« Le murîd est plus savant concernant son âme que tout autre que lui parmi les créatures » – Cheikh Mâdî Abû-l-‘Azâ’im
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Le murîd est plus savant concernant son âme (bi-nafsi-hi) que tout autre que lui parmi les créatures ; il est lui-même l’enseignant (ustâdh), le guide (murchîd) de celle-ci dans la plupart de ses états (ahwâli-hâ).
L’imam Abû-l-‘Azâ’im
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Cette parole du Cheikh Mohammed Mâdî Abû-l-‘Azâ’im souligne le caractère central, sous tous rapports, du murîd dans le sulûk. A l’inverse, le Cheikh murchîd, même réalisé, apparait comme relativement « mis en retrait ». On trouvera certains échos à ce point de vue chez d’autres maîtres contemporains tels le Cheikh Mohammed Zakî Al-Dîn – qui considère par exemple que le rôle du cheikh murchîd est celui d’un « indicateur seulement » – ou encore dans l’oeuvre de René Guénon-Cheikh Abd el-Wâhid.
Dans cette perspective, il revient prioritairement au murîd de scruter l’évolution de ses propres « états d’âme » tout en pratiquant notamment – lorsque cela est possible – la « demande de conseil » (istichârah, naçîhah…), auprès de son maître ou de ses frères, afin de discriminer ce qui, d’entre ces états, doit être conservé et renforcé, rectifié ou bien rejeté.
De plus, si l’on considère que « tout «évènement» (au sens large de ce qui survient à l’être, intérieurement ou extérieurement) le concerne au premier chef et est ainsi susceptible de le renvoyer à lui-même » , cette parole invite le murîd à la recherche et à l’obtention de la science utile (‘ilm nâfi’) en toute chose et dans toutes les modalités possibles 1 .
On peut voir également dans la parole de l’imam Abû-l-‘Azâ’im une allusion au maître intérieur (cheikh haqîqî), qui est toujours présent en l’être, et dont le maître extérieur n’est qu’un reflet ou un prolongement.
W’Allahu a’lam
M.L.B.
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Prolonger la lecture sur ce thème :
Autour de René Guénon
Aperçus sur le Maître spirituel « vivant » selon l’œuvre de René Guénon – M.L.B.
Rappels sur la dégénérescence et les adaptations cycliques – M.L.B.
« Guru et upaguru » de René Guénon – Commentaire
Dans la Tarîqah Mohammediyyah Châdhiliyyah
Trois modalités principales d’enseignement personnel – M.A.S.
Une condition au rattachement donnée par Cheikh Zakî ed-Dîn
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ARTICLE THÉMATIQUE correspondant
MAITRE SPIRITUEL ET ENSEIGNEMENT
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- Sur ce dernier point, cf. notamment la parole du même auteur sur l’obtention de la science et notre commentaire. [↩]
par Maurice Le Baot le 15 octobre 2015, mis à jour le 16 octobre 2015
Mots clés : Mohammed Mâdî Abû-l-‘Azâ’im al-Châdhilî