Hadîth de Ubay ibn Ka’b

Allah au centre de Mohammed par quatre

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Ubay ibn Ka’b – qu’Allah soit satisfait de lui-, rapporte : « Alors que le quart de la nuit fut passé, il [le Prophète] se leva et dit : « Ô gens ! Souvenez-vous d’Allah (udhkurû-Llah) ! La râjifah est venue, que suit la râdifah ! La mort est venue, avec ce qu’elle contient ! »

Ubay ibn Ka’b dit alors : « Ô Envoyé d’Allah ﷺ, je multiplie la prière (sur toi). Combien « rendrai-je » pour toi de ma prière (fakam aj’al laka min çalâtî) ? Il répondit : « Comme tu veux. » Je demandai : « Le quart ? » Il répondit : « Comme tu veux et, si tu veux, davantage. » Je demandai : « La moitié ? » Il répondit : « Comme tu veux et, si tu veux, davantage. »Je demandai : « Les deux-tiers ? » Il répondit : « Comme tu veux et, si tu veux, davantage. » Je demandai : « Dois-je te rendre ma prière (sur toi) tout entière (afa-aj’al salâti kullu-hâ laka) ? » Il répondit : « Alors, cela suffira à tes désirs et te pardonnera tes péchés ! »

Tirmidhî – n° 2457

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Commentaires

Il existe de ce hadîth deux interprétations.

L’une est exotérique et porte que l’expression « Combien « rendrai-je » pour toi de ma prière ?« , ainsi que la réponse finale du Prophète ﷺ, sont des indications, en apparence quantitatives, qui semblent vouloir dire uniquement qu’il convient de réduire ses pratiques à la prière sur le Prophète ﷺ .

L’autre interprétation, évidemment d’un ordre plus ésotérique puisque provenant d’une vision de la part du Prophète lui-même ﷺ, montre qu’il s’agit de donner le bénéfice tout entier de la récitation au Prophète ﷺ :

28 déc. 2012 – V4

Le Cheikh Abû el-Mawâhib le châdhilî vit (en songe) le Prophète ﷺ et lui dit : « Ô Envoyé d’Allah,  je t’ai donné le bénéfice de ma prière sur toi et la récompense de telle et telle de mes pratiques (spirituelles), si c’est cela que tu avais à l’esprit quand tu as répondu à celui qui t’avait demandé : « Devrais-je te rendre ma prière (sur toi) tout entière ? » en lui disant : « Alors, cela suffira à tes désirs et pardonnera tes péchés ».

Le Prophète ﷺ répondit : « Oui, c’est ce que je voulais dire. Cependant, garde le bénéfice de telle et telle (pratique) car je n’en ai pas besoin. »

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Le Cheikh Abû el-Mawâhib le châdhilî a dit : « J’ai vu (en songe) le Prophète ﷺ qui me dit : « Tu intercèdes pour 100.000 ! » Je lui demandai : « Comment ai-je obtenu cela, ô Envoyé d’Allah ? » Il répondit : « En me donnant la récompense de la prière faite sur moi. » 1

(Extrait d’El-Kunûz el-Mohammediyah)

On trouve mention de cette interprétation dans bien des ouvrages et notamment dans le livre Bâb el-wuçûl ilâ hadrati-l-Rassûl ﷺ de Mohammed Chahtah Hamîd qui la rapporte précisément sous l’autorité du Cheikh Abûl-Mawâhib, mentionné par l’Imâm Charânî dans le chapitre le concernant de ses Tabaqât el-Awliyâ -qu’Allah soit Satisfait d’eux deux :

« Il a dit : J’ai vu l’Envoyé d’Allah en songe ﷺ et ai dit : ô Envoyé d’Allah, que veut dire la parole de Ubay ibn K’ab « Combien « rendrai-je » pour toi de ma prière ? (fakam aj’al laka min çalâtî) » ? Il répondit : « Cela veut dire de donner ce qu’il y a en cela de récompense (an yahdî mâ fî dhâlika min eth-thawâb) dans mon « feuillet » (de bonnes actions, çahîfatî) au lieu du sien. »

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On comprend donc aisément, surtout si l’on prend soin d’envisager aussi la salutation (et ce qu’elle induit comme réponse nécessaire) sous le rapport précis de la « vivification » (tahiyyah), l’importance de la bonne compréhension qu’il y a lieu d’avoir de cette pratique et de l’intérêt que celle-ci est effectivement susceptible de présenter dans le cadre d’un sulûk, surtout si ce cadre ne fait pas directement référence à la présence d’un cheikh éducateur (cheikh murabbî) corporellement vivant.

On comprend également, et dans la même perspective, que toutes les réactions concordantes qui peuvent se faire ou s’envisager dans ce même cadre peuvent prendre une importance particulière, surtout si l’on prend en compte qu’elles peuvent se porter sur le Prophète lui-même et émaner de lui en retour, puisqu’il est « vivant sans sa tombe » (hayy fî qabri-hi) ﷺ, (selon l’enseignement de la ‘âqidah sunnite unanime) et présent en nous-même (selon l’interprétation d’un certain passage coranique – « fîkum Rassûlu-Llah » -)ﷺ.2

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   Mohammed Abd es-Salâm

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ARTICLES THÉMATIQUES correspondants

LA PRIERE SUR LE PROPHETE ﷺ COMME MOYEN DE SULÛK en cas de raréfaction de Maître éducateur (Cheikh tarbiyah) – M.A.S.

GENERALITES SUR LA RÉALISATION SPIRITUELLE (TAHQÎQ, SULÛK)

  1. Sans pouvoir développer davantage ici la question du rapport général de la fonction d’intercession avec la prière sur le Prophète ﷺ, mentionnons néanmoins qu’elle peut être également mise en rapport avec la salutation sur le Prophète ﷺ et la notion du « retour de son esprit » qu’elle provoque, selon le hadîth : « Il n’est personne qui ne me salue sans qu’Allah ne me rende mon esprit afin que je lui rende la salutation » (hattâ arudda ‘alayhi as-salâm). []
  2. Pour toutes ces notions, voir notre prochain article (in châ Allah) : « Réactions concordantes » en rapport avec la prière et la salutation sur le Prophète ﷺ. []

par le 28 novembre 2012, mis à jour le 10 juillet 2015

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