Oraisons principales de la Tarîqah Mohammediyah Chadhiliyah

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Ces données sont principalement extraites du livre de Cheikh Mohammed Zakî ed-Dîn Ibrâhîm El-Beyt el-Mohammedî1. Elles rendent compte de manière parfois résumée des principaux awrâd de la Tarîqah dans le but de faire comprendre en quoi ils consistent et quelles sont leurs caractéristiques.

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*On distingue trois sortes d’oraisons :

  1. le wird journalier (el-wird el-yawmî el-mu’akkad)
  2. les awrâd surérogatoires (awrâd et-tatawwu‘)
  3. le wird du coeur (wird el-qalbî)

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1- Le wird journalier

a – Le frère commence par le repentir (tawbah) concernant ce qui lui est arrivé comme péchés volontaires ou involontaires ou comme défauts extérieurs et intérieurs ; il est préférable que cela ait lieu avant le sommeil. Il récite ensuite la fâtihah avec l’intention de rechercher le bien général (al-khair al-jâmi’) pour lui-même puis pour sa famille, ses Maîtres, ses frères et les musulmans.

Après cela il fait la demande de pardon (istighfâr) à Allah ta‘âlâ, selon n’importe quelle formule régulière (bi ayyi sîghâtin shar’iyah) correspondant à sa sensibilité spirituelle, le meilleur étant de choisir la demande de pardon pratiquée à la fin de la prière.

     أستغفر الله العظيم الذي لا إله إلا هو الحي القيوم وأتوب إليه      

Je demande pardon à Allah l’Immense, pas de divinité si ce n’est Lui, le Vivant, le Subsistant par Lui-même et je me repends en Lui

b – On prie sur le Prophète ﷺ avec n’importe quelle formule régulière correspondant à sa sensibilité spirituelle, la meilleure étant la prière pratiquée à la fin du tachahhud.

اللَّهُمَّ صَلِّ عَلـى سَيِّدِنَا مُحَمَّدٍ وعَلَى آلِ سَيِّدِنَا مُحَمَّدٍ كَمَا صَلَّيْتَ عَلَـى سَيِّدِنَا إِبْرَاهِيم وعَلَى آلِ سَيِّدِنَا إِبْرَاهِيم وبَارِكْ عَلَى سَيِّدِنَا مُحَمَّدٍ وعَلَى آلِ سَيِّدِنَا مُحَمَّدٍ كَمَا بَارَكْتَ عَلَى سَيِّدِنَا إِبْرَاهِيمَ وعَلَى آلِ سَيِّدِنَا إِبْرَاهِيمَ فِي العَالَمِينَ إِنَّكَ حَميدٌ مَجيدٌ

Allahumma prie sur notre seigneur Mohammed et la Famille de notre seigneur Mohammed, comme Tu as prié sur notre seigneur Ibrâhîm et sur la Famille de notre seigneur Ibrâhîm ; et bénis notre seigneur Mohammed et la Famille de notre seigneur Mohammed comme Tu as béni notre seigneur Ibrâhîm et la Famille de notre seigneur Ibrâhîm. Dans les mondes, en vérité Tu es Loué et Magnifié.

c – Puis on dit « il n’y a pas de divinité sauf Allah », le meilleur étant la formule complète qui est : «Il n’y a de divinité qu’Allah Seul (wahda-Hu) sans associé (lâ charîkah la-Hu) à Lui la Royauté (la-Hu-l-Mulk) et à Lui la Louange (wa la-Hu-l-Hamd), Il fait vivre (Yuhyi) et Il fait mourir (wa Yumît), et il est Vivant qui ne meurt pas (wa Huwa Hayyun lâ Yamût), en Sa main est le Bien (bi-yadi-Hi-l-khayr) et il est sur toute chose Puissant (wa Huwa ‘alâ kulli chay-in Qadîr)». On appelle cette formule le «tahlîl» majeur ou la «haylalah» majeure.

لا إله إلا الله وحده لا شريك له ، له الملك وله الحمد ، يحيي ويميت ، وهو حي لا يموت ، بيده الخير وهو على كل شيء قدير

 Pas de divinité si ce n’est Allah, Unique, sans associé. A Lui le Royaume et à Lui la louange. Il fait vivre et fait mourir alors qu’Il est Vivant et qu’Il ne meurt pas. En Sa Main est le Bien et Il est Puissant sur toute chose.

d –  Puis on fait des demandes à Allâh comme on veut, en bien, pour soi, sa famille, ses Maîtres et ses frères, et on intercède en Allâh pour demander l’acceptation (du rite), la satisfaction (divine), l’accomplissement des besoins par la barakah de ses Maîtres jusqu’au Prophète ﷺ et par la fâtihah.

On essaiera de ne jamais délaisser ce wird.

2. Nombre journalier et temps d’exécution

Quant à la demande de pardon (istighfâr), à la prière sur le Prophète ﷺ et au tahlîl journalier, cela diffère selon la situation de chacun, sa capacité, ses possibilités et ses obligations, [selon l’adage] : «celui qui pratique une œuvre d’adoration est responsable de son état». Chaque murîd, selon sa situation et ses obligations, commencera à pratiquer chaque formule de 100 ou à 33 ou à 10 fois au minimum et c’est à lui qu’il revient de faire davantage selon ce qu’Allah voudra, particulièrement dans le tahlîl car le bien n’a pas de limite.

Le wird est pratiqué le matin, avant de sortir au travail ou sur le chemin qui mène au travail, ainsi que le soir, le meilleur étant avant de dormir. Si cela n’est pas possible, on l’accomplira une fois seulement le matin ou le soir, selon ses moyens, mais sans l’abandonner jamais.

3 – La forme complète du wird

En ce qui concerne la manière de pratiquer le wird, on veillera à une prononciation exacte, avec un adab correct, à une [réelle] concentration mentale (istihdhâr dhihnî), en étant attentif à la signification noble (des formules) et en s’y adonnant complètement avec la pureté du corps et de l’endroit, orienté dans la qiblah et en se parfumant.

De plus, on accomplit le wird dans n’importe quelle position, que ce soit debout, assis, en marchant (…), en khalwah ou en jalwah, selon sa capacité et ses moyens, en le répétant matin et soir, comme dit précédemment, car il est le médecin de son cœur et le garant dépositaire (amîn) de ce qui est entre lui et Allâh ; il [le murîd] ne descendra pas d’une certaine manière de faire vers une autre qui lui serait inférieure, ni d’un nombre vers un nombre inférieur, à moins que ce soit pour une cause réelle, de telle sorte que cela tranquillise son cœur entre lui et Allâh.

Le plus parfait est d’attribuer au wird un temps, le soir étant préférable, et de lui attribuer un endroit, la maison étant préférable.

Quant à l’orientation dans la qiblah, le fait de s’habiller en blanc, de se parfumer de bonne manière, de commencer par une prière de tawbah de deux rak’ât, de finir par une prière de demande de besoin de deux raka’ât et d’augmenter la quantité de dhikr (…), tout cela constitue des bienfaits à rechercher et des perfections pour lesquelles on a le choix (…), le fait de s’y tenir étant préférable et plus pur.

On veillera à réaliser cette forme complète ne serait-ce qu’une fois à chaque occasion religieuse majeure (mawsam).

4. L’établissement du lien spirituel (ar-râbitah er-rûhiyyah)

Tu veilleras à vider ton âme de toute occupation avant de débuter le wird ou le dhikr et à rechercher la présence de l’esprit de seyyidinâ el-Mostafâ ﷺ par une représentation formelle dans le cœur, comme une lumière qui est sur ta droite et jusqu’à devant, à l’exception d’un peu. De même pour l’esprit de ton Cheikh, sur ta gauche jusqu’à devant toi, à l’exception d’un peu, ainsi que les esprits des grands Maîtres de la Tarîqah tout autour de toi, de telle sorte que, dans cette situation spirituelle immense, tu sois en face d’Allah, établi entre Ses Mains, sans qu’il y ait entre toi et Lui de voile, ni quelqu’un qui te voile. Tu commenceras à L’adorer «comme si tu Le voyais» jusqu’à ce que tu t’éteignes en Lui (cf. Hadith), et que tu ne voies, n’entendes et ne ressentes que par Allah ta-’alâ. Ceci constitue, chez nous, un des points les plus importants du wird.

La figuration formelle de ce cercle spirituel est appelée «lien spirituel». Tu pourras l’établir à chaque fois que tu éprouveras une peur ou un resserrement (…), à chaque fois que tu t’apprêteras d’obtenir quelque chose de quelqu’un, particulièrement chez ceux qui détiennent le pouvoir «de lier et de délier» (ahl al-hill wa al- ‘uqd), lorsque arrivent les contraintes et ce genre de choses. Son utilité est vérifiée, par la permission d’Allah.

En se figurant abondamment le lien spirituel intérieur on trouvera une sorte de proximité (…) avec l’esprit de notre seigneur l’Envoyé d’Allah et les esprits de tes Maîtres et, après cela, la grande ouverture spirituelle (al-fath al-kabîr).

5. Les awrâd volontaires bénévoles (tatawu’)

Les awrâd supplémentaires sont nombreux. Ils réunissent des utilités et des soutiens spirituels qu’on ne peut dénombrer ; nous mentionnerons ce qui suit.

  1. La récitation constante (…), réduite ou importante, du Coran jusqu’à sa fin puis en reprenant dès le début et ainsi de suite, tout en essayant autant que possible de comprendre, de le méditer et de rechercher un soutien spirituel. Si tu ne peux pas faire cela pour une raison ou une autre, établis à la place du wird coranique la récitation de la sourate al-Ikhlâç selon n’importe quel nombre, à ton aise.
  2. Fait partie des awrâd tatawu’ la récitation constante de «Tabarak» après la prière du ‘ichâ’ et de «Yâ Sîn» entre le maghreb et le ‘ichâ’ (leur réunion étant possible), et «el-Wâqi’ah » après le çubh ; également si possible, la récitation de «‘Amma» ou de «ar-Rahmân» après le ‘asr et de «en-Najm» après le dhohr. Tout ceci avec le wird des versets mohammédiens (al-âyât al-mouhammedy) (cf. le recueil des Mohammadiyyât), tout en se tenant à la récitation des ahzâb des Muhammadiyyât et de Mafâtîh al-Qurb (« fî hadrati-Llah »), l’un après l’autre, régulièrement.
  3. La récitation de la sourate «ed-Dukhân» dans la nuit-veille du vendredi après «Tabârak» avec abondance de prières sur le Prophète ﷺ ainsi que la récitation d’ «al-Kahf» avant la mi-journée du vendredi avec abondance de prières sur le Prophète ﷺ (…).
  4. Finir le jour du vendredi par la haylalah ou le tahlîl, c’est-à-dire lâ ilâha ill-Allâh pendant environ une heure avant le maghreb. Tant que l’on peut faire la haylalah en commun, c’est préférable : on commence par la demande de pardon journalière (note trad. : celle du wird) puis par la prière sur le Prophète ﷺ puis la haylalah. On termine ainsi la semaine écoulée par un bien (qui compense ses manques ?) en débutant la semaine à venir par un bien qui satisfait son Seigneur.
  5. Parmi les awrâd importants il y a le fait de terminer la prière obligatoire du fajr et du maghreb après la demande de pardon connue avec [la formule du tahlîl al-akbar ou haylalah al-kubrâ, voir ci-dessus] 10 fois et « Allâhumma, épargne-nous du Feu » 7 fois puis avec les demandes du matin et du soir dont le Khitâm de la Khalwatyya (al-kabîr) ou la Wadhîfah zarrouqyyah shadhilite. Font également partie des awrâd volontaires : la pratique assidue des demandes prophétiques connus correspondant aux différentes situations journalières ; parmi les awrâd les plus importants il y a la récitation des sept ou des treize Noms selon le choix qu’en a fait le cheikh pour le murîd.
  6. La pratique assidue du dikhr des Noms excellents, chaque jour avec un nom unique, rattaché au wird journalier, par n’importe quel nombre, jusqu’à terminer leur récitation pour la recommencer à nouveau, et ainsi de suite. On insistera sur le fait que cela se fasse en Rajab, Cha’ban et Ramadân, jusqu’au milieu de Chawwâl de telle sorte que l’on puisse faire le dhikr des 99 Noms au cours des jours les plus bénis de l’année (…). Si cela n’est pas possible, on partagera les Noms pendant les jours de Ramadân, à raison de trois Noms par jour et le restant au début des jours de Chawwâl. Cette méthode des Asmâ’ al-husnâ fait partie de nos particularités.
  7. Organiser une pratique d’adoration après avoir fini les cinq prières en utilisant autant que possible les ahzâb de l’imam Châdhulî, particulièrement Hizbu-l-Barr, Hizbu-l-Bahr, Hizbu-n-Nasr, Hizbu-ch-Chakwâ.
  8. Utiliser comme pratique d’adoration la Wadhîfah de l’imâm ibn Zarrûq dans laquelle il a rassemblé des ahâdith sahih du matin et du soir ; de même la pratique du Tawassul de l’imâm ibn Naçir Dur’î qui est un trésor (…) ; la pratique de la récitation de la prière d’ibn Bachîch dans sa version d’origine ou augmentée (mamzûjah) ; la «Hyacinte» (Yâqûtah) du Cheikh al-Fâsî ; la récitation des prières Dalâ’il al-khayrât et de la Burdah d’al-Busayrî ; la Prose versifiée (mandhoûmah) de Dirdîr, les Mussabi’ât d’el-Khidr, et les prières soufies diverses après avoir demandé l’autorisation du Cheikh – qu’Allah soit satisfait de lui.
  9. La récitation des awrâd des Mouhammediyyât et de «Dans la Présence d’Allah» (Mafâtîh el-qurb), les prières de demande (du’â), les ahzâb, les prières (…) qu’a écrites as-seyyid er-Râ’id de la ‘Achirah et le Cheikh de la Tarîqah – qu’Allah lui pardonne- : on les récitera hizb après hizb jusqu’à la fin du livre «Dans la Présence d’Allah» puis en recommençant et ainsi de suite. Nous y trouvons l’augmentation de notre croyance et une augmentation d’aide (…). Et nous nous suffisons par rapport aux autres.
  10. La prière des Tassâbîh au cours des nuits et des cérémonies religieuses bénies, individuellement ou en groupe ; de même, la prière de dohâ, les six raka’ât entre le maghreb et le ‘ichâ, la prière de nuit au point-du-jour (qiyâm bi-l-ashâr), les jeûnes des jours pieux (mabrûr) (…), la retraite spirituelle des dix derniers jours de ramadân, ou de certains, la pratique assidue des dix surérogatoires selon les occasions, telle que la prière de la demande de bien (istikhârah), du repentir (tawbah) et du besoin (hâjah), (cf. L’épitre sur les dix prières surérogatoires et les autres parutions de la Tarîqah et de la ‘Achîrah).
  11. Parmi les pratiques surérogatoires importantes il y a la visite des sépultures (machâhid) des Gens de la Maison prophétique (Ahlu-l-Bayt) et des Saints (Awliyâ’) d’Allâh particulièrement lors des cérémonies (…). A condition de débuter par la visite de la tombe de nos Maîtres ou, sinon, en finissant par eux (au minimum) car ils constituent nos portes vers Allâh, nous concernant en premier degré, puis vers le monde non-manifesté (‘âlamu-l-ghayb) de telle sorte que, si on les oublie, il n’y a pas d’arrivée, ni d’ouverture, ni d’acceptation. Celui qui rompt avec les siens, personne ne l’accepte en dehors d’eux et plus qu’eux encore il est dans un état de rupture. Celui qui délaisse son père, ses proches ne lui sont pas utiles.
  12. Parmi les pratiques surérogatoires importantes il y a l’usage assidu des prières de demandes prophétiques que l’on dit au moment d’entrer chez soi, de sortir, pour le sommeil, au moment de manger et de se déplacer… ; ce sont des portes d’ouvertures parmi les plus importantes.

 6. Le wird de seyyidna Sahl ibn al Tustarî

Parmi nos awrâd les plus importants chez nous, il y a, pour celui qui en a la possibilité, le wird de Sidi Sahl Al-Tustarî (qu’Allâh soit satisfait de lui). Le Cheikh al-Akbar Muhyi ed-Dîn Ibn ‘Arabî dit dans ses Futûhât : «Je suis rentré en khalwah avec le wird de Sahl et par lui j’ai obtenu une ouverture spirituelle en une seule nuit».

Le Cheikh al-Munâwî a dit, le rapportant de certaines autorités : «Celui qui s’y attache, aucun d’entre les êtres existenciés (mawjûdât) n’a de pouvoir sur lui», c’est-à-dire qu’il se voit accorder des charismes et des prodiges (al-karâmât wa-l-khawâriq) à la mesure de sa pureté (ikhlâç) et de sa sincérité (çidq). Il dit aussi : «C’est un wird d’une importance immense qu’ont expérimenté les Gens de Connaissance (Ahl al-‘irfân) et qui est un thériaque toujours salutaire.»

Nous disons personnellement qu’Allâh nous en a rendu la pratique propice et que nous avons obtenu de ce wird un secret spirituel seigneurial éternel (sirran rabbâniyyan khâlidan). Nous en avons obtenu la transmission du idhn extérieurement et intérieurement.

Il est fait de peu de mots mais contient de nombreux bienfaits. Peu de gens le mettent en pratique.

Modalité pratique (tarîqati-hi) : Il consiste, après avoir récité le « wird du sommeil » hérité du Prophète ﷺ (ma’thour) (…) et, alors que tu es dans ton lit, à fermer tes yeux et ta bouche puis à dire dans ton cœur, sans bouger la langue, onze fois le texte du wird qui est le suivant :

« Allâh est avec moi (ma’iya), Allâh me regarde (nâdhirun ilayya), Allâh est mon témoin (châhidî) et Celui dont je témoigne (machhûdî), Allâh témoigne sur moi (châhidun ‘alay)».

Tu t’endors ensuite sur cela, sans cesser de répéter ce wird dans ton cœur et avec la langue, après t’être réveillé, à chaque fois que l’occasion qui se présente.

Le terme « témoin » (châhidî), dans ce wird, a pour signification « mon protecteur et Celui qui me fait vaincre (walîyi wa naçîrî)» où le sens de machhûdî c’est-à-dire « Celui dont je ne vois pas d’équivalent dans l’Être car tout ce qu’il y a dans l’existence est de Lui et vers Lui, Le mentionne et L’indique et aime se tenir devant Lui », ou bien « Mon témoin qui témoigne de moi » et la réunion de ces significations est préférable.

26 déc. 2013 – V6

7. Le wird du coeur (wird el-qalbî)

Ce wird est l’un des awrâd les plus établis et les plus importants pour nous.

Son temps d’exécution : Au moment de s’endormir (‘inda-n-nawm), la nuit-veille du lundi ou du jeudi de chaque semaine (selon l’état de chaque frère) qui correspondent aux deux nuits de rencontre hebdomadaire avec le seyyid al-Râ’id2.

Cela est [valable] pour tout frère, en tout lieu de la terre d’Allah.

Sa modalité d’exécution : Lorsque tu vas à ton lit pour dormir (le mieux étant que tu sois en état du pureté rituelle et que tu t’endormes sur ton côté droit), tu récites le wird du sommeil3 et ensuite tu récites une fâtihah pour le Prophète , les Maîtres de la Voie (Achyâkh), les frères qui ont précédé dans la Voie et ceux qui viendront (as-sâbiqîn wa-l-lâhiqîn) ainsi que les Saints (Awliyâ’) d’Allah vivants et morts puis tu commences par méditer (tafakkar4 sur la Création des Cieux et de la terre, ce qui se trouve dans le monde sensible (mulk) et suprasensible (malakût) comme signes et comme lois (sunan).

Tu termines, ensuite, par ce qui concerne ton âme, méditant sur elle et sur les bienfaits d’Allah à son égard, tes manques vis-à-vis de Son droit (haqqi-Hi) sur toi, tes péchés et tes défauts jusqu’à ce que tu t’imagine la fin de ta vie […], ce qui est avant cela et après cela comme tristesses et comme calamités, que tu imagines l’agonie et les tourments de la mort, l’ablution mortuaire, le linceul, la portée [du corps], le cortège funèbre, l’enterrement puis les séparations, l’isolement et la solitude, l’interrogatoire et la réponse, le témoignage et la rétribution, la Grande épouvante et le Rassemblement universel5, jusqu’à ce que tu parviennes au terme de cette «chaîne spirituelle» (silsilah rûhiyyah) et que le cœur soit recueilli.

Repens-toi alors envers Allah, du plus profond de ton être, et demande pardon pour tes péchés, tes Maîtres, tes frères et les croyants puis prends la ferme décision d’acquitter le droit d’Allah l’Immense, de fournir l’effort (jihâd) [nécessaire] en cela et de te dépouiller de ce qu’Il n’agrée pas.

A ce moment là, relie ton cœur à celui de tes frères d’Orient et d’Occident, ceux que tu connais et ceux que tu ne connais pas et lie ton esprit avec l’ensemble de leurs esprits ; imagine que tu es avec eux dans un cercle (halqah) universel (jâmi’ah), spirituel (ruhiyyah) et « cardiaque » (qalbiyyah), devant le Prophète ﷺ avec le Maître et les Imâms (A’immah) de la Voie, tous dans la Présence de l’Intimité divine, Allah répandant sur vous la Lumière et l’Assistance spirituelle (madad).

Puis, lorsque ce lien (ribât) est établi (tamm, littéralement : « prend fin », « s’achève » …) invoque Allah par leur intermédiaire et celui de la Fâtihah afin qu’Il réalise pour toi et pour eux tout bien, qu’Il vous protège toi, et eux, de tout mal, qu’Il renforce votre assemblée, qu’Il propage votre appel (da’wah), qu’Il vous fasse réaliser vos objectifs et qu’Il fasse de vous les réceptacles de Son secret (sirr6 ) et de Sa bonté extérieure et intérieure, puis demande pardon, prie sur le Prophète ﷺ et dors.

Ce wird fait partie de nos plus immenses awrâd, aux effets et aux propriétés innombrables (shâmilah). Si tu ne peux pas le pratiquer toutes les semaines fasse que cela soit tous les mois et au minimum à chaque occasion traditionnelle particulière de l’année (mawsam).

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  1. Nous utilisons également El-mukhtarât min kitâb el-Marji’ et el-Minhaj, dont nous extrayons certaines formulations correspondantes et que nous référencerons respectivement MRJ’ et MNHJ []
  2. C’est-à-dire le Cheikh Mohammed Zakî Ibrâhîm – Ces nuits de rencontre, qui consistent respectivement en une assemblée d’invocation collective (majâlis edh-dhikr) et une de science (dars), ont été établies par le Cheikh lui-même et perdurent jusqu’à aujourd’hui dans la Zawiyah-mère de Qaytbay au Caire. Le Cheikh donnait de plus un dars le vendredi après-midi après la prière collective. La présence des membres de la Tarîqah ces réunions, pour ceux qui le peuvent, est très fortement recommandée. []
  3. Il s’agit d’un ensemble d’invocations coraniques et prophétiques que l’on récite en guise de protection avant de dormir. []
  4. La méditation (fikr ou tafakkur) en Islam comporte des règles techniques assez précises sur lesquelles le présent wird est fondé. A ce propos, on consultera avec profit le chapitre de l’Ihyâ de l’Imam Ghazzalî consacré à ce sujet (« Le livre de la méditation », éd. Al-Bouraq 2001, traduction d’Hassan Boutaleb) []
  5. Il s’agit de toutes les étapes post mortem traditionnellement établies par la tradition islamique, cf. notamment « La Perle précieuse (Al-Durra al-fâkhira), de l’Imam Ghazâlî (trad. de Lucien Gauthier, Alif, Lyon, 1995) et « De la mort à la résurrection » – traduction des chap. 61 à 65 des Futûhât d’Ibn Arabi par M. Gloton – Albouraq, Paris, 2009 []
  6. Sur la notion de secret cf. les Notions générales sur le Secret (Sirr) de Luc de la Hilay et les Questions/Réponses correspondantes []

par le 12 mars 2012, mis à jour le 11 juillet 2015

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