Hadîth «Toute chose est facilitée pour ce pour quoi elle a été créée»

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كلٌّ مُيَسَّرٌ لِما خُلِقَ لَه

«Toute chose est facilitée pour ce pour quoi elle a été créée»

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Commentaires

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Commentaires des 99 Noms d’Allah subhâna-Hu-wa-ta’âlâ (Extrait)

Al-Hakam : Le Juge, l’Arbitre

La signification

C’est le Juge et l’Arbitre Suprême. Personne ne s’oppose à son jugement et personne ne conteste Son Arrêt. Son jugement à l’encontre des serviteurs c’est que l’homme n’a que selon ce qu’il a accompli et que son œuvre sera constatée, que les bons seront dans les Jardins de félicité et que les pervers seront en Enfer.
Son jugement en faveur du bon, d’être dans le bonheur, et à l’encontre du pervers, d’être damné, signifie qu’Il a institué la bonté et la perversion comme causes conduisant leur auteur au bonheur et là la damnation, de la même  façon qu’Il a institué les remèdes et le les poisons comme causes conduisant celui qui les prend à sa guérison ou à sa perte. Et si la signification de Son jugement c’est d’ordonner les causes et de les conduire à leurs effets, Son jugement est donc absolu parce qu’Il est le Cause de toutes les causes dans leur ensemble et dans le détail. C’est, d’ailleurs, du Jugement que se ramifient le Décret et l’Arrêt. En effet Sa direction est à l’origine de la conception des causes pour que Son jugement aille aux effets. Le fait d’avoir institué les causes universelles, fondamentales, principielles et indéfectibles qui ne disparaissent pas et ne s’effacent pas comme la terre, les sept cieux, les astres, les étoiles et leurs orbites permanentes qui ne changent pas et ne s’arrêtent jusqu’à ce que le Livre atteigne son terme, tout cela constitue Son Décret, conformément à cette parole divine : « Il a établi sept cieux en deux jours. Il a révélé à chaque ciel tout ce qui les concerne. » (Coran, XLI – 12). De même le fait d’avoir dirigé ces causes avec leurs mouvements appropriés, bien définis, déterminés et calculés vers leurs effets, instant par instant, constitue Son Arrêt. Ainsi le jugement c’est la direction originelle universelle et l’Ordre éternel qui est comme un l’éclair. Le Décret, c’est la conception globale des causes universelles perpétuelles, et l’Arrêt c’est le fait de diriger les causes universelles avec leurs mouvements déterminés et calculés vers leurs effets innombrables et bien définis et ne décroissent pas. Voilà pourquoi rien n’échappe à Son Décret et à Ses Arrêts.

L’imprégnation

L’imprégnation est évidente. La part religieuse de la contemplation de cette qualification de Dieu -qu’Il soit exalté- c’est que tu saches que l’affaire est réglée d’avance, qu’il n’y a rien de nouveau, que la plume n’a plus d’encre pour écrire ce qui existe, que les causes se dirigent vers leurs effets, que leur ardente aspiration à eux à chaque instant  est une nécessité inéluctable et que tout ce qui entre dans l’existence y entre par nécessité ; il est donc nécessaire qu’il existe même s’il n’est pas nécessaire en lui-même, car il est nécessaire en vertu du Décret  éternel inéluctable. On sait ainsi que ce qui est décrété arrive, que le souci est un rebut inutile et une futilité , car il ne repousse pas ce qui doit arriver, que la cause du souci de ce qui devrait arriver c’est de la pure ignorance, car si son arrivée est décrétée, l’appréhension et l’affliction ne la repoussent pas et ce n’est qu’une manière d’appréhender une sorte de douleur par crainte de l’arrivée de la douleur ; par contre si son arrivée n’a pas été décrétée d’avance, il n’y a aucun sens à ce que ce qu’on s’en attriste. Voilà pourquoi le souci est une futilité.

Si tu dis : Si l’affaire est réglée d’avance, à quoi bon œuvrer et agir, alors que la cause du bonheur et de la damnation est réglée d’avance ?

La réponse se trouve dans la Parole du Prophète -que Dieu lui accorde la Grâce et la Paix : « Œuvrez, car chacun est prédestiné à ce à quoi il a été créé. » Cela signifie : A celui en faveur de qui a été décrété le bonheur, celui-ci a été décrété en vertu d’une cause, à savoir sa cessation d’entreprendre les moyens du bonheur. Il arrive qu’à l’origine de son désœuvrement, il y ait la pensée intérieure suivante : Si je suis heureux, je n’ai pas besoin d’agir et si je suis malheureux et damné, le fait d’agir et d’œuvrer ne me servirait à rien. Or ceci c’est de l’ignorance, car il ne sait pas que s’il était heureux, il ne le serait que parce qu’il est régi par les causes du bonheur comme l’action et la science et que s’il n’en bénéficie pas et que s’y expose pas, c’est déjà un signe de sa damnation.

C’est comme dans le cas de celui qui souhaite devenir un grand savant qui soit un maître dans son domaine. On lui dit : fais un effort, étudie et persévère. Il répond alors : Si Dieu a décrété pour moi depuis l’éternité que je serai un maître illustre, je n’ai pas besoin de faire l’effort et si Dieu a décrété à mon encontre de rester ignorant, l’effort ne me sera pas utile. On lui répondra : S’il t’a imposé cette idée, cela prouve qu’Il a décrété l’ignorance à son encontre. En effet pour celui en faveur de qui Il a décrété depuis l’éternité d’être un maître illustre, il décrète cela avec les causes qui y sont afférentes : Il le soumet à ces causes, le fait agir en ce sens et le soustrait aux idées qui l’incitent à la paresse et au désœuvrement. D’ailleurs celui qui n’accomplit pas l’effort n’atteint certainement jamais le degré du maître illustre, tandis que celui qui fait l’effort et dispose des causes et des moyens favorables, il réalise son espoir d’atteindre ce but, s’il maintient son effort jusqu’à la fin et ne s’expose pas à un empêcheur qui lui  barre la route.

De même il convient qu’on comprenne que le bonheur ne peut être atteint que par celui qui vient vers Dieu avec un cœur sain. Or la santé du cœur est une qualité qui s’acquiert par le travail et l’exercice comme dans le cas du savant maître sans qu’il y ait la moindre différence.

Certes, en matière de contemplation du Nom Al-Hakam, les serviteurs occupent diverses positions : il y a celui qui regarde  Son scellé et tente de voir ce qu’Il a scellé pour lui ; il y a celui qui regarde ce qui a été décrété d’avance pour voir ce qu’Il a décrété à son encontre depuis l’éternité d’avance ; il y a celui qui renonce au passé et au futur, car il est le fils de son moment et ne regarde que Lui : il est satisfait des positions du Décret de Dieu et de ce qui provient de Lui, ce qui est plus élevé comme attitude et il y a celui qui renonce au passé, au futur et à l’état présent, tellement son cœur, est absorbé par Al-Hakam occupé sans arrêt par la contemplation. Or ceci constitue le degré le plus élevé.

Al-Ghazâlî

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Question 37 – Pourriez-vous résumer l’intérêt et les principes généraux du adab ? (Extrait)

« Rien ne touche l’être qui ne lui soit prédestiné, ou qui lui soit extérieur, c’est-à-dire dont il ne détienne en lui-même la possibilité : «Toute chose est facilitée (muyassar) à ce pour quoi elle a été créée» (Hadîth). La notion de «taysir» ainsi comprise est en rapport direct avec le processus même de réalisation spirituelle effective (tahqîq, sulûk) : il s’agit en effet, en employant une terminologie « guénonienne », de favoriser le développement des possibilités contenues à l’état virtuel dans l’être ; sous ce rapport essentiel, tout ce qui «facilite» ou «déclenche» un évènement initiatique participe, directement ou indirectement, consciemment ou inconsciemment et quelle qu’en soit la forme personnelle ou impersonnelle, de la fonction d’enseignement et de la réalisation spirituelle elle-même. On dit, par exemple, en ce sens que le Maître véritable n’est pas celui qui fatigue l’initié en multipliant les awrâd et les exercices spirituels (riyâdah) mais celui qui prend par la main son disciple pour le faire entrer effectivement dans la présence de son Seigneur ; ce faisant, il lui «facilite» en effet la Voie. »

Mohammed Abd es-Salâm

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par le 9 mai 2014, mis à jour le 10 mai 2014

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