Précisions sur le contenu des Questions/Réponses

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Arrivés au numéro 50 de cette rubrique nous précisons notre position sur le fond de ce qui la constitue et notre manière de travailler avec l’espoir de lever ou de prévenir toute incompréhension éventuelle et de montrer l’intérêt de notre méthode, in châ Allah.

Nous réunissons dans cette rubrique les réponses aux questions

  • qui nous sont posées en privé,
  • qui sont posées sur le forum public du Porteur de Savoir,
  • qui sont posées sur un ou plusieurs autres forums publics,
  • qui se posent d’une manière ou d’une autre quels que soient le lieu ou les circonstances.

Ce sont en effet la réponse et sa diffusion à ceux qui sont concernés ou qui sont susceptibles de l’être qui importent prioritairement, plus que celui ou celle qui pose la question (et à qui il a été répondu) ou que celui ou celle qui y répond.

Nous devons rappeler tout d’abord que nous n’avons pas créé le site du Porteur de Savoir dans un autre but que celui de rappeler quelques principes généraux du Taçawwuf et des règles qui concernent le début de la Voie. Notre but n’est notamment pas la promotion ou la critique de telle ou telle tarîqah, ni de faire du « recrutement », direct ou indirect. Lorsque l’occasion se présente, nous essayons néanmoins de répondre au mieux, et bien que ce ne soit donc pas la vocation première de ce site « généraliste », aux questions qui nous sont spontanément posées en privé, qu’elles soient elles-mêmes d’ordre privé ou pas et, nous l’espérons, au bénéfice premier et direct de celui ou celle qui nous interroge.

Notre position, à ce propos, est alors (en prenant souvent soin également de changer certains paramètres du témoignage, tels que le genre -masculin ou féminin-, le lieu ou les dates, par exemple) de relayer autant que possible sur le site public l’essentiel du contenu des échanges privés avec l’intention exprimée ci-dessus. Une question se pose en effet : peut-on envisager raisonnablement de ne pas traiter publiquement et anonymement d’une situation au prétexte qu’on en a eu connaissance dans un cadre privé ?

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Un disciple dit une fois au Cheikh Abu Yazid : » Je t’ai vu cette nuit, Sidi, avec une face de porc » ; il lui répondit : « Tu as raison, mon fils, car je suis le miroir de l’Etre (mir`ât el-wujûd, ou : de l’Existence) ; tu as donc vu ta propre face en moi, pensant que tu étais moi. Purifies-donc ton âme, mon fils, de ce qui caractérise les porcs, puis regarde vers moi à nouveau : tu trouveras que je ne suis pas un porc ! »1

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Je dis (i.e. l’auteur) qu’il existe entre le faqîr et entre la station spirituelle (maqâm) qui permet de prendre [directement] du Prophète ﷺ et d’entendre sa voix lorsqu’il répond à celui qui l’a salué 147 999 stations spirituelles. Ainsi donc nous demandons à qui prétend avoir atteint une telle station de justifier des stations en question puis, quand nous voyons qu’il ne les connaît pas, nous le démentissons en ce qu’il prétend.

Un certain groupe prétendit détenir cette station spirituelle parmi les contemporains de sidi Ali el-Murçafî -qu’Allah lui fasse miséricorde. Il ordonna qu’on les lui présente avec moi. Il leur dit en les voyant : « Mon but est d’entendre ce que vous avez à dire de certaines stations spirituelles par la possession desquelles vous dites qu’Allah ta’âlâ vous a distingués. » Aucun d’eux ne sut quoi dire. Il les réprimanda et ordonna de les sortir hors de sa présence. Ils moururent dans le pire des états, qu’Allah nous en préserve.

Prends donc garde à toi, mon frère, de prétendre en quoi que ce soit d’une station spirituelle que tu n’as pas atteinte, faute de quoi tu seras châtié par la privation de la station en question. » 3

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Des exemples comme ceux-ci sont très nombreux dans l’hagiographie ou la littérature du Taçawwuf en général. Ils montrent à l’évidence qu’il est possible de généraliser publiquement à partir d’un cas particulier privé à condition de préserver l’anonymat de la personne concernée même si l’on peut toutefois raisonnablement penser que son identité pouvait être plus ou moins largement connue par ailleurs. Pense-t-on vraiment que les autorités du Taçawwuf qui en ont exposé ou rappelé les règles (par exemple) n’avaient jamais eu à connaître en privé telle ou telle situation qu’ils traitaient ensuite publiquement et qu’ils ignoraient totalement l’identité des personnes concernées ? Peut-on priver de l’exposé anonyme de l’illustration d’une règle un nombre important de personnes à l’unique prétexte qu’une seule d’entre elles aurait informé en privé quelqu’un de sa propre situation ? Et la gêne éventuellement ressentie par la personne en question ne devrait-elle pas certainement s’effacer devant la satisfaction que l’exposition de son propre cas puisse être utile, en plus qu’à elle-même, à un nombre important de frères et sœurs ?

Disons aussi que nous comprenons fort bien la crainte que l’on peut avoir, non seulement pour soi-même mais aussi pour autrui, d’être reconnu et que l’exposé public puisse ainsi nuire éventuellement à quelqu’un. Mais nous savons également, par le constat de l’expérience personnelle et par la multiplicité des témoignages produits, que bien des gens qui s’imaginent avoir été les seuls à vivre ce qu’ils ont exposé sont, en réalité, très loin de l’être ; et ce n’est pas le caractère privé de l’échange qui change quoi que ce soit à ce constat. La plupart des récits sont susceptibles de concerner un nombre important de personnes qui savent très bien la justesse de ce que nous disons à ce propos mais qui, pour des raisons fort diverses, ne sont pas en mesure de faire quelque démarche que ce soit auprès de quiconque. Il faut donc modérer, une fois encore, ces aspects qui, pour être jusqu’à un certain point respectables n’en sont pas moins subjectifs, tout en essayant de prendre la mesure de la réalité.

Enfin s’il est dans nos habitudes de demander la permission à la personne intéressée de pouvoir faire l’usage que nous avons décrit précédemment de tout ou partie de ses échanges privés sous couvert d’anonymat, il est bien certain que cette possibilité nous est parfois étonnamment ôtée lorsque, en cours d’échanges et souvent après avoir reçu tout ou partie de la réponse sollicitée, celui ou celle qui s’était manifesté cesse soudain et plus ou moins bizarrement de s’exprimer, pendant des semaines, des mois, des années ou totalement. Devrions-nous alors, à cause d’une telle interruption subite et inexpliquée, nous abstenir de faire usage du contenu de la correspondance et du travail qui a été réalisé avec l’espoir de tenter d’être utile à une seule personne ?

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Ces précisions étant données, qui apparaissaient importantes aux yeux de tel ou telle de nos fidèles ou occasionnels lecteurs, nous espérons que chacun comprendra mieux notre intention et nos pratiques : nous avons bien conscience qu’il est nécessaire de préserver la sacralité et les droits de chacun, comme nous avons conscience de l’importance d’ « ôter la nuisance du chemin » au plus grand nombre de ceux et celles qui pourraient comprendre notre action, in châ Allah.

wa bi-Llah et-tawfîq

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par le 10 août 2015, mis à jour le 7 octobre 2015