La rupture du pacte initiatique – M.A.S.

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Il est étonnant, sous un certain rapport, de constater que le récit coranique qui est la principale base scripturaire ayant servi à établir les règles entre Maître et disciple, s’achève par la rupture de la relation initiatique ; et l’on trouvera certainement chez les plus grands Maîtres de le Voie une interprétation de cette réalité.

Quoi qu’il en soit, on ne peut évoquer ce qui concerne l’établissement de la relation initiatique sans évoquer ce qui la rompt de la même manière que l’on ne peut envisager ce qui la rompt sans envisager ce qui la rétablit 1. C’est pourquoi, avant d’envisager in châ Allah ce dernier aspect (tajdîd el-‘ahd), nous nous proposons d’ouvrir ici un second volet, après avoir abordé de multiples fois le fond du premier, espérant ainsi répondre plus ou moins directement aux différentes demandes qui nous sont formulées à ce propos et proposer des éléments de réflexion à ceux et celles qui, plus ou moins isolés de fait, s’interrogent à ce propos ou ont à faire parfois face à des situations dont ils ignorent les tenants et les aboutissants.

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En préambule à des considérations générales qui n’auront évidemment rien d’exhaustif et qui pourront être éventuellement complétées, rappelons qu’il y a lieu, conformément au verset du pacte, de distinguer deux aspects, ou plus exactement deux niveaux de rattachement, l’aspect humain ou personnel et l’aspect supra-humain ou impersonnel. Nous n’aborderons ici que le premier, c’est-à-dire ce qui concerne les relations qui s’établissent entre le murîd, devenu disciple, et son Maître en Allah subhâna-Hu wa ta’âlâ.

Par ailleurs, on doit aussi faire une nette distinction, s’agissant d’une relation bipartite, entre ce qui revient au disciple et ce qui revient au Maître, ainsi que dans ce qui concerne l’établissement du pacte initiatique précédemment établi ; la rupture de celui-ci peut, en effet, provenir de l’un comme de l’autre.

Précisons, enfin, que nous n’envisagerons ici principalement que des aspects réguliers de cette question, c’est-à-dire les situations de rupture qui sont clairement justifiées et habituellement considérées comme telles.

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14 sept. 2014 – V2

Extrait des Lawâqîh de l’Imâm Charânî

114 – Il ne se rend pas la chose facile après la séparation d’avec son Cheikh car notre Maître Mohammed Wafâ -qu’Allah l’agrée- a dit : « Tout disciple qui se sépare de son Instructeur sans en être affecté, ni le désirer, ni s’empresser de chercher à s’apaiser à son sujet, Allah le déteste et le trompe. »

Comme on l’a rappelé précédemment le Cheikh est la projection extérieure du Cheikh intérieur qui est sa Réalité essentielle (Haqîqatu-h). La séparation extérieure, si elle a lieu, doit donc s’accompagner d’une déchirure intérieure si le lien est effectif et sincère, c’est-à-dire exempt de duplicité. Cf. à ce sujet René Guénon, Aperçus sur l’Initiation et La Grande Triade.

Il disait : « Lorsque ton lien au Cheikh est de bonne qualité les effets des soutiens spirituels en toi sont plus nombreux que les effets de tes incantations et l’ensemble de tes œuvres. »

Il disait : « Conserve tout ce que tu as entendu de ton Cheikh, même si tu ne l’as pas compris au moment où tu l’as entendu, car le calame du cœur de ton Cheikh a peut être pu écrire dans ton cœur quelque chose que tu ne comprends pas actuellement, afin que tu le comprennes dans le futur. Veille à le conserver jusqu’à ce que vienne son heure. »

Il disait : « Les cœurs des disciples sont sous l’ombre du cœur des Maîtres et celui qui n’est pas dans l’ombre du cœur d’un Cheikh est dans la misère. »

(A suivre, in châ Allah)

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  1. C’est du moins ce que l’on peut habituellement constater dans la littérature à ce sujet []

par le 5 juillet 2014, mis à jour le 20 juillet 2016

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