3 – Si les formes de dhikr pratiquées dans les turûq doivent faire l’objet d’un idhn pour être pratiquées valablement et sans risque, qu’elles sont les formes de dhikr que l’on peut pratiquer sans être rattaché à une Tarîqah et sans idhn ?

Réponse de Mohammed Abd es-Salâm

V1 – 2009

Allah Ta’âlâ parle dans Son Coran, de « ceux qui pratiquent beaucoup le dhikr d’Allah et celles qui le pratiquent », verset qui ne s’adresse pas uniquement à ceux et celles qui sont dans une tarîqah, mais à l’ensemble des musulmans et des musulmanes.

Les Maîtres comparent souvent le cheikh murshid au médecin qui soigne son malade en lui prescrivant tel ou tel remède selon une posologie précise. Il apparaît donc nécessaire de distinguer l’usage de l’ensemble des musulmans et l’usage de ceux qui, parmi eux, sont rattachés à une tarîqah, car l’usage d’une substance, en tant que médicament, n’est délicat que si elle est dotée d’une efficacité particulière. Or, à quoi serviraient donc les awrâd utilisés dans le Taçawwuf s’ils n’étaient pas dotés d’une efficacité particulière, celle qu’ils acquièrent précisément par la transmission de l’influence spirituelle lors du rattachement ? En dehors de cela les formules de ces awrâd ont l’efficacité qu’elles ont pour l’ensemble des musulmans et musulmanes « qui pratiquent beaucoup le dhikr d’Allah », selon le verset cité, et les paroles du Prophète (.) qui montrent l’intérêt général de faire le dhikr.

S’il est vrai que l’usage du tahlîl (le fait de dire lâ ilaha illa Allâh) est non seulement universellement possible, mais recommandé, pour tout musulman, d’autres pratiques plus spécifiques, bien qu’elles soient aussi qualifiées du terme de dhikr d’Allah, sont aussi généralement conseillées, comme, par exemple, l’istighfâr (demande de pardon) et la prière sur le Prophète, tout particulièrement à l’époque dans laquelle nous sommes ; ces dernières formules peuvent d’ailleurs être données par certains Maîtres, comme dhikr personnel, à telle ou telle étape de la Voie.

Il nous semble qu’il est important de chercher à comprendre, avant toute pratique, quels sont le but et le fondement du Taçawwuf, quelles sont ses origines dans le Coran et la Sunnah, quelles sont les règles générales de son « fonctionnement », avant se lancer « à corps perdu » dans n’importe quelle pratique, sans comprendre.

La prudence, voire la méfiance (comme l’évoquait René Guénon), semblent donc être d’actualité, dans ce domaine comme dans d’autres.

par le 11 septembre 2010, mis à jour le 15 août 2013

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