Prière du besoin (çalât el-hâjah)

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Ce chapitre est extrait du livre de Cheikh Mohammed Zakî Ibrahîm intitulé « Tahqîq ahkâm ba’d ummahât eç-çalawât en-nâfilah » – Vérification des statuts des principales prières surérogatoires.

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Par cette prière, le serviteur implore (yatawassalu) son Maître (Mawlâ) au sujet d’une chose qui le préoccupe, pour qu’Allah exauce son besoin, par Sa grâce (fadhl), et qu’Il mette à sa disposition, par Sa Toute-Puissance (qudrah), les moyens contingents (sabîl el-kawnî) utilisés par les gens. Elle est aussi appelée « Prière de demande de secours » (Çalât el-istighâthah) ou « Prière de l’imploration » (Çalât el-istirhâm).

 

Les arguments en sa faveur :

Premièrement :

Tirmidhî, Ibn Mâjah, Nasa’î, Ibn Abî Khaythamah et d’autres ont rapporté d’après ‘Uthmân Ibn Hunayf qu’un aveugle est venu voir le Prophète et lui a dit : « Ma vue est atteinte, implore Allah en ma faveur ». Le Prophète  lui dit : « Va et fais tes ablutions, prie deux raka’ât puis dis : « Allahumma, je Te demande et je m’oriente vers Toi par mon Prophète Mohammed, Prophète de la miséricorde. Ô Mohammed, je Te demande d’intercéder auprès d’Allah pour qu’Il me rende la vue. Ô Allah sois Toi-même mon intercesseur et accepte l’intercession de mon Prophète afin que je recouvre la vue ».

Selon une autre version, [‘Uthmân Ibn Hunayf] a ajouté : « Par Allah, nous n’étions pas encore séparés et notre échange n’avait pas duré longtemps que l’homme revint comme s’il n’avait jamais été touché par un quelconque mal ».

Puis le Prophète a dit : « Pour tout autre besoin, fais de même ». Sois attentif à cela !

Notons que dans certaines narrations du hadîth, il existe quelques différences mineures dans les termes mais qui sont sans incidence.

 

Deuxièmement :

Tabarânî rapporte dans ses deux encyclopédies (la grande et la petite) qu’un homme avait besoin d’une chose de la part de l’émir des croyants ‘Uthmân Ibn ‘Affân -qu’Allah soit satisfait de lui-, mais que celui-ci ne lui prêtait pas attention (il était alors Calife après la mort du Prophète ). Cet homme rencontra ‘Uthmân ibn Hunayf et s’en plaint à lui. Ce dernier lui enseigna alors la Prière du besoin ci-dessus. Il la fit et alla voir notre maître ‘Uthmân Ibn ‘Affân qui l’accueilli avec honneur et exauça son besoin.

Le lendemain, il rencontra ‘Uthmân Ibn Hunayf et le remercia chaleureusement (pensant qu’il avait intercédé pour lui auprès d’Uthmân Ibn ‘Affân). Alors ‘Uthmân Ibn Hunayf lui dit : « Par Allah, je ne lui ai rien dit ! Mais j’étais présent avec le Prophète quand l’aveugle est venu à lui », et il lui raconta l’histoire qui précède.

Le hadîth de cette histoire est authentique (çahîh) selon les conditions des deux Maîtres [Bukhârî et Muslim]. Il est aussi rapporté par Tirmidhî, Ibn Mâjah, Tabarânî, Bayhaqî, Hâkim. Le hâfidh Dhahabî l’a authentifié et Ibn Taymiya lui-même l’a suivi dans cette authentification ! Bukhârî l’a cité dans son livre L’histoire (Et-târîkh). Il en va de même pour quinze autres mémorisateurs de hadîth qui ont établi textuellement son authentification.

J’ai étudié les narrateurs de ce hadîth dans mes précédents articles de la revue El-Muslim au sujet de l’Intercession (el-Wasîlah). Celui qui souhaite approfondir ses connaissances techniques dans ce domaine peut le consulter.

 

Troisièmement :

Selon les livres de Tirmidhî et d’Ibn Mâjah :

« Le Prophète a dit : « Celui qui a besoin de quelque chose de la part d’Allah ou de quiconque parmi les fils d’Adam, qu’il fasse l’ablution de la meilleure manière qui soit , qu’il prie deux raka’ât, qu’il fasse l’éloge (yuthni) d’Allah [par la louange (tahmîd), la glorification (tasbîh), la proclamation de Sa grandeur (takbîr), etc.], qu’il prie sur le Prophète puis dise :

« Il n’y a de dieu qu’Allah, le Longanime, le Généreux. Gloire à Allah, Seigneur du Trône Glorieux ! Louange à Allah, Seigneur des mondes ! Je Te demande les œuvres qui me vaudront Ta miséricorde ainsi que celles qui me vaudront Ton pardon, [accorde-moi] de saisir toutes les occasions de faire le bien et préserve moi de tout péché ! Ne laisse aucun péché à mon actif que Tu ne me pardonnes pas, ni de souci que Tu ne dissipes pas, ni de demande que Tu agrées sans l’exaucer. Ô le plus Miséricordieux des miséricordieux ! »

 لا إِلَهَ إِلا اللَّهُ الْحَلِيمُ الْكَرِيمُ، سُبْحَانَ اللَّهِ رَبِّ الْعَرْشِ الْعَظِيمِ، الْحَمْدُ لِلَّهِ رَبِّ الْعَالَمِينَ

أَسْأَلُكَ مُوجِبَاتِ رَحْمَتِكَ وَعَزَائِمَ مَغْفِرَتِكَ، وَالْغَنِيمَةَ مِنْ كُلِّ بِرٍّ، وَالسَّلامَةَ مِنْ كُلِّ إِثْمٍ،

لا تَدَعَ لِي ذَنْبًا إِلاَّ غَفَرْتَهُ، وَلا هَمًّا إِلاَّ فَرَّجْتَهُ، وَلا حَاجَةً هِيَ لَكَ رِضًا إِلا قَضَيْتَهَا، يَا أَرْحَمَ

الرّاحِمِينَ

 

Il pourra y ajouter des invocations, transmises par la tradition ou d’autres s’il le souhaite, pourvu qu’elles soient en adéquation avec son besoin.

 

En résumé :

 Que celui qui a un besoin auprès d’Allah s’astreigne à cette prière –ne serait-ce qu’une fois par nuit ou par jour– en la répétant et en recherchant les moyens contingents habituels du monde (es-sabâb el-‘âdiyah el-kawniyah) jusqu’à ce qu’Allah, par Sa grâce et Sa générosité, mette à sa disposition le moyen par lequel son besoin sera exaucé. Voilà la réalité profonde de l’acceptation et de la remise confiante en Allah (haqîqat et-taslîm wa et-tawakkul).

 

Après la prière, il demande par l’invocation précédente…

 

[ « Il n’y a de dieu qu’Allah, le Longanime, le Généreux. Gloire à Allah, Seigneur du Trône Glorieux ! Louange à Allah, Seigneur des mondes ! Je Te demande les œuvres qui me vaudront Ta miséricorde ainsi que celles qui me vaudront Ton pardon, [accorde-moi] de saisir toutes les occasions de faire le bien et préserve moi de tout péché ! Ne laisse aucun péché à mon actif que Tu ne me pardonnes pas, ni de souci que Tu ne dissipes pas, ni de demande que Tu agrées sans l’exaucer. Ô le plus Miséricordieux des miséricordieux ! »]

 لا إِلَهَ إِلا اللَّهُ الْحَلِيمُ الْكَرِيمُ، سُبْحَانَ اللَّهِ رَبِّ الْعَرْشِ الْعَظِيمِ، الْحَمْدُ لِلَّهِ رَبِّ الْعَالَمِينَ

أَسْأَلُكَ مُوجِبَاتِ رَحْمَتِكَ وَعَزَائِمَ مَغْفِرَتِكَ، وَالْغَنِيمَةَ مِنْ كُلِّ بِرٍّ، وَالسَّلامَةَ مِنْ كُلِّ إِثْمٍ،

لا تَدَعَ لِي ذَنْبًا إِلاَّ غَفَرْتَهُ، وَلا هَمًّا إِلاَّ فَرَّجْتَهُ، وَلا حَاجَةً هِيَ لَكَ رِضًا إِلا قَضَيْتَهَا، يَا أَرْحَمَ الرّاحِمِينَ

 

… en y ajoutant l’invocation de l’aveugle :

 

« Allahumma, je Te demande et je m’oriente vers Toi par Ton Prophète Mohammed, Prophète de la miséricorde. Ô Mohammed, en vérité, je demande par toi à mon Seigneur que mon besoin soit exaucé. Allahumma, accepte son intercession ! »

اللَّهُمَّ إِنِّي أَسْأَلُكَ وَأَتَوَجَّهُ إِلَيْكَ بِنَبِيِّكَ مُحَمَّدٍ، نَبِيِّ الرَّحْمَةِ، يَا مُحَمَّدُ، إِنِّي أسْتَشَفِعُ بِكَ فِي حَاجَتِي ِلِتُقْضَى اللَّهُمَّ شَفِّعْهُ فِيَ

 

Ensuite, il désigne son besoin avec sa langue maternelle ou une autre, en exprimant ses sentiments et en restant profondément concentré dans son imploration (ibtihâl), sa supplication (tadharu’), son recueillement (khuchu’) et son humilité (tadhallul), en implorant son Seigneur par toutes les invocations qu’il connaît. La langue arabe n’est pas obligatoire pour celui qui ne la maîtrise pas car elle est un moyen et non l’objectif.

Il est préférable qu’il fasse le qunût après s’être levé de l’inclination de la deuxième raka’ah, car cela fait partie de la sunna confirmée dans les situations difficiles, et c’est en l’occurrence propice et bénéfique.

Comme la Prière du besoin est permise en solitaire, elle l’est aussi en groupe quand le besoin est collectif. Ceci est semblable au cas où une catastrophe s’abat sur les musulmans ou lorsqu’un évènement atteint une famille, un village ou un groupe. Ils se réunissent tous pour accomplir cette prière, comme ils le font pour la Prière de demande de pluie (Çalât el-istisqâ’), de la frayeur ou d’autres. C’est sur cette base que les Maîtres des écoles de jurisprudence et d’autres en ont établi textuellement [la validité].

Nous avons trouvé dans cette prière, ainsi que nos frères, beaucoup de la bienveillance d’Allah (lutf Allah), de Sa grâce (fadhl) et de Sa bénédiction (barakah).

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Référencement bibliographique des hadîth à venir in châ Allah.

par le 1 octobre 2016