« Parole de départ » (Hadîth er-rahîl) – Cheikh Mohammed Zakî ed-Dîn Ibrâhîm

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On rapporte du Cheikh Zakî ed-Dîn Ibrahîm qu’après des années de maladie, il éprouva un jour le besoin d’écrire une qaçidah qu’il intitula « Hadîth er-rahîl », c’est-à-dire, littéralement, « Parole de celui qui part ». Il prit sans délai des dispositions pour faire éditer ce texte dans El-Muslim, dont le dernier numéro était précisément en instance de parution. Il fut publié le jour même où son auteur avait déjà pris le chemin vers son Compagnon le plus Elevé subhâna-Hu wa ta’âlâ.

 A l’occasion de la commémoration du 16° anniversaire de sa disparition, nous présentons une traduction 1 d’un texte qui peut ainsi être considéré à la fois comme un aboutissement et un testament initiatique, destiné à ceux qui sauraient saisir l’élévation de la perspective qui était celle de son auteur et de ce qu’il laisse en dépôt.

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Parole de départ

(Hadîth er-rahîl)

عهد وميثاق وتوجيه وهدية

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19 avril – V2

أخذتُ أُرمِّمُ ( الْبَيْتَ ) الْمُعَلَّى      لِيَبْقَى للتَّصَوُّفِ ثَمَّ بَيْتُ

« J’ai travaillé à réparer la « Maison » élevée pour qu’il y ait une institution pour le Taçawwuf.

وَقَدْ عَانَيْتُ أَصْنَافَ الْبَلايَا      فَقُمْتُ لَهَا، وَبِالله احْتَمَيْتُ

أُنَادِي بالصَّلاحِ ، وَبِالتَّآخِي      وَبِالإصْلاحِ، عُمْرِي مَا وَهَيْتُ

وَرِثْتُ الدَّعْوَةَ الْكُبْرَى، فَلَمَّا      وَرِثْتُ الدَّعْوَةَ الْكُبْرَى بَكَيْتُ

وَكُنتُ أَظُنُّهَا عَبَثًا كَغَيْرِي      وَلَكِنِّي بِهَا وَلَهَا انْحَنَيْتُ

J’ai souffert de toutes sortes d’épreuves que j’ai assumées et, par Allah, j’ai été protégé. J’ai appelé à la piété, à la fraternité, à la réforme (restauration), sans jamais faiblir. J’ai hérité de l’Appel majeur, et lorsque j’ai hérité de l’Appel majeur, j’ai pleuré. Je le considérais, comme d’autres, à la légère mais, par lui et pour lui, je me suis incliné.

فَأَكْبَرُ جَيْشِ أَهْلِ الأَرْضِ طُرّاً      هُمُ الصُّوفِيَّةُ اللائِي اصْطَفَيْتُ

إذَا مَا نُظِّمُوا كانُوا دَمَاراً      عَلَى العَادِي: هَزِيلٌ أَوْ كُمَيْتُ

فَعِندَ الله إعْصَارٌ وَخَسْفٌ      وَطُوفَانٌ، وَكَيْتٌ ثُمَّ كَيْتُ

وَعِندَ الله ذَرٌّ أَيُّ ذَرٍّ      فَوَيْلٌ يَوْمَ يُنذِرُ: قَدْ أَتَيْتُ

Or la plus grande armée qui ait jamais existé sur terre est celle des Soufis, que j’ai élus. S’ils s’organisaient, ils seraient la destruction de tout ennemi, (…) parce que, auprès d’Allah, il existe cyclone, ensevelissement et déluge (…) Auprès d’Allah existe aussi un « nucléaire » ; et quel nucléaire ! Malheur le jour où l’on avertira en disant : Me voila !

إذَا مَا جَاءَ وَعْدُ الله يَجْثُو      نِتِنْيَاهُو وَيَذْهَلُ كَلَنَيْتُ

وَيُسْأَلُ عَنْ حِمَى الإسْلامِ مِصْرٌ      وَسُورِيَّا، وَنَجْدٌ، وَالْكُوَيْتُ

وإيرانٌ وَبَاكِسْتَانُ، فِيمَا      تَرَكْتُ مِنَ الْبِلادِ وَمَا رَوَيْتُ

Quand viendra la promesse d’Allah (…) on demandera à l’Égypte qu’elle protège l’Islam ainsi qu’à la Syrie, au Hijâz, au Koweït, à l’Iran, au Pakistan et à d’autres pays que j’ai laissé sans les citer.

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وَهَا هُوَ قَدْ دَنَا مِنِّي رَحِيلِي      وَحَيُّ الْيَوْمِ، بَعْدَ الْيَوْمِ مَيْتُ

Voici que mon départ est venu et celui qui, aujourd’hui, est vivant le lendemain sera mort.

وَرَغْمَ الْجَهْدِ وَالأَمْرَاضِ تَتْرَى      فَإنِّي مَا ضَعُفْتُ، وَلاَ انْزَوَيْتُ

Malgré les efforts et les maladies qui se sont succédés (sur moi) je n’ai jamais faibli, ni ne me suis isolé (retiré).

فَإنَّ تَصَوُّفِي الصَّافِي يَقِيناً      هُوَ الإسْلامُ فِيمَا قَدْ وَعَيْتُ

Car mon Taçawwuf pur est certainement l’Islam même, selon ce que j’ai réalisé.

 إنَّ الدِّينَ والدُّنْيَا جَمِيعاً

عِمَادُ تَصَوُّفِي وَبِهِ اكْتَفَيْتُ

وَشَرُّ عَدُوِّهِ أَهْلُوهُ، مِمَّا      بِهِ عِشْتُ الْعَجَائِبَ وَاكْتَوَيْتُ

وَكُلُّ حَضَارَةٍ لاَ سَهْمَ فِيهَا      لِرَبِّ الْعَرْشِ ، إثْمٌ ، قَدْ نَعَيْتُ

La religion (dîn) et le bas-monde (dunyah) sont les deux piliers de mon Taçawwuf, dont je me suis satisfait. Ses pires ennemis sont ses partisans, d’après les étrangetés que j’ai vécues et dont j’ai souffert (chaleur). Or toute civilisation dans laquelle il n’est pas de place pour le Seigneur du Trône, est une aberration (ithm) dont j’ai annoncé la mort.

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 إذَا فَارَقْتُ إخْوَانِي؛ فإنِّي

أُعَايِشُهُمْ، كَأَنِّي مَا مَضَيْتُ

Quand j’aurai quitté mes frères, je cohabiterai (vivrai) avec eux comme si je n’étais pas parti.

 فَلَيْسَ الْمَوْتُ إلاَّ أنْ سَأَحْيَا

حَيَاةً إنْ وَصَلْتُ لَهَا ارْتَقَيْتُ

أُلاَقِي جَدِّيَ الْمُخْتَارَ فِيهَا      وَأَشْيَاخِي، وَمَن بِهِمُ اقْتَدَيْتُ

فَإن أَكُ بَيْنَكُمْ مَيْتاً مُسَجًّى      فَعِندَ الله حَيٌّ مَا انْطَوَيْتُ

Car la mort est une Vie que je vivrai : en y parvenant, j’accèderai à un degré supérieur. J’y rencontrerai mon ancêtre, el-Mukhtâr, mes Maîtres et ceux qui, parmi eux, m’ont servi d’exemple. Si auprès de vous je suis un mort allongé, auprès d’Allah je suis vivant, sans que « la page ne soit tournée ».

 وَمَا بِدَعُ التَّمَصْوُفِ نَاسِخَاتٍ

لآيَاتِ التَّصَوُّفِ فَادْعُ هَيْتُ

Les innovations du pseudo-Taçawwuf n’abrogent pas les « Signes » du Taçawwuf (réel). Quoi qu’il advienne, c’est impossible !

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مَرِيضٌ قَدْ أَتَى شِعْراً مَرِيضاً      فَعُذْراً، إنَّنِي مِنْهُ اسْتَحَيْتُ

Un malade déclame une forme malade. Je m’excuse : j’ai honte de cela !

فَمَا أَدْرِي: أَهَلْ هَذَا وَدَاعٌ      لِشِعْرِي؟! أَمْ عَلَى نَفْسِي جَنَيْتُ

وَدَاعاً أَيُّهَا الدُّنْيَا، وَدَاعاً      إلَى دَارِ الْخُلُودِ وَإنْ عَصَيْتُ

فَلَيْسَ الله يَنْفَعُهُ سُجُودِي      وَلَيْسَ يَضُرُّهُ أَنِّي أَبَيْتُ

فَرَحْمَتُهُ الَّتِي وَسِعَتْ وَعَمَّتْ      سَتَشْمَلُنِي، وَحَتَّى لَوْ غَوَيْتُ

Que sais-je ? Est-ce un adieu à mes poèmes ou me suis-je condamné moi-même ? C’est un adieu ! Ô bas-monde ! Un adieu pour la Demeure éternelle, même si j’ai désobéi ! Car ma prosternation ne sera plus utile pour Allah, ni ma désobéissance ne Lui nuira. Car Sa Miséricorde, qui s’étend et englobe, m’inclura (me saisira), même si je me suis égaré.

فَيَا كَمْ ذَا تَعَالَمْتُ افْتِرَاءً      وَيَا كَمْ ذَا عَلَى الله اجْتَرَيْتُ

وَكَمْ قَالُوا: وَلِيٌّ أَوْ إمَامٌ      وَيَا عَجَباً بِمَا قَالُوا ارْتَضَيْتُ

Combien de fois j’ai prétendu à la science, sans fondement ! Et combien de fois j’ai osé contre Allah ! Combien de fois ils ont dit : « C’est un saint ! » ou « un imam ! » Et comme il est étonnant que je me sois satisfait de ce qu’ils disaient !

فَمَغْفِرَةً إلَهِي، وَاعْفُ عَنِّي      فَفِي أَحْضَانِ رُحْمَاكَ ارْتَمَيْتُ

Pardonne-moi, mon Dieu, et excuse-moi ! Au sein de Ta Miséricorde, je me suis abandonné (jeté) !

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وَلِي فِي بَعْضِ مَنْ حَوْلِي رِجَالٌ

وَهُمْ أَهْلُ الْهُدَى، فِيمَا رَأَيْتُ

Autour de moi il est certains hommes. Ce sont des Gens de guidance, à ce que je vois.

وَهُمْ لله جُندٌ مُسْتَنِيرٌ      وَرَغْمِي أَتَّقِي، فِيمَا اتَّقَيْتُ

رِجَالٌ كُلُّهُمْ رَجُلٌ بِأَلْفٍ      مَعِي هُمْ قَدْ بَنُوا فِيمَا بَنَيْتُ

Ils sont soldats pour Allah, lumineux, et malgré moi je crains maintenant ce que je craignais jadis. Ce sont des hommes, tous, dont un (homme) en vaut mille ! Avec moi ils ont construit ce que j’ai construit.

 تَرَكْتُ الْمَنْهَجَ الْكَافِي لِمَنْ قَدْ

يُوَفَّقُ فِي الْجِهَادِ كَمَا اشْتَهَيْتُ

فَلَيْسَتْ دَعْوَتِي هَذِي بِمِلْكٍ      لِشَخْصٍ مَا، وَلاَ وَقْفاً عَنَيْتُ

J’ai laissé une méthode suffisante à celui qui, dans la Guerre spirituelle 2 , correspond à ce que je désirais. Or mon Appel n’est la propriété privée de qui que ce soit ! Ni legs pieux (waqf) que j’aurais voulu.

 فَيَا رَبَّ الْعَشِيرَةِ صُنْ حِمَاهَا

إذَا أَنَا فِي غَدٍ رَبِّ انْتَهَيْتُ

وَخُذْ بِرِجَالِهَا نَحْوَ التَّسَامِي      لِتَحْقِيقِ الَّذِي مِنكَ ارْتَجَيْتُ

وَبَارِكْهُمْ بِدَاعِيَةٍ رَشِيدٍ      عَسَاهُ أَنْ يُتَمِّمَ مَا بَدَيْتُ

Ô Seigneur de la ‘Achîrah, protège son entourage si demain je péris et prends ses hommes vers le Degré le plus élevé pour réaliser ce que j’ai espéré de Toi ! Et bénis-les par un leader (appeleur) guide, qui accomplisse, peut-être, ce que j’ai commencé ! »

Cheikh Zakî ed-Dîn Ibrahîm

Radiy-Allah ‘anhu

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  1. La version que nous délivrons est, en réalité, partielle, pour des raisons qui tiennent à des questions d’opportunité de temps et de lieu []
  2. Jihâd : effort combatif intense []

par le 17 avril 2014, mis à jour le 26 avril 2014

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