La Parure des Abdâl – Ibn Arabi – trad. Michel Vâlsan

Les éditions de l’Œuvre / Archè – Edidit – Paris – 1992 (www.editionsarche.com)

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Selon Michel Vâlsan, cette œuvre du Cheikh al-Akbar « expose sous une forme succincte l’essentiel de son enseignement sur les moyens fondamentaux du travail spirituel. Pour souligner l’importance de ceux dont il parle, il les montre comme constituant plus spécialement la méthode de réalisation d’une des plus hautes catégories initiatiques, les Abdâl ».

Cet opuscule fut rédigé à la demande de deux de ses illustres disciples parmi lesquels figure Badr el-Habashî, auquel le cheikh dédia notamment ses Futuhât al-Mekkiyyah ; on peut donc légitiment penser que la lecture de ce traité était surtout destiné à des initiés de haut rang. Nous voyons une confirmation de ce point par le choix du traducteur « de compléter ces données, dans les notes, par des éléments additionnels puisés entre autre dans un petit chapitre des Futûhât, le 53ème, intitulé : « Ce que doit pratiquer l’aspirant tant qu’il n’a pas trouvé le maître », car les règles générales de la méthodes initiatique dont il est question sont susceptibles d’une certaine application à la discipline préparatoire de ceux qui sont à la recherche d’un maître spirituel ». L’ensemble présente donc avantageusement une description typologique des principes méthodiques de la Voie, complétée par une perspective plus « applicative », susceptible d’être utile dès le début de la Voie.

On soulignera aussi le travail considérable mis en œuvre par le traducteur pour expliciter les termes techniques employés par Ibn ‘Arabi. Cet effort transparaît surtout à travers la richesse de l’annotation proposée, qui permet au lecteur d’approcher véritablement la « matière » de ce petit texte du Cheikh al-Akbar, dont l’œuvre entière est réputée parmi les plus difficiles du patrimoine spirituel arabo-islamique.

A ce titre, c’est d’ailleurs l’œuvre entière de Michel Vâlsan qu’il faudrait mentionner. D’autant plus que ces travaux, selon la présentation qui en fut faite, après sa mort, dans les Etudes Traditionnelles qu’il dirigeait jusqu’alors, engageaient « bien autre chose qu’une simple activité littéraire » ; en effet Michel Vâlsan – Cheikh Mostafâ Abd el’Azîz en islam – fut aussi un représentant autorisé, en France, de la Tarîqah Châdhiliyyah et par ailleurs un correspondant éminent de René Guénon. Au regard de ces quelques données biographiques, on comprendra sûrement mieux l’intérêt profond que nous semble mériter cette œuvre. On déplorera par conséquent que, sur l’ensemble des travaux de cet auteur, parus initialement dans la revue des Etudes Traditionnelles et dont quelques un furent réédités par les Editions de l’oeuvre, de 1984 à 1992, seul le présent opuscule soit encore disponible.

Nous nous rappelons qu’à propos de certains travaux inédits de l’hermétiste chrétien Louis Charbonneau-Lassay, Michel Vâlsan écrivait, dans son introduction au recueil posthume des articles de René Guénon consacré au symbolisme, intitulé Symboles Fondamentaux de la Science Sacrée et composé par ses soins : « On ne sait quand, ni par les soins de qui, tous ces trésors accumulés par un immense labeur et par la plus pure des passions verront le jour.» Nous sommes malheureusement bien obligés de constater que cette question se pose aujourd’hui pour la réédition des œuvres de Michel Vâlsan, sans même évoquer l’éventuelle édition de ces nombreux travaux impubliés (sur ce point cf. Études traditionnelles, n°447 de Jan.-Fév.-Mars 1975, et Science sacrée n°1-2 p. 37 à 48). Nous appelons donc de nos vœux une édition autorisée, aussi complète que possible, de cette œuvre magistrale, en proposant, à la mesure de nos capacités propres, d’apporter notre aide à celui ou à ceux qui seraient en mesure de réaliser un tel projet.

V1 – 15 Mai 2009

par le 15 mai 2009, mis à jour le 30 avril 2015

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