L’infaillibilité : ce qui revient au Cheikh et ce qui revient au murîd

L’essentiel du présent article est extrait de l’article total Le cheikh pécheur et le murid sincère

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Contrairement à une idée reçue et à ce que certains comportements laissent penser à ce propos, l’infaillibilité absolue (al-‘içmah) n’est pas requise pour qu’un Cheikh puisse exercer valablement ses fonctions ni pour qu’un disciple puisse bénéficier de son Cheikh, même lorsque celui-ci est un initié effectif, c’est-à-dire qu’il a effectué une certaine réalisation spirituelle, et qu’il commet un péché. Il est en effet reconnu que le walî peut commettre des fautes mineures.

Il est exigible du Cheikh, en tant que tel, qu’il soit au minimum régulièrement détenteur d’un idhn personnel lui permettant d’exercer ses fonctions dans le respect des lois exotériques et des règles du Taçawwuf.

Quant au murîd et à ce qui le concerne, c’est la sincérité de son orientation vers Allah et le respect des dispositions traditionnelles générales et propres à sa relation avec son Cheikh qui sont les conditions principales du succès de son travail initiatique actif. 1

Certaines conjectures (dhann) étant des péchés (selon le verset bien connu), l’ihsân (c’est-à-dire la Voie) consiste ainsi, pour chacun, à rechercher la « science utile » qui le concerne et à mettre en application celle-ci à la mesure de ses moyens et de sa condition (« Fait partie de l’excellence de l’islam de l’homme qu’il laisse ce qui ne le concerne pas», « N’est pas croyant celui d’entre vous avant qu’il n’aime pour son frère ce qu’il aime pour lui-même »). On peut, d’ailleurs, aller bien plus loin en ce sens, c’est-à-dire dans le sens de chercher ce qui est vraiment utile pour la progression du murîd, pour dire que la constatation du défaut chez son Cheikh, ou même chez n’importe qui, ne répond pas à ce critère, même si le défaut constaté est bien réel et quelle que soit son importance : les victoires de la plus grande guerre sainte (el-jihâd el-akbar) ne se mènent pas à l’extérieur et ne se remportent pas sur autrui mais sur soi-même. C’est pourquoi, sous ce même rapport, on pourra enfin réfléchir à l’intérêt ou l’utilité qu’un murîd l’emporte, à tort ou à raison, dans une discussion ou dans un échange avec son Cheikh par rapport à l’intérêt et l’utilité qu’il y a, pour n’importe quel murîd 2 , à progresser effectivement dans son sulûk, par exemple dans une discussion ou un échange d’idées avec son Cheikh ou avec n’importe qui d’autre, même si c’est lui qui ne l’emporte pas et même s’il a raison.

w-Allah a’lam

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Article connexe

« Quand l’aspiration du murîd est supérieure à la connaissance du cheikh » – Cheikh Mâ al-‘Aynayn

Le cheikh pécheur et le murid sincère

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par le 1 mars 2015, mis à jour le 22 juin 2015

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