Autour de la pratique de la prière sur le Prophète ﷺ à la fin des temps, quand le cheikh murchîd manque – Cheikh Ahmad Dahlân

بسم الله الرحمن الرحيم الحمد لله

والصلاة والسلام على سيدنا محمد رسول الله وآله وصحبه ومن والاه

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Le Cheikh Ahmed Zaynî Dahlân al-Makki ach-Châfi’i (m. 1304/1886), auteur de nombreux ouvrages historiques, est surtout connu des milieux du taçawwuf pour sa réfutation des wahhâbî dont il a été le témoin direct de l’arrivée en Arabie. Il est par ailleurs l’auteur d’un recueil de prières sur le Prophète ﷺ, aujourd’hui introuvable mais dont l’essentiel semble avoir été repris par le Cheikh Al-Nabbahânî dans plusieurs de ses ouvrages, ainsi que d’une somme sur le taçawwuf intitulée Résumé des fondements en vue de faciliter l’Arrivée à la Connaissance du Seigneur – Glorifié et Exalté soit-Il – et de l’Envoyé ﷺ  (Taqrîb el-uçûl fî tashîl el-wuçûl li-ma’rifati-r-Rabb subhâna-Hu wa ta’âlâ wa er-Rasûl ﷺ).

Les passages que  nous extrayons ci-dessous concernent plus particulièrement la pratique de la prière sur le Prophète ﷺ à la fin des temps, quand le Cheikh murchîd manque.

Le premier d’entre eux est extrait d’Afdal eç-çalawât alâ seyyidi es-sâdât ﷺ du Cheikh Yûssuf Al-Nabbahânî (m. 1931) 1 , ouvrage qui reprend « certaines des prières extraites du recueil du Cheikh Ahmed Dahlân -qu’Allah soit satisfait de lui-, en précisant, qu’elles ont la particularité de produire le rapprochement ou la mise en présence avec le Prophète ﷺ, voire de faire bénéficier celui qui s’y adonne avec assiduité de l’enseignement mohammédien ».

Le second extrait provient des premières pages du Taqrîb al-Uçûl 2, complété par un troisième extrait reproduisant certaines données générales figurant plus loin dans l’ouvrage, d’après les deux premiers maîtres de la Châdhiliyyah 3 .

Pour mémoire, on se rappellera que cet ouvrage reproduit une large partie de la notice consacrée au Cheikh Abû-l-Mawâhîb par l’Imâm Cha’ranî – dont nous avons déjà traduit et publié plusieurs passages sur Le Porteur de Savoir 4 – et qui comporte de nombreuses références en lien avec la prière sur le Prophète ﷺ.

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Extrait 1 5

بالجملة فالصلاة على النبي صلى الله عليه وسلم نافعة بأي صيغة كانت ولا شيء أنفع لتنوير القلوب ووصول المريدين إلى الله تعالى منها فإن المواظب على الصلاة على النبي صلى الله عليه وسلم يحصل له أنوار كثيرة وببركتها يتصل بالنبي صلى الله عليه وسلم أو يجتمع بمن يوصله إليه خصوصاً إذا كان مع الاستقامة وخصوصاً في آخر الأزمان عند قلة المرشدين والتباس الأمور على الناس فمن أراد هداية الخلق وإرشادهم فعليه أن يأمر الناس عوامهم وخواصهم بالاستغفار والصلاة على النبي صلى الله عليه وسلم 

La prière sur le Prophète ﷺ est utile quelle que soit la formule employée et il n’y a rien de plus utile à l’illumination des cœurs et à l’arrivée des mouridîn à Allâh qu’elle, car celui qui est persévérant dans la prière sur le Prophète ﷺ obtient de nombreuses lumières et, par son influence spirituelle, parvient au Prophète ﷺ ou bien est réuni avec quelqu’un qui le fait parvenir à lui, particulièrement si cela est pratiqué avec rectitude (istiqâmah) et particulièrement à la fin des temps (âkhir al-azmân) au moment de l’appauvrissement en Maîtres spirituels (qillatou-l-Mourshidîn) et de la confusion des choses (iltibas el-oumoûr) chez les gens. Qui donc veut guider les créatures et leur enseigner, prescrive aux gens, du commun comme de l’élite, la demande de pardon (istighfâr) et la prière sur le Prophète ﷺ .

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Extrait 2 6

taqrib

  Sidî Abd Ar-Rahmân As-Saqqâf a déclaré :

  • celui qui n’a pas d’oraison régulière (wird) est un singe (qird7 ,
  • celui qui ne pratique les incantations (adhkâr) n’est pas un homme (dhakar),
  • celui qui ne lit pas La Revivification (Al-Ihyâ) [de l’Imâm Ghazâlî] n’a pas de pudeur (hayâ’),
  • celui qui ne lit pas le Muhadhdhab [qui est un ouvrage de référence de fiqh Châfi’î de l’Imam Abî Ishâq Al-Chîrâzî] n’a pas connu l’école juridique (madhhab) [en question].
  • et celui qui ne respecte pas les convenances (litt. qui n’a pas de adab) est un ours (dubb).

Les données concernant les grâces de l’incantation (dhikr) sont si connues qu’il n’est pas nécessaire de s’étendre à leur propos et qu’il suffit de renvoyer aux références à ce sujet : le murîd pratique les incantations (adhkâr) que lui ordonne son cheikh et, quand le cheikh murchîd manque (fuqida8 , les incantations prophétiques rapportés du Prophète sont préférables (afdhal) à d’autres (min ghayri-hâ). Parmi elles, suffit le wird el-latîf du Pôle el-Haddâd, car les incantations qui y figurent sont les incantations fondamentales (ummahât el-adhkâr) traditionnellement transmises (el- m’athûrah), ainsi que (wa kadhâ yakfî-h) la lecture du Coran et la prière sur le Prophète ﷺ.

Le très savant Sîdî`Abd ar-Rahmân Ibn Mustafâ al-`Aydarûs, qui résida en Égypte, a dit dans son commentaire de la Prière (çalât) de Sîdî Ahmad al Badawî, ainsi que son ouvrage intitulé « Le miroir des soleils concernant les vertus de la famille des `Aydarûs » (Mir`ât ach-chumûs fî manâqib âl al-`Ayadarûs) que les Maîtres spirituels éducateurs (el-Murabbiyyûn) disparaîtront à la fin des temps (ya’dimu fî âkhir ez-zamân), au point qu’il arrivera (wa yaçîr) que ne fera plus parvenir à Allah – Exalté soit-Il – que la prière sur le Prophète ﷺ, en état de sommeil ou à l’état de veille ; et si tous les actes sont soit acceptés, soit rejetés [par Allah] à l’exception de la prière sur le Prophète  ﷺ c’est parce que celle-ci est toujours acceptée en l’honneur (ikraman lahu) du Prophète ﷺ 9 . Les savants sont unanimes sur ce point ».

Extrait 3 10

taqrib shadhili mursi

Le Cheikh Abu-l-Hassan Al-Châdhilî – qu’Allah soit Satisfait de lui – a dit : « J’ai vu l’Envoyé d’Allah et je lui ai demandé : « Ô Envoyé d’Allah quel est [le signe] de la conformité réelle (haqîqatu-l-mutâba’ah)11 ? » ; il dit : « La vision de celui auquel on se conforme (matbû’) auprès de toute chose et en toute chose, la vision désignant ici la contemplation ». Pour cette raison son disciple Abu-l-Abbas Al-Mursî – qu’Allah soit Satisfait de lui – disait : « Si j’avais été voilé à l’égard de l’Envoyé d’Allah le temps d’un battement de paupière, je ne me serais pas compté au nombre des musulmans »12 ; on rapporte également la même parole de son cheikh, le Cheikh Abu-l-Hassan – qu’Allah soit Satisfait de lui.

Le Cheikh Abu-l-‘Abbas – qu’Allah soit Satisfait de lui – a déclaré : « Il se peut qu’Allah attire (yujdhab) à Lui le serviteur sans qu’il lui fasse ensuite don (minnah) d’un enseignant [corporellement vivant], il se peut alors qu’il le réunisse 13 avec l’Envoyé d’Allah ﷺ et qu’il reçoive 14 ainsi de lui [son enseignement spirituel], se suffisant de ce don (minnah)15 car il est ﷺ l’intermédiaire (Wâsitah16 [transmetteur] de l’Effusion universelle (fî-l-faydh al-amîm) pour celui qui a un cheikh et pour celui qui n’a pas de cheikh 17 ; quant à son Effusion ﷺ, [elle émane] de son Seigneur (Seyyidi-hi) et de son Créateur (Khâliqi-hi) – Glorifié et Exalté soit-Il – « et à Allah reviennent (tu’ja’) toutes les actions (umûr) » 18 ; « et à Lui revient (yu’ja’) l’action (amr) toute entière » 19 ; « A ton Seigneur appartient le retour (ruj’â20 ; « Mais, vers ton Seigneur est le « point de retour » 21 (muntahâ) », car Il est – Glorifié et Exalté soit-Il – le Protecteur (Walî) de tous et leur Seigneur, et tous sont Ses serviteurs (‘abîdu-Hu) et Son élite (açfiyya’u-Hu). Si le serviteur s’éteint (yafnâ) dans la station de la contemplation d’Allah (chuhûd li-Llah) – Exalté soit-Il – il ne verra alors rien sauf Allah – Exalté soit-Il, absent [quant à la présence] de l’intermédiaire, cependant la station de la persistance (baqâ’) est supérieure et elle consiste en la reconnaissance 22 des intermédiaires (ithbât al-waçâ’it) tout en ayant la conviction (i’tiqâd) que les actions (umûr) des intermédiaires prennent leur fondement en Allah (qâ’imatu bi-Llah) – Exalté soit-Il. Celui-ci est leur Maître qui les manifeste (ajlâ-hum) à leurs places (madhhâri-him). Quant au plus immense intermédiaire, le lien (râbitah) le plus parfait23 , il s’agit du seigneur des derniers et des premiers, notre seigneur Mohammed ﷺ. Le soutien spirituel de la lieutenance24 provient de sa lumière (madad al-khilâfah min nûri-hî) ﷺ25 , ce qui découle de Sa parole : « Nous ne t’avons envoyé que comme miséricorde pour les mondes »26 .

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Mufti-Ahmad-Ibn-Zayn-Id-Dahlan-Al-Makki--Hijaz-2

Ahmed Zaynî Dahlân al-Makki ach-Chafi’i – Qu’Allah soit Satisfait de lui et de ses Maîtres

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ARTICLE THÉMATIQUE correspondant

LA PRIÈRE SUR LE PROPHÈTE ﷺ COMME MOYEN DE SULÛK en cas de raréfaction de Maître éducateur (Cheikh tarbiyah)

V3 – 9 juillet 2015

 

  1. Commentaire de la 56ème prière. []
  2. Les deux derniers paragraphes sont repris par l’Imâm Al-Nabbahânî à la fin de son ouvrage intitulé La félicité des deux demeures sur la prière sur le Seigneur des deux mondes (Sa’âdatu-d-darayn fi-ç-çalât ‘alâ Seyyidi-l-kawnayn), ainsi que par son contemporain El Hadji Malick Sy (1815 – 1922) dans sa Réduction au silence du dénégateur (Ifhâm al-Munkir al-Jânî) (traduit par R. Mbacke au éditions Albouraq) que nous avons déjà évoqué sur Le Porteur de Savoir. []
  3. Une des particularités du Taqrîb est d’opérer la synthèse entre l’enseignement véhiculée par la Châdhiliyyah et celui de la Bâ’alawiyyah, qui se présente comme une adaptation de l’enseignement de l’Imam Ghazzâlî. Sur les particularités respectives des méthodes chadhilie et ghazzalienne, cf. la idah 57 des Qawâ’id et-Taçawwuf de l’Imam Zarruq. []
  4. Cf. les références suivantes : Quatre modalités de l’éducation spirituelle (tarbiyyah) -*- Données biographiques sur le Cheikh Mohammed Abû-l-Mawâhib le châdhilî -*- Donner le bénéfice de sa prière au Prophète ﷺ -*- Le minimum de la multiplication de la prière sur le Prophète ﷺ -*- La « Prière complète » (al-Tammah). []
  5. Traduction Mohammed Abd es-Salâm. []
  6. Traduction collective, version finale et notes par Maurice Le Baot. []
  7. Le Cheikh Ibrâhîm al-Khalîl disait : «  Le murîd qui n’a pas d’oraison régulière (wird) est un démon rebelle (marîd). []
  8. Litt. : est absent. Cf. à ce propos « La guidée de mon Seigneur en cas d’absence de maître éducateur » (Hidâyatu Rabbî ‘inda faqd el-murabbî). []
  9. Le texte de ce passage, reproduit à l’identique dans l’ensemble des éditions à notre disposition, paraît fautif ; la traduction proposée est donc une extrapolation en accord avec les données générales sur la  la prière sur le Prophète ﷺ et en attente de trouver une meilleure solution in châ Allah ! Le professeur R. Mbacke propose la traduction suivante en se basant sur la lecture anna au lieu de inna en début de paragraphe : « Toute pratique comporte des aspects qu’on admet et qu’on rejette, sauf la prière sur le Prophète ﷺ. Cette prière est toujours acceptée parce qu’étant tout à l’honneur du Prophète ﷺ. []
  10. Traduction par Maurice Le Baot []
  11. La mutâba’ah signifie littéralement le fait de suivre, de prendre pour exemple. []
  12. Dans une autre version de cette parole, le Cheikh déclare ne pas avoir été voilé à l’égard du Prophète ﷺ pendant quarante ans. []
  13. Litt : qu’il réunisse les composantes [de son être]. []
  14. Litt. : prenne. []
  15. Le début de ce propos est reproduit mot pour mot dans les Latâ’if al-Minân d’Ibn ‘Atâ-Allah en conclusion d’un propos du cheikh Al-Mursî qui n’est pas sans rapport avec notre sujet : « Notre voie (tarîqatinâ) ne se rattache ni aux Orientaux ni aux Occidentaux, mais remonte en ligne droite à Hasan, fils de ‘Alî Ibn Abî Tâlib, qui fut le premier des Pôles. En effet, la détermination de la succession des cheikhs ne s’impose qu’aux voies fondées sur la modalité de la khirqa, car celle-ci fonctionne par la transmission (riwâyah) ; or dans toute transmission doivent être précisés les hommes qui composent la chaîne initiatique. Celle-ci constitue une guidée (hidâyah) [propre] et il se peut qu’Allah attire (yujdhab) à Lui le serviteur sans qu’il lui fasse ensuite don (minnah) d’un enseignant [corporellement vivant], il se peut alors qu’il le réunisse avec l’Envoyé d’Allah ﷺ et qu’il reçoive ainsi de lui [son enseignement spirituel], se suffisant de cela. » (Trad. E. Geoffroy modifiée par nous.). On soulignera la mention dans ce contexte du terme hidâyah qui peut être rapproché d’une de ses occurrences coraniques où il est question justement des « chemins de la guidée » . []
  16. Ou le « Médiateur ». []
  17. On voit une nouvelle fois que la célèbre sentence « « celui qui n’a pas de cheikh a le diable pour cheikh » est loin de revêtir un caractère absolu. []
  18. Al-baqarah : 210 []
  19. Hûd : 123 []
  20. Al-Alaq : 8 []
  21. Ou « la limite ». []
  22. Litt : l’affirmation. []
  23. Le terme de râbitah renvoie ici à la pratique bien connue d’établissement d’un lien spirituel avec le Prophète ﷺ et les maitres de la Voie ; dans le cas de ces derniers, on l’a vu plus haut, il ne s’agit pas seulement de représentation imaginale mais bien d’une présence effective. []
  24. Ce terme renvoie habituellement, dans les écrits du taçawwuf, à la fonction du cheikh murchîd lorsqu’elle est rapportée au domaine sulûk ou à celle Pôle pour celui du taçarruf. Exotériquement, il s’agit de la lieutenance politique, en particulier celles des quatre califes bien guidés (qui furent aussi les pôles ésotériques de la tradition et les premiers maîtres spirituels de l’islam après le Prophète ﷺ). Le contexte suggère donc de retenir ici la première signification. Cf. aussi infra note suivante. []
  25. Michel Vâlsan note, dans son article sur le cheikh Al-Alawî : « La doctrine d’Ibn Arabî explique les choses ainsi : le Prophète Muhammad, ou sa lumière, fut la première création divine ; de sa lumière furent tirées les lumières des autres prophètes qui sont venus successivement dans le monde humain comme ses lieutenants – ; lui-même est venu corporellement a la fin du  cycle de la manifestation prophétique, et c’est ainsi du reste que les lois de ses lieutenants se trouvent alors « abrogées » et remplacées par la sienne qui les contient toutes en puissance, dès l’origine, et qui, quand elle les retrouve en acte sur le plan historique, les confirme ou non, selon le régime providentiellement assigné a la dernière partie des temps traditionnels ». Dans ce cas la Khilâfah se rapporte donc aux Prophètes anté-islamiques, dont les entités exercent un certain rôle dans le domaine du sulûk. En effet, comme l’indique ensuite le même auteur : « de toute façon, indépendamment de la présence actuelle, dans le monde, des lois formulées par les révélateurs antérieurs, les entités spirituelles de ceux-ci figurent comme des réalités inhérentes, constitutives de la forme muhammadienne elle-même et comme fonctions présentes dans l’économie initiatique de l’Islam. C’est en raison de cela que les hommes spirituels du Tasawwuf vivent et se développent initiatiquement, et cela sans aucun choix délibéré de leur part, selon tel ou tel type spirituel qui leur correspond de façon naturelle, soit d’une façon générale soit dans l’une des phases de leur carrière ; ils n’en réalisent bien entendu les possibilités que pour autant que celles-ci se trouvent en eux-mêmes. Certains peuvent ainsi avoir à passer successivement sous le régime initiatique de plusieurs de ces entités prophétiques particulières inscrites dans la sphère totalisatrice muhammadienne ». Une édition libanaise récente (Kitâb Nâchirûn) porte, au lieu de la taçliyah de l’édition originale, la mention « ‘Azza wa jall » – Exalté et Magnifié soit-Il réservée traditionnellement à Allah. Si l’on retient cette leçon – fautive à notre avis car moins cohérente doctrinalement – la khilâfah envisagée serait plutôt celle d’Allah sur Terre, octroyée en premier lieu par Ce dernier à Adam, le père du genre humain. Notons toutefois qu’on ne peut séparer tout à fait la lumière prophétique de celle d’Allah – Exalté soit-Il – ni la khilâfah d’Allah de celle de Son messager ﷺ. []
  26. Al-Anbiyâ’ : 107. Dans cette perspective, on se rappellera de l’anecdote reproduite dans la Durratu-l-Asrâr relative aux « deux miséricordes ». []

par le 13 décembre 2013, mis à jour le 19 octobre 2015

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