La cape pourpre (B.C.A.H.C.)
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Cet article est issu de notre traduction de Durrat el-asrâr wa tuhfat el-Abrâr (Imâm Ibn çabbâgh) publiée en PDF sous le titre «Biographie du Cheikh Abû-l-Hassan Châdhilî (B.C.A.H.C)» .
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Abû ‘Abdallah Muhammad en-nâsikh dit aussi :
« Je marchais derrière le Cheikh Abû el-Hassan qui était dans un palanquin, et vis deux hommes marchant à l’ombre de sa monture. L’un dit à l’autre :
– Ô Untel, j’ai vu Untel mal se comporter avec toi alors que tu te comportais bien avec lui.
– Il est de mon pays, répondit-il, et je dirai comme le poète l’a dit (vers):
« Le fou a vu dans le désert un chien envers lequel il se montrait généreux et manifestait de l’affection. Ils l’ont blâmé pour ce qu’il faisait au chien et lui dirent : « Pourquoi as-tu été faire un don au chien ? » Il répondit : « Cessez le blâme, car mon œil l’a vu une fois dans le quartier de Layla ! »
Le Cheikh sortit la tête du palanquin et dit :
– Répète ce que tu as dit, Ô mon fils.
Il répéta ces mots et le Cheikh se mit à s’agiter dans son palanquin puis dit :
– « Cessez le blâme car mon œil l’a vu une fois dans le quartier de Layla ! », continuant à répéter cela, encore et encore.
Puis il lança vers lui une cape 1 de couleur pourpre 2 en disant :
– Prends-la et mets-la, tu en es plus digne que moi. Qu’Allah te récompense, Ô mon fils, avec des bienfaits à la mesure de ton engagement (‘ahd).
Je fis signe [à celui qui venait de recevoir la cape] et lui dis :
– Donne-la moi !
Je la pris alors et l’embrassai, puis saisis une importante somme d’argent et la lui offris mais il dit :
– Par Allah, même si tu devais me donner assez d’or pour la remplir, je ne le vendrais pas pour cette somme. Ceci est, par Allah, un trésor qui m’est parvenu et que j’utiliserai certainement comme linceul. Par Allah, je n’ai marché à l’ombre de cette litière uniquement que pour qu’Allah me fasse miséricorde en entendant une des invocations du Cheikh. Je sais que la miséricorde s’est déversée sur lui, alors peut-être en recevrais quelque chose.
Alors, je sus qu’il le 3 connaissait mieux que moi.
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- Le mot arabe ﻏﻔﺎﺭﺓ rend possible ghaffârah (chape, cape, connu en Occident comme un long manteau de cérémonie agrafé par devant et que revêtent des religieux pour la célébration de certains offices) ou ghifârah (pièce d’étoffe servant à envelopper la chevelure). [↩]
- Litt. : « couleur raisin » [↩]
- La forme grammaticale arabe laisse deux possibilités : soit le narrateur s’aperçoit que le Cheikh Abû el-Hassan connait mieux que lui l’homme à qui il donne le vêtement ; soit le narrateur réalise que l’homme à ses côtés connait mieux le Cheikh Abû el-Hassan que lui. [↩]
par Luc de la Hilay le 9 juillet 2012, mis à jour le 11 octobre 2018
Mots clés : Al-Chadhilî