qui détermine réellement la « seconde naissance », et cela même si l’initiation doit demeurer simplement virtuelle. Ce cas est aussi le seul où l’upaguru doit forcément avoir conscience de son rôle, au moins à quelque degré »

« Cela dit, nous reviendrons à la considération des upagurus en général, dont il nous reste encore à préciser une signification plus profonde que celle que nous avons indiquée jusqu’ici, car le Guru humain lui-même n’est au fond que la représentation extériorisée et comme « matérialisée » du véritable « Guru intérieur », et sa nécessité est due à ce que l’initié, tant qu’il n’est pas parvenu à un certain degré de développement spirituel, est incapable d’entrer directement en communication consciente avec celui-ci. Qu’il y ait ou non un Guru humain, le Guru intérieur est, lui, toujours présent dans tous les cas, puisqu’il ne fait qu’un avec le « Soi » lui-même ; et, en définitive, c’est à ce point de vue qu’il faut se placer si l’on veut comprendre pleinement les réalités initiatiques ; sous ce rapport, il n’y a d’ailleurs plus d’exceptions comme celles auxquelles nous faisions allusion tout à l’heure, mais seulement des modalités diverses suivant lesquelles s’exerce l’action de ce Guru intérieur. Comme le Guru humain, mais à un moindre degré et plus « partiellement » si l’on peut s’exprimer ainsi, les upagurus sont ses manifestations ; comme tels, ils sont, pourrait-on dire, les apparences qu’il revêt pour communiquer, dans la mesure du possible, avec l’être qui ne peut encore se mettre en rapport direct avec lui, de sorte que la communication ne peut s’effectuer qu’au moyen de ces « supports » extérieurs. »

Initiation et Réalisation spirituelle, Chap. XX

USHNÎSHA (sanskrit)

« Une remarque semblable s’applique aussi à l’ushnîsha, entendu en son sens primitif comme une coiffure : celle-ci a communément pour rôle de protéger contre la chaleur, mais, quand elle est attribuée symboliquement au soleil, elle représente inversement ce qui irradie la chaleur (et ce double sens est contenu dans l’étymologie même du mot ushnîsha) ; ajoutons que c’est suivant sa signification « solaire » que l’ushnîsha, qui est proprement un turban et peut être aussi une couronne, ce qui est d’ailleurs la même chose au fond, est aussi, comme le parasol, un insigne de la royauté »

Symboles de la Science Sacrée, Chap. XL

V

VÂCH (sanskrit)

« […] Brihaspati et Vâch, c’est-à-dire en somme l’Intellect et la Parole, correspondant ici respectivement à la contemplation et à l’action »

Etudes sur l’Hindouisme Compte Rendu du livre d’A.K. Coomaraswamy, « Spiritual Authority and Temporal Power in the Indian Theory of Government »

« […] la faculté de la parole (vâch) »

Etudes sur l’Hindouisme Chap. III

VAISHÊSHIKA (sanskrit)

« […] dans la doctrine hindoue, le point de vue « cosmologique » est représenté principalement par le Vaishêshika, et aussi, sous un autre aspect, par le Sânkhya, celui-ci pouvant être caractérisé comme « synthétique » et celui-là comme « analytique ». Le nom du Vaishêshika est dérivé de vishêsha, qui signifie « caractère distinctif » et, par suite, « chose individuelle » ; il désigne donc proprement la branche de la doctrine qui s’applique à la connaissance des choses en mode distinctif et individuel. Ce point de vue est celui qui correspond le plus exactement, sous la réserve des différences qu’entraînent nécessairement les modes de pensée respectifs des deux peuples, à ce que les Grecs, surtout dans la période « présocratique », appelaient « philosophie physique ». Nous préférons cependant employer le terme de « cosmologie » pour éviter toute équivoque, et pour mieux marquer la différence profonde qui existe entre ce dont il s’agit et la physique des modernes »

Études sur l’Hindouisme, Chap. IV

VAISHWÂNARA (sanskrit)

« […] Vaishwânara signifie encore « ce qui est commun à tous les hommes » ; c’est alors l’espèce humaine, entendue comme nature spécifique, ou plus précisément ce qu’on peut appeler le « génie de l’espèce » »

L’Homme et son Devenir selon le Vêdânta, Chap. XIII

VAISHYA (sanskrit)

« […] dans l’Inde, la troisième caste, celle des Vaishya, dont les fonctions propres sont celles de l’ordre économique, est admise aussi à une initiation lui donnant droit aux qualifications, qui lui sont ainsi communes avec les deux premières, d’âryaou « noble » et de dwija ou « deux fois né » ; les connaissances qui lui conviennent spécialement ne représentent d’ailleurs, en principe tout au moins, qu’une portion restreinte des « petits mystères » »

Autorité Spirituelle et Pouvoir Temporel, Chap. II

VAJRA (sanskrit)

« Le vajra, outre le sens de « foudre », a aussi, en même temps, celui de « diamant », qui évoque immédiatement les idées d’indivisibilité, d’inaltérabilité et d’immutabilité ; et, effectivement, l’immutabilité est bien le caractère essentiel de l’axe autour duquel s’effectue la révolution de toutes choses, et qui lui-même n’y participe pas. »

Symboles de la Science Sacrée, Chap. XXVI

VÂRÂHÎ (sanskrit)

« […] Vârâhî ou la « terre du sanglier »

Symboles de la Science Sacrée, Chap. XXIV

VARNA (sanskrit)

«  Le mot Varna, qui signifie proprement « couleur », et par généralisation « qualité », est employé analogiquement pour désigner la nature ou naissance d’un principe ou d’un être ; de là dérive aussi son usage dans le sens de « caste », parce que l’institution des castes, envisagés dans sa raison profonde, traduit essentiellement la diversité des natures propres aux différents individus humains […]. D’ailleurs, en ce qui concerne les trois gunas, ils sont effectivement représentés par des couleurs symboliques : tamas par le noir, rajas le rouge et sattwa par le blanc. »

Le Symbolisme de la Croix, Chap. V

VATES (latin)

« […] vates en latin était à la fois le poète et le devin ou le prophète »

Aperçus sur l’Ésotérisme Chrétien, Chap. IV

VÂYUS (sanskrit)

« […] les fonctions vitales (les cinq vâyus, qui sont des modalités de prâna […] »

L’Homme et son Devenir selon le Vêdânta, Chap. XIX

VÊDA (sanskrit)

« La doctrine unique à laquelle nous venons de faire allusion constitue essentiellement le Vêda, c’est-à-dire la Science sacrée et traditionnelle par excellence, car tel est exactement le sens propre de ce terme1 : c’est le principe et le fondement commun de toutes les branches plus ou moins secondaires et dérivées, qui sont ces conceptions diverses dont certains ont fait à tort autant de systèmes rivaux et opposés.

[1] La racine vid, d’où dérivent Vêda et vidyâ, signifie à la fois « voir » (en latin videre) et « savoir » (comme dans le grec οιδα) ; la vue est prise comme symbole de la connaissance, dont elle est l’instrument principal dans l’ordre sensible ; et ce symbolisme est transporté jusque dans l’ordre intellectuel pur, où la connaissance est comparée à une « vue intérieure », ainsi que l’indique l’emploi de mots comme celui d’« intuition » par exemple. »

L’Homme et son Devenir selon le Vêdânta, Chap. I

VÊDÂNTA (sanskrit)

« […] le Vêdânta, c’est-à-dire, suivant la signification étymologique de ce terme, la « fin du Vêda », se basant principalement sur l’enseignement contenu dans les Upanishads. Cette expression de « fin du Vêda » doit être entendue au double sens de conclusion et de but ; en effet, d’une part, les Upanishads forment la dernière partie des textes vêdiques, et, d’autre part, ce qui y est enseigné, dans la mesure du moins où il peut l’être, est le but dernier et suprême de la connaissance traditionnelle toute entière, dégagée de toutes les applications plus ou moins particulières et contingentes auxquelles elle peut donner lieu dans des ordres divers : c’est dire, en d’autres termes, que nous sommes, avec le Vêdânta, dans le domaine de la métaphysique pure. »

L’Homme et son Devenir selon le Vêdânta, Chap. I

« Nous rappellerons à ce propos que le Vêdânta, par là même qu’il est purement métaphysique, est essentiellement la « doctrine de la non-dualité » (adwaita-vâda) »

L’Homme et son Devenir selon le Vêdânta, Chap. IV

VERBALISME

« […] la plupart des « idoles » modernes ne sont véritablement que des mots, car il se produit ici ce singulier phénomène connu sous le nom de « verbalisme », où la sonorité des mots suffit à donner l’illusion de la pensée ; l’influence que les orateurs exercent sur les foules est particulièrement caractéristique sous ce rapport, et il n’y a pas besoin de l’étudier de très près pour se rendre compte qu’il s’agit bien là d’un procédé de suggestion tout à fait comparable à ceux des hypnotiseurs. »

La Crise du Monde Moderne, Chap. VI

VERBE

« […] le Verbe divin, suivant qu’on l’envisage comme subsistant éternellement en soi-même ou comme se faisant le « Centre du Monde », est à la fois principe et germe de tous les êtres. »

Symboles de la Science Sacrée, Chap. LXXIII

VÉRITÉ

« […] la vérité est nécessairement cohérente, ce qui, bien entendu, ne veut nullement dire « systématique » »

Le Règne de la Quantité et les Signes des Temps, Avant-propos

« Une idée vraie ne peut être « nouvelle », car la vérité n’est pas un produit de l’esprit humain, elle existe indépendamment de nous, et nous avons seulement à la connaître ; en dehors de cette connaissance, il ne peut y avoir que l’erreur […]. »

La Crise du Monde Moderne, Chap. V

VICHÂRA (sanskrit)

« […] la « recherche » (vichâra) de la nature réelle de l’être […] »

Études sur l’Hindouisme, C. R de Upadesa Saram de Sri Ramana Maharshi

VIDÊHA MUKTI (sanskrit)

« […] la libération « hors de la forme » (vidêhamukti) […] »

L’Homme et son Devenir selon le Vêdânta, Chap. XXIV

VIE ORDINAIRE

« De ce point de vue profane est née l’idée de ce qu’on désigne communément comme la « vie ordinaire » ou la « vie courante » ; ce qu’on entend par là, en effet, c’est bien, avant tout, quelque chose où, par l’exclusion de tout caractère sacré, rituel ou symbolique (qu’on l’envisage au sens spécialement religieux ou suivant toute autre modalité traditionnelle, peu importe ici), rien qui ne soit purement humain ne saurait intervenir en aucune façon »

Articles et Comptes Rendus, Tome l, L’illusion de la « vie ordinaire »

VIRÂJ (sanskrit)

« […] Virâj, c’est-à-dire [….] l’Intelligence cosmique en tant qu’elle régit et unifie dans son intégralité l’ensemble du monde corporel. »

L’Homme et son Devenir selon le Vêdânta, Chap. XIII

VÎRYA (arabe)

« […] vîrya, terme équivalent au latin virtus, du moins selon l’acception qu’avait celui-ci avant qu’il ait été détourné dans un sens « moral » par les Stoïciens, exprime proprement la qualité essentielle et en quelque sorte « typique », non du Brâhmane, mais du Kshatriya »

Études sur l’Hindouisme, Chap. VIII

VISHNU (sanskrit)

« […] la fonction de « conservation divine », qui, dans la tradition hindoue, est représentée par Vishnu »

La Crise du Monde Moderne, Chap. I

VISHWAKARMA (sanskrit)

« […] Vishwakarma, c’est-à-dire le « Grand Architecte de l’Univers » »

Symboles de la Science Sacrée, Chap. XVLI

VOIE ROYALE

« […] la « voie royale » ne concerne proprement que le « Héros », et non point le « Sage » ni le « Saint » »

Études sur la Franc-Maçonnerie et le Compagnonnage, Tome l

VULGARISATION

« […] c’est là encore une chose tout à fait particulière à la civilisation moderne […].

C’est une des formes que revêt cet étrange besoin de propagande dont est animé l’esprit occidental, et qui ne peut s’expliquer que par l’influence prépondérante des éléments sentimentaux ; nulle considération intellectuelle ne justifie le prosélytisme, dans lequel les Orientaux ne voient qu’une preuve d’ignorance et d’incompréhension ; ce sont deux choses entièrement différentes que d’exposer simplement la vérité telle qu’on l’a comprise, en n’y apportant que l’unique préoccupation de ne pas la dénaturer, et de vouloir à toute force faire partager par d’autres sa propre conviction. La propagande et la vulgarisation ne sont même possibles qu’au détriment de la vérité : prétendre mettre celle-ci « à la portée de tout le monde », la rendre accessible à tous indistinctement, c’est nécessairement l’amoindrir et la déformer, car il est impossible d’admettre que tous les hommes soient également capables de comprendre n’importe quoi : ce n’est pas une question d’instruction plus ou moins étendue, c’est une question d’« horizon intellectuel », et c’est là quelque chose qui ne peut se modifier, qui est inhérent à la nature même de chaque individu humain. Le préjugé chimérique de l’« égalité » va à l’encontre des faits les mieux établis, dans l’ordre intellectuel aussi bien que dans l’ordre physique ; c’est la négation de toute hiérarchie naturelle, et c’est l’abaissement de toute connaissance au niveau de l’entendement borné du vulgaire. On ne veut plus admettre rien qui dépasse la compréhension commune, et, effectivement, les conceptions scientifiques et philosophiques de notre époque, quelles que soient leurs prétentions, sont au fond de la plus lamentable médiocrité ; on n’a que trop bien réussi à éliminer tout ce qui aurait pu être incompatible avec le souci de la vulgarisation. […] Les connaissances que le public occidental peut avoir à sa disposition ont beau n’avoir rien de transcendant, elles sont encore amoindries dans les ouvrages de vulgarisation, qui n’en exposent que les aspects les plus inférieurs, et en les faussant encore pour les simplifier ; et ces ouvrages insistent complaisamment sur les hypothèses les plus fantaisistes, les donnant audacieusement pour des vérités démontrées, et les accompagnant de ces ineptes déclamations qui plaisent tant à la foule. Une demi-science acquise par de telles lectures, ou par un enseignement dont tous les éléments sont puisés dans des manuels de même valeur, est autrement néfaste que l’ignorance pure et simple ; mieux vaut ne rien connaitre du tout que d’avoir l’esprit encombré d’idées fausses, souvent indéracinables, surtout lorsqu’elles ont été inculquées dès le plus jeune âge. L’ignorant garde du moins la possibilité d’apprendre s’il en trouve l’occasion ; il peut posséder un certain « bon sens » naturel, qui, joint à la conscience qu’il a ordinairement de son incompétence, suffit à lui éviter bien des sottises. L’homme qui a reçu une demi-instruction, au contraire, a presque toujours une mentalité déformée, et ce qu’il croit savoir lui donne une telle suffisance qu’il s’imagine pouvoir parler de tout indistinctement ; il le fait à tort et à travers, mais d’autant plus facilement qu’il est plus incompétent : toutes choses paraissent si simples à celui qui ne connaît rien ! »

Orient et Occident, Chap. II

W

WOU-KI (chinois)

« […] Wouki, le Non-Être ou le Zéro métaphysique5

[5] Wouki correspond, dans la tradition hindoue, au Brahma neutre et suprême (ParaBrahma), et Taiki à Îshwara ou au Brahma « non-suprême » (AparaBrahma). »

WOU-WEI (chinois)

« […] En réalité, la traduction par « non-agir » est la seule acceptable, mais, à cause de l’incompréhension ordinaire, il convient d’expliquer comment on doit l’entendre : non seulement ce « non-agir » n’est point l’inactivité, mais, suivant ce que nous avons indiqué précédemment, il est au contraire la suprême activité, et cela parce qu’il est aussi loin que possible du domaine de l’action extérieure, et complètement affranchi de toutes les limitations qui sont imposées à celle-ci par sa propre nature ; si le « non-agir » n’était, par définition même, au-delà de toutes les oppositions, on pourrait donc dire qu’il est en quelque sorte l’extrême opposé du but que le quiétisme assigne au développement de la spiritualité. »

Initiation et Réalisation Spirituelle, Chap. XXVI

WALÎ ESH-SHAYTÂN (arabe)

« Le dernier degré de la hiérarchie « contre-initiatique » est occupé par ce qu’on appelle les « saints de Satan » (awliyâ eshShaytân), qui sont en quelque sorte l’inverse des véritables saints (awliyâ erRahmân), et qui manifestent ainsi l’expression la plus complète possible de la « spiritualité à rebours » »

Le Règne de la Quantité et les Signes des Temps, Chap. XXXVIII

Y

YANG (et yin)

« La tradition extrême-orientale, dans sa partie proprement cosmologique, attribue une importance capitale aux deux principes ou, si l’on préfère, aux deux « catégories » qu’elle désigne par les noms de yang et de yin : tout ce qui est actif, positif ou masculin est yang, tout ce qui est passif, négatif ou féminin est yin. Ces deux catégories sont rattachées symboliquement à la lumière et à l’ombre : en toutes choses, le côté éclairé est yang, et le côté obscur est yin ; mais, n’étant jamais l’un sans l’autre, ils apparaissent comme complémentaires beaucoup plus que comme opposés1.

[1] Il ne faudrait donc pas interpréter ici cette distinction de la lumière et de l’ombre en termes de « bien » et de « mal » comme on le fait parfois ailleurs, par exemple dans le Mazdéisme. »

La Grande Triade, Chap. IV

YOGA (sanskrit)

« En réalité, ce mot « Yoga » est celui que nous avons traduit aussi littéralement que possible par « Union » ; ce qu’il désigne proprement, c’est donc le but suprême de la réalisation métaphysique ; et le « Yogi » si l’on veut l’entendre au sens le plus strict est uniquement celui qui a atteint ce but. Toutefois il est vrai que, par extension, ces termes sont, dans certains cas, appliqués à des stades préparatoires à l’ « Union » ou même à de simples moyens préliminaires, et à l’être qui est parvenu aux états correspondants à ces stades ou qui emploie ces termes pour y parvenir. »

La Métaphysique Orientale

YOGI (sanskrit)

« Il n’y a aucun degré spirituel humain qui soit supérieur à celui du Yogi (le Pneumatique, qui est parvenu à l’Union Parfaite) » […]

« le Yogi, qui, considéré dans cet état, est, comme nous l’avons dit, Jîvanmukta (délivré dans la vie). »

Recueil, Chap. IV

YUGA (sanskrit)

« Nous envisagerons maintenant les divisions d’un Manvantara, c’est-à-dire les Yugas, qui sont au nombre de quatre ; et nous signalerons tout d’abord, sans y insister longuement, que cette division quaternaire d’un cycle est susceptible d’applications multiples, et qu’elle se retrouve en fait dans beaucoup de cycles d’ordre plus particulier : on peut citer comme exemples les quatre saisons de l’année, les quatre semaines du mois lunaire, les quatre âges de la vie humaine ; ici encore, il y a correspondance avec le symbolisme spatial, rapporté principalement en ce cas aux quatre points cardinaux. D’autre part, on a souvent remarqué l’équivalence manifeste des quatre Yugas avec les quatre âges d’or, d’argent, d’airain et de fer, tels qu’ils étaient connus de l’antiquité gréco-latine : de part et d’autre, chaque période est également marquée par une dégénérescence par rapport à celle qui l’a précédée ; et ceci, qui s’oppose directement à l’idée de « progrès » telle que le conçoivent les modernes, s’explique très simplement par le fait que tout développement cyclique, c’est-à-dire en somme, tout processus de manifestation, impliquant nécessairement un éloignement graduel du principe, constitue bien véritablement en effet, une « descente », ce qui est d’ailleurs aussi le sens réel de la « chute » dans la tradition judéo-chrétienne. »

Formes Traditionnelles et Cycles Cosmiques, Partie I, Chap. 1

Z

ZEN

« […] Zen (nom dérivé du sanscrit dhyâna, « contemplation » […] »

Aperçus sur l’Ésotérisme Islamique et le Taoïsme, C. R de « Révélations sur le Bouddhisme japonais »

ZOROASTRE

« […] le nom de Zoroastre désigne en réalité, non un personnage particulier, mais une fonction, à la fois prophétique et législatrice ; il y eut plusieurs Zoroastres, qui vécurent à des époques fort différentes ; et il est même vraisemblable que cette fonction dut avoir un caractère collectif, de même que celle de Vyâsa dans l’Inde, et de même aussi que, en Égypte, ce qui fut attribué à Thot ou Hermès représente l’œuvre de toute la caste sacerdotale. »

La Crise du Monde Moderne, Chap. I

par le 8 août 2010, mis à jour le 6 mai 2019

Mots clés : ,